Dernier obstacleEvangelina attendait, ne sachant ni où était l'araignée, ni pourquoi le cheval ne bougeait toujours pas plus qu'à l'accoutumé. Elle s'impatientait de plus en plus, n'ayant aucunement l'intention de passer la nuit à attendre que les gardes l'attrapent. Cependant elle ne bougeait pas. Les gardes de l'entrée étaient concentrés et n'attendaient qu'un signe pour se jeter sur leur cible.
L'Aniathy tendit légèrement le cou pour regarder le cheval et essayer d'y discerner un scintillement bleuté, mais elle n'eut pas vraiment le temps de se concentrer. Quelque chose de dur venait de lui tomber sur la tête, et elle poussa un cri.
Du moins elle se sentit pousser un cri, mais ne l'entendit pas. L'information mit du temps à se faire comprendre. Pourquoi ne s'était-elle pas entendu crier ?
Il y eut un instant de flottement, un instant durant lequel ses pensées furent figées, ne savaient plus où aller. Puis elles se remirent à fuser, mais furent bientôt interrompues par ce que voyait Evangelina.
En fait, elle ne voyait rien, strictement rien. Ce n'était pas les ténèbres, ni une absence de lumière. C'était plutôt comme si elle ne voyait pas, comme si la lumière n'existait pas, comme si elle n'était qu'une part de son imagination, un rêve qui s'effaçait déjà.
Mais déjà, Evangelina n'y pensait plus. Il n'y avait plus de bruit, plus de tension. Il n'y avait qu'un froissement, ou un frottement, doux et régulier, comme... Elle n'arrivait pas à discerner ce que cela pouvait être. Mais c'était presque reposant.
Par contre, elle ne bougeait plus, comme si elle était bloquée. Mais elle ne sentait pas de prises, rien qui puisse la bloquer. Elle était juste bloquée.
Et soudain, tout changea. Du moins, tout ce qu'elle ne voyait pas apparut. Une grande surface était devant elle, jaunâtre, un peu abimée. Mais ce n'était pas cela qui intriguait l'Aniathy, c'était surtout les mots qui y défilaient, écris d'une main soigneuse, avec de jolies courbes...
Elle se trouvait dans un livre ? Elle ne pouvait y croire, ce n'était pas possible... D'un autre côté, elle n'avait pas d'autre explication. Et du moins n'était-elle plus à porté des gardes. Mais pourquoi était-elle dans un livre ? Pourquoi , et comment ?
Elle n'arrivait pas à trouver une solution claire et réaliste. Il n'y avait que deux solutions. Soit il s'agissait d'une vision, mais elle la trouvait très étrange par rapport aux autres, soit il s'agissait d'une magie très puissante. Mais dans ce cas, pourquoi en était-elle la cible ?
Elle ferma un instant les yeux, pour se concentrer, puis relut le texte pour voir s'il n'y avait pas quelques détails cachés.
"...une certaine crème qui appliquée sur le cadre de la bien aimée d’Aram..."Le cadre ? Cela ne pouvait représenter qu'une seule chose, un tableau. Mais comment la femme de ce prénommé Aram pouvait-elle être enfermée dans... un tableau ? Evangelina était de plus en plus indécise.
"...un village qui n’existe malheureusement plus. ..."L'Aniathy fronça les sourcils. Comment Aram aurait-il put trouver quelque chose dans un village qui n'existait plus ? Elle ne comprenait pas... De plus, elle ne parvenait pas à comprendre ni son rapport avec cette histoire, ni s'il s'agissait d'une simple histoire dont la chute était morale, comme avait l'habitude de le faire l'araignée, ou s'il s'agissait d'une véritable histoire passée.
"... ce petit livre merveilleux et enchanté qui racontait l’histoire de ce village et de la créature qui détenait cette crème miracle. Aram s’y engouffra seul sans perdre une seconde sommant son ami de rester là pour surveiller le dit livre.. celui-là même dans lequel vous vous trouver"Evangelina se résuma ce que disait le texte. Aram avait plongé dans un livre trouvé et protégé par une corneille pour trouver une crème dans un village disparu permettant de libérer sa femme d'un tableau... Elle haussa les sourcils. Il devait y avoir quelque chose qu'elle n'arrivait pas à cerner. Cette histoire était trop décousue, trop improbable, pour que ce soit une vraie histoire. Et ce qu'elle vivait était trop long, trop réaliste pour être une vision...
Elle ferma les yeux et essaya de se concentrer, de ressentir quelque chose, d'entendre la voix de l'araignée...
Une autre Aniathy
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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...
Merci à Itsvara
« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. » Jean Ray