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 Sujet du message: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Jeu 30 Oct 2008 19:14 
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Les chemins et sentiers à travers les montagnes


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Dans ces montagnes, de petits sentiers abrupts sont dessinés par l'usage qu'en font les voyageurs, mais méfiez-vous, ils sont tout de même assez dangereux. Il n'est pas rare qu'un glissement de terrain modifie l'apparence des lieux ou abîme les passages étroits, les rendant presque impraticables.

L'un de ces sentiers mène à l'oracle, d'autres, où peu de personnes s'aventurent, mènent peut-être vers d'autres lieux sombres et empreints de mystère. Les grottes ne sont pas si rares et leurs habitants parfois étonnants.

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 Sujet du message: Re: Le chemin à travers les montagnes
MessagePosté: Ven 24 Juil 2009 16:39 
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La voie de l'Arme Ultime n'est pas un long fleuve tranquille


Nirge se dirigea prestement vers une zone dégagée, quelque peu à l’écart du sentier principal d’où elle venait, bordée par un fin ruisseau d’eau claire.
L’obscurité aurait pu être un handicap pour n’importe qu’elle autre race, mais elle y voyait mieux que quiconque et n’eut que peu de mal à trouver tout ce dont elle avait besoin pour camper ici. Bois sec et nourriture facile à attraper étaient à portée de main.

Elle se remémora alors le dernier ordre que lui avait confié la prêtresse Lavishtae :

_ Cette fois, Nirge, il va falloir que tu te retrouves avec toi-même, que tu ailles puiser au fond de toi les ressources nécessaires à la survie en milieu naturel et cependant, que tu continues malgré tout ton entraînement à l’épée courte par différentes missions que tu as maintenant pris l’habitude de faire. Car tant que tu ne seras pas autonome en tous points, tu ne pourras prétendre à l’efficacité.

_ Oui, prêtresse, avait-elle répondu de façon quasi-militaire.

_ Pour cela, il faudra que tu te réfugies aux pourtours de la ville sans jamais l’approcher lorsque viendra le temps de te reposer. Et j’insiste sur ce fait en particulier, car nous te surveillerons afin de nous assurer que tu ne cèdes pas à la facilité. Comme tu le sais, le court d’eau qui mène à la voie de l’Arme Ultime, ce que tu souhaite devenir, n’est pas ce qu’on appelle communément un long fleuve tranquille. Ceci étant dit, nous serons également amenés à tester tes sens ainsi que ta capacité à évaluer les dangers.

_ Bien, prêtresse.

_ Maintenant, va et ne reviens pas avant une semaine, jour pour jour, et que la Déesse des Araignées guide tes mains dans la clarté néfaste du monde extérieur, ajouta-t-elle avant de déposer un baiser protecteur de ses lèvres noires sur le front de l’apprentie.

Cela faisait maintenant trois jours qu’elle dormait dans les montagnes, aidant principalement les paysans alentour à retrouver des animaux perdus dans les grottes. Ce n’étaient certainement pas des quêtes très glorieuses mais elle étaient nécessaires pour parfaire le métier.
De plus, elle avait le sentiment que quelque chose allait bientôt se passer.

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Dernière édition par nirge le Mar 28 Juil 2009 09:06, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le chemin à travers les montagnes
MessagePosté: Lun 27 Juil 2009 12:43 
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Shaakt, fais-moi peur!


Nirge venait de passer trois jours de plus sans encombres, à s’entraîner aussi furtivement que possible, retrouver d’autres animaux égarés, dormir, chasser. Elle était restée, tout au long de ce séjour, excessivement attentive aux bruits qui l’entouraient complètement mais elle commençait à être déçue que rien ne lui soit encore arrivé. Elle aurait désiré un minimum d’action, de quoi la mettre un peu en difficulté afin qu’elle se prouve avant tout à elle même qu’elle était capable de faire toujours mieux.
Elle observait les légers coups de vent dans les feuilles d’arbre tout autour d’elle, tout en se concentrant sur le bruissement qu’elles émettaient. De petits bruits doux comme des caresses lui parvenaient. Des caresses aussi irrégulières que la cime des arbres qui la rendaient si petites aux yeux de la nature. Elle se laissa porter quelques instants par ce ballet désordonné, mais beau néanmoins, les yeux clos, la respiration profonde. Jusqu’à ce qu’elle remarque un tout petit détail qui aurait pu passer totalement inaperçu : certaines feuilles sur sa droite bruissaient naturellement en même temps que ses consœurs, mais également à certains autres moment où le vent ne semblait pas avoir assez de force pour chatouiller les arbres.
Elle n’eut aucun réflexe visible, dans le seul but que l’intrus, quel qu’il soit, ne sache pas qu’il avait été repéré. Elle n’ouvrit même pas les yeux.
Et elle resta ainsi, à essayer d’évaluer les distances sans parvenir à de grandes certitudes pendant quelques minutes encore, jusqu’au moment où elle distingua un bruit estompé qui évoquait la graisse de mouton que l’on applique sur les cordages avant de les tendre au maximum lorsque l’on veut les fortifier.
Son sang ne fit qu’un tour et elle bondit en avant, ouvrant instantanément les yeux, en direction d’abris plus feuillus encore.

_ (Ne pas courir tout droit, se souvint-elle soudain).

Et elle eût raison de modifier immédiatement sa façon de courir car une flèche effleura sa tête de si près qu’elle aurait pu voir chaque détail d’ouvrage si elle n’avait pas été autant concentrée sur la coordination entre ses pieds et le terrain accidenté sur lequel ils évoluaient.
Elle remarqua cependant où avait atterri la flèche et s’empressa de faire un léger détour afin de la ramasser. Celle-ci s’était plantée dans la terre humide de ce début de soirée, et elle ne fut donc pas difficile à extraire d’un seul coup de main. Mais Nirge ne s’arrêta pas de courir pour autant et parvint finalement à se réfugier derrière le mur protecteur que formait un énorme tronc d’arbre tandis qu’une flopée de flèches fendaient l’air dans un souffle rapide et mortel, sans jamais parvenir à l’atteindre.

A quelques dizaines de mètres de là, une masse sombre, perchée sur une branche, entreprit de sauter hors de sa cachette, sans un bruit, et couru de sorte qu’aucune ouverture à distance ne puisse jamais l’atteindre. C’était un des principes de base de sa discipline : provoquer les erreurs d’ouverture de sa proie, mais ne jamais en subir aucune.
La forme évolua dans l’obscurité encore pendant quelques mètres puis se décala petit à petit, jusqu’à ce qu’elle soit en mesure de distinguer un quelconque parcelle de vêtement de sa futur victime. Celle-ci ne semblait pas ou peu bouger. Elle ne devait certainement pas penser que son agresseur aurait pu arriver si vite, et surtout sans presque aucun bruit étant donné que les faibles craquements dus au poids de l’archer sur le sol se produisaient alors même que l’individu était déjà passé depuis longtemps.
Tout se présentait plutôt bien pour le moment. Une nouvelle flèche fut sortie du carquois, placée correctement sur l’arc, la corde fut tendue (la graisse de mouton se fit à nouveau entendre), et la cible fut visée au niveau des côtes.
L’archer relâcha alors d’un seul coup toute la tension de la corde et la flèche vola avec une rapidité folle vers son but, qu’elle atteignit sans problème. Elle pénétra sèchement dans le cuir, mais marqua un angle peu probable et s’enfonça bien plus que prévu, ce qui interloqua la masse sombre.
Le quidam s’approcha alors avec la plus grande précaution, et au moment où il réalisa que le vêtement de cuir n’était plus qu’une enveloppe vide, maintenu habilement par la pointe d’une de ses propres flèches à l’arbre, qui avait servi d’avantage de leurre que de protection, une lame vint se glisser juste sous son menton avant même que les terminaisons nerveuses de son dos ne puisse sentir le contact avec la proie devenue agresseur. D’ailleurs, le contact en question lui paru inattendu dans le sens où le cuir de son armure ne rencontra pas d’étoffe habituelle, mais plutôt, directement la peau de la manieuse d’épée.

_ Tu es morte, Angäle, lâcha Nirge d’une grave et posée.
_ Comment m’as-tu reconnue ?
_ J’ai étudié tes mouvements et tes actions, et je n’ai plus eu aucun doute que c’était toi.
_ Tu es peut-être ma cadette mais tu es très forte, admit-elle tandis que Nirge retirait son épée délicatement, avant de la ranger dans son fourreau. D’où est-ce que tu es sortie ?
_ Juste au-dessus de toi.

Angäle rangea également son arc, puis s’agenouilla devant le corset de cuir, en délogea sa flèche ainsi que la pointe qui le maintenait à l’arbre, et le tendit affectueusement à Nirge pour que celle-ci se rhabille.
Angäle se dit alors que Nirge faisait des progrès spectaculaires, surtout lorsque l’on considérait qu’elle arrivait à faire encore moins de bruits de déplacement qu’un archer pourtant sur-entraîné dans ce domaine.

_ J’ai beau avoir dix ans de plus que toi, dix années d’expérience, d’apprentissage et de discipline, tu as des dons particuliers, Nirge ! Je n’ai jamais vu une intelligence de combat aussi fine que la tienne. En quelques secondes, tout était déjà décidé de ton côté, alors que du mien, j’envisageais les possibilités en ne gardant que les plus probables, fit-elle, pleine d’admiration pour cette jeune recrue prometteuse.
_ Je t’offre quelque chose à manger, demanda Nirge pour seule réponse.
_ Volontiers. Je vais t’aider à préparer le repas, et tu en profiteras pour me raconter ton petit séjour.

Dans la fraîcheur de la nuit, les deux Shaakt discutèrent de tout et de rien, mais principalement de techniques de combat, avant de s’endormir paisiblement sur l’herbe légèrement humide.

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 Sujet du message: Re: Le chemin à travers les montagnes
MessagePosté: Mar 28 Juil 2009 11:54 
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Good morning, Montagne!


Au petit matin, juste avant que le soleil ne commence à brûler ses rétines sensibles et n’abîme sa peau si blanche, Nirge s’affairait à ranger son campement et se préparait doucement à retourner au temple de Valshabarath afin de faire son rapport à la prêtresse Lavishtae et recevoir ses conseils et ses futurs enseignements.

Angäle, quant à elle, était partie durant la nuit, certainement car elle avait une autre mission importante à accomplir pour le compte du temple, mais non sans laisser un petit présent pour Nirge : une paire de chausses en cuir noir était posée à l’emplacement même où Angäle avait dormi.

Nirge les prit délicatement, celles-ci tintèrent. Elle fouilla donc à l’intérieur et mit la main sur vingt-sept yus, pas un de moins.

_ Merci Angäle, dit-elle dans le vide.

Elle se débarrassa alors de ses anciennes chausses en tissu, puis enfonça ses pieds de petite Shaakt dans les nouvelles, qui étaient un peu trop grandes pour elle, et les noua tant bien que mal de sorte qu’elles lui tiennent un minimum aux pieds.

Elle se mit ensuite à songer à tous les courants contre lesquels elle devait nager et remercia à nouveau ses sœurs, telles que Angäle, de la soutenir, par un regard vers l’immensité du ciel.

Depuis toute petite, elle devait faire face à l’incompréhension générale en ce qui concernait son âge. Chaque personne qu’elle avait rencontré jusqu’ici, mis à part quelques rares exceptions, considéraient qu’elle était bien trop jeune pour réussir ce qu’on lui demandait d’accomplir, et lorsque venait le temps des compte-rendus, ces gens-là criaient presque à la supercherie.

Elle avait l’impression de devoir faire ses preuves sans arrêt, et ce, jusqu’à ce que l’âge ne soit plus significatif pour les gens autour d’elle. Autant dire qu’elle devrait attendre encore une bonne vingtaine d’années, lorsqu’elle aurait dépassé la barre fatidique des quatre-vingt-dix ans.

Pour l’instant, elle n’était qu’une gamine futile aux yeux de tous, peut-être douée, ou bien, tricheuse, mais personne d’important en tout cas et certainement pas quelqu’un qui possédait un destin exceptionnel.

Mais ce que les autres pensaient ne l’empêcherait pas d’atteindre le stade d’Arme Ultime, l’état où le maître d’arme est tellement en accord avec son instrument de combat qu’on le considère comme une arme douée de conscience. Ce n’est plus une femme, un homme, ni même un être humain, mais bel et bien un outil que l’on peut employer et dont le taux d’échec est égal au zéro absolu. Nirge y était plus que déterminée.

Mais pour l’heure, elle devait rentrer à Khonfas. Elle posa la main sur le motif argenté de son corset qui représentait Valshabarath sous sa forme d’araignée et eut une brève pensée pour le prochain domaine d’apprentissage qu’elle était sur le point d’attaquer sous la direction de sa prêtresse : la cruauté. Elle avait conscience que cette caractéristique ne faisait encore que très peu partie d’elle-même, mais elle était prête à se faire violence pour arriver à ses fins.

Au bout de quelques instant, elle jeta un rapide coup d’œil à son lieu de bivouac favori de la semaine passée, et se dirigea prestement vers l’enceinte de Khonfas avant que le soleil ne la martyrise trop.

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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Sam 25 Oct 2014 16:28 
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[:attention:] Message pouvant choquer la sensibilité des plus jeunes lecteurs.

I - Pars, et vis pour nous !

Le sacrifice de l'oiseau des neiges

- Viens, Sha’ale, mon doux Sha’ale, enfuyions-nous, ne restons plus ici. Nous ne sommes pas nés pour rester esclaves, ronronne-t-elle à mon oreille.

Ses yeux d’un bleu de glace dans cette fourrure blanche me rappellent une peinture, celle d’un lac dans un désert de sel. Elle laisse inconsciemment traîner ses griffes sur la toison de mon torse, les sourcils froncés.

- On peut pas, tu sais comme ils nous gardent. On ne sortira jamais vivant d’ici. Et on peut pas laisser les autres…

- Partons avec eux, partons, je t’en supplie…

***

Lentement, le vent de l’insurrection s’élève alors que la révolte gronde dans le quartier des esclaves. Les clans fluctuent et se brisent, certains rejoignent les dissidents, les autres s’enferment dans les rangs des esclaves asservis.

La tempérance, calmer les esprits échaudés s’avère le plus difficile. Ne pas nous trahir.

***

J’attrape la main de Chilali alors qu’elle s’élance et l’embrasse farouchement. Tout est prêt, le moment est venu.

- Tout est prêt, le moment est venu. Je t’aime, Chilali, on sortira de cet enfer ensemble, je te l’jure.

Elle m’enlace avec fougue et m’embrasse aussi. Je sens ses griffes atteindre ma peau malgré l’épaisseur de ma fourrure.

- Je sais, murmure-t-elle à mes lèvres. Je sais.

***

Le premier Shaakt tombe, la gorge lacérée. Je regarde le sang couler avec une certaine fascination. Ainsi ils saignent, eux aussi. Leur sang est de la même couleur que le nôtre.

La fuite est lancée, plus de retour possible. Je mène la marche, Chilali la ferme. Nous sommes nombreux, plus d’une quarantaine. Lentement, sans faire de bruit, on avance parmi les maisons lugubres et insalubres de la ville haute. On laisse derrière nous quelques corps sans vie, des gardes et des esclavagistes malchanceux. Certains d’entre nous y prennent plaisir, je le vois dans leurs yeux fiévreux, mais pas moi, je n’ai que cette ambition farouche de nous mener hors des murs de la ville.

***

Tout se passe bien, comme prévu. Il fait nuit noire et on s’éloigne du quartier des esclaves pour atteindre les portes nord, vers les montagnes. On va partir par là, on est trop nombreux pour les mener sur une fausse piste.

Les portes sont gardées, mais nous somme déterminés et ils nous ont appris à marcher en silence, pour ne pas les déranger. Les soldats tombent uns à uns sous nos griffes, le visage écorché. Trois d’entre-nous montent sur les remparts, vers le mécanisme d’ouverture de la herse. Un contrepoids est attaché à une corde épaisse qu’ils devront couper pour les retarder. En premier lieu, ils doivent d’abord l’ouvrir.

Là, un cri, une volée de flèches. Découverts ! Nous sommes piégés ! Plusieurs membres du clan tombent sous les premiers traits meurtriers.

Nous réagissons et combattons. La porte continue à s’ouvrir.

- Sortez ! sortez tous !

Le vent de panique laisse place à la fuite effrénée, ça se bouscule et se bat.

***

La confusion. Je cherche Chilali. Autour de moi des Shaakts et des Worans se battent, ils tombent uns à uns, laissant les autres fuir. Là-bas, près de la porte, Chilali, je la vois ! Un Shaakt lui tient les mains et un autre la bat. Je vois les coups qui pleuvent et elle qui ne fléchit pas. Un coup de poing dans le ventre, un second dans la poitrine. Une main gantelée s’écrase sur son visage et sa lèvre s’ouvre, laissant le liquide écarlate s’écouler. Pas un instant elle ne quitte le Shaakt du regard, ses si beaux yeux pleins de haine et et de fierté. Pas un son n’a quitté ses lèvres.

Je m’élance vers elle, je cours, je n’ai pas raté un instant. Mais elle est loin et nombreux sont ceux sur ma route. Je les pousse sans distinction, qu’ils soient Shaakts ou Worans. Soudain, je vois le Shaakt las de ce jeu sortir sa dague et l’enfoncer dans le ventre de Chilali.

- CHILALIIIIII !

Elle résiste, mais tremble jusqu’à ce que ses jambes cèdent et qu’elle s’effondre à genoux, les bras toujours maintenu par l’autre Shaakt. Ses yeux clignent, lentement, mais jamais la lueur de défi ne les quitte.

J’arrive enfin, mais trop tard. D’un bon, je saute par derrière sur le Shaakt qui la tient et sa jugulaire est tranchée sous mes griffes. Il n'aura jamais su qui l'a tué. Je n’entends qu’à peine les borborygmes qui s’échappent de sa gorge alors que je bondis sur l’autre, surpris par la rage de mon attaque. Mes instincts les plus enfouis ressurgissent. Mes griffes déchirent sa chair là où la peau est nue et percent le cuir tandis que mes crocs trouvent sa gorge et s’enfoncent. Il ne peut rien faire contre la brusquerie de mon attaque, toute la folie qui s'en dégage. Je sens son dernier râle mourir alors qu’un goût métallique inonde ma bouche et se déverse sur ma fourrure. Je tire. Il s’effondre, les yeux révulsés.

J’accours vers Chilali, effondrée sur le sol. Une corolle rouge fleurit là où la dague s’est enfoncée, comme un lys écarlate dans la neige.

- Pars, me dit-elle. Pars Sha’ale. Je t’aime et vis pour nous !

Le sol autour de nous est maculé du sang des macchabées. J’entends les lamentations des mourants et le silence des morts. Et parmi eux, une plainte, trop faible pour être entendue.

- Chilali…

Parce qu’elle est la vie, parce qu’elle est la fougue et la fureur d’aimer, je l’attrape dans mes bras et m’élance vers la porte avant qu’il ne soit trop tard. Je suis puissant, avec tous ces travaux qu’ils nous ont fait faire et elle est légère, je progresse sans peine. Je suis presque à la porte, plus que quelques pas. Soudain un Shaakt me percute et Chilali tombe, elle heurte lourdement le sol quelques pas plus loin. J’ai à peine le temps de réagir et d’attraper le bras du Shaakt qui tient la longue dague avant qu’elle ne me transperce, je plante mes griffes dans sa manche. Je suis beaucoup plus grand que lui, c'est un jeune. Son autre main enserre une fine épée qui s’approche dangereusement de moi. Jamais je n’ai appris à me battre mais mon instinct de survie répond à ma place. Je bondis vers lui, bloquant son arme de mon bras mais je sens la lame effilée s’enfoncer dans ma peau. Il lutte et grogne, tente d'enfoncer l'épée plus avant, de me faire lâcher prise, mais nous sommes bloqués. J’ignore la douleur, car quelle est-elle à côté de la perte de Chilali qui gît à nos pieds ? Non, elle n’y gît plus, elle s’est relevée, aidée par le mur qui flanque la porte et je vois sa patte griffue se poser avec force sur le visage du Shaakt avant de s’en éloigner, laissant trois traînées suintantes et un hurlement.

Sous l’effet de la douleur, le Shaakt lâche sa dague que je rattrape et l’enfonce dans ses abdominaux. Bouillonnant de rage et pris de folie dans ce massacre, je le surine à plusieurs reprises. Lorsque je relève la tête, Chilali est devant moi, elle se tient le ventre, mais je vois sa bouche étirée dans un sourire triste. Claudiquant, elle s’approche de moi, pose tendrement ses lèvres sur les miennes et, brutalement, me pousse en arrière. Je la vois chanceler alors que je m’effondre à quelques pas d’elle. Soudain, la herse tombe et nous sépare à jamais.

Je vois les yeux brillants de Chilali, son sourire triste encore teinté de défi au travers du grillage.

Finalement, la compréhension. Et ce rugissement.


***


- CHILALIIIIII !

Je me réveille, hagard, le pelage encore tâché du sang de la veille.

Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.




Le sang me va si bien

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Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


Thème de Sha'ale


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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Jeu 12 Mai 2016 23:40 
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Six jours. Cela fait six interminables journées que nous peinons sur les pentes abruptes du massif d'Hidirain, suivant tant bien que mal d'imperceptibles traces que seul le pisteur Taurion parvient à discerner la plupart du temps. Nous les avons trouvées au milieu du deuxième jour depuis notre départ de la Perle Blanche, et depuis nous les suivons avec obstination, tentons de les suivre du moins car nous les avons perdues puis retrouvées à plusieurs reprises. Ryll nous assure que nous nous éloignons peu à peu d'Hidirain en direction du désert de l'ouest, je le crois sur parole même si je suis aussi perdu qu'il est possible de l'être. Nous restons toujours à des altitudes raisonnables, bien en dessous des neiges éternelles mais assez haut tout de même pour que le roc soit seul maître sous nos pieds fatigués. Seuls quelques buissons s'entêtent à perdurer, ne dépassant que rarement ma taille et la plupart du temps courbés par le vent qui ne cesse jamais tout à fait.

Comme me l'avait affirmé le Taurion, les deux archers Hinïons sont d'excellente compagnie, solides et endurants ils ne se plaignent jamais et ne paraissent souffrir du froid ni des rudes marches quotidiennes. En revanche, Adrienn peine chaque jour un peu plus, la faute sans doute au poids considérable de son armure de plate, mais elle ne dit mot, serrant les dents et mettant un pied devant l'autre avec une remarquable ténacité. Elle ne cause pas davantage lors de nos haltes, se bornant à exécuter les tâches indispensables d'un air de plus en plus las. Quant à Ryll, il gambade comme un cabri quelle que soit la déclivité, inlassable et toujours vigilant, nous évitant culs de sacs et pièges divers avec une aisance que je trouve déconcertante. Lorsque il a remarqué que je l'observais et que je m'efforçais d'imiter ses mouvements économes, il a commencé à me donner quelques conseils que je suis de mon mieux, soucieux de demeurer apte au combat malgré l'épuisement. Nous sympathisons chaque jour davantage, ce qui semble agacer prodigieusement Adrienn, mais cette dernière ne fait pas mine de suivre les conseils qu'elle entend comme moi, un comportement que je trouve idiot. Je me garde de tout commentaire toutefois, ne désirant pas jeter de l'huile sur le brasier de sa rancoeur. Pourtant, lorsque nous décidons de faire halte à l'abri relatif de quelques blocs éboulés ce sixième soir, je décide que cela a assez duré et je vais m'asseoir à ses côtés, dans le recoin le plus éloigné de notre campement. Elle me fixe d'un air froid, puis replonge dans ses pensées comme si je n'existais pas. Cela ne peut continuer ainsi, nous devons former une équipe unie si nous voulons avoir une chance de remplir notre mission, aussi je lui dis à mi-voix:

"J'admire ton courage, Adrienn, cette armure que tu portes pèse autant qu'une enclume et pourtant tu n'es pas laissée distancer un instant. Malgré tout tu as l'air épuisée, ne voudrais-tu pas nous laisser t'aider un peu, ne serait-ce qu'en portant une partie de tes affaires?"

Elle rive son regard au mien, ses lèvres dessinant une moue hargneuse et méprisante:

"Fiche-moi la paix, Sindel, je vais très bien et je n'ai nul besoin de ta pitié."

Je hausse un sourcil légèrement incrédule et lui réponds calmement:

"Je m'appelle Tanaëth. Quant à avoir pitié de toi...non. J'ai besoin, nous avons tous besoin, que tu sois au mieux de ta forme lorsque nous rattraperons ces damnés Shaakts. Ryll m'a vaguement expliqué que tu les haïssais, j'aimerais que tu me racontes un peu ce qui t'es arrivé, si tu le veux bien..."

"Vas te faire foutre Sindel! Vas te faire foutre et laisse-moi en paix!"

Elle a presque hurlé ces derniers mots, attirant sur nous des regards surpris de la part de nos compagnons, mais je leur fais signe que tout va bien et ils se détournent pudiquement, la connaissant probablement assez pour comprendre ce qui est en train de se passer. Je la dévisage longuement en silence, conscient qu'elle retient ses larmes de toutes ses forces, mais je n'ose esquisser le moindre geste, certain qu'elle le prendrait atrocement mal. Je finis par murmurer:

"La haine consume, Adrienn, elle ronge et elle finit par tuer celui ou celle qui l'abrite en son coeur. Quand cela t'arrivera, et ce n'est qu'une question de temps, les Shaakts auront gagné. Ils seront parvenus à leurs fins, ils t'auront brisée. Je serais profondément attristé que cela finisse ainsi."

Sa main se lève vivement pour me gifler, je pourrais la parer sans grand mal mais je n'en fais rien, encaissant le coup sans cesser de la fixer. Elle feule:

"Silence maudit! Silence ou je t'en colle une autre!"

Je lui souris doucement en rétorquant:

"Non, cela n'arrivera pas jeune femme. La colère t'aveugle et te rend prévisible, tu pourrais devenir une redoutable combattante mais pour l'heure tu n'es qu'une guerrière malheureuse et très moyenne."

Elle tente une nouvelle fois de me frapper mais je suis largement plus rapide qu'elle et je bloque son poignet, sans violence inutile mais avec assez de force pour l'immobiliser. Elle enchaîne de l'autre main en tentant de se lever, mais je la contre de même et la contrains à rester assise en lui maintenant fermement les deux poignets. Elle essaye de se dégager rageusement pendant quelques instants mais rien n'y fait, si bien qu'elle finit par renoncer, détournant vivement le visage pour me dissimuler les larmes qui emplissent ses yeux magnifiques et débordent en de lents ruisselets sur ses joues. Je l'attire contre moi avec toute la douceur dont je suis capable, lâchant prudemment ses poignets pour lui entourer les épaules et l'inciter à laisser libre cours à son désespoir sur mon épaule, ce qu'elle fait sans même chercher à résister. Je caresse alors d'une main légère sa chevelure de feu, lui murmurant à l'oreille:

"Il n'y a pas de honte à pleurer, Adrienn. La vie nous met parfois à l'épreuve, si durement que nous perdons tout espoir de jamais nous reconstruire. Nous sombrons alors dans les ténèbres, notre coeur devient de glace et nous appelons la fin de toute notre âme amère. Mais c'est dans ces instants que nous avons une chance de découvrir en nous le vrai courage, celui de se relever quoi qu'il advienne en restant fiers et dignes. Alors et alors seulement nous pouvons prétendre devenir de grands guerriers, nos lames ne sont plus dirigées par nos émotions mais par notre seule volonté. N'importe quel soudard est capable de trancher des vies, mais nous sommes plus que cela, pour la simple et bonne raison que nous savons aussi les épargner."

"Je sais tout ça, Tanaëth...je le sais mais je...je n'y arrive pas...ils...ils m'ont forcée à regarder...ils les ont torturés toute la nuit, j'ai vu mon père se faire écorcher vif...et...et ma mère..."

Sa voix se brise dans un sanglot, et moi je serre les dents à me les briser, atterré et profondément écoeuré de la cruauté ignoble dont certains êtres sont capables. Dieux miséricordieux, Ryll m'a dit que cela remontait à une cinquantaine d'années, elle n'était alors qu'une fillette, une enfant innocente sans doute pleine de rêves et de joie...comment peut-on infliger d'aussi effroyables visions à une gamine?!? Je ne comprends pas, je ne comprendrai jamais.

Nous demeurons longtemps ainsi, blottis l'un contre l'autre, la nuit est superbe et la voûte céleste extraordinairement étoilée en ces régions dépourvues de toute lumière parasites, mais elle est aussi glaciale et malgré la résistance de nos peuples aux conditions climatiques nous finissons par être transis. Nous nous allongeons ensemble sur une simple couverture jetée à même le sol, et nous couvrons de notre mieux avec deux autres, nous serrant frileusement pour nous tenir chaud. Il n'y a aucune ambiguïté dans cette situation pouvant pourtant s'y prêter, nous n'y songeons simplement pas et nous endormons ainsi comme des enfants trop jeunes pour penser à l'autre comme à un éventuel amant.

Un hurlement résonne soudain dans les montagnes, se répercutant sur les parois environnantes, qui nous réveille en sursaut alors que l'aube point à peine:

"ALERTE!!! LES SHAAKTS!!!"


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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Ven 13 Mai 2016 15:32 
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Il me faut une seconde pour réaliser ce qui se passe et chasser de mon esprit les brumes du sommeil, aussitôt remplacées par un noeud qui me broie les tripes. Les flèches pleuvent autour de nous, tirées en cloche pour nous atteindre malgré la protection relative que nous offrent les gros blocs de rochers entre lesquels nous nous sommes installés. Je pousse rudement Adrienn qui émerge péniblement de son repos contre le roc le plus proche en lui disant d'une voix pressante:

"Enfile ton armure, vite!"

Mon regard parcourt rapidement les alentours pour estimer notre situation, mauvaise cela ne fait pas le moindre doute car Balayëll a reçu un trait dans le ventre et nos ennemis semblent nous cerner de toute part, faisant pleuvoir la mort sans répit autour de nous! Son frère a déjà saisi son arc et commencé à riposter, mais ses flèches se perdent dans les éboulis sans toucher qui que ce soit, nos assaillants se dissimulent et ne se découvrent que le temps de lâcher leurs projectiles au jugé! Ryll s'est mis à l'abri et corde calmement son arc, m'adressant une grimace désolée et sans équivoque, nous sommes pris au piège comme des rats, nous qui étions censés traquer ces damnés Shaakts! L'Hinïonne peine à sangler sa plate et jure tout ce qu'elle sait en tirant frénétiquement sur les courroies, il lui faudra certainement plusieurs minutes pour mettre en place ses lourdes protections, des minutes dont nous ne disposons pas. Je m'équipe vivement, me concentrant intensément pour que chacun de mes gestes soit le plus efficace possible malgré le stress qu'engendre notre situation déplorable. Nous aurons une chance indécente si nous parvenons à nous sortir de ce traquenard, mais j'entends bien emporter quelques-uns de ces damnés elfes noirs avec moi quoi qu'il en soit, et ce n'est pas en sortant de mon abri sans armure que je risque d'y parvenir. Mon calme apparent semble rassurer Adrienn qui se force à agir méthodiquement malgré que ses mains tremblent légèrement, elle cesse de jeter des regards anxieux de tous côtés pour se focaliser sur son équipement, ce que j'approuve d'une petite tape amicale sur son épaule maintenant cuirassée.

Tandis qu'Adrienn et moi nous débattons avec notre matériel, Ryll et Sydarann décochent flèche sur flèche à nos ennemis, les contraignant à la prudence et nous donnant ainsi un peu plus de temps. Balayëll quant à lui est recroquevillé par terre, les mains crispées sur le trait qui lui a perforé les entrailles, livide et gémissant de douleur. Mais nous ne pouvons rien pour lui dans l'immédiat, il est à découvert et ne doit qu'à la chance de ne pas avoir été transpercé par d'autres flèches, qui pleuvent toujours irrégulièrement dans le cercle approximatif de notre précaire refuge. Je finis enfin de m'équiper et tente alors d'estimer le nombre de nos adversaires ainsi que leurs positions, sans grand succès à vrai dire car mon champ de vision est limité par les rochers et ils se dissimulent soigneusement, mais il n'y a sans doute pas plus de trois ou quatre archers au vu du nombre de flèches qu'ils décochent. Je me souviens cependant que les responsables de la milice d'Hidirain m'ont affirmé que la plupart de leurs victimes avaient été massacrées au fil de l'épée, mais alors par les enfers, où sont ces fichus guerriers?! Je n'en aperçois aucun, seule la silhouette d'un archer se dévoile brièvement ici et là, ce qui n'est pas pour m'arranger. J'hésite à tenter une sortie, mais sans avoir la moindre idée de la taille du groupe qui nous encercle cela me semble d'une témérité quelque peu excessive et je préfère me saisir de mon arc pour me joindre à Ryll et Sydarann et tenter d'abattre ceux qui nous tirent dessus.

Un hurlement de douleur provenant d'un amas rocheux situé à une trentaine de mètres de nous m'apprends que l'un de nos traits a fait mouche, probablement tiré par Sydarann, mais presque au même instant un projectile ennemi se fiche dans le dos de son frère qui tentait de ramper jusqu'à un rocher susceptible de l'abriter! Le corps de l'Hinïon est agité d'un ultime soubresaut puis s'immobilise tandis que son sang se répand sous lui comme une corolle écarlate odieuse et maléfique. J'en hurlerais de rage et de dépit, me retenant d'extrême justesse pour évacuer plutôt ma colère en tirant une flèche gelée sur le Shaakt qui se dévoile à cet instant pour nous viser. Je gronde de satisfaction en voyant ma flèche se ficher dans la gorge de notre ennemi qui bascule en arrière sous la force de l'impact indubitablement mortel! En voilà au moins un qui ne nuira plus à qui que ce soit! Un ordre sec retentit, prononcé par une voix féminine en langage Shaakt, je ne comprends rien à cette langue et ne saisis donc pas la teneur de ces mots, mais leur sens général m’apparaît néanmoins sans douceur lorsque de nombreuses silhouettes brandissant des armes se précipitent sur nous! Je me sens pâlir légèrement, par les enfers combien sont-ils?! Je n'ai pas le temps de les compter, mais s'ils savent se battre ils sont trop nombreux, cela ne fait pas l'ombre d'un doute!

Je décoche une dernière flèche qui ne fait que ricocher sur l'armure de l'un des assaillants avant d'échanger mon arc contre mes lames, puis après un bref coup d'oeil à Adrienn que je découvre enfin prête au combat, je grogne assez fort pour être entendu de mes compagnons:

"Adrienn! Tiens le passage de droite! Ryll, Sydarann, derrière nous! Fléchez-moi ces maudits!"

Puis je bondis à l'assaut, il n'y a que deux étroits espaces permettant d'entrer dans notre fort improvisé, j'espère que l'Hinïonne suivra mon ordre et c'est donc vers celui de gauche que je me précipite en rassemblant mon Ki pour accroître ma maîtrise d'armes! Mon énergie interne se répand dans mes muscles et mon esprit comme une marée irrépressible lorsque je le déploie à pleine puissance, affinant mes perceptions et mes réflexes à l'extrême. Je prie Sithi que cela suffise en voyant une demi-douzaine d'adversaires m'assaillir en hurlant de haine. Ces Shaakts n'ont rien de vulgaires maraudeurs, ils se déplacent tous avec cette aisance que l'on n'acquière qu'avec l'expérience et sont équipés de sombres armures lourdes toutes identiques, frappées d'un ignoble blason représentant une araignée. La plupart brandissent en outre deux armes, principalement des sortes de cimeterres vicieusement dentelés pour mieux déchirer les chairs, d'excellente qualité également pour ce que j'ai le loisir d'en voir.

Le premier attaquant, ou plus exactement la première car il s'agit d'une femme, se rue sur moi sans paraître se soucier de l'impressionnante flamme que dégage mon épée ardente, ses traits sont crispés d'une haine abyssale qui m'enlève tous les scrupules que j'aurais pu éprouver à l'idée de massacrer une femme. Nos lames s'entrechoquent rudement tandis qu'elle m'abreuve d'une avalanche de coups brutaux mais précis, alternant entre le haut et le bas, la gauche et la droite pour me déstabiliser. Elle n'a rien d'une novice, mais je pare tout de même ses coups les uns après les autres sans me laisser déséquilibrer, usant pour ce faire de toute ma technique renforcée par mon Ki. Elle ne le réalise pas mais mes parades suivent un schéma précis visant à me créer une ouverture, qui ne tarde pas à apparaître! Ma lame en feu passe juste devant ses yeux pour venir contrer son cimeterre droit, l'aveuglant momentanément et dissimulant ainsi le revers vicieux que je lui assène de l'épée de mon ancêtre. Elle tente désespérément de l'esquiver, mais ma frappe est vive et placée pile dans la faille de sa défense, si bien que ma lame percute son genou gauche avec violence! Je ne parviens pas à franchir son armure, mais le choc est assez rude pour que son articulation plie et qu'elle se retrouve un genou en terre. Moche pour elle, car l'ardente que je tiens en main principale revient à toute allure, sifflant et crépitant dans les airs. Je vois les yeux de la Shaakt s'écarquiller de peur, puis mon arme entre en contact avec son cou, produisant un immonde bruit d'os brisés mêlé de grésillements alors que sa chair se racornit sous l'effet de la chaleur dégagée par ma lame. La tête de la ténébreuse vermine roule au sol, sans qu'une seule goutte de sang ne gicle, la blessure ayant été littéralement cautérisée par le feu cruel et toujours affamé de ma relique. Un rictus de dégoût teinté d'une perverse satisfaction relève mes lèvres en une parodie de sourire macabre, mais je n'ai pas le temps de savourer ma victoire, déjà l'adversaire suivant se jette sur moi, pas ébranlé le moins du monde par la mort de sa comparse!

Je pointe ma lame d'Eden en direction de la gorge du Shaakt, histoire de l'inciter à conserver ses distances, ce qui me donnerait un avantage car je suis plus grand que lui et mes armes plus longues me confèrent une allonge supérieure, mais un cri de douleur provenant de derrière moi me glace le sang dans les veines et me fait imperceptiblement hésiter. Adrienn! Je n'ai pas le loisir de me retourner pour voir ce qu'il en est, mais je ne suis pas seul...

(Syndalywë, il se passe quoi derrière?!)

(Elle a pris un sale coup au coude, son bras est brisé je pense et...ATTENTION!)

Je me plie en arrière à cette injonction pressante, esquivant in extremis le cimeterre de mon adversaire qui a profité de ma distraction pour s'insinuer dans ma garde, mais je n'ai pas vu sa deuxième arme se glisser par en bas, malédiction! Je sens le froid acier entailler ma cuisse gauche juste sous la partie inférieure de mon armure de mithril, par les dieux infernaux quel imbécile je fais! Pas foutu de bavarder en me concentrant en même temps sur mon combat, tu parles d'un maître d'armes!!! J'enrage, autant de savoir l'Hinïonne blessée et moi incapable de me porter à son aide que du fait du coup idiot que je viens de prendre! Bon sang de bon sang, nous ne tiendrons pas longtemps ainsi mais je ne vois pas comment retourner cette foutue situation de merde! Faits comme des rats stupides! Je commence à songer que nous allons tous y rester, massacrés comme des moutons à l'abattoir! Je chasse cette pensée débilitante de mon esprit en fauchant férocement l'espace devant moi de l'embrasée. Faits comme des rats peut-être, mais je vais emporter une série de ces chiens noirs avec moi, j'en fais le serment!

"Tanaëth! Bouge à droite!"

Je me décale sans réfléchir en entendant l'exclamation de Ryll, juste assez pour qu'une flèche me siffle aux oreilles et vienne se ficher dans l'oeil gauche de mon adversaire! Ha, je l'embrasserais si j'en avais le temps, mais j'ai plus urgent à faire et cette mort me donne quelques secondes de répit que je mets à profit pour jeter un rapide coup d'oeil en direction d'Adrienn. Elle est à terre, surplombée par une Shaakt d'aspect effrayant dans son armure arachnoïde bien plus ouvragée que celles de ses complices! La noire est sur le point de transpercer l'Hinïonne de part en part, cette dernière ayant perdu son arme et se trouvant dans une position qui ne lui permettra pas d'esquiver ou de parer, j'en ai la douloureuse certitude! Je n'ai qu'une fraction de seconde pour tenter quelque chose, mais je suis loin, trop loin pour intervenir directement...sans hésiter je relâche mon énergie interne concentrée sur la maîtrise de mes lames et la rassemble pour aussitôt la faire exploser en un puissant Tranché de Rana!

L'onde de choc argentée de mon Ki percute le ventre de la Shaakt à l'instant même où sa lame inquiétante et bien différente de celles portées par les autres elfes de khonfas frappe l'elfe blanche en pleine tête! Je hurle comme un possédé à l'intention de Ryll, lui ordonnant de couvrir le passage que je défendais, et enchaîne après ma frappe aérienne par un saut surréaliste dédié à la même déesse des vents, fendant l'air de mes deux lames brandies devant moi! La sombre guerrière a été surprise par mon intervention, mais si mon premier coup l'a secouée elle n'en montre rien et m'accueille avec un rire cruel et mordant d'ironie, chassant mes deux armes d'une arabesque parfaite de sa longue et dangereuse lame à la blancheur lactée! Je n'ai pas vraiment le choix si je veux éviter de m'empaler proprement sur cette arme étrange autant qu'inconnue, je me réceptionne en me laissant rouler à terre comme un artiste de cirque, sentant dans ma chevelure le vent de sa frappe qui me frôle d'assez près pour me donner des sueurs froides. Je ne peux m'empêcher d'admirer la virtuosité déployée pour cette parade alors que je me relève dans la foulée pour faire face à l'elfe noire, qui avance sur moi avec une nonchalance affectée, se gaussant en langue commune:

"Bien essayé petit elfe cendré. Approche un peu, j'ai hâte de voir si tes entrailles sont aussi grises que ta mine déconfite..."

Je ne prends pas la peine de répondre, conscient d'avoir affaire à une combattante autrement redoutable que les deux que je viens d'affronter et préférant donc focaliser toute ma concentration sur le combat plutôt que de la disperser en vaines palabres. Elle rit et bondit soudain en entamant une espèce de danse folklorique qui me rappelle quelque chose...mais quoi?

(Llyann!!!)

Ma Faëra n'a pas besoin d'en dire davantage, c'est en effet avec cette même danse que Llyann m'a poussé à trouver la manière de maintenir cette garde imprenable dont elle avait le secret. Ah elle veut danser? Bien, très bien, alors voyons un peu de quoi est capable une garce Shaakt face à un Danseur d'Opale!

Nouvelle explosion intérieure de mon Ki, modérée cette fois et modulée de manière à tisser autour de moi un véritable et létal mur défensif d'acier et de feu! Nos pas et nos armes s'entremêlent en une valse mortelle, vives comme des serpents colériques tout en conservant une grâce telle que les combattants autour de nous marquent une brève pause pour nous observer, ce que je ne réalise pas vraiment sur le moment contrairement à Sylardann qui en profite pour décocher une flèche sur mon adversaire! Le bougre vise sacrément bien car son trait vient se ficher derrière le genou de la Shaakt, pile à la jointure des plaques, ce qui me sauve sans doute la vie car la noire en lâche sa concentration et trébuche à l'instant où je commençais à perdre pied sous la virulence de son attaque. J'en profite pour tenter le tout pour le tout et porter un rapide coup d'estoc au moyen de la lame d'Ethërnem en direction de son visage, mais elle parvient encore à l'esquiver en partie et je ne fais que lui infliger une méchante balafre sur la joue! Ryll, toujours attentif, en profite pour hurler en Hinïon:

"On se replie! Sylardann, occupe-toi d'Adrienn, elle est vivante! Tanaëth, ouvre une brèche au nord et protège notre retraite!"

Un bref regard m'apprend que les elfes noirs sont choqués par la relative défaite de celle qui doit être leur dirigeante, si nous avons un moyen d'en profiter pour nous dégager de là je suis preneur! Je sais aussi que le Taurion connaît la région comme sa poche, j'espère donc qu'il a un plan pour nous permettre d'échapper à nos bourreaux. Mais quoi qu'il en soit il faut agir vite, très vite, aussi je n'hésite pas et romps le combat avec la guerrière pour venir me placer en position défensive auprès d'Adrienn! Sylardann a réagi avec célérité et charge l'Hinïonne sur son épaule tandis que Ryll menace les noirs toujours hésitants de son arc bandé. Je rengaine mes lames d'un geste sec et ramasse rapidement celles de notre compagne, pas question de laisser de telles armes aux Shaakts! Ceci fait je me rue vers le passage le plus au nord en hurlant à pleins poumons dans l'espoir de perturber les noirs déjà déboussolés, ce qui fonctionne à mon plus grand soulagement car ils s'écartent précipitamment de mon chemin, nous offrant la brèche dont nous avons besoin! Mes compagnons me collent au train, puis me dépassent alors que je ralentis pour former une arrière garde en puisant une nouvelle fois dans mon Ki afin de préparer cette étrange position défensive que Llyann m'a enseignée.

Mais les sombres elfes sont démoralisés et, faute d'ordre sans doute, nous laissent nous éloigner et s'approchent plutôt de leur maîtresse blessée. Nous ne demandons pas notre reste et fuyons avec un bel ensemble, guidés par Ryll qui nous entraîne vers un étroit défilé ébouleux montant en pente raide. Nous nous y engouffrons sans ralentir, mus par l'espoir de nous sortir de ce traquenard, mais la commandante des Shaakts a repris ses esprits et lance ses sbires à notre poursuite! Nous avons une cinquantaine de mètres d'avance, ce qui ne suffira pas car Sylardann est ralenti par son fardeau et moi-même par ma blessure à la cuisse. Même si cette dernière ne me semble pas bien grave elle me force à boiter légèrement, et je suis raisonnablement certain qu'une longue course poursuite n'améliorera pas ce fait. Je ralentis un peu, examinant les rocs instables constituant le sol du défilé incliné, jusqu'à trouver ce que je cherche: un bon gros pavé de deux ou trois cents kilos placé en équilibre précaire...je souris froidement, attendant que les premiers Shaakts pénètrent dans le couloir à notre suite, puis je m’arque-boute contre la pierre et pousse de toutes mes forces!

Le rocher frémit, commence à glisser au ralenti, puis se met à rouler en bas de la pente avec une puissance considérable, entraînant quelques autres cailloux avec lui, de plus en plus nombreux, jusqu'à faire déferler sur nos ennemis une véritable avalanche de rocs! Nos poursuivants reculent en toute hâte, affolés, et si la plupart parviennent à sortir du défilé avant d'être broyés par la masse en mouvement l'un d'eux n'est pas assez preste et se fait ensevelir vivant sous le déluge de blocs! Voilà qui devrait les refroidir un moment! Je ne m'attarde pas et galope pour rejoindre mes compagnons, nous ne sommes pas sortis d'affaire, loin s'en faut, mais avec un peu de chance nous pourrons semer nos ennemis assez longtemps pour nous occuper d'Adrienn, soigner nos plaies et reprendre quelques forces. Ensuite...ensuite nous aviserons, mais j'espère bien faire saigner à blanc ces damnés s'ils se risquent à nous coller aux basques...


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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Sam 14 Mai 2016 12:41 
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Notre guide Taurion nous entraîne de plus en plus haut dans les montagnes, choisissant avec soin des passages susceptibles de nous dissimuler aux yeux de nos poursuivants. L'avalanche rocheuse que j'ai provoquée nous a permis de prendre passablement d'avance, mais Sylardann manifeste des signes d'épuisement, chargé qu'il est de l'Hinïonne en armure. C'est un sacré costaud pour l'avoir portée aussi longtemps, j'en aurais été bien incapable, mais il est évident qu'il n'ira plus très loin ainsi lesté. La guerrière est inconsciente, nous savons tous trois qu'elle nécessite des soins d'urgence mais nous arrêter maintenant serait folie. Il nous faut semer nos agresseurs et trouver une planque sûre, sans quoi nous y resterons tous. Nous ne sommes plus en état de mener un nouveau combat et bien que nous n'ayons aperçu aucun signe de nos poursuivants lors de l'heure qui s'est écoulée depuis l'éboulement provoqué, il ne fait pas le moindre doute que les noirs soient sur nos traces.

Nous nous relayons donc pour porter Adrienn, tâche épuisante s'il en est car nous ne cessons de gravir les pentes abruptes du massif, nous dirigeant visiblement vers un col étroit engoncé entre deux pics blanchis par les neiges éternelles. Nous ne parlons pas, préservant notre souffle et nos forces pour simplement mettre un pied devant l'autre, ce qui nécessite souvent toute notre attention car le sol est traître et nous frôlons régulièrement des vides vertigineux où le moindre faux pas signifierait une chute mortelle. La perception des distances est étrange en montagne, le col semble proche, tout proche, mais les heures passent sans que nous ayons l'impression de nous en rapprocher vraiment, d'autant plus que l'épuisement nous contraint peu à peu à ralentir l'allure. Un pas, juste un autre pas. Puis un autre encore, avant de reprendre notre souffle quelques instants. Mon esprit est embrumé, je ne pense plus à rien hormis qu'il nous faut continuer à grimper, atteindre ce foutu col quoi qu'il en coûte.

Je suis presque surpris lorsque nous finissons par arriver au pied de la dernière montée nous en séparant encore, pas plus d'une centaine de mètres à franchir, nous y sommes presque! Nous attaquons ce dernier tronçon si raide que je peux m'appuyer d'une main au rocher sans me pencher. Nous y sommes presque, certes, mais par les dieux jamais quelques misérables mètres ne m'ont semblé aussi interminables et éprouvants! Chaque pas nécessite un effort de volonté colossal, mes muscles ne répondent plus et il me faut contraindre rageusement mon pied à se mouvoir une fois de plus, de quelques centimètres seulement, puis m'arrêter pour reprendre mon souffle avant de tenter un pas de plus. L'Hinïonne que je porte à ce moment me semble peser autant qu'un cheval mort, mes jambes tremblent d'épuisement et la sueur coule sur mon front en ruisselets ininterrompus, voilant ma vue sans que je ne songe seulement à l'essuyer. Je ne parviens plus à respirer correctement, me contentant de brèves inspirations douloureuses et d'expirations saccadées, si bien que, par intermittence, des points noirs envahissent ma vision. Je suis à bout de forces comme rarement je l'ai été, et pour ce que j'en perçois, il en va de même pour mes compagnons harassés, plongés comme moi dans un profond mutisme.

Je m'effondre comme une poupée de son lorsque j'atteins enfin le bref replat marquant le sommet de notre ascension, tombant d'abord à genoux puis embrassant sans douceur le sol dur et glacial. Je ne sens même plus le poids de l'Hinïonne sur mes épaules, bien que cela me coupe la respiration et me fasse douloureusement entrer quelques cailloux peu compatissants dans la chair, je n'ai simplement plus la force ni la volonté de la soulever pour me dégager. Ryll et Sylardann interviennent en ahanant, se contentant de la faire rouler sur le côté avant de s'effondrer eux-mêmes, pâles et défaits, usés jusqu'à la trame. Nous restons de longues minutes ainsi, dans un état second, semblables à des cadavres si ce n'est que nos poitrines se soulèvent par à-coups irréguliers, incapables de nous fournir assez d'air pour que nous puissions véritablement récupérer de nos efforts. Je me sens bien, couché à même la roche gelée, si bien que je ne vois plus aucune raison de continuer, de faire encore le moindre effort. Tout s'achève ici, sur ce col perdu au milieu de nulle part, et rien ne m'a jamais semblé plus juste, ne suis-je pas plus près de Sithi que je ne l'ai jamais été?

(Hey!!! Debout Tanaëth! Tu te lèves et pas plus tard que maintenant!! Debout je te dis!! DEBOUT!!! Pense à Ethëll!)

Le hurlement mental de ma Faëra me parvient à peine, assourdi par le brouillard qui occulte mes pensées, je ne sais plus qui est Ethëll, pourquoi me lèverais-je alors que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes? Puis, peu à peu, une image se forme dans mon esprit, un visage souriant, entouré d'une pâle et soyeuse chevelure d'or blanc, orné de prunelles couleur de jade qui me transpercent comme des traits impitoyables. Ethëll...ô Ethëll...oui, je me souviens de toi...j'aurais aimé vivre à tes côtés, j'aurais aimé fonder une famille avec toi...mais tout cela me semble si loin, si loin...

(TU TE BOUGES RONTUDIDJU!!! TANAETH!!! ELLE T'ATTEND!!!)

Le cri de Syndalywë finit par transpercer les brumes qui m'ont englouti, si bien que je me force à ouvrir les yeux, lentement, aveuglé par la lueur du jour, puis à me redresser sur un coude tremblant. Mon regard parcourt le paysage dantesque qui nous entoure, constitué d'un enchevêtrement en apparence infini de chaines montagneuses imbriquées les unes dans les autres sans le moindre semblant d'ordre. Puis mes yeux se posent sur Ryll et Sylardann, tous deux inconscients, sur le visage ensanglanté d'Adrienn ensuite, sur sa poitrine enfin qui ne se soulève plus qu'avec une faiblesse extrême. Elle va mourir, ce n'est plus qu'une question de minutes, je le sens, je le sais. Sauf si...sauf si je trouve la force de continuer à vivre moi-même. Mais à quoi bon?

Un bruit de cailloux qui roulent me sort soudain de ma torpeur, je me redresse un peu plus alors que mon coeur accélère son tambourinage dans mon torse, et subitement je les vois.

(Merde! Les Shaakts!)

(Ah ben quand même!)

Ils sont une dizaine à entamer la dernière montée qui nous a posé tant de difficultés, dans quelques minutes ils seront sur nous et je ne doute pas qu'ils préfèrent faire de nous leurs esclaves s'ils en ont la possibilité plutôt que de nous occire proprement! Et ça, c'est hors de question! Jamais je ne servirai ces maudits adorateurs de monstruosités arachnoïdes velues! Je grogne quelques jurons bien sentis et oblige mon corps transi à se lever malgré la douleur que cela m'inflige, puis je me saisis de mon arc et encoche une flèche pour apprendre à ces imbéciles de Shaakts que se montrer ainsi à découvert n'est pas une bonne idée. Mon tir est rendu imprécis par les tremblements de mon bras mais mon projectile frôle tout de même l'un d'eux d'assez près pour qu'il lève les yeux dans ma direction et m'aperçoive. Il hurle quelque chose dans son idiome barbare à ses comparses, me désignant d'une main tout en cherchant visiblement du regard de quoi se mettre à couvert. Mais il n'y a rien sur cette pente, pas le moindre abri, ce qui apparemment refroidit leurs ardeurs car ils entament aussitôt un repli hâtif et dévalent aussi précipitamment que dangereusement la pente qu'ils tentaient de gravir! J'encoche une nouvelle flèche et vise soigneusement le Shaakt le plus proche de moi avant de la lâcher, grondant de satisfaction en la voyant cette fois se ficher dans le dos de ma cible! L'elfe noir chute et roule en désordre en bas de la montagne, ce qui doit lui faire bien plus de mal que mon trait car il heurte salement plusieurs rochers et ses membres ne tardent pas à adopter des angles tout à fait contre nature. Voilà qui devrait nous donner un peu de temps, je doute qu'ils s'obstinent à grimper tant que nous défendrons cette passe avec nos arcs!

Néanmoins un bref coup d'oeil à mes compagnons m'apprend que nous n'avons plus guère de flèches, et lorsque nos réserves seront épuisées, plus rien n'empêchera nos ennemis de nous assaillir. Nous devons dégager de là au plus vite, fuir encore, en espérant parvenir à les distancer assez pour leur échapper définitivement. Facile à dire, mais en serons-nous seulement capables? J'en doute fort mais quel autre choix avons-nous? Rester ici et les combattre? Je ne pense pas être en mesure de trucider une dizaine de guerriers d'élite dans l'état d'épuisement où je suis, même en ayant l'avantage de la position. Deux ou trois peut-être, et encore, à l'improbable condition que leur redoutable dirigeante ne s'en mêle pas. D'ailleurs...où est-elle cette maudite?! Je réalise qu'elle ne fait pas partie de ceux qui grimpaient, aurait-elle été assez gravement blessée pour qu'elle ne puisse poursuivre la traque? Je n'y crois pas, les potions de soins ne nous sont pas réservées, mais alors par Sithi où est-elle?!

(Derrière toi! Saleté! Je ne l'ai pas entendue venir!)

(Quoi?! Que...)

Je me retourne vivement tout en posant ma question idiote autant qu'incrédule, et le spectacle que je découvre me plonge dans un gouffre sans fond de stupeur désespérée: la Shaakt a trouvé moyen de nous contourner ou de nous précéder par je ne sais quel moyen et elle se tient debout au dessus de Ryll, la pointe de sa lame lactée plongée dans la gorge de ce dernier! L'assaut malavisé des Shaakts n'était qu'une diversion, nous nous sommes une fois de plus laissés piéger comme des débutants! Je me suis laissé berner comme un abruti, plus exactement...Mes yeux se remplissent de larmes de honte et de dépit, puis un raz de marée de rage déferle en mes veines, salutaire et irrépressible. Je hurle comme un dément, range mon arc pour me saisir de mes lames et fonds sur elle en hurlant toujours à m'en déchirer la gorge!


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Sam 14 Mai 2016 23:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Sam 14 Mai 2016 21:05 
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Plusieurs mètres me séparent de la Shaakt, une quinzaine peut-être. Rien, et pourtant infiniment trop. Elle retire sa lame de la gorge de mon ami Taurion en souriant sadiquement, geste qui libère un petit geyser de sang, puis avance d'un pas et comme en se jouant replonge son arme dans la gorge de Sylardann qui est allongé à côté de Ryll, à l'instant même où l'Hinïon ouvre des yeux voilés de fatigue.

J'en ai la nausée...deux de mes compagnons massacrés sans qu'ils aient eu la moindre chance de se défendre, comment les dieux peuvent-ils permettre telle ignominie? Comment peuvent-ils permettre que des créatures aussi viles et malveillantes que cette Shaakt existent? Je n'ai pas de réponse, pas l'ombre d'une, et je n'ai plus le courage d'en chercher, il ne me reste que la rage, une rage écarlate, totale, absolue, qui occulte tout raisonnement conscient, toute pensée cohérente. Je vais exterminer cette elfe noire, je vais la réduire en pulpe sanglante et faire subir le même sort à tous les Shaakts de Khonfas. Je vais anéantir ce peuple, le faire disparaître de la surface de Yuimen, si totalement que nul ne se souviendra même qu'ils ont jamais existé. Je vais briser leurs temples, effondrer leurs cités, déchoir leurs dieux maudits de leurs piédestaux éternellement ruisselants du sang des sacrifices.

Il n'en restera rien. Absolument rien.

l'Elfe noire paraît savourer la haine qui m'envahit comme une délectable friandise, ses lèvres se tordent en un sourire odieusement gourmand alors qu'elle dégage négligemment son arme pour m'affronter, sourire que je me jure d'effacer dans les secondes à venir!

Au dernier moment, je pivote brutalement sur moi-même pour lui infliger un puissant coup de taille de ma lame ardente, mais elle l'esquive d'un pas en arrière et fait remonter son arme en une parabole rapide destinée à m'éventrer! Je tente de la parer de ma deuxième épée, mais je suis un rien trop lent et la lame vorpale de la damnée percute mon armure dans un jaillissement d'étincelles! Je ne sens rien pourtant, ce qui me surprend vraiment car son coup était rude, seraient-ce les runes que j'y ai fait incruster qui ont fait la différence? Je ne m'interroge pas plus avant et fais revenir mon ardente d'un revers nerveux, qui ne trouve une nouvelle fois que le vide! Cette foutue Shaakt est douée, et si je ne parviens pas à l'éliminer rapidement je suis foutu, ses comparses ayant sans doute recommencé leur ascension en entendant le fracas de l'acier contre l'acier. Je pare de justesse le coup d'estoc qu'elle me lance aussitôt, déviant juste assez sa lame pour qu'elle me frôle, ce qui crée une infime faille dans sa défense, du moins je l'espère! Je m'y engouffre en pointant la lame de mon ancêtre sur son aine, un endroit où son armure me parait posséder une faiblesse, mais je réalise à l'instant où je lance mon geste que cette ouverture était en réalité une feinte...

Sa main libre a saisi une fine lame de la taille d'une épée courte, sortie de je ne sais où, et d'une volte ahurissante de virtuosité elle me la plonge dans la cuisse, celle déjà entaillée quelques heures avant par l'un de ses complices! Je n'ai pas souvenir d'avoir déjà affronté un adversaire de ce niveau, je songe fugacement que je devrais fuir mais je m'y refuse, détaler serait signer la fin d'Adrienn et je ne peux m'y résoudre. La douleur me permet néanmoins de retrouver le contrôle de mon esprit, je vais sans doute mourir dans ce combat, mais il me reste une carte à jouer, une dernière carte. J'invoque anxieusement le pouvoir des runes incrustées sur la lame d'Ethërnem tout en balayant les airs de ma lame enflammée pour contraindre la Shaakt à reculer, ce qu'elle fait obligeamment pour esquiver ma redoutable relique! Un énorme tigre surgit de nulle part, juste à côté de moi, et je lui ordonne sèchement:

"Attaque! Bouffe-là!!!"

Le fauve bondit sur mon ennemie qui en a perdu son rictus sarcastique au profit d'une grimace effarée, et je jubile en le voyant la projeter à terre! Je m'apprête à lui prêter main forte lorsque Syndalywë me crie soudain mentalement:

(Non! Les autres arrivent, fuis!)

Je me fige une fraction de seconde, le temps de bégayer:

(Mais...Adrienn...)

(Fais-moi confiance! Fuis!)

Elle est la seule sur ce monde à pouvoir exiger cela de moi. La seule en qui j'aie assez foi pour accepter de laisser ainsi ma nouvelle amie aux mains malveillantes des Shaakts. Je romps donc le combat, la mort dans l'âme, et me précipite vers la vertigineuse descente qui dévale du col à l'opposé du côté par lequel nous sommes arrivés, tout en ordonnant encore à mon fauve:

"Massacre-là! Ne la lâche pas!"

Puis je m'engage dans la pente glissante en courant, serrant les dents et puisant dans ma volonté pour surmonter la souffrance que fait naître cette course imprudente dans ma jambe blessée. Moitié glissant moitié sautillant je dévale la montagne à toute allure, manquant à plusieurs reprises me rompre le cou mais ne m'en souciant pas. Des larmes roulent sur mes joues mais je ne cherche pas à les retenir, je ne les essuie pas, dévoré de honte par ma lâcheté. J'avais promis à l'Hinïonne de veiller sur elle au péril de ma vie, mais me voilà en train de fuir comme le dernier des couards. Je ne sais pas si je pourrai un jour pardonner à ma Faëra de m'avoir extorqué cet acte d'absolue veulerie. Je ne crois pas que je pourrais vivre avec ça.


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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Dim 15 Mai 2016 02:05 
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Je cours, dérapant, glissant, chutant tant de fois que j'en perds le compte. Mon corps est meurtri de toutes parts malgré la fiole de soin que j'ai bue, mais je n'en ai cure, la souffrance physique n'est rien comparé à celle qui déchire mon âme. Je cours, plus haut, toujours plus haut, jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Je cours, jusqu'à en cracher du sang. Je cours, jusqu'à l'instant où je finis par glisser sur un traître névé. Ma tête heurte rudement la glace vive, mon corps dévale la pente gelée comme une poupée désarticulée, durant d'interminables secondes. C'est un rocher de la taille d'une carriole qui arrête ma chute, à quelques mètres d'un précipice. Je suis à moitié assommé, mon sang ruisselle sur mon visage, maculant la neige et mes vêtements, mais cela n'a pas la moindre importance. Je reste là, immobile et haletant tandis que la nuit recouvre le monde de son linceul de ténèbres, me maudissant un millier de fois. Je me hais. Je me méprise. J'ai échoué, failli au-delà de toute mesure.

Il commence à neiger. De délicates fleurs de givre se déposent sur mon visage comme d'infimes baisers mouillés et glacés. J'ouvre les yeux, sur les sombres nuées couleur de plomb qui ont envahi le ciel. Le vent se renforce, me fouettant de bourrasques de plus en plus virulentes qui transpercent mes habits comme s'ils n'existaient pas. J'éclate d'un rire fou, grinçant et lugubre. Une tempête...il ne manquait plus que ça. Le rocher contre lequel je me suis ramassé est posé en biais sur un autre, plus petit, ce qui forme un semblant d'abri sous roche. Je m'y traîne en rampant, ricanant de manière démente, et parviens à m'y calfeutrer tant bien que mal, m'entourant de ma cape en lambeaux. Sommeil ou évanouissement je ne sais, mais je sombre enfin alors que, dehors, la tempête redouble d'intensité.

J'émerge après un temps indéfinissable, peinant à ouvrir mes paupières à moitié collées par le gel. Quelque chose m'a réveillé, mais quoi?

(Qui. Cela fait une demi-heure que je hurle. Tu vas mourir gelé si tu ne fais rien!)

(Ah. C'est très bien comme ça. Laisse-moi, Syndalywë...laisse-moi...)

(Même pas en rêve. Utilise ton épée pour te réchauffer par Sithi! Bois une fiole de soins, mange quelque chose!)

(Non. Laisse-moi. Ils sont morts, tous morts, par ma faute...)

(Imbécile! Ha, c'est facile d'abreuver les autres de belles paroles, hein? Il était joli ton discours sur la haine, celui que tu as adressé à Adrienn! Un parmi d'autres. Mais regarde-toi un peu par les fluides! Une épreuve un peu plus rude que les autres et tu te répands comme une flaque? Tu as pensé à Ethëll? A Lyann? A Nyllynn? Tu te souviens de ces souvenirs que nous avons partagé? De ce serment que nous nous sommes fait?)

"Ullume au oialë..."

(Je pensais que tu avais confiance en moi, Tanaëth. Et moi, j'avais confiance en toi...)

La tristesse de ma Faëra me submerge comme une marée d'ombre, attisant encore ma honte, mes remords, comment pourrais-je continuer à vivre avec ça?

(En te relevant, comme l'aurait fait Ethernëm. En refusant de laisser l'adversité de briser, en te battant jusqu'à ton dernier souffle pour tes idéaux, pour ceux que tu aimes!)

(Des mots...je t'ai écoutée, Syndalywë, et j'ai fui alors que, précisément, j'aurais dû me battre jusqu'à la mort...)

(Tsssk! Réfléchis bon sang de bon soir! Qu'est-ce que je suis?!)

(Une Faëra...une entité constituée de fluides dont les buts me dépassent...tu connais le passé, tu vois les avenirs et...attends, tu essayes de me dire quoi, là?)

(Réfléchis, Danseur d'Opale!)

Je me redresse en grinçant des dents de douleur, l'esprit en ébullition, et je finis par murmurer:

"J'allais mourir à ce col...tu le savais. Tu savais que la seule façon pour moi de vivre était de fuir. Mais je ne comprends pas, cette fuite...c'est contraire à tout ce que tu m'as appris...contraire à tout ce que tu m'as montré, à tout ce en quoi je crois. Sauf si..."

(Eh oui. Sauf si.)

(Bordel!!! Tu ne pouvais pas le dire, non?!)

(Tu sais bien que non, Tanaëth.)

Je jure sourdement et cogne rageusement du poing contre le roc, m'entaillant salement les phalanges, mais je ne ressens rien tant le froid engourdit mes sens. D'accord...il va falloir que j'apprenne à utiliser ma cervelle de temps à autre au lieu de réagir comme un enfant impulsif. Je me force à me calmer peu à peu, examinant méthodiquement ma situation. Premièrement, éviter de crever de froid. Je jette un coup d'oeil à l'extérieur de mon abri, il fait encore nuit noire et la tempête sévit toujours, je peux donc sortir ma flamboyante pour me réchauffer sans risque de me faire repérer, les Shaakts ont dû s'abriter aussi s'ils tiennent à leurs peaux. Je dégaine donc maladroitement ma lame ardente de mes doigts engourdis et la dépose devant moi, tout en me préparant à subir une féroce débattue qui se manifeste effectivement quelques instants plus tard. Deuxièmement, me soigner. Je fouille mon sac malmené et en sort une potion de soin que j'avale d'un trait. Bonheur...je ne tarde pas à soupirer d'aise alors que froid et douleur disparaissent progressivement, je revis! Troisièmement, faire un état des lieux de mon matériel. Par chance mon sac était neuf et solide, mes armes soigneusement arrimées, mais je n'ai plus de flèches. Sans doute les ai-je perdues lors de l'une de mes chutes. Rien d'irréparable, même si j'aurais apprécié de pouvoir abattre quelques-uns de ces maudits Shaakts en restant à bonne distance, mais enfin, l'un dans l'autre je m'en tire plutôt bien.

Je sors de quoi me sustenter, dévorant avidement la moitié des provisions qui me restent, puis je me désaltère longuement et m'adosse plus confortablement au rocher pour pouvoir réfléchir posément à la suite des événements. Il faut que je concocte un plan susceptible de retourner cette situation désastreuse à mon avantage, mais comment? Si Adrienne est encore en vie comme l'affirme ma Faëra, cela signifie qu'elle est prisonnière des Shaakts. Ces derniers ne peuvent espérer me traquer efficacement en la trimbalant avec eux, ce qui laisse trois possibilités. Soit ils sont restés ensemble et attendent en espérant que je tenterais de la libérer, auquel cas un piège m'attend sans le moindre doute. Soit ils se sont séparés en deux groupes, l'un me donnant la chasse et l'autre la gardant captive quelque part. Soit ils l'ont attachée et jetée dans l'une ou l'autre grotte le temps de me retrouver et sont donc tous à ma poursuite. Cette dernière hypothèse me semble peu probable, mais qui peut savoir ce qui se passe dans la cervelle dérangée d'un elfe noir?

Dans tous les cas, ma priorité est de retrouver Adrienn, et cela sans me faire repérer. Si j'y parviens, je devrais alors définir la meilleure manière d'agir pour la libérer en fonction de la situation sur place. Oui, seulement je ne connais pas ces montagnes, et comme je n'ai pas trop prêté attention au chemin que j'ai parcouru dans ma course folle, je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où elle pourrait se trouver. Je serais bien incapable de revenir au col où s'est déroulé le bref combat qui a scellé la fin de mes deux compagnons, à moins que...

(Syndalywë, tu pourrais me guider jusqu'à ce fichu col?)

(Evidemment.)

Je souris légèrement au ton suffisant employé par ma Faëra, que je sens extrêmement attentive au cheminement de mes réflexions. Une idée me traverse soudain l'esprit, m'incitant à lui demander:

(Tu pourrais te rendre là-bas, voir si Adrienn est retenue dans les environs et le cas échéant de quelle manière elle est gardée?)

(Sans problème. Tu veux que j'y aille maintenant?)

(S'il te plaît, oui. Si nous pouvions profiter de cette tempête pour leur tomber dessus ce serait bien...)

(Tu vas avoir de la peine à aller jusque là-bas par ce temps...)

(On verra, j'ai une babiole qui pourrait s'avérer utile.)

(Hum, pas bête, ça! Bon, j'y vais!)

J'ai à peine le temps de m'assoupir qu'elle revient, toute excitée:

(Je les ai trouvés! Ils se sont réfugiés dans une caverne juste en dessous du col!)

(Excellent! Ils sont combien?)

(La guerrière à la lame blanche, un archer et huit autres guerriers et guerrières. Ton tigre a dû en tuer un parce que j'ai vu un cadavre au col.)

(Bon...alors en route!)

Je rengaine ma lame ardente et range rapidement mon matériel, puis j'active la sphère d'intimité que j'ai acquise quelques jours auparavant en espérant qu'elle fonctionnera dans ces conditions. Je me relève enfin et quitte mon abri, pressé maintenant d'en découdre avec les meurtriers de mes compagnons et de tant d'autres Hinïons avant eux.


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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Dim 15 Mai 2016 16:13 
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[:attention:] Le texte qui suit comporte des scènes de violence susceptibles de choquer, personnes sensibles s'abstenir. [:attention:]



La tempête fait rage dans le massif d'Hidirain, un blizzard violent chasse neige et cristaux de glace à l'horizontale, si bien que je ne vois que rarement à plus de quelques mètres. J'avance pourtant sans trop de mal, mon artefact déviant les projectiles gelés avant qu'ils ne m'atteignent et préservant une température confortable autour de moi. La couche de neige s'avère de plus en plus profonde au fond des vallons mais le vent dénude les pentes et à condition d'y demeurer je ne risque guère de m'enfoncer, marchant le plus souvent sur les rochers à peine recouverts d'étranges formes de glace. Syndalywë me guide pas après pas et m'évite les passages les plus difficiles, une chance car sans elle je n'aurais pas fait plus d'une centaine de mètres avant d'être contraint de renoncer, tant les conditions sont détestables.

Un jour blafard finit par se lever, ne parvenant qu'à dispenser une maigre lueur au travers du plafond nuageux et des flocons qui tombent toujours en masse sur les montagnes. Je marche longuement, peinant parfois durement lorsque je suis obligé de franchir une vallée, mais alors que l'après-midi touche à son terme je finis par parvenir aux alentours de la grotte où se sont réfugiés les Shaakts. Elle se situe au pied d'une falaise haute d'une trentaine de mètres, d'après ma Faëra du moins car il m'est impossible de voir aussi loin dans cette tourmente. Ce qui m'arrange bien car les elfes noirs seront aussi aveugles que moi et risquent peu de me repérer. J'espère fortement qu'ils sont convaincus que la tempête m'a obligé à me terrer quelque part, et qu'ils ne s'attendront pas à ma venue, car sans le bénéfice de la surprise je ne vois pas trop comment je parviendrais à en venir à bout. Encore que cela ne soit pas l'objectif premier, il me faut avant tout libérer mon amie des griffes de ces vermines, ce qui n'est pas gagné. Syndalywë m'apprend encore que l'Hinïonne est attachée au fond de la grotte qui doit faire une cinquantaine de mètres de long, et que les Shaakts se sont installés dans une petite salle à une vingtaine de mètres de l'entrée, où ils ont fait un petit feu pour se protéger du frimas. Impossible donc de passer discrètement, mais tenter un passage en force ne m'attire pas vraiment, mes ennemis sont encore trop nombreux pour courir ce risque, la Shaakt à l'épée lactée constituant à elle seule un obstacle inquiétant. Ceci étant mes choix me semblent plutôt limités, d'après ma Faëra il n'y a aucune autre issue praticable à cette petite cavité, alors comment faire?!

Un plan s'échafaude peu à peu dans mon esprit alors que la nuit recouvre une fois de plus le monde, il comporte une part aléatoire qui ne me plaît guère, mais il me donne une petite chance de m'en sortir et je ne vois pas comment faire mieux dans les circonstances actuelles. Je prépare avec le plus grand soin mon équipement en fonction de mon plan, bien conscient d'être un peu maniaque à ce niveau mais j'aime autant ne pas laisser trop de latitude au hasard. Une arme qui se prend dans un vêtement au mauvais moment peut engendrer des conséquences excessivement désagréables. Lorsque j'estime avoir mis toutes les chances de mon côté, je m'installe le moins inconfortablement possible de façon à pouvoir me reposer un moment en attendant l'heure la plus propice selon moi, à savoir quelques minutes avant l'aube. Les raisons de ce choix sont simples: d'une part les Shaakts n'aiment pas la lumière, elle les gênera pour nous poursuivre, et d'autre part Adrienn n'est pas nyctalope, or il est indispensable qu'elle puisse se déplacer seule car je ne peux espérer fuir en la portant ou même simplement en devant veiller à chacun de ses pas. Je m'assoupis donc après avoir demandé à ma Faëra de me réveiller un peu avant l'instant fatidique et prié Sithi ainsi que Rana de m'apporter leur aide dans cette tentative des plus risquée.

Ce n'est pourtant pas Syndalywë qui me tire de mon sommeil, mais bel et bien un atroce hurlement de douleur! Dieux! J'émerge de mes rêves avec une désagréable soudaineté, le coeur battant à tout rompre et le regard cherchant vainement à distinguer la provenance de ce cri désespéré. Il se renouvelle presque aussitôt, provenant sans conteste du refuge des sombres cafards, je n'ai pas besoin d'un dessin pour comprendre ce qui se passe: ils sont en train de torturer l'Hinïonne! Au temps pour le moment propice, je ne peux pas les laisser faire, je ne peux pas rester tranquillement assis en entendant mon amie hurler sa souffrance, je ne peux pas! Je me lève rageusement, vérifiant rapidement le parfait agencement de mon matériel, puis je me glisse hors de ma cachette et me faufile le plus discrètement possible en direction de la caverne, même si je doute fort que mes ennemis surveillent les environs alors que la tempête sévit toujours. Longeant la falaise au plus près je parviens sans me faire repérer jusqu'à l'entrée de la cavité tandis qu'un nouveau hurlement pourfend odieusement le silence, et mon âme par la même occasion. Je m'immobilise un instant, le temps d'invoquer le tigre runique de ma lame ancestrale et de saisir la petite pierre de même nature que j'ai préparée, puis j'ordonne à mon fauve d'une voix rauque:

"La Shaakt avec une épée blanche, arrache-lui la gorge! Vas!"

Le félin gronde sourdement en se mettant en mouvement, silencieux comme une ombre, rapide comme le vent, et moi je me précipite à sa suite en rassemblant mon Ki pour mener une première attaque décisive, clé de voûte de mon plan! Le prédateur et moi parvenons sans tarder à l'entrée de la petite salle plus ou moins rectangulaire où les Shaakts ont établi leur bivouac, puisse Sithi veiller sur nous, que la Danse commence!

Le tigre effectue un bond puissant en direction de la cible désignée, qui nous tourne le dos à cet instant concentrée qu'elle est sur le supplice de l'Hinïonne qui a été ramenée dans la salle principale, et moi je lance au milieu de la salle ma Rune "Soleil" en hurlant son nom divin pour déclencher son pouvoir, prenant bien soin de ne pas la fixer des yeux!

Une véritable explosion silencieuse de lumière insoutenable envahit la grotte, plongeant les Shaakts dans une panique mortelle et les aveuglant totalement. Leur dirigeante se retourne vivement, juste à point nommé pour se prendre les quelques trois quintaux du fauve en pleine poitrine alors que les crocs acérés cherchent avidement sa gorge pour la déchiqueter! Elle est projetée avec une violence inouïe contre la paroi située derrière elle, un spectacle des plus jouissifs en ce qui me concerne! Mais je ne perds pas un instant et dégaine ma deuxième lame pour me ruer sur les Shaakts effarés et aveugles qui se bousculent maladroitement dans leur panique!

Mon arme embrasée fend la trogne du premier noir comme un melon trop mûr, répandant à l'envi cervelle et fragments de boîte crânienne, puis c'est l'épée de mon ancêtre qui prend la relève au terme d'une contre-volte acrobatique qui me permet de dépasser le cadavre toujours debout! Ma puissante lame décrit un arc de cercle remontant du plus bel effet, venant ravager l'entre-jambe du Shaakt suivant et le fendant jusqu'au nombril, une vision véritablement ignoble à vrai dire car ses tripes se répandent sous lui en un amas gélatineux qui me fait penser à une méduse crevée à l'instant où je dégage ma lame d'une traction sèche. Je ne m'attarde pas sur ce répugnant mais ô combien satisfaisant résultat, conscient de n'avoir que quelques brefs instants avant que mes adversaires ne réagissent, la lumière brutale issue de ma rune n'ayant duré qu'une poignée de secondes. Je fonce donc sur le dernier ennemi me séparant encore de l'Hinïonne, déployant une débauche de Ki pour l'atteindre plus rapidement grâce à la redoutable Croix de Rana. Ma lame ardente plonge dans sa gueule grande ouverte de surprise, broyant dents et vertèbres d'un même élan pour ressortir dans sa nuque, le décapitant au trois quarts! Ma deuxième arme, bien inutile en l'occurrence, peaufine le travail et décolle définitivement l'odieuse caboche de ses épaules, puis mon pied percute avec violence son torse et fait basculer l'elfe-tronc en arrière tandis que je lui cours littéralement dessus pour rejoindre Adrienn!

J'aperçois du coin de l'oeil mon tigre toujours aux prises avec sa proie, cette damnée a visiblement réussi à éviter de se faire égorger et est même parvenue à blesser mon fauve, mais je dispose encore de quelques instants de répit avant qu'elle n'ait une chance d'achever l'animal et je n'en demande pas plus! Je déglutis et sens mon ventre se nouer lorsque je contemple l'Hinïonne affalée à terre, nue, doutant qu'elle soit encore en vie en voyant le sang qui la recouvre presque intégralement. Mais sa poitrine se soulève encore, bien que très faiblement! Je m'accroupis vivement à ses côtés, rengainant ma lame gauche pour m'emparer de ma gourde magique et lui faire avaler sans délai une potion de soin, puis une deuxième lorsque je réalise la gravité de ses blessures. Les Shaakts l'ont pelée vive...après lui avoir broyé quelques doigts pour le plaisir, sans doute...je n'ai pas trop de toute ma volonté pour me retenir de vomir, mais quelques hauts-le-coeur me secouent tout de même très désagréablement. Il faut dire que je n'ai pas souvent eu la malchance de contempler si effroyable vision. Néanmoins les fioles agissent promptement, les fluides régénèrent son corps à toute allure, si vite que seul un réflexe instinctif me permet de remettre à temps son bras brisé en bonne position avant que les os ne se ressoudent de travers.

Adrienn ouvre des yeux effarés en m'apercevant, murmurant comme si elle n'y croyait pas:

"Tanaëth? Que...comment..."

Je l'interromps d'un doigt délicatement posé en travers de ses lèvres, nous n'avons pas le temps de bavarder et le fait que ces foutus Shaakts l'aient dénudée intégralement me pose un sacré problème. Un bref regard circulaire me permet de repérer ses affaires posées en tas à quelques mètres de nous, aussi je lui réponds d'un ton pressant en lui désignant son matériel de ma main libre:

"Habille-toi, vite! Il faut qu'on dégage! Je te couvre, hâte-toi!"

"Mais...mon armure..."

Je dégage vivement mon sac de mes épaules et lui le tends:

"Pas le temps, fourre-là dans mon sac, mais fissa!"

La jeune Hinïonne est guérie de ces blessures, certes, mais elle est aussi épuisée et hébétée par ce qu'elle vient de vivre, si bien qu'elle tarde à réagir et me dévisage d'un regard vide plutôt que de s'activer. Je la relève sans ménagement en voyant les Shaakts survivants surmonter leur panique et se diriger vers nous, puis je la pousse rudement en direction de ses affaires et dégaine ma deuxième lame, me préparant à l'inévitable combat qui s'annonce. Adrienn se décide enfin, frigorifiée et tremblant de tous ses membres, elle titube hâtivement vers son équipement alors que je me place en position défensive pour lui donner le temps de se vêtir. Je rassemble une fois encore mon Ki et le modèle ainsi que Llyann me l'a appris pour la protéger au moyen de cette posture de garde étonnante si difficilement franchissable.

La maître d'armes Shaakt parvient enfin à achever mon fauve qui pousse un dernier rugissement en mourant, le temps presse plus que jamais, même si elle me paraît bien mal en point je serais un imbécile de la sous-estimer, une fiole ou deux et elle sera d'attaque! Ses complices choisissent cet instant pour me tomber dessus, mais je les repousse sans grande difficulté grâce à ma technique de défense et je souris férocement en les voyant hésiter. Ma compagne a utilisé le bref répit accordé pour s'habiller sommairement et fourrer le reste de son matériel dans mon sac, il est temps de dégager et en vitesse!

"On se tire! Reste derrière moi, allez, vite!"

L'Hinïonne obtempère sans perdre de temps cette fois, venant se placer dans mon dos, je me hâte de me diriger vers la sortie en longeant la paroi de droite de manière à la protéger de mon corps et de mes lames, tenant toujours en respect les puantes charognes de Khonfas qui ne semblent pas pressées de venir s'empaler sur mes épées, ignorant probablement que cette technique que j'utilise ne me permet pas d'attaquer efficacement. Nous parvenons ainsi jusqu'à la sortie de la grotte et nous jetons à toute allure dans la tourmente extérieure, à mon plus grand soulagement!


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Lun 16 Mai 2016 20:28, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Lun 16 Mai 2016 02:32 
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Quelques pas à l'extérieur suffisent à nous plonger dans un univers absolu de blancheur, poursuivis par les hurlements rageurs des Shaakts, dominés par la voix haineuse de leur commandante. Nous ne demandons pas notre reste et prenons tous les risques pour nous enfuir au plus vite, toujours protégés du gros de la tempête par le pouvoir de ma sphère d'intimité. Elle n'empêche pas le sol d'être traître et glissant pourtant, chaque pas demande son lot de vigilance pour ne pas trébucher, et risquer la chute infernale dans quelque précipice sans fond. Nous avançons ainsi un moment mais je réalise bien vite qu'Adrienn n'en peut plus, elle ralentit inexorablement son allure et son pas n'a plus rien d'assuré. Je suis déjà lourdement chargé par mon sac rempli de son armure de plate et de ses armes mais je passe tout de même un bras sous ses épaules pour la soutenir de mon mieux et nous poursuivons ainsi notre chemin, guidés dans le jour blanc par une Syndalywë plus déterminée que jamais. Les cris des elfes noirs se sont rapidement estompés derrière nous, sans doute n'osent-ils pas se lancer à notre poursuite par ce temps, mais je ne me fais aucune illusion, la traque reprendra à la première accalmie et il nous faut mettre le plus de distance possible entre eux et nous d'ici là.

Les heures passent, longues comme des siècles, je sens mes forces se consumer sous l'effet conjoint du poids et des montées de plus en plus fréquentes et abruptes, si bien qu'il arrive un moment où je réalise que, malgré mon acharnement, nous ne pourrons pas aller plus loin. Ma Faëra m'encourage pourtant à poursuivre encore un peu, m'assurant que nous atteindrons bientôt un lieu dans lequel nous pourrons nous reposer, je serre donc les dents et puise dans mes ultimes ressources pour traîner l'Hinïonne quelques mètres de plus. Cette dernière est à peine consciente, pâle comme une morte, je suis contraint de la porter presque entièrement pour éviter qu'elle ne s'effondre, mais malgré cela nous tombons à plusieurs reprises et se relever devient de plus en plus insurmontable. Je finis par informer Syndalywë que je ne pourrais bientôt plus faire un pas de plus, mes muscles tétanisés vont incessamment me refuser tout service, d'autant plus que mes poumons brûlants ne parviennent pas à me fournir assez d'air pour que je puisse respirer correctement. Nous devons avoir atteint une altitude conséquente, je me sens légèrement euphorique, comme si j'avais bu un peu trop d'alcool, et d'après les récits que j'ai entendu c'est un symptôme lié à la haute montagne qui précède de peu les véritables ennuis physiques. A moins que ce ne soit la fatigue et les émotions, puisque mon artefact est censé résoudre ce problème. Mais dans le cas contraire...On commence à tousser, on ne parvient plus à reprendre son souffle et nos muscles sont pris de douloureuses crampes. Puis on crache du sang, notre vision se parsème de points noirs, et si l'on ne redescend pas promptement on finit par s'évanouir, ce qui signifie irrémédiablement la mort. Un programme alléchant...

Je ne sais pas comment mais nous parvenons à rejoindre une petite terrasse escarpée serpentant à flanc de paroi, et à la suivre sur une trentaine de mètres sans faire le grand plongeon. Elle donne accès à une vague esplanade pentue et glissante, que je gravis en rampant, tirant et poussant ma compagne centimètre par centimètre, et nous arrivons enfin à destination: une étroite faille dans la paroi, large d'un petit mètre, haute du double. Sur les injonctions pressantes de ma Faëra je m'y engage, priant Sithi pour qu'il n'y ait pas un prédateur caché là-dedans...C'est à quatre pattes et à reculons que je m'engouffre dans la montagne, traînant péniblement l'Hinïonne maintenant totalement inconsciente, jusqu'à atteindre quelques mètres plus loin un élargissement suffisant pour que nous puissions nous y allonger. Je trouve encore la force de fouiller nos affaires pour en sortir nos couvertures, puis après m'être difficilement débarrassé de mon armure je constitue un maigre matelas au moyen de nos vêtements de rechange, pose sur le tout une première couverture et y allonge mon amie le plus confortablement possible. Je sors encore mon épée ardente de son fourreau et la dépose près de nous, assez loin tout de même pour que nous ne risquions pas de nous embraser comme des brindilles, puis je me blottis contre Adrienn afin de partager notre chaleur. J'utilise enfin les deux couvertures restantes pour nous couvrir le plus efficacement possible, désactive mon artefact, et je sombre aussitôt comme une masse, vidé jusqu'à la moëlle des os.

Je me réveille en sursaut, le coeur battant, persuadé d'avoir entendu des cris. Je tends l'oreille, mais seul un silence ouaté nous entoure, la tempête semble avoir cessé car je n'entends plus le vent. Puis je me souviens...un sale cauchemar, rien de plus, mais par Sithi voilà un bien désagréable réveil! La flamme de mon épée a maintenu une chaleur agréable dans la petite grotte, une légère lueur provenant de l'entrée m'apprend qu'il fait jour mais j'ignore totalement combien de temps nous avons dormi. Longtemps sans doute, mais nous en avions tous deux besoin et j'ai bon espoir que la neige fraîchement tombée ait dissimulé nos traces. Avec un peu de chance nous sommes débarrassés de nos poursuivants, mais c'est une hypothèse que je préfère ne pas prendre pour une certitude, aussi je secoue doucement l'Hinïonne toujours serrée contre moi. Elle finit par émerger à son tour du sommeil, me dévisageant avec un léger étonnement, puis parcourant le lieu du regard avant de soupirer d'aise. Elle se retourne dans mes bras et me fixe longuement, puis elle murmure:

"Merci Tanaëth...je...je suis désolée...je t'avais mal jugé..."

Je lui souris avec une douceur légèrement mêlée de gêne, appréciant son courage et ses mots mais troublé malgré moi par ce regard et par le contact étroit de nos corps, j'ai décidément le don de me mettre dans des situations ambiguës...Mais aucun sort ne dirige mes actes cette fois, je repousse d'un geste une mèche de sa chevelure et dépose un baiser léger sur son front avant de me lever en lui répondant à mi-voix:

"Nous faisons tous des erreurs, Adrienn, moi le premier. Viens, mangeons un peu, ensuite il nous faudra reprendre la route."

Nous sortons tous deux nos provisions, bien maigres au final mais suffisantes encore pour aujourd'hui, et nous nourrissons en silence jusqu'à ce que l'elfe blanche s'enquière:

"Que faisons-nous, maintenant?"

Une excellente question, à laquelle je n'ai guère eu le loisir de réfléchir depuis la première embuscade tendue par les Shaakts, pour être honnête. Je réfléchis donc à voix haute, profondément songeur:

"Les Shaakts sont encore sept, dont un archer et la maître d'armes, ce qui fait beaucoup. Tu es épuisée et j'ai connu des jours meilleurs aussi, nos chances de les vaincre me semblent donc minces. D'autant plus que cette maudite Shaakt est vraiment dangereuse. La sagesse voudrait que nous renoncions et retournions à Hidirain chercher des renforts. mais..."

"Mais...?"

"Mais si nous agissons ainsi, rien ne garantit que nous les retrouvions un jour. Ce qui me déplaît souverainement. D'autre part j'espère que nous les avons semés, mais ce n'est qu'un vœu pieux, et dans ce genre de jeu malsain je préfère être le chasseur plutôt que la proie. Seulement cela nous ramène à la question de savoir si nous sommes en mesure de poursuivre la traque, et franchement je n'en suis pas certain. Nous n'avons presque plus de provisions, plus une seule flèche et..."

(Tanaëth! Ils arrivent!)

(Quoi?! Mais comment font-ils bon sang?! Nous avons laissé des traces visibles malgré la neige?)

(Non...)

(Saleté...bon, ils sont où? Combien de temps avons-nous?)

(Ils abordent la descente du col menant à la vallée où nous nous trouvons. Ensuite ils devront grimper jusque ici...je dirais une heure, environ.)

Je soupire sous le regard étonné d'Adrienn, surprise par mon soudain mutisme, puis je lui transmets ce que je viens d'apprendre:

"Ils ont retrouvé notre trace, ils seront là d'ici une heure environ...il faut qu'on bouge, t'en sens-tu capable?"

"Comment sais-tu ça?!"

"Peu importe, l'important c'est de décamper d'ici...ça ira?"

"Il faudra bien...on se met en route maintenant? Et...on va où?"

"Je ne sais pas où on est...mais on va tâcher de se diriger en direction d'Hidirain, en restant sur les hauteurs pour conserver au moins l'avantage de la position."

Elle acquiesce d'un air las, puis nous entreprenons de rassembler rapidement nos affaires et de nous équiper, tous deux silencieux et conscients de la nécessité de conserver notre avance le plus longtemps possible. Nous nous mettons en route sans tarder et quittons donc notre abri, mais nous marquons de concert une halte stupéfaite en découvrant le vertigineux panorama qui s'offre à nous. Nous devons nous trouver à plus de trois mille mètres d'altitude et sous nos yeux se dévoile toute l'immensité du massif d'Hidirain, peu de sommets dépassent la hauteur où nous nous trouvons! Je frémis de frayeur rétrospective en découvrant que notre grotte se trouve véritablement suspendue sur le flanc d'une falaise, pas totalement verticale mais suffisamment pour que la moindre chute soit la dernière. Nous avons suivi sans le réaliser une étroite corniche surplombant le vide qui, à bien y regarder, se poursuit en amont jusqu'à un col abrupt bordé d'un côté par le vide et de l'autre par un modeste glacier qui semble couler du sommet de la montagne sur laquelle nous nous trouvons. Seules quelques centaines de mètres nous séparent de cet étroit passage, mais par Rana il ne sera pas aisé d'y accéder! Le sol fortement incliné de la corniche me semble effondré par endroits, et salement en dévers à d'autres, une vraie saleté avec la traître couche de neige qui le recouvre! Je préférerais un autre passage, mais je distingue aussi en contrebas une file de petites silhouettes qui auront tout loisir de nous couper la route si nous redescendons par le chemin qui nous a mené jusque là. Je désigne le sentier à peine digne d'une chèvre que nous allons devoir suivre à ma compagne:

"Il faut qu'on passe par là, nous n'avons pas le choix. Je vais aller devant, marche dans mes traces et prends garde de bien assurer tes appuis, mieux vaut perdre un peu de temps que la vie. On y va?"

Elle grimace anxieusement mais hoche la tête, je lui donne une petite tape d'encouragement sur l'épaule puis je me mets prudemment en route, collé à la paroi et m'assurant à chaque pas de la fermeté du sol sous mes pieds avant d'y porter mon poids. L'ascension va nous prendre des heures mais il en ira de même pour nos ennemis et, si nous avons de la chance, un ou deux iront s'écraser au fond de la vallée...


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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Lun 16 Mai 2016 15:53 
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Nous avançons mètre après mètre, agrippés à la paroi lorsque des prises nous le permettent, redoublant de prudence et de lenteur lorsque ce n'est pas le cas. Je jette de fréquents coups d'oeil à ma comparse, m'assurant qu'elle suit mon rythme sans prendre de risques inutiles, ralentissant lorsque je commence à la distancer. Je me sens relativement à l'aise malgré le vide considérable que nous frôlons et le fait que la terrasse rocheuse soit extrêmement glissante, mais ce n'est certes pas le cas d'Adrienn qui ne possède pas mon sens de l'équilibre surentraîné. Les cent premiers mètres sont relativement aisés, du moins si on les compare à ce qui nous attend, et nous les franchissons sans incident notable. Mais, devant nous, un premier effondrement a supprimé la moitié de la largeur de l'étroit passage sur quelques cinq mètres de long, il ne reste donc qu'une fine margelle penchée de deux pieds de large, et je vois ma compagne blêmir lorsque elle le réalise. Je l'encourage calmement, lui désignant les prises que je distingue et lui conseillant de se coller au rocher comme elle étreindrait un amant pour franchir ce passage délicat. Elle prend quelques amples respirations pour se détendre, m'observant attentivement alors que je me lance. Je progresse sans me presser, choisissant avec soin mes prises et ne déplaçant jamais qu'un unique membre à la fois, les trois autres assurant fermement ma sécurité. Je parviens ainsi de l'autre côté de l'obstacle et me retourne alors pour suivre l'avance d'Adrienn, qui après un instant d'hésitation se risque à son tour sur la maigre bande de rocher blanchi par la neige.

Je plisse les yeux en réalisant qu'elle respire trop vite et que ses jambes sont agitées d'un très léger tremblement, il faut absolument qu'elle se détende! Je tente de l'aider de mon mieux en lui indiquant les meilleures prises, mais son pied droit dérape soudain dangereusement et elle ne peut retenir un cri de frayeur! Anxieux, je vois sa main droite tenter d'affermir sa prise, mais la paroi est humide et elle ne parvient qu'à rendre sa situation plus précaire encore, se maintenant difficilement du bout des doigts! Elle se fige, haletante, tétanisée, bon sang elle va se casser la figure si je n'interviens pas! Elle n'est qu'à deux mètres de moi, mais cette courte distance est encore beaucoup trop longue à mon goût, il faudrait que je m'engage aussi sur le périlleux rebord pour l'attraper! Seulement, si elle glisse et que je me retrouve à devoir soutenir l'intégralité de son poids, je doute fort être capable de la retenir, je vais simplement l'accompagner dans son vol plané...j'ausculte fébrilement la paroi des yeux en quête d'une prise assez marquée pour que je puisse m'y accrocher sérieusement, mais je ne vois qu'une étroite faille irrégulière d'environ trois doigts de largeur dont les bords me semblent rudement lisses. Une idée farfelue me vient soudain, mais comme je ne vois pas d'autre solution, je glapis en arrachant un pan de ma cape d'un geste sec:

"Tiens bon! J'arrive!"

Je confectionne en toute hâte un noeud sommaire avec l'un des bouts de ma bande de tissu et l'enfonce rageusement dans la faille jusqu'à ce qu'il s'y coince, puis j'entoure deux fois mon poignet avec l'autre extrémité et tend ma corde improvisée avant de me glisser vivement de deux pas sur la corniche en lui tendant ma main libre:

"Attrape ma main!"

Elle tente de saisir la main tendue d'un geste nerveux, mais elle ne fait que frôler le bout de mes doigts et se met à glisser! Par Sithi! Je me tends au maximum, priant pour que le tissu tienne bon alors que je lui impose tout mon poids, et je saisis brutalement son poignet à l'instant même où elle chute! Le choc est rude, les muscles de mon épaule gauche protestent douloureusement lorsque l'Hinïonne se retrouve suspendue dans le vide à battre frénétiquement des jambes dans sa panique, mais par miracle mon bout de cape résiste! Je grogne sèchement, crispé par l'effort considérable que je fournis pour maintenir ma prise sur son poignet et la retenir:

"Arrête de bouger! Aide-moi, trouve un appui pour tes pieds bons dieux!"

Elle cesse de s'agiter inutilement pour essayer de mettre mon conseil à profit pendant une interminable poignée de secondes, puis s'exclame d'une voix terrorisée:

"Il n'y en a pas!!! C'est lisse partout!!!"

Et merde! Je sens son poignet me glisser millimètre par millimètre des doigts, je ne tiendrai pas, je vais la lâcher incessamment! Je prends une grande respiration, puis je rassemble toutes mes forces et hurle à pleins poumons en les déchaînant brutalement dans une débauche d'énergie musculaire explosive visant à la faire penduler brusquement pour la remonter derrière moi, là où la corniche est un peu plus large! L'Hinïonne hurle à son tour lorsque je la balance comme un sac de patates dans le vide et la propulse violemment vers le salut, puis son cri se transforme en un glapissement de douleur lorsque elle s'écrase en tas contre la paroi, puis sur le sol de la corniche! J'ai réussi par tous les dieux, j'ai réussi! J'en danserais de joie si l'effort surhumain que je viens de fournir ne se faisait payer par une immédiate tétanie de mes muscles poussés à l'extrême limite de leurs capacités! Je me laisse tomber sur les fesses, dos au mur minéral, tremblant comme une feuille, le souffle court et l'entier de mon corps aussi douloureux que si je venais de passer sous un fût de cinq cents litres plein à ras bord!

Adrienn se met à sangloter doucement, prise d'indicibles frissons, mais je n'ai plus l'énergie de la réconforter, c'est tout juste si je parviens à libérer mon poignet maintenant ensanglanté du tissu qui s'est incrusté dans mes chairs sous la violence du choc. Nous restons ainsi plusieurs minutes, reprenant notre souffle et nos esprits, puis l'Hinïonne rampe jusqu'à moi et se redresse prudemment, juste assez pour me gratifier d'une étreinte sauvage et d'un baiser échevelé qui n'a absolument rien de fraternel! Je suis tellement sidéré par ce geste que je ne songe même pas à la repousser, l'enlaçant au contraire impulsivement pour le lui rendre avant de réaliser ce que je suis en train de faire. Je l'oblige alors avec la plus grande douceur à s'écarter un peu, puis je dépose un léger baiser sur son front en lui murmurant:

"Ce n'est pas très sage...je...je suis fiancé enfin, plus ou moins, je ne veux pas la tromper...on devrait se remettre en route..."

Elle recule le visage pour river son regard d'ambre au mien, puis elle hausse les épaules avec un léger sourire ironique au coin des lèvres et me répond:

"Je sais. Mais je m'en fiche, j'en avais envie. Et toi aussi apparemment. Je ne le raconterai pas, sois tranquille...et...merci, je te dois la vie, une fois de plus..."

Je soupire discrètement avant de lui rétorquer à mi-voix:

"Tu sais bien que le problème n'est pas là. Enfin, ce n'était qu'un baiser irréfléchi...ce n'est pas passé loin cette fois, hein?"

La jeune Hinïonne rit doucement et réplique du tac au tac, taquine:

"Qu'est-ce qui n'est pas passé loin? Je plaisante, c'est nerveux, excuse-moi...mais...ça fait du bien de se sentir vivants, non?"

J'opine d'un hochement de tête, amusé de sa répartie malgré moi et heureux de ce profond changement qui semble l'avoir transformée. Elle est bien loin la maître d'armes hargneuse et haineuse que j'ai rencontrée aux portes d'Hidirain. Le moment est cependant mal choisi pour en débattre, nous devons continuer notre ascension sans plus tarder, nos ennemis se rapprochent à chaque instant qui passe. Je m'écarte d'elle et me relève en grinçant des dents, je suis aussi courbaturé que si j'avais livré un rude combat, puis je l'invite à faire de même en lui tendant la main pour l'aider à se relever et nous reprenons lentement notre route.

Il nous faut encore près de trois heures pour enfin parvenir à l'étroit défilé coincé entre vide et glacier, mais nous y arrivons sans autres péripéties désagréables et c'est avec soulagement que je découvre l'autre versant, constitué d'une pente douce recouverte de neige, le plus difficile est derrière nous! Enfin, plus ou moins, car notre progression a été très lente et les Shaakts n'ont vraisemblablement pas été aussi prudents. Ils ne se trouvent plus qu'à quelques trois cents mètres derrière nous et avancent à vive allure malgré la difficulté du passage que nous venons de franchir. Nous allons avoir le plus grand mal à les distancer, cette pente dénudée sur laquelle nous allons descendre est rudement exposée, leur archer pourra sans grand mal nous canarder s'ils se rapprochent encore un peu. Je me retourne pour faire face à ma compagne et lui demande:

"Réponds-moi franchement, pas de fierté déplacée s'il te plait: comment te sens-tu? Penses-tu pouvoir courir pendant quelques heures?"

Elle me fixe d'un air un peu désolé, muette pendant quelques secondes, puis elle me répond à mi-voix:

"Tu veux une réponse honnête...alors non, je suis épuisée, je n'irai pas loin en courant..."

Je hoche la tête pour la remercier de sa franchise, examinant les différents choix qui s'offrent à nous en contemplant le paysage qui s'est dévoilé à nos yeux. Les montagnes s'abaissent progressivement, jusqu'à ne plus former que des collines qui se recouvrent peu à peu de végétation, et qui laissent à leur tour place à une vaste forêt, puis à la mer. Nous devons nous trouver quelque part au nord-est de Khonfas, il me semble d'ailleurs la distinguer au loin, en bordure de l'eau. Rejoindre Hidirain depuis là ne devrait guère poser de difficultés à condition de suivre le bord du massif vers l'est en restant sur les hauteurs pour éviter les mauvaises rencontres. Et de ne pas être suivis. Je fixe à nouveau Adrienn et pose une main ferme sur son épaule avant de lui dire d'un ton qui ne souffre pas la moindre discussion:

"Bien, alors voici ce que nous allons faire. Tu vas galoper le plus vite possible jusqu'à Hidirain, et raconter en détail ce qui s'est passé aux responsables de la milice, il faut qu'ils sachent. Je vais rester ici, il serait difficile de trouver une position plus stratégique, et retenir ces bâtards le plus longtemps possible. File maintenant, mon amie. J'ai été heureux de faire ta connaissance."

"Mais..."

Je pose un doigt en travers de ses lèvres pour la faire taire:

"Plus un mot. File, c'est tout."

Elle me dévisage avec gravité, puis incline son beau visage avec tristesse avant de se hisser sur la pointe des pieds pour embrasser mes lèvres avec une douceur toute elfique en me serrant fort contre elle. Elle murmure encore:

"Merci, Tanaëth. Merci pour tout. Reste en vie..."

Je me contente de lui sourire calmement en lui désignant la direction d'Hidirain du menton, puis je me détache d'elle et me détourne, dégainant mes lames pour affronter mon destin.

Je me sens en paix, la peur m'a quitté après m'avoir si intimement étreint ces derniers jours. La route maléfique des Shaakts lancés à notre poursuite s'arrête ici, en ce lieu magnifique suspendu entre ciel et glace.


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Ven 27 Mai 2016 17:52, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Sam 21 Mai 2016 16:50 
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Je me tiens debout, épées dégainées, au sommet du monde. Derrière moi les montagnes s'abaissent, laissant place à des collines, puis à la forêt, à la mer enfin qui scintille de mille feux alors que le soleil rougeoyant s'apprête à disparaître sous l'horizon. Devant moi, un entrelacs sans fin de pics et d'arêtes parfois enneigées arborent en cette heure la couleur du sang, celui déjà versé, et celui à venir. Dans les cieux colorés d'un dégradé magnifique allant de l'orange vif au violet foncé, un pâle croissant de lune se laisse apercevoir, impassible témoin de la bataille qui s'apprête à débuter, les Shaakts ne sont plus qu'à une centaine de mètres de moi. Ils sont encore sept, déterminés à ma perte, et en d'autres circonstances je serais sans doute anxieux à l'idée d'affronter autant d'adversaires redoutables. Mais il n'en est rien, je me tiens sur un étroit passage, guère plus de quatre mètres de large, coincé entre la paroi abrupte d'un petit glacier et un abysse vertigineux. Pour m'atteindre, les Shaakts doivent gravir un sentier de chèvre grimpant durement, au pire pourront-ils se tenir à deux de front et cela change notablement la donne.

Je suis à la place juste, à l'instant juste. Je suis le premier Danseur d'Opale arpentant ce monde, mes lames sont le rempart sur lequel se brisera le mal et sept Shaakts vont mourir ce soir. Le doute n'a plus prise sur moi, plus maintenant, Adrienn est libre et chaque minute qui passe lui permet de se rapprocher d'Hidirain, mon rôle se borne à tenir ce col pour lui faire don de la vie. Le reste n'a pas la moindre importance à cet instant. Je suis mes lames, et c'est par ma seule volonté qu'elles se meuvent.

Les Elfes Noirs ralentissent leur progression, ils ont visiblement réalisé que ma position inexpugnable va leur poser un sérieux problème car ils hésitent à se rapprocher et je les entends récriminer dans leur langage barbare. Mais leur dirigeante jappe un ordre méprisant et menaçant, les contraignant à poursuivre leur avance. Leur dernier archer passe devant et me vise soigneusement, puis décoche son trait dans ma direction. Je fais deux pas de côté et me colle à la glace, profitant d'une irrégularité de la paroi pour me protéger, la flèche siffle à trois mains de mon visage et va se perdre dans la pente située derrière moi. Je souris froidement, la déclivité rend les tirs pour le moins malaisés, ce n'est pas de cette manière qu'ils m'auront. Le tireur fait malgré tout une deuxième tentative, mais sa flèche ne fait que se ficher à hauteur de mon torse dans la glace qui me dissimule presque entièrement à sa vue. Je dépose ma lame d'Eden contre la paroi, tends un bras et l'en arrache d'une traction sèche, hésitant à prendre mon arc pour la lui retourner, mais finalement je préfère la glisser dans mon carquois: elle pourra toujours servir plus tard et je serais obligé de me dévoiler pour lui tirer dessus, ce qui constitue à mes yeux un risque inutile pour l'instant.

Les autres Shaakts reprennent leur marche sur un ordre sec, sans grand enthousiasme cependant, ils vont mourir et ils le savent pour m'avoir vu me battre à plusieurs reprises. Aucun n'est de taille à me terrasser, la seule susceptible de me mettre à mal est leur cheffe, qui demeure prudemment en retrait pour le moment. Ses sbires vont crever dans le seul but de me fatiguer, une stratégie bien digne de ces êtres malveillants qui n'accordent aucune valeur à la vie, je n'attendais pas mieux de leur part mais cela me déplaît tout de même souverainement. J'hésiterais peut-être à massacrer ces combattants indignes de mes lames si je n'avais encore en tête l'image d'Adrienn ensanglantée, torturée pour le seul plaisir, mais ce souvenir est bien ancré dans ma mémoire et annihile tout semblant de réticence avant même qu'elle ne prenne vraiment forme. Je raffermis ma prise sur mes armes et me positionne au centre du passage tandis que le premier se rue en hurlant pour m'affronter, suivi de près par l'un de ses comparses, que la danse macabre commence!

Le Shaakt tente une attaque haute de son premier cimeterre, ce qui est idiot compte tenu de sa position en contrebas, d'autant plus qu'il est plus lent qu'un escargot. Je grimace légèrement en pivotant sur moi-même pour balayer son arme de l'épée d'Ethërnem que je tiens en main gauche, ne voyant nul honneur dans ce combat aux allures de boucherie. Je prolonge mon mouvement tournoyant d'un rude coup de taille de ma flamboyante, une attaque vraiment vicieuse sous ses allures anodines car elle est juste assez basse et inclinée pour l'obliger à rabattre précipitamment sa deuxième arme avec un angle qui le prive de toute force, car trop proche de son corps. Il pare néanmoins approximativement mais le choc le déséquilibre et le fait pivoter assez pour qu'il soit incapable de ramener son autre arme en défense, ce qui était le but recherché. Je laisse l'ardente glisser le long de son arme tout en appuyant assez mon geste pour l'empêcher de dégager son cimeterre, ma vive pirouette se poursuit jusqu'au tour complet sur moi-même, ce qui implique que ma lame gauche revient à toute allure en direction de son cou, trop haute pour qu'il puisse espérer la parer. Il s'efforce d'esquiver mon létal revers, mais son équilibre compromis l'empêche d'agir assez vite et le fil acéré de mon arme trouve la chair tendre de sa gorge, y traçant un profond et sanglant sillon. Le Shaakt ouvre de grands yeux surpris et lâche ses armes pour porter ses mains à son cou, puis les contemple d'un air de plus en plus ahuri en réalisant qu'elles sont couvertes de sang. Il tente de dire quelque chose, mais seul un borborygme ignoble et mousseux d'ichor franchit ses lèvres avant qu'il ne tombe à genoux, puis ne s'effondre lourdement à plat ventre, aussi mort qu'il est possible de l'être.

La soudaineté implacable de cette mort dessille sans douceur son comparse le plus proche, qui en trébuche d'effroi en tentant de s'arrêter alors qu'il se précipitait aussi sur moi. Fatale erreur, je n'ai pas interrompu ma folle ronde, et c'est mon embrasée qui revient déjà le menacer avec toute la force conférée par l'inertie de ce tourbillon, à hauteur de taille cette fois. Il réagit pourtant d'assez belle manière malgré sa stupeur, et tente de parer mon arme de ses deux cimeterres brandis verticalement devant lui. Le choc est d'une brutalité extrême et si sa parade est suffisante pour empêcher ma lame de le blesser il n'en est pas moins rudement projeté contre la glace peu complaisante, son crâne y sonnant assez durement pour le secouer sérieusement. J'insuffle à ma deuxième lame un ample moulinet remontant, qui percute son poignet gauche et le tranche sans même que cela ne freine mon geste. Son hurlement de douleur et de rage mêlées est interrompu net par mon embrasée que je rabats de toutes mes forces à la jointure de son cou et de son épaule, le fendant en deux jusqu'au sternum malgré son armure!

Un rictus de satisfaction malsaine aux lèvres, je dégage mon arme d'une sèche torsion alors qu'il choit à son tour, grondant sourdement à l'intention des suivants qui hésitent maintenant fortement à m'approcher:

"Venez chiens, finissons-en..."

La porteuse de l'arme lactée jure haineusement en Shaakt, puis pousse sans ménagement ses laquais pour venir se charger de moi elle-même, crachant avec un insondable mépris en langue commune:

"Tu vas déguster sale petite vermine, je vais te donner en pâture à Valshebarath et tu ne tarderas pas à appeler la mort de tous tes voeux. Mais elle ne te sera pas accordée, pas avant que tu n'aies enduré une éternité de souffrances! Et quand tu seras brisé je ferai de toi mon esclave servile pour le prochain millénaire, crevure de Sindel!"

Elle rajoute quelques mots dans son idiome, puis se baisse subitement sans que j'en comprenne immédiatement la raison, qui m’apparaît une fraction de seconde trop tard: ses paroles n'étaient qu'une foutue feinte destinée à attirer mon attention pendant que, dissimulé derrière elle, l'archer me décochait un trait! Je tente d'esquiver tout en ramenant mes deux lames en parade mais mon geste est trop tardif, et la flèche percute mon armure à l'emplacement de mon coeur! L'impact me fait reculer de deux pas, fugace instant pourtant suffisant pour que je songe que c'est la fin, que ma route s'arrête ici, idiotement transpercé d'une flèche que j'aurais pu largement éviter si je ne m'étais pas laissé obnubiler par cette maudite Shaakt! Et pourtant...

Pourtant je ne sens aucune douleur, ou du moins rien de comparable à celle que devrait engendrer un projectile fiché dans ma poitrine. Comme dans un étrange rêve, je réalise alors avec stupéfaction que le tir pourtant puissant n'est pas parvenu à perforer mon armure de mithril! Je sais bien qu'elle est résistante, mais par Sithi j'aurais juré que cela ne devait pas suffire! Ma Faëra intervient vivement pour mettre un terme à mes cogitations étonnées d'un jappement mental:

(C'est les Runes! Mais pare par les fluides!!!)

(Parer? Ah oui, la Shaakt...elle...)

...n'aurait pas laissé passer une telle occasion. Et de fait, elle ne s'est pas arrêtée pour me laisser complaisamment réfléchir à la raison pour laquelle je suis encore en vie. Je tente désespérément de parer l'épée livide qui s'apprête à me trancher la tête au terme d'une arabesque fluide et puissante, mais je ne parviens qu'à dévier partiellement la redoutable attaque, qui percute mon épaule gauche au lieu de me décapiter! Et cette fois le coup parfaitement exécuté passe mes protections, s'insinuant entre les écailles de mon armure pour m'entailler salement! Je riposte furieusement de ma lame ardente en rugissant de dépit, pas vraiment dans le but de la blesser mais plutôt de la contraindre à reculer. Mon attaque est rendue imprécise par le coup que je viens de subir et la Shaakt l'évite sans grande peine en reculant, mais bien moins que je ne l'aurais souhaité toutefois, si bien que ma lame frôle sa poitrine de très près, geste qui me met en fort mauvaise posture car elle pourra enchaîner aussitôt et j'aurais le plus grand mal à éviter son assaut suivant. Oui, seulement il y a un détail qu'elle a oublié de prendre en compte: ma lame est entourée de flammes, qui lèchent et embrasent sa longue chevelure!

Elle glapit alors que le feu dévore avidement ses cheveux et tente d'étouffer l'incendie de son bras droit sans lâcher son arme, détournant pour ce faire son regard de moi un bref instant. Je n'aurais sans doute pas d'autre chance, ma blessure va m'engourdir le bras dans les secondes qui suivent et j'ignore si je pourrais conserver mon arme d'Eden en main. Je rassemble mon Ki d'un puissant effort de volonté, et tente de le mettre au service d'une technique bien particulière visant à fracasser la main de la Shaakt tenant l'épée laiteuse, très exposée à cet instant par sa tentative d'éteindre le feu menaçant son visage.

Le geste en lui-même est relativement basique, il s'agit en l'occurrence de lui porter un coup latéral sec et précis, rien de bien sorcier pour un épéiste un tant soit peu doué. Il me faut une fraction de seconde pour isoler les muscles et autres nerfs que je vais devoir utiliser pour porter cette attaque, une autre encore pour visualiser nettement la trajectoire exacte que mon arme devra suivre pour atteindre avec précision le point visé. Je sens mon énergie interne se condenser dans ma poitrine et former une sorte de sphère virtuelle de pouvoir qu'il ne me reste plus qu'à déployer à bon escient, je n'ai pas le droit à l'erreur si je veux m'en sortir, cette fois! Je la propulse alors comme un coup de fouet dans les parties de mon corps qui vont être sollicitées pour cette action, l'utilisant pour renforcer mes muscles et en accroître la vivacité tout en la dirigeant de façon à ce qu'elle suive et soutienne précisément la trajectoire souhaitée.

Je sens mon Ki couler dans mes jambes pour améliorer mon appui et ma détente, puis remonter sèchement en moi et accentuer la perception que j'ai de mes abdominaux, de ma poitrine et de mes épaules. Je le perçois tisser à toute vitesse dans ma musculature une sorte de canevas énergétique nerveux qui forme une espèce de socle sur lequel s'appuiera alors mon bras d'arme pour entamer l'attaque proprement dite. Le pouvoir argenté de mon esprit me paraît enfler comme une vague irrépressible qui traverserait tout un océan avant d'aller s'écraser sur un rivage lointain pour en faire s'effondrer les rives! Ce n'est là qu'une métaphore bien entendu, mais c'est aussi une impression physique, la vague de Ki prend naissance à l'extrémité de mes orteils et remonte dans mon corps avec une rapidité démente jusqu'à l'extrémité de mes doigts souplement refermés sur la poignée de l'ardente, rendant mon geste plus puissant et nerveux que jamais! Mon corps est véritablement comme un fouet dont l'extrémité est constituée par la pointe de ma lame, qui vient claquer sèchement sur le poignet de la Shaakt!

L'Elfe Noire hurle de douleur lorsque ses os se brisent sous la violence de mon attaque, son arme lui échappe des doigts et elle porte vivement sa main libre à son poignet ravagé en blêmissant de souffrance! J'arme sans délai le coup suivant pour l'achever mais elle me surprend en bondissant sur moi comme une furie! Je tente d'esquiver, mais je ne m'y attendais vraiment pas et elle me percute de plein fouet, épaule en avant, le visage maintenant littéralement entouré de flammes! Je suis projeté à terre avec une telle force que je suppose qu'elle a utilisé son Ki pour cette action, mon épaule blessée heurte si durement le sol que je manque m'évanouir sous la douleur, un voile noir occultant brièvement ma vision! Au prix d'un rude effort de volonté je parviens néanmoins à rouler précipitamment sur moi-même pour soulager la souffrance indicible et essayer de me dégager, n'ayant pas la moindre envie de me retrouvé coincé sous cette folle furieuse! Je cille en la voyant me dépasser sans ralentir puis se lancer à corps perdu dans la pente menant à la forêt située loin en contrebas! Elle se jette à terre, roulant dans la neige quelques mètres puis se relevant pour dévaler la montagne à toutes jambes! Dieux! Elle fuit! ELLE FUIT!!!

(Ouais, ben pas les autres!)

Un rapide coup d'oeil m'apprend qu'en effet les quatre survivants se ruent vers moi. Je ne sais s'ils ont l'intention de m'achever ou de profiter de ma chute pour franchir le col et fuir, mais dans le doute je me relève d'un bond et leur fais face en brandissant mon ardente! Je suis parvenu jusque là à garder en main ma deuxième lame mais je ne pourrais certainement pas m'en servir, le moindre geste me lance des piques de souffrance virulentes mais je n'ai vraiment pas le temps de boire une potion maintenant!

Le premier à arriver au contact est l'archer, et lorsque je vois l'expression de terreur gravée sur ses traits je sais qu'il ne cherche plus qu'à fuir. En d'autres circonstances je le laisserais filer, mais là je ne peux le permettre. Il en a trop vu, il a pris part aux meurtres de mes amis, à la torture d'Adrienn, et même si je déteste ce que je fais je n'hésite pas l'ombre d'une seconde et me fends pour lui planter ma lame ardente dans les tripes. Il s'empale profondément dessus, baisse les yeux sur le feu qui lui perfore les tripes en bredouillant:

"Grâce! Pitié, je...je vous en conjure!"

Je secoue négativement la tête, murmurant simplement un "non" avant de retirer mon arme de son estomac pour affronter les suivants, visiblement tout aussi démoralisés que lui. L'archer s'effondre en gémissant, son agonie sera longue et terrible mais je n'en ai cure et me recule simplement de trois pas pour éviter qu'il ne puisse entraver mes mouvements. Le Shaakt suivant se précipite si aveuglément dans sa fuite qu'il trébuche sur son comparse à terre, ma lame le décapite proprement, envoyant sa tête plonger dans le vide situé à ma droite. Le corps sans chef s'affale lourdement sur l'archer mourant, faisant glapir ce dernier de douleur, mais je n'y prête aucune attention, mes prunelles glaciales sont déjà braquées sur les deux derniers maudits. Ces derniers réalisent qu'ils ne passeront pas et tournent les talons pour se précipiter sur l'étroite sente par laquelle ils sont arrivés, bande de lâches! Je m'avance posément jusqu'au moribond et plante ma lame dans sa gorge, la seule forme de grâce que je suis prêt à lui accorder présentement. Ceci fait, je rengaine ma lame de feu puis me sers de ma main valide pour essuyer sommairement mon autre épée avant de la rengainer, après quoi je me saisis de ma gourde magique et avale rapidement une potion de soin qui régénère mes chairs, à mon plus grand soulagement. Je m'empare ensuite des quelques flèches qui se trouvent dans le carquois du mort et les glisse dans le mien avant de me saisir de mon arc de glace. J'y encoche une flèche et la gèle d'une pensée, puis je vise tranquillement l'un des fuyards et tire. Il prend mon trait dans le bas du dos, fait encore quelques pas puis vacille, et tombe enfin d'une douzaine de mètres dans le précipice bordant le sentier. Un deuxième projectile se fiche dans le mollet du deuxième fuyard, le faisant tomber à genoux. Le troisième le manque d'une main, mais le quatrième se fiche dans sa nuque et le couche pour le compte. Je murmure entre mes dents serrées:

"C'est terminé..."

Mes traits sont figés en un masque dur et glacé, mon coeur est pris dans un étau impitoyable et mes pensées n'ont rien de joyeux malgré mon écrasante victoire. C'est terminé, oui, mais à quel prix? Quatre de mes compagnons sont tombés dans cette traque. Il est des victoires qui ont l'amertume de la défaite.

(Tanaëth...)

(Oui, je sais...)

(Non, pas ça. La Shaakt, elle vit encore...il ne faut pas qu'elle arrive à Khonfas...)

Je me tourne vers la pente par laquelle elle a fui et la distingue effectivement à quelques centaines de mètres en contrebas, bel et bien vivante. Elle avance à grand peine semble-t'il, peut-être finirait-elle par crever en route mais Syndalywë a raison, c'est un risque que je ne puis courir. Je récupère l'étrange épée pâle que mon ennemi a abandonnée dans sa fuite et l'observe un instant en réfléchissant. Compte tenu du relief il y a au moins deux jours de marche pour atteindre Khonfas, aussi je décide de prendre le temps de fouiller les cadavres pour m'emparer de tout ce qui pourrait m'être utile. Je récupère aussi le maximum de flèches au passage, puis je me lance sans plus attendre à la poursuite de mon ennemie.


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 Sujet du message: Re: Les chemins et sentiers à travers les montagnes
MessagePosté: Dim 10 Juil 2016 18:51 
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Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
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Localisation: Nessima, Naora
C'est avec un profond soulagement que je regagne l'abri des montagnes d'Hidirain après notre longue course dans la plaine, non que nul danger ne réside en ces lieux, mais au moins ne sommes-nous plus à découvert. Nous cheminons plusieurs heures durant sur d'étroits sentiers grimpant sans répit en direction des cimes lointaines mais, bien avant que nous ayons seulement eu l'impression de nous en rapprocher vraiment, j'oblique dans une étroite vallée située sur ma droite, entraînant Kay à ma suite tout en m'assurant régulièrement qu'elle ne se laisse pas distancer.

Une heure encore et nous parvenons à cette destination mystérieuse que j'ai refusé de lui révéler jusque là, ce n'est qu'une fois en vue de l'étrange temple perdu dans les montagnes que je lui annonce avec un léger sourire:

"Nous y sommes! Je t'avais parlé de la possibilité de consulter un Oracle à propos de ton père, te souviens-tu? Eh bien il y en a un qui demeure ici-même. Réfléchis bien à la question que tu lui poseras, tu n'auras droit qu'à une seule."

Sans plus tarder je m'approche de la bâtisse, songeant à la question que je vais, moi, lui poser, en espérant qu'il accepte de me répondre une fois encore...


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