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 Sujet du message: Route entre Tulorim et la Sororité
MessagePosté: Jeu 20 Aoû 2009 13:12 
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Route entre Tulorim et la Sororité


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La rivière


Description du voyage à pied et/ou sur monture :

La route vers la Sororité commence en suivant celle menant à Yarthiss, tranquille, sur des terres très chaudes et arides, où il n'y a que trop peu de verdure. Et puis, plutôt que de continuer vers les marais, il y a une bifurcation vers le sud. Après bonne dizaine de journées de marche, il y a une grande rivière à traverser, puis vous entrez directement dans le territoire des femmes de la Sororité de Selhinae. Là, vous croiserez sans cesse des patrouilles et, si vous êtes un homme, il est certain que vous n'irez vraiment pas bien loin en pénétrant les frontières. Le climat se radoucit légèrement et il y a de plus en plus de végétation. Vous finissez par arriver à hauteur de la colline du monastère sur ce même chemin de terre que vous avez suivi depuis Tulorim, bien qu'il ne soit pas très entretenu sachant qu'il y a peu de voyageurs sur ce territoire.

Durée du trajet à pied ou sur monture sur le continent d'Imiftil

Basez vous sur les cartes et présentations décrites dans les 4 continents de Yuimen

Postez sur ce topic votre trajet !

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 Sujet du message: Le départ forcé de Magda
MessagePosté: Jeu 20 Aoû 2009 17:35 
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Localisation: Sur les environs de Tolosa milediou !!!
Un cri horrible. Inhumain même, voilà ce qui la réveilla. En sueur après une longue marche de quatre heures sous un soleil de plomb, Magda Searus avait décidé de se reposer un court moment afin de pouvoir boire et grignoter un peu à l’ombre d’un bosquet de grands chênes, elle s'était finalement assoupie.


( Ce n’était qu’un stupide rêve…Oui un stupide rêve…)


Mais un rêve tellement réel, dont la souffrance en paraissait presque véritable. Machinalement elle essuya le sang coulant de ses orbites vides et dirigea ses pensées vers sa quête de vérité. Une longue marche entamée le matin même à travers le territoire de Selhinae dont elle espère vite en sortir. Traversant de grandes étendues verdoyantes par le seul chemin praticable, elle avait croisé nombre de patrouilles quadrillant le terrain afin de massacrer d'éventuels intrus masculins. Malgré la monotonie du paysage Magda le trouvait magnifique avec ses belles couleurs printanières et ses senteurs si particulières. Au loin elle apercevait de grandes forêts s'étendant à perte de vue, et la rivière qu'elle devait franchir l'attendait de l'autre coté de ce royaume végétal si majestueux. Jamais elle ne s'était autant éloignée du monastère auparavant à cause de sa formation. Le fait de quitter son foyer; en quelque sorte; l'effrayait car elle ne connaissait rien ou presque au monde extérieur...Les seules connaissances de ce monde avaient été lues dans des livres de voyage qui faisaient partis de l'immensité de la bibliothèque du monastère. Magda fut toujours fascinée par ces récits aventureux, et était très avide d'en faire aussi, mais que cela se produise de la manière dont c'est arrivé ne lui aurait pas traversé l'esprit une seconde...C’était la Mère Supérieure qui l’avait indirectement poussée vers la sortie en décrétant une expulsion afin qu’elle n'apprenne rien sur ses origines et les raisons sur son entrée à la Sororité...Magda se souvient mot pour mot de la conversation avec une des plus proches subordonnées de la Mère Supérieure, à savoir la grande prêtresse Wilanya…



(((Quelques heures avant le départ du monastère…)))



« Magda, j'aimerai vous toucher deux mots, veuillez me suivre dans mon bureau. »

« Deux mots ? Me crois-tu aussi naïve que ces fillettes de 8 ans que vous éduquez en leur remplissant le crâne de préceptes aussi douteux que votre intelligence, chère Wilanya ? »

Presque toutes les jeunes novices présentes dans les allées se retournèrent et blêmirent quand elles eurent entendu le ton froid et méprisant avec lequel Magda répondit.

« Comment oses-tu traiter les dogmes de la Sororité et la grande prêtresse de ce monastère dévoués à l’éducation de jeunes filles uniques en leur genre et sélectionnées sur des critères strictement rigoureux, comme ce fut le cas pour toi ?!»

« Des critères strictement rigoureux ? Encore quelque chose de fumeux je suppose, qu'ai-je donc de si particulier pour avoir été sélectionnée selon vos critères? Allez-vous enfin consentir à me le dire ? Pourquoi est-ce la Mère Supérieure qui s'est chargée de ma formation ?»

Wilanya ne répondit pas de suite, comme si elle cherchait à mesurer l'ampleur de ses mots.

« Tu n'as pas à le savoir, et tu ne le saura jamais. Nous avons eu nos raisons de te former et te dévoiler la vérité est considéré comme une pure hérésie par notre Mère et notre déesse, c'est pourquoi certaines Soeurs, ainsi que la Mère Supérieure et moi-même avons jugé qu'il serai mieux que tu quittes le monastère le plus vite possible pour le bien de nous toutes.»

« Puisqu'il en est ainsi je vais chercher mes affaires, et je m'en vais sur le champ...»

« Je t'attendrais devant l'entrée avant ton départ....»


De retour devant le monastère après avoir récupéré l'essentiel de ses affaires, Wilanya éparpilla les novices venues assister au départ à coups de réprimandes, et leur demanda de retourner vaquer à leurs occupations, puis la prêtresse remit ses bras dans la robe de cérémonie quand quelque chose alerta Magda mais elle ne sut quoi. Après tout c’était sûrement son imagination. Après cette expulsion elle était un peu à cran et déçue de la décision de la Mère, comment avait t-elle pu décréter un tel acte?


Sans prévenir, Wilanya donna un morceau de parchemin à Madga et lui conseilla de le lire une fois sortie du territoire mais l'impression d'une présence aussi discrète que les pas veloutés d’un chat sur un tapis détourna l'attention de la jeune femme...Quelqu'un ou quelque chose surveillait les deux femmes…Elle en était presque sure…


Malgré tout Magda souriait. Elle n'a pas peur d'un assaut direct de la créature et laisserait l’espèce d’énergumène s’étaler par terre avant de fuir. La jeune mage savait qu’en cas d’attaque l’ennemi ne pourrait rien contre elle sur le coup, ceci du à sa perception omnisciente du monde qui l’entoure. C’est comme voir le monde de dessus ; une vision précise des éléments, des êtres, des composantes de la nature et du néant mais tout en étant le centre de ce mélange si subtil entre les sens et la perception. Parfois son aura transforme le temps en une substance si frêle et futile qu’il donne l’impression d’être malléable, et ralentissant toute chose autour d’elle, sa vision en devient floue comme sous l’eau, mais son sens de l’anticipation tend vers la rapidité…Tout ça grâce à ses yeux, ou plutôt ses orbites vides qui lui donnent l’impression de ne pas être, de ne pas ressentir, de ne rien savoir du monde, et à cause de sa stupide formation par les Sœurs dans la plus profonde cellule du monastère…Elle seule sait ce qu’il en ai vraiment, même si elle n’est pas la seule à savoir ce qui lui est arrivé.


Arrachée à ses pensées par un mouvement brusque de la sombre présence, Magda se retourna et ne vit rien quand une ombre passa derrière elle. Quelques secondes plus tard, une créature difforme tomba sur la prêtresse en lui enfonçant ses appendices griffus dans le ventre pour retirer les viscères de la pauvre femme qui encore surprise de cet assaut, qui bascula en arrière sans un cri. La jeune Magda en profita pour s’enfuir aussi vite qu’elle le put avant que cette chose aie fini de dévorer les restes fumants de la victime…




(((Retour dans le présent, pas très loin du bosquet où s’est arrêtée notre jeune mage…Où une conversation entre deux gens louches à lieu…)))


« Eh Zyclok, t’crois qu’la mam’zelle, dort ? »

« Bien sur que non crétine congénitale !!! Tu ne vois pas qu’elle ne voit plus ? »

« Ah bah ouais, z’avais pô vu »


Zyclok se donna une tape sur le front tellement l'abrutisme de son amie la désespérait mais elle était avant tout une alliée de poids. N'empêche quel aubaine ! une femme énucléée dont les orbites saignaient encore, allongée contre un arbre pourrait très certainement servir à accomplir certaines choses…


Une fois assise en tailleur Magda ressenti quelque chose de désagréable entre ses seins, elle plongea la main dans son décolleté et trouva le morceau de parchemin que lui donna la prêtresse avant son départ. Les mains tremblantes elle hésita avant de l'ouvrir, par peur de voir ce qui était écrit dessus...Une mise en garde, un simple mot de bonne chance pour la suite, ou tout simplement rien afin de provoquer en elle de faux-espoirs? Rien de tout ça, juste une simple phrase : Rends-toi à Tulorim et cherche Jasey le Maudit.


(Jasey...Jasey...Cela me rappelle vaguement quelque chose, mais où ai-je entendu ce nom...C'est comme si mes pensées s'écoulaient quand je veux me les remémorer...Il faut que je trouve ce Jasey qui doit savoir ce qui m'est arrivé par le passé...)


Se relevant pour se mettre en route, la jeune magicienne senti une présence approcher et commença à se plonger dans l'invocation de son sort de feu...

_________________
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Magda Searus - Mage lvl 1


"The Key of Joy is Desobediance"

Aleister Crowley, Hymn to Lucifer


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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et la Sororité
MessagePosté: Ven 24 Déc 2010 03:00 
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Le zénith étirait sur mon dos ses rayons ; j’ignorais les heures écoulées depuis ma fuite du monastère. A vrai dire, je n’avais plus conscience de grand-chose. Mes pensées, confuses, effarouchées, s’enfuyaient comme un vol d’étourneaux dès que j’essayais de les saisir, versatiles, capricieuses ; et, subitement, devenaient pesantes, poisseuses, dès que s’imposait en filigrane derrière mes paupières l’image du corps abattu de Mair. Je préférais encore laisser s’installer ce bourdonnement incertain et stérile que d’évoquer précisément les évènements récents, et de laisser les souvenirs vifs m’envahir : je n’aurais pu continuer d’avancer. Alors, froidement, avec une méthode distante, le regard dur, tourné vers l’horizon blanchâtre, je disciplinais mes pensées, et mon corps, tout entier, répondait à cette volonté inflexible, se durcissait, convergeait vers un incroyable point de rencontre entre l’esprit et la chair. La marche, toute entière, occupait mon crâne, chaque mouvement de mes muscles, chaque douleur, chaque tiraillement, dans une froide ivresse de puissance. Il n’existait plus aucun impératif, autre que celui de rester en vie, d’avancer vers l’horizon, de distancer le plus rapidement possibles les patrouilles qui, sans aucun doute, devaient être lancées sur mes traces. Les uns après les autres, toutes les règles, les automatismes, les habitudes de pensée prises durant mes jeunes années au sein de la Sororité, tout cet ensemble de mécanismes de la conscience qui font une identité volait en éclat, sans que cela ne m’effraie. Bien au contraire, j’éprouvais une sorte de joie sourde, contenue, pleine de rage, en voyant peu à peu disparaître derrière moi les lambeaux d’une humaine que je n’étais plus.

Dans le but de semer d’éventuelles poursuivantes, je m’étais écartée rapidement de la route qui remontait vers le Nord-Est pour remonter plein Nord, à travers les vallons ombragés et moussus de l’intérieur des terres ; je comptais réussir à atteindre le lac à la tombée de la nuit, afin de fuir le territoire de la Sororité au plus vite. La menace, permanente, d’être prise par Selhinaë planait lentement au-dessus de mes épaules ; ce territoire, que j’avais, tant de fois, arpenté amoureusement, m’apparaissait aujourd’hui hostile, rempli d’un danger sourd qui se cachait derrière chaque buisson épineux, chaque rocher moussu, chaque ondulation du terrain. Le poids terrible de la condamnation de la Sororité pesait et avilissait jusqu’à cette nature splendide qui m’avait toujours été protectrice.

Mes pas, incontrôlés, m’entraînaient chaque seconde plus en avant dans cette fuite agitée et éperdue. Je ne pouvais m’arrêter ; pourtant, je sentais dans mes jambes, dans mes articulations, l’insidieuse fatigue s’insinuer, s’infiltrer perfidement au sein de cette détermination remarquable qui me permettait d’ignorer la douleur, la fissurant peu à peu. Toute la surface de ma peau exposée à l’air libre était couturée, recouverte d’éraflures et griffures qui, sur ma peau brune, formaient d’étranges dessins bordeaux. A mon flanc, ma blessure encore récente lâchait des élancements piquants dans mon flanc, au rythme des pulsations sourdes de mes artères. Je ne préférais pas défaire mon bandage pour inspecter ma plaie ; je craignais qu’elle ne se soit rouverte, ou pire, qu’elle ne se soit infectée, malgré les soins de mes sœurs. De mes anciennes sœurs. Mon cœur se serra douloureusement ; mes pas continuèrent de m’entraîner encore un peu plus en avant.

Le soleil, au-dessus de mes omoplates, continua sa course silencieuse dans les cieux, souverain, et insensible aux humains et leurs errements. Derrière moi, les lieues s’étiraient insensiblement, à tel point que j’en avais perdu le compte ; je ne devais plus être loin des rivages rafraîchissants du lac, qui, pour moi, était bien plus qu’une simple étendue d’eau. C’était la porte, l’antichambre qui me conduirait vers une nouvelle vie, loin de la Sororité au sein de laquelle je n’avais plus ma place. J’étais une criminelle ; et peut-être même, une meurtrière. Je sentis aux commissures de mes paupières poindre le picotement salé des larmes. D’un geste brusque de la tête, je les réprimai, et repris ma marche, plus lentement.

La végétation s’était faite plus rase, plus sèche, et le tapis d’herbes racornies et de feuilles mortes craquait sinistrement sous mes pas. Les ondulations douces de la plaine, quant à elles, s’étaient faites plus nettes, plus arrêtées, et, à de nombreux endroits, entre les conifères qui, peu à peu, remplaçaient les feuillus, s’élevaient de fantastiques masses tourmentées de granite sombre. La lumière, prenant cette teinte jaune de la fin de journée, traversait diagonalement les cimes piquantes des arbres, découpant les moindres arêtes des masses rocheuses. Je m’arrêtai, le souffle court ; je pouvais sentir, dans ma poitrine, mon cœur battre furieusement contre sa cage thoracique. L’air était plus humide depuis quelques lieues, et une brise plus fraîche soufflait du Nord, apportant avec elle un soulagement agréable. Le lac ne devait plus être très loin.

Prise d’une impulsion soudaine, j’avisai une de ces roches immenses qui semblaient avoir été déposées çà et là par des géants, et posai mes paumes douloureuses sur sa surface moussue. Lentement, j’entrepris de l’escalader, dérapant parfois sur les vastes prairies de mousse humide qui la parsemaient ; mes muscles réagirent douloureusement, mais, étrangement, cette montée me procura une étrange sensation de soulagement, comme si mes épaules s’étaient déchargées d’un poids invisible. Arrivée au sommet, qui n’était somme toute qu’à une dizaine de mètres du sol, je me redressai précautionneusement ; la brise, à cette hauteur, se transformait déjà en vent, dont la fraîcheur au sol était maintenant un froid mordant. Mes yeux furent comme avalés par l’immensité du paysage qui m’entourait.

Comme je l’avais deviné, le lac n’était plus qu’à une lieue au Nord, et son immensité sombre, en face de moi, dans la lumière déclinante, m’écrasait toute entière, et paraissait d’une immobilité fantastique ; pourtant, j’avais, me semblait-il, déjà entendu dire que, en raison d’une situation climatique étrange, cette immense étendue d’eau douce pouvait parfois être très agitée. Je percevais, au-delà, la ligne sombre de rivages inconnus, dont le parfum ineffable me parvenait, chargés d’une peur libératrice. A ma gauche, à quelques lieues, s’élevaient les contreforts tourmentés des montagnes, dont les versants étaient noircis par une forêt épaisse, au sein de laquelle, racontaient les légendes, se cachaient toutes sortes de prodiges.

Cependant, je ne pus continuer ma contemplation panoramique. Je ne pus me retourner. Je les sentais pourtant vibrer dans mon dos, ce Sud familier, ces vallons amoureux, ces méandres paresseux du fleuve, qui s’étalaient jusqu’à… jusqu’à l’embouchure, jusqu’à l’océan, jusqu’à Selhinaë. Mais je ne pouvais me retourner et admirer une dernière fois ces terres maintenant mortifères.

Soudain –un bruit ; comme un crissement, comme le pas malencontreux de celui qui se voulait discret.

Alertée, je vis volte-face sans attendre. Je ne pus réprimer un léger sursaut. A quelques mètres de moi seulement, se tenait un homme. Un homme. Ce mot se fraya doucement un chemin dans mon esprit, ravageur. Si je m’étais déjà battue avec des hommes, ce n’étaient que des hommes, des soldats, des créatures sur lesquelles l’esprit ne se posait pas –seule la lame pouvait s’y poser. Là, c’était un homme, sans armes, sans armure, le visage découvert, et ses yeux- ses yeux !- vrillaient les miens. Nous étions seuls. Dans ma poitrine, mon cœur se souleva douloureusement.

Je ne remarquai tout d’abord pas la couleur de ses iris –ce fut son regard qui m’absorba. C’était celui du chasseur qui observe sa proie ; ou plutôt, je ne pus le déterminer, le regard de la proie, immobile, sereine, qui contemple les yeux de son traqueur. Il y avait quelque chose de dense, d’élastique, quelque chose à la fois animal et infiniment profond dans ce regard, que je n’avais jamais vu chez personne. S’y absorber était comme rester en équilibre au rebord d’une mare sombre, plate, opaque, dont la profondeur est invisible et ne se révèle à l’esprit que par le biais de l’imagination ; cette mare, transfigurée par le pouvoir de cette force d’invention n’est ainsi plus simplement une étendue d’eau froide, mais, bien plus que ça, un voile qui cache tout ce que notre caprice veut bien y cacher. Aussi cette mare ne gagne-t-elle pas seulement en profondeur et en mystère, mais également en réflexion : cette mare, pleine de ce que l’on veut bien y mettre, ne devient-elle pas ainsi le reflet de nos désirs, de notre intériorité propre ?

Le regard de cet homme renfermait tout cela à la fois. C’était… vertigineux. Comme les secondes passaient, sans que l’un de nous deux ne se décide à bouger, je puis l’examiner, passée ma surprise première. Il avait le teint mat, une barbe naissante brunissait ses mâchoires et ses pommettes coupées au couteau. De folles boucles brunes encadraient, brillantes, ses traits puissants, son regard. Il n’était pas très grand, tout au plus ma taille, si bien que nos prunelles se croisaient en toute égalité ; cependant, sous ses vêtements de voyages, on pouvait deviner une stature athlétique et une musculature sèche.

-Vous êtes avec les autres ? finit-il par dire, au bout d’un moment interminable, avec une certaine agressivité, ou, du moins, une certaine tension.

Sa voix était incroyablement grave pour l’âge qu’il semblait avoir, incroyablement rocailleuse, incroyablement ample.

-De… de quoi parlez-vous ?

-Des autres. Des folles de la Sororité.
répondit-il simplement, pointant sans se retourner, avec son pouce robuste, quelque chose derrière lui.

Mon regard, irrésistiblement, se détacha des yeux sombres de l’étranger, pour se poser sur le paysage qui se déroulait derrière lui. Je compris alors ; une vague de peur envahit ma poitrine.

Derrière lui, sous le couvert des arbres épars, incroyablement proche, à une lieue tout au plus, s’élevait la fumée d’un feu de camp. Les folles de la Sororité. Si proches ?! Elles avaient retrouvé ma trace, inexplicablement, et, sans l’arrivée impromptue de cet homme, me seraient surement tombé dessus sans que je ne m’en doute le moins du monde. Le souffle saccadé, je repris précautionneusement ma respiration.

-Non, je ne suis pas avec elles. Si vous voulez mon avis, nous ferions mieux de partir au plus vite…

Un léger trémolo dans ma voix trahit la peur qui me paralysait doucement ; les yeux de mon interlocuteur s’écartèrent un peu plus, se firent encore plus perçants, et se remplirent de ce qui me semblait être de la compréhension. Qu’avait-il pu comprendre ?

Sans un mot de plus, nous quittâmes les lieux ; fugitif et fugitive, une alliance tacite s’était, semblait-il, passée entre nous, et sur laquelle je n’avais pas le loisir de m’interroger. Il fallait fuir, encore, et peu importait celui qui était à mes côtés ; j’oubliai même son regard si particulier –pour peu de temps, apprendrais-je bientôt.

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 Sujet du message: Re: Route entre Tulorim et la Sororité
MessagePosté: Dim 13 Fév 2011 18:42 
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La nuit avait à présent fini d’étendre ses voiles par-dessus l’étendue mouvante des eaux. Avec elle était venue une fraîcheur paisible qui rappelait les rivages de l’océan, loin vers le Sud, où le fleuve rejoignait les collines jumelles… un faible soupir franchit mes lèvres, à peine plus ténu que le murmure du vent qui fouettait l’onde. L’homme était toujours avec moi, et après avoir quitté les étranges masses mégalithes et les grands épineux, nous avions rejoint les rivages, sans un mot, sans un bruit –derrière nous les fumées avaient disparu, et un poids s’était envolé de ma poitrine, libérant mes pas de la pesanteur de la crainte. Pourtant, invisible, le danger n’en était que plus menaçant ; s’étant libérée du signal de la fumée d’un feu de camp invisible, la menace d’une patrouille de la Sororité s’était effacée dans le paysage, comme absorbée par ces lieux ; ayant perdu le pouvoir de localiser exactement nos ennemies –le mot me fit frissonner-, nous avions perdu la possibilité de nous sentir quelque part en lieu sûr. Elles pouvaient être aussi proches que l’absence de traces visibles pouvait nous les faire croire éloignées. De plus, je connaissais parfaitement leurs techniques d’embuscade et de traque, pour avoir déjà eu l’occasion de questionner une mère supérieure à ce sujet : nous ne pourrions trouver aucune espèce de refuge tant que nous n’aurions pas quitté le territoire de la Sororité, tant que nous n’aurions pas traversé ce lac qui me paraissait aussi large qu’un empire ; tant que, moi, je n’aurais pas su quitter ce sol dont le contact m’était aussi familier que de vivre même.

Cette rive du lac abritait de nombreuses enclaves de marchands du royaume voisin de Yarthiss, tolérées par la Sororité pour des raisons essentiellement commerciales, mais dont les limites, qui excédaient rarement une étroite bande terre d’une centaine de mètres le long du lac, étaient étroitement surveillées. Au fil des siècles, les échanges s’étaient peu à peu limités, les riches marchands de Yarthiss renonçant à commercer avec ce territoire aux femmes terribles, qui n’hésitaient pas à attaquer leurs caravanes en cas de litige. Aujourd’hui, si certaines de ces enclaves persistaient, elles n’abritaient plus qu’une poignée de barques et d’hommes qui, pour la plupart, cherchaient dans ces zones à la loi fluctuante à échapper à la juridiction du royaume ; et, de toute façon, ceux qui osaient encore tenir ces anciennes possessions étaient considérés comme suffisamment punis pour ne pas être sujets à des poursuites supplémentaires.

Je soupçonnais d’ailleurs mon étrange compagnon d’être l’un de ces hommes. Il ouvrait la voie, à quelques pas devant moi, et mes yeux, inévitablement, était attirés par ce dos sec et rude qui se devinait sous la toile grossière, à la fois objet de fascination et de curiosité, et qui pourtant, je le sentais à travers toutes les fibres de mon corps, était pour moi un redoutable danger. Une sensation étrange m’avait envahie depuis que j’avais croisé sa route, et tous mes sens, sans que je ne puisse en déterminer la raison, me criaient de le quitter au plus vite, comme si quelque chose en moi, ensommeillé jusqu’à présent, avait reconnu en lui ce qui entraînerait sa perte. Cette partie de moi, jusqu’alors ignorée, je ne pouvais la nommer, ni en déterminer la nature ou l’origine, comme si cette part de mon être cherchait à échapper au regard de ma conscience.

Pourtant mes pas continuaient de s’imprimer dans les traces des siens, irrésistiblement, ou plutôt, parfaitement naturellement. C’était comme si je n’avais jamais rien fait de plus évident, de plus familier –et de plus rassurant- que de suivre le chemin que me désignait cet homme. Et après tout, que pouvait-il m’arriver de pire ? Exilée, condamnée à la mort par celles qui, depuis toujours, étaient bien plus qu’une vulgaire famille pour moi, voilà ma condition ; assurément, suivre cet homme ne pouvait pas représenter un danger plus grand que celui que je subissais déjà. D’ailleurs, je ne pouvais rien faire d’autre : par la force des choses, cet homme m’était à présent indispensable. J’ignorais tout des usages des hommes, et, de façon plus pragmatique, j’étais de toute façon parfaitement incapable de trouver seule un moyen de traverser cette eau immense. Les rares bateliers qui résidaient sur ces rivages inhospitaliers m’auraient à tout coup prise pour une Sœur –et pour cause, mon crâne parfaitement tondu ne pouvait tromper personne-, et je ne pouvais pas non plus révéler ma condition de criminelle : aucun homme vivant dans l’ombre constante de la puissance du monastère n’aurait pris le risque de soustraire une fuyarde aux griffes d’acier des Sœurs.

Un murmure incertain me fit relever le regard, qui s’était fixé sur mes pieds, la marche rendue malaisée l’épais parterre d’herbes épineuses qui cachaient, je m’en étais aperçue à mes dépens, des tourbières. L’homme me fixait. Comme je n’avais pas entendu ce qu’il m’avait murmuré, il se rapprocha en silence, ses yeux insondables sans cesse plus grands, offrant leurs abimes à mes prunelles démunies. Je dus m’efforcer, frissonnante, de garder un air impassible. Avec un signe sec de la main, il m’indiqua d’approcher mon oreille. Son parfum brut était tout contre ma peau.

- Il y a en contrebas des bateliers qui pourront nous faire traverser. Je vais les rejoindre, quitter au plus vite ce sol maudit. Si tu veux me suivre, tu devras garder ton capuchon baissé sur tes yeux, ne surtout pas jeter de regards un peu trop farouches. Les hommes ne sont pas habitués à ce que les femmes aient ce genre de regards. Tu te trahirais. Surtout tu te tais, tu gardes tes armes cachées sous ta cape, et tu ne parles en aucun cas. En aucun cas. A toi de voir, maintenant.
-Oui.
lâchai-je dans un souffle.

Je ne relevai même pas ce soudain tutoiement, qui n’était que la traduction orale de cette proximité insoutenable. Nous repartîmes, entamant la descente vers les berges des hauteurs empierrées sur lesquelles l’homme aux semelles de vent nous avait entraînés. Mon capuchon baissé sur mes yeux, je n’aperçus que le fragile muret de pierres prises dans la mousse qui délimitait l’enclave yarthissoise. Il me sembla, mais je n’aurais pu le jurer, que mon guide me glissa un ténu « nous y sommes ». A sa suite, je franchis la dérisoire enceinte, calmant les battements ailés de ma poitrine par une respiration profonde. Cet homme semblait ignorer la peur, ou tout autre sorte de sentiments humains ; il était semblable à ces splendides roches granitiques sur lesquelles nos chemins s’étaient entrecoupés.

Je mourrais d’envie de relever le regard, et de parcourir des yeux les lieux ; je me sentais, au sein de cet environnement inconnu, totalement démunie, privée de toute possibilité d’action, privée de tout pouvoir –et, par là, plus que jamais entre les larges mains de mon inconnu. Une forte odeur de bois brûlé flottait dans l’air, âcre, recouvrant l’odeur aigre de poisson et d’urine qui venait de toute part. Si le silence était presque total, découpant au couteau le bruit de nos pas, le lieu n’en était pas pour autant vide d’hommes. Je sentis le poids écrasant de leur regard sur ma cape brune, comme autant de bourrasques cherchant à s’y introduire ; et, alors que j’avançais, le regard fixé sur les pieds de mon guide, je pus progressivement entendre leur respiration lente, ample, si différente de la respiration des femmes, si différente de ce souffle paisible que produisaient les Sœurs durant les offices. C’était comme un concert silencieux de râles ténus et discordant –l’un, sifflant, laissait entendre des poumons pris de tabac, l’autre, au souffle léger pourtant déjà empreint des relents des lieux, laissait deviner son jeune âge. Ces corps invisibles se dévoilaient peu à peu à moi, déglutitions lourdes, craquements osseux, soupirs tendus –grincements de dent, raclements de gorge, toux douloureuses ! Une misère immense résidait là, incommensurable et nouvelle, d’une étrangeté percutante, que la vue n’aurait rendu que plus visible, plus patinée ; plus sordide.

Je ne connaissais le monde qu’à travers les peintures et les histoires, rien ne m’avait préparé à une telle rencontre, à une telle collision avec un univers nouveau, qui n’était que la réalité nue, celle contre lesquelles les mères supérieures nous mettaient en garde… une réalité qui ne valait pas celle, nous était-il dit, du monastère, libéré de la bestialité des hommes, et qui pourtant, était pleine d’une vérité ineffable. Ce que je réalisais était indicible : pour la première fois depuis l’éveil de ma conscience, depuis que ma mémoire avait entamé le livre de mon existence, j’étais seule ; seule femme entourée d’une multitude d’hommes, seule au sein du monde. Le renversement était total ; ce que j’avais considéré comme étant le monde, la Sororité, n’était qu’une pierre miroitante sertie sur une monture infiniment plus grande. Plus encore, cette monture froide et métallique, à l’éclat infiniment plus mat, loin d’avoir comme fin de soutenir ce joyau, pouvait aisément s’en passer ; ce n’était que grâce à cette monture que le joyau pouvait tant étinceler. La Sororité n’était qu’un soupir, qu’une fraction infime, qu’une parenthèse au sein de la réalité. Et cette parenthèse pour laquelle j’avais été élevée n’était à présent plus mienne –je n’étais plus une Sœur, mais une humaine, plus proche de ces hommes que de Selhinaë.

Une main se posa sur mon épaule, et un parfum à présent plus familier vint recouvrir la multitude d’odeurs nouvelles qui se présentaient à moi. Par ce simple contact, je fus rassérénée, simplement. Il prit la parole, et à travers ses mots, je décelai une aura que je ne lui connaissais pas, pleine de puissance et d’une autorité naturelle.

-Bonsoir, bateliers ! Je désire traverser le lac sur vos barges au plus vite. Je sais que vos services sont chers, mais cela ne représente pas pour moi un obstacle.

Le silence se fit, frémissant. Il y eut un raclement de gorge, et l’un des bateliers, le plus âgé probablement, prit la parole :

-Les temps sont durs étranger, et il y a bien longtemps que nous n’avons pas vu ici de voyageurs ! Partez ! Il y a bien longtemps que nous ne faisons plus traverser personne, et plus encore depuis que…

-Je sais tout cela. Et je sais aussi que vous avez plus que jamais besoin d’argent.

- Vous, vous avez raison. Nous pouvons nous arranger
, concéda le vieux marinier, dont, à la fois l’avidité était éveillée et la fierté blessée, mais nous devons nous assurer que vous avez la faveur du monastère…

-Quel cas faites-vous de ces folles impitoyables ? Que vous nous fassiez traverser ou non, elles trouveront tôt ou tard le moyen de vous faire quitter ces berges, et vous prosterner devant elles ne retardera pas cette échéance ! Où est cachée la fierté des sujets du Roi de Yarthiss ? Les Sœurs ne sont pas ici chez elles, et si, lâches que vous êtes, vous ne rêvez que de quitter ces berges que l’on vous a confié, mon argent ne pourra que vous y aider.


Un brouhaha confus, plein de rancœur s’éleva, et une voix nouvelle se fit entendre, plus jeune, ardente :

-Les Sœurs sont en colère, et des patrouilles quadrillent depuis ce matin les rives ! On dit, chez nos frères plus au Nord, qu’elles traquent une fugitive ! Et vous essayez de nous faire croire que vous faire traverser ne nous attirera aucun ennui ! Ah ! Vous ne nous connaissez pas si bien que voulez bien nous le faire croire !

-Mensonges !
ajouta un autre. Et qui est cette femme qui vous accompagne ? Une muette ? Belle coïncidence !

Une vague de peur envahit ma poitrine, et je réprimai le tremblement incontrôlé qui s’emparait de mes membres. Je ne pouvais pas retomber entre les mains des Sœurs ; la perspective de ma propre mort m’envahit plus que jamais. Sur mon épaule, la main de l’homme se serra un peu plus, et, par cette pression, mystérieusement, je sentis sans comprendre, ma respiration se contrôler.

-Vous livrer aux Sœurs peut nous rapporter bien plus d’argent que le vôtre, et leur clémence en plus! D’autant plus que votre argent est à vous tant que nous ne vous l’avons pas pris ! Qu’en pensez-vous, les g…

-Taisez-vous !
fit mon guide d’une voix sourde qui transpirait une colère terrifiante.

Il fit alors un geste, que je ne pus apercevoir, tête baissée derrière mon capuchon, et, subitement, la clameur des bateliers s’étouffa.

-Ceci est ma captive. Vous nous ferez traverser. Sans conditions.

Après quelques secondes d’un silence d’une phénoménale épaisseur, le vieux, qui était probablement le chef de l’enclave, reprit la parole d’un ton affable, derrière lequel, me sembla-t-il, se cachait une certaine angoisse. Qu’avait pu leur montrer l’inconnu pour provoquer un tel effet ? La sensation de danger qui irradiait de cet homme me reprit, et je ne pus m’empêcher de m’interroger avec inquiétude sur son identité réelle.

-Nous partirons demain matin, allez vous reposer dans ce baraquement, nous vous réveillerons.

Sans un mot de plus, l’inconnu, me dirigeant toujours par l’épaule, m’entraîna à pas rapides vers l’abri qui nous était désigné. Autour de moi s’élevait toujours la rumeur des bateliers qui reprenaient leurs activités, à travers laquelle il était évident de remarquer que leur rancœur et leur méfiance n’étaient en rien calmées. Lorsque la porte fut refermée, je pus relever mon capuchon, et fixer mon guide. Son regard était toujours aussi insondable, et je n’eus pas l’énergie de l’interroger sur le geste étrange qui lui avait permis d’entraîner la relative adhésion des mariniers. Une fatigue immense s’était brusquement abattue sur mes épaules, comme si mon corps tout entier, se sachant en un lieu sûr –ou du moins, le plus sûr que l’on pouvait trouver de ce côté-ci du lac- refusait de fournir un effort supplémentaire. Je me laissai tomber sur la paillasse sèche qui occupait un coin de l’unique pièce avec un soupir de contentement involontaire.

-Tu peux dormir, je monte la garde. Tu as agi comme je le désirais, c’est bien.

A travers mes paupières lourdes, qui, déjà, se fermaient irrépressiblement, il me sembla voir un sourire éclairer son visage si dur –et, je ne m’en rendais véritablement compte que maintenant, si beau. Je souris à mon tour, fermant délicatement les yeux, le sommeil par vague, dans un ressac roulant, m’engloutissait rapidement. Avant que je ne perdisse totalement conscience de ce qui m’entourait, il me sembla entendre, indistinctement, la voix grave de l’homme murmurer doucement les paroles d’une vieille chanson ;

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !


Après tout…

J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.


… ce n’était peut-être que déjà le début d’un rêve.






A. Rimbaud, "Le Bâteau ivre".

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