II
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Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation violente, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))La dévastation avait précédé l'arrivée d'Alvin. Le village était devenu un brasier ardent, dont les flammes se nourrissaient du sang et des cadavres des victimes. Son village.
Les demeures, avec leurs portes et leurs volets défoncés, ressemblaient à des visages de terre qui fondaient en hurlant leur douleur. Le crépitement du feu couvrait à peine les râles des dernières victimes, ainsi que les foulées des envahisseurs qui retournaient dans les profondeurs de la forêt. Alvin descendit jusqu'à son village natal et se mit à marcher au milieu de la destruction. Il n'arrivait pas à réaliser ce que son hameau était devenu, que le feu qui le dévorait petit à petit, n'était pas une sorte de décoration. Que les gens couchés dans les rues ne se réveilleraient plus jamais. L'idée lui viendrait, lentement. En attendant, il cherchait la maison d'Enma. Il avait du mal à la retrouver tant le paysage lui était devenu si étranger, si irréel. C'est en vagabondant dans les cendres qu'il trouva le grand arbre au centre de son village. Cet arbre avait été décoré d'autant de pendus qu'il avait de branches. Et parmi ces hommes et ces femmes, qui avaient tous le visage caché soit par un sac, soit par un panier d'osier, il y avait un corps sur lequel Alvin reconnut les habits de la vieille femme. Un sourire orna le visage du garçon.
- Enma !Pas de réponse.
- Enma ! Je suis rentré !Pas de réponse.
- Enma, c'est moi ! Enma !En un instant, son sourire s'effaça. Il jeta un œil une seconde fois autour de lui. Il vit les flammes, la fumée, les corps. Il commençait à comprendre, à sortir du rêve. Mais alors que l'idée devenait plus claire, l'enfant hurla et se mit à fuir. Courir, il voulait partir, le plus loin possible. Mais il trébucha sur les ruines d'une des maisons qui s'était écroulée, et il vit quelque chose d'autre. C'était Edward, encore vivant, qui remuait désespérément, le corps emprisonné dans les décombres. Alvin pouvait voir son pied tordu dépasser du tas de pierres, juste à côté de sa tête. Le corps du gamin était en morceaux, il était en train d'agoniser. Il remarqua la présence du petit orque terrorisé. Sa petite voix brisée, qui était d'habitude si audacieuse et forte, lui murmura :
- Aidez... moi... à... à l'aide...Alvin regarda un long moment le jeune Edward qui semblait, dans l'imminence de la mort, ne même plus sentir la douleur, ne même pas se rendre compte de l'état dans lequel était son corps. Avant qu'Alvin n'ait eu le temps de reprendre ses esprits, des pas lourds comme le ciel résonnèrent, suivis d'une voix grave, rauque et effrayante. Celle d'un Garzok pur-sang.
- Alors, qu'est-ce que nous avons là ?C'était Vrazög qui, comme à son habitude, était le dernier à quitter le raid, à achever les derniers survivants et à piller les cadavres. Lorsqu'il vit Alvin et Edward, il jubila :
- Hé vermisseau ! T'es encore là ?! Alvin fut foudroyé de terreur, il n'osait pas faire le moindre mouvement, ni dire la moindre chose. Pour Vrazög, il était normal qu'un petit Garzok tel que lui tremble de peur à son arrivée, tant il était le mâle alpha des mercenaires. L'orque monstrueux se mit à rire aux éclats.
- Bien ! Très bien !! Dire que ces tapettes de shaakts courent se tapir dans les bois tandis que tu finis le travail ! T'es un vrai charognard, j'aime ça ! Je pourrais peut-être même te prendre comme disciple...Le regard de la bête assoiffée de sang et de carnages se posa sur le petit Alvin tétanisé. Il sembla pensif un instant puis il cracha par terre.
- Grah ! Non, trop jeune, trop lâche, trop frivole !! Tu peux te casser maintenant, je prends le relais.Le chef mercenaire dégagea Alvin d'un coup de pied et marcha lentement vers Edward, silencieux et pâle, qui ne faisait que fixer avec crainte le prédateur aux dents pointues. Ce dernier marchait calmement, comme si il faisait partie intégrante du brasier qui dévorait tout autour de lui. Son armure noire était souillée, ou embellie, par le sang des innocents. La jambe puissante du meurtrier éclata le pied à moitié mort contre le sol, arrachant un hurlement de douleur à sa proie, qu'il acheva en faisant de même avec sa tête. Il cracha sur la flaque de sang.
- Peuh. Quelle perte de temps. Moi qui croyait qu'on allait se battre contre des eniodais... A la place, juste de la vermine inoffensive.Ses yeux menaçants revinrent à Alvin qui fixait le sang sur le sol.
- Casse-toi j't'ai dis ! Qu'est-ce que t'attends ?!L'esprit du garçon était tout entier voué à sa peur de ce tueur, et son instinct le poussa à obéir.
Sauvé par sa chance, Alvin revint dans la forêt et courut aussi loin que ses jambes pouvaient le porter, le cœur meurtri et l'esprit en morceaux.