Seule l’idée de partir en mission excitait le petit gobelin et le flot de questions témoignait de sa motivation. Ne pouvant plus tenir en place, il était à présent debout et la tête penché sur le côté, il regardait attentivement la dame Kartage, rivé sur ses lèvres.

Elysha sourit à Fenouil avant de fournir les réponses aux questions qui s’avéraient utiles. Ainsi, elle expliqua que le gouvernement elfique les avaient assurés qu’ils gouverneraient en association avec le clan Kartage si ce dernier l’aidait. À ces mots, Fenouil fronça les sourcils et se gratta la tête, la dame Kartage semblait encore plus naïve que lui.

« Je ne crois pas que les elfes vont tenir parole...Une fois qu’ils auront le pouvoir, ils vous jetteront à la poubelle. Je sais bien que je ne les connais pas, mais je me fie à mon intuition…. Comme toujours. »

La dame poursuivit en parlant des humains qui n’étaient pas prêts d’accepter les elfes auprès d’eux. Pour Valaï, elle n’avait pas jugé bon de le contacter. Elle craignait qu’il ne cherche qu’à leur retirer leur titre de noblesse. Une fois de plus, Fenouil fronça ses sourcils.

« J’avoue qu’il m’est difficile de trancher pour savoir qui de vous ou de Valaï dit la vérité. Certes, vous êtes gentille avec moi. Mais il l’a été lui aussi. Et c’est lui qui est allé chercher des renforts sur Yuimen pour sauver Izurith. »

Bougeant sa bouche fermée, d’un côté et de l’autre, il réfléchissait à la situation. Puis, son petit index en l’air, il prit position.

« C’est bien simple… mon but à moi sera de sauver Izurith d’une mort certaine. Et je vais tenir parole en tentant de contacter les amoureux de la nature… Ce faisant, je ne trahis personne… Pour ce qui est des autres peuples, je ne les ai pas encore rencontrés.»

La maîtresse des lieux poussa alors un soupir avant de parler plus en avant des autres clans. D’abord les Kobayashi qu’elle trouvait trop secrets bien qu’elle estimait leur sens du devoir et leur amour pour Izurith. Et ensuite, les Atalantes qui nourrissaient une véritable crainte pour les elfes. Elle s’arrêta quelques secondes, soucieuse. Puis reprenant une consistance, elle répondit de bon cœur aux dernières questions de Fenouil.

Au grand bonheur de Fenouil, elle ne s’opposa pas à ce que Frank l’accompagne, à condition que ce dernier accepte de son propre gré. Le petit gobelin se tourna donc vers Frank et lui demanda directement :

« Vous acceptez de m’accompagner ? »

Et au grand soulagement du gobelin, le garde du corps répondit immédiatement par l’affirmative avec gravité comme si la mission qu’il allait effectuer avec Fenouil revêtait d’une importance capitale pour Izurith.

Elysha estima que Frank pourrait être utile à Fenouil ne serait-ce que pour lui servir de guide. Pour ce qui était des amoureux de la nature, ils se faisaient appelés : Gardiens de l’Arbre de la Vie. Ils vivaient à l’endroit le plus fertile sur Izurith, dans une crevasse au Nord de la ville. Ils étaient joignable par un tunnel qui le mènerait directement chez eux et Frank aurait la carte en sa possession pour l’y conduire.

Fenouil, le sourire jusqu’aux oreilles étaient prêt à partir lorsque la dame Kartage, lui fit une dernière requête. Elle soupconnait Valaï d’avoir placé quelque chose dans le téléphone afin de suivre la piste du petit gobelin et elle demanda si Nyleïm pourrait l’examiner.

Cette fois le sourire de Fenouil disparut et ce pour deux raisons. Tout d’abord, il anticipait de la véracité des doutes de la dame Kartage et ça le peinait que Valaï l’aie espionné ainsi. Puis il se demandait si Elysha lui mentait, si elle ne voulait pas tout simplement y ajouter un système de surveillance.

Le petit gobelin sortit donc son téléphone de sa poche et l’examina quelques secondes. Il aimait bien cette fonction qui consistait à capturer des images ainsi que celle qui lui permettait de mettre en boîtes les paroles des autres. Après avoir poussé un long soupir, il fit lui aussi une requête.

« Je veux bien que vous l’examinez, mais il ne quittera pas ou peu ma main de sorte que je vois ce que vous y faites. Ainsi, je vais pouvoir constater moi-même si vos doutes sont fondés. »

Puis prenant un air solennel à son tour, il rajouta :

« Et il ne sera pas nécessaire de me surveiller, je n’ai qu’une parole et elle est très fiable. Je promets que je tenterai par tous les moyens de mener ma mission à bien afin que les couleurs reviennent sur Izurith. »

La main tendue, il attendit que Nyleïm examine son téléphone, impatient de partir en mission avec son compagnon garde du corps nommé Frank.

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Bien qu’elle fronçait les sourcils d’incompréhension, Fenouil trouvait Altëa aussi jolie. Il observait ses lèvres pulpeuses lui demander comment il pensait l’aider et comment il voulait être aidé en retour. Et lorsqu’elle détourna son regard vers le gros soleil jaune, il la suivit du regard. Elle lui expliqua que ce qu’il prenait pour un soleil n’était en fait qu’une sphère de verre éclairée qui servait de salle de réunions pour les membres du conseil. C’était dans cet astre artificiel que se prenaient les décisions importantes. Puis elle poursuivit en expliquant que les animaux étaient encore très rares, même dans ce lieu qu’elle qualifiait de sacré et qui était le dernier souffle de la planète. Elle termina en disant avec confiance qu’ils avaient bon espoir de repeupler cette terre un jour.

Fidèle à lui-même, transparent et naturel, il fit d’abord une remarque innocente avant de répondre aux questions qui lui étaient posées.

« Comment vous vous êtes fait cette cicatrice ? » … puis, craignant qu’elle s’insulte de sa remarque, il rajouta ;

« Vous savez, elle n’a rien enlevé de votre beauté, vous êtes très jolie avec,… mais je me demande comment s’est arrivé, puisqu’il n’y a ici pas d’ours, ni de loup ou encore de vilains félins aux canines pointues. »

Détournant enfin son regard pour le porter sur les arbres qui lui avaient tellement manqué depuis son départ, il poursuivit :

« Moi et Frank voulons vous aider à repeupler cette terre de sa végétation. Je pense que je peux aussi trouver d’autres gens pour mettre la main à la pelle, pour travailler avec ardeur pour planter, sarcler, semer… Lorsque la flore sera suffisamment abondante, je pense que je sais comment on pourra y rajouter des animaux tout en accélérant le processus... »

Le petit gobelin avait une idée bien en tête, mais il ne dévoila pas son plan tout de suite, il voulait attendre le bon moment.

« Mais Izurith court à sa perte... les gens deviennent abrutis, le béton envahit tout l’espace destinée à la végétation et les couleurs disparaissent. Il faut que vous m’aidiez, que vous aidiez les gens qui habitent votre planète à retrouver une terre habitable et verte. »…

Se penchant la tête sur le côté, esquissant un sourire sincère, il rajouta :
« Et pour cela, l’entraide est nécessaire. Je vous aide, il nous aide, nous vous aidons, vous nous aidez, ils vous aident. »

Le petit gobelin avait débité son petit boniment avec fierté, le dos et les épaules bien droits, le menton relevé. Il savait qu’il pouvait sauver ce monde, il ne connaissait pas le poids de sa mission… mais aussi pesant qu’il puisse être, il ne s’en préoccuperait pas, trop naïf, pour croire qu’il pouvait échouer. Armé de tant d’optimisme et de persévérance, il ne pouvait faire autrement que de parvenir à son but : gagner le chapeau de Frank, redonner les couleurs à ce monde artificiel et gris… Puis tout en attendant, les réponses de la jolie demoiselle, il se souvint de la mission exacte que lui avait confiée la dame Kartage.

« Les membres du clan Kartage, aimerait pouvoir assainir l’air sur Izurith et à faire pousser des plantes en dedans et en dehors. Mais pour cela, ils ont besoin de votre aide. Et moi, je peux servir aussi d’intermédiaire. »

Il s’arrêta, réfléchissant à ce que lui avait confié la maîtresse du clan Kartage, afin de s’assurer que cette fois, il avait tout dit.

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