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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Mar 8 Mar 2016 19:16 
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Je retiens mon souffle alors que je pose un pied dans le portail, m’attendant à tout instant à voir ma ruse s’envoler en fumée et à voir une nouvelle boule de feu projetée dans ma direction. Pourtant je me retrouve soudain transportée ailleurs, en un autre lieu. J’espère que le jeune homme aura compris la ruse… Et qu’il aura su se défaire des rais de ce Cadi Yangin. Je lui ai donné les cartes, je ne peux cependant plus rien faire pour lui à présent.

Comme prévu, ce n’est pas devant le Conseil que j’apparais, mais dans une salle toute autre. En forme de sphère écrasée, semblable à l’image que je me fais de l’intérieur d’un œuf, au sol plat, elle est dépourvue de la moindre fenêtre ou ouverture sur le monde et seuls m’entourent des murs faits d’une pierre couleur ocre. Elle n’est cependant pas vide, mais remplie de choses semblables à des courants, comme de l’air, mais sans que je ne puisse le sentir ou l’appréhender réellement, loin de tempêtes qui furent mon quotidien dans le Désert de l’Ouest. Aucun souffle ne vient caresser ma peau. Cette pièce semble être une prison bien étrange, et je suis parvenue à m’enfermer moi-même dedans.

Je pose mon regard turquoise sur l’être qui se tient au centre de cette pièce. Il possède une peau foncée, de celle des personnes nées sous le soleil et est vêtu d’une robe rouge et ambre ceinturée d’or et d’une matière semblable à celle dont est formée mon armure. Son visage, lui, ne me semble pas humain dans les sens habituels du terme. Je le trouve inquiétant, irréel presque, avec ces orbites brulantes.

Alors que je note ces quelques détails, je constate que le jeune homme ne m’a pas suivi. S’est-il retrouvé piégé aux côtés du Cadi Yangin ou s’est-il retrouvé brusquement dans un tout autre lieu de cette tour ? La sortie, peut-être, s’il a eu de la jugeote. Enfin, son ressort n’est plus du mien.

L’homme qui me fait face est, à n’en pas douter, Ibn Al’Sabbar, ce sorcier de légende comme je l’avais présumé en entendant sa voix la première fois. Je l’observe avec méfiance tendre une main dans ma direction pour l’ouvrir et y révéler un œil. Un œil, creusé dans sa paume qui m’observe de cette orbite étrange. Je retiens un frisson, l’observant avec d’autant plus de méfiance. Je ne dois pas oublier que ce sont les folies de cet homme qui ont causé la perte de la cité que je quitte à peine et d’où provient cette armure. Est-il en repentant, ou satisfait de son œuvre ? Pour quelle raison se retrouve-t-il enfermé en ce lieu ?

Alors qu’il prend la parole, ce n’est pas pour répondre à mes questions, mais pour me saluer. Plus ou moins. Il connaît mon nom, ce qui ne m’étonne guère, et me qualifie d’envoyée du Désert. Du Désert, certes, mais lequel, le mien, ou le leur ? Le Sorcier me demande d’approcher sans crainte car il est ici prisonnier des siens qui n’ont su comprendre la nature de son pouvoir et le lui ont enlevé en l’enfermant dans cette prison des plus inhabituelles. Sa demande suivante est des plus incongrues, car il me demander de le laisser me toucher car je serais investie du pouvoir de la pierre de Vision, celle dont j’ai contribué à provoquer l’éveil. Ce pouvoir lui serait nécessaire pour retrouver le sien et que je suis seule à lui donner.

Ma première réaction est celle du recul. Jamais homme depuis mon père et mon frère n’a posé sa main sur moi. Pas même mon fiancé, l’homme que j’allais épouser avant ce destin tragique qui s’est abattu sur tout mon clan, l’homme que jamais je n’avais vu et qui pourtant aurait dû partager mon intimité. Et voilà que ce Sorcier, cet être étrange s’il en est au passé des plus troubles à mes yeux me demande de me toucher afin que je lui transmette un pouvoir. Je contrebalance ma première impression en relativisant. Après tout, ce ne doit pas être un contact bien plus personnel que ceux de Bahia. Et, après tout, je ne semble pas avoir tant de choix si je souhaite sortir de cette prison à mon tour.

- Vous ne semblez pas adeptes de capellade et c’est une bonne chose, car moi non plus, Ser Ibn Al’Sabbar, puisqu’ainsi je suppose être votre nom. Cependant, avant d’accepter une telle demande, quoi que je ne doute pas que vous puissiez me contraindre si l’envie vous en prenait, je souhaiterai que vous répondiez à quelques interrogations, si cela vous convient.

Je ne me suis pas approchée de lui et je reste à une certaine distance. Autant par malaise, méfiance, que pour une certaine politesse. Sans compter le fait de mettre une certaine distance entre sa personne et le pouvoir qu’il convoite. Mon attitude n’est pas pour autant hostile, car je ne le suis pas moi-même. J’aimerais simplement avoir plus d’informations sur tout ce qui m’entoure et obtenir quelques garanties.

- Pourquoi vous ont-ils enfermés et quelle est la nature de ce pouvoir qu’ils ne comprennent pas. J’aimerais, moi, le comprendre. Que comptez-vous faire ce pouvoir et de celui que vous me demandez de vous donner ? Disparaîtra-t-il une fois que vous l’aurez absorbé ?

« Par ailleurs, par ma simple présence ici, j’encours le courroux de vos pairs Cadi Yangin, car je suis supposée me rendre à leur Conseil et plaider la cause de tout un peuple. Pouvez-vous m’aider vis-à-vis d’eux ? Et vous devez savoir la menace qui pèse sur Fan-Ming, accepterez-vous de parvenir à un accord afin de venir en aide à la ville ?

Je lance un regard autour de moi, observant ces courants étranges.

- Que sont ces courants que mon œil voit mais que mon corps ne ressent pas ?

Je repose mon regard sur lui.

- Pardonnez ce flot de questions, qui, bien qu’elles nous fassent perdre du temps, me paraissent nécessaires.

Peut-être fais-je preuve d’audace de poser ainsi mes questions, mais quelle princesse serai-je si je lâchais ainsi un pouvoir et des potentialités sans discuter au préalable des garanties ? Par ailleurs, je tente d’accéder moi-même à ce pouvoir dont je semble le réceptacle. Puis-je le saisir, le sentir ? M’en servir ?


(1049 mots)

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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Dim 13 Mar 2016 14:17 
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Messaliah – Hauteurs de la Tour.

    Aucun des deux sorciers ne réagit face aux paroles d’Azra, gardant chacun leur flegme silencieux. Aussi, lorsqu’il effleura de ses doigts ceux de Thensoor Val Crooh, et que l’instant d’après ils se changèrent tous deux en ombres, rejoignant le monde de l’immatériel dans une sensation encore complètement inconnue d’Azra, il ne savait pas où tout ça allait le mener. Et les ombres l’emportèrent, alors qu’il s’y mêlait, qu’il ne faisait qu’un avec elles, en compagnie de Thensoor. Jusqu’à un lieu sombre, très sombre, et gorgé de magie.

(Suite dans la Lande Noire).


Messaliah – Prison.

    Ibn Al’Sabbar, tel qu’il le confirme d’un bref signe de tête lorsque Charis lui demanda, ne parut pas contraire à répondre aux questions de la jeune femme du désert. Sans bouger – mais le pouvait-il, seulement – il écouta les dires de l’enchanteresse de feu et une fois toutes ses questions posées en salves curieuses, il consentit à y répondre avec pondération, calmement, point par point.

    « Je ne peux vous contraindre de quoique ce soit, dans mon état, et dans cet endroit. Et telle n’est de toute façon pas ma volonté. Et je ne pourrais vous contraindre même si j’étais en pleine possession de mes pouvoirs. Encore qu’en toute honnêteté, votre fort lien avec la magie de vision pourrait offrir des failles dans lesquelles je pourrais m’engouffrer, si telle était ma volonté, bien que ça ne le soit pas. Car voyez-vous, voilà là l’essence même de mon pouvoir, et la raison pour laquelle mes semblables et pairs m’ont enfermé : j’ai don de puissance et d’influence sur quiconque détient le pouvoir de Vision, que je possède également. Bien que j’aie toujours répugné à en user, c’est la crainte de ce pouvoir qui a poussé les Cadi Yangin à m’enfermer et à m’en délester. C’est par cette occultation de mon don que la Pierre de Vision s’est tarie du sien, car elle m’est intimement liée. Sans elle, je ne suis pas. Sans moi, elle est inutile. L’activer m’a rendu une partie de mon pouvoir, mais les tenailles mentales de la tour sont trop forte pour que j’en use ici. C’est sa manifestation la plus brute et détestable que j’ai usé sur Eleb Al’Mansûr, hors de la tour. Une confusion mentale tellement forte qu’il a vu son esprit se déchirer en lui, l’espace d’un instant, ne sachant plus que choisir entre ses pensées et celles que je lui intimais. Tel est, en toute franchise, le pouvoir qu’ils craignent de moi. Un pouvoir que je sais dangereux. »

    Il fit une courte pause dans ce grandiloquent débit de paroles. Il reprit ensuite ses explications, le temps à Charis d’ingérer les informations.

    « Mais mon pouvoir est plus large, bien sûr. En plus de manier le feu, comme l’intégralité des sorciers des Messaliah, je maîtrise aussi le Don de Vision, celui-là même qui vous parcourt en ce moment, et qui lie entre eux les plus puissants des Cadi Yangin. Le don qui nous permet, outre la communication libre avec les pierres de vision, nos artefacts, la possibilité selon certains rituels de voir ce qui fut, est et pourrait se produire. Un don d’omniscience qui n’est pas sans le coût d’un lourd tribu de souffrances. »

    Ses yeux, qui s’étaient perdus dans le vide de la pièce, comme perdu dans ses propres pensées, se posèrent à nouveau sur Charis.

    « J’ignore si votre contact avec moi ôtera ce pouvoir dont vous êtes investie, ou s’il se transmettra juste à moi pour que je recouvre les miens. La scène est inédite, elle ne s’est jamais produite. Car nul étranger n’a jamais été doté du Don de Vision. Quant aux Cadi Yangins, je peux vous protéger d’eux, s’ils vous veulent du tort. Mais en usant de ce pouvoir que j’abhorre. Tentons avant tout de les convaincre. Car ils voient en moi un meneur, malgré mon enfermement. Je connais la menace sombre pesant sur Aliaénon. Je suis… à l’origine de la prophétie marquant cet âge. Car telle est la vision que j’ai eue alors. »

    Il prit une voix plus théâtrale pour citer ses propres propos antiques :

    « À l’heure où l’heure où le Sans-Magie sera plus puissant que tous, à l’heure où l’ombre ploiera sous le nombre, à l’heure où les peuples se seront perdus, la mort déferlera sur le monde. Une mort sinistre, une mort sanglante, une mort impitoyable, qui ravagera les landes du Sud au Nord. Une poignée de Mages Libres sauront défier l’ombre, à l’aide d’Etrangers. L’astuce les mènera à la victoire sur la mort, mais ils n’auront pas le droit à l’erreur… »

    Il secoua la tête, un peu défait.

    « Les miens ont jugé qu’ils n’étaient pas ces mages libres, et décidé qu’ils n’interviendraient pas dans le conflit. Ils ignorent à quel point celui-ci pourrait changer le visage de ce monde. Pour les autres, certes, mais aussi pour nous. Ainsi, si je ne peux promettre une aide à Fan-Ming, car j’ignore si telle sera mon action dans ce conflit, j’assure pouvoir me dresser contre l’ombre ravageant ce monde, et convaincre les miens de s’y mêler. Car c’est ainsi qu’un sage puissant doit œuvrer. Pas en observant sans bouger. »

    Il parut amusé de la question de Charis sur les courants qui les cernaient. Il eut même l’esquisse d’un demi-sourire, alors que son ton se fit moins grave.

    « Ce sont… mes pensées. Être doté du pouvoir de Vision me force à avoir tellement de pensées que je ne peux me résoudre à toute les garder en moi. Ainsi suis-je sans cesse cerné de ces pensées mises sur le côté, pour que je puisse les piocher au besoin. Des pensées tellement complètes, concrètes qu’elles en deviennent presque palpables. Visibles, en tout cas. »

    Et comme pour démontrer ses dires, il sembla « pincer » de sa main un courant qui passait par là. Chose que Charis était bien incapable de faire. Il conclut la discussion :

    « N’ayez crainte, je comprends vos appréhensions. Je ne suis qu’un inconnu aux pouvoirs vertigineux, dont on peut se demander s’il n’est pas mieux enfermé. Car le risque est grand de le libérer, fut-ce la dernière chance de voir ce monde sauvé. Et je m’en remets à vous et à votre propre jugement, pour décider de ceci. »

    Du pouvoir qu’il avait décrit, Charis ne ressentait en elle que celui de communication avec les autres pierres de vision : le Don de vision qu’il évoquait plus tôt. Peut-être, si elle suivait le rituel évoqué, pourrait-elle aussi avoir, un instant, le don de prescience. Mais rien n’était sûr. Et tout était, présentement, entre ses mains.

[Azra : 0,5 (introspection) + 0,5 (demande à Thensoor) + 0,5 (bonus longueur). Mot : 0.
Charis : 0,5 (introspection) + 0,5 (questions) + 0,5 (informations reçues) + 1 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! - goberger]

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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Mer 16 Mar 2016 14:24 
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L’étrange homme hoche la tête lorsque je lui demande des explications, acceptant manifestement de me les donner. Un léger soulagement se fait sentir sans pour autant que je ne baisse ma garde. Beaucoup déprendra de ses mots, pourtant, j’ignore si je dois leur prêter de moindre crédit.

Le Cadi Yangin ne bouge pas, écoutant mes questions avec une absence de mouvement que je trouve déconcertante, me forçant en réponse à rester plus statique et droite que je ne le voudrais. Je redoute de laisser percer la moindre faiblesse ; je sais que je suis arrivée en position de force, possédant quelque chose qu’il convoite, mais lui possède les informations et le mystère, ce qui fait de lui quelqu’un de bien plus puissant que je ne peux l’être.

Il m’explique qu’il ne peut, en ces lieux, me contraindre à rien, mais que ce n’est de toute façon pas ce qu’il souhaite. Il m’explique également que même en pleine possession de ses capacités, il ne pourrait me contraindre à quoi que ce soit, ce qui me pousse à me questionner sur la portée réelle de ses pouvoirs. Il ne peut pas contraindre et pourtant lui-même se trouve enfermé ici, dans cette étrange prison car ses pairs l’ont jugé trop dangereux. Et puis… n’est-il pas à l’origine de ce brusque changement de comportement chez Al-Mansûr ? Il répond à cette question l’instant suivant, expliquant qu’il a la possibilité d’influencer quiconque détient le pouvoir de Vision, celui-là même que j’ai libéré en réactivant la Pierre de Vision. Il explique également que le pouvoir de cette pierre s’est tarit lorsque les Cadi Yangin lui ont retiré ses pouvoirs, mais qu’il rechignait à les utiliser. Pourquoi le lui avoir retiré en ce cas ? S’ils ne craignaient pas directement ses actions, peut-être craignaient-ils ce qu’il pouvait devenir. Lui-même semble avoir conscience de la menace que représente ses capacités. Est-ce réellement cet esprit du désert qui l’en a investi ? Une bénédiction aussi bien qu’une malédiction, semblerait-il. Je ne parviens pas à savoir jusqu’où s’étend la véracité de ses paroles et cela m’irrite, n’avoir qu’une seule version des faits…

Il fait une brève pause, me laissant sans doute le temps de rassembler mes pensées avant de poursuivre, m’expliquant que son pouvoir est plus grand encore, qu’il est, bien sûr, en mesure de manier le feu comme chacun des sorciers de cette tour mais qu’il maîtrise également le Don de Vision. Au vu de ce que m’en a raconté Zaria, je n’en attendais pas moins de lui. Il m’explique aussi que c’est celui qui me parcours, ce que j’avais déduis mais ajoute qu’il lie également tous les Cadi Yangin. Je comprends qu’il soit si craint, s’il a le pouvoir de tous les contrôler… Il m’explique cependant, ce que j’ignorais, que le don d’omniscience qu’il donne n’est pas dépourvu de son lot de souffrances. Une sorte d’échange équivalent, quelque chose d’obtenu pour quelque chose de sacrifié, afin que l’on se rende compte qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités et qu’il n’est pas à prendre à la légère.

Ses yeux, qui s’étaient perdus dans le vide se refocalisent sur moi. Il me dit ignorer si entrer en contact avec lui ôtera le pouvoir qui m’habite et je plisse légèrement les yeux. Je crains de perdre toute puissance que j’aurais pu avoir et me mettre ainsi en danger, m’affaiblir. Sera-ce un échange équivalent là aussi, gagnerai-je quelque chose en perdant autre chose ? Partagerons-nous ces pouvoirs l’un pour l’autre ou m’en trouverai-je simplement entièrement démunie ? Je ne peux m’en assurer qu’en tentant. Cependant, j’attends qu’il finisse de parler, car il n’a manifestement pas terminé.

Je suis manifestement la seule étrangère jusqu’à présent à avoir été investie du même pouvoir qu’eux, et il en ignore les conséquences. Il puit cependant m’assurer qu’il pourra modérer les Cadi Yangin une fois libre et me protéger d’eux. Voilà au moins une bonne nouvelle. Il me dit cependant que s’il peut les plier à sa volonté, il préfèrerait ne l’utiliser qu’en dernier recours et qu’avant toute chose, il faut chercher à les convaincre. Je ne puis qu’abonder dans son sens. Il est aisé d’obtenir le pouvoir par la force, mais il devient alors plus difficile de le garder et de se maintenir ensuite. Or, nous souhaitons quelque chose de stable.

Mon intérêt pour ses propos, déjà bien grand, croît encore plus car il ne concerne plus que moi, cet homme étrange et le sort des Cadi Yangin, mais tout Aliaénon et l’avenir de cette guerre. Il dit connaître la menace qui pèse sur son monde et qu’il est à l’origine d’une prophétie parlant de cet âge. Après tout, pourquoi posséder un Don de Vision s’il ne sert à rien ?

Il prend alors une voix théâtrale qui m’incite à un demi-sourire légèrement amusé pour déclamer sa prophétie.

« À l’heure où l’heure où le Sans-Magie sera plus puissant que tous, à l’heure où l’ombre ploiera sous le nombre, à l’heure où les peuples se seront perdus, la mort déferlera sur le monde. Une mort sinistre, une mort sanglante, une mort impitoyable, qui ravagera les landes du Sud au Nord. Une poignée de Mages Libres sauront défier l’ombre, à l’aide d’Etrangers. L’astuce les mènera à la victoire sur la mort, mais ils n’auront pas le droit à l’erreur… »

Je hausse alors un sourcil peu convaincu. Pourquoi les prophéties se doivent-elles toujours d’être aussi sibyllines ? C’est une marque de fabrique ou bien ? Le Sans-Magie, qui est-ce ? L’ombre peut faire référence à Oaxaca, du moins selon notre vision des choses, mais ploît-elle réellement sous le nombre ? La mort sinistre et sanglante, cependant, me semble assez clairement se rattacher à elle mais… n’y vois-je pas ce que je souhaite y voir ? Rha ! C’est ce que je déteste avec ces maudites prophéties, on y voit toujours midi à sa porte. Les interprétations peuvent tant varier selon le prisme par lequel on les observe… Les landes du Sud et du Nord se réfèrent à la géographie des lieux que je méconnais bien trop pour émettre la moindre hypothèse. L’histoire des Mages Libres, cependant, m’intrigue, cela pourrait-il être les Cadi Yangin – du moins une fois que nous leur auront mis du plomb dans la cervelle ? Les Etrangers, là, ça me paraît plus clair déjà. Un couplet ensuite sur le fait que nous n’avons pas le droit à l’erreur. Jusque-là, je m’en étais doutée avec une certaine assurance. C’est bien, d’ailleurs, la seule assurance que j’ai depuis que j’ai foulé ces terres.

Comme s’il avait lu dans mes pensées, ou alors simplement parce que c’est la conclusion logique, il m’explique que les Cadi Yangin ne se considèrent pas comme les mages libres dont il est question et ont rejeté les propos de notre divin devin. Ils ne semblent pas croire ou ne pas vouloir croire que le conflit peut changer la face du monde. Ils manquent de nez. Ou simplement craignent-ils le changement. Toujours est-il que Ibn Al’Sabbar ne peut promettre son aide à Fan-Ming car il ignore le rôle qu’il aura à jouer dans cette affaire. Il me dit cependant qu’il assure pouvoir se dresser face à l’ombre qui s’abat sur son peuple et convaincre les siens de s’y mêler. Il ajoute que c’est ainsi que le sage puissant doit œuvrer, non en observant sans bouger. Des paroles que j’ai si souvent entendu dans la bouche de mon propre père. La raison pour laquelle la Cheikha d’un désert se retrouve dans un monde si lointain.

Les affaires sérieuses sont laissées de côté alors qu’il répond à mes questions plus triviales. Il m’explique que les courants que je vois ne sont autre que ses pensées. Que son don de Vision le force à avoir tant de pensée qu’il ne peut se résoudre à toutes les garder en lui et qu’il les met ainsi de côté autour de lui. Ses pensées sont si puissantes qu’elles en deviennent visibles et palpables pour lui. Ces… Fascinant. Réellement fascinant.

Il souligne ses propos en tendant la main pour « pincer » un courant et je le regarde faire, intriguée, avant de sursauter en constatant qu’il a repris la parole. Il me dit comprendre mes appréhensions, qu’il n’est autre qu’un inconnu aux pouvoirs vertigineux et reconnaît le risque que j’encours et que je fais encourir à ce monde en le libérant. Il dit alors s’en remettre à mon jugement. Voilà des paroles justes, mais qui ne m’ôtent pas pour autant de ce poids qui repose sur mes épaules. Que vais-je et que pourrai-je choisir ? La situation dans laquelle je suis est bien précaire et ce n’est pas le fait qu’il l’avoue à voix haute qui le déleste du danger qu’il représente. Cela pourrait tout aussi bien être un sombre piège.

Je tente d’atteindre en moi ce pouvoir dont je suis supposée être investie. Et en effet, je sens quelque chose de différent. Il y a toujours ce feu agréable et rassurant qui couve du côté de mon cœur depuis que je suis entrée en contact avec cette clef de Messaliah, mais quelque chose en plus s’est ajouté. J’ai l’impression, si je tends mon esprit vers elles, que je peux… toucher les autres pierres de Vision. J’en sens à travers le monde et j’ai l’impression qu’en me concentrant assez, je pourrais même distinguer qui les possède et peut-être même voir au travers de la pierre. Je pourrais communiquer avec eux, à travers l’espace, comme s’ils n’étaient qu’à quelque pouce de mon être. C’est un pouvoir aussi effrayant que fascinant. Al’Sabbar a parlé du don de prescience, pourrais-je l’avoir moi aussi, si je faisais les rituels dont il a parlé ? Je frémis cependant à cette idée, car je la crains autant qu’elle m’attire. L’avenir que j’y verrais serait-il enfermé dans le marbre, entériné, ou aurai-je le pouvoir de le modifier et de le ployer s’il ne me convient pas ? Par Toumlanayh, voilà les pouvoirs d’un dieu. Qui serions-nous, qui sont-ils pour posséder un tel pouvoir sur le monde ?

Cependant, alors que je recherche dans mon être pour savoir s’il y a plus au pouvoir dont je suis investie que ce que je ressens… Je ne vois ni ne ressens rien d’autre. Aucun pouvoir prodigieux et faramineux qui me permettrait d’ouvrir cette cage dans laquelle je me suis moi-même enfermée. Sans doute ne suis-je pas celle destinée à les utiliser, mais, comme le disait Al’Sabbar, tout ceci est son pouvoir et lui appartient. Il serait alors logique que je le lui rende. Mais à quel prix ?

Le moment est manifestement venu pour moi de choisir. Je doute de pouvoir réellement juger de ce qui est bien ou mal dans cette situation, ni même que ce soit pertinent. Je me suis immiscée dans les affaires des Cadi Yangin, bien malgré moi et démêler le faux du vrai s’avère ardu. Je doute que les paroles de Ser Ibn Al’Sabbar soient teintées de mensonge, ou alors il se trouve distillé çà et là parmi la vérité ou parmi ses vérités. Cependant, je peine à croire qu’une puissance telle que lui me dise toute la vérité. Après tout, quel intérêt aurait-il à le faire ? Je possède certes le pouvoir qu’il convoite quoi que je ne puisse pas l’utiliser, mais ai-je, selon lui, intérêt à tout connaître ? Peut-il lui-même me faire entièrement confiance. J’ignore l’étendue de ses pouvoirs et je ne puis que spéculer, comme je suppose qu’il spécule à mon sujet.

J’ignore si ses intentions, à défaut d’être bonnes, sont honnêtes ; mais ce que je sais, c’est qu’il est le seul parmi ses pairs à m’avoir montré une facette ouverte et une oreille attentive. Mieux encore, il m’a fait part de sa volonté d’agir. Je ne suis pas là pour juger de ce qui est bien ou mal, mais pour œuvrer dans le sens que je crois juste pour Oranan et le peuple d’Aliaénon. Je m’avance donc et tend la main dans sa direction.

- Inutile de goberger plus longuement en cette étrange prison, reprenez ce pouvoir qui fut autrefois vôtre et filons mettre du plomb dans la cervelle de vos pairs.

J’avance encore un peu, jusqu’à ce que nos mains entrent en contact. Je n’ose faire plus qu’effleurer ses doigts, car ses paumes à l’œil unique me déstabilisent.

- Pourquoi vos yeux sont-ils sur vos mains ? demandé-je dans un souffle avant le contact fatidique.


(2057 mots)

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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Dim 20 Mar 2016 12:51 
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Neo-Messaliah – Conseil des Cadi-Yangin.

    En réponse au murmure de Charis, Ibn Al’Sabbar répondit :

    « Ils sont le symbole de mon pouvoir, et de mon statut au sein des Cadi-Yangin. Ce sont eux qui me permettent d’observer une emprise sur leur esprit. Nombreuses sont les occasions où ils ont souhaité me les transpercer… Mais c’aurait été impie, et un trop grand sacrifice pour notre ordre. »

    Et puis, le contact se fit. Et la lueur bleutée de la pierre de vision envahit soudainement toute cette salle ovoïde, imprégnant les courants de pensées de l’être puissant que Charis était en train de libérer. Il ferma les yeux, comme en pleine jouissance charnelle, et toutes ces pensées imprégnées de magie de vision réintégrèrent son corps. Au même instant, telle la coquille d’un œuf, les murs de la salle se fendirent, craquant et se réduisant d’eux-mêmes en poussière. Ainsi, ils ne durent pas aller bien loin pour rejoindre les pairs du prophète : ils étaient là. Tout autour de ce qui formait la prison d’Ibn Al’Sabbar – à se demander quelle forme, et surtout quelle taille cet œuf pouvait avoir, vu de l’extérieur – la Salle du Conseil des Cadi Yangin était là. Une salle au faste certain, aux murs ornés d’or et de marbre sombre et orangé. De longues colonnes de flammes éclairaient les lieux, sortant de braséros intégrés au décor. Le Conseil en tant que tel prenait la forme d’une vaste table de pierre en forme de croissant de lune, sur la bordure extérieure de laquelle plusieurs sièges supportaient les sorciers. Visages dans l’ombre de sombres capuches, comme celui qu’ils avaient vu, Azra et elle, dans les hauteurs de la tour, ils étaient assis là dans le silence le plus complet. Tous les sièges, hormis un, le central, étaient occupés. Le sorcier affrontant Azra devait s’y trouver, tout comme Eleb Al’Mansür. Mais ils étaient semblables aux autres, dans cette jute sombre ne reflétant que leur regard de feu.

    Ibn toisa longtemps dans un pesant silence ses pairs l’ayant enfermé. Maintenant qu’il avait recouvert son pouvoir, il aurait pu prendre sa revanche sur eux. Tous les contraindre, les soumettre. Depuis le temps qu’il attendait, là, prisonnier de l’injustice craintive des sorciers de la Tour de Neo-Messaliah. Mais il se maîtrisa. Il se contrôla, et finit, impérieux, par rejoindre sa place parmi les siens, posant son auguste postérieur sur le siège vide et central, laissant Charis au centre de la table en croissant de lune, comme devant un tribunal. Alors, il prit la parole, regardant la princesse du désert droit dans les yeux.

    « Bienvenue, Charis Kel Asheara, princesse d’un lointain désert, celle qui a ramené ici le pouvoir de Vision. Le Conseil des Cadi-Yangin est prêt à écouter votre demande et à en débattre. Car nul n’est plus indiqué que vous, ici, pour être reçue. »

    Quelques sorciers murmuraient entre eux, des paroles inaudibles à la jeune femme. Ibn Al’Sabbar avait promis qu’il l’aiderait, mais c’était quand même à elle de plaider sa propre cause devant le conseil. Le soutien viendrait ensuite, sans doute. Elle devait se montrer convaincante. Persuasive. Prendre en compte tout ce qu’elle savait de cette guerre qui faisait rage, et de l’implication actuelle des sorciers du désert dans celle-ci. Quasiment inexistante, au demeurant.

[Charis : 0,5 (introspection) + 0,5 (enquête) + 0,5 (informations reçues) + 2 (exploit : libération d'Ibn Al'Sabbar) + 2 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! - boccan.]

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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Mar 22 Mar 2016 17:55 
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Avant le contact final, le Cadi Yangin m’explique que les yeux sur ses mains sont le symbole de son pouvoir, de son statut parmi ses pairs. Ils sont ce qui lui permet d’avoir une emprise sur leur esprit et que bien des fois ils ont souhaité les lui transpercer bien que cela aurait été considéré comme impie, un trop grand sacrifice. Ainsi il serait révéré à ce point ? Peut-être est-ce plutôt l’aspect sacrifice qui a primé. Je me demande cependant s’il est vraiment capable de voir avec ces yeux-là, auquel cas ce ne doit pas être des plus pratiques, ne serait-ce que pour se saisir d’un objet à deux mains et avancer ensuite sans perdre la vue. Enfin, avoir des yeux sur les paumes ne signifie pas être aveugle, si ? A vrai dire, je n’en ai pas la moindre idée.

Sur ces pensées nos doigts se touche et la pièce s’emplie alors soudainement d’une aura bleutée se mêlant aux courants blancs représentant les pensées de cet être si peu commun. D’où lui vient ces pouvoirs ? Est-ce réellement cet esprit du désert qui les lui a conféré ? L’homme, en tout cas, semble jouir de ce contact et de ce pouvoir comme s’il c’était agi là d’un contact intime charnel. J’aurais pu me sentir gênée, salie par ce constat, d’être celle à provoquer une réaction si vive chez un être qui n’est pas mon mari. Pourtant, c’est avec un intense fascination que je l’observe, comme si au travers le lui je parvenais à vivre, à imaginer ce que l’on peut ressentir à retrouver ses capacités après les avoir perdues si longtemps, se sentir libéré après avoir été enfermé si longtemps. Ses pensées semblent réintégrer son corps, comme si elles comprenaient que le moment était venu de se rendre en d’autre lieu, de les enfermer dans son esprit là où elles avaient été libres dans l’air.

Autour de nous les murs se craquellent, tel l’oiseau qui fend la coquille de son œuf pour s’ouvrir au monde, avant de s’effriter en poussière sur le sol, révélant un tout autre décor. J’arrache mes yeux de la contemplation du Cadi Yangin pour observer ce qui doit être la salle du conseil. Qu’est-ce que ceci, où étions-nous réellement ? Est-ce là l’un des nombreux mystères qui entourent la Tour de Neo-Messaliah ? Toujours est-il que dans cette pièce d’or et de marbre éclairée de colonnes de flammes se trouve les Cadi Yangin du Conseil. Les hommes que je dois affronter pour déterminer une partie de l’avenir de ce monde et du miens. Ils sont tous assis à une table formant un croissant de lune et attendent, comme si ma venue par ce biais si étrange avait été annoncée. Leurs visages sont tous cachés sous une capuche, mais je ne doute pas de la présence fielleuse d’Eleb Al’Mansûr et peut-être même celui que j’ai vu lorsque j’ai tenté de sauver le jeune adolescent. Je me demande ce que ce dernier est devenu, peut-être aurai-je dû demander à Al’Sabbar.

- Un boccan serait plus accueillant, murmuré-je à Al’Sabbar avant qu’il ne s’en aille rejoindre ses pairs.

L’homme prend place sur le siège central de l’arc de cercle, comme si c’était l’action la plus naturelle au monde et qu’il n’avait pas passé un temps indéfini enfermé dans cet œuf. Il aurait pu décider de prendre sa revanche sur eux, je le sais, ou de ne pas tenir parole, pourtant il a choisi de rester digne et de ne pas profiter de la vengeance, du moins pour le moment. Les autres Cadi Yangin ne protestent pas, ne bronchent pas et observent la scène en silence. Evoque-t-il tant de peur à leurs yeux ? Al’Sabbar cependant s’assoit, impérieusement pour prendre la parole. Il me salue par mon nom et m’annonce que le Conseil est prêt à écouter ma demande et à en débattre car je serais la plus indiquée pour être reçue.

Cela provoque quelques murmures dans l’assemblée mais je n’entends rien de leurs mots. Al’Sabbar me regarde droit dans les yeux et je prends une profonde inspiration avant de commencer à parler, regardant tour à tour les sorciers dans l’ombre de leur capuche, là où je devine leurs yeux.


- J’apporte la Guerre en ces lieux, commencé-je.

Ce n’était peut-être pas le début le plus diplomatique de ma carrière de diplomate, mais il avait l’avantage de percuter et d’annoncer la couleur : je ne me cache pas derrière de faux-semblants.

- J’apporte la Guerre en ces lieux car je suis l’un de ces Étrangers venu d’un monde lointain pour s’opposer et défier l’Ombre qui rôde en Aliaénon, cherchant à assoir sa domination par l’abdication ou l’éradication des peuples qui se dressent sur son chemin. Une cité a déjà prouvé mes dires et vous connaissez son nom, car il s’agit d’Esseroth qui fut précipitée vers un fin rapide et meurtrière. D’autres batailles ont eu cours sur ce monde, l’Ombre avance, progresse, elle s’étend et nécessite d’être stoppée avant que plus de mal ne soit fait et que plus de vies ne soient soumises au trépas.

Je marque un léger temps de pause afin de les laisser digérer mes paroles avant de poursuivre :

- Je vous en conjure, Cadi Yangin, Sorciers de Feu, usez de ce grand pouvoir dont vous avez été investi pour venir en aide à Aliaénon. Soyez, choisissez d’être les Mages Libres dont parle la Prophétie et venez en soutien à Fan-Ming. Sur la cité déferleront des hordes d’orques, de gobelins et d’Hommes, mais ils seront flanqués de créatures diverses et parmi elles s’en trouvent certaines résistantes à tout sauf aux flammes. Cette Guerre peut être gagnée avec les Cadi Yangin à nos côtés, vous êtes en mesure de faire pencher la balance. Vous êtes notre espoir de salut. La réactivation de la Pierre de Vision, la chute d’Esseroth ne sont que des exemples parmi tant d’autres d’un monde qui change et qui évolue, soyez en les acteurs et ne le regardez pas s’étioler dans les Ombres sous vos yeux.


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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Sam 26 Mar 2016 11:37 
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Neo-Messaliah – Conseil des Cadi-Yangin.

    Ce qu’on pouvait dire, sans peine, c’est que Charis sut, dès ses premiers mots, attirer l’attention des sorciers de feu. Lorsqu’elle eut terminé de parler, un des sorcier prit la parole, sans qu’elle puisse déterminer de qui il s’agissait, puisqu’il était calfeutré sous sa capuche d’ombre, ne montrant que son regard de flamme à la vue de la princesse.

    « Nous savons par nos pouvoir, et grâce à vos actions à Messaliah, qui vous êtes, et ce qui se passe en ce monde. Nous avons conscience de ces changements, et connaissons de longue date la prophétie. Mais, savants et sages, nous sommes prudents quant à ses interprétations. Et nul membre de ce conseil n’est jusqu’ici arrivé à un consensus sur les traductions qu’elle pourrait avoir. »

    Une autre voix perla, persiffleuse, dans la salle :

    « Que nous abaissons-nous à l’écouter. Elle est femme, inapte à saisir notre sapience, nos savoirs. »

    L’argument fut balayé sans être retenu par une troisième voix, qui intervint sur le fond des paroles de Charis.

    « Vos sens, dame, sont obstrués par votre vision subjective de la situation. La guerre fait rage, oui. Et elle est destructrice, sans nul doute. Mais la guerre comporte deux camps, et ils sont tant l’un que l’autre responsables des infamies commises, du chaos et du désordre. Si nous voulons combattre la guerre, et non l’un des deux camps, pourquoi en rejoindrions-nous un ? »

    L’attention, auparavant troublée par des murmures trublions, fut entièrement captée par cette sage prise de parole. Tous les regards étaient dirigés vers celui qui parlait, semblant avoir une certaine crédibilité parmi les siens. Plus que le précédent, c’était certain. Il poursuivit.

    « Observons les faits de cette guerre avant d’en conclure des choses avec trop de hardiesse : Esseroth est tombée, oui. Elle est tombée car elle était la cible de Vallel, le dirigeant de l’armée, qui avait des comptes personnels à y régler. C’est chose regrettable, sans nul doute… Mais aucune autre cité n’a jusqu’ici été mise à sac : Elscar’Olth s’est soumise, et les sorciers de la Lande Noire sont bien traités. Leurs lois sont respectées, et seule la cohabitation leur est imposée. Pour l’heure, en ce monde, une bataille fait rage : à Andel’Ys, la plaine se gorge de sang. Pourquoi ? Parce que les Hommes Pâles, fiers et guerriers, après avoir livré la cité sans la moindre effusion de sang, et que l’ennemi eut festoyé en un banquet commun fêtant la paix entre les deux peuples, ont attaqué leur propre cité en masse. La victoire est imprécise, et de nombreuses choses pourraient encore l’accorder à l’un ou à l’autre camp. Mais que pouvons-nous, objectivement, observer de ce nouveau sang éparpillé, de ces nouvelles vies gâchées : si les Hommes Pâles avaient laissé passer l’armée, ils seraient en paix, et vivants. Telles les autres cités du Royaume Pâles, qui ne se sont pas fait inquiéter. Tels les elfes dans leur forêt, tels les géants sur les montagnes, et les sorciers dans leur désert… »

    Le sous-entendu était clair : ils n’étaient selon eux pas du tout la cible des attaques des armées oaxiennes, et prônaient apparemment l’immobilisme, le temps que la guerre passe, au plus vite, loin d’eux. Mais l’argument n’était pas vain : il poursuivit en confrontant directement Charis, fin orateur ayant capté le jugement positif de ses pairs.

    « Alors, Charis Kel Asheara, pourquoi entrerions-nous en guerre ? Y mourir ? Prolonger celle-ci au lieu de la laisser passer comme une lointaine tempête ? Pourquoi prendrions-nous le risque que ces armées sombres viennent s’abattre sur notre citadelle, telles les lames tempétueuses de la mer sur les rocs côtiers ? »

    Ibn Al’Sabbar restait silencieux, concentré. Il interviendrait, sans aucun doute, pour respecter sa promesse. Mais pour l’heure, il laissait Charis se débrouiller. Le moment n’était pas encore venu pour lui de mettre son grain de sable dans la machinerie de logique de ses pairs.

[Charis : 0,5 (argumentaire) + 0,5 (introspection) + 1 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! - Acescent.]

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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Mar 29 Mar 2016 12:17 
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Un premier sorcier prend la parole pour me dire qu’ils savent qui je suis via leurs pouvoirs. Qu’ils ont conscience des changements et qu’ils ont connaissance de la prophétie. Cependant, savants et sage, ils seraient prudents face aux interprétations. Je retiens un haussement d’yeux vers le ciel, être savant et sage ne signifie pas prôner l’immobilisme, parfois être savant et sage passe par l’action et par le fait de savoir quand agir.

Un autre sorcier persifle sur ma stature de femme et j’ignore complètement son argument. Même mon peuple qui mésestime les femmes les estime déjà plus que cet être. Son ignorance me fait pitié, lui qui parle de sapience.

Un dernier intervient rapidement, ignorant, lui aussi et à mon grand soulagement, les paroles du précédent. Il accuse cependant mes sens d’être obstrués par la subjectivité. Encore une fois, je retiens une moue irritée. Bien sûr que mes sens sont subjectifs, n’est-ce pas le propre des guerres ? Et eux, ces sorciers si sapiens, n’en deviennent-ils pas une force d’inertie à trop rechercher l’objectivité ? Il me dit alors que s’ils doivent combattre la guerre, pourquoi doivent-ils en rejoindre un. La réponse me paraît simple. Il poursuit cependant en me parlant du sac d’Esseroth par Vallel car celle était sa cible et qu’il y avait des comptes personnels à y régler. Je maudis une fois de plus ce dirigeant de Fan-Ming qui n’a pas su présenter une situation plus claire à ses messagers, espère-t-il un miracle de notre part, sans informations, sans cartes à jouer ?

Alors qu’il poursuit son flot de parole, une seule certitude commence à naître : comment pourrais-je imaginer parlementer avec des êtres qui prétendent voir l’avenir ?

- Augustes Cadi Yangin, il est un temps pour la recherche d’objectivité et les sens cachés des mots, il en est un autre pour la subjectivité et l’action, pour la prise de parti et le risque pour une cause que l’on juge juste ou tout au moins pourvue de bénéfices, au risque de ne devenir que des êtres acescents tout en haut d’une tour coupée du reste du monde.

« Vous souhaitez combattre la guerre dites-vous ? Je préfère pour ma part combattre l’injustice et prôner la liberté d’un peuple à agir tel qu’il l’entend sans pâtir de la férule d’un autre. Et c’est ce que je vois dans le règne proposé par Oaxaca. La cité de Fan-Ming et ses dirigeants ne sont certes pas dépourvus de nombreux défauts, mais il est nécessaire de combattre le plus grand mal avant de chercher à se débarrasser des plus petits ou de laisser d’autre s’en charger. Car ceci, ne l’oubliez pas, est votre monde. Votre puissance ne pourra pas rester éternellement cloîtrée sans attirer la concupiscence d’autrui. En nous rejoignant maintenant, vous bénéficiez d’alliés qui ne sauraient être présents une fois réduits en cendre sous vos yeux.

« Vous comparez Esseroth aux Sorciers de la Lande Noire, et quel règne éclairé me présentez-vous là ! Une ville accepte de se soumettre et gagne un semblant de liberté, mais elle n’en reste pas moins sous la férule d’un autre tandis qu’une cité a été mise à sac pour… une vengeance personnelle ? Est-ce là votre vision de la justice ? Une entité autorisant un pion à réduire en cendre une civilisation pour une simple querelle n’augure à mon sens rien de bon pour l’avenir des peuples qui d’aventure tomberaient sous sa férule.

« En restant dans votre tour chryséléphantine, vous ne ferez qu’observer le destin se jouer sous vos yeux, une force qui fût puissante, celle qui aurait pu agir mais n’en fit rien. En rejoignant cette guerre, vous prenez le parti d’agir et de contribuer à sculpter un monde tel qu’il devrait être et non tel que d’autres le souhaitent. Vous ne pensez pas que les hordes d’Oaxaca tournent leurs regards sur la Tour de Neo-Messaliah, mais pouvez-vous en être certains ? Voyez-vous si bien dans l’avenir qu’il est immuable ? Est-il gravé dans le marbre ou dans le sable soumis aux marées et aux volontés et aux choix de chacun ?


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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Mer 30 Mar 2016 11:53 
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Neo-Messaliah – Conseil des Cadi-Yangin.

    Le conseil écouta les dires de la princesse sans l’interrompre. Une fois qu’elle eut fini, le mage qui avait le plus parlé répondit à ses arguments.

    « Vos dires sont justes et éclairés, à bien des égards. À l’instar du fait qu’en entrant maintenant en guerre, nous bénéficions d’alliés que nous n’aurons plus si nous nous mobilisons trop tard. Et quid du fait de ne pas nous y immerger tout court ? Vous y avez répondu également, en soulignant l’importance d’un regroupement général des peuples libres de ce monde contre une idéologie néfaste qu’au demeurant, vous connaissez mieux que nous, puisqu’elle vérole votre propre monde. Vous m’avez convaincu, Dame Kel Asheara, et avec moi sans doute une bonne partie de ce conseil. Mais laissez-moi vous poser une question, avant toute décision : Les vôtres, vos semblables, sur votre monde. Votre peuple. Prend-il tous les risques contre cette noire Reine et ses troupes ? Est-il sous sa menace directe, sous sa férule ? Ou comme nous éloigné de la menace ? N’êtes-vous pas vous-même en train de nous demander de faire ce que vous-même ne faites pas ? »

    Ses dires, bien qu’à la fois sages et provocateurs, n’étaient pas dénués d’intérêt, et ne formaient pas une insulte à son égard. Il ignorait la réponse, bien sûr, mais ses paroles forçaient la réflexion. Les visages cachés des Cadi Yangin étaient tournés vers Charis, irrémédiablement. Tous s’intéressaient à la réponse aux questions de cet être qui semblait avoir une ascendance vénérable sur eux.

    Néanmoins, il en était certains qui étaient toujours pleins de méfiance et de virulence à l’égard de la jeune femme. Celui qui avait déjà pris la parole plus tôt recommença à nouveau.

    « Comment pouvez-vous l’écouter, comment pouvez-vous la croire ! Elle est femme, traitresse. Par son sang, par son genre, elle ne peut être que fausse, corruptrice. Elle nous mènera à notre perte. N’avez-vous pas entendu ces murmures de Vision, qui soufflent qu’elle n’a pu déclencher seule le pouvoir de la Pierre ? Vous savez tous qui était avec elle. Une traitresse, elle aussi. Une fuyarde, une hérétique. »

    Cette fois, Ibn Al’Sabbar intervint, frappant du poing sur la table, et prenant la parole d’une voix forte.

    « Suffit ! Votre vision étriquée du pouvoir qui est le nôtre rend toute discussion stérile. Ce n’est que dogme irréfléchi que de méconsidérer comme ça les personnes de l’autre sexe. Que craignez-vous d’elles ? Que craignez-vous de Zaria ? Qu’elle soit plus puissante que n’importe lequel d’entre vous n’ait pu rêvé l’être ? C’est le cas. Et sans avoir eu à suivre la moindre formation dogmatique de notre part. Rejetterez-vous toujours ce qui vous fait peur, frères ? Moi, Zaria ? Et ensuite quoi, le pouvoir de Vision ? Ne voyez-vous pas que ça nous enferme dans un cercle vicieux sans fin qui nous oblige à tourner en rond sans plus évoluer ? Sortez de ce confort doctrinaire qui fait de vous le sommet d’une chaine alimentaire créée de toutes pièces. Montrez aux peuples de ce monde que nous ne sommes pas de fiers imbéciles enfermés dans notre tour. Montrez leur notre puissance, et apprenons de la leur. Apprenons l’humilité et l’ouverture, et nous en ressortirons plus riches, ou nous n’en sortirons pas du tout, mais au moins aurons-nous essayé. »

    Son ton, sa voix avaient pris de l’ampleur à mesure qu’il parlait. Aucun ne semblait vouloir l’interrompre. Il poursuivit donc, sûr de lui.

    « Moi, je suivrai Charis Kel Asheara. Je suivrai Zaria. J’irai confronter le feu à l’ombre néfaste qui s’étend, loin à l’est. Que les Eveillés me suivent, à leur tour. Et que les autres s’endorment sur les lauriers qu’ils ont depuis longtemps eux-mêmes consumé. »

    Tous se turent, comme dans l’attente d’une ultime intervention, qui ne vint pas. Était-elle offerte à Charis ? Devait-elle répondre, finalement, à toutes ces invectives ? Prendre en main l’initiative des décisions à prendre pour organiser les volontaires qui se mêleraient à la guerre ? Nul ne lui donna de consigne : elle devait improviser, fut-il complexe de parler, encore, après tout ça.

[Charis : 0,5 (arguments convaincants) + 0,5 (discours pertinent) + 0,5 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! - nautonnier.]

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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Dim 3 Avr 2016 12:31 
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Le conseil écoute mes propos mais j’ignore si c’est par simple respect, par ennui où s’ils accordent réellement du crédit à mes paroles. La réponse ne tarde pas à venir, matérialisée par les propos du Cadi Yangin qui me paraît jusqu’à présent le plus éclairé. Il s’avoue en partie convaincu par mes propos, mais une partie de moi demeure méfiante et j’attends la suite de ses propos. Elle ne tarde pas à venir et cet homme se demande si les miens, mon peuple prend tous les risques contre la Reine Noire et ses troupes. S’il est sous sa menace directe, sous sa férule ou éloigné de la menace. Il conclue en demandant si je ne suis pas moi-même en train de leur demander de faire ce que nous ne faisons pas. Tous les regards sont braqués sur moi et je sens que beaucoup risque de dépendre de ma réponse.

Une autre voix s’élève, celle du misogyne notoire. Il m’accuse et m’insulte de tous les noms, usant, sans oser le prononcer, du nom de Zaria. Je sursaute en entendant un fracas sur la table et me tourne vivement vers Ibn Al’Sabbar qui semble avoir jugé bon d’intervenir, envoyant cet impertinent dans les roses du désert. Il reprend cette longue querelle, cet étrange précepte qui placerait les femmes sur un pied d’égalité avec les hommes. Diantre ! Comme c’est difficile à envisager. Laissant là l’ironie de mes pensées, je me reconcentre sur la suite. Il semble les mettre au défi de le suivre, de me suivre dans cette guerre. Il prône l’ouverture, la fin de leur cloisonnement et l’apprentissage mutuel.

Lorsqu’il achève ses propos, j’incline légèrement le buste, indiquant que je rejoins et respecte ses propos. Je me sens cependant obligée de rebondir sur les propos de l’autre Cadi Yangin, dont j’ignore toujours l’identité.

- Mon peuple est constitué d’une multitude de clans, qui sont autant d’individualités différentes, avec leurs propres buts et leurs propres philosophies. Aucun d’entre eux n’est sous la férule de la Reine Noire bien que certains commercent avec elle, de ce commerce d’esclaves que mon clan a toujours réprouvé. D’autres au contraire luttent contre elle, à l’image du Kel Attamara, le plus illustre d’entre nous qui lutte avec vigueur contre l’esclavage, dis-je avant de faire une brève pause pour reprendre. Mon clan, voilà quelques semaines à peine, était intègre et puissant, reconnu et apprécié pour son pacifisme. Cependant, si vous parliez de mon clan lui-même, telle que je me tiens devant vous, je suis l’unique survivante libre du Kel Asheara, j’ai été obligée d’assister, impuissante, au péril des miens, de ma famille et de mon peuple, les autres survivants sont morts ou réduits en esclavage. C’est pour cette exacte raison que je me tiens aujourd’hui devant vous, pour que d’autres n’aient pas à subir le même sort, que ce soit sur mon monde, ou le vôtre. Un idéal bien rude à atteindre, j’en ai conscience, cependant je pense que c’est par des actions, si minimes soient-elles, que l’on peut s’en rapprocher. Je regrette simplement d’avoir eu à traverser cette épreuve pour le comprendre.

Je fais une nouvelle pause afin de les laisser assimiler ce que je viens de dire. Pour être honnête, je fais également cette pause pour moi, car j’en ai besoin. Ressasser ainsi ces évènements est difficile, mon cœur est encore à nu et le temps ne l’a pas encore enrobé de sa carapace. Reprenant contenance, je reprends la parole, sans tourner, cette fois, autour du pot.

- Pour répondre directement à votre réponse, Ser, tous les clans n’agissent pas contre la Reine Noire car tous n’ont pas de raisons ou la volonté d’être impliqués, mais à moi de vous demander, n’est-ce pas la même chose pour vous ? Parleriez-vous tous, Cadi Yangin, d’une même voix ? Si certains souhaitent rallier cette cause, en sera-t-il de même pour tous les autres ? Déjà l’un de vous s’élève et s’oppose à ma présence, arguant que je suis une femme. Si cette pensée vous dérange tant, demandez-vous quelles seraient vos pensées si j’avais été un homme et si c’était un mâle qui avait tenu ces propos devant vous. Si cela ne vous suffit pas, peut-être pourrions-nous faire venir un membre de la gent masculine…

Un peu de second degré ne peut s’empêcher de ses glisser dans mes propos, mais j’ai confiance dans l’esprit étriqué de ces personnes qui considèrent les femmes comme inférieure pour ne pas le saisir.

Je pense qu’il est temps de clôturer ceci et à vrai dire je commence à avoir soif t’avoir tant parlé et les mains quelque peu moites en raison du stress que cela m’a procuré. Jusqu’à présent, je ne m’en étais pas rendue compte, prise que j’étais dans le feu des paroles.

- Si par mes propos j’ai pu vous convaincre du bien-fondé de cette action et de cette prise de position, je vous conjure de vous rendre à Fan-Ming afin de contribuer au renforcement de la cité en vue de l’assaut qu’elle ne tardera pas à subir. Vous avez mentionné une bataille qui ferait rage sur la plaine d’Andel’Ys, je pense pour ma part m’y rendre afin d’aviser de ce qu’il convient de faire. Je possède une créature ailée pouvant m’y mener directement, ainsi qu’une autre personne, si l’un de vous souhaite se joindre à moi. Mais avant, il me faudrait sans doute me reposer un peu car je doute d’être en mesure de combattre dans l’état dans lequel je me trouve. Et dans l’immédiat… A vos portes devraient se trouver deux êtres bien singulier, ayant tous deux contribué à l’éveil de la Pierre de Vision, permettez que je me rende à leur rencontre.

Sur ses paroles, j’incline le buste face à eux, leur signifiant ainsi mon respect et je m’apprête à me rendre aux portes de Neo-Messaliah, à moins que l’un d’eux ne cherche à me retenir. J’espère que mes propos les auront touchés autant qu’ils m’ont touchés. De cette confrontation, j’ai le sentiment d’en ressortir grandie, plus sure de moi et de mes intentions, du pourquoi de ma présence en ce monde.


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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Jeu 7 Avr 2016 11:55 
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Neo-Messaliah – Conseil des Cadi-Yangin.

    Effronté plus que de raison, ce fut le mysogyne en puissance qui répondit le premier, sans doute un peu trop vite, aux propos de Charis.

    « Si vous aviez été un homme, femme, vous auriez eu la sagacité de songer, comme nous, que l’essor d’un peuple peut passer par le sacrifice de quelques autres. Vous autres, femmes, n’agissez que par édit de vos émotions, que vous ne parvenez pas à maîtriser. Honnis celui d’entre-nous qui suivra cette inférieure, se dressant contre des siècles d’une doctrine saine nous ayant apporté pouvoir et sagesse. »

    Le sorcier qui, jusqu’ici, avant mené la discussion avec Charis se leva de son siège avec véhémence, outré sans doute de ces paroles.

    « Si c’est votre attitude que vous appelez sagesse, je préfère ne pas en être. Rester sourd à un tel discours, c’est à la fois manquer de cœur, de cervelle et de cran. Je refuse d’être associé à de tels qualificatifs. »

    Il se déplaça jusqu’au centre de la salle, contournant la tablée en forme de croissant lunaire, et s’arrêta près de Charis. Nul n’osait parler, tant cet acte devait être hautement symbolique et puissamment novateur pour le conseil. Brisant encore plus les normes, il s’agenouilla devant Charis, opposant quelques murmures parmi le conseil, et prit la parole, se découvrant. En ôtant sa capuche, c’est toute son apparence mystérieuse qui se dissipa pour révéler ses traits.

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    « Ayoub El’Haris. Pour vous servir, Princesse. Je mènerai à Fan-Ming ceux des nôtres qui auront saisi votre message. Vous avez ma parole, et l’assurance de m’y retrouver. Nous nous y rendrons à bride abattue. Les chevaux du désert, perclus de la ferveur du feu, sont de loin les plus rapides que vous ayez jamais vus. »

    Comme en réponse à ses propos, plusieurs Sorciers se levèrent à leur tour, sans se découvrir pour leur part. Ils n’en rejoignirent pas moins Ayoub au centre de la lune, assurant leur soutien dans la voie qu’il avait décrite. Un peu moins de la moitié du conseil restait assis, néanmoins. Et de leur côté monta une voix qui ne s’était pas encore exprimée jusqu’ici, mais que Charis ne connaissait que trop bien : celle d’Eleb Al’Mansûr.

    « Nous assistons donc, mes frères, à une scission de notre conseil sacré. Ceux qui partent ne sauraient encore y être associés, de par l’incertitude de leur destinée. À ceux qui restent dans la Voie revient le devoir de la subsistance des Cadi-Yangin. Nous n’empêcherons pas nos frères d’agir, mais ils perdront leur place ici. De notre côté, nous assurerons la poursuite de nos traditions, et l’élaboration d’un nouveau conseil, nouvellement gouverné par un chef élu par ceux qui resteront. Ça sera, par ailleurs, notre première action. »

    Il s’était tourné vers Ibn Al’Sabbar pour prononcer ces mots. Le puissant sorcier de vision ne répondit rien, le laissant déblatérer ses propos opportunistes sans les approuver ni les réprouver. Afin d’éviter une guerre ouverte entre eux, sans doute. Il se leva, placide, et rejoignit Charis et les autres au centre. Il soupira, près d’elle, et prit la parole d’une voix faible qui ne s’adressait qu’à elle.

    « J’irai avec vous à Andel’Ys. Venez, allons retrouver ceux qui vous attendent. »

    Il emmena Charis jusqu’à un nouveau cercle d’invocation, semblable à celui qu’elle avait emprunté pour se rendre dans la prison du maître des Cadi-Yangin. Là, il lui saisit doucement le bras, et ils se retrouvèrent instanténement téléportés à l’extérieur de la tour, comme s’ils venaient d’en sortir par la porte. Dehors, la tempête de sable s’était définitivement calmée. Une petite tente, au pied de la tour des sorciers s’était ajoutée au décor. Lorsque le duo sortit de l’antre des sorciers, les pans de la tente remuèrent pour laisser place à une vision familière : Zaria était là, ayant retrouvé son apparence originelle. Belliand était à son côté, confiant, ainsi que deux des guerriers sauriens, ceux qu’en premier elle avait aperçus, le petit grassouillet et la grande bringue maigrelette. Zaria, voyant qui l’accompagnait, s’agenouilla.

    « Seigneur Al’Sabbar. Il fait bon de vous savoir libéré. »

    Ibn posa deux doigts sur la tête de la danseuse de sabres, et répondit :

    « Relevez-vous, Zaria, éveilleuse du Pouvoir. C’est uniquement de votre fait, et de celui de votre puissante alliée. »

    Zaria regarda Charis avec un sourire en se relevant. Elle avait tenu sa promesse de la retrouver là. Charis pouvait donc désormais décider quoi faire de tout ce beau monde.

[Charis : 0,5 (introspection) + 0,5 (réponse pertinente) + 1,5 (exploit : participation d'une partie des Cadi-Yangin à la guerre) + 1 (bonus longueur). Mot : 0. - angustié.]

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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Dim 10 Avr 2016 11:11 
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L’homme au complexe d’infériorité envers les femmes répondit en premier, des mots volontairement blessants d’un ignorant. Ce fut pour cette exacte raison que je n’en tins pas compte, mais, à ma grande surprise, je vis l’un des Cadi Yangin se lever de son siège, outré. Il s’agissait de celui qui avait mené jusque-là les discussions. Il lui dit refuser d’accepter ce que lui appelait sagesse et s’y être associer.

Il fit alors quelques pas pour contourner la table en forme de croissant et s’arrêta devant moi. Intriguée, je me demandais où il souhaitait en venir, sans pour autant ressentir de la peur. Quelle peur y avait-il à avoir au milieu de tant de sorciers de feu ? S’ils avaient la volonté de me réduire en cendre, aucune de mes actions n’y changerait quoi que ce soit.

Le Cadi Yangin s’agenouilla devant moi. Tétanisée, les yeux écarquillés, je l’ai regardé faire, peinant à comprendre le sens de ses actions. Jamais quiconque n’avait ainsi agit avec moi et j’ignorais que faire. Le Cadi Yangin souleva sa capuche, révélant ses traits. Il s’agissait d’un homme au regard acéré et assurément intelligent, au visage anguleux et richement vêtu de robes de sorciers dans les tons bleu, rouges et or. Il me dit alors s’appeler Ayoub El’Haris, pour me servir. Il mènerait les sorciers ayant rejoint notre cause à Fan-Ming, bride abattue.

Plusieurs autres sorciers se levèrent également et rejoignirent Ayoub au centre de la salle, m’assurant de leur soutien. Ils étaient un peu plus de la moitié. Je me fendis d’une profonde révérence à leur égard.

- Ce sera un honneur de vous compter parmi nous, Cadi Yangin, je vous remercie.

Mon regard se tourna vers Ayoub avec un léger sourire.

- Mon clan possédait l’un des meilleurs haras du désert, je serais curieuse de voir, un jour peut-être, les chevaux que vous possédez ici.

Douchant rapidement mon léger sursaut de joie, j’entendis la voix irritante d’Eleb tonner dans la salle. Ses propos véhiculèrent le fiel et prônèrent la séparation des Cadi Yangin en deux castes, l’une, traditionnaliste et demeurant en retrait face à la seconde menée par Ayoub. L’homme pâlichon prononça ses mots comme un défis à Al’Sabbar et je sentis mon cœur se serrer en assistant à ceci. Al’Sabbar ne daigna pas lui répondre et à la place se leva pour me rejoindre. Il avait l’air las, mais n’en dis pas moins qu’il irait à mes côtés à Andel’Ys. Je le remerciais d’un profond signe de tête et il m’invita à le suivre à l’extérieur.

Avant de lui emboiter le pas cependant, je me tournais vers les sorciers qui n’avaient pas bougé de leur siège et m’inclinais également devant eux. Une salutation dépourvue de la moindre trace d’ironie, et je leur dis :

- Je vous remercie de l’attention que vous avez porté à ma requête. Puissiez-vous demeurer sur le chemin angustié de la paix.

Je m’inclinais une nouvelle fois devant les sorciers qui avaient choisi de me suivre en murmurant un nouveau remerciement avant d’emboiter le pas d’Al Sabbar.

Me voici à présent face à une petite tente au pied de la tour des sorciers. Les pans ne tardent pas à bouger, révélant la silhouette connue de Zaria et celle de Belliand à ses côtés, accompagnés des deux premiers guerriers sauriens aperçus. Mes lèvres s’étirent en un grand sourire, rassuré. Jusqu’à cet instant, j’ai craint pour la belle danseuse du désert et c’est avec soulagement que je la vois ici en chair et en os. Cette dernière s’agenouille devant Al’Sabbar, rassurée de le voir ainsi libéré. Ainsi tous deux se connaissaient-ils. Le grand sorcier demande à la jeune femme de se relever car c’est de son fait comme du mien que le pouvoir s’est développé.

En se relevant, Zaria me lance un sourire et je ne peux m’empêcher de m’avancer à mon tour et de la prendre dans mes bras.

- Je suis rassurée de te savoir saine et sauve, Zaria.

Je me recule finalement, hochant la tête avec un sourire à l’adresse de Belliand et des deux guerriers sauriens avant de me souvenir que ce premier ne me voit sans doute pas, aussi ajouté-je à haute voix :

- Je vous remercie d’être venu, Ser Belliand, et d’avoir pris soin de Zaria.

Vient alors le moment de choisir ce qu’il convient d’être fait.

- Je dois me rendre à Andel’Ys où une guerre s’apprête à faire rage. Je m’y rends à l’aide de mon cheval ailé et le Seigneur Al’Sabbar a accepté de m’y accompagner. Que comptez-vous faire ? Si vous souhaitez nous rejoindre face aux armées d’Oaxaca, près de la moitié des sorciers de la Tour vont se rendre à Fan-Ming pour préparer les défenses. J’aimerais cependant me rendre rapidement à Methbe-el avant de me rendre à Andel’Ys, j’ai une dette d’honneur à régler là-bas.

Je me tourne vers Al’Sabbar.

- Je suis désolée d’avoir été ainsi la source d’un clivage parmi les vôtres, dis-je, avant d’ajouter : accepteriez-vous de m’accompagner brièvement au Bazar de Khebet, il est des objets que je dois lui donner et peut-être certains qui pourraient attirer votre attention. Mais avant, serait-il possible de me reposer quelques heures avant de repartir ?

J’aimerais, dans l’idéal, me reposer quelques heures et ensuite me rendre directement au Bazar de Khebet pour lui montrer les objets que j’ai récupéré à Messaliah. Diantre, j’aurais souhaité pouvoir fouiller un peu plus les lieux, mais le temps n’était pas avec moi…


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 Sujet du message: Re: Neo-Messaliah (Aliaénon)
MessagePosté: Jeu 14 Avr 2016 12:06 
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Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
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Neo-Messaliah – Alentours directs.

    Ayoub El’Haris s’était incliné une dernière fois devant Charis lorsqu’elle le remercia, et eut même une lueur joueuse dans le regard lorsqu’elle évoqua la puissance des chevaux de son clan. Une lueur qui sonnait comme la promesse qu’un jour elle les verrait, ces vaillants destriers du Raa’ska. Le conseil en revanche, resta digne mais silencieux à ses vains remerciements. Ils ne la retinrent pas lorsqu’elle s’en alla, mais ne la saluèrent pas plus.

    Hors de la tour, une fois les manifestations de joie de retrouvailles heureuses, Zaria répondit aux questions de Charis. Elle avait souri lorsque la princesse du désert avait évoqué une dette d’honneur à régler à Methbe-El, sans commenter.

    « Sir Belliand, ses compagnons écailleux et moi-même nous joindrons aux défenses de Fan-Ming avec les sorciers de Neo-Messaliah. Mais si le besoin s’en fait sentir, contacte-moi, et je trouverai un moyen de vous rejoindre à Andel’Ys au plus vite. »

    Ibn Al’Sabbar était resté en retrait jusqu’à ce que Charis lui adresse directement la parole. Il semblait jusque-là observer le désert. Un spectacle qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps de ses yeux, enfermé qu’il était. Lorsque Charis évoqua Methbe-El, il inclina la tête.

    « Je vous y accompagnerai, Dame-libératrice. Et n’ayez pas honte de l’action que vous avez eue. La tension existait bien avant votre arrivée. Vous avez été l’étincelle qui allume le grand feu du progrès. Qu’ils restent cloîtrés dans cette haute tour solitaire, ces sorciers passifs. Les Cadi-Yangin, ceux que le peuple reconnaitront, se mouvront désormais parmi eux, à Methbe-El, une fois que tout ceci sera fini. »

    Il acquiesça sans un mot à la demande de Charis de se reposer un peu. Il était plus sage d’être reposé, quand on allait œuvrer pour de grands projets. Ainsi, alors que Charis dormait, Zaria, Belliand et Ibn Al’Sabbar devisèrent autour d’un feu devant la tente. Lorsque la jeune femme fut éveillée, Zaria et Belliand, ainsi que les deux hommes-lézards, n’étaient plus là. La chevauchée des Cadi-Yangin avait-elle déjà débuté ? Ou peut-être était-elle en train de se préparer, à l’intérieur de la tour. Quoiqu’il en soit, ils ne s’attardèrent pas dessus, et Charis invoqua son cheval ailé, sur lequel elle grimpa en compagnie du puissant pyromancien. Une destination claire : Methbe-El, bazar de Khebet. (hj : suite là-bas.)

[Charis : 0,5 (introspection) + 0,5 (diplomatie) + 0,5 (organisation) + 0,5 (bonus longueur) + 0,5 (voyage vers Methbe-El). Mot : 1 bon !]

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