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 Sujet du message: La place d'honneur
MessagePosté: Jeu 25 Aoû 2011 15:07 
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La place d'honneur


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La place d'honneur est le centre de Nessima. Quatre rues en sortent, passant sous les quatre arches qui délimitent les quatre quartiers de la ville (voir description de la ville). La place en elle-même est très grande et bien entretenue.

C'est sur cette place que les soldats sont mis à l'honneur, reçoivent distinction, titres de noblesse et autres du même genre. C'est aussi là que les jeunes apprentis soldats achèvent leur rite de passage, devenant à leur tour soldat.

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
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 Sujet du message: Re: Place d'honneur
MessagePosté: Mer 25 Jan 2012 12:14 
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Guidée par les informations du noble, je ne tarde pas à quitter le quartier noble, marchant tranquillement à coté de mon cheval. Passant sous une grande arche, j'arrive à une immense place : la place d'honneur. C'est sans doute la seule place de la ville et contrairement à celle du palais de Kendra Kâr où il y a toujours des jongleurs, des artistes et des petits voyous, celle-ci est particulièrement vide. Les gens ne s'y arrêtent pas et ne font que la traverser. L'arche Nord semble celle la plus prisée, la majorité des personnes y pénètrent ou en sortent.

(Normal, elle mène au quartier des artisans où se font la majorité des affaires de la cité.)

L'arche à ma gauche, vers l'Ouest, est quand à elle très peu fréquentée, uniquement par des gens en armes et sévèrement gardée, plus encore que celle d'où je viens.

(Quartier militaire. On ira par là après, d'abord se charger des courses.)
(En parlant de courses, on commence par quoi ?)
(L'armurerie là-bas. Et fais gaffe, pas un mot de trop !)
(On va tenter...)
(Non, tu vas pas tenter, tu vas le faire.)
(Ouais, ça va...)

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 Sujet du message: Re: Place d'honneur
MessagePosté: Mer 1 Fév 2012 07:45 
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Je vais pour récupérer Harniän, toujours attaché à l'entrée de la boutique, quand j'aperçois une paire de soldat dans un coin de la place. Un enfant est maintenu entre les deux gaillards qui semblent ne pas lui vouloir du bien. Le gamin tente de se défendre tant qu'il peut, mais rien n'y fait.

(Et si tu écoutais un peu ce qui se disait avant de foncer tête baissée ?)
(Je peux quand même pas laisser un gosse se faire agresser comme ça ?)
(Tais-toi et écoutes.)

Un main sur ma monture, pour ne pas trop perdre le contact avec la réalité ambiante, je ferme les yeux et dirige mon audition vers le groupe. Les paroles qui sont dites me font comprendre instantanément mon erreur : il ne s'agit pas d'une bagarre, mais d'un entraînement militaire. L'enfant appelle même l'un des deux elfes adultes : "père". La technique à l'air particulièrement intéressante, même si, sans les gestes, j'ai du mal à comprendre de quoi il s'agit précisément.
Je reviens à mes sens normaux, toujours aussi intéressée par le groupe, mais plus du tout pour la même raison.
(T'as quand même failli faire une grosse bêtise une nouvelle fois.)
(Ouais, mais Yuimen t'as embauché pour veiller sur moi non?)

Laissant mon cheval où il est, je me dirige d'un pas amène vers le trio. Ils sont manifestement en tenue d'entraînement et plusieurs sabres en cuir sont posés contre un mur, comme s'ils attendaient d'autres personnes.

"Vous avez un laisser-passer ?"

Je soupire, la question semble banale à la longue. Je tire le parchemin de ma ceinture et le tend à l'homme qui vient de m'adresser la parole. Il le parcourt rapidement, avant de hocher la tête.

"Vous venez pour la séance d'entraînement, je suppose ?"
"Euh, oui."
"Pff, c'est bien une femme, venir en robe pour s'entraîner au combat. Elle aurait au moins pu mettre une tenue adaptée."
"Bah si elle se sent à l'aise. Tant qu'elle sait manier une arme mieux que ton rejeton, ça me convient."
"Parce que mon fils sait pas manier une arme peut-être ?"
"T'as même pas été fichu de lui apprendre qu'une arme c'est fait pour toucher la personne !"
"Et la pouliche-là, qu'est-ce qui te garanti qu'elle sait tenir une épée ?"
"Vous voulez tester ?"
"Bonne idée, un duel entre mon gamin et la donzelle, comme ça on verra qui a raison !"

(Je suis obligée de me plier à ça ?)
(Si tu tiens à apprendre leur technique, oui. En même temps, te défiler contre un gamin serait violent niveau de l'honneur.)

Gros soupir de ma part. Je m'avance pour saisir un des sabres en cuir, quand je suis arrêtée par l'elfe qui est manifestement l'entraîneur.
"Je vous conseille de ne pas me faire défaut."
"Ne vous inquiétez pas. Même sans avoir l'habitude de combattre en jupe, je pense être de taille contre un enfant."

L'arme n'est vraiment pas adaptée à un duel, souple, légère, fait pour rebondir sans blesser. Ce n'est vraiment pas une lame à ma convenance, mais soit, on va faire avec. L'enfant, avec un sérieux propre à notre race, se met en position de combat. Il est petit en taille, ce qui compliquera pour le toucher, mais je vois déjà des failles dans sa posture.

(Le plus dur sera de pas le blesser je pense.)

Le môme se rue littéralement sur moi, attaquant comme le ferait un jeune enfant, envoyant son arme de gauche à droite sans réelle maîtrise. Seule sa vitesse pourrait me gêner, mais j'en ai vu passer d'autres, qui avec la même rapidité avaient les techniques de maniement en surplus.

Je fais semblant d'esquiver ses coups durant quelques frappes, tentant plutôt de trouver comment achever ce combat sans lui faire mal.

(Contente-toi de le désarmer.)

L'idée de ma faera est pertinente, encore faut-il parvenir à piéger son arme dans la mienne. L'occasion se présente tout naturellement quand, esquivant à reculons, je me prends les pieds dans ma robe et chois au sol. Le gosse ravi, certain d'avoir fait mouche, me saute alors dessus, son arme dressée devant lui. Je décide de jouer son jeu et fait semblant d'être vaincue, feintant ma défaite. Il relâche alors sa garde, persuadé d'avoir gagné, alors qu'il a déjà perdu. Je profite de cet instant pour enrouler mon arme dans la sienne et envoyer celle-ci voler tandis que je me redresse.
L'enfant me regarde alors sans comprendre puis regarde sa main, comme si ce simple fait pouvait expliquer pourquoi sa lame d'entraînement gisait au sol à quelques mètres de lui.

"Ne jamais relâcher sa garde ! Tant qu'un adversaire est vivant, il peut être dangereux."
"Je lui dis tout le temps, mais il écoute jamais !"
"J'espère que ça lui servira de leçon..."
"Joli cumul entre la feinte et la botte. J'ai cru sentir une retenue en vous, comme si vous reteniez vos coups."
"J'ai cru comprendre que vous teniez à la vie de votre enfant. Bien sûr que j'ai retenu mes coups, c'est un entraînement pas un combat !"
"Une militaire ?"
"Une femme habituée à manier l'épée, à tout le moins."
"Et si vous luttiez contre moi ?"
"Vous voulez quoi ?"
"Un combat à la loyale. Et surtout ne retenez plus vos coups !"
"Non merci, messire. Je souhaite juste apprendre une technique qui m'est inconnue et que votre ami était entrain d'enseigner à votre fils."
"Je veux bien vous offrir cette leçon, jeune femme, mais seulement si vous le méritez. Battre un enfant, c'est pas difficile, mais un adulte, c'est autre chose."
"Je n'ai aucune envie de me battre contre vous."
"Vous avez peur, c'est ça ? Vous avez battu un gamin donc vous vous croyez la plus forte !"
"Staral, calme-toi. T'es vexé d'avoir perdu ton pari c'est tout."
"C'est pas ça. Mais la donzelle elle parade avec sa robe puis vient nous narguer tout ça pour battre un pauvre gamin."
"Bon, je vais vous laisser, ça sera mieux pour tout le monde."

Je commence à partir, laissant les deux mâles se quereller quand l'entraîneur m'attrape le bras, avec un sourire.

"Vous connaissez le ki ?"
"Relativement, pourquoi ?"
"Bonne idée, un duel de billes de Ki ! On verra bien qui est le plus fort !"
"Pourquoi pas. Si je gagne, vous laissez votre professeur particulier m'enseigner la technique que je veux."
"Et si vous perdez, vous acceptez de coucher avec moi !"
"Voilà une technique de drague très particulière."

(Et une raison encore plus forte pour gagner.)

L'entraîneur sort alors un plateau et un jeu de bille aux reflets irisées, assez similaires à celles que j'ai dans mon propre sac depuis des semaines maintenant. Il en sort une série qu'il dépose de chaque coté du plateau. Celui-ci est beaucoup plus simple que le mien : deux couloirs, chacun ayant épais morceau de bois pour couper la piste et une clochette au bout du parcours.

"Le duel se passera en une manche Le premier qui fera sonner la clochette après avoir passer la barrière a gagné."

Dès le signal de départ, mon adversaire s'acharne, bille après bille, il les envoie sur le morceau de bois, l'entamant à peine à chaque fois. Les impulsions qu'il donne suffirait à peine à traverser un parchemin, alors un morceau de bois, il n'y est pas près. Pour ma part, et sur le conseil d'Anouar, je prends une bille plus grosse, un calot, que je sers dans ma main, distillant à l'intérieur petit à petit mon Ki, comme je le ferais dans mon arme. Je suis impressionnée par la résistance de cette chose à mon énergie, convaincue d'en avoir déjà glissé plus dedans que d'habitude dans mon épée, sans qu'elle tremble pour si peu. Je surveille d'un oeil l'action de l'autre duéliste, qui n'est pas encore à la moitié du travail de creusage, tout en ayant gaspillé une quantité impressionnante de petites billes.

(Stop, ça ira. C'est que quelques centimètres de bois que tu dois briser, pas un mur complet !)
(Je lance donc ?)

Doucement, je laisse la grosse bille, devenue rouge vive, s'échapper de ma main sur la pente qui sert de piste. Elle s'élance à toute vitesse vers le bout de bois, tandis qu'une autre fait de même sur le parcours en face. Elle n'a pas parcouru la moitié de la distance que mon opposant relance encore une nouvelle bille, sans doute conscient de la menace que représente ma décharge d'énergie. Une série de choc, celui faisant voler quelques échardes de la plus petites des billes de l'autre coté du plateau, suivi de près de la mienne. La violence est elle que le bois vole entier et d'un seul coup en éclat, un trou se perce dans le sable du chemin, sans pour autant endommager la structure globale. Avec un léger sourire, je prends alors une nouvelle bille, que je charge à peine, au cas où la clochette demanderait de l'énergie pour s'actionner. Je la lance sur le terrain désormais dégagé... pour aller se perdre dans le trou de la précédente.

(Et je fais quoi maintenant ?)
(Tu en lances deux, très très légèrement chargées ! La première sur la droite, doit frôler la bordure, mais être la plus rapide, la seconde légèrement plus lente, droit dans le trou.)

Faisant confiance à Anouar, je prends deux billes que je relâche sur la piste juste après les avoir pris en main ou presque. La première glisse sur le bord, prenant le trou de coté, tandis que la seconde, en léger retard fonce sur la bille toujours perdue dans le trou. L'effet escompté ne tarde pas à se produire, au moment où la seconde bille tape celle au fond du trou, la première est légèrement vers l'avant, entrain de glisser pour retrouver les deux autres. Mais le choc entre les deux structures irisées les font exploser. L'onde de choc expulse la première bille qui vient tout naturellement frapper la clochette du fond au moment même où mon adversaire parvient de son coté à détruire la plaque de bois.

"Victoire pour la demoiselle !"
"Je m'incline, vu la puissance du ki, j'aurais été fin si elle avait accepté le duel."
"La prochaine fois, tu observeras la personne avant de la défier. Tu aurais vu qu'elle portait une épée, une vrai; ainsi que des boucliers de poignets d'une facture admirable."
"La madame c'est une vrai guerrière ?"
"On peut dire ça, ouais."

Le môme, manifestement, rétabli de sa cuisante défaite ne parvient plus à me lâcher des yeux. Comme s'il n'avait jamais vu un guerrier de sa vie, alors qu'il vit non loin de la garnison la plus importante du Naora.

"Je pense que vous avez plus que méritez votre leçon particulière. Je vais vous laisser avec mon fils. Maeric, à la prochaine, pour le payement, c'est pour moi !"

"Venez avec moi, on va aller dans un endroit plus discret."

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 Sujet du message: Re: La place d'honneur
MessagePosté: Dim 25 Mar 2018 20:05 
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J'arrive un peu avant l'aube sur la place d'honneur de la cité, loin d'être déserte malgré l'heure matinale. Les soldats qui s'y trouvent amassés par petits groupes interrompent leurs discussions lorsque j'y parviens, tous les regards se tournant aussitôt vers moi, curieux ou hostiles selon les cas. Je lève une main en guise de salut général, signe auquel bien peu répondent, puis vais me placer au centre de la place avant de laisser mon regard parcourir ce lieu si familier. Rien n'a changé, ce qui ne me surprend pas, qu'est-ce que quarante années pour des Sindeldi? Même pas le temps nécessaire à la formation d'un Hirdam, les tous jeunes apprentis que j'ai croisé autrefois n'ont pas fini leur formation, le passage rituel à l'âge adulte est encore devant eux. C'est étrange de penser que, pendant ce même laps de temps, des humains naissent, vivent et meurent, leurs cheveux aussi gris que nos peaux. Étrange aussi de songer que je me tenais là, voici près de quarante ans, droit et fier comme un coq d'avoir achevé mon apprentissage de guerrier. Cette idée me fait sourire, je croyais dur comme fer que j'étais un bon combattant à l'époque, capable d'affronter n'importe quel ennemi du Naora. Je sais aujourd'hui que je n'étais qu'un jeune idiot prétentieux, que la voie est sans fin et qu'une vie, fut-elle celle d'un Sindel, ne suffit pas à l'arpenter.

Je chasse ces pensées pour observer la foule qui s'amasse peu à peu. L'annonce du combat a fait le tour des casernes semblerait-il, Asuran n'a pas perdu son temps. Le soleil émerge lentement au-dessus des toits lorsque des vivats retentissent soudain du côté de l'arche nord, puis s'étendent à toute la place. Les soldats s'écartent devant une Sindel qui avance d'un pas martial vers moi et je la vois enfin cette femme qui constitue la clé de voûte de mon plan pour retrouver mon rang et permettre à l'Opale de reprendre place au Naora. Je l'observe intensément alors qu'elle s'approche d'une démarche féline et assurée. Elle fait plus ou moins la même taille que moi et est vêtue d'une somptueuse armure d'écailles dorées qui laisse ses bras nus ainsi que d'une grande cape noire dont le col est richement orné de plumes de même teinte. Elle porte des bracelets de cuir et deux longues épées dans le dos, des armes simples mais magnifiques pour ce que je peux en juger, ainsi que deux dagues à la ceinture. Sa longue chevelure de jais est rassemblée en une queue de cheval qui dégage son visage aux traits durs, mais durs ils le sont bien moins que l'inflexible regard vert pâle qui se rive au mien. Aucun amusement dans ses yeux, pas la plus petite étincelle d'émotion quelconque, elle me jauge, me juge impitoyablement. Arrivée à quelques pas de moi elle s'arrête et déclare d'une voix impérieuse:

"Je n'ai aucun désir de me marier. Partez pendant qu'il en est encore temps."

Je soutiens son regard au prix d'un rude effort de volonté, baisser les yeux serait un aveu de défaite, et lui réponds calmement:

"Moi non plus, mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut, Sylënn."

L'Elfe me dévisage en silence durant de longues secondes avant de poser une question qui me fait grincer des dents:

"Et vous êtes?"

Bon sang, Asuran aurait au moins pu lui révéler qui demandait sa main! A quel jeu joue-t-il au juste? Prenant sur moi je lui rétorque d'une voix ferme, assez forte pour que tous sur la place entendent:

"Je suis Tanaëth'tar Ithil, Nenlaer de la Maison Ithil, Lame du Crépuscule et Héraut de Sithi."

Un tollé phénoménal accueille ma déclaration, ici et là des armes jaillissent de leurs fourreaux, des joyeusetés comme "C'est un banni!", "A mort!", "Hérétique!", "Menteur!", fusent de partout. Déjà des soldats avancent sur moi armes au clair, en quelques secondes le désordre devient si indescriptible et le vacarme si monstrueux que je me demande si ça ne va pas tourner à la boucherie. Mais Sylënn lève un bras et hurle d'une voix de stentor:

"Silence! Le premier qui bouge aura affaire à moi!"

La foule se fige comme par magie et un silence de mort s'étend sur la place aussi vite que le chaos s'est installé, je n'en reviens pas! Par Sithi, je crois bien que j'ai largement sous-estimé la réputation de cette femme et le respect que les soldats lui vouent, combien de commandants parviendraient à s'imposer ainsi en un instant? Aucun que je connaisse en tout cas, mais je n'ai guère le temps d'y songer car Sylënn enchaîne presque aussitôt, les yeux maintenant plissés de méfiance:

"Mon devoir est de vous faire jeter au bagne, sieur Ithil..."

Je hausse légèrement les épaules sans détourner le regard et rétorque avec une assurance que je suis loin d'éprouver:

"Vous ne le ferez pas."

Sylënn reste silencieuse un instant, puis elle demande d'un ton neutre:

"Vraiment?"

"Vraiment. Vous avez fait un serment devant Sithi et vous n'êtes pas femme à vous parjurer. Par ailleurs votre devoir est de faire respecter la justice, or vous savez fort bien que mon bannissement n'était qu'une ignoble machination."

De nombreux murmures s'élèvent de la foule, que Sylënn fait taire d'un geste agacé sans me lâcher des yeux:

"Vous ne manquez pas d'audace. Qu'est-ce que cette histoire de Héraut de Sithi, au juste? Un nouveau mensonge? Cette prétention pourrait vous valoir pire que le bagne."

Un éclat de colère passe dans mes prunelles lorsque je réplique durement:

"Je vais vous dire ce qui est un mensonge: Sithi n'a pas disparu sur Eden comme les prêtres vous l'ont fait croire. Je l'ai rencontrée, je lui ai parlé comme je vous parle."

Un nouveau capharnaüm envahit la place, dominé par les insultes virulentes et les menaces en tout genre, mais personne ne fait mine de s'approcher et je n'y accorde aucune attention. Dans l'immédiat mon sort ne dépend que de la Sindel qui me fait face, c'est elle que je dois convaincre et nul autre, c'est à ses lèvres qu'est suspendue ma vie, ou ma mort. Et à voir la méfiance mêlée de doute qui a pris place dans ses yeux, c'est loin d'être gagné pour moi. Elle n'a aucune raison de me croire bien sûr, aucune preuve tangible n'étaye mon discours et mon passé ne plaide évidemment pas en ma faveur. Mais le simple fait qu'elle doute est plus que je n'en espérais, tout ce dont j'ai besoin c'est de temps et elle seule peut me le fournir. Je dois la persuader de me l'accorder, mais comment? Sithi ne m'a donné aucun moyen de prouver quoi que ce soit, je pourrais bien utiliser mon pouvoir de vision pour ébranler Sylënn en découvrant des choses qu'elle seule sait, mais je sais pertinemment que cela ne constituera pas une preuve irréfutable. D'autres qui n'ont rien à voir avec Sithi possèdent ce genre de pouvoir sur Yuimen, oracles, devins... Une telle démonstration ne suffira pas, j'en ai douloureusement conscience. Après que la commandante de la garde militaire ait une fois de plus imposé le silence d'un geste, je joue ma dernière carte:

"Valyan Niaëvë pourra vous confirmer mes paroles, mais cela devra attendre un peu. La question qui importe est: respecterez-vous le serment que vous avez fait?"

L'Ithilauster de Nessima me soutiendra-t-il vraiment si j'ai l'occasion de lui parler? Ylis en était convaincue, Lyann également, mais je n'ai aucun moyen d'en être certain. C'est un pari risqué, mais je n'ai d'autre choix que de le tenter. Il me faudra son appui, si tant est que Sylënn relève mon défi et que je parvienne à la vaincre bien entendu. Si ce n'est pas le cas la question ne se posera plus et je finirai mon existence à Raynna, une perspective alléchante... La Sindel me dévisage longuement sans prononcer un mot, froide et dure comme le roc, puis elle incline lentement la tête en reculant d'un pas et dégaine ses lames:

"Vous ne me laissez pas le choix."


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 Sujet du message: Re: La place d'honneur
MessagePosté: Dim 25 Mar 2018 20:19 
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Localisation: Nessima, Naora
La moitié de la ville semble être venue assister au combat. Du coin de l'oeil je repère Asuran, arrivé tardivement afin d'être en mesure de se concilier Averenn si j'échoue, ainsi que nous en avons discuté la veille. Eshrin est là également, le visage assombri d'une profonde inquiétude. J'aperçois aussi Gaëren'tar Ethariël, le rugueux général des armées de Nessima et par conséquent le Sindel le plus puissant de la ville, ainsi que de nombreux nobles plus ou moins influents. Je reconnais la plupart, bien que certains noms m'échappent, mais le moment est mal choisi pour me creuser la cervelle à ce propos et je focalise l'entier de mon attention sur la redoutable Sylënn. Mes reliques quittent leurs fourreaux dans un chuintement que je ne peux m'empêcher de trouver sinistre, le combat qui s'annonce n'a rien d'un jeu innocent. Nos lames sont bien trop dangereuses pour que la moindre erreur ne soit pas fatale, nous le savons tous deux.

Après le salut formel qui marque le début de tout combat entre Hirdams, nous entamons la danse, regard contre regard, une valse lente et prudente qui ne vise pour l'instant qu'à définir les forces et faiblesses de l'autre. Nos lames s'embrassent fugacement, se séparent vivement et se heurtent à nouveau, cherchant une faille qui ne se présente pas. Sylënn se déplace avec la grâce d'un fauve, souple et vive comme l'éclair, ses coups parfaitement placés sont plus puissants que je m'y attendais et son équilibre n'a rien à envier au mien. Feintes, attaques, parades, esquives, les coups se succèdent de plus en plus rapidement sans qu'aucun n'atteigne son but. Mais ce ne sont là que des prémices car ni elle ni moi n'usons de notre énergie spirituelle pour l'instant, une retenue qui ne durera plus bien longtemps car nous savons dorénavant tous deux à quoi nous en tenir sur l'autre. Pourtant, bien que nous soyons tous deux conscients qu'aucun coup standard ne franchira la garde adverse, nous poursuivons pendant plusieurs minutes encore cette chorégraphie martiale sans issue, comme si l'idée de nous étriper véritablement nous rebutait. C'est d'ailleurs bien le cas en ce qui me concerne, je n'ai pas la moindre envie de risquer de la mutiler, encore moins de prendre sa vie. Mais pourquoi retient-elle ses coups alors qu'elle a rudement humilié tous ses prétendants et que seule une victoire lui permettra d'éviter le mariage? Pense-t-elle pouvoir me fatiguer sans risque et prendre ainsi l'avantage? J'en doute, elle a eu tout loisir de mesurer mon endurance et elle doit savoir que je ne m'épuiserai pas plus vite qu'elle, alors quoi? Nous nous séparons après un échange un peu plus dur que les autres, pareillement essoufflés mais toujours intacts, et nous dévisageons longuement en silence sans pour autant baisser notre garde. Enfin, Sylënn se décide:

"Vous êtes un rude combattant, sieur, mais cela ne suffira pas. Renoncez, je n'ai nul désir de faire de vous un éclopé."

Je lève un sourcil étonné et réponds à mi-voix:

"Pourquoi? Vous n'avez jamais hésité à ce que l'on m'a dit..."

L'Elfe hausse les épaules et rétorque d'un ton dur:

"Mes raisons ne vous regardent pas. Renoncez et partez pendant qu'il en est encore temps."

Un léger rire s'échappe de mes lèvres tandis que je désigne la foule qui nous entoure de la pointe de mes lames:

"Partir? Vous plaisantez? Passer le reste de ma vie à Raynna ne me tente guère, voyez-vous. Ma seule chance d'échapper à ce destin, c'est vous."

Sylënn soupire d'un air exaspéré, puis elle lâche:

"Bien. Alors finissons-en."

L'attaque qu'elle lance alors en direction de ma main droite est si foudroyante que seule ma parfaite connaissance de ce coup me permet de le parer en catastrophe. Le choc n'en demeure pas moins assez rude pour m'engourdir les doigts, mais déjà sa deuxième lame décrit une vertigineuse ellipse visant ma cuisse gauche. Un coup de maître car il est positionné de façon à me prendre exactement à contre-pied de l'attaque précédente et me contraint à reculer précipitamment d'un pas pour l'éviter. Un mouvement qu'elle a parfaitement anticipé, sa première lame fuse de pointe à la manière d'un serpent colérique avant que je n'aie eu le loisir de retrouver complètement mon équilibre. D'une sèche torsion du poignet j'interpose ma Vorpale et dévie son arme tout en tentant de l'enrouler de façon à la désarmer, en vain car elle se décale souplement d'un pas de côté pour dégager son épée et riposte d'une taillade nerveuse de sa première arme qui vient folâtrer du côté de ma joue. Je me baisse vivement en puisant modérément dans mon ki et me relève violemment pour lui offrir un passe-garde Thorkin de derrière les fagots, une technique peu commune qui la surprend visiblement. Mais mon espoir de la toucher s'effondre lorsqu'elle recule d'un bond avec l'adresse d'un chat, bons dieux qu'elle est rapide!

Je profite du bref répit que cela me donne pour rassembler une nouvelle fois ma force spirituelle, sans retenue cette fois, et la modèle de manière à améliorer notablement ma maîtrise d'armes. Mais, si rapide que je sois pour donner forme à mon Ki, elle parvient à me prendre de vitesse et se déchaîne subitement en m'assaillant avec une telle frénésie que j'ai l'impression qu'elle manie une centaine de lames! Une avalanche de coups me tombe dessus, je pare le premier de ma Vorpale, le deuxième à l'aide de mon Ardente et esquive le troisième en me contorsionnant fébrilement, mais cela ne suffit pas. Le quatrième coup me heurte rudement l'épaule gauche, ce qui me me fait légèrement pivoter sous l'impact bien que sa lame ne parvienne pas à franchir mon armure. Le cinquième me cueille au coude droit, pile au défaut de l'armure que mon mouvement bien involontaire a exposé! Une puissante et triomphale clameur s'élève des spectateurs tandis qu'une vive douleur envahit mon membre touché, mais je parviens à la surmonter d'un violent effort de volonté pour contre-attaquer de mon bras valide prolongé de mon impressionnante lame ardente. Elle esquive sans mal mon assaut mais la flamme virulente la contraint à rompre l'engagement d'une glissade en arrière, ce qui me donne le temps de m'assurer que mon bras droit est encore fonctionnel. Des piques de souffrance en irradient dès que je le bouge, rien d'insurmontable néanmoins, la perte de sang finira par m'affaiblir mais pour l'heure je peux encore m'en servir et c'est tout ce qui importe.

Une fois de plus nous nous tournons autour, prunelles étrécies de concentration, à la recherche de la moindre faille exploitable. Seulement de faille je ne vois pas l'ombre d'une dans sa défense, pas plus qu'elle n'en trouve apparemment car plusieurs secondes s'écoulent ainsi sans qu'elle fasse mine d'attaquer. Je discerne soudain une ouverture, minime certes mais... mon instinct me retient à la dernière fraction de seconde: je n'aime pas du tout la position inhabituelle de sa lame droite, cette apparente faille pue le piège à plein nez. Mais le temps joue contre moi, mon bras blessé va peu à peu s'engourdir et je n'ai pas trop de mes deux lames pour lui tenir tête. Je rassemble massivement mon Ki et le modèle pour tenter un coup des plus risqués mais qui, je l'espère ardemment, me permettra de prendre l'avantage. Mâchoires serrées en prévision de ce qui va très certainement arriver, je m'engouffre dans le piège tendu comme si je n'avais rien décelé en pointant sèchement son ventre de ma Vorpale. La lame droite de Sylënn qui m'inquiétait décrit une courbe foudroyante et ripe contre ma lame avec un crissement aigu des plus désagréable avant de venir s'enfoncer dans mon aisselle droite exposée, un peu moins profondément qu'elle ne le devrait grâce à la technique que je suis en train d'employer. La douleur n'en est pas moins cuisante, mais je m'y attendais et la domine d'un effort de volonté alors que la foule pousse un nouveau rugissement de joie. Ma riposte ne laisse aucune chance d'esquive à la Sindel et, au terme d'une courte ellipse remontante, ma Flamboyante la percute violemment juste au-dessus de la hanche gauche. Ma redoutable relique défonce son armure d'écailles et trace un sanglant sillon dans les chairs de l'Elfe qui titube d'un pas de côté sous la violence du choc. Les cris qui retentissent sont atterrés cette fois, mais je n'y prête pas plus d'attention que précédemment et enchaîne avec un coup d'estoc de ma Vorpale, modérément soutenu par ma force intérieure et visant son buste. Malgré sa délicate posture, Sylënn parvient à dévier sèchement mon attaque à l'aide de ses deux lames entrecroisées, tourbillonnant follement sur elle-même et tissant ainsi un mur d'acier infranchissable contre lequel bute également mon Ardente une fraction de seconde plus tard.

Ma dangereuse adversaire n'interrompt sa danse que pour se jeter sur moi d'un entrechat effarant de vivacité. L'attaque me prend totalement au dépourvu car, ce faisant, elle ouvre inconsidérément sa garde et se précipite droit sur ma blanche assassine, parfaitement positionnée pour la cueillir au passage! Mais à l'ultime instant elle pivote légèrement et ma Vorpale ne fait qu'entailler modérément son bras gauche alors que son épée droite s'abat violemment sur mon crâne! Je n'ai que le temps d'incliner fébrilement la tête afin que mon diadème encaisse le choc à la place de mon occiput, mais le choc est d'une telle brutalité qu'il me projette à terre, salement sonné! Je roule précipitamment au sol pour esquiver le coup suivant qui vise ma gorge, frémissant en sentant le vent de l'attaque contre la peau de mon cou, puis je balaye furieusement l'espace d'un pied pour tenter de la faire tomber et avoir une chance de me relever. C'est au tour de Sylënn d'être surprise, la pointe de ma botte heurte durement sa cheville et, si elle s'arrange pour rester debout avec un sens de l'équilibre stupéfiant, elle est tout de même contrainte de reculer hâtivement en boitant bas pour esquiver ma lame ardente qui fend à son tour l'espace à une main du sol.

Je me relève au prix d'un terrible effort de volonté, j'ai la tête qui tourne, ma vision est un peu floue et j'ai toutes les peines du monde à garder une prise ferme sur ma Vorpale, les deux blessures subies au bras la maniant commençant sérieusement à se faire sentir. Consciente de ma faiblesse, la Sindel revient aussitôt à l'assaut en semblant se livrer à une sorte de danse folklorique malgré sa cheville douloureuse, m'obligeant à puiser une fois de plus dans mon Ki sans retenue pour me protéger à l'aide d'une garde imprenable. Je parviens à parer désespérément un véritable déluge de coups, mais chaque choc sur ma lame d'adamantite engourdit davantage mon bras et je sais que je ne pourrai plus la manier bien longtemps. Or je n'ai pas l'ombre d'une chance de rivaliser avec cette formidable combattante en n'ayant qu'une seule lame, il faut que j'en finisse et vite! Rassemblant mes dernières forces, je déploie mon énergie spirituelle à pleine puissance et joue mon dernier atout, une danse qu'elle ne peut connaître ni même avoir déjà vue.

Mes lames entament une mortelle et céleste chorégraphie, dissimulées par mon corps ou se cachant l'une l'autre, semblant surgir de nulle part et prenant chaque fois l'Elfe à contre-pied, ce qui rend ses parades et esquives de plus en plus imprécises. Néanmoins Sylënn fait preuve d'un art du combat sublime et parvient à contenir cet assaut durant quelques secondes qui me semblent durer des heures, ce qu'aucun de mes adversaires n'a jamais réussi à accomplir jusqu'à ce jour. Peut-être aurait-elle été capable de tenir jusqu'au bout mais, au moment où je commence à croire que j'ai échoué, sa cheville la trahit. Elle chute avec un cri de douleur alors que ma Vorpale surgit férocement de derrière mon dos, un coup destiné à son ventre mais qui, je le réalise avec effroi, va l'atteindre en plein visage compte tenu de son changement de position imprévisible! Même si je parvenais à la heurter avec le plat au lieu du tranchant la force du coup est telle qu'il la défigurerait à jamais dans le meilleur des cas. Il n'y a qu'une unique chose que je puisse faire pour éviter le pire: je desserre les doigts et lâche ma lame qui fuse en tournoyant en direction des spectateurs.

Au même instant Sylënn jaillit vers le haut et me percute de plein fouet, si brutalement que je bascule en arrière! D'un geste purement instinctif j'agrippe le col de sa cape de ma main désormais libre et entraîne l'Elfe avec moi dans ma chute. Mon dos heurte rudement les pavés, puis la Sindel me tombe dessus de tout son poids en parvenant je ne sais comment à positionner son épée droite sous ma gorge. Nous nous dévisageons durant quelques secondes dans un silence de mort, pareillement ensanglantés et haletants, puis Sylënn murmure:

"Vous l'avez lâchée exprès. Pourquoi?"

Je force mes lèvres à se plisser en un sourire légèrement narquois et lui rétorque sur le même ton:

"Pour ne pas risquer d'émousser ma lame, bien sûr."

Elle hausse un sourcil quelque peu incrédule à ma réponse, bien qu'une infime ébauche de sourire ourle fugacement ses lèvres:

"Vous avez plus de cran que de bon sens."

Elle éloigne lentement sa lame de mon cou et esquisse le geste de se relever, mais je la retiens doucement par le bras:

"Gardez cela pour vous."

Une expression de vive surprise passe sur le dur et beau visage de Sylënn:

"Pourquoi? Vous m'avez vaincue, pensez-vous que je n'ai pas assez d'honneur pour le reconnaître?"

"Loin de moi cette pensée. Il y a deux jours, vous avez conduit un capitaine de la milice de Tahelta au bagne, n'est-ce pas?"

"Oui, mais quel rapport?"

"Je dois le retrouver et le faire sortir. De nombreuses vies en dépendent."

L'Elfe réfléchit un bref instant en me scrutant d'un regard acéré, puis elle souffle:

"Nous en reparlerons."


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Lun 26 Mar 2018 15:26, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La place d'honneur
MessagePosté: Dim 25 Mar 2018 20:24 
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Sylënn se relève avec précaution, la plaie que je lui ai infligée au côté est profonde et douloureuse, puis elle rengaine ses armes et me tend une main afin de m'aider à me redresser. Je la prends sans la moindre hésitation et me remets debout en grognant de douleur lorsque ce geste tire sur mon bras blessé. Ce n'est qu'alors que je reprends conscience de la foule qui nous entoure et du brouhaha assourdi qui s'en élève. Tous les regards sont braqués sur nous, certains me dévisagent avec une hostilité palpable, d'autres semblent en proie à une stupeur profonde, quelques-uns enfin laissent transparaître un respect mêlé de doutes. Pendant un instant personne ne bouge, étrange moment de latence qui me tire un frisson désagréable: que va-t-il se passer maintenant? La fin du combat est assez ambiguë pour que beaucoup ne parviennent pas à déterminer qui l'a emporté et c'est mon destin qui est dans la balance. Mais il y a des priorités et, avisant ma Vorpale posée sur le sol aux pieds des spectateurs, je vais la récupérer d'un pas qui se veut assuré, ma lame ardente toujours dégainée faisant hâtivement reculer ceux que j'approche. Ma pâle tueuse ne semble pas avoir blessé quelqu'un, une chance que presque tous ici soient des guerriers compétents revêtus de leurs armures...

Une fois ma lame récupérée, je remets mes deux épées dans leurs fourreaux et retourne auprès de Sylënn qui n'a pas cessé de me scruter pensivement. Tous semblent attendre qu'elle prenne la parole, mais c'est un petit noble richement vêtu de bleu qui s'exclame soudain d'un ton haineux:

"Il a perdu! Jetez cette vermine au bagne!"

Le chaos se déchaîne une nouvelle fois et des cris s'élèvent en masse, certains pour appuyer le noble, d'autres au contraire, plus rares, pour s'y opposer. Certains semblent même sur le point d'en venir aux mains, mais le vacarme est soudain couvert par un formidable rugissement qui tétanise l'assemblée:

"Vos gueules!"

Délicate Sylënn... qui profite du silence brièvement revenu pour ordonner froidement à l'escouade de la Garde Militaire la plus proche:

"Emmenez-le à l'infirmerie. En douceur. Et dispersez-moi ce troupeau de brok'nuds!"

Ses hommes réagissent au quart de tour, ils se regroupent en formations compactes et commencent à faire évacuer la place tandis que six d'entre eux viennent m'encadrer. Leur officier me demande poliment de les suivre, à quoi j’acquiesce d'un hochement de tête, puis nous fendons la foule jusqu'à un bâtiment proche où nous entrons sans traîner. Nous pénétrons dans une salle austère de taille moyenne, divisée en plusieurs espaces par des rideaux, où les soldats me confient à l'un des guérisseurs en charge de la santé des militaires. Avant de se retirer, l'officier de la Garde me précise aimablement:

"Je vous laisse vos armes pour l'instant, mais tenez-vous tranquille."

Je lui retourne un léger sourire et réponds calmement:

"Je serai sage comme une image, sergent."


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