Dirigé de Rurik :
Plus tu te rapproches, et plus tu es envahi d'une sensation double : d'une part, tu te sens pénétré d'un sentiment de confiance et de familiarité, comme si tu t'approchais d'un foyer de pouvoir familier, et d'autre part, tu ressens un certain malaise, comme si ce foyer servait à attiser un instrument quelque instrument de torture à la fonction perverse et cruelle… l’impression que tu ressens est fait de quelque chose d’à la fois magnétique et répulsif.
Quoi qu’il en soit, tu te rapproches, mais les hurlements déments s’étant tus, il n’est pas facile se s’orienter vers ce qui a pu être leur source dans une pareille tourmente de neige, et pendant un temps qui pourrait tout aussi bien être de dix secondes que de dix minutes, tu marches à la berlue, jusqu’à ce que tout à coup, droit devant toi, la violence des rafales redouble un moment, creusant momentanément une zone de vide dans le rideau de flocons, dévoilant un spectacle réellement effrayant.
Devant toi se tient un homme qui a dû jadis être robuste si l’on se fie à sa stature pas moins imposante que la tienne, mais dont tout le corps a été desséché par le froid, réduisant ce qui avait jadis été un être humain en une espèce de marionnette sordide au teint livide, parsemée de gerçures et aux vêtements en loques, qui se dirige dans ta direction à pas lents dignes d’un zombie. En dépit de sa démarche hagarde, la main droite de la personne est solidement, convulsivement même, refermée sur la garde d’une épée d’une rare beauté qui semble être un trait de la glace la plus pure qui soit finement ciselée, et au tranchant de rasoir ostentatoire. En ce qui concerne son visage, il est crispé dans une grimace de joie sordide et démente, et ses yeux verts étincelants jettent des éclats de folie dans ta direction. Ses cheveux sont blancs, mais contrairement aux tiens, ils sont hirsutes et filasses, comme le seraient ceux d’une personne au bord de la mort… car tu le sais, à une température pareille, et pendant autant de temps si l’on en croit les dires du prêtre, personne n’aurait pu survivre.

Pourtant, il a l’air bien vivant pour un décédé, et, continuant d’avancer vers toi, il reprend la parole de sa voix rauque et criarde :
« Vous venez… vous venez n’est-ce pas ? Assister à ma noce avec ma Déesse ! Nous allons célébrer notre union dans le sang ! Une noce de sang ! »Trouvant apparemment la perspective très amusante, il rejette son buste en arrière pour à nouveau éclater de rire, son corps entier secoué par ces éclats d’hilarité insensée en un spectacle aussi pénible à voir qu’à entendre.