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 Sujet du message: Re: Tanasun, le village des Maudits
MessagePosté: Mar 1 Sep 2015 15:59 
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Sa lame bien en main, il s'approche lentement. Je ne comprend pas ce qu'il se passe. Tout allait bien, je commençais à avoir confiance en lui, à l'apprécier... Et le voilà qui devient agressif, dangereux.

(C'est n'importe quoi son équilibre !)

Je ne peux malheureusement rien faire, ni me débattre, ni lui parler. Maintenant devant nos chaises, il s'agenouille et regarde le visage d'Elena, encore évanouie. Je crains de comprendre et ne peux l'accepter. Pas encore, pas cette fois, non !

(Non ! Jamais je ne le laisserais faire! Il ne peut pas !)

Il approche son arme de ma bien aimée, délicatement, jusqu'à atteindre son cou. Je ne peux supporter cette vue, je ne peux voir encore une fois, la femme que j'aime, périr sous mes yeux. Elle ne mérite pas cela. Elle, si douce et gentille, si attentionnée et dévouée. Non, je ne permettrais pas ça. Non !

« NON !!! »

Mon cri retentit dans toute la petite cabane, réveillant Elena et détournant le regard du mage. Il semble étonné que je réussisse à parler, mais n'a pas tressaillit.

« Tu ne la tueras pas ! Jamais ! »

Il me toise à présent de ses petits yeux pincés et un certain dédain en ressort. Une expression que je ne lui connaissais pas. L'humaine quant à elle me regarde, apeurée. Elle ne peut communiquer et en est réduite à assister à la scène qui se déroule.

« Ta force morale est plus affirmée que je ne l'imaginais mon garçon. Tu tiens de ton père. Néanmoins, tu ne peux influencer les événements à venir. Je suis navré, mais elle doit mourir, pour l'équilibre. Pour que tu vives. Elle ne sentira rien et aura bien plus de chance que sa sœur. »

Il reporte son attention sur la jeune fille, son poignard pénètre violemment sa gorge faisant jaillir un flot de sang et tranchant l'entièreté de son artère. Prise de convulsions, son dernier regard est pour moi, pris de terreur mais également de compassion, comme pour me rassurer...

« NOOOOOON !!!!! »

Il se redresse tandis que je m’effondre, à genoux sur le parquet froid baignant dans la lumière du soleil qui vient de se lever. Mes mains contre le sol me paraissent lointaines, immatérielles. Ma vue se floute, mes oreilles sifflent et je tourne la tête en direction de mon amour. Je ne peux la sauver, la venger... Je suis impuissant, insignifiant, condamner à regarder les gens que j'aime mourir, à les pleurer sans jamais ne pouvoir les aider. Je ne suis que vermine attirant la haine, la peine. Le destin se joue de moi, se moque et m'enfonce. Mais pourquoi ?!
Qu'ai-je fait ? Qu'ont-elles fait ? Qu'est-ce qui pousse ma vie à la tragédie, à nager dans le sang écarlate, à se gorgée des larmes de ses victimes ? Y-a-t-il seulement une raison à tout ceci... ?
Phaïtos, dieu de la mort... Me veux-tu ? Est-ce toi, la raison de ce calvaire ? Azammé était un signe ? Un appel ?

Je me lève soudainement et fonce en direction du vieillard. Ce monstre gris périra de ma main, j'en fais le serment le plus pur. Je bondis sur lui, n'ayant plus d'autre objectif que la violence, la rage. Mais sa puissance est trop importante. La différence de niveau entre nous deux est telle qu'il n'a qu'à faire un geste de la main pour arrêter ma course, me bloquant dans les airs en esquissant un sourire. L'instant d'après, je m'écroule à terre, là où est ma place. A ses pieds.

« Les Ermites Du Monde Stable te remercient pour ta contribution. Je dois maintenant y aller, mais sache que nous nous reverrons mon garçon. Sois en certain. Jusque là, tâche de rester en vie. »

Mes yeux encore emplis de larmes, je lui adresse un dernier regard réunissant toute ma haine à son égard.

« Je te tuerais, je te le promets. Je te le promets... »


Mes mots s'envolent comme un murmure, prononcés plus à moi-même qu'à l'homme qui s'échappe dans un coup de vent. Rapidement, je saisis Elena et la serre contre moi, pleurant de plus belle et lui répétant à quel point je l'aime. A quel point je suis désolé. A quel point j'aurais préféré que ce soit moi. Mes lèvres embrassent sa douce chevelure plus d'une fois, mes mains la caressent, mes yeux restent clos. Jamais l'envie de mourir ne m'avait autant habitée.

Je ne sais combien de temps je reste là, adossé à l'unique table de la pièce, étreignant la femme que j'aime et ressassant sa mort. Le contact de la lame avec sa chair nue, brillant quelque peu à la lumière ambiante, qui parcoure sa jugulaire au ralenti. Le liquide bordeaux qui s'en écoule alors, se rependant tout autour et ses yeux, qui me fixent avec amour et dans un dernier soupir, me signifient leur attachement. Sa tête qui penche sur son épaule tandis que son meurtrier prépare son départ, lâchant l'arme du crime qui tombe au sol comme pour signer la fin de son œuvre, à la manière d'un peintre qui poserait son pinceau...

Des bruits m'interpellent à l'extérieur. De ceux que l'on préférerait ne pas entendre. Ceux qui ne présagent rien de bien. Mais à quoi bon... Ma vie n'avait déjà que peu de sens. Je ne vivais que pour elle, pour sa sœur, morte elle aussi...
Je n'ai aucune raison de vivre, rien qui ne me retient en ce monde. Rien qui n'en vaille la peine...

Sauf...

(Je ne peux pas mourir maintenant ! Non ! Je dois d'abord le tuer. Honorer ma promesse. Je ne mourrais pas avant ça !)


Vengeance. Ce terme résonne comme une révélation. Je me le répète, me motive. Il n'est bien entendu pas question de finir ici, après ce que je viens de vivre. J'ai fait une promesse, je dois la tenir. Je lui trancherais la gorge comme il l'a fait.
Je ne dispose malheureusement pas du temps nécessaire pour enterrer dignement Elena. Je dépose un baiser sur son front et l'allonge dans une position fœtale, avant de la recouvrir avec sa veste présente sur nos bagages.

« Je reviendrais, je te le jure. Tu auras la plus belle tombe. »



Le temps m'est compté. D'un geste leste, je me muni des anciens gantelets d'absorption de l'archère, de meilleure facture que les miens, endosse son arc pliable et son carquois, attrape le poignard qui a servit à lui ôter la vie comme souvenir de ma haine à ce moment et mon sac contenant mes quelques affaires. Le journal tombe lorsque j'enfile mon pourpoint et je prend grand soin de le glisser dans l'une de mes poches, en sûreté. Je laisse cependant derrière moi mon katana court, qui trônait d'habitude dans mon dos. La place est déjà prise et il serait encombrant autrement. Je bois également la moitié restante de mon breuvage de force. Je crains de devoir combattre et m'y prépare.

Fin prêt et ce, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me précipite au dehors. Il me faut me hâter pour quitter ce village maudit. Tanasun sera le tombeau d'Elena Narus, archère au grand cœur. Mais il sera également le cocon qui à vu naître le nouveau Rayd, démon assoiffé de vengeance. Thimoros lui-même ne saurait m'arrêter. Je braverais les enfers s'il le faut. Mais Calazadre Amtulus boira son sang et je le regarderais succomber.



(Retrait de : musc, Katana court orné et brassières en cuir de ma fiche. Les brassières d'absorption sont retirées du sac pour être équipées.)

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 Sujet du message: Re: Tanasun, le village des Maudits
MessagePosté: Mar 1 Sep 2015 16:57 
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Intervention de guilde pour Rayd


Alors que tu sors de la hutte, tu ne peux que remarquer les dizaines de choses qui rampent vers toi. Un cercle qui va bientôt se fermer... les monstres de Tanasun !

Visiblement ta vengeance devra attendre. Pour l'instant, c'est ta vie, le problème !

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
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David le nerd


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 Sujet du message: Re: Tanasun, le village des Maudits
MessagePosté: Mar 8 Sep 2015 01:40 
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Combat :

« C'est ainsi que vous me remerciez, alors même que j'essaie de vous sauver... »

Une horde... Non, un bataillon tout entier de ces monstres hideux qui habitent ce village m'encercle, certains rampant, d'autres à moitié accroupis, quelques uns debout. C'est la toute première fois que je peux les apercevoir et à leur vue, le doute s'installe. Peut-on vraiment annihiler la malédiction, après une telle transformation ?

Affreusement laids est le premier mot qui me vient à l'esprit pour les qualifier. D'aspect chétif, ils semblent avoir perdu la majeur partie de leur peau, surtout au niveau de leurs jambes qui ressemblent maintenant plus à des os recouverts d'une fine couche de cuir. Leur torse paraît avoir été épargné et leurs bras sont décharnés, laissant apparaître parfois des muscles à vifs. Un crâne trône sur ce corps meurtri, aux allures de squelette de bête sauvage. Ils ont tous en guise de mains de longues griffes de près de cinquante centimètres, acérées et meurtrières. Plusieurs d'entre eux possèdent encore quelques vestiges de leurs anciens habits, délavés, sales et déchirés.
On dirait des humains devenus ours décomposés et maintenue par une magie perverse les empêchant de sombrer dans la mort.

Il ne me faut pas longtemps pour juger la situation. Inextricable. Ils sont plusieurs dizaines s'approchant de la petite cabane où ma défunte bien aimée repose, visiblement contents d'avoir enfin la possibilité de s'approcher. Ils forment un cercle presque parfait, ne laissant qu'une petite ouverture bientôt close. Je n'ai que peu d'éléments en ma faveur. La bâtisse semble avoir été construite légèrement à l'écart du village, ne me donnant accès à aucune autre habitation. Si je tourne mon regard, je peux voir un arbre de taille moyenne, peut-être sept ou huit mètres de hauteur maximum, un peu plus loin à ma droite, vers la seule issue donnée par ces choses. Issue se trouvant visiblement dans la mauvaise direction pour ma fuite, puisqu'elle donne accès au reste du village, à l'opposé du chemin pour rejoindre Tulorim. Il me faudra cependant m'en contenter, j'aviserais par la suite mon retour vers la cité. D'autant que si beaucoup se déplacent lentement en rampant, certains risque grandement d'avoir gardés leur mobilité en restant sur leurs jambes.

Je ne pensais pas que cela serait si dur de réfléchir en cet instant. Mon esprit est encore brouillé par la mort d'Elena et pourtant, je n'ai aucune seconde à lui consacrer. Son visage baignant dans le sang ne décolle pas de mes rétines, mes larmes n'ont pas encore cessées leur travail, mais je dois malgré tout me ressaisir et agir.

Les râles de mes ennemis ne me laissent pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, me rappelant vite à la réalité, si dure puisse-t-elle être. Je m’exécute donc, fonçant dans la seule brèche apparente dans cette formation dangereuse sans tenir compte ni des dangers, ni des conséquences d'un tel acte. Alors que j'arrive au plus près de mes assaillants, ceux-ci s'agitent et resserrent rapidement les rangs, m'obligeant à bondir au dessus d'un rampant pour m'enfuir. Celui-ci ne manque pas une telle occasion et place sa longue main sur mon chemin, déchirant mes braies à quelques endroits et manquant de peu ma cuisse gauche. Je n'arrête cependant pas ma course, jusqu'à atteindre l'arbre dans lequel je me réfugie en quelques pas sur son tronc, qui me permettent d'attraper l'une de ses grosses branches les plus basses. C'est de ce point que je bande l'arc de l'archère si tôt ma position stabilisée, accroupi.

Mes doigts viennent saisir la corde, maintenant le projectile fermement tandis que mon œil se place à l'arrière de celui-ci afin de mieux juger la trajectoire. Mon souffle se calme, mon regard se fixe sur ma cible, mon cœur semble à l'arrêt. Comme à l’entraînement avec Andy jadis et de la même façon qu'Elena, je retire ma main et donne à ma flèche l'élan pour tuer. Celle-ci se fiche dans l'herbe et je dois réitérer mon geste au plus vite. La seconde se plante, non sans mal, dans le cou du monstre qui chute avec force et fracas.

Mais c'est alors que je me rend compte à quel point mon geste est vain. Bien que nombre de mes ennemis soient encore en arrière, trop lents pour me suivre, une bonne quinzaine s'active et court en ma direction. Mon carquois n'est clairement pas assez rempli, loin de là. Ma main glisse sur celui-ci, tentant de déchiffrer le nombre de flèches restantes. Six voire sept au grand maximum. Ma maîtrise de l'arc est loin d'être aussi bonne que feu mon amour et je risque de cribler plus le sol que ces créatures.
Mais si je demeure sur l'arbre, leurs compagnons risquent d'arriver en force. Et le piège sera alors complètement fermé.
A en juger par leur course, je pense atteindre une vitesse équivalente, sur une plus courte distance cependant. Je ne pourrais pas m'enfuir simplement, avec une horde derrière moi. J'ai toujours été un sprinteur, jamais quelqu'un de très endurant. Mais je devrais me contenter de mes maigres capacités aujourd'hui, sans chercher à encore une fois, me plaindre de ce que je n'ai pas.

Je dois faire un bilan de ce que j'ai et ce, en un cours instant. Car ils arrivent et n'ont pas l'intention de me laisser préparer un plan sagement. Mes vêtements, dont un foulard, une veste, des braies et des brassières. Deux saïs, un arc, un carquois et la lame qui tua Elena. C'est peu, mais je pense savoir comment je vais m'en servir.

Je quitte mon nid d'un bond et atterri avec souplesse, me précipitant vers le village. Une centaine de mètres nous sépare et je compte bien y arriver avant que ces créatures m'aient rattrapé. Les habitations de celui-ci sont relativement rapprochées et pourront me permettre de garder une certaine mobilité tout en restant hors de portée des anciens whiels.
Dès lors que j'atteins la première maisonnette, je saute et cours sur son petit mur de bois afin de me hisser sur le toit. Grâce à celui-ci, j'en rejoins un autre, puis un autre jusqu'à me retrouver vers le centre du hameau, parcouru par une rue d'une largeur proche de vingt pieds. Mes amis enragés ne tardent pas à me rejoindre et c'est ce moment que je choisi pour mettre en œuvre mon plan de fortune.

Je quitte mon pourpoint et le lance en direction d'un bâtiment en face de moi, à moitié écroulé. Je prépare alors mon saï, bien en main, fais circuler mon énergie dans tous mon bras droit et le lance violemment en direction de la veste afin qu'elle se fasse épinglée au mur encore debout.
L'effet est immédiat mais loin de mes espérances. Moins d'une dizaine des habitants maudits se dirige vers mon vêtement tandis que les autres ne m'ont pas perdu de vue. Mais j'ai vu juste. Leur intelligence est maintenant proche de celle d'animaux et ils se basent sur leur yeux pour repérer leur proie. Cela signifie qu'il est possible de se cacher ou de les leurrer.

Je dois maintenant m'écarter un maximum des viles créatures que j'ai berné, pour qu'elles m'oublient un moment, le temps de m'occuper de leurs copines. Mais l'état du village ne me laisse pas trop l'occasion de bondir de toit en toit et je vais devoir très rapidement retourner au sol si je veux poursuivre ma fuite. Mais avant cela, je veux profiter encore un peu de ma position stratégique.
Avec souplesse et agilité, je bande une nouvelle fois mon arc avec cette fois deux flèches, pour faire un maximum de dégâts dans un temps réduit. Mais je peine déjà à les maintenir correctement. J'avais pourtant vu Elena le faire, une ou deux fois. J'aurais dû retenir le geste adéquate. Mes doigts se perdent et relâche la pression avant même que j'ai eu la possibilité de viser. L'une part vers la gauche tandis que l'autre s'écrase doucement sur le sable de la petite ville. Je vais devoir travailler ça, mais pour l'heure, je dois courir. J'ai déjà bien trop perdu de temps et les créatures sont encore là, en contrebas à me pourchasser.

Je descend donc de mon perchoir et cours à travers quelques ruines comme un rat dans un labyrinthe, bloqué et mort sans même le savoir. Aucune ne me permet de grimper ni de me cacher. Je me retrouve au milieu d'un tas de gravas et de planches, alors que les plus proches arbres ne font que figure de décor au loin, que les quelques maisons encore debout sont en direction de mes assaillants et que mes seules armes sont maintenant, un saï, un poignard et quatre flèches.

« La fin est proche... Vous m'avez eu, bande de nazes. C'est dommage pour vous, j'ai dans mon sac un bouquin qui vous aurez peut-être tous sauvés... »

Je ne peux que constater mon échec, alors même que les whiels se dirigent dans ma direction sans une once d'hésitation. Ils doivent être six. Non, sept. J'ai déjà semé les autres, c'est un bon point. Voire un mauvais. Je serais déchiqueté plus lentement, avec le temps nécessaire pour bien souffrir et crier à m'en rompre les poumons.
Je serais mort sans avoir découvert le but de ma vie, de mon existence. Sans avoir pu achever la mission que Azammé m'a confié. Ni celle que l'homme à la capuche m'a donné. Ni même venger Elena... Non.
Non, il n'est pas encore temps. C'est bien trop tôt pour mourir !

(Je ne peux pas mourir sans avoir tué ce monstre, bien plus effrayant et puissant que ces bouloums sages ! Je ne peux pas abandonné ma bien aimée. Elle ne peut pas être morte en vain. Il doit en payer le prix ! Jamais !)

« Jamais ! Vous m'entendez ?! Jamais je ne me laisserais mourir avant de l'avoir tué ! »

J'ai perdu beaucoup de temps en lamentation. Mais rien n'est perdu. Fort de ma nouvelle détermination, je brandis mon arc une dernière fois. Mes flèches s'enfilent entre mes doigts et mon souffle se coupe. Cette fois, je place chaque flèche entre deux doigts différents. L'une entre l'index et le majeur, l'autre entre ce dernier et l'annulaire. Je ne sais pas si la technique est bonne, mais la puissance y est. Alors que je lâche la corde, les projectiles transpercent le vent et atterrissent aux pieds des créatures, en en faisant chuter deux dans leur course qui, surpris, s'arrêtent net. Ce n'était pas là mon intention, mais le résultat est relativement satisfaisant.

Je profite de ce coup pour jeter mon arc au sol et m'équipe de mon dernier saï. Mon bras se lève, je hume l'air un court instant et, comme à mon habitude, projette ma lame droit vers l'ennemi. Il s'agit de ma technique favorite en fait. Finalement, depuis le début, j'étais prédisposé au combat à distance.
Je choisi le plus proche de moi, afin de me faire gagner encore un peu de temps. Le temps. Ce mot revient souvent. C'est précisément ce qui m'a manqué aujourd'hui.

Si je n'étais pas resté au bord du corps sans vie de l'humaine que je chéri tant, dans le sang et les larmes... Je n'en serais pas là. Mes sentiments et ma peine ont prit le dessus, mettant ma vie en danger.
Je ne suis pas assez fort, ni physiquement, ni mentalement. Je n'ai pas pu arrêter Calazadre et je me suis mis dans une situation extrêmement dangereuse. Si je survis à cette journée... J'en fais le serment. Je deviendrais plus fort que lui. Je ferais de ce but le premier, le seul. Mon unique quête sera la puissance qui mènera à sa mort.

« Je te tuerais Calazadre !!! »

Mon visage se tord de rage lorsque je prononce ces mots, au moment même où mon arme s'enfonce dans le crâne du monstre qui s'écroule dans un nuage de poussière. Je bondis au combat, armé de mon seul poignard, bien décidé à en découdre cette fois. Je ne mourrais pas. Pas aujourd'hui.

La première créature arrive avec élan, prête à m'assener son premier coup de griffe fatal. Avec aisance et tact, je passe sur son flan gauche et plante ma lame dans sa chair tendre, proche du cœur que je rate de peu. Sa vitesse emporte cependant son corps plus loin que mon arme que je maintiens avec force, déchirant un morceau conséquent de son torse poilu. Un cri de douleur retenti et je m'étonne un instant qu'une telle chose puisse souffrir. Je les voyais plus comme des êtres proches des zombis, des entités contrôlées magiquement sans âme ni volonté propre.
Son sang jaillit lorsqu'elle s'écrase au sol et j'ai presque des remords à présent, de devoir les tuer. Après tout, si j'ai véritablement avec moi une solution au maléfice... Alors ils pourraient tous redevenir comme avant, plutôt que de devoir périr sous ma lame. Néanmoins ma vie importe bien plus que la leur actuellement et je ne peux sombrer dans des idéaux qui n'ont jamais été les miens. Ils mourront, pour que je puisse vivre.

Je n'attends pas l'arrivée des autres monstres pour partir au combat et me dirige immédiatement vers eux. Je ne suis cependant pas un guerrier, bien au contraire. Mes techniques sont rapides, vives, mais basées presque uniquement sur l'effet de surprise. Un long combat n'est absolument pas en ma faveur, encore moins en pleine journée en terrain découvert. Je dois donc tout miser sur les premiers échanges.
Ce que je fais dès que les whiels et moi arrivons à portée d'arme. Ils possèdent malgré tout un avantage certain et non négligeable. Leurs griffes mesures pas loin de cinquante centimètres, quand mon unique dague n'en fait pas bien plus de trente ou quarante. De plus, à eux trois, ils cumulent six mains pouvant agresser. Mais je peux me mouvoir bien plus rapidement et avec plus de souplesse qu'eux.

Je saisi l'impact entre eux et moi comme point de départ pour mettre à exécution ma tactique d'engagement. Une fois de plus, j'esquive les ergots acérés du premier en passant sur sa droite cette fois, plaçant mon poignard directement dans sa gorge et remontant vers sa mâchoire épaisse. Une mort rapide et sans douleur. Tout se déroule parfaitement, ou presque. Ses compagnons arrivent à notre niveau bien plus vite que mes prévisions et sur cet échange, je ne peux esquiver l'un des deux. Je choisi de lâcher mon arme, encore enfoncée dans le premier et effectue une virevolte pour me retrouver derrière celui-ci, dont je me sers comme bouclier. Mais je ne peux échapper à la sentence et tandis que les griffes du premier s'enfoncent dans le corps de son défunt partenaire jusqu'à pénétrer légèrement mon abdomen depuis peu sans protection, le second nous contourne et effectue une attaque verticale qui érafle mon bras gauche que je retire au bon moment.

Je ne peux pas vraiment dire que je suis en mauvaise posture, mais ce n'est clairement pas la meilleure. Je laisse le cadavre où il est, qui s'empresse de s'écraser à terre et me jette sur le premier, poing en avant. Je n'ai pas le choix, je dois tout donner rapidement, car les deux derniers ne vont pas tarder à arriver et il est absolument certain que je ne pourrais pas survivre à un combat se jouant en un contre quatre. J'effectue donc l'uppercut, technique visant à sonner son adversaire avec un coup de poing verticale allant du bas vers le haut et écrasant la gueule de l'adversaire avec une force inouïe. De la main gauche, j'écarte son redoutable bras et pénètre sa garde. De la droite, je frappe avec force, espérant lui écraser les dents les unes contre les autres. Mon coup le touche sévèrement et je pivote d'un geste leste sur son côté, laissant le soin à son compagnon de lui planter ses armes dans la peau.

(C'est le moment !)

Le second ayant ses griffes dans le premier, j'en profite pour reprendre ma dague sur le précédent corps et l'introduire avec puissance dans le cœur du dernier encore en lisse. J'ai gagné. Pour le moment.

Je cours achever mon premier adversaire, au cas où il lui viendrait l'idée de surmonter sa douleur et de m'attaquer et me prépare au dernier affrontement. Je reprend mon arc et saisi les deux flèches qu'il me reste.
Dix mètres. Huit. Six. Cinq. Quatre. J'attends le plus tard possible, afin d'être certain que ma cible recevra mes deux projectiles. Je ne suis pas aussi bon archer qu'Elena et je n'ai pas la possibilité de compter sur la chance cette fois. Je me dois d'assurer mon jet.
Mes doigts relâchent la corde, à nouveau. Et c'est avec joie que j’aperçois l'une des pointes se ficher dans le torse de la bête, tandis que l'autre passe non loin de ses jambes. L’entraînement améliorera ma précision, mais le coup de main est là. La puissance par contre, laisse à désirer. Car la créature fonce encore vers moi et accompagnée.
Ma jubilation me coûte le premier coup et je rate mon esquive lorsque l'un de mes adversaires me plante ses longues griffes dans mon bras gauche. Je dévie toutefois l'attaque du second avec mon brassard droit, qui me permet de protéger au moins l'un de mes membres.

La douleur m'empêche d'agir et mon hurlement risque d'attirer du monde. Le sang a à peine le temps de couler que mon assaillant réitère son agression avec son autre patte, que je vois arriver dangereusement.

Mon esprit est embrouillé, je pleure de douleur, mais je peux encore fournir un petit effort de réflexion pour ne pas périr. L'instinct de survie m'emporte dans un flot de pensées.
Sur ma gauche, un ancien humain dénué de sentiment, une flèche plantée dans le thorax, un bras enfoncé dans le mien et l'autre en l'air, prêt à mettre fin à ma misérable existence. A ma droite, un de ses camarades qui vient de se faire repousser, mais revient de plus belle. Je ne dispose que de ma main primaire pour attaquer à l'aide d'un poignard qui se situe à ma ceinture.

Je décide d'utiliser la technique que l'archère m'a apprise sur le bateau quelques jours plus tôt. Je recule légèrement, lève ma jambe et avec vigueur, l'écrase dans les côtes du monstre de droite, à peine un instant avant que le bras de son acolyte ne pénètre ma tête. Le contrecoup additionné au poids de l'énergumène qui demeure agrippé à moi nous fait chuter tous les deux contre la terre et la pierre. Je profite de ce moment pour attraper le projectile encore engouffré dans le plexus de mon adversaire, le retirer vivement et lui enfoncer dans son œil vitreux, faisant jaillir un torrent de sang sur mon visage.

« Plus qu'un... Ce sera... Bientôt... Terminé... »

Je me redresse, le souffle court, le cœur battant plus vite qu'un galop de cheval, l'esprit plus lent qu'un pas d'âne. Deux fois que celui-ci tombe et se relève pour me tuer. Ces êtres sont définitivement têtus.
Je prend ma dague entre mes doigts et ne pense plus à rien. Nul besoin de réfléchir à cet instant. Je profite de l'occasion, tandis que le monstre se hisse sur ses jambes pour lui glisser ma lame dans le cœur sans plus de procès. Il me gratifie tout de même d'un dernier cadeau, un coup de dents dans mon bras droit, afin d'y incorporer une nouvelle blessure avant de succomber. Une nouvelle fois, je gémis de douleur devant la plaie qu'il me laisse.
Mon combat se termine ici, avec la mort du dernier. J'espère seulement que les autres n'auront pas été alertés par les bruits.

Titubant quelque peu, je récupère mon arc au sol, la flèche dans la tête du whiel, celle qui jonche le sol non loin et part en direction de l'Est, afin de contourner la horde qui me tuera sans aucun doute si je retourne là-bas. Difficilement toutefois, car il ne me faut pas plus de quelques centaines de mètres pour m'écraser au sol, éreinté, meurtri, vidé. Affalé face contre terre, je retire mon foulard rouge, l'entoure autour de mon bras gauche et le noue, afin d'empêcher le sang de trop couler. Il s'agirait de ne pas mourir ici.

(Ce serait con... Non... Je ne fais qu'une petite... Pause...)




((Apprentissage de la CC AJ : Tir multiple.
Retrait de : Saï (For +4) (les deux) ainsi que de la veste blanche rembourrée (End +2) de la fiche.))

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