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 Sujet du message: Le château Von Lermesch
MessagePosté: Dim 26 Oct 2008 22:15 
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Le château Von Lermesch


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[b][i]Face à la mer et même tout contre elle, au nord-est de la ville d'Exech, se dresse cet ancien château fort ayant appartenu à un puissant comte de l'ethnie de Wielh: le Comte Von Lermesch. Dans le temps, c'était un lieu de villégiature où les nobles du comté et de l'ethnie venaient festoyer et se réunir pour comploter. Mais, un beau jour, il fut abandonné de tous ses occupants, hormis le comte. Nul ne se souvient de la raison de cet exode mais les légendes affirment que le comte, se laissant dépérir seul dans son château, avait passé un pacte avec Phaïtos, jurant de servir les ombres si il était doté d'une vie plus longue.

La légende dit que le comte, mi-mort, mi-vivant, erre encore dans les couloirs du château, en quête d'âmes vivantes à sacrifier au dieu des morts.

Le château est impressionnant, bien qu'une bonne partie soit des ruines. Les hautes tours découpent sa silhouette rigide et froide. De nombreux pilleurs s'y sont déjà rendus sans qu'on entende plus parler d'eux par la suite. L'état des lieux est dégradé, mais on raconte que le comte a amassé un grand trésor qu'il garde secrètement dans les profondeurs de son antre.

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 Sujet du message: Re: Le Chateau Von Lermesch
MessagePosté: Lun 10 Aoû 2009 00:23 
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Je suis juste devant l’entrée du château. Face à l’océan, la brise nocturne est humide et glaciale. Je sens une présence. Je vois le petit gars de tantôt arriver à toutes jambes, il s’arrête devant moi, essoufflé.
« Il s’est trompé !! »
« Quoi ? Comment ça trompé ? Qui ? »
« Erth ! Il n’y a plus personne dans ce château depuis très longtemps ! »
« Mais, j’ai vu des carrioles ce matin partir, elles venaient du châ … »
« Non, elles venaient surement d’une maison à côté ». Il tente de reprendre son souffle tant bien que mal. Je n'y comprends plus rien.
« J’ai été me renseigner sur cette bâtisse. Elle est abandonnée depuis pas mal d’années. On dit même qu’elle est … hantée ». Je sens la peur résonnée dans sa voix, plus basse que d’habitude.
« Donc ce château est vide depuis longtemps ? ». Il acquiesce.
« Parfait, ça m’arrange … Bon aller, rentre chez toi, j’ai une petite fortune à me faire ce soir ». Je m’apprête à grimper sur les immenses murs blanchâtres du bâtiment, mais le gamin m’arrête net dans mon geste en me retenant par le bras.
« Vous ne devriez pas … les gens d’ici sont peut-être un peu cinglés et pas très clairs, mais sur ce coup-là, je pense que vous pouvez les croire ». Il se veut persuasif. Après tout, je ne connais rien de cette ville, ça serait risqué de me lancer comme ça, à l’aveuglette. Je lui demande alors :
« Tu es armé ? ». Il sort une dague de sa ceinture, dissimulée sous sa tunique pourpre.
« Tu veux venir ? A ton âge, on aime l’aventure et le risque. Et à deux, on aura peut-être plus de chance d’en ressortir sans trop d’encombres ». Il réfléchit quelques instants puis finit par accepter, pas totalement rassuré.
« Tu peux escalader ce mur ? Ou c’est trop haut ? »
« Non ça ira ».

On se met alors à grimper. Son agilité me surprend, il pourrait presque me concurrencer. C’est louable pour un jeune humain. Je commence peu à peu à abandonner l’idée d’être une humaine, et je ne me sens pas non plus elfe. Ce n’est pas évident de se dire qu’on appartient à deux peuples, et qu’à la fois, on s’en sent très éloigné. Je suis une sorte de chimère, de … monstre, détesté de tous … Le gars me tire de mes pensées :
« Maintenant qu’on est dans la cour, où on va m’dame ? »
« Appelle moi Norelaïm … je pense que l’entrée est sous ce porche, au fond ». Cet endroit est peu éclairé, juste quelques torches assez éloignées les unes des autres. J’ai l’avantage de voir dans la nuit mais pas mon compagnon de route. En avançant dans cette quasi pénombre, je lui demande son nom. Il me répond qu’il s’appelle Korthis. Nous marchons discrètement, en longeant les murs jusqu’à atteindre la fameuse porte. Elle n’est même pas verrouillée, une aubaine. J’entre en première, tel un éclaireur. Tout est de pierre, des tapis troués par des mites recouvrent le sol. Nous sommes dans un couloir menant finalement à un escalier en colimaçon. Je sens Korthis de plus en plus anxieux, son souffle bruyant brise le silence presque solennel de l’endroit. Nous aboutissons, après de nombreuses marches, dans un grand hall où trône en son centre une statue, certainement à l’effigie du maître des lieux. Trois coffres sont placés au fond de la salle. Il n’y a peut-être que du linge de maison mais ça vaut le coup d’aller vérifier. Korthis reste en retrait pendant que je m’approche de la première malle cadenassée. Je force un peu, pour voir si une seule petite poussée pourrait faire céder la serrure. Et ça marche ! J’ouvre délicatement, le grincement résonne entre les murs.

« Alors, il y a quoi ? » me demande inquiet le gamin, voyant que je ne bouge plus. A l’intérieur de l’or, à foison certes, mais aussi un … serpent. Il me fixe, se déroule doucement, je ne fais aucun geste. Il n’a qu’à bondir et me mordre pour que je meure. Car je connais bien cette espèce là. J’en ai vu non loin de chez Torn, dans les bois. Il est d’ailleurs possible qu’il soit mort suite à une de ces morsures, je ne sais pas. Korthis s’impatiente, ignorant encore ce qui me menace.
« Répondez enfin ! Qu’avez vous trouvé ? ». (La mort). Je n’ai que mon arc, agenouillée et à deux doigts de l’animal. Rien à faire sans risquer une attaque. Je chuchote à Korthis de me faire glisser sa dague sur le parquet. Il s’exécute. Il a compris qu’il y avait quelque chose de dangereux dans ce coffre et je le sens tétanisé derrière moi. J’attrape l’arme arrivée dans mon dos, je la lève doucement au dessus de mon épaule et … je frappe ! J’entends le gamin hurler et tomber sur ses genoux. Je suis crispée, les yeux fermés, persuadée d’avoir raté ma cible et qu’elle m’est sauté dessus. Je rouvre doucement les yeux, laisse retomber mon bras sur le sol, la dague glisse avec un bruit dur et froid sur le parquet. Le serpent à la tête tranchée sur les pièces d’or. Je mets un peu de temps pour retrouver mes esprits. Dans la forêt, j’en ai tué des serpents, ça oui. Mais j’étais dans mon élément, dans mon environnement. J’entends Korthis approcher pour constater que tout danger a bien été éliminé. Son regard s’éclaire au vu des pièces d’or.

« Oh! On est riches ! ». Je veux continuer à explorer cet endroit, le gamin beaucoup moins.
« Je vous laisse le reste de ce que vous trouverez, mais je prends ce trésor-là » dit-il en désignant le coffret.
« Tu pars ?! ». J’avoue qu’il a dû avoir une sacrée peur et doit certainement penser que ces pièces sont largement méritées. Moi non. Mais je peux comprendre, je lui dit qu’il peut partir.
« Emmènes ce que tu peux et rentres chez toi … ».
« Vous allez bien ? »
« Je suis fatiguée, vraiment très … fatiguée … allez, pars ». Il remplit son sac de pièces, autant qu’il peut, et part à toutes jambes en me souhaitant bonne chance. Je l’entends dévaler les escaliers, courir dans la petite cour et lancer son sac par dessus le mur, l’escalader et courir vers le sud.
(Vu qu’il n’y a plus personne ici depuis un moment, ça gênera pas que je dorme là). Je récupère la dague que Korthis a oublié dans la précipitation. Je m'approche des deux autres coffres et les ouvre prudemment, l'un après l'autre. Pas de pièges. Mais des pièces, comme dans le premier. (Au moins, je suis pas venue pour rien). La fatigue est de plus en plus lourde, je lutte. Je laisse les coffres ouverts, et vais me coucher un peu plus loin ... Zzzz ...

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 Sujet du message: Re: Le Chateau Von Lermesch
MessagePosté: Dim 23 Sep 2012 00:20 
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"Enfin motivé à reprendre conscience?"

Je lui répondis par un grognement, une réponse qui à mon avis résumait assez bien mes émotions du moment: Skula ne s'était même pas encombrée à m'installer sur une paillasse et je m'éveillais au contact duveteux de quelques dalles de pierre glacées... On était en droit d'espérer mieux lorsque l'on était quelqu'un qui venait de se faire traîner inconscient jusqu'à... Jusqu'à où d'ailleurs?

"On est..." je m'interrompis pour tousser, la gorge sèche.

La liykore roula des yeux avant de désigner ma gourde par terre... Le fait de se trimballer une telle loque devait avoir quelque chose d'agaçant pour quelqu'un appartenant à une race qui prônait la loi du plus fort comme une des valeurs phares de sa "culture". Elle ne fit toutefois aucun commentaire et me tendit une patte secourable, me relevant d'une seule traction sans même le moindre petit signe d'effort.

"On est où, c'est ça?" me répliqua-t-elle le sourire en coin.

J'acquiesçais tout en buvant de longues gorgées au goulot de ma gourde cabossée. Le lieu ne m’évoquait rien de par son apparence: nous étions dans une grande pièce humide dans laquelle se répercutaient en échos le fracas des vagues contre le grès, la principale source d'éclairage provenant de larges fissures dans le plafond, lui-même situé à une hauteur de plusieurs mètres... A part cela, quelques plantes grimpantes avaient pris quartier sur les murs délabrés de la salle, agrippant parfois les quelques rares bannières mitées qui les tapissaient... Je faillis m'étrangler en reconnaissant les héraldiques qui y étaient tissées.

"Gardien, je te souhaites la bienvenue dans le seul endroit où personne ne cherchera jamais à nous retrouver; le château...

"...Von Lermesch..." achevais-je d'une voix où perçait un soupçon de crainte, l'endroit me donnant soudainement une brusque envie de déguerpir au plus vite.

Mon "amie" hocha la tête, visiblement ravie de ne pas avoir à prononcer l'imprononçable.

"T'es cinglée... On m'a toujours dit que ce putain de château était hanté!"

"Tu crois donc toi aussi à ces racontars?" me rétorqua-t-elle, un air vaguement amusé plaqué sur ses traits canins.

"C'est pas vraiment le fait de savoir si j'y crois ou pas qui est important... Disons qu'en fait, je préférais ne pas être sur place si l’histoire du comte ne s’avérait pas être une légende…"

La liykore observa un bref silence avant de me demander d'un air innocent:

"As-tu remarqué qu'il n'y a pas d'arènes dignes de ce nom à Exech?"

"Oui et alors? Enfin, il y a bien le "champ d'honneur" de Klaüs Hemmel dans les catacombes mais les combats sont truqués: on parie plus sur l'issue de la chorégraphie que sur les réelles capacités des combattants... Pourquoi tu me demandes ça?"

"Et tu ne t'es jamais demandé où l'on nous faisait combattre nous, les gladiateurs privés?"

Je la dévisageais pendant un court instant avant de comprendre où elle voulait en venir:

"Non...?"

"Et si... L'histoire de ce soit disant comte mort-vivant n'est là que pour faire fuir les éventuels curieux et voleurs du coin... Le reste du temps, le château est utilisé pour quelques combats de gladiateurs entre les maisons nobles pour régler des différents ou juste pour le spectacle."

"Mais c'est pas possible... Il y a eu des disparitions! Je sais de quoi je parle, on a déjà eu des plaintes au poste de milice!"

"Je te l'ai dit; le comte est mort depuis belle lurette... Quant aux disparitions et bien... Disons qu'il y a eu de temps en temps quelques participants supplémentaires imprévus lors des combats."

J'englobais la salle d'un geste:

"Alors, tout ça c'était votre... terrain de jeux?"

"Pas ici non... On est seulement dans une des pièces annexe du château ; suis-moi je vais te faire visiter."

Elle s'engagea dans un des couloirs latéraux et je lui emboîtais aussitôt le pas, pas vraiment désireux de me perdre dans un si grand bâtiment... C'était sidérant. S'approprier de cette façon un château centenaire dans le seul but de satisfaire des désirs pervers... Le genre de trucs qui ne dérangeaient en aucun cas cette bande de crétins consanguins des maisons nobles.
Je ne pus m'empêcher de repenser au cas des "disparus de Von Lermesch"; voilà qui expliquait beaucoup de choses... Les hommes qui s'évanouissaient dans le château comme par magie, la milice qui piétinait dans ses enquêtes... Tout cela à cause de quelques aristos en manque de sensations.
Enfin... D'après Skula, ce n'était plus qu'une question de temps avant que nous ne quittions cette ville et tout cela serait alors derrière moi.

C'était une sensation vraiment étrange... Se dire qu'il était bel et bien possible de tout recommencer, de se reconstruire en temps qu'être humain: il fallait seulement avoir les couilles de tout plaquer, avoir assez de folie pour lâcher les quelques babioles que l'on avait amassé au fil des ans et que l'on appelait ses "biens"... J'avais beau avoir économisé assez d'argent au cours de ma carrière de milicien pour pouvoir me payer une traversée en bateau, je savais au fond de moi que je n'aurais eu de cesse de toujours vouloir repousser l'échéance du départ, jusqu'à carrément abandonner toute envie de partir. Ma rencontre avec Skula avait changé la donne, cette dernière ayant plus chamboulée mon existence en une semaine que je ne l'aurais réussi en toute une vie... C'était elle l'ex-esclave qui m'avait rendu libre et qui allait m'arracher à la boue d'Exech. Pour cette seule raison, je lui serais à jamais reconnaissant, et peu m'importait que je ne sois qu'un outil dans ses projets... J'étais libre. Libre de quoi? Libre de partir, libre de m'affranchir d'une société corrompue, libre de faire une croix sur les erreurs du passé...

La liykore devant moi me guidait à travers des salles et des couloirs dans un tel état d'abandon qu'il était difficile de penser que l'ensemble du bâtiment était parfois utilisé par les hautes sphères de la cité... Le lieu en lui-même m'évoquait presque une cathédrale par son aspect gothique, avec ses hautes voûtes en ogives et ses vitraux représentant quelques membres éminents de la lignée éteinte des Von Lermesh en train de combattre une multitude d'ennemis, seulement armés de leur épée et de leur courage (la noblesse "à l'ancienne" affectionnait beaucoup ce type de truc chevaleresque naïf). De temps à autres, nous passions devant des alcôves depuis lesquelles quelques statues corrodées par l'iode (le château se situant en bord de mer) montaient la garde, leurs traits raffinés ayant depuis longtemps cédé la place à un aspect physique proche du lépreux au stade terminal...

Perdu dans mes pensées, je faillis entrer en collision avec Skula qui s'était arrêtée lorsque nous avions débouchés dans une pièce véritablement immense, toute en colonnades et en marbreries recouvertes de verdure... Le toit avait carrément disparu et laissait entrer les rayons solaires, illuminant le lieu d'une espèce d'ambiance féerique que je n'étais pas habitué à côtoyer dans les ruelles sombres de la ville. Je pénétrais dans la lumière avec délectation, appréciant pleinement la chaleur sur ma peau meurtrie... C'est alors que je me rendis compte que la liykore n'avançait plus, restant dans l'ombre d'une arcade effondrée.

"Alors? On a peur du jour?"

Elle me répondit d'un geste obscène et j'haussais les épaules.

"Tu devais me mener à une carte non?"

"T'es dessus."

Je lui lançais un regard en coin, me demandant brièvement si elle ne se foutait pas de ma gueule.

"Je vois rien..."

L'autre me désigna une sorte de balcon qui surplombait la grande salle.

"Faudrait prendre un peu de hauteur si tu veux mon avis..."

Je baissais les yeux vers mes bottes ferrées, essayant de deviner quoi que ce soit depuis mon niveau... Certaines dalles étaient colorées mais il ne me serait jamais venu à l'idée qu'il y ait une quelconque carte gravée sur le sol. Enfin... Il me fallait sans doute donc bel et bien monter vers ce balcon et ce, par le biais d'un escalier de pierre peu engageant.

La liykore surprit mon regard.

"T'inquiète pas pour ça, il est solide si c'est la question que tu te poses... Tu ne veux quand même pas que je te tiennes la main?"

L'ignorant elle et son sourire narquois, je m'engageais sur les pierres branlantes qui composaient autrefois un fier colimaçon menant à l'endroit où le comte devait présider les bals de la haute... D'abord méfiant, je pu progressivement constater que la liykore ne m'avait pas menti, les marches tenaient bon par je ne savais quel miracle et je me retrouvais bientôt à leur sommet; dominant la salle et me révélant ainsi la "carte invisible".

C'était... décevant. J'aurais espéré me trouver face à un truc qui se serait mis à étinceler de mille feux une fois arrivé en haut, du genre à te dire "je suis une des merveilles du monde, arrière loqueteux"... Mais non. C'était terne, décoloré par l'iode et en plus, il y avait des morceaux du toit manquant qui tapissait le sol.

Je me tournais vers Skula en contrebas, toujours tapie dans sa marre d'ombre.

"Alors?"

Elle ne me répondit pas tout de suite et ramassa une pierre au sol à côté d'elle avant de la lancer sur un endroit bien précis de la mosaïque... Juste à côté d'une ville bien particulière...

J’écarquillais les yeux de surprise en lisant son nom écrit d'un bleu patiné par les années.

"Kendra Kâr..."

"Et...?" fit-elle, m'encourageant ainsi à poursuivre.

"On va se faire massacrer dès qu'on posera pied là-bas... C'est une ville immense! Une des plus grandes de l'univers connu! Comment tu voudras te planquer au milieu de tant de monde? En plus ils détestent les gars d'Exech... On a aucune chance..."

"Ça risque d'être intéressant alors..."

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 Sujet du message: Re: Le Chateau Von Lermesch
MessagePosté: Dim 21 Oct 2012 01:32 
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Je m'étais finalement installé dans une des chambres donnant sur la mer, m'y assoupissant sans cérémonie au milieu de draps poussiéreux au possible. Le lendemain se déroula sans histoire, me permettant de récupérer les forces qui me faisait cruellement défaut depuis quelques jours... J’eus aussi l'occasion de récupérer mon "équipement", réuni par les soins minutieux de Skula.
Enfin, quand je dis mon équipement... La bonne blague.

Je voyais assez mal la liykore s'amuser à chercher attentivement les trucs que j'avais semé en route (et j'avais raison), aussi s’était-elle contentée de récupérer le matériel sur ceux qui étaient morts après m'avoir déposé au château... Sans le nettoyer.
Dans le doute, mon "amie" avait préférée tout prendre... Je me retrouvais soudainement en possession d'assez de matériel ensanglanté pour harnacher deux soldats et demi (sans surprise, il ne restait plus grand chose de celui que portait Sollow), la fin de journée fut donc consacrée à faire le tri dans l'équipement des corps de feu mes collègues (dont je préférais mieux ne pas savoir ce qu'en avait fait la liykore anthropophage).

Après les avoir nettoyés avec dégoût dans une mare d'eau stagnante qui s'était accumulée dans un coin, j'entrepris de récupérer ce qui pouvaient encore l'être au milieu des pièces d'armure en lambeaux... Pas grand-chose à vrai dire.
Je me retrouvais au final en possession d'une nouvelle cotte de maille et d'un plastron ayant appartenu à Athis, de l'épée de Galec (une lame à double tranchant de piètre qualité), sans compter le contenu d'une des sacoches de Sollow; quatre mystérieuses petites boules rouges auxquelles je préférais mieux ne pas goûter...

Kendra-Kâr... C'était une ville de lumière et progressiste, autrement plus prometteuse pour moi et mon avenir que la fange d'Exech. Les marins qui travaillaient pour les marchands avaient la parole facile dès que l'alcool coulait à flot et autant dire qu'on entendait de tout sur cette ville lorsque l'on laissait traîner ses oreilles dans les bars le soir... Et puis, si je me rappelais bien, mon père était aussi kendran à l'origine, bien avant que ses affaires ne le portent à Exech (et accessoirement vers sa mort)... On disait beaucoup de choses sur Kendra-Kâr; un roi éclairé, une ville polyethnique, un guet recrutant toujours plus de volontaires... Le trajet pourrait en valoir la peine. Et après tout, les gens n'avaient pas besoin de savoir que je venais d'Exech non? Il suffirait d'expliquer mon accent par le fait que je provenais d'Imiftil et ce, sans rentrer dans les détails... En répondant des trucs sortant du même tonneau que "nan mais tu ne connaîtrais pas de toute façon" ou bien "j'ai perdu la mémoire et pouf! Me voilà!".
Mais comment faire pour Skula? "Vous inquiétez pas, elle est bien dressée... Non! Lâche le monsieur! Vilaine liykore!"

Poussant un soupir, je me relevais en abandonnant mon équipement par terre tout en me dirigeant vers une terrasse ouverte sur la mer d'un calme d'huile. Finalement, j'aimais bien ce lieu... Il avait quelque chose de reposant, dans le style cimetière mais en retirant les tombes. Tout ici semblait en dehors du temps, tellement en décalage avec le rythme effréné de la rue... De la ville il ne nous parvenait plus que de lointains échos diffus et on ne risquait sûrement pas de se faire déranger par des voleurs, le mythe "Von Lermesch" ayant fait son œuvre.

Je suivis d'un œil distrait un vol de mouettes qui s'acharnait sur une forme au loin dans l'eau, sans doute le corps d'un malheureux qui avait été vomi par la cité dans la nuit... En y regardant mieux, je devinais finalement deux autres scènes comparables. Trois corps... Athis, Sollow, Galec. Merde. Il y aurait eu quelques jours, j'aurais dégobillé mon repas de la veille: mais plus maintenant... L'horreur des jours précédents m'avait endurci, me transformant en ce genre de trouduc' sans cœur massacrant des gens à la pelle. Non pas que je me mettrais maintenant à tuer mes semblables... Mais la simple idée d'assister à ce genre de spectacle morbide sans réagir me révoltait. Finalement, je me forçais à vomir. Par principe.

Quitter Exech me tracassais toutefois sur quelques points, comme par exemple "comment trouver un bateau". Avec Skula, c'était quasiment impossible et il était hors de question de prendre l'équipage en otage; dès qu'on fermerait un œil, ils nous égorgeraient... Et même sans les prendre en otage: après tout, nous étions à Exech. Il faudrait donc plutôt chercher du côté des bateaux étrangers qui faisaient escale dans les docks... Enfin, chaque chose en son temps.

L'autre problème, c'était le cas de la "lame de l'ombre". Toute ma vie j'avais espéré pouvoir me venger d'Iriel, ce salopard d'elfe qui avait jeté aux orties mon adolescence et mes aspirations à une vie meilleure... Par sa faute, j'avais perdu des amis chers comme Runat' la bratienne ou bien Varl (un humain comme moi) et j'étais passé pour un traître aux yeux de mes compagnons de bande. J'avais juré de le tuer de mes mains (même si l'inverse était bien plus probable) mais encore une fois, Skula avait changée la donne...
On m'offrait une occasion unique de refaire ma vie, et pas n'importe où! A Kendra-Kâr! Alors à quoi bon mourir pour le passé si l'avenir me tendait les bras? Les morts se foutaient pas mal de la vengeance, ils étaient (en général) passablement décédés et avaient bien d'autres soucis en tête (si tant est qui leur en restait une)... Tuer Iriel ne les ferait pas revenir à la vie. On pourra sans doute me traiter de lâche mais j’étais prêt à vivre avec. Mourir pour une cause c'est bien lorsque l'on a plus rien à perdre... Ce n'était plus mon cas, car maintenant j'avais bien trop à gagner.

Ma décision était prise; je partirais pour Nirtim et ses promesses.

"Gardien...?" me souffla une voix douce près de mon oreille.

Je poussais un glapissement de surprise, n'ayant pas entendu la liykore s'approcher... Skula était redoutable à ce petit jeu; même son odeur semblait jouer à cache-cache lorsqu'elle décidait de devenir discrète.

"Putain! Préviens quand t’arrives... Tu voulais me tuer ou quoi?"

Elle ignora ma réplique et poursuivit d'un ton impassible:

"Il est temps."



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Dernière édition par Vilnish le Jeu 19 Mar 2015 16:57, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Chateau Von Lermesch
MessagePosté: Dim 6 Jan 2013 00:19 
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"De l'argent?"

"C'est ce qu'a dit le nain..."

"Je vois..."

"Pas moi."

Une fois les négociations terminées, j'étais finalement rentré au château, retrouvant la liykore en train de déguster un morceau de viande sanguinolent tiré d'on ne sait quel bestiole... Ce n'est qu'une fois qu'elle m'assura que la chair ne provenait pas d'un humain que je la rejoignis, allumant un feu sur le dallage de la pièce avec les branchages séchés de quelques plantes grimpantes afin de cuire le morceau qu'elle me tendit, toute fière de sa prise.

C'est donc en mâchonnant une viande trop cuite à mon goût que je lui fis un résumé global de mon entrevue, laquelle s'était déroulée comme prévu... Chose assez étonnante quand on tenait compte des emmerdements qui m'avaient été infligés ces derniers jours.

"C'est quoi cette histoire d'argent? Le nain parlait du minerai ou de la monnaie en général?"

"Minerai?"

"Le métal, la matière dont on fait certaines choses..."

"Oh, il parlait sans doute de ça."

"Développer un peu m'aiderais bien si tu veux mon avis."

Je jetais au loin l'os que j'étais en train de ronger avant de m'allonger contre mon plastron dessanglé, en faisant une sorte d'oreiller improvisé tout en lâchant un soupir d'aise... Manger m'avais fait du bien, me relaxant bien plus que ne l'aurait fait une fille de joie du Serpent Rouge. En additionnant à cela le fait que tout se passait à merveille, j'étais à cet instant précis l'homme le plus heureux de yuimen.

"Les gens savent très peu de choses de mon peuple et beaucoup de rumeurs qui circulent sur nous sont fausses..."

"Permet moi d'en douter." lui répondis-je en souriant.

Elle s'allongea non loin de moi ce qui me fit avoir un mouvement de recul. Ses yeux me fixèrent suite à ma réaction craintive:

"Tu ne me fait pas confiance hein?"

"Franchement?"

Skula hocha la tête tandis que je me ré-installais plus confortablement.

"Je ne sais rien de toi, hormis ton espèce, ce qui n'est pas pour me rassurer... Tu es une esclave en fuite, ayant tué plus de personnes en une semaine que je ne pourrais le faire en toute une vie... Pour le moment je te suis utile, qu'en sera t-il ensuite?"

Les paroles du nain me revinrent en mémoire:

"Te débarrasseras tu de moi?"

La liykore cessa de me fixer, plongeant son regard dans les profondeurs de la nuit que nous voyions au dessus de nous à travers le toit défoncé.

"Je ne sais pas."

Elle eu un petit rire moqueur devant ma mine déconfite:

"Bien sûr que non... Je sais me montrer reconnaissante, je ne suis pas une bête. Quoi que vous, les humains, en pensiez."

Je me détendis complètement... Nous avions enfin une vraie discussion, comme lors de mes visites à sa cellule...

"Et donc? Pour cette histoire d'argent?"

Skula fit un geste vague de la main:

"Une histoire bâtie sur du vent... Les officiers qui dirigeaient vos pitoyables groupes d'exterminations qui partaient dans nos forêts avaient désespérément besoin de choses pour monter le moral de leurs meutes...Ils firent croire à leurs hommes que les armes, épées ou flèches, en argent étaient plus efficaces contre mon peuple. Ce mythe s'est vraiment répandu lorsque l'un de vos groupes eu supprimé une de nos tribus..."

"Attends, attends... Des groupes d'exterminations? De quoi tu parles?"

La liykore se redressa sur ses coudes pour me regarder, les oreilles levées:

"Tu n'es pas au courant? C'est vrai que tu n'as jamais quitté ce continent..."

"Des humains auraient cherchés à vous éliminer? Excuse moi, mais ça n'a rien de très étonnant. Tu dis que ton peuple est mal connu mais s'il s'était plus ouvert au reste du monde au lieu de le dévorer, ce genre de chose n'arriverait pas..."

"Est ce que je suis en train de mastiquer ta carcasse en ce moment? Non."

"Et j'en remercie les dieux..."

"T'étais pas athée aux dernières nouvelles?"

"Les trucs qui se passent ces derniers temps tendent à me faire revenir sur mes convictions."

J'esquissais un sourire avant de poursuivre:

"Que ferons nous ensuite? Je veux dire, une fois arrivé à Kendra-Kâr?"

"Et bien... Tu seras libre d'aller où tu voudras... Sans doute cherchent t-ils des hommes dans leur milice locale. Après tout ce que tu as traversé cette semaine, je pense que tu es aussi valable que n'importe lequel de leurs vétérans... Tant qu'il ne s'agit pas de manier une épée."

Elle laissa échapper un gloussement étrangement mélodieux.

"J'ai d'ailleurs été surprise lorsque j'ai vu que tu avais réussi à te débarrasser de deux de tes assaillants avant de perdre face... Qui aurait pu penser que tu en avais autant à revendre pour un sac à viande?"

"Oh... Oui hein? Surprenant..." lui répondis-je d'une voix distraite.

Repenser au massacre de la famille du marchand eu tôt fait de me replonger dans une humeur morose... Ce qui n'échappa pas à la liykore, laquelle vint poser son énorme paluche sur mon épaule (l'enveloppant entièrement) d'un geste apaisateur:

"Tu n'es pas responsable de ces morts... Tu n'as rien à te reprocher."

"J'aurais pu sauver ce putain de gosse..."

"Non. Tu serais mort à l'heure qu'il est si lui avait survécu; il t'aurait gêné lorsque que tu combattais tes compagnons de meute et l’inattention dans un duel ne pardonne pas... C'était son destin de mourir ici."

"Tout comme c'était le destin d'Athis et Sollow de mourir dans d’atroces souffrances?"

Skula me saisit soudainement par le col, me remettant debout d'un seul mouvement, plantant ses yeux ardents dans les miens tandis que mes pieds se balançaient à quelques centimètres du sol:

"Tu aurais sans doute préféré périr au combat gardien? J'ai eu plusieurs fois l'occasion de te laisser à ton sort, j'ai évité de nombreux gardes, traquée ta foutue odeur pendant deux jours et ais-je droit à des remerciements? Rien! Tu te comporte comme un vulgaire humain! Je t'arrache à ton sort et tu te lamentes comme un chiot gâté!"

"Leur mort n'était pas la seule option! Tu aurais tout aussi bien pu les assommer!"

"Je nous ais offert du temps! Que crois-tu qu'ils auraient fait une fois réveillés? En les laissant en vie, tes collègues seraient retournés trouver leur maître et nous aurions eu le double d'ennemis à nos trousses! Qu'esperais-tu?"

Je tentais de me dégager de sa poigne d'acier mais elle resserra son emprise, me forçant à la regarder dans les yeux:

"Que souhaites-tu? Mourir? Si ce n'est que cela, je peux te l'offrir! Je te garantie même que ce sera sans douleur... Vivre est-il si dur à supporter? Ces hommes voulaient t'assassiner! Pourquoi regretter leur trépas?"

"Je..."

Elle me relâcha soudainement, et je manquais de peu de m'effondrer contre le dallage de la pièce.

"Hmf... Les humains... Vous pensez tous valoir mieux que nous, cachés derrière la grandeur de votre soit disant civilisation? Vos lois, vos belles paroles... Vous êtes tout autant des meurtriers que nous, si ce n'est pas plus... Après tout vos guerres sont bien plus sanglantes que les nôtres. Et puis, tu t'es engagé dans la voie du meurtre non? Cette épée que tu portes à ta ceinture n'en est t-elle pas la preuve?"

Je dégainais mon épée, la soupesant légèrement... Elle était bien plus légère que celle que j'avais dû manier lors du meurtre des Velespars, cette famille de marchands qui avait été la cible des miliciens... La lame était usée en de multiples endroits, une véritable antiquité qui devait dater des débuts de la milice, un temps où ses membres espéraient encore faire de leur ville un endroit meilleur...
Bien qu'estompés par le temps, les mots "protéger et servir" restaient visibles le long de la garde de mon arme.

"C'est faux... Je me suis engagé dans la milice uniquement pour protéger mes concitoyens... Pour..."

Mes dents se serrèrent lorsque les souvenirs de la véritable raison de ma venue à la milice s'imposèrent à moi: j'avais besoin d'argent... Pour quitter l'organisation criminelle dans laquelle j'opérais auparavant... Et aussi pour sauver cette bratienne qui avait été mon amie. Runat'...
Je jetais mon épée aux pattes de la liykore avant de lui tourner le dos, emportant avec moi mon plastron afin de m'installer au plus loin d'elle.

"Bonne nuit Skula."

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 Sujet du message: Re: Le Chateau Von Lermesch
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Le lendemain, je retrouvais la liykore dans la salle commune en train de tenter d'allumer un feu sans se griller les poils avec un silex qu'elle avait sans doute trouvé dans mes sacoches.
Je la rejoignis tranquillement, m'asseyant à ses côtés tandis qu'elle pestait contre le bois sec qui ne voulait pas prendre...

"Comment pouvez-vous allumez des feux avec des trucs aussi minables?"

"Réveillée et en forme à ce que je vois..."

"Évidemment! Je ne dors pas aussi longtemps que toi!"

"Mhm..."

Elle tourna ses traits canins dans ma direction:

"Prêt pour le grand jour?"

"Impatient même..." lui répondis-je en souriant.

A mon grand plaisir, nous évitions tout deux d'aborder la dispute de la veille... Je n'étais pas un grand adepte des excuses et elle non plus visiblement. Sur ce point, nous étions au moins fait pour nous entendre.
Je cherchais du regard l'épée que j'avais jeté à terre la nuit dernière mais au final, je fut incapable de la repérer... Enfin...

Mon regard se porta sur le ciel ensoleillé qui perçait à travers le toit défoncé:

"La journée est bien avancée?" demandais-je, plus pour discuter que pour réellement m'informer.

"On est en fin d'après midi si tu tiens à le savoir... T'as dormi comme une véritable loque..."

Elle réussit finalement à produire une étincelle avec les pierres qu'elle frottait l'une contre l'autre mais le feu ne prit pas. Maugréant dans ses poils, elle se mit à mâchonner un des morceaux restants de la viande qu'elle nous avait ramené la veille, cru.
Ne pouvant moi même m'y résoudre, je récupérais les morceaux de silex qu'elle avait abandonné, parvenant à allumer un petit brasier lors de mon troisième essai alors qu'elle même y échouait depuis quelques temps, au vu de l'état de mes pierres.
La liykore me sourit de sa façon si particulière, de celle qui vous donnait envie de détaler ventre à terre alors qu'elle ne nourrissait pourtant aucune intention belliqueuse:

"T'es un magicien?"

"Du tout... Passe moi ton morceau, que je le fasse cuire."

Elle me tendit la viande qu'elle tenait dans sa patte sans réticence: on avait beau être une abomination poilue charpentée comme un buffle, on ne crachait pas sur un peu de bonne cuisine quand on y avait accès.

"Au fait... C'est du quoi?"

"Du chien."

"Encore un de tes traits d'humour?" répliquais-je tranquillement en commençant à rôtir la viande (tout en priant qu'elle ne provienne pas d'un pauvre canidé).

"Heureuse de constater que tu commences à t'y faire. C'est du bœuf, tu peux manger sans crainte..."

"Quel est donc le programme aujourd'hui? De nous deux, tu sembles la seule à savoir où tu vas..."

Elle s'étira.

"Rien de particulier... Nous allons passer la journée à nous tourner les pouces."

La liykore cracha par terre.

"Quel ennui... Que dirais tu d'un entrainement?" me demanda t-elle, une pointe d'espoir perçant dans sa voix.

"Sans façon... J'ai décidé de ne plus manier les armes."

Une onde parcouru son pelage.

"J'ai bien réfléchis et..."

"Pas assez visiblement..."

"Je pense qu'il est temps pour moi d'abandonner les bouts de métal pointus. Je n'ai rien d'un épéiste et je ne montre aucune habilité au maniement du sabre ou d'une quelconque autre arme... Pour ma sécurité et celle des autres, le mieux serait de m'en arrêter là."

"Je suis censée applaudir là ou tu te rends compte de ta stupidité maintenant?"

"C'est mon choix: je compte quitter les drapeaux et ranger mon armure. Des gens vivent et survivent sans rien d'autre que leurs poings et les armes n'ont apportés dans ma vie rien d'autre que du sang. Je pense qu'il est temps pour moi de passer à autre chose; pourquoi pas le commerce? Ou autre chose, peu m'importe! Kendra-Kâr sera pour moi un nouveau départ."

La liykore me devisagea un instant sans rien dire.

"Tu sais quoi?"

"Quoi?"

"Plus je te connais et plus je te méprise."

Mon sang ne fit qu'un tour:

"Ecoute-moi bien saloperie de clebarde! Je n'ai aucune envie de m'expliquer avec toi sur les avantages de telle ou telle vie! Jusqu'à preuve du contraire, je dispose encore du libre arbitre!"

Mes pas me portaient vers elle, mes bottes ferrées claquants sur le dalles recouvertes de mousse de la pièce.

"Je n'ai aucunement l'intention de passer l'ensemble de mon existence à me vautrer dans le sang des ennemis que je me serais créé!"

La liykore se releva lorsque je fus arrivé à son niveau, me forçant à lever la tête pour la fixer droit dans les yeux. Ses traits se déformèrent en un rictus haineux tandis que son visage se baissait à mon niveau.

"Tu es faible... Les faibles ne sont que des parasites qui ralentissent une meute, vidant ses ressources sans pour autant être capable de fournir de quoi les remplacer. Tu m'es inutile."

Ma seule réponse se résuma en une seule action: lui balancer mon poing dans la truffe.

Quand à la suite, et bien... Disons qu'elle fut douloureuse.

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Dernière édition par Vilnish le Jeu 26 Mar 2015 05:46, édité 16 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Chateau Von Lermesch
MessagePosté: Ven 24 Mai 2013 04:04 
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J'avais mal partout... Et l'expression "mordre la poussière" aurait été toute indiquée si le sol contre lequel la liykore pressait mon visage n'était pas fait de dalles humides et glacées...
Autant le dire tout de suite; je bouffais de la rocaille. Et j'étais loin d'en apprécier le goût.

"Tu as eu ta dose?"

Je grommelais une insulte en réponse de laquelle Skula accentua la pression sur mon dos; jusqu'au point où je cru que j'allais suffoquer, mes poumons peinant à aspirer ne serait ce qu'un souffle d'air...

"Gnh..."

"Oui?"

Sa voix était enjouée, cajoleuse... Presque amicale si on oubliait le fait qu'elle risquait à tout moment de me rompre l'échine.
La liykore noire était dans son environnement, elle s'y épanouissait alors que moi même peinait à ne serait ce qu'y prendre pied.
Pour être honnête, le combat avait été désespérément court; j’eus à peine le temps de lui balancer ma botte dans l'entrejambe (chose pas vraiment efficace contre les fières représentantes de la gent féminine) que la liykore me saisissait le crâne pour me l'enfoncer contre le dallage, le tout en un mouvement parfait qui aurait pâlir de jalousie Janus, le milicien le plus accomplit dans ce qu'il appelait "le noble art de la lutte".
En moins d'une dizaine de secondes, la liykore venait de sévèrement refroidir mes ardeurs guerrières pour le restant de la semaine.

"J'peux plus... respirer..."

"Je vais te relâcher... Doucement. Si tu t'avises de recommencer ce que tu m'as fait tout à l'heure... Et bien, disons que je devrais me passer de tes services."

La pression que la liykore effectuait sur mon dos s'allégea subitement, me permettant ainsi de passer de la position "ver de terre" à celle (plus pratique déjà) de "quatre pattes".
Skula s'assit en tailleur face à moi tandis que j'aspirais à plein poumons l'air qui m'avais fait défaut durant cet interlude... dérangeant.
Elle attendit tranquillement que je récupère un peu avant de se relever pour me tendre une patte secourable... J'étais trop reconnaissant pour seulement soupçonner qu'elle allait m'étaler d'un coup de poing juste après. Chose qu'elle fit. Violemment.

"Ne recommence plus jamais ça. Jamais."

Et ce fut sur ce (douloureux) petit avertissement quelle m'abandonna à mon meilleur ami, le dallage du château, lequel avait au moins la bonté de ne pas essayer de me rosser à la moindre occasion. Sa voix me parvint à nouveau tandis que la liykore s'éloignait sans se retourner:

"Je t'attendrais dans le hall avec ton équipement."

***


Au final, je restais un petit moment roulé en boule par terre et ce, bien après que Skula ait disparue. La douleur s'en était allée assez rapidement et ma joie ne fit que croître lorsque je pu constater qu'elle ne m'avait rien brisé (hormis ma fierté personnelle). Ce qui me gênait plus par contre, c'était le fait que j'allais devoir la supporter elle et son caractère pendant plusieurs jours en haute mer, probablement même pendant une semaine! L'horreur...
C'est donc en traînant les pieds (et en me perdant à deux reprises dans les couloirs humides) que je finis par la rejoindre dans le vaste hall où se situait la vaste carte du monde qu'elle m'avait montré lors de notre première visite, il y a de ça deux jours.

Comme promis (et sans grande surprise), la liykore m'attendait équipée de pieds en cape aux côté de mon barda de milicien, lequel était maintenant constitué d'un amas de rabiots pioché aux petit bonheur sur les corps de mes anciens (et pas très regrettés) camarades.
Ce qui était plus surprenant par contre, c'était que la liykore était... habillée.
Mon regard ne lui échappa pas et elle se fit un devoir de répondre à ma question muette en roulant des yeux:

"J'étais gladiatrice tu te souviens? Il y a toujours un dépôt au sous-sol où les différentes maisons nobles laissent leur équipement... Il m'a juste suffit de chercher un peu pour trouver le mien."

"Putain, il a pas dû être trop difficile à trouver je pense."

Outre un grossier pantalon de toile, la liykore portait un plastron sur lequel s'articulait deux épaulettes... Ce qui n'était pas grand chose mais qui à son échelle aurait largement suffit à harnacher un cheval de guerre.
Pour le reste, elle avait passé en bandoulière une hache d'arme que j'aurais peiné à soulever et portait dans son dos un large bouclier rond qui devait être dans le passé une table de taverne... Que l'on avait finalement cerclée de métal et privée de ses pieds.
Je pris intérieurement note de ne plus jamais (oh ça non!) lui balancer mon poing dans la truffe.

"Toujours pas décidé à reprendre les armes?"

"Non, et si t'es pas contente, tu peux aller..."

Un bref regard vers ses traits me fit comprendre qu'une pique n'était pas la bienvenue.

"... voir ailleurs. Je prend mon équipement dans un sac pour le trajet jusqu'au port et une fois là bas, je n'y toucherais plus. Notre arrangement mutuel consiste à ce que je t'emmène à Kendra-Kâr. Rien de plus."

Je m'attendis à une répartie cinglante de sa part, mais il n'en fut rien. Et lorsque je me décidai enfin à lever les yeux pour connaître la raison de son mutisme, ce ne fut que pour constater qu'elle avait disparue.


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