Ce fut son instinct qui le réveilla en sursaut, lui dictant que la bataille aurait bientôt lieu. En réalité celle-ci ne vint qu’une heure après son réveil. Les sept renégats étaient montés au pont supérieur et avaient sorti leur arme. Très peu de marins s’étaient présentés au moment de leur soulèvement, c’était compréhensible, ils n’avaient jamais dû participer à un vrai combat. Yamiyo et Lucia, se mirent rapidement en place, prenant deux adversaires chacun. Les marins, eux immobilisés deux des mutins. Trà Thù avisa le dernier, il était plutôt large d’épaule et de bonne taille. Il portait une lame large, qui semblait plutôt lourde et un plastron de cuir, lui descendant à la taille, comme seule pièce d’armure. A sa ceinture pendait un poignard.
Avant de partir à l’assaut il observa les autres combats. Les marins, avaient beau être à quatre contre un, avaient du mal à rivaliser contre leur adversaire. Ils étaient inexpérimentés et arrivaient à peine à les tenir en respect. De son côté, Ame faisait sans trop de mal face à ses opposants, bien qu’il n’arrivât pas briser leur garde. On aurait pu croire qu’il dansait tellement ses mouvements étaient souples et fluides. Pas loin de lui, Lucia faisait contraste. Elle avait troqué l’épée qu’il avait vu la veille, pour une épée plus longue qu’elle tenait à deux mains, elle l’abattait avec violence et obligeait ses ennemis à reculer pour éviter de perdre la vie. Elle ressemblait plus à une bête d’Oaxaca venus déchaîner sa haine qu’à une belle jeune femme. Trà Thù comprit qu’il avait vraiment bien fait de ne pas l’avoir réveillé au port, elle aurait sûrement mit sa menace à exécution.
Le voleur posa de nouveau son regard sur celui qui lui faisait face. Il n’avait pas bougé et attendait sûrement que le bâtard s’approchât. Le demi-elfe se demanda s’il pouvait tout simplement rester à ne rien faire, avec de la chance, son opposant patienterait. Et ainsi ce serait un autre qui se chargerait de lui. Dommage pour lui, le renégat ne semblait pas d’accord avec lui et se rapprocha, lame prête au combat.
Trà Thù décrocha sa broche et la rangea, il desserra ensuite sa cape de façon à pouvoir l’enlever d’un geste si son adversaire l’attrapait par là. Puis dégaina son poignard, décidé à tuer le plus vite cet adversaire. Il fonça sur son adversaire, qui le reçut d’un coup descendant. S’il n’avait pas réussi à arrêter sa course, il aurait perdu sa tête. Son opposant continua de se servir de sa plus longue portée pour attaquer sans laisser de chance de réplique au demi-elfe. Il était obligé de reculer continuellement, plus il reculait et plus il s’éloignait des autres combats, ainsi que d’une aide extérieure. Une idée lui vint soudainement.
Il courut vers l’arrière du bateau, où était entreposé les seaux d’eau de mer que personne n’avait pris la peine de vider. Il attrapa un seau et le jeta sur son adversaire, celui-ci se mut, perdant de vue quelque seconde le bâtard. Utilisant cet avantage, il jeta sa cape vers lui d’un geste rapide. Par réflexe, le renégat frappa, la cape retomba coupé en deux au sol. Suite à cette attaque inutile, il n’avait plus de garde. Trà Thù prit son poignard par la lame et la lança, elle frôla le visage ennemi.
Il était désormais sans arme, son adversaire eut un rictus victorieux. Le voleur fut submergé par un sentiment qu’il n’avait jamais resenti aussi puissant en lui, un mélange de peur et de détermination, il se devait de tenter le tout pour le tout. Il s’agenouilla, donnant ainsi moins de possibilité d’attaque à son opposant tout en lui laissant penser qu’il abandonnait. Alors que la lame s’abattit, il vint refermer ses avant-bras sur elle, la bloquant à quelque centimètre de son crâne. Alors que celui qui lui faisait face essayait de dégager son arme, il releva un de ses genoux, se préparant à plonger sur lui. Il attendit une traction, pour relâcher et déséquilibrer son ennemi. Ce fut à ce moment qu’il se précipita pour attrapait le poignard du traître, puis d’un mouvement rapide le coupa au niveau de la cuisse.
Le demi-elfe se releva, ne craignant plus la lame de son adversaire, qui n’était plus en état de combattre. Bientôt il mourrait de la perte de son sang, l’artère fémorale était coupé, sa vie s’en allait. Il l’acheva, mettant à terme à sa douleur. Puis fouilla le cadavre, il trouva pas mal de yus, il garda le poignard et partit récupérer le sien. Il observa sa cape qui était totalement inutilisable avant de se diriger vers ses compagnons. Lucia combattait le dernier ennemi encore debout, un seul marin avait survécu. Il se dirigea vers Yamiyo, il ne portait pas de trace de blessure, ses vêtements étaient à peine abimé.
(Dire qu’en ce battant à deux contre un et avec honneur, il s’en est tiré mieux que moi. J’espère ne jamais devoir le combattre, ce serait pure folie.)
« Alors, comment ça s’est passé de votre côté ? »
« Je n’ai pas eu trop de mal à me défaire de mes ennemis, mais les marins ont eu plus de mal. Le temps qu’on intervienne, il ne restait plus que lui en vie. »
« On dirait qu’elle a plus de difficultés que toi, vu qu’elle combat encore. »
« Oh, ne crois pas ça, c’est son troisième. En la voyant combattre comme elle fait maintenant on pourrait croire qu’elle ne fait que frapper dans tous les sens. En réalité, elle attend la moindre faille pour y enfoncer sa lame. Elle est douée. »
(Trois chacun, rien que ça. Et en plus, ils semblent à peine fatigué, ça donne l'impression d'être un gamin en face de deux trolls.)
Lucia continuait à combattre, sa lame frappait avec une rare violence celle de son adversaire, qui reculait toujours incapable de prendre le dessus. Subitement le style de combat de la jeune criminelle changea. Elle feinta une attaque latérale, qui changea au dernier instant de cible, s'enfonçant dans la jambe de sa victime. Son adversaire s'effondra, sa jambe tenait encore de peu, il recula trainant sa jambe morte aussi vite qu'il put. Envahie par la peur, il lâcha son arme. Lucia mit fin à sa douleur en enfonçant sa lame dans sa poitrine. Elle s'approcha et proposa de se débarrasser au plus vite des cadavres puis d'aller dormir.
Après avoir jeté les corps des traîtres à l’eau, ils partirent se reposer. Trà Thù n'était pas très fatigué, vu que dormir fut l'activité prédominante de la journée, mais alla quand même se coucher n'ayant pas d'autre activité à faire.
Le lendemain personne n’était de bonne humeur, les événements de la veille, les avaient tous touché. Ils restèrent chacun dans leur cabine attendant l’heure où ils seraient de retour sur terre ferme. Ils arrivèrent à Tulorim, vers la fin de journée.
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(de Miha)
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