Le capitaine ne semble pas impressionné par mes paroles pleines de sous-entendus car il nous parle d'une voix ferme et rude bien que j'aperçois dans son regard un trouble inquiétant. Il ne laisse pas le temps au jeune guérisseur de répondre à ma question polie mais certainement inintéressante par rapport à la réponse du vieil homme qu'il attend aussi avidement que moi même.
« Ne me menacez pas sur mon navire, jeunes hommes. Il m’importe peu l’influence que vous croyez avoir gagnée pendant un combat soudain, en pleine nuit. Les marins de ce navire sont sous mes ordres depuis bien longtemps, et nul d’entre eux ne se lèverait contre moi. J’espère avoir été clair là-dessus. Vos jugements sont erronés et faits à a va vite, sans prendre en compte les réalités de chacun. Si j’étais intervenu, nous serions tous morts, compris ? »
Je n'ai menacé personne et me demande pourquoi il me répond ainsi: d'accord, j'ai été un peu froid lorsque je lui ai demandé des explications mais pas au point de le menacer de quoi que ce soit. Mon regard dévie vers l'adolescent à mes côtés et un affreux doute me vient à l'esprit.
(ce n'est tout de même pas ce jeunot qui a outragé le capitaine? )
Erfandir encourage le capitaine a continuer pendant que je reconsidère mon jugement sur le jeune serviteur de Gaïa. Il n'y a aucun doute qu'il ait eu des épreuves qui l'ont rendu plus fort, plus mature et peut être plus sûr de lui. Quoi qu'il en soit, notre supérieur continue sur sa lancée.
« Bon… je vous dois en effet quelques explications, même si le ton sur lequel vous me les demandez n’est pas approprié. Soit… J’ai été forcé de rester dans ma cabine, cette nuit… C’est un ordre que l’on m’a donné, un ordre auquel je ne pouvais résister. Vous savez, vous l’avez aussi aperçu, n’est-ce pas ? Visage sombre, yeux de chats, respirant le mal absolu… Je ne pouvais intervenir, sinon Il n’aurait cessé le combat, il nous aurait tous tué. Vous ne savez pas encore combien Il peut être persuasif. Les sacrifices d’hier sont déplorables, mais ils ont garantis notre survie à tous… Tout ce que cet être voulait, c’était vous tester… »
Selon moi, il est clair que le capitaine dit la vérité mais cela me choque tout de même: le combat menant à la mort de Torald n'était qu'un test... test dangereux et morbide qui avait mal tourné pour nous. Je repense au rêve de la nuit et les paroles du maitre de L'Aigle Des Océans confirme ce que j'ai pensé peu de temps auparavant: le nécromancien, ou qui que ce soit d'autre, m'a parlé dans mon sommeil. Je me demande pourquoi moi, peut être parce que je suis le seul serviteur des dieux noirs à bord ou ce n'est peut être qu'un hasard.
Erfandir se retourne et comme le capitaine ne semble pas vouloir en dire plus, je suis le guérisseur dans sa rotation et découvre qu'Angharad nous a rejoint. L'idée d'un traitre parmi les aventuriers m'inquiète car je ne nommerais personne spontanément à part peut être Raek à cause de sa présence inactive au début de la bataille de la veille. Mais là encore, ça ne veut rien dire car pour le reste de l'équipage je fais surement un meilleur traitre. C'est en pensant à ceci qu'une illumination vient à moi soudainement: je ne suis peut être pas le seul à avoir eu une visite onirique cette nuit.
(Si je serais seul, la vie des marins n'auraient pas durée encore longtemps... Heureusement pour eux que je suis le seul à les trouver sacrifiable.)
Je pose mon regard sur le garçon pour le jauger une fois de plus et le vois sortir une petite fiole rempli de quelque chose de lumineux, trop pour mes pauvres yeux et je détourne le regard afin de ne pas finir aveugle. Un petit moment se passe avant qu'Erfandir prenne la parole.
« Durant la nuit, j’ai fait un rêve étrange où cet homme me parlait…. Parlant d’une caisse et de traître… Vous l’avez fait je suppose…. Je ne sais trop quoi en penser, pour l’instant pas de caisse sur le pont et tout paraît normal…. Ma question vient donc naturellement…. Quel est cet homme et que devons nous faire ainsi que de savoir jusqu’à quel point accorder du crédit à ses paroles ? »
Mon cœur manque un battement alors que le guérisseur finit sa phrase: on a tous fait le même rêve apparemment ce qui explique parfaitement la fouille de Jena. Si il ne sait pas quoi en penser des paroles de l'homme noir, moi, je le sais parfaitement: il faut lui obéir en tout point et vite si on ne veut pas se retrouver avec un autre désagrément sur les bras. Je me tais cependant, conscient que mes choix ne sont pas ceux de la majorité.
« Je ne sais pas qui est cet homme, si c’est bien un homme… Ce que nous devons faire, ma foi… Je n’en suis plus sûr moi-même. Si ces dires sont exacts, une caisse noire doit se trouver à bord, et c’est sans doute le meilleur moyen de vérifier ses dires prophétiques. Si elle y est, nous serons certains de l’exactitude de sa menace. Si elle ne s’y trouve pas, alors le doute est permis, et l’espoir de trouver une échappatoire l’est aussi… »
Le capitaine aborde un sujet intéressant: l'identité de l'homme en noir. Je l'aurais croisé en dehors de cette quête je l'aurais considéré comme un prêtre de mes dieux mais dans le contexte actuel, je suis dans le doute complet. Il peut être n'importe qui: prêtre renégat, dieu déchu ou même envoyé de Thimoros... Seul la possibilité qu'il soit au service de phaïtos me semble impossible car je ne peux pas imaginer mon dieu contre moi. Le vieil homme semble las de cette affaire et je le comprends, moi même je suis accablé de doute et de suspicion sans compter ce que peuvent penser mes compagnons de voyage sur moi.
(il faudrait trouver cette caisse)
L'idée de finir noyé en mer à cause de la trop grande bonté de mes camarades me fait peur. Je ne dis rien de mes craintes car je doute qu'elles soient la bienvenue parmi ces gens trop bon. Une expression d'un des prêtres mes vient à l'esprit en ce moment qui ne peut être plus propice: "trop bon, trop c... ". Intérieurement, je souhaite la mort rapide et sans douleur de l'équipage afin d'accélérer les choses. Je me ravise finalement et prie juste pour la mort rapide qu'elle quelle soit car j'en ai assez d'attendre qu'une solution pour sauver les marins vienne à l'esprit d'une des personnes présentes.
« Excusez ma légère défaillance…. Vous avez raison, la caisse est le symbole de la véracité de la menace, il faut la chercher sur tout le bâtiment. Si elle n’y est pas, il faudra aviser. Si elle y est, la menace sera réelle…. Il y aura donc des solutions à trouver pour sauver les marins … et démasquer un traître probable…. Mais cherchons avant de s’inquiéter, de toute façon, j’ai quelques idées pour sauver les marins…. »
Ses paroles m'exaspèrent: il y a un traitre, il y a ou aura une caisse et il faudra se débarrasser de l'équipage. Je soupire et jette un coup d'œil sur les chaloupes: l'homme qui nous manipule comme il manipulait les squelettes a surement prévu le coup des barques de secours et je crains qu'il n'arrive malheur à ceux qui les prendrons.
« A ce sujet capitaine, je n’ai remarqué que quatre chaloupes sur le pont. Y en aurait-il d’autres ailleurs et en nombre suffisant pour l’équipage ? Parce que, si je me rappelle bien de la mise en garde, nous avons à peine une journée pour trouver une solution à tous les problèmes qui se présentent à nous. Et s’il faut construire d'autres embarcations, il serait peut-être bon de commencer sans plus tarder qu’en pensez-vous ?… M’est avis qu’il vaut mieux être trop prudent que pas assez. Erfandir… J’ai entendu dire que les serviteurs de Gaïa, ou certains d’entre eux en tous cas, pouvaient connaître les évènements passés d’un endroit. En êtes-vous capable ?… Ou bien Jena ? Si l’un de vous le peut, il serait plus facile et rapide de trouver la caisse si elle existe bel et bien. »
La voix de la magicienne me trouble dans mes réflexions et un second soupire plus audible que le premier se fait entendre. Ils cherchent tous à sauver l'équipage ce qui peut à terme nous mener à notre fin à tous. Néanmoins, je suis surpris d'apprendre que les serviteurs de Gaïa puisse voir dans le passé. Comme elle le suggère, il est utile d'utiliser se pouvoir pour chercher la caisse avec les masques.
« Je n’ai point ce pouvoir, hélas… Et pour Jena, je n’en sais rien, il faut lui demander… Par contre, en ce qui concerne le poids qu’il faut accorder aux paroles du nécromant, Angharad, nous devrions être vite fixés. Si ça parole est juste, la caisse devrait être sur le pont et donc nous devrions peu à avoir à chercher…. Si elle n’y est pas, il nous faudra aviser….. Et pour les marins, je serais d’avis d’embarquer les aventuriers sur une chaloupe et de la couler plutôt que ce soit l’aigle qui en fasse les frais. Enfin bon, c’est à vous Capitaine d’en décider ! Quels sont les ordres ? »
Apparemment, mon jeune ami n'est pas plus au courant que moi des capacités de ses propres camarades. Ne pouvant plus me retenir, je finis par dire ce que j'ai pensé récemment.
Tant pis si vous me prenez pour un traitre mais je vais vous dire ce que je pense: on doit obéir aux commandements de cet homme sombre dans les moindres détails si on ne veut pas mourir. Il a l'air d'avoir préparé son coup et il est très puissant, vous ne croyez tout de même pas qu'il ait oublié les barges de secours? Si vous voulez sauver cet équipage, libre à vous mais il faudra trouver un moyen auquel le nécromancien n'a pas pensé et ils ne doivent pas être nombreux.
Tout en parlant je me remémore la pagaille sur le port et suppose que c'est le même homme qui est responsable de la mort de Torald et de tout les innocents citoyens sur les quais. Le bateau noir me revient à l'esprit et je manque de crier tandis qu'une supposition s'insinue dans mon esprit.
Le nécromancien et le bateau noir sur les quais vont bien ensemble vous ne trouvez pas?
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Les dieux sombres sont tout puissants
Antariasi, serviteur des dieux sombres écrasé comme son pendant rolisitique papier.
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