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 Sujet du message: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 12 Mai 2009 19:38 
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Le Vaisseau-Lune était prêt à partir, quasiment écrasé par l’ombre de son voisin géant : L’éclair de Roc. Les marins elfique ne se pressent visiblement pas, et commettent les gestes quotidiens des marins dans l’ordre, la grâce et la souplesse. Pas d’ordre crié, pas de brutalité, mais une efficacité redoutable, chacun étant bien au clair sur son rôle. La capitaine regarde le musicien et l’aldryde avec un sourire paisible, bien qu’un feu intense peut se lire dans ses yeux émeraude.

« Soyez tous les deux les bienvenus ici. Je suis persuadée que vos talents nous seront utiles. Puisse votre présence sur ce navire être agréable à tous, et que tous puissent vous être agréable en retour. N’ayez aucune inquiétude, maître musicien, votre instrument n’est pas offensif, bien au contraire. Il rendra vos ennemis aussi doux que des agneaux, et il sera plus aisé de les contourner ou de les réduire au silence sans que le sang ne soit versé ou la mort répandue. C’est un instrument de paix, même contre ceux qui veulent la guerre… A ce propos, si vous nous jouiez un air pour fêter ce départ, afin que la paix s’abatte sur le cœur de ces hommes brutaux et faibles à la tentation de violence… »

Ergoth, se sentant inutile, ne met pas longtemps avant de se rendre d’un pas lourd (pour un elfe) jusqu’à la proue du navire, sur laquelle il se poste comme une figure de proue, scrutant les océans qui s’ouvrent devant le navire. Valor Fein, lui, s’écarte de tous et s’approche de la barre, alors que Aëlwinn s’en empare pour diriger le vaisseau.

Eleth, lui, regarde une dernière fois sur les quais, et aperçoit Léonid alors que le navire se met à s’éloigner un peu du quai.

« Je crois qu’un retardataire désire nous rejoindre… Montez, Sire Archevent, archer Oranien, avant que le bateau ne soit trop loin ! »

Il se poste alors près de l’ouverture où la passerelle a déjà été remontée, et Maelan le suit pour aider l’humain à se réceptionner sans mal sur le pont, même si le saut n’est pas si difficile.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 12 Mai 2009 21:28 
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De la même manière que moi, Silmeï souhaita la bienvenue à nos nouveaux compagnons de voyage. Bientôt le bateau fuirait cette pagaille engendrée par un sortilège apparemment puissant qui avait assailli le cœur de nombreux touristes et natifs pour leur inculquer une haine sans limite. J'étais heureux de quitter ce lieu perfide où le mal avait atteint son paroxysme quelques instants plus tôt, à présent je me sentais à l'abri au milieu de mes pairs. Oups ! J'allais oublier l'aldryde qui se trouvait sur mon épaule et qui bien entendu n'avait strictement rien à voir avec le physique des elfes. Cette petite créature n'était peut-être pas très grande, mais, elle avait acquis toute la grâce et la douceur des êtres aux longues oreilles... Une question vint à mon esprit : avait-il déjà rencontré des elfes bleus dans le passé ? Notre communauté était restreinte depuis de nombreuses années, il aurait été surprenant qu'il ait fait la connaissance d'un groupe isolé d'humanoïdes bleutés...

(Sans peur et sans reproche ! Nous partons pour l'aventure !)

En effet, les marins commençaient à préparer le navire pour le départ, dans quelques minutes nous allions enfin prendre le large ! Cependant, les elfes ne semblaient pas se presser, la rapidité n'avait pas l'air d'être leur fort ou bien une idée avait germé dans leurs esprits. Peut-être qu'ils plaçaient trop d'espoir dans leur bateau filiforme et aérodynamique, croyant sans doute que cela leur permettrait de rattraper leur retard... Je n'aurais peut-être pas eu la même façon de penser, la prudence est mère de sûreté et prendre un peu d'avance ne faisait de mal à personne... Bref ! Cela n'était pas non plus terrible, je devais leur faire confiance et me rendre à l'évidence que je ne pouvais faire avancer les choses en claquant des doigts ! Néanmoins, le pire apparaissait dans leur manière de régler les dernières modalités ; ils réalisaient leurs tâches sans bruit, dans un silence déconcertant, opprimant, claquant... J'avais l'impression de me prendre une sacré gifle dans le visage, je ne supportais pas de vivre dans un monde où les sons disparaissaient en un clin d'œil pour laisser place à un espace vide et terne. Mais, où était la chaleur des sonorités ? Où avaient-ils laissé leur harmonie ?

(J'espère que ce silence ne se prolongera pas éternellement !)

Toutefois, la capitaine souriante s'adressa à nous pour nous rassurer Silmeï et moi dans nos craintes et nos doutes. Je fus soulagé par l'explication de l'elfe aux cheveux bicolores qui me fit plaisir en me disant que le sortilège n'était point offensif et ne servait qu'à apaiser les âmes tourmentées de mes éventuels assaillants. Puis, elle me demanda de jouer un air entraînant pour changer le mental des personnes qui nous entouraient. Cela me fit réellement plaisir ! Enfin quelqu'un comprenait ce que je ressentais en utilisant ma flûte traversière, cette capitaine allait me plaire ! Personne ne m'avait réellement donné l'occasion de m'exprimer à l'aide des sons et de l'harmonie que j'arrivais à créer avec si peu de moyen ! Mais, à présent j'avais carte blanche, je pouvais jouir du plaisir fondamental qui constituait mon être :
«Ça serait avec plaisir, j'ai même une petite idée de ce que je vais jouer. Par contre, il y a un certain temps que je n'ai pratiqué ce morceau, c'est pourquoi j'aimerais m'excuser par avance pour mes débuts difficiles qui devraient certainement se produire.»

Prenant ma flûte enchantée, je réfléchis un instant aux accords oubliés dans le but de combler les trous qui pourraient éventuellement apparaître. Cependant, une fois la première note jouée, les autres s'enchaînèrent sans réel problème, tout était fluide, souple, suave et pourtant une touche d'humour vibrait dans les sons que je matérialisais. Évidemment, quelques petits ratés survinrent au début du morceau, plus dus à l'angoisse de créer une véritable cacophonie imbuvable qu'à un oubli impromptu des notes. Tout semblait si merveilleux, le temps était suspendu à l'air qui sortait avec force de l'instrument de bois. Mes pensées voyageaient, se déplaçaient à des années lumières, avançant, flottant, traversant les cieux pour se diriger vers un univers tout autre. Je me sentais bercé par ma mélodie, j'avais retrouvé mon monde perdu dans une déflagration de douceur effervescente et évanescente.

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 13 Mai 2009 04:12 
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<-- Chapitre 1 : Le Port en pagaille...

Héééééé ! Mais c’est qu’ils ne m’écouteraient même pas les bougres : alors que j’ai fait tout ce chemin au péril de ma santé mentale, les voilà qui semblent me dédaigner superbement alors que le blanc vaisseau commence déjà à se mouvoir, se préparant à filer vers d’autres horizons en laissant sur le lieu de leur départ une sacrée pile de cadavres et un Ynorien à moitié tremblant de peur, de répulsion et de nervosité, ça ne se fait pas ça ! Alors qu’on dit que les elfes sont des parangons d’élégance, de raffinement et de bonnes manières, voilà que cette compagnie ne me prête pas plus d’attention que si j’étais un bonimenteur venu leur clamer aux oreilles des offres stupides et sans intérêt ! Ah non là vraiment, si les choses prennent une tournure pareille, ça ne va pas, et je me précipiterais bien à l’abordage sans plus de cérémonies avant qu’il ne soit trop tard si je craignais pas de me retrouver aussitôt cerné par l’équipage la lame au clair qui se montrerait sans doute fort empressé d’envoyer ce drôle d’oiseau à la mer pour lui montrer ce qu’il en coûte de faire intrusion là où il n’est pas le bienvenu. Mais pourtant, il va bien falloir que je n’y aille pas par quatre chemins si je ne veux pas voir ce mince filin d’espoir m’échapper des mains, ce qui conclurait immanquablement ma quête à peine entamée par un ratage retentissant… à moins que je ne me découvre tout à coup des capacités de nageur qui pourraient défier celles d’un saumon en pleine forme, bien que je croie qu’il est plus sage de ne pas trop compter sur une option pareille sous peine de servir à long terme de nourriture aux habitants de la mer après m’être joyeusement empêtré dans les eaux vaseuses du port jusqu’à un épuisement qui ne pourrait tarder à venir étant donné le poids que je trimbale sur les épaules.

Mais soudain, alors que je suis en phase de me retrouver Gros Jean comme devant, ô heureux coup de la fortune qui me permet de me rattraper aux branches d’une occasion dont la perspective commençait déjà à s’estomper irrémédiablement, voici que me hèle un elfe dont le physique ainsi que l’habillement pourraient, toutes proportions gardées, faire penser à moi si ce n’était l’air d’assurance et d’expérience qui se dépeint sur son visage et qui contraste assez significativement avec mes traits encore jeunes et mes gestes rendus hésitants par la panique qui menace toujours de très près de m’envahir. Par Rana, voilà un entretien d’embauche mené avec une célérité peu commune mais qui n’est aucunement pour me déplaire étant données les circonstances, et une invitation qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd ! Évidemment, l’accès ne va pas se faire par la grande porte, et il va falloir que je me montre un tant soit peu athlétique si je ne veux pas couler à pic en me ridiculisant en prime, mais un bond d’une aussi faible ampleur n’a pas de quoi effrayer un archer Oranien dûment entraîné à se servir convenablement de son corps comme moi, et on va dire qu’il s’agit là d’un petit test de routine ainsi que d’une mise en bouche pour les péripéties à venir !
Enfin bon, même si je fais le malin, je suis loin d’en mener large avec ce que j'ai tout juste terminé de traverser, blême comme un des morts que je viens de croiser, et je ne suis que d’autant plus pressé de me jeter certes pas à corps perdu mais en tout cas sans tarder littéralement dans les bras de mon interlocuteur qui s’est mis en position de manière à me réceptionner. Encouragé par cette attention, je prends en vitesse quelques pas d’élan avant de me projeter en avant, tâchant de ne pas penser à l’éventualité d’un faux-pas qui me projetterait tête la première dans la merde portuaire : une enjambée puis deux pour me mener jusqu’en bordure du quai, et c’est le saut proprement dit qui me fait franchir la distance qui sépare la terre macabre du bateau immaculé. Les cabrioles diverses que me faisait exécuter sans répit Aïl’ pour mes entraînements et pour le plus grand déplaisir de mes os s’avèrent payantes puisqu’elles ont cultivé en moi une agilité appréciable qui me permet de me réceptionner sans me vautrer sur le pont comme un balbuzard mourant. Évidemment, pour autant, le changement de terrain n’en est pas moins fort déstabilisant, mais heureusement, un second protagoniste a tôt fait de venir me porter un bras secoureur en s’emparant du mien en une étreinte solide que je lui rends automatiquement afin de me remettre un tant soit peu sur pieds, un peu calmé à l’idée que je n’ai maintenant plus qu’à me laisser porter sur les flots, mais toujours vacillant.

« Merci. » Articulé-je dans un souffle à l’adresse de mon bienfaiteur avant de littéralement m’écrouler contre le bastingage pour reprendre mon souffle et me donner un peu de répit le temps que mes membres arrêtent de trembloter.

Je n’ose pas porter mon regard en arrière ne serait-ce que pour une seconde, mais il me suffit de repenser à ce que je viens d’expérimenter pour que la tête me tourne, aussi je m’empresse de lui faire prendre un peu l’air en défaisant machinalement les attaches de mon kabuto par quelques mouvements habiles de la main droite avant de le retirer. C’est à ce moment là que je m’aperçois que mon membre gauche est toujours crispé sur le poignet de l’elfe au regard d’un bleu perçant, aussi je relâche précipitamment et sans tarder une prise aussi peu civile en balbutiant confusément :

« Excusez moi ! Ce-c’est… nerveux. »

Trop effaré pour me montrer plus embarrassé que cela, je baisse légèrement la tête, les yeux exorbités, et passe une paume moite sur mon visage pour en essuyer la transpiration issue de tant de tension, mais aussi pour tenter de me rappeler davantage à la réalité immédiate des choses et chasser ces visions d’horreur que ma mémoire pas joliment frappée rappelle à ma vue en des souvenirs aussi brefs qu’hideux qui m’arrachent des frissons incontrôlables. Pas loin de moi, je peux entendre qu’un de mes récents collègues a entamé une mélodie à la flûte, mais bien que ce soit une très jolie musique, aux accents guillerets, fluets et entraînants, je n’ai pas envie de lui prêter oreille et encore moins de danser dessus : en temps normal, il aurait été un plaisir pour moi de faire honneur à une représentation d’une telle maestria, mais en cet instant, j’ai davantage envie d’arracher au joueur son instrument de manière à l’engueuler vertement pour son manque d’attention envers tous ceux qui viennent de rejoindre Phaïtos sous ses propres yeux. Des gens sont morts, bon sang, et plutôt que de pousser la chansonnette, il serait davantage le moment d’observer une minute de silence en mémoire d’une telle hécatombe ! Je ne comprends pas comment on peut être aussi peu respectueux de la vie, et si je ne connaissais pas les elfes un tantinet mieux que ça, je pourrais croire qu’ils ne font que peu de cas de l’existence humaine, la traitant avec un profond dédain qui friserait l’indifférence.
Mais de toute façon, dans l’état actuel des choses, je ne suis pas capable de faire quoi que ce soit à part mon mieux pour garder mon équilibre sur le vaisseau qui tangue alors que je reprends lentement mes esprits en respirant profondément d’une manière qui se fait progressivement moins saccadée, jusqu’à ce que j’aie pu réunir assez de maîtrise pour exécuter le signe de la Déesse des Vents et prononcer d’une voix toujours hésitante :

« Sainte Rana mais… qu’est-ce qui s’est passé ?! »

Relevant la tête, c’est d’un regard atterré que je fixe ceux qui seront mes compagnons de route, attendant leur réponse tout en continuant de faire mon possible pour récupérer une activité cardiaque et respiratoire à peu près normales. Décidément, c’est une vraie épreuve du feu que je viens de passer, et si un aventurier doit affronter de pareils spectacles au quotidien, je comprends que certains en deviennent fous ou insensibles, voire les deux ! En tout cas, si la chasse au trésor continue avec des évènements du même acabit, je n’ai pas fini d’avoir de quoi perdre mes moyens, et elle ne risque pas d’être de tout repos !

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 14 Mai 2009 20:49 
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Sous le regard étincelant de notre capitaine, je ne peux m'empêcher de gigoter. Cette intensité dans sa présence m'intimide tout bonnement, et c'est presque recroquevillé que j'écoute ses voeux de bienvenue sur le Vaisseau-Lune. Cette dernière propose à Dôraliës de jouer un petit air de musique avec son bout de bois enchanté, qui semble estampillé de l'appellation barbare "flûte". L'elfe bleu paraît lui aussi dans ses petits souliers face à un tel public, regroupant à la fois grâce, beauté, prestance et puissance. Ca fait beaucoup. Après s'être excusé trois fois de l'horreur qu'il allait certainement jouer, une mélodie magnifique vient folâtrer dans mes oreilles, me chatouiller les tympans, me caresser l'ouïe. Somme toute, une vraie cacophonie discordante. Je lui en toucherai deux mots, il faut absolument qu'il améliore son niveau. Non mais.

Cependant gêné par les balancements de Dôraliës au rythme de sa mélodie, et la proximité douloureuse des notes qui fusent dans toutes les directions, je décide d'ouvrir doucement mes ailes, et d'aller voleter ailleurs pendant la représentation. Je ne suis pas le seul à m'activer, d'ailleurs. La montagne de muscles part se statufier à la proue du bateau, tel un gardien implacable veillant sur l'horizon. Madame le capitaine vient placer sa chevelure pourpre derrière la barre, où le vent semble animer d'une vie farouche ses mèches folles et rutilantes. La Galoche s'isole. Tant mieux, je ne veux pas le croiser. Puis la Rapière, toujours le plus prompt à la sympathie, accompagné de Maelan, se rapproche du bastingage, afin d'aider à monter un passager retardataire.

Curieux, je m'en approche à mon tour, pour détailler notre nouveau compagnon. Sur le quai, je vois un autre géant, mais pas elfique celui-là (bien trop rustre), courir à pas légers, prenant de la vitesse. Puis, manquant de peu une mare de sang noirâtre, il prend son envol d'un bond impressionnant, et se réceptionne sur le navire, malheureusement légèrement moins gracieusement. Au premier regard, alors qu'il est encore vouté et agrippé au bras d'un des elfes, il me paraît étrangement jeune. Et pâle. Tournant brièvement le regard, des scènes éteintes de dévastation me sautent aux yeux et font protester mon estomac. Voilà qui pourrait expliquer son teint hâve. L'humain est d'une grande taille (encore plus géant pour moi, donc.), arrive à peu près au niveau des elfes. Il se trouve être d'une sveltesse ferme, une fois redressé, et les courbes de son corps respirent l'énergie. Assurément, je n'ai pas affaire là à un gringalet. D'un visage fin, lui aussi, et avenant, il possède cependant un regard profond qui démentit son premier abord inexpérimenté. Je suppose que ses vêtements extravagants et son casque bizarroïde participent à l'effet général. Bon d'accord, j'ai une bogue de marron en guise de bouclier. Bon d'accord, j'ai des feuilles accrochées à ma tunique. Bref.

(Encore quelqu'un capable de nous écraser d'une pichenette...)
(Le monde est cruel, Sil'...)
(Ca, tu l'as dit.)

Toujours sous l'agréable fond musical dû à la maîtrise de Dôraliës, le petit nouveau semble réellement sous le choc. Il a lâché l'elfe, rien de plus. Je dois avouer qu'étant aveuglé par la rage mystérieuse provoquée par le barrissement inconnu, je ne me suis pas réellement rendu compte de l'horreur de ce qui se déroulait sur le port, grand bien me fasse. De toutes façons, après l'attaque sanglante des monstres griffus et crochus, et le massacre des Aldrydes (ah ah!), j'ai vu mon content de scènes macabres.
Sous le regard soucieux de nos compères elfes, le jeune humain finit par se redresser, et balbutie une question hagarde.

« Sainte Rana mais… qu’est-ce qui s’est passé ?! »

La mort, petit. Un géant dans ton genre a filé un coup de pied démoniaque dans la fourmilière qu'était le port. Et les cadavres sont allés joncher le pavé. Déchiquetés, perforés, écrabouillés, vidés de leur sang, tous dans des postures plus grotesques les unes que les autres. Comme s'ils participaient à un concours de grimaces post-mortem. Et tant pis pour les décapités.

Je décide d'ignorer le caractère rhétorique de la question, et vient me placer près de lui, pour lui souffler d'une voix emprunte d'émotions:

" Inutile de mettre des mots sur de tels évènements. "

Papy Silmeï a parlé, le jeunot. Incline-toi devant sa sagesse.
(Ben voyons...)

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Dernière édition par Silmeï le Mar 19 Mai 2009 21:16, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 15 Mai 2009 17:55 
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À l’intervention de l’humain, c’est la capitaine qui répond, d’un air sombre, négligeant les paroles de l’aldryde.

« Une puissante magie était à l’œuvre ici, et nous ne devons qu’à la chance le fait de n’avoir pas succombé à cette frénésie irréelle… Il faudra désormais rester sur nos gardes… »

Comme pour surenchérir, Eleth poursuit sur un ton apaisant :

« Nous ne pouvons rien faire pour ce qui s’est passé. Cette aventure est plus qu’une simple chasse au trésor, et nous en avons eu la confirmation sur le port. Le sang coulera encore, nous devons juste espérer que ça ne soit pas le nôtre, mais celui des responsables de ce carnage. Un disciple du mal a les yeux tournés vers nous, et il ne faudra pas l’ignorer… Je gage que la flute enchantée de Sire Dôralies sera tout aussi utile que ma rapière, sous peu… »

Maelan, lui, hoche silencieusement la tête, visiblement troublé par ce qui s’est passé sur les quais…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Ven 15 Mai 2009 18:34 
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La musique vibrait, résonnait, comme une fine pluie elle s'abattait sur mes sens et les exacerbait pour les aviver d'une manière encore jamais égalée. Cette nouvelle vie était jouissive tout comme l'aurait été un bon repas aux notes douces et aigrelettes. Mais que faire pour résister à la tentation de se laisser aller à l'oisiveté ? Je ne pouvais quand même pas m'attarder sur ce morceau aux tons merveilleux et emplis de sensibilité, la vie continuait autour de moi et peut-être que l'équipage allait avoir besoin de mon aide pour faire avancer ce navire... Pourtant, le vice m'enlaçait inexorablement, me poussant dans un désert de paresse où une chaleur dépourvue de toute considération me brûlait une chair interne qui abhorrait se révéler aux autres. Vivant sur un nuage que je produisais à l'aide d'un simple bout de bois troué, je me décidais enfin à atterrir et à retrouver la raison dissipée dans le péché...

(Pourvu que cela ne se reproduise pas souvent, je ne devrais pas autant me laisser aller aux jolis sons... Bref !)

Santias vagabondait entre mes jambes, caressant mes membres de ses poils doucereux et moelleux. Sa chaleur corporelle me réconfortait, j'étais heureux d'être en compagnie d'un ami contrairement à la plupart des aventuriers qui devaient se retrouver bien seuls dans cette aventure dangereuse. Au moins, lui était à mes côtés. En outre, je me rendis compte qu'il était déroutant de considérer un animal comme un être pensant, capable de libérer ses passions et ses émotions. Peut-être qu'aux yeux du monde, j'étais dépourvu de toute intelligence et possédé par un égoïsme hors pair. Comment un être préférait-il jouir de la présence d'un animal plutôt que de celle d'une créature aux capacités cérébrales développées ? Mystère ! Mais, le lien qui m'unissait à Santias était fusionnel, rempli de toute une histoire propre à nos deux personnes et reliait nos cœurs comme si nous étions deux âmes jumelles... Je l'aimais ! Oui, c'était cela, je l'aimais... Ma vie était suspendue à la sienne, s'il lui arrivait quelque chose, je ne réussirais certainement pas à dépasser cet événement.

(Oh ! Mais on a de la visite !)

Absorbé par ma musique et mes sentiments, je ne m'étais pas rendu compte de l'arrivée d'un nouvel aventurier... Ridicule ! C'était un humain... Comment la capitaine avait pu accepter cet étranger à notre espèce ? Il ne possédait rien de «différent», il ressemblait à tous ces hommes et femmes qui marchaient dans les rues, pressés de vivre sans se soucier des conséquences de leurs actes... Celui-ci était plutôt maigrichon, peut-être qu'une maladie en était la coupable ? Enfin ! Tout ce que j'espérais c'était de ne pas me retrouver avec un virus incurable qui m'aurait envoyé dans le palais de Phaïtos en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire... En plus de son corps chétif, il semblait être une petite nature, tremblotant comme une feuille... Que dire ? C'était vraiment un humain ! Où étaient les longues oreilles qui caractérisaient si bien les elfes ? Comment les Dieux avaient-ils pu se méprendre en façonnant leur physique... Ils étaient si différents ! Cependant, mes pensées se stoppèrent rapidement car j'étais en train de réfléchir comme l'auraient fait ceux qui aimaient se moquer de ma couleur peu commune. Je savais la douleur que cela pouvait produire, je ne pouvais me résoudre à devenir aussi machiavélique... Non, je l'observerais simplement et réfléchirais à son éventuelle existence. Par contre, Silmeï sembla attiré par cette créature bipède qui avait fait son apparition sur le port transformé en mer de sang. L'Aldryde voulait certainement se présenter au nouvel arrivant... Que faire ? Lui adresser la parole ?

(Pourquoi irai-je ? Avec un peu de chance je gagnerai quelque chose !)

Mais, ce fut la Capitaine qui répondit en premier à la question de l'aventurier, son ton n'avait rien de joyeux. En effet, elle ne pouvait nier l'évidence, tous ces morts qui jonchaient le sol ne reflétaient pas la bonne humeur qui avait régné sur les quais quelques instants auparavant. Puis, ce fut Eleth qui enchaina, expliquant brièvement que le mal rôdait autour de nous et que l'on aurait certainement l'occasion de se frotter à lui lors de notre aventure... Cela n'avait rien de rassurant, j'espérais simplement ne pas tomber dans les griffes d'une créature bizarre sous peu ! Bon, je devais me décider à dire quelque chose moi aussi, sinon, je ne réussirai jamais à créer des liens dans cette aventure...
«Et encore ! Je crois bien que les pires sensations que nous ayons ressenti sont la haine et les envies de meurtre qui se sont récemment acharnées sur nous... J'espère ne jamais revivre ça, mon sang en est encore glacé...» un frisson me parcourut tout le corps qui se tordit sous l'action de ce mécanisme interne.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 17 Mai 2009 03:34 
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Alors que je suis principalement concentré à essayer d’empêcher mon cœur de jaillir hors de ma poitrine et mes yeux de mes orbites, n’accordant aux autres membres de l’équipage dont je fais partie depuis quelques secondes qu’une semi-attention qui ne leur rend sans doute pas justice, une voix faible au timbre juvénile ma parvient aux oreilles, et je ne peux m’empêcher de sursauter car elle ne semble venir d’aucune des personnes qui m’entourent : l’expérience que je viens de subir m’aurait-elle à ce point traumatisé que j’en serais ressorti atteint de quelque trouble dont les vapeurs me gâteraient le cerveau et me feraient entendre des voix ? Il ne manquerait plus que, pour comble d’une telle folie hallucinatoire, celles-ci me murmurent qu’il faut bouter les elfes hors du bateau et la coupe serait pleine ! Fort heureusement, un rapide examen visuel de mon entourage suffit pour me dispenser du pénible effort d’avoir à envisager un séjour à l’asile lorsque je me rends comptes que c’est bel et bien un être de chair et de sang qui vient de faire résonner ces paroles à mon oreille et non une partie défaillante de mon ciboulot. Enfin… « de chair et de sang », c’est vite dit, car si l’humanoïde volant qui lévite à la force de ses ailes juste sous mon nez est doté d’une physionomie humaine, sa petite taille et les ailes dont il est doté ainsi que son teint anormalement pâle peuvent facilement faire penser que son corps n'obéit pas aux mêmes règles de composition que le mien. D’ailleurs, avec son visage mignon et avenant qui ne fait que renforcer la joliesse qui se dégage de son corps, qui sait s’il ne s’agit pas tout de même là d’une émanation issue d’un dérèglement mental, ou d’une apparition aux abords inoffensifs mais qui, tout comme un feu follet, n’aurait pour but que de flatter mon imprudence pour me guider trompeusement jusqu’aux plus sordides écarts de conduite ? Ces ailes duveteuses qu’il arbore seraient-elles les ailes du désir ; d’un désir perverti dont le germe pourrait croître dans le terreau fertile de mon effroi encore bien tenace ?

Héla, qu’est-ce que je m’en vais dire à partir dans des élucubrations pareilles ? Ce que j’ai en face de moi peut plutôt difficilement passer pour autre chose qu’une créature certes peu commune, mais qui n’est vraisemblablement pas moins matérielle que moi, sinon elle ne serait pas vêtue comme elle l’est (bien qu’elle le soit d’une manière sylvestre assez originale), et ne porterait pas un sac : a-t-on déjà vu dire quelque part que les esprits prennent des affaires pour leurs voyages ? Pas à ma connaissance, alors au lieu de laisser mes idées s’égarer vers de peu prudentes fantasmagories, je ferais mieux de me reprendre en un digne Oranien que je me dois d’être au lieu de jouer à la midinette éplorée devant des gens qui pourraient avoir de mon comportement chouineur une bien peu favorable première impression, à commencer par ce petit personnage féerique qui, à en juger par sa mine solennelle et ses propos emprunts d’amertume qui contrastent étrangement avec sa bouille enfantine, est un des premiers à comprendre l’ampleur de l’horreur.
En revanche, même si tout cela est bien beau et me rassure sur la moralité de mes équipiers (ou en tout cas de certains d’entre eux), ça ne m’aide pas beaucoup pour savoir exactement ce qui a bien pu se passer pour qu’une horde de citoyens se retrouve à l’état de cadavres, lacune que vient heureusement combler la seule présence féminine à bord, une elfe aux abords de magicienne arborant un air des plus grave, d’âge apparemment mûr, ce qui n’est pas peu dire si l’on prend en compte l’espérance de vie des membres d’une race aussi séculaire ! Les paroles de la dame se révèlent moins obtuses que celle de mon précédent interlocuteur, et m’éclairent un peu plus sur l’origine d’un tel meurtre de masse : comme j’en avais déjà le soupçon, c’est une espèce de puissant sortilège qui a causé un pareil déferlement de carnage, ayant à ce qu’il semble instillé une puissante pulsion de meurtre dans l’esprit de ces pauvres gens si l’on se fie au musicien à l’épiderme bleuté qui vient renchérir sur les propos de la lanceuse de sorts.

Tout cela est éminemment préoccupant, et bien que pouvoir entendre quelques mots cohérents au lieu d’un silence de mort soit bienfaisant pour me remettre un peu d’aplomb, je n’en ai pas moins de quoi ruminer un sombre mélange de chagrin, de désespoir et de rage impuissante à l’égard d’un maléfice aussi puissant qui me donne l’impression de planer au-dessus de nos têtes comme un nuage lourd de noirs présages duquel la queue du scorpion de Thimoros pointerait, prête à nous piquer de son venin mortel pour nous faire tomber dans les affres de délires morbides dès que nous relâcherions notre garde.
Or, voici que celui qui m’avait précédemment enjoint de rejoindre le reste du groupe prend à son tour la parole, nous gratifiant d’une harangue nous encourageant à ne pas nous laisser dominer par les évènements tout récents mais à ne nous préparer que d’autant mieux à faire face à ceux d’une même nature qui pourraient bien survenir à l’avenir. Ce qu’il dit n’est pas foncièrement rassurant, mais force m’est de reconnaître que le diable a bien raison : une menace est présente, et ce n’est qu’en gardant la tête sur les épaules et le cœur vaillant que nous pourrons y faire dûment face ! Je dois moi-même me gonfler l’âme de hardiesse tout comme le vent gonfle les voiles de ce fier navire immaculé pour que nous puissions progresser sans traîner, et rien qu’à me motiver à suivre pareille résolution, je m’en sens déjà plus assuré : on aurait pu penser que je m’écroulerais ; on aurait pu penser que je tomberais à terre pour mourir… oh non, pas moi ! Je suis un Archevent, et si je veux faire honneur au nom de cette digne famille sans entorses aux enseignements que m’a inculqués mon père, je dois faire vaillamment face au danger plutôt que de me recroqueviller en tremblotant dans l’ombre ! Je ne dis pas que ce sera facile ni que, dans le cas présent, je me sens soudain un foudre de guerre rien qu’en le voulant, mais je suis en tout cas capable de faire retrouver à mon regard de son allant et de sa détermination, et d’amenuiser les inconvenants frissons dont mes membres se sont vus saisis.

Ainsi, je réponds au discours du bretteur avoué par un hochement de tête un peu raide mais néanmoins ferme avant de lui donner la réplique d’une voix déjà plus contrôlée :

« Vous avez raison. Il nous faut rester vigilants et avertis devant les épreuves à venir. Moi-même, Léonid Archevent, vous promets que ni mon arc ni ma lame ne resteront oisifs si le besoin d’en user se fait ressentir. »

Ce disant, je ramène mon casque sur mon crâne, à sa place originelle, et mets mon poing droit au niveau de mon cœur, ma main gauche fermement accrochée au bastingage, et m’incline avec déférence face au reste de la troupe à la majorité elfique plutôt intimidante que nous formons, pas trop profondément non plus, de manière à ne pas perdre mon équilibre sous le coup d’un sursaut soudain du vaisseau blanc pour aller percuter le pont comme un nourrisson aux jambes de coton. Puis, en me redressant, je poursuis avec un sérieux qui n’exclut pas une amabilité obligée :

« Et vous ? Puis-je savoir qui sont mes compagnons de route et l’art dans lequel ils excellent ? »

Question peut-être un peu étrange à poser, mais comme l’a fait remarquer le gaillard à la rapière, l’affrontement aura de fortes chances d’être au rendez-vous, et lorsqu’il pointera le bout de son nez, mieux vaudra alors que nous puissions savoir à quoi nous en tenir quant aux aptitudes et aux spécialités de nos alliés afin d’être capable de nous organiser au mieux le moment venu… et puis tout de même, il est plus agréable de cheminer en compagnie de gens dont on connaît à tout moins l’identité qu’avec de parfaits inconnus.

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Dim 17 Mai 2009 17:19 
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Les sombres paroles, échangées tour à tour par la capitaine, le nouveau nommé Léonid Archevent, Dôraliës et La Rapière, résonnent comme des présages glauques sur le pont du bateau immaculé. En effet, c'est comme si nous prenions tous conscience en même temps des périls qui nous attendent, comme si le carnage du Port accédait enfin à notre compréhension des évènements, pour nous inquiéter plus encore... Pour ma part, une bouffée d'anxiété me fait frissonner de la tête aux pieds, et je perds un millième de seconde le contrôle de mes ailes, ce qui ne manque pas de faire bondir brièvement mon coeur. Je décide de me montrer prudent, et d'aller me poser sur la large rambarde de bois scintillant, histoire de ne pas risquer une mauvaise chute. Mes ailes douloureuses se replient avec soulagement sur mon dos meurtri, tandis que je m'assieds en tailleur sur le bastingage. Nécessité inconditionnelle si je tiens à ne pas basculer à la flotte.

Le port transformé en abattoir avait tôt fait de chasser toutes traces d'enthousiasme qu'un départ pour une palpitante aventure aurait pu provoquer. Je suis en train de voguer sur un navire magnifique en direction inconnue pour retrouver un trésor inconnu dans des conditions inconnues, où mes chances de survie sont tout aussi inconnues. Ah, j'aime les situations claires. Avec nostalgie, je repense à la cabane en bois de cette chère Kiana, où les journées se déroulent de façon intemporelle, dans la joie... Cela ne fait que quelques jours que je l'ai quittée, et pourtant elle me manque cruellement. Elle restera à jamais celle qui m'aura tiré la tête hors de l'eau. Ma sauveuse.
Mais revenons à nos pontons. Mine de rien, je suis quand même dans une sacrée panade: même si je suis apparemment entouré de gens tous plus compétents et puissants les uns que les autres -mon regard se coule discrètement vers la montagne de muscles immobile-, il n'en reste pas moins que mes vingts centimètres et mes compétences magiques limitées ont été lâchés dans une nature hostile et humide. Et si jamais un maléfice frappait l'équipage, qui le rendrait fou à lier, et le retournerait contre moi, pauvre petite chose trop belle et précieuse pour être violentée?! Je prends la sage décision de potasser mes nouveaux sorts dès que possible, histoire d'ajouter des atouts de mon côté. De plus, ma taille peut se révéler être un avantage: qui se méfierait d'un sac d'os pas plus grand qu'un bouloum (soit dit en passant, j'ignore toujours ce qu'est un bouloum.). Si je veux survivre dans cette aventure, il va falloir que je joue sur ce paradoxe. Si petit, et si puissant. Mouhaha, ils verront. Et elles aussi.
Aurore, restée à l'écoute elle aussi, me propose:

(Tu voudras un coup de main pour apprendre tes sorts? Je te ferai la lecture.)
(Je t'en remercie à l'avance chère Faera... Nous sommes petits et puissants!)
(Petits et puissants!)
Ca, c'est du cri de guerre à faire pâlir tous les Ergoths de la terre réunis. Et toc. Je reprends mon sérieux pour lui demander:
(Tu penses qu'on peut leur faire confiance?)
(Je ne sais pas. Les elfes ont bonne réputation, mais ils ont aussi habiles à protéger qu'à tuer.)
(Génial. Et donc?)
(Eh bien, je dirai que l'union fait la force. Ces alliés puissants ne seront pas de trop, j'en ai bien peur...)

Ma position légèrement excentrée me permet d'observer mes compagnons, qui ruminent tous les paroles précédemment prononcées. Avec un brin d'amusement, je vois le jeune humain s'incliner face à la foule des elfes. Ni trop, ni pas assez. En voilà un qui veut ménager son auditoire et son égo à la fois... Cette habitude des géants de s'incliner pour montrer son respect (j'ai pu apprendre cette coutume étrange à force d'en voir partout.) me fera toujours pouffer de rire, pour moi qui suis obligé de lever la tête à m'en faire péter les cervicales pour apercevoir leurs visages.

Léonid reprend rapidement la parole, brisant les secondes éternelles où chacun songeait aux épreuves à venir, pour demander à la cantonade de se présenter, et d'exposer ses compétences. Intéressant... Je dois dire que je suis curieux d'en apprendre plus sur nos compagnons elfes. Mis à part leurs noms, et leur apparence assez éloquente, je ne sais toujours pas à quel point leur puissance me dépasse... Voyant que personne ne se précipite pour répondre, je déclare d'une voix que j'espère audible (avec toutes ces fichues mouettes qui crient littéralement famine, on s'entend avec difficultés. Saleté de piafs.):

" Ravi de vous connaître, fier Léonid. Je suis Silmeï, un Aldryde dont les maigres compétences se résument à manipuler quelques fluides de glace. "

Voilà qui suffit à présenter toute l'immensité de mon talent. Après tout, c'est dans les plus petites coquilles qu'on trouve les meilleures noisettes! Et il se trouve que je suis très petit. Hé hé.

Pendant ce temps, le Vaisseau-Lune a pris peu à peu de la vitesse, mais étrangement, les autres navires concurrents s'éloignent bien plus vite que nous. Bizarre, le bateau elfique n'est-il pas conçu pour la vitesse?

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Dernière édition par Silmeï le Mar 19 Mai 2009 21:19, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 18 Mai 2009 09:31 
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Eleth Il’Ssinith opine gravement du chef pour acquiescer aux paroles de Dôraliës silencieusement, alors que la question de Léonid trouve écho chez les aventuriers du bord, à commencer par l’aldryde, prompt à se présenter sans ambages. L’elfe aventurier, Eleth, poursuit à son tour, visiblement toujours le plus motivé à l’idée de parler.

« Après maintes années d’aventure dans les milieux forestiers, j’avoue bien savoir me servir de ma lame, mais je me débrouille assez bien dans divers domaines assez variés, tout ce que l’aventure peut nous fournir comme compétences, en quelque sorte… »

Après lui, c’est Maelan qui intervient en désignant son arc de bois noir et son carquois de flèches.

« Quant à moi, je me suis spécialisé dans l’archerie, et mes flèches seront garantes de la protection de ce navire et de ses passagers. »

C’est désormais au tour d’Aëlwinn de parler de ses capacités… Pour ce faire, elle jette un petit regard complice à l’aldryde.

« Je pense pouvoir compléter sans mal votre don des arcanes, Petit Silmeï. J’ai un don pour la magie du feu, que j’ai l’habitude d’utiliser sur un navire, puisque ça fait près d’un siècle que je suis capitaine du Vaisseau-Lune, dont c’est là la cinquième version, toute neuve, et identique aux précédentes… Ergoth, lui, me sert de garde du corps, en quelque sorte… Vu avez sans doute eu un aperçu de sa puissance physique… »

La montagne de muscle très peu elfique (pour un elfe) ne réagit pas, et continue de scruter silencieusement l’océan. Seul l’envoyé de la reine de Cuilnen n’a pas répondu, et de son air sombre, il prend la parole en toisant tout l’équipage et les aventuriers d’un air hautain.

« Trêve de bavardages vains et futiles ! Ne voyez-vous donc pas que nous nous trainons lamentablement en queue de course, alors que les bateaux des humains jettent le déshonneur sur notre peuple en nous précédant largement ? Nous voilà rabaissés au rang impur de ces abominations de Torkins ! Cela ne peut-être accepté ! »


***



En effet, tous les bateaux sont désormais partis. Le vaisseau noir devance largement tous les autres concurrents, suivi de, dans l’ordre, l’Aigle des Océans, l’Echangeur et le Rubis Sanglant. Ces trois là se tiennent au coude à coude et voguent presque côte à côte, à quelques dizaines de mètres de distance seulement. Les derniers sont sans conteste les elfes et les nains. Les premiers, qui avaient normalement l’avantage de la vitesse, semblent en proie à une machinerie visant à les ralentir fortement. Les nains, eux, sont lents, bien que costauds, et trainent la patte.

Le regard d’Aëlwinn s’assombrit. Quelque chose, visiblement, retient le navire à quelques mètres des quais, comme s’il était toujours attaché, bien qu’aucune corde ne soit visible. La capitaine jette un regard mauvais vers l’Eclair de Roc, sur le pont duquel les nains semblent rire de la situation embarrassante des elfes. D’une voix autoritaire, bien que courtoise, elle parle alors :

« Aventuriers, je vais déjà devoir faire appel à vos compétences ! Il nous faut trouver le problème et s’en débarrasser, et vite, si nous ne voulons pas prendre trop de retard sur nos adversaires ! »

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Lun 18 Mai 2009 21:43 
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Le nouveau venu désirait savoir dans quel domaine nous excellions, cela permit à tous les autres passagers de mettre à nu leurs capacités surprenantes. Ainsi, j'appris que notre cher ami l'aventurier Eleth était un combat polyvalent, utilisant épée et certainement ses aptitudes physiques. Quant Maelen, l'elfe aux marques verdâtres, sa spécialité était les arcs et les flèches... Peut-être devrais-je lui demander quelques conseils pour apprendre à contrôler un peu mieux mon arme de tir de basse facture. J'étais persuadé qu'avec un peu d'entraînement, j'aurais pu devenir un bon archer, frappant de ses traits les âmes sombres qui se trouvaient à plusieurs pas de moi. Tout cela était bon à savoir, je sentais au fond de moi que cette aventure allait se révéler fructueuse sur bien des points ! Puis, la Capitaine avoua qu'elle côtoyait la magie des flammes, véritable puissance dévastatrice contre la nature et tout ce qu'elle représentait. Je ne savais quoi en penser... D'un côté cela était une aubaine pour notre aventure, mais d'un autre, je craignais de recevoir une boule de feu par mégarde... Une chose était certaine, deux personnes sur le même navire possédait des dons qui m'avaient toujours paru malsains... Enfin ! Cela me permettra sans doute d'en apprendre un peu plus sur cette magie inconnue qui n'avait jamais réellement fait partie de ma vie. En tout cas, il ne restait plus qu'une seule personne à se présenter et c'était ma personne :
«Quant à moi, je maîtrise un tout autre art : celui de la musique comme vous avez sûrement dû vous en rendre compte. En espérant que cela nous soit utile dans le futur ! Oups ! J'ai failli oublier, cette pelote de poils s'appelle Santias, c'est mon chat.»

Comme si l'animal avait compris que nous étions en train de parler de lui, Santias avança et vint se placer devant mes pieds. Cette créature était si paradoxale que j'en venais à me demander si elle ne faisait pas exprès d'être parfois idiote ! Enfin, je ne pouvais l'en blâmer, mais, un jour j'aimerais bien comprendre tout ce qui lui passait par la tête... Mais, une voix perfide interrompit le libre déroulement de mes pensées ! J'avais déjà senti que nous ne serions pas très proches, mais de là à ce que mes impressions se révèlent au grand jour si rapidement, il y avait un gouffre à franchir... Et pourtant, il me semblait venir de faire un saut de géant pour le traverser à une vitesse folle ! Cet homme n'avait pas de cœur mais plutôt un gros glaçon qui refroidissait l'atmosphère à deux lieues à la ronde... Mes pensées vagabondèrent dans des recoins de mon esprit où des paroles un peu crues étaient répertoriées et la seule qui m'apparut à ce moment précis était une expression peu gracieuse mais qui se passait de tous les commentaires possibles et inimaginables.

(Pour faire court : Nous n'avions pas le cul sorti des ronces !)

Laissant passer ces quelques divagations, je me rendis vite compte que l'envoyé de la reine n'avait pas forcément tort sur certains points. Le premier était clair nous n'avancions pas du tout et j'avais même l'impression qu'une puissance extérieure nous retenait aux quais... Deuxième point et pas des moindres, les nains étaient au même niveau que nous et ces crétins se moquaient de notre fin bateau ! Les sales pustules boursouflées ! En même temps tout le monde savait pertinemment que leurs cerveaux étaient proportionnels à leurs tailles ce qui ne leur permettait pas de voir plus loin que leurs immondes nez... Ces créatures minuscules pouffaient de rire sur leur navire de métal flottant comme de vulgaires catins superficielles. Oh les ingrats ! Bref, nous ne pouvions nier l'évidence, notre bateau était le dernier de tous ce qui me chagrina quelques instants en pensant aux innombrables trésors que trouveraient nos concurrents alors que nous tenterions de rattraper notre retard ! Non, je ne pouvais concevoir une telle ineptie et j'étais sûr et certain que mes compagnons de voyage seraient d'accord avec moi !

(Mais quel mal nous frappe ?)

Aëlwinn regarda par dessus bord pour voir se qui nous empêchait de nous en aller vers l'immense étendue azur. Toutefois, un coup d'œil rapide de ma part me montra que rien ne semblait nous retenir ce qui, bien entendu, était impossible... Cependant, la Capitaine ne voulait apparemment pas se laisser abattre et nous demanda de l'aide. Mais que faire ? Rien ne paraissait nous retenir au port ! Cela était vraiment étrange, quelque chose ou quelqu'un devait certainement nous bloquer ici à l'aide d'un sortilège ou d'un puissant enchantement... À moins qu'un élément ne manque à mon puzzle ! On ne pouvait voir que ce qui était visible, mais que y avait-il sous la masse d'eau ? Un rocher nous bloquait peut-être le passage ce qui nous retenait ici ! Taratata ! S'il n'y avait que ça, j'étais la meilleure personne pour aller inspecter les environs aquatiques ! En effet, mes ancêtres avaient vogué des années entières sur les mers et océans, je ne devais pas être dépourvu de cet instinct de marin ancré en moi ! Et puis, je nageais plutôt bien, dans le passé j'étais allé me divertir dans les eaux claires qui se trouvaient dans la forêt !
«Puis-je vous soumettre mon aide ? J'irai bien jeter un coup d'œil à ces eaux troubles. Il suffirait que vous m'attachiez avec une corde au cas où le bateau repartirait à toute allure et je plongerai pour tenter de déterminer la cause de notre immobilité. Si quelqu'un désire venir avec moi je serais heureux d'avoir un peu de compagnie et nous y gagnerons certainement un peu de temps.»

_________________

Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 19 Mai 2009 03:31 
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Suite à ma proposition qui s’est vue accompagnée d’un air rayonnant de confiance et d’un beau sourire chaleureux, un silence d’une troublante perfection plane sur le pont, uniquement troublé par le clapotis des flots sous la puissante armature du gracieux vaisseau, me faisant craindre un bide monumental avec une assurance de plus en plus angoissante au fur et à mesure que les secondes s’écoulent sans que personne ne semble disposé à prendre la parole. Heureusement, avant que je puisse considérer me jeter dans les flots pour me sauver de la honte, la voix fluette mais suffisamment forte pour se faire entendre du personnage ailé miniature rompt la chape de non-réponse avec un allant qui me soulage pour me transmettre ses bons sentiments et décliner à son tour son identité ainsi que ses talents, non sans une humilité qui lui fait honneur : « quelques fluides de glace » ? Par Rana, je suis infoutu d’avoir une maîtrise d’aucune sorte sur la magie, et rien que d’être capable de faire apparaître un glaçon paraîtrait déjà un prodige en comparaison avec mes talents bassement physiques ; non pas que je ne sois pas fier de mon habilité au domaine sans cesse perfectible de l’archerie, mais on sera d’accord que tirer des flèches est tout de même moins spectaculaire que faire descendre subitement la température de l’atmosphère à un degré potentiellement létal.
En revanche, là où je suis plus déstabilisé c’est en ce qui concerne ce qui se rapporte très logiquement à l’appartenance raciale du dénommé Silmeï : « aldrid » ? Parfaitement inconnu au bataillon, défaut de connaissance qui ne se révèle au fond pas si surprenant que ça étant donné que je ne me suis jamais vanté d’être un érudit aux savoirs aussi polyvalents que poussés, ni de m’être spécialisé dans un autre domaine que celui du combat à distance, aussi je me contente de répertorier ce titre parmi celui des tant d’autres espèces qui peuplent le vaste monde qu’est Yuimen sans chercher à me triturer la cervelle à chercher dans ma mémoire une occurrence de cette appellation, car s’il n’est pas impossible que j’aie par hasard entendu pareil mot au cours de ma presque-vingtaine d’années, je peux affirmer avec la plus grande certitude que je ne possède aucune information valable à ce sujet. Affaire classée donc.

« Ne soyez pas si modeste, Silmeï. Je suis certain que votre magie nous sera plus utile que vous semblez le croire. » Lui réponds-je avec obligeance, accompagnant mes paroles d’un sourire engageant.

Le premier de ces messieurs ayant satisfait ma curiosité, mon bienfaiteur d’il y a un moment prend la parole, toujours avec la même verve et le même enthousiasme, se targuant de capacités aiguisées d’adaptation en milieu forestier, ce qui ne risque malheureusement pas de nous être bien utile en pleine mer, ainsi que de polyvalence de manière plus généralisée, ce qui cette fois ne peut qu’être bénéfique à la survie de l’équipage. De son côté, son cousin au regard perçant et à l’arc travaillé finement se montre moins loquace, optant pour une concision qui ne joue nullement en la défaveur de la conviction qui émane de son phrasé, la véracité de sa parole se faisant aisément ressentir lorsqu’il déclare offrir pour notre sécurité les foudres de son arc dont les traits doivent effectivement pouvoir s’avérer diablement efficaces lorsque envoyés par des mains expertes comme m’ont tout l’air de l’être celles de mon confrère dont la dextérité s’est fait ressentir lorsqu’il m’a saisi le poignet tout à l’heure.
Sur ces entrefaites, le tour passe à la présence féminine du bord, dont les attributs magiques ne se révèlent pas trompeurs, celle-ci se revendiquant pleinement comme une pyromancienne, et une pyromancienne aguerrie si l’on en juge par le temps qu’elle a passé à exercer le prestigieux poste de capitaine, ses années de service atteignant d’après elle le chiffre pour moi étourdissant de dix dizaines de douzaines de mois ! J’aurai beau me dire que les elfes ne sont pas à prendre sur le même plan que les humains en ce qui concerne l’espérance de vie, je crois que j’aurai toujours un peu de mal à avaler la pilule le moment venu, devant dans le cas présent faire un effort de maîtrise pour ne pas laisser ma mâchoire se décrocher à la pensée de tout ce qu’il serait possible de faire en une période aussi considérable. A la mention d’une cinquième version, je ne peux m’empêcher de me demande ce qu’il a bien pu advenir des quatre précédentes, et la pensée polissonne m’effleure impromptuement qu’il s’agit peut-être de fausses manœuvres réitérées de la part de cette magicienne des flammes qui auraient pu causer le naufrage des précédents prototypes ; réflexion que je m’empresse d’écarter de mon esprit de peur qu’une idée d’une telle insolence puisse se lire sur mon visage qui ne doit montrer rien d’autre que du respect face à celle qui est, comme on dit communément, la seule maîtresse à bord après Moura.
Lorsqu’elle cite son gros bras attitré, je penche un peu la tête pour discerner une créature qu’on aurait de la peine à concéder à classifier parmi les elfes tant elle possède effectivement de gros bras, sa carrure étant capable de faire passer Aïyalon-sensei pour un maigrelet alors que la musculature de ce dernier est pourtant assez formidable à voir ! Je n’en reviens pas qu’un être vivant puisse avoir un physique aussi colossal : ce n’est pas possible, il doit avoir de l’acier là-dessous, ou il s’est fait injecter du sang de minotaure, je ne sais pas, mais le fait est que même si, contrairement à ce qu’argue notre chef d’équipage, je n’ai pas pu bénéficier d’un aperçu –ça m’apprendra à avoir été autant retardataire tiens-, je ne crois pas en avoir besoin pour me rendre compte de la force de taureau qui bouillonne sous cette peau apparemment dure comme du bois. De plus, détail appréciable, l’armoire à glace ne donne l’impression d’être ni une brute épaisse ni un fanfaron, se montrant aussi réceptif à ce qui a été dit à son égard que le meuble susmentionné et qui pourtant n’a pas pu lui échapper : soit il est sourd, soit il est tout simplement naturellement stoïque, mais dans l’un ou l’autre cas, la sérénité statuesque dont il fait preuve est quelque chose de frappant à voir.
Pour finir, c’est au tour de l’elfe qui, je dois l’avouer, n’est semblable à nul autre que j’aie pu rencontrer jusqu’ici –non pas que j’en aie rencontré beaucoup mais bon-, sa peau ainsi que ses cheveux présentant une teinte bien particulière qui évoque de manière saisissante le bleu de l’océan, cette couleur suave renforçant l’air doux et dépourvu de hargne qu’il aborde, et dont le pacifisme apparent se trouve confirmé dans les talents qu’il dit posséder, ceux-ci n’ayant rien de la compétence martiale d’une fine lame ni de la finesse d’un roublard, mais ne présentant pas moins un intérêt indéniable, autant par la qualité de son art que j’ai pu constater sans malheureusement pouvoir l’apprécier que par l’effet apparemment surnaturel de sa musique si j’en crois les propos passés de notre habile combattant des bois. Et pour parachever les présentations, c’est à un félidé que revient le mérite de fermer la file, le matou s’acheminant avec cette nonchalance propre aux chats devant les pieds de son maître pour y poser son séant et nous toiser placidement, manifestement indifférent à nos préoccupations. A voir ce représentant des quadrupèdes domestiques, je ne peux m’empêcher de penser au vieil Hachi, et de cette évocation du foyer de mon enfance découlent les souvenirs des moments que j’y ai passés, ce qui m’amène également à me demander ce que peuvent bien faire Lewis et papa à l’heure qu’il est…

C’est une voix perçante qui rompt le fil de mes réflexions, et si le discours est aussi frappant que l’était le calme d’Ergoth, le discoureur est lui tout sauf serein, s’agaçant sans s’en cacher de ce qu’il considère de toute évidence comme de futiles mondanités, nous rappelant à l’ordre d’une façon cinglante pour attirer notre attention sur la déconfiture que nous subissons. Pensant au premier abord que cet homme monte sur ses grands chevaux pour rien, je me joins au mouvement général pour me tourner en direction des autres participants de la chasse au trésor, et me vois bien forcé de reconnaître en jurant entre mes dents que le bougre dit dans le vrai : par un inexplicable prodige dont l’effet frise l’infernal, le Vaisseau-lune s’achemine avec une lenteur qui donne à désespérer, paraissant saisi d’une grande charité envers le monumental transbordeur nain qui le pousse à calquer son rythme de navigation sur cette coquille de noix géante cernée d’instruments de mort inquiétants à voir. L’équipage torkin amassé sur la rambarde fait preuve d’une ingratitude bien blessante envers le compatissant bateau, puisqu’il accueille nos difficultés avec de désobligeantes manifestations d’hilarité… du moins à ce qu’il semble, car à la distance où nous nous trouvons, les solides gaillards des montagnes se voient réduits à des formes floues aux expressions faciales difficilement discernables.
Mais bref, comme le fait remarquer notre leader, ce n’est pas le moment de se préoccuper d’autre chose que du problème auquel nous avons désormais affaire ! L’ennui est que la cause de notre fâcheuse immobilité ne se présente par aucun signe discernable, le trois-mâts ayant l’air de faire du sur-place comme par enchantement, ce qui me fait d’abord penser justement à quelque sortilège de grande ampleur qui nous collerait sur place, mais étant donné que ni Silmeï ni la Capitaine ne font de remarque à ce sujet, je peux raisonnablement supposer que la menace ne vient pas de là. D’où vient-elle alors ? Il n’y a pas trente-six solutions à ce problème en vérité : soit une machine diabolique ou tout autre objet empêcheur de tourner en rond a été glissé à bord, soit nous sommes retenus par la coque… soit c’est un effet purement invisible qui pèse sur nous. Mais plutôt que de partir en suppositions échevelées, autant se pencher sur ce qu’il est possible de faire sans tarder, et comme l’intérieur de ce navire m’est complètement inconnu, je me juge plus qualifié pour aller mener un examen par le dessous, car même si je ne suis pas un très bon nageur, je sais me servir de mon corps plutôt habilement, et devrais ainsi être capable de mener une telle entreprise à bien sans trop d’anicroches.

De toute évidence, Dôraliës (ou « Dora » pour faire plus court) a eu la même idée que moi car il manifeste avec entrain des velléités d’explorateur mais, courageux mais pas téméraire, demande pour cette entreprise possiblement délicate le concours d’un partenaire afin de cumuler les efforts fournis, office que je m’annonce prêt à remplir :

« Dans ce cas, je viendrai avec vous. Pendant ce temps, je crois qu’il serait bon de vérifier l’intérieur du navire pour s’assurer que la raison de notre enlisement ne se situe pas à ce niveau. »

Discourant ainsi, je m’apprête à retirer mes vêtements les plus encombrants de manière à ne pas me surcharger inutilement afin de ne pas couler bêtement comme un lest de plomb, jugeant plus sage d’entasser tout matériel superflu en sûreté entre deux tonneaux de manière à être ainsi certain de le retrouver dans le même état en toute tranquillité de conscience. Ne pouvant me résoudre à me séparer des incarnations enchantées de ma Déesse, je prévois toutefois de garder sur moi la peu gênante Empreinte de Rana ainsi que son Ongle glissé dans mon pantalon qui sera mon seul vêtement pour mener à bien cette manœuvre acrobatique. Toutefois, afin d’éviter de me déshabiller inutilement, je ne manque pas de quérir tout d’abord l’aval de l’autorité du bateau, me tournant vers la capitaine pour lui demander :

« Qu’en pensez-vous ? »

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mar 19 Mai 2009 23:20 
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Aëlwinn répond à la proposition commune des deux aventuriers par l’affirmative :

« Allez-y, faites donc ! Il y a, je crois, assez de cordages sur ce navire pour vous assurer de revenir à bord sans vice de procédure. Ergoth vous soutiendra d’ici. »

Eleth intervient à son tour, agrippant deux cordes sur le pont pour en cerner la taille de Dôraliës, puis de Léonid. Il est aidé dans sa tâche par un marin de l’équipage, qui noue un solide nœud autour de la taille de l’elfe bleu, pendant que l’elfe forestier attache solidement la corde sur l’Ynorien.

« C’est un nœud qui ne vous fera pas défaut, croyez-en mon expérience de grimpeur d’arbres… »

La capitaine reprend alors la parole.

« Ce problème est externe au navire. Je l’ai entièrement passé en revue avant le départ et ne l’ai quitté depuis. C’est sans doute bien la coque qui est malmenée… Inutile donc de vérifier l’intérieur du vaisseau. Restez tous ici en cas de besoin… Bonne chance, vous deux… »

Ergoth, docile et silencieux, s’empare alors de la corde maintenant Léonid, certainement plus lourd que Dôraliës, dont la corde est maintenue par Maelan et Eleth.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 20 Mai 2009 14:45 
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Lorsque le jeune humain me répond naïvement que mes talents doivent certainement être -comment a-t-il dit déjà?- "utiles", je souris timidement. Si seulement il savait... Je fais le fanfaron comme ça, mais malgré tout, ça ne fait approximativement que dix jours que je me sais capable de manier des fluides. Je ne connais que deux pauvres sorts de glace, appris à la va-vite et sur le tas, dont le nombre de lancers ne dépasse pas le nombre de personnes sur ce bateau. Et puis j'ai failli rester coincé en lançant cette fichue "fausse mort". C'est très loin de casser trois pattes à un moineau. Enfin bon, d'accord j'ai réussi à maîtriser presque immédiatement le toucher glacé. D'accord, Kiana m'a dit que j'étais très doué. D'accord, j'ai réduit en miettes un seau imprudent (Oui oui, un seau. Pas un sot, ni un sceau, et encore moins un saut (soyons sérieux!), mais bien un seau. Vous savez, ce truc cylindrique, creux, souvent rempli d'eau, et qui a la fâcheuse tendance à se mettre en travers de votre chemin, alors que vous êtes en train de revenir triomphalement dans vos pénates, prêts à annoncer une nouvelle ébouriffante). (Ca sent le vécu...) (On t'a pas sonné, toi!). (Et n'essayez pas d'objecter que la description convient aussi aux sots. Non mais.) (Ni que vous vous perdez dans cette profusion de parenthèses fort drôles et cocasses (Avouez-le!).).

Moui... Non, en fait, je suis un pur génie de la magie.

Oublions un peu ma gloire incommensurable (Courage, c'est dur, je sais.), pour revenir à nos petites présentations sur le Vaisseau-Lune. Une fois ma réponse lancée, les divers personnages se décident à parler succinctement de leurs talents. Ainsi donc, j'apprends que l'elfe aventurier au nom impossible à retenir (alias La Rapière) se trouve être... un expert en aventures. L'archer taciturne se révèle être lui aussi un... archer redoutable. Je vogue de surprise en surprise.

La capitaine, non sans m'avoir gratifié d'une œillade complice mettant le feu à mes joues, se présente comme une pyromancienne accomplie, qui parcourt les mers depuis des décennies à bord du Vaisseau-Lune. Plusieurs pensées plus ou moins cohérentes fusent alors dans ma caboche. Premièrement, je me dis que j'ai tiré le gros lot d'être tombé non seulement sur une magicienne infiniment plus puissante que moi, mais qui en plus manie l'élément contraire au mien. Traduction: en cas de grabuge, je suis cuit. Littéralement. Deuxièmement, je me fais la réflexion que pour manier du feu perché sur un océan liquide, il faut être sacrément volontaire. Ou bien inconscient, mais je doute que ce soit le cas d'Aëlwinn-aux-cheveux-de-feu (oh oh!). Est-ce que ça veut dire qu'à force de pratiquer la magie de la glace, je vais me retrouver avec une stalagmite sur la tête?! J'ignore Aurore qui éclate de rire dans mon esprit. Troisièmement... Zut, j'ai oublié. Fichue Faera! Ah oui: frisson mental lorsque je me demande ce qui a bien pu arriver aux quatre versions précédentes du Vaisseau-Lune.

Cependant, ces bienveillantes présentations sont interrompues d'un éclat de voix aussi sec que présomptueux, qui ne peut qu'émaner de la Galoche. M'attendant au son de la voix à ouïr quelque ineptie pédante, c'est avec un mélange de satisfaction et d'agacement que je l'entends confirmer ce que j'avais cru remarquer: on se traîne la proue. Et la poupe aussi, tiens. L'ambiance, jusque là courtoise sinon chaleureuse, se refroidit brusquement, tandis que chacun peut admirer l'ampleur de notre retard. Avec effarement, je constate que le navire énorme et caparaçonné des petits êtres barbus -qui s'esclaffent d'ailleurs. Bande de sales nains!- est au même niveau que notre gracieux et dynamique vaisseau! M'est avis qu'au-delà d'être dernier, c'est d'être dernier à égalité avec de pareils êtres qui irrite tout mon entourage elfique.

Aëlwinn nous demande alors notre aide, pour trouver l'origine de notre retard. Première occasion de se rendre utile? Immédiatement, ma réflexion se scinde en deux: ou bien notre navire est une victime d'un quelconque problème technique (encore amarré au port? Un passager clandestin de dix tonnes? La famille d'Ergoth au grand complet festoyant dans la cale?); ou bien un sortilège nous ralentit. Je reste pensif pendant que Dôraliës et Léonid se proposent promptement d'explorer la coque du bateau.
(Bon ben comme ça, les géants vont s'occuper de confirmer ou d'infirmer un éventuel problème technique... Après tout, qu'est ce que je pouvais faire? Leur tenir la corde?)
Je jette un regard sombre à Ergoth qui se saisit d'une corde ceinte autour de la svelte taille de Léonid.
(Reste à savoir s'il s'agit d'une tuile magique... Si c'est le cas, tu ne crois pas que la capitaine aurait tout de suite détecté ce qui n'allait pas, Aurore?)
(Eh bien, je suppose que oui... Etrange... Soit nous n'avons aucun problème magique, soit c'est une mise à l'épreuve pour savoir si nous pouvons être utiles.)
(Mouais... Tu crois que si j'essayais de détecter les fluides autour de moi, j'y arriverais? Je sais que Kiana en est capable.)
(Tu peux toujours tenter, Sil', je crois que c'est ce qu'il y a de mieux à faire! Mieux vaudrait t'isoler pour te concentrer.)
(Oui, tu as raison. Je vais aller prévenir le capitaine, et lui parler de mon miroir bizarre, il pourrait être utile...)

C'est donc résolu que j'ignore les grinçantes protestations des articulations de mon dos, et que je déploie mes ailes pour rejoindre Aëlwinn. Je mets le cap droit sur elle, et pourtant, j'ai l'impression d'avancer de travers... Bizarre, ça! Je reste un instant en vol stationnaire. Et là, ô surprise, le bateau se déplace sous moi! Quel imbécile, je n'avais même pas pensé à ce détail : le navire avance en même temps que moi. Heureusement qu'on se traîne, sinon je serais déjà à 30 mètres derrière le bateau. Je redouble donc d'efforts pour finalement rejoindre l'elfe dont les cheveux roux encadrent un visage fermé. Intimidé par notre soudaine proximité, je bredouille plus ou moins intelligiblement:

" Euh... Capitaine? Je ne sais pas si vous avez essayé, et je suis sûr que si vous l'aviez fait, vous auriez déjà réglé le problème, mais avez-vous détecté des fluides aux alentours du navire? Je peux faire le tour de la coque en volant pour en déceler d'éventuels... Ils pourraient être à l'origine de notre lenteur. Et si c'est le cas, j'ai peut-être un objet qui pourrait nous aider. "

Rougissant à la fois d'avoir bafouillé, et à la pensée que j'aurais peut-être pu la vexer, je farfouille rapidement dans mon sac pour sortir le miroir magique que Kiana m'avait donné. La pierre précieuse incrustée dans le cadre semble scintiller brièvement, comme si Aurore, cachée à l'intérieur, m'encourageait. Inspirant profondément, je poursuis avec plus de conviction:

" C'est un miroir étrange, dont j'ignore encore toutes les propriétés. Cependant j'ai pu constater qu'il absorbait les fluides. Comme si les flux d'énergie disparaissaient à son contact. Je pourrais essayer de neutraliser -si sort il y a- avec cet objet. Qu'en dîtes-vous? "

Je déglutis et attends anxieusement.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Mer 20 Mai 2009 21:35 
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J'aurais certainement dû faire preuve d'un peu plus de prudence, mais, je ne pouvais pas me permettre de délaisser le Vaisseau-Lune ! J'étais un elfe et nous autres, nous n'avions pas peur de nous jeter à l'eau pour résoudre les problèmes les plus complexes. Notre capitale, Cuilnen, possédait une bibliothèque impressionnante dans laquelle des livres manuscrits réalisés des millénaires auparavant étaient entreposés. Étant voisin de cette cité du savoir, je n'avais pas le droit de rester planté comme un végétal sans intérêt ! Après tout, si j'avais des jambes, des bras et un cerveau c'était pour m'en servir afin de venir à bout des énigmes les plus coriaces. Quelle magie agissait sur le navire ? Un rocher nous maintenait sans doute dans cette sale posture, nous ne pouvions attendre encore et encore ! Énervé par ce contre-temps, je fis une moue peu aimable, laissant apparaître mes émotions au grand jour...

(Ouf ! Les autres s'en vont ! Il faut faire quelque chose !)

L'humain fraîchement arrivé accepta ma proposition, il allait venir avec moi, mais, je doutais que ses capacités nous soient utiles... Savait-il au moins nager ? Je voyais déjà son corps couler au fond de l'océan comme l'aurait fait un poids mort, se noyant ainsi avant que l'aventure n'ait pu commencer... Après tout, s'il avait des tendances suicidaires c'était son problème, néanmoins, je n'apprécierais guère que l'on me tienne pour responsable ! Enfin, il devait avoir de bonnes raisons de me suivre... On verra bien... Aëlwinn n'émit aucune objection, il se pourrait qu'elle soit assez contente que deux aventuriers aient décidé de partir à l'attaque de cette entité invisible. On pouvait dire que cette chasse au trésor commençait sur des chapeaux de roue ! Par contre, je n'avais pas forcément réfléchi à ce que nous ferions si jamais quelque chose nous bloquait car bien évidemment ni moi, ni l'humain ne possédions la force nécessaire pour ébranler un rocher... Enfin ! La première chose à faire était de descendre dans les profondeurs obscures de l'immense onde.
«Bien ! Allons rendre visite à nos amis les poissons, je suis certain qu'ils ne nous gênerons pas dans notre petite inspection !»

Imitant l'humain, je me déshabillai rapidement, mais pris soin de plier mes habits pour ne pas qu'ils ne soient plus froissés que ce qu'ils ne l'étaient déjà. D'ailleurs, j'aurais pu plonger dans l'eau avec tout mon attirail, cela m'aurait permis de les nettoyer. En effet, le voyage dans la forêt et la boue laissaient des traces plutôt répugnantes qui me faisaient ressembler à un horrible manant... Bref ! Je m'occuperai de ce problème plus tard, pour l'instant l'équipage avait besoin de moi ! Mon torse bleu et majestueux devait paraître sombre aux yeux de mes compagnons;avaient-ils déjà vu cette couleur de peau ? Mes yeux balayèrent les parages pour tenter de discerner une lueur de méchanceté dans leurs pupilles infâmes... Mais, rien, ils n'avaient pas l'air de se préoccuper de moi, chose qui me rassura car normalement, les gens m'auraient examiné comme si j'étais une bête de foire... En outre, Eleth et un membre de l'équipage m'entourèrent d'une corde dans le but certain de ne pas me perdre au cas où le bateau repartirait... Les deux hommes s'activèrent, on aurait pu croire qu'ils avaient fait ça toute leur vie, leurs nœuds paraissaient si solides !

(Pourvu que ce ne soit pas qu'une impression !)

Mais, quelque chose de plus intéressant attira mon attention, détruisant mes préjugés sur l'Humain... Moi qui croyais qu'il était frêle et chétif, je m'étais fourvoyé. Ses pectoraux saillaient sur son torse comme deux petites montagnes qui méprisaient ceux qui s'approcheraient de trop près ! Je ne pus me retenir :
«Mais, c'est incroyable ! Vos vêtements cachés vos muscles, en tout cas ils semblent bien durs ! Bien évidemment, ils ne sont pas aussi développés que ceux d'Ergoth mais quand même ! Vous faites beaucoup d'exercice ? Il faudra que l'on discute de ça, je dois bien avouer que j'aimerais bien voir les miens apparaître, ça pourrait intimider mes adversaires. Nous verrons cela une fois que notre petite aventure sera terminée ! Enfin si cela ne vous gêne pas bien entendu.»

Apparemment nous étions prêts à nous jeter à l'eau, l'Elfe musclé attrapa la corde de l'humain puis Maelan et Eleth se chargèrent de la mienne. Je n'étais pas très confiant étant donné que l'étrange personnage aux marques mystiques allait assurer ma descente... Au moins, l'aventurier serait là pour rattraper le tir si jamais il lui prenait l'envie de m'occire... Pourquoi pensais-je à mal ? Il était peut-être aimable, la seule chose qui me répugnait était son visage qui n'avait rien de naturel... J'irai lui adresser la parole rapidement pour faire sa connaissance, je ne voulais pas non plus qu'il croie que je le haïssais alors que je n'avais pas pris la peine de lui parler... Pour le moment, ce Maelan n'avait pas ma confiance et ne l'aurait peut-être jamais, cela dépendrait de notre prochaine rencontre...

(Suis-je bête et si j'allais voir quel problème nous empêche de partir !)

Courageusement, je montai sur le rebord du navire, laissant pendre ma jambe dans le vide le plus total... Nom de nom ! C'était si haut ! Quelques vertiges s'emparèrent de moi, ne me laissant aucun répit... Mon cœur palpitait à un rythme régulier comme si les battements s'étaient basés sur un métronome. Je n'aurais jamais cru me retrouver si haut, j'allais devoir descendre en rappel jusqu'en bas... Hé bien ! Il y avait une première fois à tout et aujourd'hui marquerait sans doute mes débuts dans l'escalade. Peut-être que quelques capacités cachées se révéleraient à moi ? Une chose était sûre, je ne m'attendais pas à ce que cette aventure soit aussi... sportive.

(Bon, ben je vais essayer de ne pas me rompre le coup par maladresse...)

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune
MessagePosté: Jeu 21 Mai 2009 00:31 
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Proposition acceptée par l’égide de l’équipage, qui nous donne en quelques mots carte blanche pour mener notre expédition, transmettant en même temps des ordres implicites aux autres membres de manière à ce que ceux-ci nous soutiennent pendant que nous crapahuterons. Evidemment, tout cela est rassurant, mais je crois que je l’aurais été encore plus si un de ces gaillards qui m’ont tout l’air d’être des vétérans dans leurs domaines respectifs nous avaient fait l’honneur de nous emboîter le pas de façon à ce que nous soyons plus directement aidés : en y pensant, que moi et Dôraliës devions y aller simplement en duo n’est pas très rassurant étant donné qu’il n’y a aucun moyen de savoir ce à quoi nous pourrions avoir à nous frotter là-dessous et que, sans vouloir présumer trop directement des capacités de notre maître musicien ni dire du mal de lui, ni moi ni lui n’avons l’air d’être particulièrement taillés pour faire face à tout danger. Enfin bon, soyons positif, et voyons plutôt ça comme une marque de confiance de la part de ces gens qui s’en remettent à nous pour régler le problème bien que nous ne soyons pas familiers les uns des autres et que nous ne fassions pas une impression particulièrement marquante avec nos bouilles encore marquées du sceau de l’inexpérience. Reste donc à faire de notre mieux et à leur prouver qu’ils ne se sont pas fourvoyés en plaçant leurs espoirs en nous en imprimant au plus vite aux évènements une tournure plus favorable à la force de nos bras ! De son côté, mon partenaire de travail se tourne vers moi avec un air enthousiaste et me sort une boutade, sans doute pour détendre l’atmosphère pesante qui s’est installée depuis la nouvelle de notre immobilité, boutade que je reçois avec sourire en répondant :

« Je suppose que c’est toujours ça de pris ! »

On a vu plus brillant comme esprit de répartie, mais bon, comme le but était simplement de renforcer la solidarité qui nous unit et non de lui rabattre le caquet, je survirai à cette carence de talent d’orateur. Autour de nous, ce n’est pas le branle-bas de combat sur le pont, mais l’activité n’en est pas moins d’une fébrilité qui n’empêche pas que les préparatifs se mettent en place avec un esprit de cohérence digne d’une ruche qui fait plaisir à voir : à peine ai-je eu le temps de retirer ma chemise que ma taille se voit ceinte d’une corde avec une vitesse digne de l’habileté d’un maroquinier expert, et dont la solidité devrait être équivalente à en juger par la manière dont le chanvre paraît soudé à ma peau autant que par les propos assurés du « grimpeur d’arbres ». Jetant un coup d’œil sur son œuvre alors que je défais les attaches de mes kote, je peux apercevoir un nœud dont la facture ne me dit rien, mais comme je n’oserais remettre en doute la parole de l’aventurier dont le nom m’est malheureusement toujours inconnu, je le prends au mot en espérant que l’exotisme sera synonyme d’efficacité, et le remercie muettement d’un hochement de tête reconnaissant.

Alors que je me tourne un instant vers mon binôme pour vérifier qu’il se pare pareillement à moi, la capitaine reprend la parole pour nous prévenir que, faute d’autres possibilités quant à une solution, le destin du navire reposera entre nos quatre mains : lourde responsabilité pour un duo de jeunots comme nous, et à la pensée d’un fardeau au poids ainsi renouvelé sur mes épaules, je déglutis avec embarras. Cependant, haut les cœurs, ce n’est pas le moment de se rétracter, mais de faire au contraire preuve de d’autant plus de détermination et d’ardeur à la tâche puisque l’importance de celle-ci se voir décuplée !
C’est avec un léger pincement au cœur que je me sépare de mon pendentif récemment acquis ainsi que de ma précieuse broche au caractère si sacré, mais ce n’est pas le moment de jouer à la fleur bleue en se surchargeant inutilement, surtout quand il s’agit de bijoux dont la valeur m’est si inestimable et que je ne me remettrais pas de sitôt de perdre. Les mettant bien à l’abri dans mon haut rapidement plié, je fourre le tout dans mon casque avant de retirer mes bottes et de bien caler tout ce bazar en compagnie de mon sac lui-même bien garni dans l’espace entre deux barriques de manière à ne pas remonter plus tard à bord pour me rendre compte qu’un roulis un peu trop prononcé du Vaisseau-Lune les a précipités dans les flots. N’ayant ainsi plus que mon pantalon en tant que vêtement, je peux paraître bien démuni, et pourtant, comme une main maternelle posée sur mon épaule, la sensation de la présence de Rana sur moi n’est pas moins tenace, l’Empreinte à peine perceptible à l’œil nu me recouvrant de cette matière plus résistante que le diamant unique en son genre, et la lame de l’Ongle s’accolant à ma cuisse de la même manière qu’un voisin de chair et de sang qui se tiendrait juste à côté de moi. Et je ne sais pas si c’est dû à la façon dont l’armure divine moule mes formes ou à l’air d’assurance que j’aborde, mais Dôraliës, après m’avoir observé quelques secondes comme si j’avais le secret de la vie éternelle tatoué sur la peau, me sort une tirade de compliments à laquelle j’étais loin de m’attendre, de tels égards faisant naître sur mon visage un rougissement gêné d’être la cible d’un éloge que je ne pense pas mériter à un tel point : bon, c’est vrai que les épreuves que j’ai traversées ont dû me rendre le cuir solide, mais plutôt que la force, ce doit être l’endurance qui prime chez moi, car après les orques d’il y a une dizaine de jours qui ont failli me faire la peau, le parcours du combattant dans les rues de Kendra Kâr avec Atanya, le fardeau du carcan de glace et la lutte contre Noir, il a bien fallu que mon corps s’adapte pour résister à de telles épreuves ou je n’en serais pas ressorti vivant ! Mais quand même, de là à me complimenter d’une manière qui serait plus adaptée à Nimaru qu’à Léonid, il faut vraiment que je lui aie fait une forte impression car je ne me trouve pas si formidable qu'il le dit :

« Je… je ne suis pas aussi fort que ça voyons ! Mais si vous le voulez, j’imagine que je devrais pouvoir vous aider… un peu. Et puis vous ne déméritez pas vous savez ! » Prononcé-je maladroitement en réponse, rendu confus par son attitude aussi remplie d’admiration.

C’est vrai quoi : j’ai peut-être du muscle, mais de son côté, l’elfe se meut avec une souplesse que je ne saurais sûrement égaler, et en milieu aquatique, il y a fort à parier que son physique tout en finesse lui permettra de briller davantage que moi avec ma carrure humaine qui, sans me donner le moins du monde la lourdeur d’un ogre, ne saurait rivaliser avec les délicates courbes de son corps d’esthète. D’ailleurs, tant mieux si nous n’avons pas les mêmes atouts car nous ne pourrons nous en montrer que d’autant plus efficaces dans notre travail d’équipe : si d’aventure l’ouvrage à accomplir devait requérir dextérité et agilité, Dôraliës aura sans doute l’occasion de faire des merveilles ; et s’il est besoin d’une approche plus franche, je pourrai montrer qu’un bras habitué à bander un arc peut s’avérer efficace en bien d’autres occasions !
Mais bon, je me suis assez regardé le nombril, et étant donné que nos quatre assureurs sont prêts –Ergoth valant facilement deux hommes même sans être averti-, il est temps d’aller faire trempette afin d’aller nous faire les dents sur la mer et de montrer à ces nains braillards et hilares de quel bois l’équipage du Vaisseau-Lune se chauffe ! N’y allant pas par quatre chemins, je ne fais ni une ni deux, et comme on dit toujours qu’il vaut mieux s’immerger tout à coup dans l’eau plutôt que d’essayer de s’habituer progressivement, autant ne pas y aller avec le dos de la cuillère et prendre appui sur la rambarde pour passer par-dessus bord sans autre forme de procès. Bien évidemment, je ne me laisse pas tomber d’un coup d’un seul –pas fou !-, et, exécutant un demi-tour qui me met face au bateau, plaque mes jambes contre la coque du vaisseau si blanche que je pourrais craindre de la salir avec mes pattes, mes jambes accusant sans difficulté le choc alors que le diligent colosse suit ma progression en me laissant suffisamment de mou pour me soutenir dans mon avancée. Arrivé à ce stade, l’affaire se corse un chouïa, car si je me défends quand il s’agit d’une affaire de grimpette, je n’ai aucune descente en rappel à mon actif… mais bon, ce n’est pas non plus comme si je me lançais à la conquête d’une falaise du Duché des Montagnes : il suffit que je m’achemine tranquillement mais sûrement en me fiant à mon gardien pour me fournir toute l’aide dont j’aurai besoin.
Autre difficulté, l’armature du navire a décidément été trop bien exécutée, résultant en un véritable cauchemar de grimpeur qui ne laisse aucune prise pour la main ou les pieds tant les planches blanches ont été admirablement bien accolées les unes aux autres sans qu’aucune ne dépasse de plus d’un centimètre : du travail de professionnel à n’en pas douter ! Pas grave, car pour l’aller, il suffit que je me laisse tomber par petits bonds successifs en espérant qu’Ergoth suivra convenablement le mouvement, et pour le retour, il ne devrait avoir aucune difficulté à hâler le fétu de paille que je dois être pour lui ! En tout cas, pour le moment, tout se passe bien de mon côté, les vaguelettes paresseuses clapotant indifféremment en dessous de moi, comme une invitation à venir me plonger en leur sein, ce qui va bien devoir arriver si je veux mener ma tâche à bien, et sans tergiverser s’il vous plaît ! En attendant, moi qui croyais prendre la mer en m’embarquant dans la chasse au trésor, on dirait plutôt que ça va être la mer qui va me prendre ; quelle ironie !

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Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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