Un Conte Cornélien - Chapitre IVUn Conte Cornélien
Chapitre V
Cette fois c'était certain, ce ne pouvait pas être un hasard s'il était là...
Des poupées sans sentiments créées pour servir leurs maîtres, une vie insufflée par le biais d'une pierre magique... Peut-être que donner la vie à ce qui n'en avait pas était encore plus simple que d'en redonner une à ceux qui l'auraient perdus.
Il fantasma un moment, imaginant une armée d'automates serviles... En utilisant les bons matériaux, efficaces et solides. Ce serait bien mieux qu'une horde de morts-vivants aux mouvements lents, aux chaires molles et putréfiables. Ce serait une manière tellement plus élégante d'imposer le silence.
Mais il ne devait sans doute pas être le premier à avoir cette idée ; il devrait faire des recherches à ce sujet. Le comte de Mordansac serait certainement très réceptif à cette idée et lui débloquerait les moyens nécessaires. Être coincé entre ses pages se relevait pour l'instant être une bénédiction, et il savait qu'il devait continuer à creuser encore plus. Aussi longtemps qu'il y aurait de nouvelles informations à connaître. Le moindre détail pourrait avoir son importance. Mais il savait aussi devoir garder pour lui ses intentions. Ces créatures étaient visiblement nés naïves et sottes, alors autant en profiter.
La clé de voûte de ce système semblait être ces fameuses "pierres magiques". Il semblait étrange à Goetius que celles-ci n'aient pas de noms plus spécifiques ; pour un outil qui semblait être la condition sine qua non à l'inspiration de cette forme de vie. Il devait en savoir plus sur elles, c'était la priorité et peut-être aurait-il à un moment l'occasion de tenter d'extirper d'au moins une à ces créatures. Venir à bout d'une de ses poupées de chiffon ne devrait pas être trop difficile, en espérant que ces pierres ne leurs donnent pas de facultés supplémentaires... Détail important qu'il devra éclaircir dès que possible.
"Des pierres magiques ? Quelles sortes de pierres ? Comment s’enchante-t-elle ?"Elle n'eût pas répondu que la seconde lui demandait en quoi la résurrection pouvait autant l'intéresser.
Il se rendit alors compte que ses questions étaient peut-être posés de façon trop vives, trop imprudemment, marquant là une impatience et un intérêt trop évident de sa part.
Le manque d'habitude de parler à des gens, probablement. C'était là sa conversation la plus longue depuis... Depuis quinze ans au moins. Depuis la mort de ses parents.
Et il se rendait là compte à quel point cela ne lui avait pas manqué. Quelle plaie de devoir cacher ses émotions, jauger ses mots et deviner ce que l'autre pouvait se dire ! Il ne voulait que des informations ! Et dialoguer était une tâche si longue et complexe...
Il l'aurait bien envoyer balader en lui clamant que cela n'était pas ses oignons, mais il lui fallait bien trouver quelques mensonges à raconter à cette enquiquineuse s'il voulait pouvoir continuer son enquête. Il ne fallait surtout pas qu'elles comprennent ses ambitions.
Une idée lui apparut :
"J'écris des essais sur les magies rares, c'est mon travail de m’intéresser à ce genre de magie. Mais le fonctionnement de la vôtre prendrait certainement un livre à lui tout seul. Je pourrais même citer vos noms dedans si vous le souhaitez, mais il faut que vous disiez tout ce qu'il y a à savoir. Rencontrer vos maîtres aussi serait intéressant... Une fois qu'on sera sorti de cette situation, bien sûr."Goetius était content de son mensonge ; mentir n'était pas si difficile que ça en fait. Il suffisait de ne pas être idiot en fait, et son égo le vantait sans cesse de son génie supérieur.
Un Conte Cornélien - Chapitre VI
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Playlist de Goetius Gomorrheus
Méléagant, le personnage l'ayant inspiré
Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.