Madame Boisant, tailleur

Dans le monde de la noblesse, chaque faux pas vestimentaire peut être fatal. Madame Boisant est là pour éviter que ce faux pas n'arrive. Experte en mode, créatrice même, son œil entraîné est infaillible et son goût va au-delà des sens. Sa conception de l'art de se vêtir est proprement holistique.

Quand vous entrez dans sa boutique, modeste en taille mais non en décorum, Madame Boisant, ou l'une de ses filles comme elle les appelle, viendra vous renseigner. Elle prendra ensuite vos mesures, n'oubliant pas de vous faire remarquer, mesdames, chaque point de graisse ou de maigreur disgracieux.

Une fois vos mensurations établies, elle choisira avec vous (ou plutôt pour vous) la tenue idéale, totalement hors de prix, qu'il vous faudra absolument pour les prochaines mondanités. Car si son caractère est proprement insupportable, son talent le rachète au centuple.

(Les yus dépensés ici ne sont pas retirés de la bourse. Les vêtements vendus n'ont aucun bonus et sont uniquement rp)

Peu après qu'Aglaeka se soit fait percuter par une jeune fille un peu perdue, les deux femmes arrivèrent la maison de Madame Boisant, qui avait effectivement pignon sur rue. Isulka passa la première, franchissant la porte de bois pour entrer dans le petit monde du luxe kendran.

Sur des étals étaient disposés des rouleaux d'étoffe de toutes les couleurs, de la soie au velours. Il y avait quelques robes suspendues, démontrant le talent de la dite Madame Boisant. Une jeune fille d'une quinzaine d'années, habillée avec soin mais sans fioritures, se rapprocha:

"Bonjours et bienvenue chez Madame Boisant. Nous ne vendons hélas que des atours de la plus belle qualité."

Son regard se posa sur les armes gigantesques qu'arborait Aglaeka, ne cachant pas une grimace de dédain. Je me retins de la gifler violemment et avec fracas, l'attitude de la gamine ayant le chic pour porter sur mes nerfs déjà à vif.

"Et bien cela tombe bien, nous ne traitons qu'avec des gens de qualité. Allez donc chercher cette fameuse Madame Boisant."

La peste se mordit les lèvres, tandis que je lui souriais de façon cynique. Voyant qu'elle n'arriverait à rien seule, elle alla effectivement chercher quelqu'un dans l'arrière boutique. Quelqu'un qui mit un sacré bout de temps à arriver, nous laissant poireauter au milieu des tissus.

"Bonjour. En effet vous semblez véritablement avoir besoin de mes services vu votre accoutrement, mais avez vous le yu pour?"

La dame qui avait parlé était un petit bout de femme, les cheveux grisonnants montés dans un chignon sévère et le visage fermé et terrible. Son regard se posait alternativement sur les tenues des deux femmes, visiblement choquée que des personnes aussi mal frusquées ne se présentent devant ses yeux.

Je me demandais un instant ce que donnerait un sort de feu dans les lieux, me retenant uniquement par un effort sauvage de volonté.

Nous finassâmes par entrer dans cette fameuse boutique. Ce fut tout d'abord une jeune fille très mal élevée qui nous accueillis. Elle resta un instant fixée sur moi, certaines les lourdes lui semblaient trop étranges pour une personne ou une tout simplement une femme. Les sexes faibles devaient surement influencer ces jeunes personnes et leur faire croire je ne sais quelles horreurs et mensonges. Cela sera une nouvelle chose à travailler pour ma conquête future.

Isulka demanda à voir la propriétaire la boutique, décidément agacée par la jeune fille qui venait de disparaitre dans les pénombres de l'arrière boutique. Elle mit beaucoup de temps à effectuer la tâche, mais une femme beaucoup^plus âge finit par apparaitre. Les cheveux gris et resserrer, elle sembla à la fois choquée et étonnée de nous voir habiller de cette manière. Et sans plus de courtoisie elle nous finit comprendre que seul les yus étaient la monnaie qui marchait ici. Curieuse façon d'accueillir la clientèle, mais soit, de toute manière nous avions l'argent. Néanmoins, la mageresse semblait vouloir compter sur son prochain rendez-vous pour pouvoir nous épargner, nous et nos bourses.

"Bon ben et bien, voyez-vous nous presser, pouvons nous commencer ?"

Je m'attelai déjà à poser les armes sur le côté, les gardant près de moi. Un homme qui apparait et c'est tout de suite l'urgence ...

Aglaeka demanda que la femme se presse, posant ses monstres contre le mur. On ne risquait pas de les lui dérober, au vu de la force titanesque qu'il fallait pour simplement les soulever. Madame Boisant ne broncha pas, jusqu'à ce que je lui donne le nom de Lucina Firelia.

"Ah, mais bien sûr ! Elle m'a informé en effet qu'une personne se présenterait. Une, et non deux. Ceci dit, si vous êtes ensemble, elle ne verra probablement aucun inconvénient à ce que je mette cela sur sa note."

La suite des événements fut bien douloureuse. Madame Boisant nous mesura, entièrement, de la tête aux pieds sans nous épargner les remarques désobligeantes. Je la maudis intérieurement quand elle se moqua de mon tour de cuisse, m'assurant que je ferais mieux de faire comme mon amie et de me maintenir en forme. Heureusement, elle n'oublia pas de critiquer les bras de celle-ci, plus adaptés à un gladiateur qu'à une demoiselle.

Au final elle nous aida à choisir le tissu et la coupe, ne manquant pas de nous réprimander lorsque nos choix n'étaient pas en accord total avec la mode. Elle se demandait même comment j'avais pu me faire connaître d'une dame aussi élégante que Lucina Firelia si j'étais incapable de reconnaître de la soirée d'araignée shaakt quand j'en voyais. Je réprimai l'envie de lui montrer de visu ce qu'était une mageresse, tandis qu'elle travaillait sur les plans.

Après une attente interminable, elle annonça fièrement qu'elle avait une idée, pour chacune d'entre nous, qui donnerait l'illusion d'un corps parfait. Elle nous congédia sans plus attendre, nous mettant presque à la porte et nous sommant de nous représenter deux jours plus tard.

"Dis Aglaeka, il va falloir que je travaille ma magie pour être crédible quand je rencontrerais cette élégante femme qui reconnait de la soie d'araignée shaakt à cent mètres... Tu veux venir? Ça risque d'être un peu... Enfin tu verras!"

Pas très difficile de convaincre une tailleuse (oui je dis ce mot que chaque mot mérite d'être féminisé) pour mettre la note de robe sur la bourse de quelqu'un d'autre. Le temps qui s'ensuit me parut être interminable. elle s'amusa à prendre nos mesures, regarder les tissus, penser à des assemblages et autres tâches. Je ne considérait pas son métier par simple incompréhension. La prière et la combat était quelque chose beaucoup plus instructif que des vêtements ...

Une fois cette misère accomplie, la dame nous expulsa, nous demandant revenir dans deux jours. Deux jours pour constituer deux robes ? Il me fallait bien moins que ça pour tuer tous les hommes de cette ville. Quel bonheur serait-ce. Parcourir les rues pleines de femmes, les quelques hommes présents seraient de vulgaires esclaves pour effectuer les tâches difficiles.

La réalité était pour le moment toute autre avec de nombreux sexes faibles marchant à nos côtés, leurs regards pervers ne observant de haut en bas. Comment une femme pouvait-elle trouver cela attirant. Curieuse de savoir l'avis de ma mageresse, je lui demandai. Une seconde avant mon esprit s'était reconnecté à la réalité, la mageresse semblant attendre quelque chose de ma personne. Par doute acquiesçai d'un mouvement de la tête avant de lui poser ma question existentielle.

"Comment on peut trouver ces sexes faibles attirant d'une quelconque façon ?"

Précédemment: A la recherche d'un tailleur


Oryash s'arrêta devant l'échoppe et lu l'enseigne au dessus de la porte.

Bon et bien j'y suis,Madame Boisant Tailleur. Maintenant reste à savoir si la dame va pouvoir réaliser pour moi ce que j'attends d'elle, c'est moins sur.

La peau blanche finit par pousser la porte de l'établissement et à peine fut-elle entrée que quelqu'un l'interpella vivement.

"Damoiselle s'il vous plait, pas d'animaux dans ma modeste boutique"

Oryash posa son regard rouge sur celle de toute évidence était la propriétaire des lieux et lui lança aimablement.

"Navrée mais vous allez devoir faire avec Madame Boissant, sans quoi j'ai bien peur qu'il ne se fâche. Il serait vraiment dommage qu'il vienne par inadvertance à mettre le feu à votre si jolie boutique à cause de sa magie de foudre. Toutes ces belles étoffes réduites en cendre, je n'ose même pas penser à la chose."

Oryash jouait comme elle jouerait avec n'importe qui quand elle voulait avoir quelque chose. La commerçante eut une grimace et soupira longuement.

"Très bien mais qu'il reste près de l'entrer."

"Je ne vous le garantie pas, mais on peut toujours essayer."

Elle se pencha vers le woger et dit quelques mots à voix basse.
Au fond, elle ne pensait pas une seconde que l'animal obéirait et s'en moquait. Elle n'était pas là pour le museler ou transformer en bon chien.
Oryash s'avança vers la tailleuse et sortit de son paquetage ce qui l'avait amené jusqu'ici.

"En fait il me faudrait des vêtements identiques à ceux là"; dit-elle en montrant sa jupe et son bustier.

La commerçant ouvrit de grand yeux.

"Par tous les saints mais quels sont donc ses oripeaux! Diantre, ne me dites pas que vous porter ça alors que cette robe vous va si bien. Une belle femme comme vous devrait revêtir des vêtements de qualité et les plus nobles matières qu'il soit."

"Certes..certes...vous avez sans doute raison ma bonne Dame mais pour ce que j'ai à faire il me faut des choses pratiques et non de grandes robes qui pourraient entraver mes mouvements. Alors si vous n'êtes pas capable de me faire ça dites-le tout de suite que nous ne perdions pas de temps pour rien."

" Oh non, ce n'est pas ça, je suis plus que qualifier pour faire de pareil vêtements, c'est juste que d'ordinaire on me demande de beaux atours et non des choses si simple à réaliser"

"Et bien il faut un début à toute ma bonne Dame. Dans combien de temps cela pourrait-il être prêt et combien m'en coutera-t-il?'

La commerçante fit un rapide calcul dans sa tête et lança sans hésitation.

"Soixante yus pour le tout dans la même matière et disons en fin de la journée."

La fin de journée, cela paraissait une éternité pour la peau blanche. Devoir se balader encoreavec cette robe sur le dos ne l'enchantait pas mais elle n'avait pas le choix.
Oryash, fouilla dans sa bourse et tendit la moitié de la somme à la tailleuse.

"Tenez voici un acompte, vous aurez le reste tout à l'heure."

"Parfait, à plus tard Damoiselle."

La femme prit les vieux vêtements d'Oryash et se dirigea vers le fond de la boutique.
Oryash gagna la sortit toujours suivit par le woger qui s'était soulagé sur les pans d'une robe qui tronait sur un portant près de la porte.
La peau blanche, ne fit pas cas de la chose et quitta l'échoppe. Maintenant il fit fallait trouver de la nourriture pour cet animal dont l'estomac commençait à crier famine.

Précédemment: Et on y retourne


Une fois entrée dans la boutique Oryash fut accueillit par une femme qu'elle n'avait pas vu la fois dernière.

"Bonjour Damoiselle,puis-je quelque chose pour vous?"

"Madame Boisant n'est pas là? Demanda Oryash en scrutant le magasin du regard."

"Non, elle a du s'absenter pour une course et ne devrait revenir que très tard."

"Je suis passée un peu plus tôt dans la journée et j'ai laissé à votre patronne mes anciens effets personnels afin qu'elle en confectionne de nouveau. Ne vous en aurait-elle pas parler?"

"Voyons voir....elle m'a laissé un pantalon à remettre à un client, une robe mais vu votre taille de guêpe elle ne vous ait pas destinée et un ensemble en fourrure contitué d'une jupe et d'un bustier."

"C'est cela, le bustier et la jupe sont pour moi. D'ailleurs je lui ai payé la moitié de la somme convenue, le reste elle l'aurait quand je récupérais le tout."

"Soit et bien je vous emballe le tout et je vous remet tout ça. A propos, voulez aussi garder vos vieux vêtements, ils sont en fort mauvais état."

"Oui s'il vous plait. Par contre j'aimerais pouvoir me changer sur le champs car une robe comme celle que j'ai sur le dos actuellement n'est pas des plus pratique pour arpenter la cité."

La jeune femme jeta un oeil sur l'ouvrage et dut admettre que la peau blanche avait raison.

"En effet elle est plutôt destinée à une soirée de la haute qu'autre chose. D'ailleurs si vous me permettez, le tissu est magnifique.Pourriez-vous me dire où vous l'avez acquis?"

"Je crains de ne pouvoir vous aidez en ce sens étant donné que cette robe est un présent que l'on m'a fait."

"Quel dommage, connaitre la provenance de cette soie nous aurait été fort utile. Pour ce qui est de vous changer vous pouvez utiliser l'arrière boutique."

Oryash la remercia d'un signe de tête et s'empressa d'aller se changer. Quand cela fut fait, elle repassa dans la boutique parfaitement à l'aise dans ses nouveaux vêtements et donna les 30 Yus qui manquaient comme convenu.

"Tenez ceci est pour vous et remerciez Madame Boisant pour moi. Au revoir."

Et sans attendre la moindre réponse de l'employée elle quitta la boutique. A présent il lui fallait gagner le Dûché des montagnes.

Je pousse la porte de la meilleure couturière de tout Kendra Kar, j’ai déjà entendu son nom dans des tavernes. Apparemment, elle habillerait les plus grands bourgeois de la ville. Quand je soupèse ma bourse, elle est suffisamment remplie pour que je puisse me permettre de prendre les services de madame Boisant.

L’intérieur de la boutique est rempli de différentes étoffes, plus belle les unes que les autres. Elles sont posées sur des tables ou encore accrochées à des barres pour qu’elles puissent pendre et que les clients acceptent de les toucher pour se rendre compte que la qualité des étoffes. Une jeune femme s’approche de moi pour me dire :

Excusez-moi monsieur, mais vous ne pouvez pas rester. Nous ne pouvons pas faire de vêtements pour vous. Cela vous couterait beaucoup trop cher.

Je jette ma bourse sur le comptoir et l’instant d’après l’attitude de la jeune femme change. Elle commence à me montrer de la soie, du lin,… des étoffes magnifiques certes, mais ne correspondant pas à mon style. Je ne me vois pas porter des vêtements de cette délicatesse alors que je ne suis qu’un humble guerrier. J’aperçois du cuir noir éclatant, il me fait envie. Je m’en approche et pose mes doigts dessus, le contact froid de la peau me fait hérisser les poils de mes bras. Je ne peux pas d’écrire toutes les sensations qui me parcourent grâce à cette étoffe.

Je souhaiterais celle-ci.

(Pour une fois, avec Jack nous sommes d’accord, tu as fait un magnifique choix.)

La vendeuse me dit que je fais un excellent choix. Elle me demande ensuite de tendre mes bras et d’écarter les jambes afin qu’elle puisse prendre des mesures. Elle sort différentes longueurs de cordes et les essaies sur moi. A chaque fois, qu’elle trouve un morceau de bon, elle le place de côté. Une fois, toutes les mesures de prises, elle se retire et me demande de patienter le temps que madame Boisant couse mes affaires.

Je m’assois sur une chaise et attends. Ce fut long avant que je puisse apercevoir une femme sortir avec dans ses bras des vêtements en cuir comme je l’avais demandé. Je lui donne la somme qu’elle me demande puis je me retire dans une pièce pour me changer. Le contact du cuir me fait un grand bien, les coutures sont quasiment invisibles. J’ai l’impression que ma tunique ou mon pantalon ont été fait d’un seul bloc. Elle me propose de me débarrasser de mes anciennes frusques, je lui dis que ce n’est pas nécessaire et qu’elles peuvent toujours servir. Je fourre mes vieilles affaires dans mon sac, on ne sait jamais, ils peuvent toujours être utile pour faire de l’entrainement. Je me retire en remerciant les deux femmes.

Il rentra dans la boutique et trouva bien vite une dame à l'air distingué. Assez âgée, et sèche, elle était vêtu fort élégamment... et le regardait d'un air outré. Il fit une profonde révérence :

« Pardonnez-moi de me présenter dans cette tenue, madame, mais je reviens du concours d'archerie, et j'ai un besoin urgent d'une nouvelle tenue. »

Madame Boissant fronça les narines :

« Mais vous auriez pu vous changer avant de venir. »

« Madame, j'en ai besoin pour ce soir ! »

Elle soupira d'un air exagéré :

« Encore un gamin qui va courir dans la boue et ensuite s'inquiète de sa conquête du soir... soit, voyons si je peux arranger ça... »

Comme il fallait s'y attendre, ce fut fort long. L'elfe dû d'abord se dévêtir presque entièrement car elle refusait d'approcher alors qu'il était dans cet état. Ensuite, commença une longue séance de mesure. Madame Boissant était visiblement une perfectionniste. Et aussi quelqu'un qui n'aimait pas que ses clients aient des idées pour eux. Faëlis parvint néanmoins à la convaincre qu'il avait vraiment besoin d'une écharpe pour se cacher le visage.

« Et un rendez-vous illégitime, en plus... »

Elle semblait excédée, mais il ne s'inquiétait pas. Il était évident qu'elle avait l'habitude et qu'elle tiendrait sa langue. Elle marmonna ensuite, son mètre à la main, sur ces elfes qui ne pouvaient pas avoir des proportion « normales ». Sa précédente aventure lui en avait appris suffisamment sur le racisme anti-elfe pour qu'il ne relève pas. De toute façon, ici, il était évident que le tailleur était insupportable avec tous ses clients. Le fait que son commerce soit toujours là témoignait de son talent.

« J'ai exactement ce qu'il vous faut. Les jeunes gens comme vous aiment les couleurs vives, hein ? »

Il ouvrit la bouche pour répondre mais elle ne lui laissa pas le temps de prononcer un mot.

« Bleu et rouge. Dans des tons foncés. Ce sera discret, et en même temps, dès que vous serez à la lumière, cela mettra en valeur la peau et les cheveux dorés. »

« Il faudrait que ça ne soit pas trop contraignant pour les mouvements non plus... »

Le papier précisait bien qu'il devait accéder directement à l'étage et passer par une fenêtre pour rejoindre Neolia sans se faire voir par toute la maisonnée. Il allait donc devoir faire preuve de ses talents d'escalade.

« Laissez-moi faire ! Enfin... »

Le calvaire dura une éternité, mais alors que le soleil disparaissait. L'archer était fin prêt. Une tenue riche et élégante, toute de bleu et d'or, et en même temps digne d'un gentleman cambrioleur avec le foulard de pourpre prêt à être rabattu sur le visage. Pour une petite fortune qui le priva de l'essentiel de sa récompense du concours, il avait fait l'acquisition, il fallait le reconnaître, d'une petite merveille vestimentaire.

Madame Boissant le chassa en vitesse. Ne restait plus qu'à passer chez lui, déposer ses vieux vêtements, manger... et aller à son rendez-vous.

"Par la Divine Yuia!"

Tels sont les mots, prononcés sur un ton outré voire choqué, qui m’accueillent lorsque j'entre dans la boutique chargée d'innombrables rouleaux de tissus de la plus belle qualité. Intrigué, je referme la porte et me tourne pour voir ce qui suscite tant d'émotion et hausse un sourcil en apercevant une petite humaine âgée fort élégamment vêtue qui me dévisage d'un air totalement effaré et précise d'un ton pincé:

"Mon pauvre monsieur, nous n'habillons pas les mendiants ici! Allez donc plutôt du côté du marché, vous y trouverez certainement votre bonheur."

Hum, mendiant, moi, vraiment? Pour qui se prend-elle cette jeune pimbêche pâlichonne, au juste? Une petite remise en place s'impose bien que, dans le fond, ce qualificatif ne soit pas dénué de justesse compte tenu de l'état de la tenue de voyage propre mais élimée à en être presque transparente que je porte. J'adopte mon attitude la plus hautaine et parcourt lentement la boutique d'un regard circulaire lourdement sceptique avant de répliquer d'un ton de profond ennui:

"Ma foi vous avez peut-être raison, j'ai vu de plus belles étoffes au marché. Je ne manquerai pas de faire part de mon désappointement à Dame Octavie, envoyer ses clients ici ne pourrait qu'entacher sa réputation de bon goût."

L'humaine manque en avaler sa langue et son regard méprisant s'emplit de doute alors qu'elle demande d'une voix imperceptiblement hésitante:

"C'est Dame Octavie de l'auberge du Lion qui vous a envoyé chez moi?"

"Certes, qui d'autre? Je me suis certainement trompé d'adresse, je croyais être chez madame Boisant mais..."

"Pardonnez ma méprise, messire, votre...tenue m'a leurrée, je l'avoue. Sans vouloir vous offenser je n'oserais même en faire des chiffons."

"Il n'y a guère de tailleurs compétents dans les montagnes, très chère, voyons donc si votre réputation se justifie un tant soit peu. J'ai besoin de deux ou trois tenues dignes de ce nom, qu'avez-vous à proposer?"

"Ôtez donc ces hardes, elles offensent mes sens et je ne puis me concentrer. Du sur-mesure, assurément?"

"Assurément, ma bonne dame."

Il s'ensuit une longue séance de mesures, de déroulage d'étoffes et de réflexions offusquées sur les balafres qui sillonnent mon corps, puis l'humaine finit par m'annoncer d'un ton péremptoire:

"Repassez dans deux jours, vos tenues seront prêtes. Je vais vous prêter quelque chose en attendant, vous ne pouvez retourner à l'auberge du Lion ainsi attifé, les clients pourraient en faire un malaise!"

Elle me prête donc obligeamment deux tenues complètes d'excellente qualité et me congédie séance tenante, sans me laisser un mot à dire sur le choix de mes futurs vêtements.

Lorsque je reviens deux jours plus tard, passés à explorer les environs de l'auberge et à me reposer, madame Boisant me dévoile ses trois créations qui, je dois bien l'admettre, me laissent sans voix. C'est à peine si je me reconnais dans une glace... jamais je n'ai porté de si magnifiques habits, les mesures sont si parfaites que j'ai l'impression d'avoir une deuxième peau et de m'être soudain transformé en prince du Naora. Je salue son talent d'un compliment et règle la note qui, sans surprise, s'avère à la hauteur de son art, puis regagne l'auberge afin d'y prendre un bon repas.