Inscription: Mar 4 Sep 2012 18:38 Messages: 30987 Localisation: Gwadh
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Vers Nosvéris : fin du voyage Le cheval n’a rien du destrier ou du cheval de course : on aurait plutôt dit un de ces percherons colossaux peu considérés par la noblesse mais dont les paysans s’accommodent fort bien pour les travaux des bois et des champs. Seulement cette bête, malgré ses longs poils qui en disent long sur son adaptation au climat du continent et sa masse imposante, transpire peu la roture, cela sans doute grâce à son cavalier. Le Shaakt qui chevauche cette force de la nature, outre son port altier, par la qualité de ses vêtements et de la sellerie de sa monture, s’affiche comme un aristocrate, ou tout du moins un individu ayant des moyens bien supérieurs à ceux du bourgeois moyens. Ses vêtements, taillés dans une étoffe de laine de qualité, à la teinte sombre irréprochable, sont brodés de fils d’argent et de pourpre, dessinant tantôt des arabesques, tantôt des motifs non sans rappeler une toile d’araignée. Ses bottes ont été coupées dans un cuir de prix, doublées d’une fourrure sans doute aussi coûteuse ; leur semelle présente des marques d’usure sans pour autant permettre au porteur de distinguer les irrégularités du terrain sous la plante de ses pieds. Le gilet au col bordé d’une fine dentelle noire dissimule à peine une brigandine de cuir sombre, rehaussée de plaques d’acier gravées de têtes de loup. Une lourde cape vient couvrir cette silhouette et protéger l’elfe noir du vent. Un sabre bat sa cuisse droite et une élégante rapière la gauche, tandis qu’un arc et un carquois passés dans un étui de cuir lui traversent le dos. Les mercenaires ont la main à portée de leurs armes et un œil sur l’étranger en approche, sans pour autant bouger puisque Céendel ne montre aucun signe d’inquiétude. Au contraire, il continue de vaquer à sa dernière occupation à savoir préparer le sac de Caabon, y fourrant quelques vêtements chauds, de la nourriture, quelques fioles dont il détaille le contenu au Wotongoh qui n’a qu’une hâte, savoir ce qu’il adviendra de lui. Posant quelques questions sur les raquettes qu’on lui confie, et la manière de les chausser, de les lasser, puis de se déplacer avec, il garde un œil sur le cavalier dont la silhouette grandit au loin, se confondant peu à peu dans les ombres à mesure que la lumière déclinait. Aucun feu n’est allumé, le risque encouru est estimé trop important face aux bénéfices, mais elfes et humains se préparent à passer la nuit, conscients qu’ils ne s’aventureront pas dans la forêt avant le retour de quelques rayons de soleil, ou tout du moins d’une meilleure visibilité. C’est face à un petit campement que le Shaakt s’arrête et descend de sa monture. « Salutations Céendel, et salutations de ma Matriarche. » « Puisse Valshabarath lui assurer force, pouvoir et de toujours donner le jour à des femmes. Salutations Thrang. Force à ton clan. » « Ainsi vous voilà de retour sur notre continent. J’ai été étonné de recevoir si tôt votre message. Et je vous suis gré de ne pas m’avoir fait attendre. Qui est celui que vous m’avez promis ? » « Voici Caabon. Un Wotongoh, mais il n’a jamais été élevé sur ces terres. Il vient de Nirtim. » « Que sait-il ? » « Mes intentions et pourquoi je le confie à vous. Nous lui avons appris un peu de Shaakt, assez pour qu’il comprenne des ordres simples, mais il faudra qu’un de vos esclaves complète son éducation dans ce domaine… et dans d’autres, comme mon message le détaillait. » « Je sais, je sais. J’ai pris des dispositions. Il fera ce qu’il faut ? » « Il fera de son mieux. Et je pense qu’il a beaucoup de potentiel. A vous de l’exploiter au mieux, pour servir efficacement vos intérêts. Et les miens. Et souvenez-vous que je ne tolèrerai pas qu’il lui soit fait du mal. Alors veillez à ce qu’il reste en vie et en bonne santé. » « Je ferai mon possible. Vous avez ma parole. » « Jurez-le sur l’honneur de votre clan, de votre Matriarche, et sur Valshabarath. » « Comment ? Mais… » « Jurez… » « Bien. Puisque vous y tenez. Je fais le serment, sur mon honneur, celui de mon clan, de ma Matriarche et devant Valshabarath, que je ferai tout ce qui est en mon possible pour préserver la vie, l’esprit et la santé de ce Wotongoh. Est-ce assez pour vous ? » « Je m’en contenterai. Je n’ai guère plus confiance en vous que vous avez confiance en moi. Mais nous avons tous nos intérêts, n’est-ce pas ? » « Je ne vous traiterai pas d’idiot. Notre clan sait ce qu’il vous doit. » « Et je suppose que pour ça on aimerait me voir mort. Enfin… Caabon, prêt à partir ? » « Oui ! Mais nous ne … » « Non, nous partons tout de suite. Je n’aime pas rester loin de mon clan. Tu pourras dormir sur le baudet, si tu y arrives sans tomber. Nous ferons le voyage d’une traite jusqu’à Gwadh. » « Bien, si je ne suis pas obligé de marcher… » Des tapes sur l’épaule, des poignées de main, un ou deux mots d’encouragement, voilà qui constitue les au-revoir sommaires de la troupe au Wotongoh. Céendel lui recommande une fois de plus de faire profil bas, et de jouer de son statut d’esclave pour devenir invisible aux yeux des Shaakt, et lui assure qu’il cherchera à entrer en contact avec lui, d’une manière ou d’une autre. Puis le jeune homme enfourche le baudet, et se met en route à la suite de Thrang, qui ne lui a pas adressé un mot supplémentaire. La route vers Gwadh
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ; par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables. Proverbes, 24, 3-4
Dernière édition par Caabon le Ven 17 Jan 2014 19:07, édité 1 fois.
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