Le temple de Gaïa

Ce temple a été construit par les humains dans la ville, il y a fort longtemps. Rares sont encore de nos jours ceux qui le fréquentent régulièrement.

Depuis peu de temps, le vieux prêtre est parti, laissant sa place à un apprenti, mi-elfe bleu, mi-humain. Ses pouvoirs de guérison sont prodigieux, tout autant que ceux d'Elya, sa mère. Ici, tout le monde l’appelle Calanên (Eau de lumière en elfique) bien que personne ne connaisse son vrai nom.

D'un pas lent et gracieux, Luce pénétra dans le vaste temple de Gaïa. Jamais elle n'y avait remis les pieds depuis... cette nuit là... La nuit de son arrivée. Elle se revoyait encore, 7 ans auparavant, cherchant désésperement des réponses. Cette nuit, Luce voulait l'oublier. Elle s'était sentit seule, perdue et semblait sombrer dans les ténèbres à chacuns de ces pas. Ce sentiment l'avait tellement opressé qu'elle ne préfèrait plus y penssé. C'est en partie pour ça qu'elle ne remettait plus les pieds dans ce temple. Et pourtant, là, juste avant son départ, elle revenait au lieu de ces cauchemards. Luce ne souhaitait pas avoir peur de ce lieu. Et encore moin de ce soir là... Non, car chaques souvenirs devaient lui être précieux, car ce sont les souvenirs de son passé qui lui permetterait de, un jour, retrouver d'où elle vient et qui elle est réellement. Quoi qu'il en soit, l'heur n'était pas à la nostalgie ! C'est prudement que Luce s'approcha du lieu de prières, d'un pas légèrement plus rapide. Elle s'agenouilla, ferma les yeux, et tout en mettant sa main sur son coeur elle commença à réciter à voix basse sa prière, demandant à Gaïa de bien vouloir la protèger durant son perieu voyage vers les autres villes. Après tout, Luce ne pouvait, à présent, plus que compter sur la chance et sur les Dieux pour que son voyage se passe sans encombre. Après quelques minutes de prère, elle se releva et regarda dehors.

"-Puisse la lumière guider mon chemin, et que jamais les ténèbres ne me saisissent." Elle baissa sa tête pour fixer le sol, et poursuivit à voix basse : "-Quelqu'un m'a dit un jour : Même dans le noir le plus absolue, on peut apercevoir la lumière. Il suffit de se taire, et d'écouter son coeur... Gaïa, je t'en pris, guide mes pas."

Ces yeux se fermèrent gracieusement, ce geste lui fut machinal. Lorsqu'elle les rouvrit, Luce était fin prête ! Maintenant, elle pouvait braver n'importe quel danger, n'importe quel difficulté. Elle devait réalisé tout ces rêves. Tel était son destint, tel était sa voix. La jeune fille devait écouter son coeur et ne pas se soucier du reste. Car, après tout, c'est tellement exitant l'inconnu. C'est le sourire au lèvre qu'elle releva le menton avec un visage déterminé. Sourire, et avancer ! Luce ne pouvait plus reculer à présent. Elle devait suivre la voix de son destint qui la guiderait tout droit vers ces Terres qu'elle n'avait encore jamais vu. Ces Terres étaient la clé de tout ces espoires et ces rêves, et là était son but. La tête haute, la jeune fille sorta du temple. Et c'est sans se retourner une seule fois qu'elle courra. Elle courra pour atteindre le début de son long péril...

Ma rencontre avec mes anciens compagnons d'armes fut brève mais intence. J'avais réussi à r'envoyer l'un d'eux dans les bras de Phaïtos, mais l'autre en avait profité pour m'enfoncer sa dague dans la hanche. Malheureusement pour lui, il en falait bien plus pour me tuer... Ou du moins m'achever. Haine ce chargea d'interompre son soufle...
Hélas, la blessure était beaucoup plus grave que ce que je pensais, et la ville la plus proche était encore à 10 minutes de marche...

*Bon sang... Je tiendrais jamais... je veux pas mourir ici... Pas comme ça...*

La porte était en vue, grande... Majestueuse... Belle... Et si loin... J'y étais finalement arrivé, mais à quel prix ? La dernière chose dont je me souviens étaient deux gardes se précipitant sur moi tandis que, dans un dernier ralle, je lancais un "aidez moi..."

Et puis... Plus rien... Le noir absolut... Mes rèves furent allucinatoire et incohérents... Une épée de damoclès semblaie au dessus de moi... bon sang... Mais elle TOMBE !!!

- NOOOOOOOON !

- La... Du calme, vous avez besoin de repos. Votre blessure n'est pas encore refermée.

- Ou suis-je ?

- Au temple de Gaïa, vous ne vous souvenez de rien ?

- Non... Je suis dans le noir complet... Tout ce dont je me rappelle n'est que la vision que j'avais des portes de la ville, à mon arivée. Que c'est il passé ?

- Mais, c'était il y à tois jours monsieur. Vous vous ètes écroulés au pieds des gardes de la grande porte. Par chance, je passait par la, je vous ai ramenée à mon temple et vous ais soigné. Vous ne vous rapelez pas ?


La prétresse semblais entre deux ages, parée d'une grande robe blanche et de divers bijoux et pendentifs religieux. La salle, elle, était petite, probablement une chambre prévue pour les soins.
Le sol était parcemée de tache de sang... Après réflexions je me rendis compte que c'était le mien, et que cette dame m'avais sauvé la vie.

- Je... Merci. Je vous remercie de m'avoir sauvé... Mais vous savez, je ne vénère pas Gaïa...

- Ce n'est pas grave, mais il faut vous reposer maintenant. Reprendre des forces, et surtout, laissez la plaie ce cicatriser.

La femme sortis de la salle, me laissant ainsi à mes pensées. Pensée ô combien confuse... Comment la confrérie avait fait pour me retrouver ? J'était devenus une ombre... Mais je n'eu pas le temps d'y penser, déja morphé m'appelais en ces bras.

Deux semaines s'écoulèrent depuis mon arivée à Dehant, ma plaie sanguinolente n'était plus qu'un trait blanc cicatrisée sur ma hanche. Comme si je n'avais pas assez de cicatrices avec mon dos. Quoi qu'il en soit, je ne pouvais pas m'attarder ici, connaissant les membres de mon anciennes confrérie, je devait me hater afin de ne pas risque la vie de mes sauveurs. Je voulais aussi éviter les questions des gardes, très interessé par mon cas. Je récupérais donc tout mes effets personnels, empoignais amour & haine, les rangeais et passait par la fenettre. Je laissait tout de même 10 pièces dans les draps de mon lit, à l'intention de la prètresse de Gaïa, en gage de ma gratitude en même temps qu'une prière pour la déesse qui avait daigné sauver ma vie. Quelques minutes plus tard, je me retrouvais dans une rue bondée...


[A l'intention des MJ : Moins 10 pièces de monaie. Ajouter aux Dieux priés réguièrement : Gaïa^^]

II-7. Epilogue

Lorsqu'il se réveilla, Jorus était dans une pièce nimbée de lumière. Bien que sa vue ne lui permette d'observer les lieux que de façon flou, il distinguait de nombreuses étagères où quantité de fioles, ouvrages et objets en suspension dans des liquides aux couleurs indescriptibles remplissaient les espaces. La seule source de lumière venait d'une fenêtre en face du lit où il était. La lumière diffusée était obstruée par une silhouette et le halo lumineux autour de l'ombre humaine donnait un effet fantomatique de la scène.

-Alors on se réveille jolie brune ?

L'espace d'un instant le doute l'envahit et Jorus se mit à se palper la poitrine, pour n'y trouver qu'un torse masculin.

-Je plaisante, je plaisante Jorus. Tu as eu de sérieuses blessures, je ne te pensais pas en danger cette nuit-là. J'ai manqué d'instinct et je n'ai pas pensé qu'ils emploieraient une telle méthode. Comment te sens-tu ?

Comment se sentait-il ? Il était revenu à Eniod après un long voyage de trois ans. En revenant il avait retrouvé son meilleur ami qui l'avait roué de coups et appris que celle qu'il aimait était morte avant de quitter la ville le jour même. Là il avait rejoint un groupe de marchand quittant la ville pour une destination qu'il n'avait pas cherchée à savoir. Après son bref séjour à Eniod, les choses semblaient mieux se passer pour Jorus, mais s'était sans compter sur une attaque de Sektegs.

Encore dans sa phase de réveille, Jorus avait du mal à saisir les propos tenus, mais il avait reconnu la voix de Panaka, le mystérieux homme qui l'avait initié sur une voie étrange. D'une voix caverneuse il lui demanda.

-Qu'est-ce...qu'est-ce qui s'est passé ?

Pendant que Panaka prenait le temps pour son récit, les traits de son visage devenaient plus nets.

-Tu te rappels de l'attaque des Shaaks ? On pensait faire face à un groupe d'élite, mais un seul est venu. Il est passé au travers de nos lignes en utilisant un puissant sort de dissimulation, heureusement pour nous tu étais sur son chemin. J'ignore comment cela s’est passé, mais on l’a trouvé avec ta dague dans le corps et ce malgré les blessures qu'il t’avait infligées. Tu étais presque mort quand on est arrivé. C'était il y a huit jours. Durant ce temps elle n'a cessé de veiller sur toi.

Il parlait de Mélinda, dormant à point fermé sur un fauteuil juste à côté du lit. Elle semblait avoir trouvé le sommeil que lorsque son corps ne put supporter toute la fatigue accumulée. Savoir qu'elle l'avait veillée tout ce temps remplis Jorus de honte. Par de nombreuses reprises il s'était moqué d'elle et de son physique et maintenant, en apprenant ce qu'elle était capable pour un inconnu, il se fit la promesse qu'il chercherait davantage à mieux la connaître.
Il s'adossa avec difficulté sur son lit et chercha dans sa mémoire. Jorus eu du mal à se souvenir de cette nuit-là, mais rapidement certains détails lui revint. Tout d'abord ce fût une vive douleur puis le Shaak, son regard froid, cette envie de meurtre dans les yeux. Puis la sensation de sentir une énergie nouvelle déferlant dans son corps, le ki et de l'utiliser pour lutter contre son adversaire. Puis le noir et une lumière, d'abord faible puis plus intense. Et un visage, si beau si pure.

-J'ai vu... une lumière si vive, si... belle. Comment ai-je survécu ? Je veux dire d'après ce que vous avez dit, je devrais être mort, non ?

Visiblement la question semblait poser problème. Panaka, qui regardait ailleurs, se demandait s'il devait mettre Jorus dans la confidence. Il prit une grande inspiration et se lança.

-C'est Jasmine. Elle... elle était gravement malade. Elle est venue ici, à Dehant, car on dit qu'une source pouvait la soigner. La guérisseuse l'a accompagnée, mais à son retour elle semblait différente, guérie, mais différente. J'ignore ce qui s'est exactement passé, mais récemment la maladie l'a gagnée de nouveau. C'est la raison de notre retour ici. Malheureusement avec les dernières attaques des shaaks et maintenant la famine qui gagne Imiftil, le pouvoir de Tyrm c'est amenuisé. Mais il est préférable qu'il t'en parle lui-même. Tu te sens la force de marcher ?

III.2 révélations

III.1 arrivé a dehant

Avec difficulté Jorus se leva de son lit. Il avait sous-estimé le manque d'effort de ces derniers jours et eu besoin de l'aide de Panaka pour descendre à l'étage inférieure. La demeure était principalement composée de bois noble et bien entretenu. L'agencement des charpentes formaient de magnifiques arches dans les couloirs et l'entretient à l'huile à bois dégageait un parfum de forêt sauvage. L'ambiance donnait un effet harmonieux et chaleureux malgré le manque cruel de personne présent. Jorus ne rencontra personne avant d’arriver dans un grand hall ouvert, déversant une douce lumière sur l'espace végétale installé au centre. Le long du trajet, Jorus ne cessa d'admirer ce spectacle jusqu'à s'approcher de leur destination, plutôt bruyante d'ailleurs entre un homme et une femme.

-Peu importe que vous ne soyez pas d'accord, j'irai. Essayez donc de m'empêcher !

-Veuillez cesser ces enfantillages vous voulez bien ? Vous en êtes purement incapable, ce n'est pas de votre faute. Vous ne pouvez pas, car seul quelqu'un touché par la bénédiction peut s'y rendre. Vous perdrez au mieux votre temps au pire la vie et votre femme a besoin de votre présence.

Soudainement son ton repris une certaine douceur lorsque la femme observa l'entrée de la pièce.

-Je vois que notre invité nous fait l'honneur de sa présence ! Comment te sens-tu jeunes homme ? Tu nous reviens de loin.

Jorus et Panaka venaient de franchir la porte. Tyrm, le visage rouge de colère, se tenait face à une magnifique elfe habillée d'un ample vêtement vert clair. La vue des deux hommes le calma car il se mit à parler plus sereinement.

-Jorus, tu vas bien ? Je... je voulais te remercier. Sans toi j'aurai perdu ma famille. Merci. Merci infiniment, je ne sais pas comment te remercier.

S'étant avancé depuis l'arrivée des deux hommes, Tyrm était désormais devant le jeune homme, une main amicale sur l'épaule.

-Les souvenirs sont encore flou vous savez. Je n'ai que des bribes de ce qui s'est passé. Comment vont Jasmine et les p'tits ?

Soudain l'expression reconnaissante de Tyrm laissa place à un visage décomposé. Sa main glissa lentement pour finir nonchalamment le long du corps. A ce moment-là un brouhaha se manifesta. De lourds pas résonnèrent se rapprochant rapidement de la pièce. La porte ouverte laissa apparaître Mélinda haletante. Après un bref tour des personnes présentes dans la pièce elle se précipita vers le jeune homme pour l'attraper et le serrer très fort contre elle. Jorus battit des bras, étouffé par l'étreinte. Panaka vint à son secours en calmant la femme qui regarda le fébrile jeune homme dans les yeux.

-J'ai cru que tu étais mort ! Me refait plus jamais ça d'accord ?

Jorus la regarda un instant, mais ses inquiétudes premières revinrent vite à la surface et il détourna le regard pour se poser sur le Tyrm.

-Vous ne m'avez pas répondu comment vont 'ils ?

Le silence s'installant c'est l'elfe qui prit la parole.

-Jasmine est mourante !

La révélation fut un véritable choc pour Jorus. Ses jambes, déjà faibles, fléchirent et Panaka l'aida à s'asseoir sur une chaise proche. Il prit le temps de digérer l'information avant de demander.

-Mais... comment ? Elle allait pourtant bien, le Shaak est mort non ? Il y en avait un autre c'est ça ?

Encore une fois ce fut l'elfe qui répondit.

-Il n'y en avait qu'un, mais en voyant tes blessures, Jamsine t'a transféré la bénédiction qui la maintenait en vie. Cela a permis de te garder au seuil de la mort le temps que des soins plus efficaces te soient prodigués. Malheureusement, sans cette bénédiction il ne lui restera que peu de temps à vivre.

Les choses se mettaient doucement en place, en revoyant sa conversation avec Jamsine la première fois qu'il l'avait vu. Sa maladie après la naissance du dernier, le remède qu'elle n'a pas souhaité évoquer. Y avait-il un lien entre cette bénédiction et ce voyage jusqu'à Dehant, où visiblement d'autres personnes avaient vent de ce secret.

-N'y a-t-il rien que nous puissions faire ? Je vous ai entendu parler avant d'arriver, vous vouliez vous rendre quelque part non ?

Les quatre personnes ayant connaissance de l'histoire s'observèrent un temps. Des questions silencieuses fusèrent au travers de leur regard. Au milieu Jorus ne saisissait pas ce qui se passait, ni l'importance de son rôle à jouer. Panaka resté debout à côté de lui, prit une chaise et s'installa en face du jeune homme.

-Ce que je m'apprête à te confier, tu ne dois le révéler à personne.

D'un geste de la tête en direction de Tyrm, ce dernier alla fermer la porte de la pièce, non sans avoir vérifié que personne n'écouterait aux portes.

-Il existe une source, ici au temple de Gaïa. Elle a le pouvoir de guérir des maladies graves. Cependant elle n'est pas affiliée à la déesse Gaïa, mais Yuia, la déesse de la glace et de la beauté. En réalité elle ne soigne pas, mais elle fige la maladie dans le corps. Nous devions revenir à Dehant car la maladie avait étrangement refait surface, mais la source est tarie. Quelqu'un doit s'y rendre mais seul quelqu'un ayant reçu la bénédiction le peut. J'espère que ta proposition de nous aider tiens toujours Jorus, car tu es le seul qui peut faire ce voyage.

-Vous pensez pas que ça fait un peu beaucoup pour quelqu'un sorti d'un long sommeil ?

C'était peu dire, Jorus se sentait faible et avait des difficultés à se mouvoir seul. Alors quant à faire une excursion dans un lieu aussi mystérieux après de telles révélations. C'était vraiment beaucoup pour quelqu'un qui venait de subir une telle épreuve.

-Désolé Jorus de devoir t'infliger ça, mais la situation est très préoccupante. Mais tu as raison sur un point, tu es encore faible. Quand vous aurez terminé ici, je m'occuperai de sa remise en forme.

Panaka salua l'assistance et sorti de la pièce avec la démarche féline qui lui sied tant, laissant Jorus avec Tyrm en plein désarrois et une elfe mystérieuse.

-Alors, comme ça je suis le seul qui puisse se rendre à la source ?

-C'est exacte jeune homme et c'est un voyage seul. Moi-même je ne peux m'y rendre, mais tu dois comprendre l'enjeu. Pour sauver la vie de Jasmine, tu devras risquer la tienne. Prends le temps de réfléchir.

Le jeune convalescent se pencha en avant et cala sa tête entre ses mains. Déjà pas au mieux de sa forme, les possibilités de perdre la vie ne semblait pas l'aider. Se relevant avec difficulté il parvint à rassembler ses pensées.

-Risquer ma vie, comment ça ? Et qu'en est-il des elfes noirs ? Vous m'aviez dit, que vous saviez qu'ils attaqueraient. Vous m'avez dit qui, mais vous ne m'avez pas dit pourquoi ?

Tyrm et l'elfe se regardèrent l'espace d'un instant sans rien dire. Un spectateur attentif comprendrait qu’ils en avaient peut-être trop dit ou pas assez, Jorus méritait d'en savoir davantage. Et puis il allait risquer sa vie nom d'un chien. Mais dans l'état où il était, le jeune homme ne pensait qu'à une chose plus que n'importe quoi d'autre : que la pièce finisse par s'arrêter.

Tyrm s'agenouilla devant le jeune homme et commença à bredouiller un début de phrase incohérent.

-Voilà c'est heu...comment t'expliquer le...heu...

Irrité par son attitude, la femme elfe l'arrêta et le poussa pour se mettre devant le jeune homme. Elle l'examina brièvement puis pris le visage de Jorus de sa main douce, mais non dénué d'une certaine fermeté. Leurs regards se croisèrent mais c'est à Tyrm qu'elle s'adressa en premier.

-Ce jeune homme n'est pas en état alors cessez vos jérémiades inutiles. Faisons donc court. Pour une raison qui ne regarde que la déesse, Yuia a accordé sa bénédiction à Jasmine, mais les bénédictions ne qu'une partie de ce que les dieux accordent. Il y a de cela longtemps, Yuia confia à une simple esclave une dague possédant les pouvoirs de la déesse, ici sur Imiftil. Elle s'en servie pour recouvrer sa liberté, mais depuis la dague n'a jamais réapparu. La moindre parole concernant Yuia attise la convoitise du pouvoir que renferme cette dague. Ceux qui s'en sont pris à Jamsine ont certainement eu vent de sa bénédiction. Et il risque fort de s'en prendre à toi dorénavant. Au temple de Gaïa, tu seras protégé par son pouvoir comme l'est la source de Yuia, mais en dehors tu seras livré à toi-même. Voici est l'histoire. Je vais préparer quelque chose qui te remettra d'aplomb tu ferais mieux d'aller voir Panaka, un peu d'exercice te fera du bien.

III.3 séance d'étirement.

III.2 révélations

Qu'il y a-t-il de pire que de frôler la mort, d'être une sorte de clef permettant d'obtenir une dague divine convoitée par nombre d'individus, de devoir risquer de nouveau sa vie le tout après être ressorti d'un long sommeil rendant le corps et l'esprit affaiblit ? Certainement la séance que Panaka avait prévue. Ce dernier était dans une posture assez particulière. Se tenant sur ses mains en équilibre sur une chaise, les jambes étaient repliées pour arriver derrière la tête.

-J'espère que la remise en forme ne consiste pas à se démembrer ! J'avais autre chose en tête comme une masseuse, une sieste à l'ombre d'une douce chaleur ou même un bain relaxant.

La petite tirade fit son effet, Panaka eu un petit rictus souriant même si Jorus espérait le faire frémir du haut de son perchoir.

-Non je te rassure tu as encore du chemin avant d'atteindre une telle souplesse. Cependant tu fais bien de ne pas te réjouir, ça risque de piquer un peu.

Il se déplia lentement et sans rompre le frêle équilibre qui le faisait tenir sur cette chaise. Jorus se voyait déjà tenter pareille manœuvre, mais toutes ses tentatives même imaginaires se terminaient le cul au sol et les jambes en l’air. Observant l'incroyable facilité qu'avait Panaka, il faillit rater le tissu du vêtement se relever et dévoiler une partie d'une musculature qu'on imaginait sans peine. Le jeune homme avait déjà vu sur la Perle Brune, le vaisseau sur lequel il avait vogué durant trois années, des marins avec une musculature impressionnante. Certains avaient développé une forte carrure, très prisé pour leur capacité à transporter les cargaisons lourdes, d'autres étaient plus fin mais prouvaient leur valeur durant les manœuvres difficiles que requièrent les tempêtes en mer, en associant force et agilité. Se sont à ces derniers que Jorus pensait en voyant Panaka. Un équilibre parfait entre souplesse et force physique, mais Jorus se doutait que l'homme en face de lui tirait sa force de quelque chose d'autre. Etais-ce l'harmonie, cette fameuse voie qu'il commençait à peine à arpenter qui conférait une telle force, ou fallait-il l'être pour justement ressentir cette harmonie ?

Jorus n'avait pas eu le temps d'en savoir davantage concernant les explications de Panaka, l'attaque des Sektegs ainsi que l'infiltration des elfes noirs, qui l'entraîna aux portes de la mort avaient ralentit dans son entreprise. Mais même si aucune menace ne barrait désormais des explications bienvenues, l'idée que la vie de Jasmine dépendait de lui le noua au ventre. Sentant le trouble du jeune homme aussi clairement qu'une eau pure, Panaka le tira de sa rêverie.

-Ne te prends pas la tête avec ça. Je sais que ce n'est pas évident, mais cela va ralentir ton rétablissement. Un esprit affuté dans un corps fort, c'est le mélange idéal pour laisser couler l'harmonie en toi. Bien tu es prêt ? On va commencer par tester ta souplesse, je veux que tu connaisses tes limites et que tu les repousses.

Mentalement Jorus se fit une image de lui-même ; le corps replié sur lui en boule, les membres passant et se croisant autour du corps, le tout pouvant tenir dans une caisse à peine plus haute d'un tabouret. Un frisson désagréable le parcourra.

-Bien ! Enlèves tes vêtements et ne garde que le pantalon. Commence par poser un pied sur le haut de cette chaise et essayes de toucher tes orteils.

Avec un sourire malicieux Jorus s'exécuta. S'il n'avait pas la même souplesse que son mentor, il n'ignorait pas ses propres capacités. Bien mal lui en appris. Une vive douleur lui vrilla le dos qui l'obligea à reposer le pied.

-Est-ce là tes limites ? J'avoue être déçu, j'attendais bien plus de ta part !

Malgré la tirade moqueuse, Panaka se plaça derrière le jeune homme et examina la zone douloureuse. Jorus n'eut pas le temps de demander s'il avait des compétences médicales et d'autres encore secrètes. Le constat fut sans appel.

-Tu n'as absolument rien ! La guérisseuse a fait un travail remarquable avec toi, mais il y a des maux qu'on ne peut guérir par les plantes et la magie.

-Je comprends rien à ce charabia, comment je peux avoir mal si je suis guéri ?

Le mentor, contorsionniste, médecin et peut-être même dresseur de musaraigne s'assit tranquillement et fixa le jeune homme.

-Ton corps l'est c'est certain, mais ton esprit souffre encore. Tu subis encore des séquelles de ton dernier combat, mais tu dois les dépasser. Allez recommence !

Le ton autoritaire ne permettait pas de laisser le moindre doute. Avec une forte appréhension Jorus recommença et lorsque la douleur revint Panaka se leva brusquement paralysant momentanément le jeune homme. Il mit une main sur la jambe, l'autre sur le dos.

-Tu as la capacité de la faire, mais ton esprit a peur de souffrir encore. La douleur est mentale, non physique. Concentre-toi sur ta respiration et tends ton bras.

Les indications ne furent d'aucun secours, la douleur était trop forte. Jorus relâcha dans une longue expiration, le corps tremblotant et le front perlé de sueur.

-Je peux pas, ça fait un mal de chien !

La réponse ne se fit pas attendre. Aussi cinglante que froide, Panaka lui répondit le regard sévère.

-Pourquoi ne pas le dire à Jasmine ? Je suis sûr qu'après t'avoir sauvé la vie au péril de la sienne, elle serait volontiers prête à dépenser ses dernières forces qui la retienne vivante pour que tu puisses ne serait-ce qu'atteindre le bout de tes pieds !

Un silence macabre s'installa lorsque le mentor se retourna pour regarder par la fenêtre, laissant Jorus presque seul. Si le sort de Jasmine dépendait de lui et s'il devait affronter des dangers, aurait-il seulement la volonté d'aller de l'avant ? Après avoir recouvré son souffle et chercher un regard compatissant auprès de Panaka qui ne vint pas, il s'exécuta de nouveau en s'enfonçant davantage dans la douleur. Lentement, dans la souffrance, Jorus serra les dents ne lâchant que des cris étouffés sous l'effort. Toujours devant la fenêtre Panaka ne bougeait pas, attendant patiemment. Finalement, au bout de plusieurs minutes le jeune homme atteignit son objectif dans un dernier râle chargé de douleurs mais aussi de satisfaction.

-Bien ! Ceci fait tu vas pouvoir passer à la suite. Dit le mentor en se retournant avec un sourire amusé.

III.4 cours particuliers au milieu des roses

III.3 séance d'étirement

Les premières positions n'étaient au final qu'un simple échauffement comparé aux suivantes. Jorus sortit de la pièce en ayant une réelle difficulté pour se mouvoir et lever ses bras. Malgré l'effort qu'il avait fourni, Panaka n'était pas entièrement satisfait laissant entendre que ce genre d'exercice serait quotidien s'il souhaitait marcher sur les traces de son maître. Ce dernier lui ayant donné congé pour le reste de la journée, Jorus erra dans les couloirs du temple. Il traversa de nombreuses pièces entièrement prêtes à accueillir une foule de patient, malgré le fait qu'il soit le seul qui requière des soins. Visiblement l’invasion des Shaaks étaient encore dans les mémoires. Il avait eu vent des incursions des elfes noirs avant son arrivée à Eniod par bateau, mais à ce moment-là il comprit qu'il était loin de saisir ce que cela impliquait pour les habitants des terres. Sa dernière rencontre avec un Shaak l'aurait amené à passer les portes de la mort sans l'aide de Jamsine et de sa bénédiction. Plus il en apprenait sur cette race sombre, plus il les haïssait.

Continuant de déambuler dans le temple, il suivit instinctivement une odeur étrange. Poussé par la curiosité, il arriva dans une pièce assez particulière et éloignée des lits des patients. Un nombre incalculable de fioles étaient amassées ici, entre les étagères et les armoires murales, ainsi qu'un imposant meuble prenant tout l'espace de la pièce en son centre. Certaines des fioles étaient vides, d'autres remplies de liquide de couleurs différentes et d'autres encore semblaient, d'après ce que pouvait croire Jorus, contenir ce qui devait être une main. Le jeune homme décida de ne pas trop pousser son investigation plus loin en ce qui concerne le contenu de certains récipients. L'odeur particulière qu'il avait senti venait des nombreuses plantes disposées ici et là dans toute la pièce. Des senteurs douces de fleurs se mélangeaient aux relents de plantes plus agressifs pour l'odorat. Sur un large mur une imposante baie vitrée faisait baigner la pièce dans un flot de lumière en faisant ressortir les volutes de poussières, donnant à la pièce un effet de vieil atelier d'apothicaire. Un léger tintement entre deux morceaux de verre amena l'attention de Jorus sur un mouvement, principalement caché derrière le meuble central. Quelqu'un se releva droit comme un piquet pour fixer Jorus d'un œil mauvais et l'invectiva d'une voie froide, dépourvu de bons sentiments.

"Tu t'es perdu jeune homme ?"

Il s'agissait de l'elfe qui l'avait remis sur place à son arrivée au temple. En une fraction de secondes Jorus se maudit lui-même de s'être laissé emporter par son odorat et sa curiosité qui lui ont valu nombre de problèmes quand il n'était qu'un jeune voleur de rue. Le ton de voix ne laissait pas de place au doute quant à l'interprétation : il n'avait absolument pas à se trouver ici.

(Bon du calme, tu n'as rien fait de mal tu t'es juste égaré. Tout va bien ! J'espère seulement qu'elle va pas utiliser une de ses potions sur moi. Non elle ne le ferait pas ! Elle le ferait ? Y paraît qu'avec certains produits on peut subir des transformations et ressembler à un animal. Je veux pas avoir une langue de crapaud et des oreilles d'âne !)

Au lieu de répondre quelque chose Jorus c'était complètement figé, arrêtant même de respirer. Le voyant agir ainsi la réaction de l'elfe fut comme une douche froide aux premiers instants : elle ria. Un rire d'une douceur semblable aux premières brises tiède qui annonce l'attendu arrivé du printemps.

"Excuse-moi jeune homme, les occasions se font rare de rire ici. J'espère que tu ne m'en veux pas ?"

L'image encore présente qu'il avait de lui-même avec de longues oreilles et une langue baveuse ralentit son cerveau, mais il finit par hocher négativement de la tête.

"Je t'en prie entre, j'ai rarement de la visite ici et j'ai tendance à me sentir seule. Fait cependant attention où tu vas, il y a beaucoup d'objet fragile."

Jorus entra lentement dans la pièce et concentra son attention sur les travaux de l'elfe. Celle-ci maniait des liquides dans des fioles de couleurs différentes. Dans une sorte de bol une mixture verdâtre traînait et quelques fleurs séchées se trouvaient non loin de l'espace de travail.

"Heu vous faites quoi au juste...madame ?"

"Madame ? Oui nous n'avons pas été présenté excuse-moi, je m'appelle Elya. Ce que tu vois ici est mon atelier d'alchimie."

(De l'alchimie ? Ca ressemble à ce que j'ai entendu. Si elle aime faire des blagues elle va sûrement vouloir me faire pousser une queue de lapin, ou un bec de mouette !)

Jorus s'approcha de l'elfe de sorte de ne pas présenter son dos et en touchant machinalement son nez.

-De l'alchimie ? C'est comme de la magie mais avec de l'eau ?

Elya ria de nouveau.

"Oui je pense qu'on peut voir cela ainsi !"

(J'en étais sûr c'est pas un temple pour guérir, ils font des expériences sur les patients c'est pour ça qu'il n'y en a plus. Je vais finir avec une langue de serpent trop longue qui restera constamment à l'air libre !)

Cette dernière idée l'intrigua plus qu'elle ne l'inquiéta. Il s'imagina déjà devoir parler avec la langue sortie.

"F'est four quoi fefe fouvi verfe ?"

"Pardon ?" Lui demanda soudainement Elya, surprise de la façon de parler de Jorus. "Tu vas bien ?"

Les joues rouges il s'empressa de répondre.

"heu...oui pardon, je me suis mordu la langue. C'est pour quoi cette bouillie verte ?"

Il ignora si l'elfe l'avait cru mais celle-ci lui répondit.

"Cette bouillie verte comme tu dis est l'une de mes meilleures créations. En combinant plusieurs plantes avec les bons additifs, j'arrive à obtenir un produit capable d'augmenter les effets de la majorité des potions de soins. C'est ce qui m'a permis de te sauver la vie."

Jorus sentait qu'il aurait dû être stupéfait, mais loin d'être avare de compliments ces choses le dépassaient simplement. Il laissa des mains balader sur la table jusqu'à ce que soudainement Elya l'arrête.

"Stop ! Ne bouge surtout pas cette plante ! C'est une fleur des roches, une plante qui provoque la paralysie par simple contacte."

Fixant la plante à l'air inoffensive Jorus l'examina. La plante ressemble pourtant à toutes les autres : une tige et des feuilles vertes, et une magnifique fleur aux couleurs rose-violette. Rien n'indique que cette plante en pot puisse être si dangereuse.

"Si elle est si dangereuse, comment avez-vous fait pour la ramasser ?"

"Vois-tu seul les petits poils sur le dessus des feuilles sont à prendre en compte. La fleur produit une substance paralysante en sécrétant par ces poils, ce qui la protège des herbivores. Sans cela, elle se ferait dévorer et les insectes ne pourraient venir butiner. Pour prélever le liquide il suffit de prendre par le dessous et de racler la zone poilue. Il est possible de laisser macérer la feuille dans de l'eau, mais en raclant je maintiens en vie la plante ce qui me permet d'avoir une petite production ici. De plus, je préfère maîtriser la teneur en produit puisqu'à forte dose les organes internes peuvent être touchés entrainant la mort, et on ne cherche pas vraiment à tuer les gens ici. Mais c'est pratique lorsque le patient a la bougeotte à cause de ses douleurs."

L'elfe dit ces derniers mots avec ce petit rire qui semble la caractériser. Jorus lui n'en revenait pas qu'une simple plante comme celle-ci puisse engendrer la mort par simple contacte. Quels secrets pouvait recéler une forêt comme sur Imiftil ? Une simple excursion en forêt pouvait finir en drame. Elya dut lire dans son esprit puisqu'elle calma ses doutes intérieurs.

"Je te rassure, ce genre de plante est difficile à trouver. Elle aime les endroits humides, sombres et proches des zones calcaires. Même lorsque ces conditions sont réunies, la plante a du mal à grandir. Cependant, connaître les plantes et leurs vertus est quelque chose de très utile si l'on souhaite faire une excursion, comme pour aller retrouver une sorte de remède miracle ! Cette mousse par exemple sur l'étagère, possède des propriétés intéressantes. En l'imbibant de liquide elle est capable de la restituer lentement à ce qu'elle touche. C'est utile lorsqu'on veut éviter une surdose de produit."

Jorus n'en revenait pas. Quoiqu'il fasse tout était déjà tracé pour lui et les personnes autour agissaient comme si cela était normal. Bien sûr il allait tenter de sauver Jasmine, mais alors pourquoi avait-il ce sentiment d'être le dernier au courant ? Quitte à partir, la proposition d’Elya était tentante. Jamais personne ne lui avait appris ce genre de choses. Bien sûr il savait naviguer sur un navire, mais la possibilité de ne dépendre de personne, d'être livré à lui-même et de se savoir capable de survivre là où d'autres échoueraient, était grisante. De plus, une petite voix intérieure lui disait que l'elfe allait lui en apprendre davantage sur ce fameux remède, à commencer par sa localisation. Il accepta la proposition de la guérisseuse qui allât chercher une tasse contenant un liquide chaud et marron.

"Qu'est-ce que c'est, une boisson fortifiante ? Ca augmente l'intelligence ou un truc du genre ?"

Encore une fois l'elfe ria, emplissant la pièce de sa voix douce.

"Oui un truc du genre. Ça s'appelle un chocolat chaud tu connais ?"

III.5 Départ

III.4 cours particuliers au milieu des roses

Jorus ne se rappela pas la dernière fois qu'il fut réveillé de si bonne humeur. La veille, Elya lui avait donné un de ses élixirs qui lui permit de se remettre plus rapidement des dernières traces de blessures. Il avait par ailleurs passé une très bonne journée avec l'elfe. Il s'était intéressé à l'herboristerie et avait retenue quelques plantes et champignons à éviter et d'autres qui au contraire peuvent procurer des effets très avantageux. Elya s'était avéré un professeur très patient et Jorus avait fortement apprécié ce moment, souhaitant étoffer ses premières connaissances sur l'herboristerie et l'alchimie. De plus, il en avait effectivement appris davantage sur sa destination. Au nord de Dehant en suivant la rivière se trouvait une sorte de petit sanctuaire. N'ayant jamais été sur les lieux Elya ne pouvait lui en dire plus, Jorus devait s'y rendre s'il souhaitait en savoir davantage.

La nuit avait également porté ses fruits. Ce matin il s'était décidé à partir pour ce sanctuaire. La vie de Jasmine ne tenait qu'à un fil et la seule façon de l'aider était de s'y rendre. Il se leva et alla se rendre dans le réfectoire où l'attendait Panaka qui remarqua presque immédiatement la détermination dans le regard du jeune homme.

-Tu es prêts ? Lui dit simplement son maître.

-J'en doute, mais je peux pas me permettre d'attendre plus. On ne sait pas combien de temps Jamsine va tenir.

-J'aimerais faire plus pour te préparer davantage à ce qui peut t'attendre, mais tu as déjà tout ce qu'il faut. Ton instinct, ta capacité à réagir rapidement et ton ingéniosité seront tes meilleures armes.

Il s'adossa sur sa chaise et lâcha un long soupir.

-Tyrm a encore veillé toute la nuit au chevet de sa femme, il ne t'importunera donc pas et Mélinda dort encore, elle s’est encore inquiété pour toi cette nuit. Je vais te préparer des provisions pour ton voyage. Elya m'a confié t'avoir enseigné les rudiments de l'herboristerie. C'est une bonne chose que de connaître tous les enfants de Yuimen, mais avec ton niveau actuel tu ne pourras longtemps de nourrir de baies sans en être malade.

-Les enfants de Yuimen ?

-Oui c'est ainsi que l'on nomme les plantes, arbres et même les animaux de manière générale. Tu ne savais pas ?

-Et bien j'en ai entendu parler je crois, mais je ne vous savais pas si pieux !
Panaka sourie devant cette remarque.

-Je ne le suis pas en effet. Sans nier leur existence j'estime que servir un dieu c'est s'enchainer à ses croyances et ses préceptes. Hors il ne m'est de bien de plus précieux que ma liberté. De vivre comme je l'entends. C'est l'une des principales raisons qui me poussent à suivre la voie de l'harmonie, car elle n'a comme obligation que de vivre libre.

-C'est pas contradictoire ? Je veux dire être obligé de vivre libre, ça n’a pas vraiment de sens !

Cette fois-ci Panaka ria et posa sur Jorus un regard bienveillant tout en se levant pour quitter la pièce.

-Tu n'auras qu'à réfléchir à la question durant ton escapade, ça te passera le temps !

III.6 Petite escapade en boutique

III.11 Un chemin pavé de froid

Accroché à son radeau de fortune comme sa propre vie, Jorus fini par arriver à Dehant. Le parcours n’était pour lui qu’un amas de lumières vives sous son ombrelle en toile de tente. Il sentit une multitude de présence humaine le sortir de l’eau et entendit quelques mots comme « encore vivant et « temple ». Même la voix télépathique de sa Faéra paraissait lointaine. Sans le comprendre il avait été pris en main par Calanên et Elyra. Alors qu’il se faisait rapidement transporter pour recevoir des soins, une force intérieure lui fit battre frénétiquement les membres, le faisant tomber sur le sol. Quelque chose le poussait à ramper vers un lieu précis, une source de pouvoir qu’il ne pouvait que suivre. Alors qu’il fit passer son bras derrière un bloc de pierre Jorus se mit à déglutir cette force intérieure. Il l’extirpa dans un cri de souffrance puis sentit de nouveau la chaleur affluer en lui en sombrant de nouveau dans l’inconscience.

IV.1 Réveil à Dehant...encore

III.12 Retour au temple

De nouveau Jorus se réveilla dans son ancienne chambre où il s’était remis de l’attaque des Sektegs et du Shaakt. Panaka son maître était présent encore une fois à son réveil, mais pas seulement lui. Mélinda présente également lors de son premier réveil à la différence que cette fois-ci, elle n’avait pas eu besoin de veiller jusqu’à épuisement.

(Contente que tu sois enfin réveillé, je m’ennuyais toute seule moi !)

Le son de voix de sa faéra lui fit sourire. Il l’avait accepté après avoir survécu à une tentative d’assassinat et un lien s’était très vite créé. Lui la protégeant d’un esprit des glaces particulièrement cruel et elle lui faisant puiser dans ses forces pour gravir la montagne et parcourir le chemin sur les flots, le corps refroidit par la possession de l’esprit.

"J’ai dormi longtemps ?"

Il s’était adressé à sa faéra, mais se fut Panaka qui lui répondit.

"Non pas vraiment, deux à trois heures tout au plus. Comment te sens-tu ?"

"Mieux que la dernière fois ça c’est sûr. Je me souviens d’à peu près tout sauf de mon arrivée ici. Des bribes d’images, mais rien de concret. Que s’est-il passé ? Répondit Jorus tout en se relevant."

Mélinda restée en retrait se rapprocha et le serra dans ses bras, évitant d’étrangler le jeune homme.

"Tu as réussi Jorus. J’ignore comment, mais la source a de nouveau coulé et nous avons pu guérir Jasmine !"

Un vent de soulagement déferla sur Jorus. Lors de sa fuite d’Eniod il avait embarqué avec un convoi de marchands itinérants. Il y avait rencontré nombre de personne dont Jasmine, la femme du chef de convoi et durant une infiltration d’un shaakt elle lui avait sauvé la vie au détriment de la sienne. Après sa convalescence au temple de Gaïa dans cette même pièce, il apprit qu’une malédiction pesait sur elle et que seule une source secrète tarie du temple la sauverai. Il fallut en plus d’affronter un assassin professionnel ainsi qu’un esprit des neiges avec un cœur de glace ayant fait chuter la température de son hôte. Une expérience particulière que Jorus ne souhaitait pas renouveler.

"Il y a cependant quelques points dont j’aimerais quelques éclaircissements." Reprit Panaka. "Comme ceci par exemple !"

Il sortit un boomerang à lame que Jorus ne possédait pas à son départ. L’assassin. C’était certainement une de ses armes qui s’était glissée dans son sac avant qu’il ne jette le tout. Même si l’individu devait posséder du matériel de qualité, garder ses effets personnels l’avait rendu mal à l’aise et il avait préféré les jeter plutôt que de les garder. Toujours en quête de réponse, Panaka attentait patiemment une réponse. Jorus pris une grande respiration avant de commencer.

"J’ai fait une rencontre plutôt déroutante. Un homme en avait après moi. Au début je pensais qu’il voulait la dague, mais non, c’était bien moi sa cible. J’ai eu beaucoup de chance si Ysolde…"

(Non ne parles pas de moi !) L’interrompit sa Faéra.

(Mais pourquoi ? Il y a un problème ?) Demanda Jorus inquiet.

(Plus tard promis, mais ne parles pas de moi ! S’il te plaît.)

L’inquiétude de la Faéra bien que suffisamment présent dans ses propos, Jorus le sentait davantage avec le lien particulier entre eux. Cela faisait peu de temps qu’ils étaient tous les deux liés, mais assez pour que le côté implorant de la demande soit prise au sérieux.

"Ysode ? Tu as rencontré quelqu’un ?" S’impatienta le maître de Jorus.

"Ysolde, oui." Se reprit le jeune homme. "En fait je revoyais de lointains souvenirs, une personne en particulier et j’ai vu un éclat lumineux. J’ai eu beaucoup de chance d’échapper à une dague. J’ai tenté de fuir, de ruser, mais au final il m’a rattrapé. J’ai eu beaucoup de chance de tomber sur l’une des plantes paralysante qu’Elya m’avait parlées. Je l’ai intégré à l’une de mes potions de soins et l’individu l’a utilisé pour soigner les maigres blessures que j’ai pu lui faire. Ca l’a paralysé. J’ai embarqué ses affaires avec moi pour qu’il soit moins dangereux s’il venait à me poursuivre. J’ai eu quelques échanges avec lui et il n’en avait pas pour la dague. Il en avait après moi."

Après un petit laps de temps, Panaka brisa le silence installé.
"Donc si je comprends bien, quelqu’un en a après toi. Et ce quelqu’un est probablement lié à ta fuite d’Eniod."

"Qui a osé s’en prendre à toi ? Il va se prendre la mandale du siècle !" S’énerva Mélinda.

La tension monta d’un cran après l’annonce de Jorus et les propos courroucés de Mélinda, mais Panaka calma les personnes présentes.

"Surtout pas ! Nous avons suffisamment de problèmes pour en inclure les démons du passé de Jorus."

"T’entends quoi pas là, qu’on ne va pas aider Jorus après ce qu’il a fait, les risques qu’il a pris ?" Fulmina Mélinda.

Panaka tendit ses mains vers son interlocutrice en signe d’apaisement.
"Non absolument pas ! Je vais m’occuper moi-même de ce problème à Eniod."

La réponse de son maître l’apaisait un instant, mais s’il comptait retourner à Eniod, Jorus le devrait aussi. Cependant il en était incapable, trop de mauvais souvenirs venaient à lui : ses parents mort même s’il en avait presque aucun souvenir, son amour de jeunesse mort et plus récemment, son meilleur ami lui ayant tourné le dos. Non, cela faisait trop.

"Désolé maître, mais je ne peux pas ! Retourner à Eniod c’est…"
Jorus n’avait pas la force d’expliquer les émotions qui le submergeaient. Fort heureusement pour lui, Panaka avait d’autres idées en tête.

"Je te rassure, tu n’iras pas avec moi. Non seulement j’irai seul, mais tu partiras dans l’autre direction. Je connais suffisamment ce milieu pour retrouver qui a commandité ton enlèvement, ou ton meurtre. Tu sais davantage à ce sujet ?"

"A défaut de me ramener vivant il fallait une preuve de ma mort, comme ma tête. Pourquoi dois-je aller dans la direction opposée. Vous êtes mon maître, vous me faites avancer sur le chemin de l’harmonie et j’ai encore besoin de vous ! Je veux dire, tout ça reste encre flou, plus comme une philosophie de vie qu’un moyen de devenir plus fort."

Panaka le fixa d’un regard sévère en croisant les bras devant lui.
"Si tu penses que l’harmonie n’a de sens que de te rendre plus fort, alors effectivement tu as encore beaucoup à apprendre. Etre fort n’est que le moyen d’atteindre le but que nous nous fixons. Avant d’être pleinement en accord avec cette philosophie de vie, parce que s’en est une, tu devras te renforcer, connaître tes limites, les repousser. En somme il te faut te connaître toi-même avant de connaître l’harmonie. Tu as prouvé que tu es pleinement capable d’avancer de toi-même et t’approcher plus d’Eniod te ralentira. Suis ton chemin. Je veillerai sur toi de loin et lorsque tu seras prêt je reviendrais te voir. Plus vite je partirai et moins de risques tu auras."

A ces mots Panaka se dirigea vers la porte pour quitter la pièce. Entre les deux hommes Mélinda portait le regard d’un intervenant externe ayant raté l’essentiel de l’histoire. Muette son regard allait et venait entre les deux interlocuteurs.

"Attendez ne partez pas ! Quel est le but de l’harmonie ?" S’exclama soudainement Jorus.

Son maître s’arrêta au seuil de la porte et planta le regard dans celui du jeune homme et répondit avec une certaine déception.

"Je te l’ai déjà dit, l’harmonie t’apportera le bien le plus précieux que l’homme a perdu : sa liberté, dans sa plus pure forme."

IV.2 Adieu ou au revoir

IV.1 Réveil à Dehant...encore

Après le départ de Panaka, Jorus décida d’aller voir Jamsine. Mélinda préféra rester auprès de lui de peur qu’il ne chute dans les couloirs du temple. Les lieux avaient toujours cette senteur boisée, plongeant les patients au milieu d’une forêt. Sur le chemin ils croisèrent Elya qui les attendait dans la quiétude des lieux.

"Ravis de te revoir Jorus. Je vois que tu sembles te porter bien mieux qu’à ta première venue. Si je ne me trompe tu te diriges vois Jamsine, mais j’aimerais t’emmener dans un autre endroit, la source si tu le veux bien."

De la tête Jorus acquiesça. Elysa avait ce je ne sais quoi qui rendait sa présence magique. Son charme particulier des elfes y était pour beaucoup, cependant sa douce voix et ses gestes gracieux rajoutaient davantage à la personne. En plus de cela, Elya était non seulement un maître dans le domaine de l’alchimie, mais aussi un professeur attentif et patient. Tous trois se dirigèrent la source curative du temple et Elya expliqua la raison de la destination.

"J’étais là lorsque les hommes des quais t-on ramené. Tu étais froid, gelé même. On a voulu t’emmener dans l’une de nos chambres, mais tu t’es soudainement mis à t’agiter lorsque nous sommes passés à côté de la source. C’est là que l’esprit a quitté ton corps. Elle a disparu depuis et s’en est retourné là où son essence principale réside, mais elle t’a laissé quelque chose avant de partir et je ne veux pas de ça ici."

Jorus était désormais devant la source. Rien d’exceptionnel ne la distinguait d’une autre fontaine ou point d’eau, or un courant d’air très frais venait de cet endroit. Le jeune homme s’approcha et un objet rosé luisait au fond de l’eau. Il tendit la main dans l’eau et le froid le saisit. Ayant subi une possession d’un esprit des neiges, le froid bien qu’intense ne le fit que le surprendre. Il attrapa l’objet et le sortit de l’eau une magnifique dague de couleur rosée. La garde était d’un matériau étrange. Il transmettait le froid de la lame comme le fer tout en possédant le confort du cuir et terminé par deux cornes. Hors de son fourreau, la lame possédait un étrange trou puis une fente jusqu’à la pointe.

"Cette dague est une relique." Précisa Eyla. "Ce genre d’objet possède des pouvoirs différents et la plupart du temps, elles renforcent leur porteur. Fait attention à la lame de sourire pincé. Le froid qu’elle dégage serait à même de déchirer la chair par simple contacte."

"Sourire pincé ? Demanda Jorus dont le nom l’intriguait plus que la capacité de la dague.

"Oui, c’est son nom. Range-là, Jasmine t’attend certainement."

Réorganisant son équipement pour manier la dague de sa main directrice, il se demandait quand il aurait l’occasion de se servir de cette dague et de ses capacités. Même si cela devait le conduire au-devant du danger, posséder une telle arme l’excitait grandement. Il finit par rejoindre finalement la chambre où Jamsine avait passé tous ce temps.

Avant d’entrer dans la pièce, les cris de joies des enfants de Jasmine et Tyrm emplissaient le lieu de vie. Chahutant autour du lit de leur mère, ils ne virent pas tout de suite Jorus au seuil de la porte.

"Jorus !" Tymoïse et Trohim, la fille et le fils de Tyrm se jetèrent sur le jeune homme qui tomba à la renverse, acculé par tant d’adversaires énergiques. "T’as sauvé maman !"

Jorus ne savait pas quoi répondre. Il n’avait pas l’habitude d’être la source de tant de remerciement, en particulier par des enfants aussi joyeux. Il préféra les faire taire de la façon la plus radicale : des chatouilles. Les enfants tentèrent de se débattre mais en vain, leur proie c’était retournée contre eux. Après quelques instants où Jorus put démontrer sa supériorité face à des enfants de sept et cinq ans, il aida les petits à se relever et regardera Tyrm et Jasmine, avec leur petit dernier Tymos.

"Merci Jorus, vraiment je…je ne sais pas quoi dire." Déclara Tyrm. "Si tu as besoin de quoi que ce soit n’hésites pas, je ferais tout ce que je peux. Enfin tant que tu me demandes pas de tuer un homme ou de renverser un gouvernement hein !"

"Même si c’était son intention, je doute qu’il fasse appel à toi." Répondit Jamsine à son mari. "Tu comptes rester sur le seuil de la porte comme ça longtemps Jorus ?"

Le jeune homme s’était laissé aller à la rêverie. Voir cette famille réunie et baignant dans le bonheur lui faisait du bien, même si un pincement lui minait le cœur en pensant à ses propres parents. Tiré de ses songes, il se dirigea vers le lit.

"Merci. Sincèrement Jorus, merci."

"Non, c’est à moi de vous remercier. Vous avez pris un grand risque en me confiant la bénédiction qui vous maintenait en vie et ce, sans rien demander ni espérer en retour." Répondit le jeune homme rougissant.

"J’ai entendu ce qu’il t’est arrivé, Panaka est passé. Je suis désolé. Comment tu vas ?"

"Ca va." Répondit le jeune homme sans être convaincant en se rapprochant du lit. "J’avoue que je suis assez perdu. Quand cet homme m’a poursuivi j’ai vraiment cru qu’il en avait après la dague, mais qu’il m’en veuille à moi c’est… je comprends pas. Personne ne sait comment j’ai quitté la ville ni où je me suis rendu."

"C’est assez simple en réalité." La voix venait de Panaka sur le seuil de la pièce. "Des commerçants sont revenus d’Eniod car le port était fermé. Nul n’entrait ou ne sortait. A cause des récentes incursions Shaakts sur le territoire, plus le la moitié des routes étaient fermées. Les destinations plausibles restent Dehant et Yarthiss, et le territoire de la sororité limite fortement cette dernière hypothèse. En somme, il suffisait simplement de se renseigner ici ou à Jarvron pour savoir qui était passé récemment."

"Alors il faut partir !" S’écria Tyrm. "Dès que Jamsine sera prête à prendre la route, nous quitterons Dehant."

"Je comprends que tu veuilles veiller sur Jorus j’aimerais le faire également, cependant il lui sera plus facile de passer inaperçu seul qu’accompagné."

"Tu veux le laisser partir seul, tu n’y penses pas réellement ? Ce n’est encore qu’un gamin."

"J’étais bien plus jeune quand j’ai dû affronter des épreuves pires que celle-ci." Répliqua froidement Panaka. "Non seulement il partira seul, mais il partira aujourd’hui. Je t’attends dehors fais vite !"

Après moultes contestations de Tyrm qui ne comprenait toujours pas la réaction de Panaka, tous durent se résigner à laisser partir Jorus. Les pleurent des enfants n’aidant pas le jeune homme à partir, il se résolu au bout de quelques temps et après avoir fait la promesse qu’il reviendrait, de tourner le dos et partir regarder derrière lui. Aurait-il un jour la joie d’avoir une famille unie comme celle-ci ?

Panaka l’attendait dehors observant l’horizon d’un regard pouvant percer les montagnes. Il avait étrangement été froid avec Tyrm, mais peut-être étais-ce là le seul moyen de lui faire comprendre qu’il n’y avait pas d’autre alternative ?

"Je croyais devoir prendre un chemin différent du vôtre. Où m’emmenez-vous ?"Questionna le jeune homme qui recherchait dans son maître un peu de réconfort.

"Nous prendrons des chemins bien différents, mais je ne te laisserai pas quitter Dehant à pied. Allons te prendre un cheval."

Jorus ne savais quoi penser. Jamais il n’avait eu à s’occuper d’autre que de lui-même et maintenant il devrait gérer un cheval. De surcroît, il n’avait aucune connaissance en équitation et cela le rendit un peu nerveux à l’idée de chevaucher un animal.

IV.3 Les écuries de Monsieur Ampe