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 Sujet du message: L'auberge des Joyeux Fêtards
MessagePosté: Ven 31 Oct 2008 18:35 
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L'auberge des Joyeux Fêtards


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C'est passée la petite rivière que se trouve l'auberge des Joyeux Fêtards. Tenue par Capucin Ripaton, le Hobbit, elle a gardé son caractère modeste et joyeux. Créée quelques années avant celle du Pied Chaussé, elle est restée ouverte à tous.

Par contre ne cherchez pas querelle ici, vous seriez jetés à la rivière. Ne cherchez pas non plus à pouvoir discuter, à part les chambres presque insonorisées, il y a toujours des chants, des danses...Par contre, si vous cherchez à vous amuser ou à manger un bon repas pour rien, c'est la bonne porte!

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 Sujet du message: Re: L'Auberge des Joyeux Fêtards
MessagePosté: Jeu 28 Jan 2010 17:59 
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Voilà bon nombre d'heures que Joshua avait reprit la route vers Dehant. Le soleil haut dans un ciel dégagé de tout nuage faisait peser ses lourds rayons sur le sombre chapeau de l'homme absorbant leur chaleur vers son crâne. Son visage ruisselait de gouttes, trempant le haut de sa robe bien trop épaisse pour une chaleur pareille tandis qu'un pas après l'autre, le rythme de sa marche se réduisait considérablement. Il décida de s'accorder une brève pause et s'affaira à s'éponger la figure avec un vieux mouchoir déjà imbibé de sueur. Il savait que la ville n'était plus très loin, le paysan qu'il avait croisé la veille avait été clair sur ce point, malgré son accent à trancher au couteau et la dizaine de dents qu'il lui manquait au râtelier. Dehant n'était plus qu'à un jour de marche, deux au plus. La nouvelle avait rayonnée dans l'esprit de l'homme. Il allait enfin arriver. Après tout ce temps dans la nature, à dormir à même le sol, parmi les bêtes et la vermine. Il allait retrouver le contact des hommes, de la ville. C'était la ou il savait évoluer le mieux et tirer profit de ses talents, pas dans cette foutue campagne ornée de bouseux et de ronces.

Joshua rangea le tissu dans une de ses poches et se remit en marche pestant contre le soleil et la chaleur. Au bout d'une petite heure de route, aussi morne que routinière, comme l'avaient été ces dernières semaines, il croisa le chemin d'une petite rivière dont la vue lui tira un soupir de soulagement. Sans la moindre retenu, il remplit la distance qui le séparait du cours d'eau au pas de course et s'agenouilla sur la rive, manquant de glisser dans la précipitation. C'est alors qu'il s'aspergeait le visage qu'un brouhaha ambiant porté par le vent parvint à ses oreilles. Il y avait du monde de l'autre coté de la rivière. La musique et les voix qui lui parvenait ne laissait aucun doute subsister quand à leur origine. Tout ceci provenait d'une auberge ! Soulagé, le Kendran se releva et remonta le long de l'affluent en quête de l'établissement qui à son grand bonheur s'offrait à lui quelques centaines de mètre plus long par un petit pont de bois qui l'accueillait avec une certaine chaleur.

Sans autre préliminaire, le voleur pénétra dans l'auberge. Il avait déjà quelques plans en tête qui lui permettrait de gagner surement quelques piécettes sans trop se donner de mal. Les affaires reprenaient, au grand bonheur de Joshua...

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 Sujet du message: Re: L'Auberge des Joyeux Fêtards
MessagePosté: Sam 13 Avr 2013 14:35 
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<<< Précédemment.

20. Un endroit calme pour la nuit.


C'est à la tombée de la nuit que Kronh, Sump et Wace quittèrent la piste principale qui menait au nord du comté de Nelys, en direction de Jarvron, pour en emprunter une autre qui bifurquait vers l'Ouest. Moins large mais assez bien entretenue, elle conduisait jusqu'à une petite auberge bien réputée dans le comté.

L'Auberge des Joyeux Fêtards.

Il s'agissait d'une mignonne petite bâtisse faite en rondins de bois clair devant laquelle une paisible petite rivière coulait dans un relaxant bruit de clapotis. Un petit pont plat, fait avec le même bois que la maisonnette permettait de la traverser.

Sump regarda le mince filet de fumée grise qui s'échappait de la cheminée du bâtiment et huma l'air. Une bonne odeur de viande en train de cuire lui titilla les narines et fit gargouiller son estomac.

Aussi, quand, du coin de l’œil, dans les hautes herbes qui encerclaient la piste et l'auberge, il aperçut un criquet d'un vert livide de la taille d'un index tranquillement posé sur un long brin, Sump manqua de bondir de sa selle afin attraper l'insecte pour le gober.

Mais il décida de résister à ses pulsions.

Les deux miliciens qui l'accompagnaient allaient certainement bientôt lui fournir un bon gros repas comme les ailes de Tiroli du déjeuner. Ce n'était donc, pour l'instant, plus la peine de se ruer sur la moindre source de nourriture qui se présentait.

En s'approchant un peu plus de l'auberge, Sump put entendre des sons bizarres qui s'échappaient de la bâtisse. Des voix, certes, d'hommes principalement d'ailleurs, mais aussi autre chose...Le Gobelin n'avait jamais entendu ses sons là. Instinctivement, il se raidit sur sa selle, qui lui faisait d'ailleurs un mal de chien au postérieur et ses oreilles pointues se dressèrent.

"Ahh, enfin ! Je vais te dire, Grenouille... le meilleur endroit dans tout Nelys, et ben tu l'as devant toi !" fanfaronna Kronh en engageant son fier étalon noir sur le petit pont.

"Arêtes de l'appeler comme ça..." râla Wace, à l'arrière après avoir bruyamment soupiré.

Cette dernière n'avait pas adressé la parole à Kronh depuis leur petite dispute sous le sapin. Sump ne comprenait pas trop pourquoi. Le milicien n'avait pourtant rien fait de mal. Pour une fois...

Kronh lui avait expliqué en riant qu'elle "boudait". Le Gobelin, bien que ne sachant pas ce que cela signifiait, ne prit pas le risque de lui demander. Pour l'instant, le colosse le laissait tranquille et ça lui faisait des vacances.

Une fois le pont traversé, les voix et les bruits étranges s'entendaient très distinctement et la nervosité du Sekteg s'en trouva accrue.
Les trois cavaliers attachèrent leurs chevaux à la barre de bois prévu à cet effet sur la façade gauche de l'établissement derrière laquelle se trouvait un abreuvoir. Plusieurs bêtes étaient déjà attachées là. Principalement des chevaux mais aussi pas mal de poneys.

Pendant que Sump, étant encore un novice en la matière, finissait tant bien que mal son nœud, les deux miliciens déchargèrent les sacoches de cuir qui contenaient l'eau, la nourriture et quelques objets de premier secours indispensable pour le voyage jusqu'à la Ferme Abandonnée de leurs montures respectives afin d'éviter de se les faire voler par un éventuel voyou.
Après quoi, Kronh, opérant toujours dans la discrétion, ouvrit la porte de l'auberge en poussant un formidable et tonitruant :

« Salut les filles, je suis de retour ! »

Le Gobelin quant à lui, mit un peu plus de temps à entrer dans l'auberge que l'imposant milicien, qui avait d’ailleurs l'air d'être une véritable vedette en ce lieu.
En effet, après qu'il eut ouvert la porte et hurlé son entrée en scène, il fut acclamé :

« Eh, comment va, monsieur l'milicien ?» lança un des hommes attablés aux tables rondes disséminées dans la pièce en levant son verre, les yeux hagard et le nez rougit.

Kronh répondit en écartant les bras :

« Vous m'avez aussi manqué, bande de Gnolls puants!»

Sur ce, il s'assit sur un tabouret haut et serra la main du Hobbit au cuir chevelu imposant et très bouclé qui était derrière le comptoir. Sûrement l'aubergiste.

« Kronh, par Gaïa, ça fait un bail ! » s'écria le Sinari avec une voix drôlement fluette.

« Alors, mon vieux Paton, les affaires ? »

Pendant que « Paton » lui répondait, le Gobelin pénétra timidement dans l'auberge juste derrière Wace, qui semblait plus agacé que jamais et qui ignorait royalement les saluts poli mais peut-être un peu lourd de regard sur sa silhouette, qu'on lui adressait.

Sump se contenta de la suivre à travers les tables. Il était un peu désorienté avec tout ce boucan qui lui vrillait ses sensibles tympans mais il réussit enfin à voir d'où venaient les sons étranges qu'il n’arrivait pas à identifier.
Sur une petite estrade, en effet, plusieurs individus tapaient, grattaient et soufflaient dans de drôles d'objets fait, pour la plupart, en bois.

Le Gobelin nota que les sons qui sortaient de ces choses n'étaient pas si désagréables à entendre que ça, la preuve, sur le petit espace libre devant l'estrade, des couples de Hobbits ou d'Humains gesticulaient bizarrement en riant et en criant.

Alors, sans prévenir, un vieux souvenir se fraya un chemin dans l'esprit du jeune Sekteg. Un souvenir lointain, presque oublié. Un des rares que Sump conservait encore de son ancienne vie au sein de son défunt clan.

C'était une nuit de pleine lune. Des dizaine de ses semblables s'étaient rassemblés autour d'un feu et effectuaient une danse en l'honneur de quelque chose, mais il ne savait plus quoi. Les danseurs poussaient des longs cris aigus en martelant le sol de leurs pieds nus et sales. Certains étaient décorés de plumes et de peintures tandis qu'un autre, le plus grand, portait une couronne d'ossements et de lianes sur sa tête.

Perdu dans ses pensées, le Gobelin s'ébroua soudain lorsqu'une odeur plutôt forte agressa son sensible odorat.
En effet, en passant à côté d'une table, l'odeur du liquide qu'avait un des hommes dans son verre parvint, malgré lui, jusqu'à ses narines.

(Mais qu'est-ce qu'ils boivent ? De la pisse de troll ?)


Lorsque la milicienne et le Gobelin arrivèrent jusqu'au comptoir, le Hobbit les salua, non sans avoir jeté un regard étonné à Sump.

« Ahh, Paton, si tu savait ce que... » commença Kronh, qui avait remarqué la surprise sur le visage de son ami. Mais Wace lui coupa sèchement la parole :

« Avez-vous des chambres de libre cette nuit, monsieur « Paton » ? »

Ce dernier, un peu décontenancé par le ton de la jeune femme acquiesça hâtivement en sortant une clé en métal de sous le comptoir, comme par magie :

« Prenez la dix-huit, il y a un lit pour vous et un fauteuil pour le petit gars. »

« Petit gars » étant le Gobelin. Ce dernier fut d'ailleurs étonné de se voir si « bien » accueilli. Du peu qu'il connaissait de sa race, il savait elle ne plaisait pas à tout le monde, loin de là.

Devant l'attitude particulièrement docile du Hobbit, Wace se radoucit un peu, désigna Kronh d'un léger mouvement de la tête en prenant bien soin de ne pas le regarder et ajouta :

« C'est que... il nous en faudrait deux... »


Le colosse éclata d'un rire épais :

« Ah non, poupée ! Sache que moi, quand je viens ici, je ne prend jamais de chambre si tu vois ce que je veut dire...»

Elle lui lança un regard consterné et ébahi :

« Tu ne vas quand même pas boire alors qu'on est en mission ? »


« Ben tiens, je vais me gêner ! Je vais même me prendre une de ces bitures ! Ça fait tellement longtemps ! »

Plusieurs personne levèrent leurs verres suite à cette déclaration en poussant un "Ouais !" ou en rigolant, s'attirant un regard noir de la part de la jeune femme.

Puis, cette dernière fixa un instant le milicien puis leva rageusement les yeux au ciel en tournant les talons et lança froidement au Gobelin :

« Aller viens, Sump. Nous, on va finir les ailes de Tiroli. »

Ce dernier, qui était en train de contempler l'impressionnant étalage de bouteilles exposé sur les étagères derrière le dénommé Paton, s'apprêtait à la suivre sans discuter, heureux de quitter ce raffut mais Kronh en décida autrement. Il le saisit par le col de sa tunique avec une de ses grosses mains, le souleva de terre comme s'il n'avait rien peser et lui posa brutalement les fesses sur le tabouret à sa gauche, l'éloignant de sa collègue :

« 'Manquerait plus que ça, tiens ! Qu'il se tape de vieilles ailes de Tiroli alors que Paton fait les meilleurs Urikan d'Imiftil...au moins ! T'es comique ce soir dis donc ! »

La milicienne se retourna farouchement et fit quelques pas en direction de son collègue, une flamme de colère dans les yeux, telle une féline voulant protéger sa progéniture. Sump crut même apercevoir un reflet orangé dans ses yeux :

"Kronh, maintenant tu arrêtes !" siffla-t-elle d'une voix aiguë.

Alors, sans crier gare, Kronh se leva brusquement, faisant tomber son tabouret et s'approcha dangereusement de la jeune femme qui recula, une mine surprise et presque terrifiée sur le visage. Il la désigna calmement du doigt et c'est avec la même voix dure et froide qu'il avait utilisé lorsque Sump ne voulait pas monter sur le cheval qu'on lui proposait aux Écurie de Monsieur Ampe qu'il parla, écrasant la jeune milicienne de toute sa hauteur et de toue sa carrure.:

"C'est toi qui vas arrêter, c'est clair ? Et pendant que t'y es, tu vas aussi me lâcher un peu."

Cette dernière, la bouche entrouverte essayait de cacher la crainte qu'il lui inspirait et soutenait son regard tant bien que mal.

Le géant la fixa dans les yeux pendant quelques secondes puis, se rendant compte du silence gêné qui s'était soudain abattu sur l'Auberge, se racla la gorge et ramassa son tabouret.

"Tu peux te joindre à nous si le cœur t'en dit." lança-t-il à sa collègue d'un ton désinvolte et comme si rien ne s'était passé en se rasseyant.

Puis il donna un léger coup de coude au Gobelin qui avait assisté à la scène en retenant son souffle tout comme le reste de la population de l'auberge et lui murmura :

"Tu vas voir, Grenouille, l'Urikan, y a que ça de vrai !"

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Sump


Dernière édition par BreadOOney le Ven 26 Aoû 2016 08:27, édité 20 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge des Joyeux Fêtards
MessagePosté: Dim 14 Avr 2013 07:37 
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21. Casse-poitrine.

Ces derniers temps, Sump goûtait à des saveurs autres que celle que lui donnait la forêt : le ragout de la mère de Luda et ses pâtisseries, les délicieuses ailes de Tiroli du midi...
Ces choses là étaient toutes nouvelles pour lui qui n'avait jamais rien mangé d'autre que du lapin, des fruits, quelques œufs piqués dans des nids, des racines et des insectes dans toutes sa vie.

Et ce soir, un nouveau plat lui était encore proposé : L'Urikan.

Des tranches de bœuf, une viande qui lui était jusque là inconnue, baignant dans une délicieuse sauce de tomate, de citron et d'autre chose que le Gobelin ne connaissait guère.

Peut-être était-ce du au talent de cuisinie de Paton (qui s'appelait en faites Capucin Ripaton. Kronh donnait décidément des surnoms à tout le monde ?) ou peut-être était-ce une propriété de la bidoche de bœuf ? Toujours est-il que le Gobelin trouvait la viande incroyablement tendre.
Lui qui n'était pourtant pas un adepte du couteau et de la fourchette, Kronh ne lui ayant pas permis de manger avec ses doigts, il arrivait toutefois très facilement à couper la charcuterie comme si c'était du beurre.

Le Sekteg était tellement captivé par les nouvelles sensations qu'il ressentait qu'il ne vit même pas l’aubergiste se pencher vers Kronh pour lui demander discrètement :

"Dis donc, Krony... ça n'a pas l'air d'aller fort entre toi et la petite blonde, hein ?"

Wace avait en effet refusée la proposition du milicien avec un air insolent et était partie se coucher d'un pas rageur.

Le colosse ne prit pas la peine d'avaler pour répondre, lâchant des petits bouts de viande sur le comptoir :

"Tu sais, Paton, je l'ai toujours dit...Les jeunes comme ça, faut savoir les mâter...Pas vrai, Grenouille ?"

Le Gobelin sortit d'un seul coup de sa dégustation en entendant son surnom et sans même savoir de quoi le Hobbit et le géant parlaient, hocha précipitamment la tête.
Mieux valait ne pas contrarier le titan...

Le reste du repas se termina dans la bonne humeur. D'autres hommes rejoignirent le Gobelin, le milicien et le Sinari pour chanter des chansons, se moquer gentiment de Sump ou raconter des blagues salaces.

Ce dernier, peu sociable, n'avait pas apprécié ce moment mais son plat était tellement bon...

À la fin du repas, les yeux de Sump se fermaient pratiquement tout seul et son ventre était une fois de plus plein à craquer.
Ce dernier sauta donc de son tabouret dans l'espoir de rejoindre Wace pour se coucher mais Kronh n'en avait pas encore fini :

"Hop, hop, hop ! Où tu vas comme ça ?"

"Dormir." répondit le Gobelin. "Merci pour la viande." ajouta-t-il, espérant que cela suffirait à attendrir le colosse.

"Désolé, mais il y a encore un truc qu'il faut que tu goûtes mon gars..."

Devant la mine soupçonneuse du Sekteg, Kronh s'esclaffa :

"Eh ben quoi ? Est-ce que jusqu'ici, je t’ai fait goûter des choses merdiques ?"

Il était vrai que le milicien était remonté dans l'estime de Sump en lui faisant découvrir l'Urikan.
Le Sekteg se hissa donc à nouveau sur le haut tabouret sur lequel il était assis quelques secondes plus tôt.

"Il est temps pour toi, Grenouille, que tu dégustes un bon petit casse-poitrine bien de chez moi...Patron, un demi-demi-demi-verre de Capsésin s'te plaît...bien diluée dans de l'eau..."

"T'es cinglé ou quoi ? Il va mourir là !" s’éberlua Ripaton.

"C'est clair...il va être raide comme un balai s'il boit ça..." commenta un autre homme aux cheveux blond et à la mine patibulaire.

"Allons, allons ! C'est un Gobelin ou s'en est pas un ?" tonna Kronh. "Sers m'en une lichée à moi aussi tiens !"

Ripaton posa un petit verre devant Sump rempli d'un liquide rouge transparent et lui lança un regard compatissant. Le Gobelin s'approcha du récipient et renifla.

(Qu'est-ce que ...?)

L'odeur était horrible. Il avait l'impression que du froid se frayait un chemin de ses narines jusqu'à son cerveau. Il regarda du côté de Kronh. Celui-ci avait un verre identique au sien sauf qu'il était moins rempli. Par contre, la boisson à l'intérieur était d'un rouge écarlate.

"Bon, Grenouille va falloir que tu le boives d'un coup, d'accord ? C'est comme ça que faut faire. Tu avaleras et tu recracheras rien, compris ? Je veux pas de gaspillage. "

Le colosse paraissait excité et nerveux à la fois ce qui inquiétait fortement le Sekteg. Si c'était cette boisson qui le mettait dans cet état, un géant tel que lui, c'était qu'elle devait faire quelque chose de terrible. Il repensa à la phrase de Ripaton : "Il va mourir s'il boit ça !".

Sump baissa les yeux sur son verre, les yeux agrandies par la peur.

"Aller, on va y aller en même temps !" lança Kronh en prenant son verre qui semblait minuscule dans sa grosse main, entre deux doigts "À trois...un..."

Sump prit à son tour son verre et déglutit avec difficulté. Il ne voulait pas vraiment goûter mais avait-il le choix ? De plus, il fallait avouer que cette boisson avait piqué sa curiosité.

"Deux..."

De toutes façon, si Kronh en buvait c'est qu'elle ne devait pas faire quelque chose de si terrible que ça...

Le Gobelin se rendit alors compte que même les musiciens avaient arrêtés de jouer avec leur objets et un silence pesant régnait à présent dans l'auberge. Ils étaient le centre de l'attention et Sump détestait cela.

"Trois !"

En quelques bruyantes gorgées, le Gobelin vida son verre. S'il craignait le goût qu'allait avoir cette boisson, il savait que la punition de Kronh, s'il ne respectait pas ses ordres, serait bien pire.
Toutefois, il eut un doute sur cela dès qu'il eut avalé. Quel goût immonde...

Le Gobelin serra les mâchoires à s'en éclater les dents, les yeux grand ouverts, dans lesquels des larmes commencèrent à apparaître. Il avait l'impression d'avoir du feu dans la bouche, dans le crâne, dans les oreilles et dans le nez tandis qu'il posait maladroitement son verre sur la table du comptoir et que ses ongles sales se plantaient dans le bois. Un des hommes autour d'eux lui donna une claque dans le dos qu'il sentit à peine.
À ses côté, le milicien avait lui aussi vidé son verre d'un trait puis avait hurlé une sorte de rire démentiel pour ensuite ruer le comptoir de coups sous les acclamations des autres hommes.

Sump serra les poings, ferma très fort les yeux et baissa la tête pour étouffer une quinte de toux. Il eut alors un vertige et comme dans un rêve, descendit de son tabouret sous les regards moqueur de la foule.

"Elle arrache hein ? réussit à articuler Kronh malgré sa propre bouche en feu. "Ce que tu viens d'avaler, c'est rien de moins que l'alcool le plus fort au monde mon gars !"

Alors, en ignorant parfaitement pourquoi, le Gobelin sourit niaisement de toutes ses dents.

La suite.

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Sump


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