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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Jeu 27 Déc 2012 06:55 
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19. Le départ.


Ils commencèrent enfin leur voyage entre la tierce et la sexte. Le soleil était maintenant assez haut dans le ciel et frappait douloureusement le haut du crâne des voyageurs si bien que Kronh avait enlevé son heaume et Sump son petit casque gris.

Ils avaient retrouvé le milicien géant aux portes de la ville par lesquelles ils étaient eux-même sortis. Il était juché sur son puissant étalon noir et avait un peu bougonné au début contre leur retard mais avait finalement bien rigolé en voyant la dégaine du Gobelin avec son nouveau couvre-chef, ses oreilles pointant furieusement de chaque côté de sa tête. Puis il avait jeté son silex au Sekteg qui l’attrapa de justesse. Ce dernier, même s'il se demandait comment cela était possible, était content de retrouver son précieux caillou.

Ils reprirent ensuite la même route que pour aller à la forêt de Sump, mais au lieu de descendre dans la vallée, ils continuèrent un peu sur la piste avant de tourner à droite, sur une autre route, en direction du nord.
Kronh chevauchait fièrement devant, son armure aux couleurs de la milice de Dehant brillant au soleil. Une lourde épée à double tranchant était fixée entre ses épaules, pommeau vers le haut tandis que deux redoutables haches de jet pendouillaient à son ceinturon.
Les courts cheveux bruns du colosse flottaient, emportés par la légère brise qui soufflait dans ses vastes plaines et collines herbeuses.
Wace, une légère épée à sa ceinture pour toute arme, chevauchait derrière le Gobelin.

Ce dernier observait le paysage qui l'entourait. Toute sa vie, il l'avait passé à aller de forêt en forêt, évitant les Humains et les routes le plus possible. Il fut donc complètement dépaysé devant les plaines et les collines verdoyantes abritant des fermes de différentes tailles et de nombreux hameaux parfois encore plus petits que celui à côté de sa forêt et parfois bien plus grand. Les collines, elles, dans un léger bruit de clapotis très relaxant, laissaient souvent couler de petits ruisseaux qui zigzaguaient entre les herbes folles, peut-être destinés à -un jour- devenir de gigantesques fleuves, qui sait ?

Si Sump avait évité toute son existence les routes comme la peste, c'était pour une bonne raison. Le Comté de Nelys étant paisible et tranquille, rare était la présence de brigands et autres malheurs sur les pistes. Aussi, il n'y avait pas vraiment de dangers à voyager à travers la région. En conclusion, les routes étaient fréquentées.

Plusieurs fois, en effet, ils croisèrent une calèche ou une charrette conduites le plus souvent par un Hobbit ou encore un Humain qui montait, comme eux, un fidèle cheval. Ils croisèrent même une Naine aux cheveux roux sur le dos de son bouc. Elle avait un air bougon et rageur sur le visage. Le Gobelin ne le saurait jamais, mais il s'agissait de l'épouse de Rondolpho, le Thorkin bruyant et bavard avec qui il avait partagé sa cellule dans les cachots de Dehant, il y avait maintenant moins de vingt-quatre heures.

Quand vint l'heure du Midi et que les ventres commençaient à s'impatienter, ils s’arrêtèrent à l'ombre d'un grand sapin très touffu, attachèrent les bêtes et allèrent se rafraîchir le gosier et le visage dans le mince filet d'eau fraîche qui sortait d'une colline.

Kronh s'esclaffa devant la démarche gauche de Sump qui avait très mal au postérieur, n'étant pas habitué aux longues heures assis sur une selle :

"Je vais peut-être me mettre à t'appeler Canard au lieu de Grenouille maintenant, qu'est-ce que t'en dis ? Ah, ah !" Avait-il dit, conservant son humour débordant en toute situation.

Le colosse connaissait très bien la région. C'est lui qui leur avait déniché ce petit coin de paradis.

"C'est ici que j'ai dormis, épuisé, en venant de Tulorim. Un bon petit coin ça. Vous trouvez pas ?" Leur avait-il dit devant l'air ravis de Wace.

Il s'était ensuite affalé sur le dos, la tête sous ses bras repliés contre le tronc du sapin et avait entrepris de faire une sieste. La milicienne lança un regard stupéfait au Gobelin qui resta neutre.

"Kronh ? Je te rappelle au cas où tu l'aies oublié, qu'un homme est peut-être en danger, là !" Avait-elle sifflée en se postant, menaçante, devant la grande carcasse du géant.

Ce dernier redressa la tête et lui grogna :

"Tu crois vraiment qu'il est encore vivant, ton gus ? Personne ne sait ce qu'il y a dans cette ferme. Je parierais sur une Banshee, personnellement. Et si c'est ça, le pauvre est déjà mort depuis longtemps. Alors détends-toi, poses un peu ton cul et..."

"On nous a donné une mission donc on l'a fait, c'est tout ! C'est pas à toi que je vais apprendre ça, quand même ! Et qu'est-ce que t'en sais qu'il est mort ?! Pourquoi nous aurait-on envoyé la-bas si il n'y avait plus aucune chance ? Hein ? J'attends !" Explosa la milicienne, les poings sur les hanches.

Ceux à quoi Kronh répondit calmement, nullement impressionné :

"On nous a "envoyé" la-bas pour faire le ménage, miss, c'est différent. Et c'est pour ça que je suis avec vous. Au cas ou ce soit dangereux..."

Hors d'elle, Wace leva furieusement les yeux au ciel en poussant une exclamation indignée. Elle se détourna rageusement, fouilla dans le sac de Kronh accroché à sa jument pour y sortir du pain et des ailes de Tiroli et hurla un "A table, bordel !" pour que Sump, qui avait disparu au début de la dispute, rapplique.
Celui-ci les avait laissé se disputer et était monté jusqu'au sommet de la colline d'où coulait le ruisseau. Son corps entier dans le soleil, il inspira une grande bouffée d'air et profita de ces quelques instants de solitude en regardant le paysage au loin, entendant les voix de ses deux acolytes se chamaillant. Pour une fois que Kronh le laissait tranquille, il n'allait pas se plaindre.
Quand il entendit l'appel furieux de la milicienne, il descendit à toute vitesse de la saillie, craignant le coup de colère de la jeune femme autant qu'il était affamé.

La suite.

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Sump


Dernière édition par BreadOOney le Ven 26 Aoû 2016 08:26, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mar 8 Jan 2013 13:27 
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La Shaman poussa un nouveau soupir de soulagement, en constatant que Saron était sur la même longueur d’onde qu’elle. Rien ne servait de s’attacher trop aux autres, car ce lien risquait de devenir une faiblesse à laquelle Lilie ne pouvait se permettre de s’exposer. Les temps étaient bien trop dangereux et imprévisibles pour cela.

Son interlocuteur si aimable poursuivit alors, et confirma les inquiétudes de la Taurion. Comment parvenir à faire quitter ses fonctions à un Ermite si indispensable à la vie de toute une communauté ? Comme à chaque fois lorsqu’elle se trouvait face à un mur infranchissable, la Shaman décidait de temporiser les choses et de remettre la pression à plus tard.

« On trouvera bien une solution le moment venu pour permettre aux moines de se passer de lui, chaque chose en son temps. Avec tous ces voyages, je suis bien obligée d’apprendre à relativiser, sinon je serai déjà morte d’angoisse. Des obstacles, j’en ai déjà rencontrés et j’en rencontrerai encore bien d’autres, plus difficiles à contourner les uns que les autres ! »

Sa remarque était lancée sur le ton de l’humour, pour autant, elle n’était on ne pouvait plus sérieuse. Elle développait au fil de ses interminables trajets, une philosophie de vie et de pensée qui ne cessait de s’étoffer au fil des rencontres et de ses réflexions personnelles. Sa famille avait eu raison de l’encourager dans sa quête personnelle en la laissant partir, car elle la menait vers toujours plus de sagesse, de prise de recul et de maturité. Jamais, sous terre, en compagnie des siens dans la forêt d’Eniod, elle n’aurait pu parvenir à ainsi développer son identité, sa volonté et son savoir.

« Finissons donc ce revigorant repas, après quoi je serai totalement remise. Tes soins m’auront beaucoup aidé, cela dit, je crois que ce sont tes pouvoirs qui ont fait le plus gros. Je n’y connais pas encore grand-chose en la matière, mais je ne suis pas tombée de la dernière pluie. La chair ne cicatrise pas aussi vite que ça et la douleur ne s’estompe pas si rapidement non plus, même avec toute la bonne volonté du monde, sans magie. Il faudrait peut-être qu’un jour, j’apprenne à faire ça… »

Mais pour l’heure, il fallait finir de manger, puis se hâter de se préparer. En moins de trente minutes, la Taurion fut prête, après qu’elle eût effectué un dernier brin de toilette revivifiant lui ayant permis de renouer le contact avec son corps si malmené la veille. Elle avait finalement pu se débarrasser des derniers bandages qui ne servaient maintenant plus à rien puisque la magie avait fait son œuvre.

Rassemblant ses affaires, elle mit de l’ordre à l’intérieur de son sac qui avait été mis complètement sans dessus ni dessous par l’agitation du combat. Elle fut soulagée de constater que sa gourde magique n’avait pas le moins du monde été endommagée. Seules quelques pages écornées et parfois déchirées des livres qu’elle s’était vue offrir par les femmes de la Sororité de Selhinae se faisaient les témoins de la bataille qui avait fait rage.

En hâte, elle s’était alors rendue à l’extérieur, les bras chargés de vivres préparés par Saron pendant le temps de sa toilette. Depuis son réveil, elle avait complétement oublié Marno, à qui elle avait demandé de s’éloigner pour lui épargner bien des souffrances inutiles durant les affrontements. Une pointe d’angoisse lui serra le ventre, alors qu’elle ne le vit pas immédiatement.

« Marno ! », s’était-elle exclamée à plusieurs reprises. Un hennissement que Lilie trouva remplie d’insouciance eut raison de ses inquiétudes et elle se dirigea vers l’arrière de la maisonnette d’où provenait le cri paisible de son cheval. La Shaman était heureuse de le retrouver, lui qui avait sans doute bien profité de cette journée de repos pour se remplir la pense et combler le manque que la présence de ses congénères devaient lui causer lorsqu’il était seul avec sa maîtresse en voyage.

« Tu n’es qu’un goinfre ! », lui lança-t-elle en éclatant de rire, alors qu’elle entamait les préparatifs de sa monture, entre deux gestes de tendre affection. À l’aide d’une brosse qui traînait là, elle choya son poil et son crin, après quoi elle s’occupa d’arnacher convenablement Marno qui avait déjà compris que son repos s’achèverait sur l’heure. Lilie se plut à croire qu’en voyant son ami Saron préparer lui aussi son cheval juste à côté, Marno comprendrait qu’il ne serait plus un cheval solitaire.

« Bien, je pense que l’on est prêt à partir. Qu’en dis-tu ? », interrogea Lilie à l'attention de Saron, sans quitter sa monture du regard.

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Dernière édition par Lilie le Jeu 14 Jan 2016 14:39, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Ven 18 Jan 2013 11:48 
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Saron qui était également en train de préparer sa monture pour la route te regarda et te faisant un signe de tête affirmatif, se mit en selle.

- "La journée n'est pas encore trop avancée, avec un peu de chance nous pourrons arriver à l'entrée du désert à la nuit tombée."

Donnant un léger coup de talon à cheval, il rejoignit tranquillement la route menant au désert de l'est. Il attendit que tu le rejoignes avant de reprendre.

- "Pour tout te dire, je ne t'aurais jamais laissé allé seule dans ce désert. Tu ne le connais pas aussi bien que moi et il n'est pas rare d'apprendre qu'un étranger y a perdu la vie."

Il tapota doucement son sac à dos ainsi que ses sacs de selle.

- "J'ai tout ce qu'il faut là-dedans pour ne pas être ennuyé pour la nuit et aussi de quoi boire, le désert peut être très chaud en pleine journée."

Il te montra ensuite qu'il avait collé son arc sur la croupe de son cheval.

- "Nous avons tous les deux des fluides en nous, mais garde ton épée à portée de main, on est jamais trop prudent. Et maintenant en route !"

Le cheval de Saron se cabra avant de se mettre en route.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mar 16 Avr 2013 06:23 
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22. Face au vent.

Le lendemain matin, le trio reprit la route. Ils s'étaient à nouveau engagés sur la piste principale en direction du nord de Nelys pour se rendre à leur destination : la Ferme Abandonnée, le lieu ou un aventurier avait récemment disparu.
Ils chevauchaient en silence.
Vraiment en silence.
En faites, pas un seul mot n'avait été échangé depuis que Wace eut réveillé ses deux acolytes de leur demi-coma éthylique dans ce qui restait de l'auberge des Joyeux Fêtards.

La jeune femme était de très mauvaise humeur et pour cause, avant de repartir, il avait fallu retrouver les équipements des deux fêtards dans le capharnaüm environnant : la grosse épée de Kronh plantée dans un des murs de bois de l'auberge et le casque de Sump remplit d'alcool à ras bord, entres autres. Une des deux haches de jet de Kronh était toutefois restée introuvable.

Il avait ensuite fallu dénicher Ripaton pour régler la soirée, la chambre, la nourriture et l'alcool. Tout cela valait, au final, une grosse somme d'argent.
En effet, car si Sump s'était contenté de son verre de Capsésin diluée et de quelques fonds, Kronh, lui, s'était montré un peu plus difficile à remplir...

Toutes ces choses, en plus du comportement menaçant de Kronh la veille avaient vraiment mis Wace en pétard et avaient encore dégradé sa relation, déjà houleuse, avec son collègue.

Sump, les yeux rouges et difficilement ouverts, boucha une de ces narines en posant son index dessus et expira brutalement : un corps étranger vert jaillit et tomba sur la route. Il effectua la même chose avec l'autre narine sans remarquer le regard dégoûté et agacé que lui lança la jeune femme chevauchant derrière lui et ignorant le "T'es dégueulasse, Grenouille" de Kronh qui était à l'avant.

Le Gobelin, placé au milieu, souffrait d'une migraine effroyable et ne se rappelait de la soirée d'hier uniquement par flashs. Il se souvenait vaguement avoir dansé sur une table devant un public aussi imbibé que lui et avoir évité une des haches que Kronh avait balancé à deux centimètres de son nez. Il se rappelait aussi avoir entendu Ripaton hurler, sa voix fluette perçant le chaos général :

"Kronh, à chaque fois que tu viens ici, c'est le véritable bordeeeeeeeeel !"

Il savait aussi avoir parlé de Luda et de son collier mais il ne saurait dire ce qu'il avait bien pu raconter.

Étant sûr que cette folie, cette perte de mémoire ainsi que cette migraine étaient des effets uniquement causés par le Capsésin, qui d'après lui, devait être une sorte de poison, le Sekteg se jura intérieurement de ne plus jamais en boire. En outre, il avait une soif inapaisable et un horrible goût dans la bouche, qui, malgré l'aile de Tiroli mangée sans faim au petit déjeuner ne voulait pas partir.

"De l'eau." demanda le Gobelin à Wace en se retournant sur sa selle.

Elle l'ignora complètement en tournant la tête sur le côté pour contempler une colline qui n'avait rien d’intéressant, le visage fermé. Elle lui en voulait presque autant qu'à Kronh.

"S'il te plaît ?" ajouta le Sekteg.

Il crut qu'elle n'allait pas réagir mais finalement, en affichant une mine exagérément agacée, elle sortit une gourde de la sacoche qui ballotait contre les flancs de sa jument couleur cerise et la lui lança.
Habilement, le Gobelin l'attrapa au vol et but goulument plusieurs gorgées.

Alors qu'il redonnait la gourde à Wace, Kronh ralentit pour se retrouver à leur hauteur et leur proposa :

"Ça vous dit un petit galop, histoire de se remettre en forme ?"

Sump pencha la tête sur le côté :

"Un quoi ?"

Il se retourna vers Wace dont le visage s'était éclairé et qui se retenait visiblement de sourire. Ne voulant pas pardonner comme ça, elle haussa les épaules.
Le colosse éclata d'un rire épais :

"Aller poulette, je sais que t'adores ça ! Ya !" lança-t-il en secouant ses rênes et en talonnant son puissant étalon noir qui se mit aussitôt à courir en poussant un soufflement.

Le Gobelin, surpris, le regarda partir loin devant et sursauta à moitié quand Wace le dépassa, elle aussi poussant des "Ya" et en secouant ses propres rênes.

Pris de panique en voyant ses deux partenaires prendre de la distance à travers la piste, il remua à son tour ses brides en tapant avec ses étriers :

"Euh...ya ! Aller ! Ya !" Cria-t-il maladroitement, s'attirant un regard étonné d'un cavalier portant un chapeau marron qui allait dans le sens inverse.

Mais le petit poney, assez faignant, n'avait à priori aucune envie de courir et peinait à se mettre en action. Pourtant, petit à petit, l'animal se mit à trottiner sur ses courtes pattes et à prendre un peu de vitesse jusqu'à atteindre le galop.

"Hé, doucement quand même !" grogna le Sekteg qui raffermit la prise de ses jambes autour des flancs de sa monture et en posant la main sur son casque pour éviter de le perdre.

Le galop provoquait plus de secousses que le trot. Alors, bien que Sump se cramponnait fermement à ses rênes, il se sentait peu à peu déraper sur le côté de sa selle.

Ainsi, Wace et Kronh, qui avaient fait demi-tour pour voir où en était leur acolyte vert, ne le voyant pas arriver, éclatèrent tout les deux de rire en voyant débarquer le drôle de duo : une bestiole trapue qui courait tel un Nain en colère avec sur le dos un Gobelin qui essayait à tout prix de garder son calme et son casque.

La jeune femme, qui avait enfin retrouver sa bonne humeur le félicita en se mettant à son niveau quand il les dépassa :

"Tu te débrouilles pas mal du tout pour une première fois !"

Sump lui répondit en grognant au moment où Kronh surgit à son tour de l'autre côté, afin d'encadrer le Sekteg et plaisanta :

"Ouais ! C'est comme la bringue ! On dirait que t'as fait ça toute ta vie !"

Et sur un éclat de rire tonitruant, il éperonna sa monture afin qu'elle prenne de la vitesse et partit quelques mètres en avant.
Wace, elle, resta au même niveau que le Gobelin et prit appui sur ses étriers afin de se lever sur sa selle. Après quoi, elle se détacha les cheveux, écarta les bras et poussa un grand cri de bonheur, ses boucles d'or s'envolant au gré du vent.

Sump la regarda quelques instants. Vu comme elle rayonnait de joie, il se dit que cela devait être vraiment génial. Ainsi, par étapes successives, il finit par se lever sur ses étriers, toujours en tenant les rênes par contre et fit, au bout d'un moment, lui aussi, face au vent...et c'est vrai que c'était pas mal...
Lui faisant oublier une court instant sa migraine, le vent s’infiltrant dans ses oreilles, dans sa bouche grande ouverte, dans sa tunique, tout cela en rythme avec la course du petit poney qui courait maintenant aussi vite qu'il pouvait, soufflant sous l'effort.

Les conducteurs des chariots ou des charrettes qu'ils croisèrent, les saluèrent en se levant eux aussi, ou en levant leurs chapeaux.

Sump ne se rendit même pas compte que lui aussi, souriait, dévoilant ses dents pointues et pas très propres.

Il se sentait bien. Et le fait d'être au galop sur un poney n'était pas la raison de ce bonheur.

Toute sa vie, il avait dû se cacher pour éviter tout les dangers possibles qui le menaçaient, pour éviter que la mort à laquelle il avait échappé de justesse à l'âge de trois ans et demi ne le fauche subitement. Toute sa vie il avait dû voyager de nuit pour éviter de se faire voir, toute sa vie il avait dû s'isoler du monde. Faire attention tout les jours, être méfiant tout le temps, même avec les habitants du petit hameau à côté de sa forêt.

Il se rendit compte que toute sa vie, il avait été prisonnier de sa solitude, de sa peur de l'inconnu.
Maintenant, même entouré de deux miliciens, il se sentait libre. Plus qu'il ne l'avait jamais été.

Il n'avait plus besoin de se cacher, plus besoin de s'isoler.

Il faisait, voyait et vivait des choses que jamais dans sa vie il n'avait espéré faire, voir et vivre. Il se découvrait petit à petit un goût pour l'aventure, le voyage et la découverte et en voyant les vastes plaines verdoyantes de Nélys s’étendre à perte de vue, il eut un vertige en se demandant quel genre de tonne de choses il n'avait pas encore vu, sentit, toucher. A côté, son ancienne vie lui paraissait bien triste...et fade.

Ils galopèrent ainsi pendant cinq bonnes minutes avant de s'arrêter pour laisser boire les chevaux à un petit point d'eau abrité par un grand pommier à une centaine de mètres de la route, connu encore une fois de Kronh, qui connaissait décidément vraiment bien la région.
Se sentant un peu plus en confiance, le Gobelin osa le lui dire, alors qu'il laissait son poney s'abreuver :

"Tu connais bien le pays."

Ce à quoi le colosse répondit, d'un air presque las, en s’accroupissant près de l'eau :

"Tu n'imagines même pas le nombre de choses que je connais, mon gars."

Puis, sans ajouter quoi que ce soit, le milicien avait plongé sa tête dans l'étang.
Lorsque le regard du Gobelin, interdit, croisa celui de Wace, qui était en train de donner une pomme à sa jument, elle s'était contentée de lever les yeux au ciel en secouant la tête et en souriant.

***

Ils atteignirent la lisière de la grande forêt du comté de Nelys en milieu d'après-midi. D'ici, les montagnes les écrasaient de toute leurs hauteur mais étaient tout de même à une bonne distance.

Cette forêt où Sump avait vécu pendant à peu près deux ans et qu'il avait dû fuir, la trouvant finalement bien trop néfaste pour lui. Trop dangereuse.
Il s'agissait d'une grande forêt de touffus et de sapins abritant une multitude de prédateurs comme des loups mais aussi des trolls, bien plus redoutables.

Elle était traversée par une piste que des courageux avaient tracée et qui évitait la partie la plus mortelle de la forêt. Celle qui longeait les montagnes. C'était dans les grottes de cette dernière que les Trolls vivaient.

On arrivait à cette piste en quittant la route principale et en descendant par une autre dans une petite vallée où était nichée une grande partie de la forêt.

Le trio s'arrêta devant l'endroit où le chemin s'enfonçait dans les bois et Kronh prit la parole :

"Bon, on peut éviter de passer par cette forêt en continuant sur la route principale mais on a déjà perdu assez de temps comme ça, n'est-ce pas Grenouille ? Donc on va couper par là."

Sump et Wace se figèrent sur leurs selles.

"On va aller la-dedans ?" demanda la jeune femme avec de grands yeux. "Je croyais que tu voulais juste qu'on dorme là cette nuit, moi !"

"Dormir alors qu'il reste encore trois ou quatre bonnes heures avant la tombée de la nuit ?" railla le colosse. "Je te signale qu'un gars est peut-être en train d'essayer de survivre dans cette ferme... En passant par la forêt, on gagne un jour de marche. Voir plus."

Avant que Wace n'ait put répliquer quelque chose sur sa petite sieste sous le sapin et le départ tardif dû à sa cuite monumentale, Kronh continua en désignant Sump, qui n'était pas ravis non plus de revisiter cette endroit, du pouce :

"Et puis il faut bien que ce gus-là serve à quelque chose...Il paraît qu'il connaît cette forêt comme sa poche."

_________________
Sump


Dernière édition par BreadOOney le Ven 26 Aoû 2016 08:28, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Jeu 18 Avr 2013 09:47 
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23. Orque géant, boule de poil et serpent rose.


Cela faisait bien deux heures maintenant que le trio progressait, les un derrière les autres, sur l'étroit sentier qui traversait la grande forêt du Nord de Dehant.
Ils parlaient peu, étant tous assez nerveux. Même Kronh qui d'habitude se montrait si détendu et nonchalant savait apparemment qu'il valait mieux éviter d'attirer l'attention dans cet endroit.

Personne n'allait jamais dans cette forêt et ce pour une raison bien simple : non seulement il n'y avait rien à y faire et rien à y trouver, ou en tout cas c'était ce que tout le monde pensait, mais en plus de redoutables créatures y vivaient. Ce n'était pas pour rien que cette forêt était considérée comme l'un des endroits les plus dangereux du comté. Et un des seul d'ailleurs...

"Bon, Grenouille, à la moindre chose qui te tracasse, qui te met la puce à l'oreille ou quoi, tu nous prévient, d'accord ?" avait indiqué Kronh au Gobelin en entrant dans les bois.

Apparemment il savait que les sens des Sektegs étaient bien plus aiguisés que ceux des Humains, mais jusque là tout allait bien. La forêt était calme en cette après midi ensoleillée, et bien que les rayons du soleil, qui faiblissaient à mesure que les heures passaient, avaient de plus en plus de mal à percer le feuillage des arbres, elle semblait presque aussi inoffensive que l'ancienne sylve de Sump.
Wace s’émerveilla même devant un duo de papillons qui dansaient l'un autour de l'autre en volant et en traversant nonchalamment le petit sentier. Ils avaient des couleurs magnifiques. Du jaune, du gris ressemblant à de l'argent et un peu de bleu sur le bas de leurs ailes délicates.

Le Gobelin, lui, les avait regardé sans qu'il ne leur trouve quoique ce soit d'incroyable. Il s'était juste dit que si son estomac n'était pas en train de digérer les aliments et boissons inhabituellement riches qu'il avait avalé ces derniers temps, le Sekteg aurait volontiers fait de ces deux insectes volants son quatre heure.

Soudain Kronh arrêta son cheval d'un coup et murmura :

"Nom d'une couille de Cyclope, vous avez vu ça ?"

Il y avait apparemment quelque chose devant lui qui le perturbait au plus haut point mais Sump, bien qu'étirant son cou et sa tête de tout les côtés pour apercevoir quelque chose malgré la carcasse du milicien et de son cheval, ne vit rien du tout.

"Qu'est-ce qu'il y a Kronh ? Sump, tu vois quelque chose ?" demanda la milicienne d'un ton inquiet.

Le Gobelin allait se retourner sur sa selle pour répondre par la négative lorsqu'il se figea.

Quelque chose d'énorme apparaissait petit à petit dans le feuillage des arbres qui se trouvaient à sa droite.
Lentement, la chose prit forme jusqu'à ce que le Gobelin puisse enfin identifier ce que c'était. Une créature qui avait pendant longtemps hantée ces cauchemars, lui faisant passer des nuits horribles : Un Orque.

Il devait bien mesurer trois ou quatre mètres de haut et avait d'énormes muscles, comme tout Garzoks qui se respecte. Sa peau était d'une couleur avocat sauf sur la clavicule et l'épaule gauche ou une horrible tâche rose orangé avait remplacée le vert et avait ridée son épiderme.
Son corps était protégé par un mélange de différentes pièces d'armures hétéroclites, de peaux de bêtes et de tissus. Ses poignets portaient chacun une sorte de bracelet munit d'une grosse gemme noire comme la nuit, tandis que ses deux mains tenaient chacune une arme effrayante : l'une brandissait un gigantesque goupillon alors que l'autre tenait un sabre doré, non moins grand, dont la lame était douloureusement ébréchées.

Pour compléter cette vision d'horreur, le monstre portait sur son visage une sorte de demi-masque en métal noir aussi lisse et réfléchissant qu'un miroir destiné à en cacher la partie gauche qui était sûrement atteinte du même mal que le haut de son bras. Cette plaque enveloppait aussi la moitié de son crâne et était percée d'un trou pour l’œil qu'on devinait rouge.

Le monstre fixait Sump sans bouger, un drôle de sourire sur la partie visible de sa gueule pleine de crocs, pendant que le chétif Gobelin s'était mis à trembler comme une feuille, totalement surpris et écrasé par la présence incongrue de ce colosse.

"Sump ? Sump, ça va ?" s'inquiéta la jeune femme, ne le voyant plus bouger. Elle ne semblait pas encore avoir vu le monstre malgré son imposante taille et son immense carrure.

"Bon, ne vous inquiétez pas...cette boule de poils est énorme et a l'air agressive mais je vais la faire dégager..." Dit le milicien, à l'avant, en descendant lentement de son cheval en fixant le devant du sentier.

Il ne se rendait pas compte que son acolyte vert lui, regardait plutôt vers la droite et que Wace, maintenant livide, s'était mise à regarder sur sa gauche.

"V...Vous avez vu la taille de...de ce serpent ?" bafouilla-t-elle.

"Tu trouves qu'il ressemble à un serpent ?" railla Kronh en dégainant son épée du fourreau entre ses omoplates, l'air nerveux. "C'est marrant...je savais pas que les tigres pouvaient avoir cette couleur là..."

Le Gobelin détacha un instant ses yeux de l'immense Orque pour froncer les sourcils.

Tigre ? Serpent ? Et il n'avait pas senti leurs odeurs ? Même pas celle tu tigre ?

Alors le Gobelin comprit ce qu'il n'allait pas et pourquoi chacun voyait des choses différentes.

Il y avait maintenant à peu près dix ans de cela, il avait réussi à attrapé son premier lapin alors que celui-ci était paralysé de peur et ce, à cause d'une plante qui lui faisait voir des choses horribles et effrayantes autour de lui.

Quelques instant après avoir tué le rongeur, le Gobelin avait été à son tour sujet à des hallucinations, et s'était retrouvé encerclé par des tas et des tas d'Orques qui changeaient de couleur. Il avait alors pris la fuite, abandonnant son lapin.

En grandissant, il avait appris à repérer cette plante et à l'éviter comme la peste, surtout la "poudre" qu'elle lâchait ou à ignorer les hallucinations, ce qui était très dur psychologiquement mais faisable.

Le Gobelin se retourna alors sur sa selle, ignorant maintenant totalement le monstre qu'il voyait toujours à côté de lui mais qui ne bougeait toujours pas et, pendant que Kronh frappa une première fois dans le vide avec son arme, il lança à la jeune femme avec le peu de vocabulaire qu'il avait :

"C'est dans ta tête, rien n'est vrai ! C'est une plante qui fait ça !"

La milicienne détacha son regard du serpent imaginaire et lança un sourire crispé au Gobelin :

"Je m'en doutais un peu...ça se saurait si les serpents roses géants existaient..."

"C'est la poudre."

"La poudre...? Ah, les spores, tu veut dire ? AH !"

Elle poussa un cri aigu en regardant vers le haut, alors qu'il n y avait rien puis reporta son attention sur Kronh qui combattait avec le vide. Sump le regarda aussi, en tentant d'ignorer sa vision Orquesque. Le milicien maniait son épée à deux mains comme un véritable virtuose, la faisant tournoyer, trancher de tout les côtés, exécutant une danse mortelle.

C'était, à ne pas en douter, un redoutable escrimeur qui combinait sa force brute à une maîtrise parfaite de son arme... Malheureusement le fait qu'il soit en train de s’exciter sur une "boule de poil" imaginaire atténuait bien son image.

"Dites, vous voudriez pas me filer un coup de main ?" Grogna-t-il. "Il esquive tout mes coups c'te saloperie de chat !"

La milicienne essaya un instant de lui faire comprendre que ce n'était qu'une hallucination causée par les pollen d'une plante mais non seulement il n'écoutait pas, mais en plus les chevaux commençaient eux aussi à voir des choses pas nettes autour d'eux, les rendant nerveux.

"Il faut trouver cette plante et la détruire." finit-elle par dire.

Sur ce, elle descendit de sa monture et ordonna au Gobelin de venir avec elle pour qu'il puisse lui dire laquelle c'était.
Ce dernier, ne comprenant pas trop comment détruire une plante, même en l'écrasant bien, pouvait empêcher ses spores de flotter dans les airs, la suivit toutefois sans discuter, laissant Kronh seul avec son délire.

Ils parcoururent quelques mètres dans les brousses, écartant la dense mais basse végétation. Le Gobelin regardait partout autour, ignorant avec plus ou moins de difficulté les images effrayantes que les spores faisaient endurer à son cerveau.

Ne connaissant aucun jurons, Sump se contenta de grogner.

(Elle peut pas être loin...et le vent souffle de ce côté là, donc c'est obligé que...)

Derrière lui, Wace le suivait d'un pas rapide et nerveux. Elle devait voir, tout comme lui, des images mais elle les ignorait avec brio ...

Alors, il s'arrêta devant une hallucination qu'il ne pouvait pas ignorer complètement. Il n y avait plus l'Orque au masque et à la tâche rose mais à la place il y avait une multitude d'autres de la même espèce, toutefois plus petits, tous identiques, qui le regardaient tous avec le même air bizarre. Ils commencèrent à prendre des couleurs farfelues, devenant jaunes, bleus puis rouges.

De peur devant cette vieille image, le Gobelin tourna la tête sur la gauche et alors, il la vit. Elle était tranquillement là, à une dizaine de mètre sous un arbre gigantesque.

C'était une plante d'à peu près deux mètres toute grise et toute laineuse. Elle avait quelques fleurs blanches et noir et on voyait distinctement ses spores flotter paisiblement au travers d'un rayon du soleil couchant, tel de la poussière.

Le Gobelin la pointa du doigt :

"Elle !"

Aussitôt, la milicienne leva sa main droite vers le végétal hallucinatoire, les doigts pointés dans sa direction et commença à murmurer des choses, fixant la plante du regard comme si elle voulait la détruire rien qu'avec la force de son regard.

Sump pencha la tête sur le côté en la voyant faire tout en ignorant la tribu d'Orques multicolores autour d'eux, qui se rapprochait et se rapprochait encore, sans bouger toutefois, preuve qu'ils n'étaient pas réel.

(Qu'est-ce qu'elle...?)

Un craquement sec retentit alors et la plante grise s'embrasa soudain dans une explosion de flamme orangées, comme par magie.
Sump avait sursauté tellement fort qu'il s'était mordu la langue. Puis, sa tête allant de la jeune femme à la plante, il ne put se retenir de pousser un :

"Que...Quoi ?!"

La jeune femme, très concentrée sur ce qu'elle faisait, ne lui prêta aucune attention, ses yeux fixant toujours la plante qui était maintenant en train de se replier sur elle-même.
Ces yeux brûlaient d'un reflet orangé de la même couleur que le halo dont baignait maintenant sa main dressée.

Le Gobelin, bouche bée, contempla l’immolation du végétal, les yeux agrandis par la surprise, l'incompréhension et peut-être bien par la peur.

Il était scié.

Il connaissait le feu, il s'en était même fait quelques uns lors de certaines nuits particulièrement fraîches, mais il se demandait...Comment ? Comment ça pouvait être possible ?

Comment la plante avait-elle pu prendre feu comme ça ? Il tourna la tête vers la jeune femme, toujours dans la même position, murmurant encore et encore ce qui semblait être les même choses en boucle.

Quelques secondes plus tard, quand la plante fut complètement réduit en cendres, la jeune femme se concentra encore pour éteindre les flammes qui s'étaient propagées pour éviter un incendie puis fit un grand sourire au Gobelin qui paraissait encore dérouté, déboussolé, les oreilles dressées à l'extrême et la bouche entrouverte.

"On rejoint Kronh ? Il doit en avoir finit avec son tigre maintenant !"

Sump plissa les yeux. Comment avait-elle fait ?

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Sump


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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
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24. Gobelin en danger.


"Mais c'est pas possible ! C'est pas justement fait pour se monter facilement, ces bordels-là ?"

Depuis une demi-heure, Wace s’échinait à monter sa tente, refusant de dormir à la belle étoile comme ses deux compagnons.

Après avoir trouvé et brulé la plante hallucinogène, le Gobelin et la milicienne avaient rejoint Kronh qui avait enfin compris que son adversaire n'était pas réel et qui était en train calmer les chevaux comme il le pouvait.
Ces derniers furent très nerveux pendant les heures qui suivirent, faisant des écarts pour rien, surtout le poney de Sump, encore jeune. Pourtant, étant entre deux étalons de guerre, habitués des coups dur et entrainés, il fut plutôt sage compte tenu des circonstances et de son jeune âge.

Quant aux hallucinations, elles se dissipèrent rapidement une fois la source de spores détruite.

Le milicien avait ensuite demandé à Sump s'il connaissait un endroit pour la nuit.
Le Gobelin, qui connaissait bien la forêt leur avait alors dit qu'une petite clairière existait près d'un petit ruisseau. Il fallait encore chevaucher pendant un petit quart d'heure et sortir du sentier sur la gauche, s'éloignant encore davantage des montagnes et de ses trolls pour y arriver.

En chemin, le Sekteg avait interrogé Wace pour le feu et elle avait tenté de lui expliquer quelque chose qu'il n'avait pas trop compris sur des fluides de feu qui existait quelque part dans le corps des gens...
Kronh résuma le tout avec ses mots :

"Tu vois, Grenouille, dans le monde, il existe deux types de personne : celles qui ont du jus et celles qui n'en ont pas. Celles qui en ont sont des sortes de mollusque préférant résoudre leur problèmes à distance, en s'aidant de leur pouvoirs et de tours de passe-passe. La solution de facilité, tu me suis ? Après, t'as les gars qui n'en ont pas, qui n'ont pas ce jus et qui l'auront jamais, comme nous. Ces derniers doivent résoudre leurs ennuis à bras le corps avec de VRAIES armes, avec de VRAIS moyens...et tu sais quoi, Grenouille ? Ils en retire un VRAI mérite, eux."

Wace avait voulut répliquer mais se contenta finalement de soupirer en levant les yeux au ciel. Quant à Sump, il n'avait pas tout bien enregistré mais ça lui plaisait bien. Pouvoir allumer un feu sans silex, sans rien, comme ça, voila quelque chose qui lui aurait servi pendant ses premières années dans les forêts...

Quand ils atteignirent la petite clairière dont avait parlé Sump, le soleil disparaissait à l'horizon, teintant le ciel d'une magnifique gamme de rouge et d'orange.
Pouvant enfin se détendre un peu de cette dur journée de cheval, Kronh, avec l'aide de Wace, retira sa lourde armure et, torse nu, alla se passer un peu d'eau du ruisseau qui coulait paisiblement, sur son visage et sa nuque.

Sans sa carapace d'acier, le milicien paraissait un peu plus mince mais il n'en restait pas moins un véritable titan de muscles qui donnait l'impression que, d'une simple pression des doigts, il pourrait briser la nuque de Sump comme une allumette. Toutefois, si muscles il y avait, un peu de graisse existait aussi sur le colosse, résultat de repas un peu trop riches et de soirée un peu trop arrosées, comme celle de la veille.

"T'as pas dû sortir de la ville très souvent toi !" s'esclaffa le colosse allongé dans l'herbe près du feu qu'ils avaient fait, les mains sous la tête, se délectant du combat entre sa collègue et la tente de cette dernière.

"Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne suis jamais sortie de la ville !" répliqua-t-elle d'une voix haletante en enfonçant un piquet dans le sol meuble.

Quand elle réussit enfin à monter son abri, elle sortit du pain, qui commençait à devenir dur et des brochettes de bœuf que leur avait gentiment donné Ripaton.

"Sump ? A table !"

Dans un arbre à une dizaine de mètres du campement, le Gobelin répondit en grognant :

"'Pas faim."

"Tu es malade ?" s'enquit aussitôt la milicienne.

Kronh soupira en avalant un morceau de bœuf qu'il venait de faire chauffer à la chaleur des flammes.

"Wace...comme je te l'ai déjà dit : tu n'est pas sa mère...Et puis réfléchis, il vivait dans une forêt. Tu crois que son ventre est habitué à bouffer tout ce qu'il bouffe en ce moment?"

"Tout ce que TOI, tu lui fais bouffer." corrigea la jeune femme en s'asseyant pour manger.

Du haut de son perchoir, installé sur une fourche, son sac en peau de lapin lui servant d'oreiller, Sump soupira à son tour.
Et ça recommençait. Il avait de plus en plus de mal à supporter leurs chamailleries. A vrai dire, il avait de plus en plus de mal à les supporter tout court.

Ayant vécut seul toute sa vie, la moindre compagnie excédant quelques heures finissait toujours par lui taper sur le système...sa migraine toujours présente et ses courbatures dans les jambes dû aux longues journée sur Poney n'arrangeant pas les choses.

Il essaya de s'endormir, n'écoutant que les bruits nocturnes de la forêt. Ils lui étaient tous familiers. Toutes les forêts qu'il avait connues dans sa vie, du petit bois tranquille aux forêt dangereuse comme celle-là, faisaient un bruit différent. Ils suffisaient de savoir écouter.

Un léger bruissement de feuille fit se dresser une de ses oreilles mais il ne bougea pas. Il savait par expérience que ce devait être une musaraigne ou un autre petit rongeur nocturne en quête de nourriture.
Il lui aurait sauté dessus s'il avait eu de l'appétit mais heureusement pour cette souris, il n'en avait pas ce soir. Kronh avait sans doute raison...il mangeait trop par rapport à ses habitudes et à ses besoins. Le Sekteg se demandait ce que cela impliquait. Qu'est-ce qui se passait quand on mangeait tout le temps trop ?
C'est sur cette question simple à laquelle il ne trouva pourtant pas de réponse qu'il tomba dans le sommeil.

***

Il fut réveillé deux heures plus tard par la voix grave de Kronh qui discutait avec sa collègue près des flammes. Elle assise à l'entrée de sa tente, devant le feu, lui assis en face d'elle, de l'autre côté du bûcher. Bien qu'il ne faisait pas très froid, elle portait un poncho en peaux de bêtes sur ses épaules. Le Gobelin se frotta les yeux puis se pencha pour mieux capter les sons :

"Tu sais...Je crois que t'avais raison." lâcha le colosse en fixant les flammes d'un regard vague.

"A propos de quoi ?"

Kronh ramassa une brindille qu'il lança dans le feu :

"A propos de Grenouille."dit-il. "C'est un bon petit gars en faites..."

Surprise, la jeune femme ne put s'empêcher de sourire :

"Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?"

Le milicien s'allongea sur l'herbe fraîche :

"S'il y a bien un truc que j'ai appris en visitant les différentes auberges du monde, c'est qu'on ne connaît la véritable nature d'un homme que lorsqu'on le voit complètement bourré."

Il crut qu'elle allait dire quelque chose, que c'était n'importe quoi mais elle n'en fit rien, aussi, il ajouta :

"Et hier soir, il m'a fait comprendre que c'était pas un Gobelin comme ceux que j'ai rencontré...P'têtre à cause du fait qu'il est vécut tout seul, j'en sais rien...Toujours est-il que je vais essayer d'être plus...aimable avec lui dorénavant."

"Ce serait bien de commencer par l'appeler par son vrai nom, tu crois pas ?"

Il acquiesça puis bailla :

"Bon aller, suite à ces belles paroles, au lit ! Demain, on arrive à la Ferme...faudra être en forme !"

Sans le savoir, cette phrase avait provoqué une vague de stress chez son équipière et chez le Gobelin qui écoutait.
Wace posa alors la question qui leur brûlait tout les deux les lèvres :

"Qu'est-ce qui nous attend la-bas ?"

"La Ferme Abandonnée est un lieu encore inconnu et inexploré..." répondit le colosse. "Donc expliques-moi comment tu veux que le sache ?"

Wace soupira :

"T'avais parlé de Banshee..."

"J'ai dit que c'est ce que je pensais qu'il y avait. Donc il y a peut-être plus dangereux."

"Et c'est dangereux à quel point une Banshee ?"

"Tu vois les trolls ? Ben voila...c'est plus ou moins la même chose."

Kronh était un guerrier qui avait beaucoup voyagé et qui avait beaucoup combattu. C'était un vétéran du combat et un expert à l'épée à deux mains. Aussi, bien que pour lui cette réponse n'était pas spécialement alarmante, il oubliait toutefois que Wace était une jeune milicienne qui n'était jamais allée plus loin que les terres cultivées de Dehant et que Sump était un jeune Gobelin qui se battait tout les jours pour survivre depuis ses trois ans.

Lorsque ce dernier entendit cela, il manqua littéralement de tomber de son arbre, les choses se mettant soudain en ordre dans sa tête.
Si il récapitulait un peu, le Sekteg découvrit qu'il s’apprêtait à suivre deux miliciens dans un endroit peut-être rempli de choses encore plus dangereuses que des trolls et ce pour sauver un pauvre zigue qui, d'après les dires de Kronh serait déjà mort ? Tout ça parce qu'il a eu le malheur d'empêcher un gredin de voler le collier, qu'il avait maintenant dans sa poche, d'une petite fille ?
Le Gobelin plissa les yeux. Malgré son esprit embué par ce réveil prématuré, tout était maintenant très clair.
Il devait décaniller au plus vite avant de se faire tuer.

N'entendant pas Wace répliquer, Kronh redressa la tête et s'aperçut qu'elle avait peur. Aussitôt, il se remit en position assise et tenta de la rassurer :

"Eh, Poulette...t'en fais pas. Je laisserais aucune créature te faire du mal à toi ou à Gren...Sump d'accord ? Si je suis là, l'oublie pas, c'est au cas où les choses de là-bas soient plus dangereuses qu'on le pense. C'est tout...ça veut pas dire qu'elle le seront...Après tout, ce n'est rien qu'une ferme, bordel à foutre !"

Si ce discours suffit à apaiser un peu la jeune femme, il en était tout autre pour Sump.
Car bien que leur relation ce soit arrangée par rapport au début, il n'allait certainement confier sa vie au milicien qui le violentait et qui faisait tout pour le rabaisser un ou deux jours plus tôt.

Sa décision était prise. Et elle était irrévocable.

Dès que les deux miliciens seraient endormis, il partirait à travers la forêt et personne ne le retrouvera plus jamais.

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Sump


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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
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25. Fuite avortée.


C'est au milieu de la nuit que le Gobelin mit son baluchon en peau de lapin sur ses épaules et qu'à pas de loup, il se dirigea hors de la clairière où ils avaient établi le campement.

Il marcha à travers les bois pendant vingt minutes, savourant cette solitude qui, bien que toujours présente avant, se faisait très rare maintenant.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds dans cette forêt. La dernière fois, il devait avoir dix ans. À l'époque, il n'avait pas encore son sac ni ses vêtements et ses cheveux, d'une étrange couleur sang de bœuf, tombaient encore sur les frêles épaules, ne pouvant pas les raser tout seul et encore moins avec un caillou.
Il se surprit à sourire. De l'eau avait coulé sous les ponts depuis.

Il enjamba un tronc humide et plein de mousse qui était tombé là, tout en attrapant au passage un insecte nocturne bien juteux qu'il goba. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé. Depuis une vingtaine d'heures en fait et la faim venait de revenir.

Il écarta des plantes basses et se retrouva devant le petit sentier qui traversait cette grande forêt. Alors qu'il allait rejoindre l'autre côté, se rapprochant des montagnes, il s'arrêta, un éclair de conscience le frappant soudain.

Qu'est-ce qu'il était en train de faire ?

Si jamais il prenait la fuite maintenant et qu'on le retrouvait d'une manière ou d'une autre, il allait passer des années dans une toute petite cellule. Ayant une horreur des endroits exigus et clos, encore plus quand ceux-ci puaient l'excrément, se souvenant des cachots de Dehant, le Gobelin savait qu'il n'allait pas tenir.
En outre, ces deux miliciens lui avaient fait découvrir pleins de choses et fait ressentir plein d'autres. Il repensa notamment à ce moment de vitesse sur Poney. Ce moment où il s'était rendu compte que sa vie était nulle, fade et triste.

S'il s'enfuyait maintenant, il devra vivre caché toute sa vie dans les forêts et elle redeviendra comme avant, horriblement routinière et en plus, il ne pourra même plus retourner dans son ancienne petite sylve puisque Wace la connaissait maintenant.

C'était une bêtise de s'enfuir, il en était maintenant persuadé. Kronh allait le protéger des créatures de cette ferme. Il devait le protéger, c'était son travail. Et c'était aussi le travail de Wace même si elle semblait moins forte que son collègue.
Et puis comme l'avait dit le colosse, si ça se trouvait, il n'y aura aucun danger. Peut-être des squelettes qui marchent, comme celui auquel il avait dérobé son casque et son bouclier.

Demain ils allaient retrouver l’aventurier, mort ou vif, cela importait finalement très peu au Gobelin, puis les deux miliciens rentreraient à Dehant et lui pourra reprendre le contrôle de sa vie. Voilà comment ça allait se passer, pas autrement.

Auto-convaincu, il fit demi-tour et quitta le sentier pour s’enfoncer de nouveau dans la forêt afin de retourner à la clairière et finir sa nuit, car en effet, il était assez fatigué après la soirée de « bringue », comme disait Kronh, de la veille et de la journée de cheval.

Il allait de nouveau enjamber le tronc plein de mousse quand une imposante hache de jet noire se planta brutalement dans la souche juste devant lui avec un bruit mât et faisant voler des bouts de mousse, le faisant sursauter.

« Cours pas, je vais te rattraper de toute façon. » lança une voix grave.

Le Gobelin quitta la hache des yeux en levant immédiatement la tête.
De la pénombre surgit une haute et imposante silhouette.

Kronh.

« Dommage que je ne sois pas très bon au lancer... »
ajouta-t-il alors qu'il s’approchait du Sekteg qui ne bougeait plus. « J'aurais bien aimé que cette hache t'éclate la tête comme une pastèque. »

Une fois proche, le géant attrapa brutalement le Gobelin par le col de sa vieille et sale tunique et le souleva de terre avec sa force surhumaine.

« Alors comme ça on veut se barrer ? » railla le milicien en le portant en face de son visage. « Mais mon p'tit gars tu croyais que je l'avais pas vu venir, ce coup-là ? J'ai rencontré pas mal de Gobelins dans ma vie et vous êtes tous les mêmes : de véritables petites ordures. »

Il avait ajouté ces mots avec tant de force et de colère qu'il postillonna sur le pauvre Sump qui n'osait piper mot.

« Attends, j'allais... » bredouilla ce dernier mais Kronh l’interrompit en le portant sous son bras, comme un vulgaire sac de pommes de terre.

« Économise ta salive, j'en ai rien à cirer de ce que tu vas me dire. Et je te conseille d'ailleurs de fermer un peu ton claque-merde dégueulasse, tu m'les brises.»


De sa main libre, le milicien arracha la hache du tronc et la remit à sa ceinture puis retourna à la clairière.

***

Wace était inquiète. Kronh l'avait réveillée pour lui demander nerveusement ou était Sump puis, voyant qu'elle n'en avait aucune idée, il était parti d'un pas rageur à travers la forêt en lui disant qu'il s'était enfui.
La jeune femme se demandait pourquoi le Gobelin avait fait ça mais elle était aussi inquiète du sort qu'allait lui réserver Kronh s'il le retrouvait. Et il allait le retrouver.

Kronh n'était pas du genre à se laisser distancer par un Sekteg, même si ce dernier avait passé toute sa vie dans les forêts et les connaissait comme sa poche.

Se rongeant l'ongle du pouce, la mine soucieuse, elle sursauta quand son collègue fit irruption dans la clairière en jetant négligemment son fardeau vert par terre et en lançant d'un ton calme qui cachait mal sa colère :

"Tu vois, Wace, j'ai essayé. J'ai essayé d'oublier mes soi-disant préjugés sur ces petites merdes de Gobelins. Je me suis dit que t'avais peut-être raison après tout, qu'il était peut-être différent des autres de son espèce que j'ai pu rencontrer."

Sump essaya de se relever mais le milicien lui donna un coup de pied dans les côtes, ce qui suffit à couper le souffle du frêle Gobelin qui roula dans l'herbe en silence, n'osant même pas grogner de douleur.

"Mais comme tu peux le constater, c'est malheureusement tous les mêmes. Ce sont tous de petites enflures qui n'hésitent pas à te trahir dès qu'une foutue occasion se présente."

Sur ses derniers mots, il attrapa le Gobelin par la cheville et, grâce à sa force surhumaine, le balança deux mètres plus loin, dans les racines d'un arbre qui avait décidé de pousser dans la clairière.
Le Sekteg lâcha son sac et son crâne percuta douloureusement une des racines.

Kronh lui, se dirigea vers son cheval pour fouiller dans la sacoche de cuir que ce dernier portait au flanc. Wace, la mine soucieuse, lança un regard compatissant au Gobelin qui ne bougeait pas, la tête entre les mains. Elle n'arrivait visiblement pas à lui en vouloir.

Sump, lui, pris de panique, voudrait dire qu'il avait l'intention de revenir, qu'il avait compris qu'il allait faire une bêtise mais non seulement il n'avait pas assez de vocabulaire pour s'exprimer mais en plus personne ne le croirait.

Le colosse revint nonchalamment avec une corde qu'il déroula calmement. Toutefois, la lueur malfaisante et froide de colère qui brillait dans ses yeux bleus électriques démentait ce calme apparent. En vérité, on devinait qu'il était dans un état de fureur incroyable.

Il attacha la corde au cou du fuyard, en manquant de l'étrangler et attacha l'autre bout à l'arbre.

"Dorénavant, on te tiendra en laisse comme les clebs...Vu qu'apparemment t'es pire qu'eux." lâcha le milicien d'un ton mauvais.

Après un dernier regard méprisant, le milicien fit mine de s'éloigner mais s'arrêta quelques secondes, serra les poings et, comme s'il ne pouvait lutter contre sa colère plus longtemps, revint sur ses pas.

Le Gobelin, jusque-là heureux de s'en être tiré à si bon compte, recula contre le tronc, apeuré.

Le colosse s'accroupit, un drôle de tic nerveux agitait son œil gauche. Du coin de l’œil, le Gobelin vit Wace faire un pas vers eux, visiblement envieuse de calmer son collègue avant qu'il ne réduise leur prisonnier à l'état de bouillie.

"T'imagine même pas à quel point j'ai envie de t'arracher la tête, Grenouille." murmura le colosse d'une voix froide en vrillant ses yeux bleus dans ceux, noirs, du Gobelin qui tremblait presque.

Sump crut un instant qu'il allait s'en prendre une mais le milicien, dans un effort de volonté se releva et s'éloigna, serrant et desserrant les doigts de la main droite.

Retenant un soupir de soulagement, le Gobelin croisa le regard de la milicienne qui secoua la tête et rentra à nouveau dans sa tente.

À présent seul dans la nuit, les oreilles baissées, le Gobelin se gratta la tête à l'endroit où il s'était cogné à la racine.

Comment allait-il retrouver sa liberté maintenant ? Allaient-ils le laisser partir une fois la mission terminée ou sa minable tentative de fuite avait tout gâché ?
Sump grogna de frustration. Il s'en voulait. Il aurait dû se tenir tranquille et résister à ses pulsions de solitude et de liberté.

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Sump


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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
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26. Comme une lumière au bout du tunnel.


Le lendemain matin, à l'aube, le Gobelin, qui n'avait pas beaucoup dormi finalement, regardait Kronh éteindre le restant de feu en l'écrasant avec ses grosses chaussures. Quand ce dernier lui lança un énième regard méprisant, le Sekteg baissa les yeux.

Une bonne partie du reste de la nuit, Sump avait essayé d'enlever le nœud qui attachait la corde à son frêle cou, en vain. S'il avait pu, il aurait encore une fois tenté de s'enfuir, n'ayant plus rien à perdre mais le milicien n'était pas du genre à faire des nœuds que ces prisonniers pouvaient défaire facilement.

Wace rangea rapidement sa tente et ils se remirent en route, en silence. Comme d'habitude, Kronh chevauchait devant, la mine dure et fermée et avait attaché la corde à un anneau de la selle de son cheval afin que le Gobelin soit obligé de marcher à côté de ce dernier, tel un bagnard qu'on emmenait purger sa peine aux travaux forcés. N'était-ce pourtant pas cela qu'il était, au fond ?
Un bagnard affamé en tout cas mais lorsque Wace lui avait proposé quelques restes de viande, Kronh avait refusé à sa place.

Ce dernier semblait de nouveau avoir envie de faire de la vie de son acolyte vert un enfer...Comme au bon vieux temps.

"Tu crois pas que tu pousses le bouchon un peu trop loin, là ?"
demanda la milicienne à son collègue, ayant pitié du Gobelin.

"Nan." répondit Kronh. "On aurait eu des tas de problèmes s'il avait réussi à s'enfuir. Il n'a ce qu'il mérite...Il nous a trahis."

Le milicien avait apparemment en travers de la gorge le fait que le Sekteg est tenté de leur jouer ce mauvais tour, surtout qu'il avait fait l’aveu de s'être trompé à son sujet la veille.
Ce dernier, son sac dans les bras, marchait docilement aux côtés de l'étalon noir du colosse, s'aventurant comme il le pouvait sur l'étroit sentier.

Poney, accroché à une longe que tenait Wace, fermait la marche avec son air éternellement tranquille et paisible.

Soudain, une goutte de pluie tomba sur le long nez de Sump qui leva les yeux.
Comme pour le punir de son action de la veille ou pour représenter son morale actuel, le temps s'était brutalement couvert de nuages gris foncé, qui menaçaient à tout moment de lâcher leurs fardeaux.

À mesure qu'ils progressaient, le sentier devint de plus en plus escarpé puisqu'ils se rapprochaient des montagnes. Des buttes, des bosses et des trous rendaient leur avancée, celle du Gobelin notamment, plus difficile. Assurément, à chaque fois que ce dernier avait le malheur de traîner un peu, Kronh tirait cruellement sur la corde reliée au cou du Sekteg, ce qui le tirait en avant non sans lui irriter la peau au passage.

Alors, une odeur dérangea le Sekteg qui était jusque-là perdu dans ses pensées, en train de ressasser son erreur de la veille qui allait sans doute terminer de gâcher sa vie. Les oreilles dressées à l'extrême, il huma nerveusement l'air.
C'était bien ce qu'il craignait.
Affolé, il regarda autour de lui puis tapota nerveusement la botte de Kronh qui l'ignora.

"Ça sent le troll !" insista le Gobelin tapant plus fort sur la chaussure du milicien.

Ce dernier baissa vivement les yeux vers lui :

"Quoi ? T'en est sûr ?"

Le Gobelin hocha rapidement la tête. Derrière eux, Wace s'affola elle aussi :

"Dites-moi que vous plaisantez !"

Alors, sur leur droite, ils entendirent des bruits. Des bruits de branches qu'on cassait et de pas précipités. Aussitôt, Kronh attrapa le Sekteg pour le mettre devant lui sur son cheval et cria à Wace :

"On se casse !"

Et sans plus de paroles, il éperonna son destrier qui partit aussitôt au galop. La milicienne fit de même en traînant Poney derrière elle.

Faisant voler des bouts de branches et des gerbes de terre, un troll déboula sur le sentier derrière eux à l'endroit exact où ils s'étaient trouvés une fraction de seconde plus tôt. En poussant un cri aigu, Wace se retourna sur sa selle pour le regarder. Haut de plus de deux mètres, il dominait de nombreux arbres de la forêt. Il avait une peau grise et solide ainsi qu'un faciès déplaisant encadré de cheveux longs, sales et touffus. Habillé d'un pagne de fourrure, il tenait dans une de ces grosses mains une énorme massue en bois.

Ce colossal monstre faisait reculer Kronh au rang de crevette.

Sump, lui, entre le milicien et le cou du cheval, s'accrochait désespérément à la crinière de ce dernier, ne voulant tomber pour rien au monde. En regardant sur sa droite, il aperçut un autre troll qui courait à travers les bois, défonçant tout ce qui était sur son passage.

"Bordel c'est quand la sortie ?" aboya le milicien.

Sump plissa les yeux. La grosse voix du colosse venait de lui bousiller les tympans mais il l'oublia aussitôt.

"Ils sont partout !" piailla Wace, paniquée.

En effet. Dans la forêt tout autour du sentier, une dizaine de silhouettes se rapprochaient d'eux, complètement instopable, ignorant la végétation autour, la faisant se plier ou se rompre à recours de grand revers de massue, emboutissant tout l’écosystème de la forêt en poussant des grognements d'excitation et de colère.

Les chevaux couraient aussi vite qu'ils le pouvaient mais les trolls étaient rapides et n'avaient pas la contrainte de suivre une piste.
Subitement, un des monstre qui s'était rapproché de cette dernière alla abattre son immense massue sur Kronh mais, dans un réflexe prodigieux qui prouvait un nombre d'heures d'entraînement incalculable, la milicienne envoya une boule de feu de la circonférence d'une assiette dans le visage du troll qui poussa un hurlement de douleur et de peur. Il s'effondra sur le sol en se roulant la tête dans la terre.

"Bien joué blondinette ! " la félicita Kronh, qui semblait maintenant presque détendu malgré les circonstances, s'amusant presque, et en rangeant l'épée qu'il avait commencé à dégainer. "Continue ! Ces abrutis craignent le feu !"

Entendant cela, la milicienne grogna :

"T'aurais pu le dire avant..."

Sur ce, en poussant un cri, elle envoya une dizaine de boules de feu à divers endroits de la forêt autour d'eux.
Les plantes s'enflammant, les trolls étaient obligés de faire des écarts pour éviter les flammes qu'ils craignaient comme la peste, les ralentissant pas mal.

Alors, la sortie de la forêt apparut, comme une lumière au bout d'un affreux tunnel.
Ils sortirent des bois au moment où l'averse se déclencha. Ils continuèrent à galoper sur quelques mètres puis s'arrêtèrent, constatant que les trolls ne les suivraient pas, préférant aller se réfugier dans leurs grottes, n'aimant pas l'eau non plus apparemment.

Sump, le cœur battant à tout rompre, était toutefois un peu dépité. Si, dans le passé, il avait su que ces mastodontes craignaient tant de choses, il aurait au moins tenté d'en profiter...
Wace elle, poussa un soupir de soulagement en se penchant sur en avant, une main sur la poitrine. Elle haletait. Visiblement, lancer des boules de feu à tout va n'était pas de tout repos.

Devant eux, un peu plus loin, se trouvait le village de Jarvron qui était protégé par sa palissade de bois. Le Gobelin s'était toujours demandé comment ce village réussissait à tenir si près des trolls avec cette petite clôture ridicule.

À une centaine de mètres au Sud-Ouest, sur une butte herbeuse, ils purent apercevoir une petite bâtisse, encerclée de barrières de bois, avec aux alentours de vieux restants de champs et ce qui ressemblait à un petit étang. Aucun sentier ne conduisait la-bas ce qui était un peu normal puisque ce lieu faisait peur à tout le monde de part le mystère qui l'entourait.

Kronh jeta négligemment le Gobelin par terre et annonça en désignant la bicoque :

"C'est la-bas qu'on va...on a pas de temps à perdre avec les habitants de Jarvron."

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Sump


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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Lun 8 Juil 2013 19:09 
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(((Allez, je me lance [:Dforme:] )))

Glorieuse journée que celle de l'Est d'Imtifil aujourd'hui. C'est une de ces journées qui font chanter les oiseaux et les ménestrels. Le ciel azur est parsemé de blancs nuages moutonneux et le vent fait doucement danser les feuilles des arbres qu'il croise sur son passage.
Les habitants de la petite ville de Dehant se régalent du beau temps, alors que plus au Nord, dans les plaines luxuriantes et vertes, les animaux en font de même, croquant allègrement la verdure ou les herbivores trop distraits à admirer la beauté de la journée.

Justement, dans une de ces plaines, posé telle une forteresse imprenable se trouve un grand et vieux rocher. Et de derrière ce rocher, si on regarde avec attention, on peut voir dépasser un petit bout de nez.

Ce bout de nez appartient à Amaëlle, qui pour le moment se tient totalement immobile. Ses yeux fixent avec un lueur d’inquiétude les bêtes absolument gigantesques qui se trouvent devant elle.

(Douce Gaïa, ce n'est pas possible... il doit sûrement s'agir d'animaux magiquement modifiés.)

L'idée lui avait semblé excellente au départ. Après tout, voyager à cheval est beaucoup plus rapide que voyager à pied. Sur la route, elle avait entendu des passants parler des hardes de chevaux qui pouvaient être vus parfois à la bordure de la forêt. Tout naturellement, elle a donc fait le projet d'en attraper un pour en faire sa monture.
Mais maintenant qu'elle se trouve juste devant la harde, elle commence à se dire que peut-être ce n'est pas aussi facile que ce qu'elle avait d'abord cru. Par Gaïa, vu de près, les chevaux sont beaucoup plus imposants que les poneys qu'elle montait dans son enfance. Et cela sans même parler de l'aspect du dressage. Quoi que pour le moment elle est loin d'en être là. Une étape à la fois.

Elle redisparaît derrière la roche pour évaluer la situation.
Que va-t-elle faire ? Abandonner ? Non, maintenant qu'elle est ici, il faut au moins qu'elle essaie. Mais il lui faut un plan d'attaque.
Fouillant dans ses souvenirs, elle recherche des histoires de personnes qui attrapent des chevaux sauvages. Elle se souvient vaguement d'une histoire de corde pour les attraper.

(Si seulement j'avais choisi de prendre la corde qui traînait dans la maison du vieux Scribe...)

Tant pis, il lui faudra improviser. Elle cherche dans ses affaires. Elle commence par fouiller son sac, mais ne trouve rien qui puisse faire l'affaire. Puis elle examine ses vêtements. Elle a choisi de prendre des vêtements chauds pour la traversée des montagnes au Nord de Dehant. Une longue robe d'hiver retenue à la taille par une ceinture en peau, des bottes rembourées et des mitaines. Bon peut-être y a-t-il de quoi faire. Elle détache la ceinture qu'elle porte autour de la taille, mais se rend compte avec déception que la taille est loin d'être suffisante. Sans se laisser décontenancer, elle cherche quelque chose qui pourrait la rallonger. Ses lacets ! Elle retire ses bottes en entreprend de retirer les lacets et de les nouer à la suite de la ceinture.
En quelques minutes, elle s'est constitué une sorte de corde. Bon, admettons-le, la "corde" a l'air aussi costaude qu'Amaëlle elle-même, mais comme on dit, qui ne tente rien n'a rien. Son nez réapparaît et cette fois son regard semble décidé.

"Vraiment, une petite chose comme toi va tenter de capturer un cheval ? Et qui plus est avec ça."

Le cœur d'Amaëlle fait un bond dans sa poitrine et va se loger directement dans sa gorge. Elle regarde rapidement autour d'elle, abaissant encore plus sa capuche. Mais la clairière est vide. Étrange, elle en est sûre quelqu'un lui a parlé avec une petite voix qui tintait comme des clochettes. Pourtant, en tendant l'oreille, elle n'entend aucun bruit à part celui des chevaux. Bah, sans doute est-ce un tour de son imagination dû au stress de ce qu'elle va entreprendre. Toute son attention revient vers les chevaux. Elle en choisit un, le plus près et encore jeune à en croire sa petite taille, et prenant une inspiration profonde, elle sort à pas de loup de sa cachette.

Par instinct, ou peut-être simplement par chance, elle s'est placée face au vent, ce qui lui permet de s'approcher de la harde, sans que celle-ci ne semble alertée outre-mesure.
En l'entendant, le cheval qu'elle vise lève soudain la tête, la fixant. Amaëlle se fige sur place et, comme le lui a appris sa mère avec les poneys, elle ramène son regard par terre. Surtout ne pas le brusquer, il ne faut pas qu'elle représente une menace pour lui. De coin de l'œil, elle se permet néanmoins d'examiner la bête. C'est un magnifique cheval, à la robe de la même couleur claire et chaude que le sable.
Le cheval secoue sa crinière, les deux oreilles tournées vers l'avant. Il fait alors l'inimaginable : il s'avança vers la jeune demi-elfe. Celle-ci se sent soudain pétrifiée. De toute évidence, le cheval est curieux et vient voir quel est cet être étrange. Quand il fut assez près pour lui, il lève son museau et renifle l'air. Quelle odeur peut donc avoir ce petit être devant lui ?

Que faire ? Il faut qu'elle fasse quelque chose, surtout ne pas laisser passer cette occasion en or. Jamais elle n'aurait cru à pareille aubaine. Certes, les poneys, ou les animaux de manière globale, semblent souvent en confiance avec elle, mais jamais elle n'aurait pensé que quelque chose comme ça puisse arriver. Millimètre par millimètre, elle bouge son bras. Le cheval a un vif mouvement de recul, mais bientôt il se rapproche de nouveau, de toute évidence intrigué par cette étrange bête. La main d'Amaëlle bouge encore, toujours lentement, le regard toujours dirigé vers le bas. Bientôt elle est à quelques centimètres du museau devant elle. Elle s'immobilise de nouveau. Le cheval approche encore sa tête pour renifler la main...

C'est le moment !
Elle prend sa corde improvisée et la lance autour du cou du cheval. Celui-ci, se cabre, puis recule vivement. Mais la corde a accroché à la crinière.
Victoire elle le tient!

C'est du moins ce que croit Amaëlle pendant une fraction de seconde. Devant le mouvement soudain de la demi-elfe, le cheval prend peur et part au galop. Alertés par sa fuite, bientôt toute la harde suit le mouvement.
En quelques minute seulement, le seul être vivant visible sur la plaine est Amaëlle. Elle se tient debout, le cœur battant, un bout de lacet à la main. Le reste de sa corde est parti, accroché à la crinière blonde du cheval.
Elle regarde le bout qui est resté dans sa main et qui pendouille lamentablement.

(Par Gaïa, belle façon de commencer mon voyage...)

Puis soudain, inexplicablement, elle se met à rire. Vraiment, qu'espérait-elle ? Capturer un cheval à elle toute seule ?

"J'aurai des histoires à raconter plus tard.", murmure-t-elle pour elle-même. "Je pourrai raconter mes exploits en tant que chasseuse de chevaux. Bons sang, ma mère va vraiment rigoler."

Avec un nouveau rire, elle se remet en direction du Nord, vers le montagnes qui allaient la mener à Yarthiss.

Suite >>>

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> Amaëlle, demi-elfe guérisseuse <


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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Ven 7 Fév 2014 00:07 
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La tête en l'air et les mains dans les poches

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Le soleil illuminait magnifiquement bien les vertes étendues du Comté de Nélys aujourd’hui, et le jeune homme leva les yeux pour constater que le ciel était vide de nuages. Une légère brise agréable vint lui caresser le visage, et Kalas ferma les paupières pour en profiter pleinement…avant de manquer de trébucher sur une caillasse dépassant de la route. (Bon sang !)

« Ca m’apprendra à marcher sans regarder devant moi… »

Tapotant la pointe de sa botte contre le sol afin de la remettre en place, Kalas aperçut un rocher plat couvert de terre près d’un vieux chêne qui dormait. Quelques enjambées hâtives furent suffisantes pour s’y rendre, et le jeune humain s’appuya contre l’arbre d’une main ferme, afin de contempler le paysage que lui offrait le point de vue. D’ici, Kalas n’eu aucun mal à reconnaître Dehant, la ville parmi les champs, donc le flux de personnes et le bruit qui en émanait traduisait une forte activité aujourd’hui. Les portes de la ville étaient grandes ouvertes, et deux files y pénétraient lentement, composées chacune de piétons, de cavaliers et de quelques charrettes.

« Dehant… A la fois si proche et si loin de chez moi. Je me souviens encore de Père, qui me racontait chacun de ses voyages dans la ville. Fascinant… »

Un scintillement attirait son attention, et Kalas tourna la tête vers la mer, d’un bleu opaque. Il s’y dégageait dans l’air une légère odeur iodée qui se mélangeait à l’arôme musqué des champs alentours.

« Pas une ride, pas un remous… Une parfaite surface lisse d’eau. Le temps promet d’être magnifique aujourd’hui. »

Kalas inspira profondément, gonflant ses narines de la campagne. Puis expirant lentement le tout, il sentit un frisson de plaisir lui parcourir l’échine.

« Quelle agréable odeur... »

Envahi d’une hâte sans précédent, Kalas sauta à pieds joints de son petit piédéstal naturel et s’activa sur la route, trop impatient pour se contenir.

La route zigzaguait entre les hameaux et les granges, entourées de champs fertiles. D’immenses étendues de céréales s’étalaient dans la zone agricole entourant Dehant, composant un harmonieux bouquet de couleurs vives. Contemplant d’un air hébété la danse nuptiale de deux ravissants papillons d’Imftil, Kalas s’extirpa de ses pensées quand il entendu le bruit d’un loquet s’ouvrir.

Non loin de là, dans une grange proche, un éleveur, d’apparence, tenait le harnais d’un splendide cheval blanc tacheté de brun. La bête, massive, mais relativement calme, inspirait un sentiment de puissance et de grâce, comme une aura de respect. Chacun de ses pas résonnaient dans le sol, claquant le fer contre la terre, reproduisant un bruit similaire à un coup d’éclats entre deux épées. L’homme qui tenait le canasson caressa trois fois son museau, puis se positionna sur son flanc, avant de passer ses pieds dans les étriers d’un mouvement de maître. Il prit rapidement appui sur le cercle métallique et monta adroitement sur sa monture, qui n’avait pas bronché. Un léger coup d’étriers sur les flancs et le cheval réagit presque instantanément à vive allure, s’élançant sur une dizaine de mètres en face de lui.

« YAAAAAAAH BISCOTTE, YAAAAAAAH !!! »

Le cavalier avait hurlé ces mots en retapant une nouvelle fois de ses étriers, et la monture galopa à grande vitesse alors que la terre roulait sous ses sabots. Il fonça dans une direction hasardeuse, et bientôt, l’horizon cachait sa silhouette. Kalas avait contemplé la scène d’un air dépité, à partir de l’intonation du nom de la bête.(J’espère pour lui que personne d’autre ne l’a entendu…)

Quittant la grange des yeux, le voyageur reprit sa marche vers la ville, percevant à quelques dizaines de mètres les portes de la cité. Une arche de pierre d’un certain âge dessinait un débordement dans les bas-murs de la ville, surplombée d’une lourde grille métallique abimée et rouillée. La chaîne retenant la grille s’échappait du mur de manière débraillée et s’entortillait maladroitement autour d’un imposant cylindre de bois, dont un garde en uniforme semblait surveiller l’accès la mine sévère.

Repassant sa main le long de sa bretelle, Kalas releva son sac en prenant soin de ne pas abîmer son contenu. (Les fioles, c’est fragile !) Il souffla doucement, reproduisant hâtivement dans son esprit le trajet qu’il avait accompli depuis son départ de la maison. Certaines pensées allaient vers son père, qui se tenait dorénavant seul derrière les fourneaux.

(Et ben… Une sacrée trotte depuis que j’ai fermé la porte de la maison. J’espère que Père n’est pas en colère après moi...)

Arrivé au niveau des files d’attentes, Kalas se plaça instinctivement dans celle de droite. (Aucune raison particulière, j’ai toujours l’impression que ça avance plus vite de ce côté-là !) Sa tête dépassait de la queue, afin de savoir ce qui l’attendait devant l’entrée. D’ici, il aperçut deux gardes, un de chaque côté d’une file, les mains sur le ceinturon et guettant chaque personne qui franchissait les portes. Ils portaient chacun un uniforme classique, recouvert d’un tabard brun clair sur lequel était brodé l’écusson de la milice de Dehant. Tandis qu’il se soumettait les raisons d’assigner des miliciens à l’entrée d’une ville à la réputation aussi calme que Dehant, la file progressait vers les portes, ne laissant à Kalas que quelques personnes d’espace avant de croiser le regard des surveillants.

Comme un enfant tout excité, Kalas tressaillait d’impatience, tapotant son pied à terre. Son enthousiasme retomba rapidement quand, au moment de pénétrer dans la ville, le garde leva la main en signe d’arrêt. Il s’adressa à Kalas d’une voix rauque de paysan grincheux.

« Heeeeeeeeey vous, là ! Arrêtez-vous ! Je n’vous connais pas, moi. Qu’est-ce que vous v’nez faire en ville ? Vous êtes là pour des affaires ? A moins que vous connaissiez quelqu’un içi ? »

(Quoi ? Mais non ! Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire, moi ! »
« Heu… Oui, pour affaires !
»


« Ouais, ouais, ben non ! On me l’a fait pas, à moi ! Z’avez le profil typique du type qui vient causer des ennuis, là, avec vot’ dégaine ! Et pi’ nous, on n’aime pas les ennuis, pas vrai Gadar ?

« Pour sûr, Elliot, pour sûr ! »

Kalas tourna bien sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Mieux valait bien choisir ses mots, au risque de faire demi-tour et de retourner dans les cuisines de Père.

« Mais… ! Je… ! Messieurs, je n’ai pas du tout l’intention de vous portez préjudice ! J’aimerais simplement rentrer en ville, c’est la première fois que je viens ici. Et peut-être y faire quelques achats, oui ! »

Le garde roula sa tête et se passa la main le long de la nuque, jaugeant le jeune homme face à lui. Gadar, lui, restait statique et fidèle à son poste, redirigeant son attention sur sa file de voyageurs. Elliot, qui faisait la moue, répondit plus calmement sans se moquer.

« Ouais, ouais… Ba si vous dîtes que vous por’trez pas prédu… préjo… prédujice, je vous crois moi. Pas vrai Gadar ? »

« Pour sûr, Elliot, pour sûr ! »

Kalas masqua ses lèvres, voilant un rictus incontrôlé dû à la faute d’Elliot. Il appréciait néanmoins que le garde se révèle plus aimable qu’il n’y paraissait, et ne manqua pas de lui présenter des remerciements.

« Merci beaucoup, monsieur ! »

« Pi dégagez, maintenant. Y’a du monde qu’attend derrière vous, là. _ Heeeeey, m’sieur ! Vous z’avez pas le droit de faire rentrez autant d’bestiaux à l’intérieur d’la ville, là ! »

Elliot parti plus loin dans la file, en direction d’un homme qui souhaitait rentrer en ville avec un véritable troupeau. Kalas n’y prêta pas attention et avança la démarche comblée, franchissant enfin les portes de la cité.

A suivre => Un brin de causette

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Dim 16 Mar 2014 00:25 
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La cellule de l’horreur

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Au milieu d’un magnifique champ de fleurs, Kalas courait après une femme habillée d’une sublime robe blanche qui caressait les fleurs à chacun de ses pas. A quelques pas d’elle, le jeune mage tentait de l’attraper, mais la distance entre eux ne semblait jamais diminuer. Le soleil brillait d'un feu intense, et le sol tapissé de roses de différentes couleurs semblait s’illuminer. Rien ne semblait arrêter leur course, et tout les invitaient à continuer. Kalas souhaitait que le temps s’arrête à ce même moment et les rires de la femme à la robe blanche résonnaient agréablement dans son esprit.

« On arrête de rêver, maintenant ! »

Un jet d’eau aspergea le visage de Kalas, qui s’activa presque aussitôt. Il secoua la tête et pris une profonde et bruyante inspiration par la bouche, avant de cligner des yeux plusieurs fois de suite. Découvrant le décor autour de lui et se remémorant les derniers instants avant de se faire assommer, il questionna le vide plusieurs fois de suite en paniquant.

« Qu’est-ce que je fais la ?! Et qui êtes vous ? Où suis-je ?! »

Alors qu’il s’habituait à la lumière, Kalas pu distinguer les formes humanoïdes proches de lui qui le dévisageaient. Il compta deux humains de part leurs tailles, et un Sinari appuyé contre un mur, en retrait. L’un des deux hommes en face de lui, tenant un sceau vide gouttant encore dans sa main, lui tapota la joue comme pour le réveiller.

« C’est bon, t’est avec nous, là ? Ou t’as besoin d’un autre sceau dans la gueule ? »

Le visage de l’homme se fit plus clair, et Kalas scruta son visage d’un regard noir. Le crâne coiffé d’un casque en fer, on pouvait uniquement distinguer ses yeux noirs comme le charbon, son nez crochu et sa mâchoire, donc la partie basse était plus en retrait que la partie hausse. Kalas nota que le noir de ses yeux rond et globuleux se propageait jusqu’à la paupière et au-delà, comme s’il s’agissait d’une maladie se repandant sur son visage. Le jeune homme avala sa salive, et lui répondit d’une voix enroué, en se raclant la gorge.

« Non, c’est bon. »

L’homme aux yeux noirs, qui était penché en face de lui, se redressa et croisa ses gros bras musclés. La seconde personne, qui se trouvait à ses côtés, s’avança vers Kalas avant de s’accroupir à sa hauteur. Portant le même casque en fer sur son crâne, son visage était dessiné de traits plus fins et soigneux que son compagnon, mais possédait les mêmes yeux que lui. Plus bel homme, il parlait également d’une voix plus douce qui apaisait Kalas dans son inquiétude.

« Premièrement, tu peux remercier Ernest ici présent pour t’avoir attiré droit dans un piège. Il nous devait un petit service après nous avoir promis un meurtre qui n’a pas eu lieu. Ensuite, nous n’allons pas faire preuve d’impolitesse envers toi, tout de même, pas vrai Sharold ? »

« Pour sûr, Garold, pour sûr ! »

Il déploya son bras en direction de son compagnon, et s’adressa à Kalas une nouvelle fois, toujours de sa voix calme et mielleuse, trahissant ses paroles sadiques.

« Je m’appelle Garold, et voici Sharold, mon frère. Nous sommes tout deux des disciples de notre Seigneur et Maître Thimoros, à qui nous avons récemment offert notre vie pour l’éternité. Je t’annonce directement la raison de ta présence ici, petit. Tu vas mourir. »

Kalas avait entendu parler de ces hystériques et de leurs fameux rituels. Tortures, meurtres et génocides, ils n’omettaient aucune souffrance dans leurs crimes et s’en extasiaient. Particulièrement doués dans ces pratiques, les disciples de Thimoros lui vouaient un culte aussi fort et répandu que celui des autres divinités. Kalas compris alors la gravité de sa détention par deux hommes aussi dangereux.
Garold lui caressa la joue du revers de la main, afin d’apaiser son prisonnier.

« Shhh, calmes-toi. Nous n’allons pas te faire de mal. Du moins, pas maintenant. Il nous manque encore du matériel et rien n’est prêt. Pendant ce temps, tu vas profiter des derniers misérables instants de ta vie dans cette cellule. »

Sharold s’avança et attrapa fermement les deux bras de Kalas, qui se débattait comme une bête sauvage. Il les inséra ensuite dans les bracelets d’une paire de menottes accroché au mur, et les referma d’un coup sec. Le bruit du claquement inspira en Kalas un profond sentiment de désespoir qui lui rongea la poitrine, et il regarda sans pouvoir agir Garold et Sharold sortir de la cellule et verrouiller sa porte avec un trousseau de clef résonnant dans la pièce sale et humide.

Alors qu’il les regardait s’éloigner avec des yeux embués de larmes, Kalas jeta un œil au Sinaris qui décolla son dos du mur pour s’adresser aux deux geôliers. C’était Ernest, toujours habillé de sa salopette couverte de tâches et sa petite faucille rangée dans la boucle de sa ceinture.

« Attendez ! Et moi ? Maintenant que j’ai fait ce que vous m’avez demandé, c’est terminé ? Vous ne ferez pas de mal à ma famille ? »

Garold s’arrêta, barrant la route à son frère d’un geste de la main. Il regarda le petit Sinari trembler comme une petite bestiole, et dévoila un sourire sadique.

« Mais oui, Ernest. Vous avez raison. C’est terminé… »

Sans comprendre ce qu’il venait de dire, Ernest recula de quelques pas, effrayé par les deux disciples.

« Sharold. »

Sur ces mots, l’imposant Sharold tendit ses mains pour attraper le petit être, qui courut sur le côté pour ne pas se faire avoir. Il enjamba avec habilité une chaise qui trainait la, et sauta sous la table. Malgré de telles acrobaties, Sharold empoigna fermement l’une de ses jambes, le tirant comme un tapis. Il le souleva en l’air, à hauteur de son visage, alors qu’Ernest s’agitait frénétiquement pour se libérer.

« Lâche-moi, gros imbécile ! Laisse-moi partir ! »

Sans s’arrêter de bouger, il dégaina sa faucille et d’un geste circulaire, tailla une profonde entaille sur le visage de Sharold, qui se creusa sous ses deux yeux et sectionnait le haut de son nez. Ce dernier hurla de douleur et lâcha le Sinari, qui tomba lourdement sur la tête. Sharold déambulait dans la pièce, les yeux fermés et les mains recouvrant son visage, criant des injures envers Ernest.

« FOUTUE PETITE MERDE ! HAAAAA ! IL M’A DEFIGURE ! JE VAIS TE BRISER EN DEUX ! »

Après plusieurs pas aléatoires, l’imposant disciple de Thimoros s’écrasa contre la porte de la cellule, faisant sortir les barreaux du sol et provoquant un grincement brusque semblable à un chien couinant à mort. Il s’appuya quelques secondes contre cette dernière, et s’effondra à terre, suffoquant de douleur.

Son frère avait regardé la scène sans sourciller, ayant seulement posé un pied sur Ernest pour l’empêcher de bouger. Il se dirigea vers son frère, qui peinait à se relever de son épaule abimée.

« Je… Je crois que je me suis cassé quelque chose. »

« Tu n’est vraiment qu’un imbécile ! Regarde le bordel que tu as foutu dans la pièce ! »

Sharold se redressa en se tenant l’épaule, puis il se dirigea vers un escalier en pierre qui montait dans l’obscurité. Garold empoigna une jambe du Sinari évanoui et le tira jusqu'à la cellule qu’il ouvrit rapidement, avant de le jeter à l'intérieur comme un vulgaire sac. Il referma furieusement le verrou, et donna un avertissement à Kalas d’une voix chargé de rage.

« Tentes quoi que ce soit, et je te promets de te faire souffrir comme tu ne l’as jamais ressenti. »

Sur ces mots, il se retourna et avança hâtivement vers l’escalier, avalant les marches deux par deux. Le jeune homme prisonnier regarda le corps du Sinari inconscient, tentant de juger de son état de santé. Sa tête saignait, mais son souffle régulier indiquait qu'il était toujours en vie. Il jeta un coup d’œil dans la pièce afin d’en savoir un peu plus sur l’endroit où il se trouvait.

Deux torches éclairaient la pièce de plusieurs mètres carrés, sans aucune porte ou fenêtre. Une table, quelques armoires et un bureau abîmé composaient le mobilier présent dans la pièce, maintenant en désordre après le déambulement de Sharold. Hormis cela, la cellule occupait une partie du fond de la pièce, prenant à peine quelques mètres carrés, ce qui était peu pour deux prisonniers.

Rien ne semblait se passer depuis quelques heures, quand le Sinari se réveilla de son évanouissement en marmonnant quelques mots incompréhensibles. Il posa une main à terre et se frotta le derrière de la tête de l’autre, puis remarqua le sang qui avait séché sur le haut de son crâne.

Ernest releva timidement les yeux, les arrêtant à mi chemin du visage de Kalas, ne trouvant pas le courage de croiser son regard. Il parvint seulement à bredouiller quelques excuses, qui n’eurent pas l’effet désiré.

« Je suis désolé… Pour tout. Tout est de ma faute, si nous nous retrouvons coincés ici. »

« Je ne veux pas entendre vos conneries, Ernest. Tout ce qui m’intéresse pour l’instant, c’est de sortir d’ici. Je jugerais de votre sort plus tard. Pour l’instant, trouvons un moyen de me libérer et de nous enfuir. »

A suivre => Sharold aux poings d'aciers

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mar 1 Avr 2014 23:36 
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Sharold aux poings d’aciers

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S’appuyant de tout son poids sur les chaînes, seul un cri de douleur parvint à se libérer de sa bouche, et Kalas sentit la chair de ses poignets toucher le métal froid des menottes. Il tentait depuis une bonne heure de faire glisser ses mains dans les cercles métalliques, mais sans succès. Kalas abandonna l’idée et s’appuya contre le mur sale de son cachot, haletant à un rythme soutenu.

Ernest avait regardé chacun des efforts de Kalas, souhaitant au fond de lui que ce dernier y arrive. Mais en le voyant abandonner, il en conclu que l’espoir de sortir d’ici vivant était mince. Il n’hésita pas à en faire part à son compagnon de cellule, qui lui rendit un regard voilé de désespoir.

« C’est la fin, je pense. Nous allons mourir ici et je ne reverrais jamais plus ma famille… »

« Si vous avez l’intention de baisser les bras, faites-donc, imbécile. Mais je ne resterais pas enfermé ici ! »

Suite à ces mots, Kalas s’enhardit une nouvelle fois et tira sur ses poignets, ignorant la douleur qui se fit de plus en plus forte. Un hurlement mêlé de courage et de souffrance résonna dans la petite pièce lugubre, alors que des larmes coulaient sur son visage.

« Encore un effort, je sens que j’y suis presque ! Encore ! ENCORE ! ENCORE !!! »

« Arrêtez donc ! Vous allez vous… ! »

Ernest stoppa net sa phrase, quand les poignets recouverts de sang glissèrent entre les bracelets maintenant vides. Kalas s’essouffla rapidement, et sa respiration se faisait de plus en plus forte. Se renversant sur le côté, il glissa le long du mur jusqu’à toucher le sol de sa joue, et ouvrit des yeux fatigués par l’incroyable effort qu’il avait réalisé.

« Vous avez réussi ! Haha, je n’y crois pas ! »

La salive se mélangeant à ses paroles, Kalas coupa court aux acclamations du Sinari et lui imposa le silence.

« Tai-taisez-vous donc ! Je ne tiens pas à ce qu’ils reviennent me remettre les bras dans ces menottes ! »

Ernest se tut, et baissa lentement les yeux vers le sol, regrettant une nouvelle erreur commise.
Son souffle se faisant plus calme, Kalas scruta ses poignets. Des filets de sangs s’écoulaient de plaies circulaires autour de ses poignets, et il parvenait à y voir la chair à certains endroits. Il serra son poing, constatant qu’il pouvait toujours s’en servir. D’un geste et sous le regard ébahi de son compagnon de cellule, il porta ses blessures à ses lèvres, suçotant le sang.

« Mais-Mais que faites vous ?! »

Entre deux profondes inspirations, Kalas expliqua son geste au Sinari, qui ne semblait pas comprendre ce qu’il se passait.

« La salive est un excellent cicatrisant naturel. Elle permet de colmater les blessures peu profondes et de ralentir le saignement. » (Avoir le nez dans les bouquins peut finalement avoir une utilité, on dirait.)

Se frottant encore les poignets pour bien appliquer la salive, Kalas remarqua quelque chose auquel il n’avait pas prêté attention auparavant. Tendant l’oreille pour s’en assurer, il constata une absence totale de bruit dans la pièce. Rien ne semblait également provenir des escaliers, qui résonnaient pourtant des pas de Sharold et Garold quand ces derniers les empruntaient.
La petite voix d’Ernest vint briser ce silence et ce dernier attira l’attention de Kalas sur un fait important.

« Regardez ! Les barreaux de la cellule ! Ils sont hors du sol ! »

Le jeune mage se redressa sur ses jambes encore fébriles de part leur inactivité, et s’avança lentement jusqu’à la porte du cachot. Il remarqua que les barreaux s’étaient tordus, sûrement à cause de la chute de Sharold. L’écart entre le sol et les barreaux étaient maintenant suffisamment grand pour permettre à un être de petite taille de s’y insérer. Cette dernière remarque attira d’ailleurs l’attention de Kalas, qui la partagea avec Ernest.

« Ernest, dites-moi. Pensez-vous que… »

« Inutile, m’sieur Kalas ! C’était déjà dans mes intentions ! »

Sans attendre, le Sinari se coucha à même le sol. Il glissa ses pieds dans l’ouverture de la cellule et se tira à l’aide des barreaux. En quelques secondes, Ernest se redressa et salua Kalas d’un signe de main. Ce dernier esquissa un sourire et repris confiance. C’était un état d’esprit qui lui avait manqué depuis sa captivité, cet espoir de revoir la lumière du jour. Il se promit de profiter encore mieux qu’auparavant du parfum des fleurs et de la lumière du soleil quand il serait sorti d’içi.

« Restez-là pour l’instant, je vais chercher la clé ! »

Kalas ne put s’empêcher de glousser, se demandant comment il pourrait en être autrement. Croisant ses jambes au sol, il regarda le Sinari s’affairer à fouiller chaque meuble de la pièce, à la recherche de cette fameuse clé. Les tiroirs se tiraient avec violence et les portes s’ouvraient dans un grand grincement sinistre. Kalas savait que ces bruits trahiraient leur libération et il hâta le Sinari dans ses recherches.

« Dépêchez-vous, Ernest ! Je sens que l’un d’entre eux va vous entendre ! »

La tête toujours dans l’un des tiroirs, le petit être haussa la voix qui résonnait jusqu’aux oreilles de Kalas.

« Ne me pressez pas comme ça, je ne peux pas aller plus… ! »

Ernest débâtit ses jambes pour pousser son poids hors du tiroir et tomba sur ses pieds, la main tendue en l’air. Dans celle-ci se trouvait une clef en bronze abîmée, que le Sinari serrait fermement.

« Je l’ai ! »

Le visage de Kalas s’éclaira alors qu’il fixait l’objet de sa libération au creux d’une si petite main. L’extérieur semblait plus proche que jamais quand un grincement de serrure résonna dans l’escalier, figeant les deux prisonniers sur place. Le visage du Sinari se décomposa, et il regarda Kalas avec une mine désespéré. Ce dernier lui fit des signes de mains hâtifs tout en lui demandant de le rejoindre.

« Ernest ! Donnez-moi la clé, vite ! »

Ernest glissa cette dernière dans sa main, et regarda Kalas d’un air sinistré. Le jeune mage pouvait lire la peur sur son visage, comme si sa présence de l’autre côté des barreaux lui semblait interdite.

« Qu’est ce que je vais faire ?! Je suis perdu ! Je suis mort ! »

Kalas le rassura d’une voix emplie d’assurance et lui indiqua la marche à suivre.

« Calmez-vous, Ernest ! Si vous faites ce que je vous dis, tout ira bien et nous pourrons nous enfuir d’ici ! Vous voulez revoir votre famille, n’est-ce pas ? »

« Je-Oui ! Oui, je le veux ! »

« Voilà ! C’est ce que je voulais entendre ! Maintenant, cachez-vous dans l’armoire près de la cellule et guettez une opportunité d’attaquer. Je vous ferai signe quand ce sera le bon moment, ne le ratez pas ! Allez, maintenant ! »

Le Sinari s’activa jusqu’à la table où étaient rassemblés plusieurs instruments de torture, et il y choisit rapidement une petite lame à la pointe particulièrement fine. Enfin, il courut silencieusement jusqu'à une petite armoire à l’aspect délabré et s’y introduisit rapidement. Avant qu’Ernest referma les portes de l’intérieur, Kalas cru y distinguer ce qui ressemblait à des tâches de sang séchés, laissant dans l'esprit du prisonnier une idée de son utilité.

Pendant ce temps, le jeune mage avait glissé la clé dans la serrure de la porte, alors qu’il entendait un pas lourd descendre les escaliers. Paniqué, il tournait sans succès le loquet qui ne s’ouvrait pas, jusqu’à comprendre qu’elle ne correspondait pas à cette serrure. Il rangea la clef dans une poche de sa veste et attendit l’arrivée du geôlier, contenant son effroi derrière un masque de détermination.

La silhouette de Sharold apparut en bas de l’escalier, toujours aussi imposante. Ses larges épaules cachaient la lumière qui s’échappait du couloir, lui donnant une apparence particulièrement sinistre. Le comparant à un bourreau, Kalas le regardait s’avancer d’une démarche lente et colossale. Il s’arrêta devant lui, baissant la tête pour regarder l’humain qui faisait deux bonnes têtes de moins que lui. Au fond de ses yeux noirs comme la nuit, le jeune mage ne parvenait pas à y voir son reflet. L’air menaçant, il déglutit avec un son particulièrement rocailleux et s’adressa à Kalas d’une voix rauque.

« Comment t’as fais pour enlever tes menottes ? »

Le jeune homme sentait une pression folle lui tirailler l’estomac, mais il savait qu’il devait rester impassible face à l’intimidant geôlier. Lui montrer qu’il le terrifiait, c’était une ouverture pour son adversaire. Kalas répliqua avec insolence, ce qui l’étonna lui-même.

« Pourquoi ? Tu as l’intention de me remettre les bras dans les bracelets ? Compte sur moi pour que ça n’arrive pas ! »

« Fais pas ton malin, gamin, parce que y’a pas trois heures, tu te pissais encore dessus. Et arrête de me regarder dans les yeux, je déteste qu’on les fixe comme ça…»

La couleur de ses pupilles devint plus terne, et Sharold détourna son regard pour éviter celui de Kalas. Il se rendit compte de l’absence du second prisonnier, et interrogea rapidement celui qu’il avait en face de lui.

« Où est le petit ?! OU EST-IL ?!

Le géant postillonnait sur le visage du mage en hurlant et frappa du plat de la main sur la grille. Kalas ressentit l’onde se propager dans toute la grille avant d’atteindre le sol qui résonna silencieusement. Comprenant qu’un coup de ce monstre suffirait à le mettre hors combat, il jugea préférable de se servir de sa tête pour le neutraliser, plutôt qu’une confrontation directe. (Il faut que je l’oblige à ouvrir cette porte, il le faut !)
Sans un mot, Kalas regarda une armoire au fond de la pièce, ce qui attira immédiatement l’attention de Sharold sur celle-ci. Il esquissa un sourire alors que Kalas quitta immédiatement le meuble des yeux, tentant de piéger son adversaire.

« Hoooo, je vois… On veut jouer à cache-cache, maintenant ? Très bien, très bien… »

« Non, non, il n’est pas à l’intérieur ! »

Le colosse se retourna et s’avança d’un pas lourd en direction de la supposée cachette, et tendit sa main vers la porte. Alors qu’il tentait de tourner la poignée rouillée, Sharold entra dans une fureur noire et n’hésita pas à tirer dessus plusieurs fois de toutes ses forces, finissant par se retrouver avec la poignée brisée dans la main.

« RAAAAH ! C’EST PAS POSSIBLE ! SORS DE LA ! »

D’un coup de poing rageur, Sharold démolit la porte qui s’effondra sur le sol dans un grand fracas. Kalas ne put s’empêcher de sursauter devant tant de violence et retint un hoquet de stupeur. Un lourd silence s’installa dans la pièce en même temps qu’un nuage de poussière enveloppant Sharold quelques secondes. Le colosse se tenait là, devant les débris de la porte, soufflant comme un taureau. Il se retourna et fixa Kalas de ses yeux noirs. La haine était la seule expression lisible sur son visage, et plus rien ne paraissait humain chez cet homme. Il poussa un rugissement qui obligea Kalas à se boucher les oreilles, et s’activa jusqu’à la cellule avec une démarche digne d’une bête sauvage. Cette fois, Sharold n’avait plus envie d’attendre et il le fit comprendre à son prisonnier. Il fouilla quelques secondes dans sa poche et cracha toutes les menaces qui lui vinrent à l’esprit.

« C’est terminé ! TERMINE ! Je vais te saigner comme un pourceau, vu que t'aimes jouer ! Tu vas voir la couleur de tes tripes, je te le promets ! »

Le geôlier sortit un trousseau de clés de sa poche et attrapa la plus grande d’entre elles entre ses gros doigts épais. Il glissa cette dernière dans la fente de la serrure et tourna la clef jusqu'à ce que le claquement du loquet se fasse entendre. C’était l’opportunité qu’attendait Kalas.

« ERNEST, MAINTENANT ! »

Au même moment, d’un geste vif et rapide, Kalas rassembla toutes ses forces un court instant et frappa du plat de son pied contre la porte de la cellule. Cette dernière s’ouvrit violement dans un grand fracas et s’écrasa sur le visage de Sharold, qui n’avait pas prévu une telle réaction. Au moment de l’impact, le geôlier recula de quelques pas, les mains sur le visage en beuglant de douleur. De son côté, Ernest s’extirpa de sa cachette en claquant les portes battantes de l’armoire avec un cri de guerre aigu. Son poignard à la main, il se lança à l’assaut avec un mélange de détermination et de crainte.

« YAAAAAAAAAAAH !!! »

Escaladant son dos en plantant plusieurs fois son couteau, Ernest grimpa jusqu’aux épaules de Sharold et ravagea sa chair avec frénésie. Le colosse hurla en tentant d’attraper l’indésirable de ses grosses mains, mais sans succès.

En voyant le visage découvert de Sharold, Kalas remarqua son nez fracturé, rependant des flots de sang sur ses vêtements. Il profita de l’occasion pour s’enfuir de sa cellule avec hâte, passant à l’écart du combat jusqu’à atteindre la table sur laquelle se trouvait les divers instruments de torture. Il renversa hâtivement plusieurs ustensiles rouillés et quelques crochets recouverts de sang séchés, mais rien ne lui convint.

Se retournant pour faire face à Sharold, il surprit ce dernier empoigner violement le bras du Sinari, le couteau en l’air, prêt à s’abattre. Ne ratant pas cette occasion, le geôlier renversa d’une puissante projection Ernest, qui vola sur plusieurs mètres avant de s’écraser dos en premier sur les barreaux de la cellule. Sharold se redressa, constatant avec une respiration haletante sa victoire sur le petit être. Ce dernier ne bougeait plus, le corps totalement immobile après l’atterrissage.

Quelque chose heurta la chaussure de Kalas, et c'est en baissant les yeux que ce dernier reconnu l'arme que tenait Ernest. Se penchant rapidement pour l'attraper, il serra la poignée en bois taillé dans sa main. Une belle bande de cuir retenait la garde composée de deux tiges de métal totalement intactes, assurant la récente acquisition de la dague. La lame, longue de quelques dizaines de centimètres et particulièrement fine, semblait pur comme un diamant taillé. S'adaptant parfaitement bien à sa saisie, Kalas trouvait en cette lame un sentiment de sûreté pour le conflit à venir.

Le géant se tourna en direction de Kalas, avant de remarquer l’arme bien serré dans sa main.

« MON COUTEAU ! RENDS-LE MOI !!! »

« Viens le chercher ! »

Dans une rage folle, le colosse frappa deux fois de son poing dans la paume de sa main, et dévoila toute sa bestialité dans un rugissement intimidant. Le jeune mage changea sa lame de main, se sachant plus habile avec la droite, et remonta ses manches d’un geste hâtif, maintenant prêt à faire face à Sharold aux poings d’aciers.

A suivre => Homme et Titan

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Dernière édition par Kenra le Dim 22 Juin 2014 18:29, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Dim 22 Juin 2014 18:27 
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Précédemment => Sharold aux poings d'aciers

[:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation violente/gore et contiennent un langage violent, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.

Homme et Titan

><


Kalas avait lu de nombreux ouvrages au fil de sa jeunesse, et particulièrement lors de son apprentissage de la magie. L'homme qui lui en avait apprit les rudiments s'était présenté sous le nom d'Oslight, mais Kalas avait bien compris qu'il s'agissait d'une ruse. Le jeune homme ne prenait pas mal le fait qu'on lui cache son identité, mais il aurait aimé répondre aux curieux qui lui demandait où il avait appris la magie.

Oslight avait simplement guidé Kalas sur le chemin à emprunter pour maîtriser les fluides magiques qui parcourait son corps. Ce dernier se souvient encore du moment où il avait réussi son premier sort, celui qui avait révélé l'élément avec lequel il était le plus en phase. Après la pratique, Kalas prenait plaisir à passer la soirée en lisant de nombreux livres, mais c'était les contes et récits de batailles qui l'émerveillaient le plus.

Sa légende préférée racontait l'histoire d'un puissant archimage combattant à lui seul des armées maléfiques entières. L'homme, juste et sage, savait triompher de toutes les batailles, jusqu’à son ultime confrontation. Une porte maléfique s'était ouverte dans un royaume aujourd’hui oublié, et l'archimage avait été appelé pour trouver un moyen de la fermer. Il entama un rituel qui se conclu par l’apparition d'une créature gigantesque, qui risquait de décimer à elle seule le royaume entier. La bataille fut titanesque, mais aucun des deux protagonistes n'en sortit vivant. L'archimage emporta l'abomination avec lui dans un tourbillon de puissance arcanique, ravageant l'endroit. Les survivants de ce cataclysme s’empressèrent de raconter la scène, modifiant à chaque fois la véritable histoire.

Kalas ne put s'empêcher de comparer la situation actuelle avec son histoire favorite. Le rugissement bestial de Sharold rebondissait sur les murs, comme si plusieurs personnes hurlaient à la fois. Son cou parcouru de veines saillantes semblait s’allonger et son visage rougissait de colère. Kalas n’avait jamais vu autant d’animosité chez un homme, en particulier avec quelqu’un de cette carrure. Ne percevant en lui que la rage et la haine, le jeune mage en conclut qu’aucune diplomatie ou discussion n’était possible avec Sharold, la seule issue étant le conflit.

« Tu ne quitteras jamais cet endroit vivant ! JAMAIS ! »

Le colosse leva le bras pour empoigner son casque cabossé et le jeta dans un coin de la pièce, dévoilant son visage aux lueurs des torches. Kalas distingua des cheveux bruns décoiffés cachant à moitié une large cicatrice circulaire sur le haut de son front.

Serrant fermement la poignée de la dague dans sa main, le jeune homme en conclu une nouvelle fois qu’il n’était pas fait pour en tenir un. Couper un poulet, peler un citron ou éplucher une carotte, Kalas savait le faire, mais tailler, balafrer et découper des membres, c’était quelque chose qu’il avait en horreur. Malgré tout, il était convaincu que cette situation l’obligeait à faire l’impasse sur ce fait, se préférant armé qu’à mains nues.
De son côté, Sharold était impatient d’en finir. Son dos dégoulinait encore des coupures profondes que lui avait infligé le Sinari, et il ne pu s’empêcher de jeter un regard noir de méchanceté au corps toujours inconscient du petit être qui gisait près de la cellule. Un rictus se dévoila sur son visage, transformant presque son visage. La voix aussi puissante que ses paroles, il fit comprendre à Kalas qu’il n’était pas dupe.

« Ce couteau… Tu sais pas l’utiliser, petit merdeux ? »

Fronçant les sourcils, Kalas s’en voulait d’avoir été percé à jour, se questionnant sur ce qu’il l’avait trahi.

« J’me disais bien que ta manière de le tenir était bizarre. Je m’en suis fait pour rien, on dirait. »

« Même un débutant peut tuer avec un couteau. Souvent, un seul coup suffit pour en finir… »

« Un seul coup… Comme tu dis, gamin. »

Sur ces mots, le colosse chargea tête baissée à une vitesse hallucinante pour sa carrure. Surpris, Kalas entama un pas de retraite vers l’arrière, les coudes levés vers son adversaire. Quand il fut à portée, Sharold attrapa les bras de son adversaire, les manipulant comme une vulgaire marionnette. Il fit reculer le jeune mage sur quelques mètres, qui tentait de lutter sans succès contre la force herculéenne qui le poussait en arrière.

L’impact de son dos contre la pierre froide du mur se manifesta en Kalas par une violente secousse qui se propagea dans l’ensemble de son corps, le laissant sonné pendant quelques rapides instants. Il n’eut le temps de se remettre que pour sentir Sharold, relâchant ses poignets au même moment, frapper violemment le jeune homme d’un sournois coup de genou dans le ventre, le regardant souffrir.
Les yeux écarquillés de douleur, Kalas perdit le contrôle de son corps et s’effondra sur lui-même, crachant une salive rougie par le sang. Il relâcha le couteau qu’il tenait fermement dans sa main droite, et releva la tête avec difficulté.

Sharold le regardait, l’air amusé. Il n’avait pas usurpé son titre de « poings d’aciers », faisant rapidement comprendre à son prisonnier qu’il n’y aurait pas d’échappatoire. L’instant d’après, il baissa la main sur son couteau, récupérant ce qu’il voulait depuis le début.

« Je vais reprendre ça, merci. »

Il rangea la lame dans une des lanières de sa ceinture, arborant fièrement l’arme désormais à la place qui était la sienne. Le colosse finit par dévisager le visage livide de sa proie une nouvelle fois et leva son poing bien serré au dessus de sa tête, avant de tonner une moquerie qui sonna comme une mise à mort pour Kalas.

« Un seul coup, comme tu disais… »

L’instant d’après, Sharold frappa de toutes ses forces, avec pour seul désir de sentir son prisonnier s’écraser sous son poing. Sans même en avoir conscience, Kalas puisa au plus profond de son instinct de survie. Il bascula sur le côté, s’échappant d’une roulade malhabile de la frappe de son adversaire. Le jeune homme sentit l’impact du poing contre le sol, qui souleva la poussière et fit trembler toute la pièce. Terminant la roulade contre une armoire adjacente, Kalas ne se lamenta pas longtemps et se releva avec rapidité, ne souhaitant pas laisser une nouvelle ouverture à son tortionnaire.

La poussière retomba rapidement, dévoilant Sharold aveuglé et toussant dans ses mains. Après quelques instants, ce dernier rouvrit des yeux plissés dans lesquelles la colère était toujours lisible. Il pointa son doigt vers Kalas, avant de le menacer une nouvelle fois.

« Abandonne, gamin. Tu n’as ni de quoi te défendre, ni de quoi résister. Et même si c’était le cas, tu ne pourrais rien faire contre moi. Retourne te terrer dans ta cellule comme un gentil petit chien et j’arrêterais de te foutre sur la gueule… »

Kalas avait entendu chacune de ces paroles comme un affront, comprenant qu’il était temps de dévoiler ce dont il était capable. Il répondit les bras levés en face de lui, la main gauche à plat et le poing droit serré.

« Je vais te montrer comment je me défends… »

Il fixa Sharold avec des yeux colériques, sentant monter en lui le pouvoir. Celui-ci n’eut aucun besoin de puiser dans des souvenirs, la provocation du colosse suffisait à l’alimenter comme il se doit. La veste de Kenra commença à s’agiter sous l’effet de la montée de puissance, dansant sous l’effet d’un vent imaginaire. Même ses cheveux se dressèrent sur sa tête, dévoilant un visage plus déterminé que jamais.

Cette fois-ci, Kalas avait tout structuré dans sa tête lors de l’invocation de la colonne. Il sentit une partie de son énergie le quitter pour se matérialiser physiquement. Celle-ci construisit un pilier de terre horizontale, parfaitement cylindrique.

C’est à cet instant que Kalas comprit que des modifications lors du rituel changeaient l’énergie puisée dans son corps. Il savait que la création d’une colonne au-dessus de Sharold n’était pas possible, le géant touchant presque le plafond de sa tête. Il décida donc de la créer à ses côtés, afin de frapper tel un bélier. Les composants au sol ne permettaient pas de créer un pilier aussi pur qu’à l’extérieur. Aussi, il préféra se concentrer sur sa solidité plutôt que sur sa composition. Dans son esprit, il peaufina les derniers détails, la compressant au maximum afin de la rendre suffisamment résistante pour bousculer un colosse comme Sharold.

Sharold regarda le rituel avec des yeux ébahis, stupéfait devant un tel spectacle. Il essuya la salive poussiéreuse qui lui démangeait le menton d’un revers, et posa les yeux à terre, qui semblait se désagréger. Plusieurs siphons de sable reliaient la colonne au sol, comme si cette dernière drainait chacune de ses particules.

Quand cette dernière fut finalement matérialiser, Kalas sentit une large différence d’énergie utilisée avec la dernière fois. Il ne savait pas ce qui avait facilité le rituel contre l’abomination des champs ; peut-être l’inquiétude ou la panique. Pour l’heure, seule la colère résonnait dans son esprit. Et cette même colère allait frapper de courroux l’homme qui l’avait séquestré.

Jamais Sharold n’aurait cru son prisonnier capable d’une chose pareille. Aussi, son arrogance se transforma progressivement en crainte, incapable de comprendre les subtilités de l’art de la magie. La panique se mélangea à ses paroles, rendant Kalas plus sûr de lui.

« Mais qu’est-ce que t’est en train de foutre ?! Qu’est-ce que c’est que ce truc ?! »

A cet instant, Kalas ne voulait pas lui répondre. Il souhaitait laisser son adversaire dans le doute le plus total, de manière à l’atteindre mieux encore. Se sentant prêt à relâcher la colonne, il souffla quelques mots à Sharold, qui serrait les dents.

« C’est fini, Sharold ! »

Frappant de son poing, la paume de sa main dégagea un bruit sourd ressemblant au tremblement d’une montagne. La colonne réagit instantanément, s’abattant sur Sharold à une vitesse phénoménale. Ce dernier n’eut que le temps de se protéger de ses bras, tentant de faire face à cette véritable force de la nature.

La lourdeur du coup plaqua le colosse dos au mur, incapable de bouger. S’appuyant uniquement sur ses bras, il tenta de résister à l’impact en mettant tout son poids en avant. Quelques secondes se déroulèrent durant lesquelles Sharold bataillait contre l’énergie qui animait le pilier. Pour Kalas, c’était comme voir une porte résister à l’assaut d’un bélier.

L’énergie magique qui animait la colonne finit par disparaître, et le silence redevint maître de la pièce. Quand il détacha ses mains, Kalas ressentit un violent fourmillement le long de ses bras, qui s’arrêta rapidement. Pour lui, le sort avait été parfaitement lancé et il lui restait juste assez d’énergie pour rester debout. Il mit la faute sur une trop longue préparation du sortilège, avant d’essayer de distinguer son adversaire au milieu du nuage de poussière qui s’était levé.

Les bras encore levés en guise de bouclier, Sharold comprit que le rituel était terminé. La poussière retomba à terre, et le colosse ne perdit pas une seconde dans son effet de surprise. Il fonça rapidement vers son prisonnier, qui ne s’attendait manifestement à aucune réaction de sa part.

Sans pouvoir réagir, Kalas sentit ses pieds quitter le sol tandis que Sharold le soulevait d’un bras tendu. Il l’amena jusque devant son visage, et lui cracha la colère qui l’animait.

« Espèce de sale... petit rat… »

Empoignant le bras de son adversaire, Kalas tentait de se défaire de son emprise, mais l’écart de force était beaucoup trop creusé pour espérer rivaliser. Il ne put que griffer sa peau avec acharnement, tandis que Sharold tentait de retrouver un rythme dans sa respiration.

« Regarde mon bras ! REGARDE-LE ! REGARDE CE QUE T’AS FAIS ! »

Kalas glissa les yeux vers le bras gauche de Sharold, inerte le long de son corps. Au milieu de l’avant-bras se trouvait une large marque brune indiquant l’endroit où avait frappé la colonne. Celle-ci avait plier l’os, fracturant l’intégralité du membre. La fatigue et la douleur se lisait sur le visage livide du bourreau, le souffle court et les vêtements tachés de sueur et de sang.

Kalas ne fut pas surpris de le voir dans cet état là. Au contraire, il se demandait comment une telle endurance pouvait exister chez un homme. Sharold s’était fait défiguré, poignardé, bastonné et il était toujours debout, même après avoir encaissé une frappe aussi lourde qu’un bélier. Même à bout de force, le colosse représentait toujours une menace réelle, capable de broyer son adversaire.

S’agitant pour ne pas mourir étranglé, Kalas frappait l’imposant bras musclé qui le retenait dans les airs de toutes ses forces, mais sans succès. Sharold prenait un malin plaisir à voir la vie quitter le corps de son prisonnier, et il ne manquait pas de lui en faire la remarque.

« Oui… Crève… Enfin, tu vas crever comme le sale rat que tu es… »

Les larmes coulaient le long de ses joues alors que le souffle lui manquait. Kalas sentait sa vue s’assombrir au fur et à mesure de son étouffement, alors qu’il tentait toujours de faire lâcher prise à l’étreinte du colosse. Se débattant comme une bête sauvage, l’un de ses coups finit par porter ses fruits. Sharold sentit la jambe de son prisonnier frapper contre son bras cassé, réveillant en lui une douleur encore plus intense qu’auparavant. Il poussa un hurlement de souffrance et lâcha le cou de Kalas, qui s’écroula au sol, reprenant instantanément sa respiration.

Le jeune mage sentait l’air remplir à nouveau ses poumons, et il prit quelques secondes pour récupérer. De son côté, Sharold posa sa main contre son bras fracturé en grimaçant de douleur, ne faisant même plus attention à son adversaire. Les yeux plissés, il hurla une nouvelle fois, remplissant la pièce d’un cri de douleur.

Alors qu’il reprenait son souffle, Kalas sentait la fatigue prendre le dessus. Ses jambes peinant à le remettre debout, et il dut s’aider de ses mains pour se relever. En levant la tête, il distingua le couteau de Sharold, toujours accroché à sa ceinture. Le colosse semblait toujours s’attarder sur la douleur de son bras, incapable de porter son attention sur autre chose. Profitant de l’occasion, Kalas empoigna d’un geste vif la garde de la lame et la retira de la sangle, avant de la plonger avec rage dans la jambe de son adversaire.

Même sans regarder, Sharold savait ce qu’il s’était passer. Il poussa un nouveau cri de douleur, avant de baisser les yeux vers son prisonnier, la main toujours sur la poignée. D’un violent coup de pied, il repoussa le jeune mage qui tomba à la renverse avant de détruire une chaise en s’échouant dessus.

Le dos meurtri, Kalas s’appuya sur ses avant-bras pour tenter de se redresser. Sharold, exténué, s’était écroulé sur les genoux, incapable de tenir debout après toutes ces blessures. Cela n’apaisait pas sa rage pour autant, alors qu’il vociférait des menaces de morts à qui veut l’entendre.

« JE VAIS TE VIDER DE TON SANG! DE TOUT TON SANG ! TU VAS VOIR LA COULEUR DE TES TRIPES, JE LE JURE SUR LE SEIGNEUR THIMOROS ! »

Kalas ne faisait même pas attention à ses paroles, tant il les avait entendus. Tout ce qu’il souhaitait, c’était en finir et partir loin de cet endroit horrible. Il prépara un nouveau rituel, joignant lentement ses mains l’une vers l’autre. Pendant son mouvement, la colonne se formait de la même manière que la précédente, aspirant du sol sa composition et de son corps l’énergie magique.

Le jeune mage avait maintenant pris l’habitude de lancer ce sort, ne lui demandant plus autant de préparation qu’auparavant. La quantité de souvenirs pour l’utiliser n’était plus aussi importante, et il avait appris à utiliser les émotions ressenties dans l’instant comme source d’énergie.

La tête vide de toute pensée néfaste, Kalas souhaitait frapper Sharold pour tout le mal qu’il avait donné. Pas seulement à lui ou à Ernest, mais à chaque personne qu’il avait fait souffrir ou même tué. Son sens du bien et du mal lui avait toujours été fidèle, aujourd’hui plus que jamais.

Alors qu’il terminait son rituel, Sharold compris qu’il ne pouvait lutter davantage. Les veines saillantes de son cou l’alimentait d’une rage infinie et ses yeux noirs comme la nuit reluisait d’une haine sans nom, alors qu’il crachait chaque insulte qui lui venait à l’esprit.

« Espèce de sale merdeux ! Je te maudis, toi et toute ta famille ! Puisse Thimoros te brûler… »

« ASSEZ ! »

Le ton de sa voix était si autoritaire que Sharold se tût quelques secondes. Kalas ne supportait plus d’entendre le nom de ce dieu perfide qui lui avait pris sa mère. Dans un élan de colère, il lâcha la colonne en frappant dans son poing. Cette dernière chargea vers Sharold qui tentait de se protéger de son bras restant dans un réflexe de désespoir.

Le sortilège enfonça totalement Sharold, qui ne put résister une nouvelle fois à un impact aussi puissant. Le pilier de terre s’écrasa sur son torse, le faisant voler sur quelques mètres avant de finir sa chute contre le mur. Ce dernier résonna d’un puissant tremblement, qui secoua les fondements même de la pièce. Son corps inerte retombant au sol, Sharold avait creusé une profonde faille sur le mur maintenant fissuré.

De violents spasmes se manifestèrent dans ses bras, et Kalas s’effondra au sol. L’effort fourni pour ce dernier sortilège lui avait drainé ses dernières forces. Sa gorge lui brûlait et le goût amer du sang se répandait dans sa bouche. Il tourna la tête en haletant pour jeter un dernier coup d’œil à son tortionnaire, inanimé dans un coin de la pièce.

Kalas ressentit le contrecoup de la magie, rendant ses membres aussi lourd que la roche. Exténué, il tentait de se déplacer, mais seule sa tête acceptait de se mouvoir. Il abandonna l’idée de se lever pour l’instant, préférant ne pas pousser son corps dans les extrêmes.

Dans son esprit, tout était calme, et Kalas n’avais jamais été aussi fier de lui. Il avait remporté la victoire contre un homme qui en valait deux, voir plus. Pour le jeune mage, l’homme pouvait toujours s’en sortir, même face à un titan.

A suivre => On rentre...

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On rentre…

><


Le rétablissement fut des plus douloureux pour Kalas, ressentant chaque inspiration comme un coup de couteau dans les poumons. Sharold avait manqué de l’étrangler, et le jeune mage n’avait jamais eu aussi peur de sa vie. Il n’avait été aussi proche de la mort qu’à cet instant précis. Le coup de genou n’avait pas non plus arrangé les choses, l’obligeant à se retenir de cracher du sang.

Allongé sur le dos, Kalas tentait de retrouver un semblant de sensation dans ses membres. Ses bras étaient totalement amorphes, mais un léger picotement lui titillait le bout des doigts. Ses jambes, en revanche, pesaient aussi lourd que de la pierre.
Résigné à patienter au milieu de la pièce, le jeune mage pensa un instant à Cornélius, son ami qui l’attendait. Il l’imaginait, s’inquiétant de son absence et fouillant la ville à une heure tardive pour le retrouver. Cette image força un sourire sur le visage de Kalas, qui appréciait l’idée d’avoir quelqu’un se faisant du souci pour lui.

« Quand je lui raconterais ce qu’il m’est arrivé… Il ne me croira jamais… »

D’interminables minutes s’écoulèrent, accompagnées d’un silence de mort régnant dans la pièce. Le crépitement des torches se mêlait à sa profonde respiration, et Kalas finit par pouvoir bouger. Alors qu’il luttait contre l’atroce douleur qui lui ravageait les membres, le jeune mage réussit à se retrouver sur les genoux au prix d’un incroyable effort.

La tête lui tournait et il fallut qu’il s’appuie sur la table à côté de lui pour rester en position. Kalas posa la tête contre la table et ferma les yeux, tentant de retrouver un peu de clarté dans son esprit. C’est au même instant qu’il entendit une voix très faible, comme une complainte. Cette dernière émergeait d’Ernest, le corps tremblant et les larmes ruisselantes sur son visage.

« Quelqu’un… Pitié… Aidez-moi… »

Recroquevillé sur lui-même, le Sinari sanglotait dans un coin de la pièce. Après s’être violemment fait projeté par Sharold, Ernest avait été inconscient pendant que Kalas affrontait son ravisseur. Le jeune mage se rapprocha avec difficulté vers le Sinari, qui répétait sans cesse la même phrase. Ravageant ses coudes en rampant jusqu’à lui, le jeune homme atteignit Ernest qui ne faisait même pas attention à son compagnon de cellule, se lamentant encore une fois.

« Quelqu’un…Pitié…Aidez-moi… »

Quand il fut à ses côtés, Kalas remarqua les vêtements tachés de sang du petit-être. Le sang s’écoulait d’une plaie à la tête et il se tenait fermement le bras, d’apparence fracturé. L’attitude d’Ernest empli le jeune mage de pitié, qui en oublia un instant sa traitrise. Ce dernier tenta de l’apaiser en lui indiquant sa présence.

« Ernest ? C’est moi, Kalas. Je suis là, c’est terminé maintenant. »

Les paroles du jeune homme figèrent le Sinari sur place, qui répliqua d’une petite voix chargée d’inquiétude.

« Terminé ? Qu’est-ce qui est terminé ? »

« Calmez-vous, Ernest. Ils ne pourront plus nous faire de mal. Sharold est inconscient dans un coin de la pièce, nous allons pouvoir nous enfuir. »

Le Sinari ouvrit les yeux un instant, avant de fouiller rapidement la pièce du regard. Les larmes coulèrent de plus belle quand il répondit à Kalas.

« Où-Où ça ?! Je-Je ne le vois pas ! »

Surpris, le jeune mage se tourna vers Sharold avant de l’indiquer en pointant du doigt.

« Mais si, regardez, juste… »

Son cœur se figea un court instant tant il était surpris, propageant dans son corps une secousse de surprise. Kalas fixait silencieusement l’endroit où devait se trouver un Sharold toujours inconscient depuis sa défaite. Seul un profond impact dans le mur et quelques flaques de sang trahissait les lieux, ainsi que le chemin de gouttes sanguinolentes qui se dirigeait vers les escaliers.

« Ce n’est pas possible… »

Sharold avait disparu, profitant de l’inconscience du jeune mage pour s’enfuir. Paniqué, Kalas se leva d’un rapide appui sur ses jambes, ignorant les dernières douleurs qui lui ravageaient les membres. Le Sinari haussa la voix, qui partit dans les aigus.

« Il a du prévenir son frère ! Ils vont revenir, j’en suis sûr ! »

Alors qu’Ernest sanglotait la joue collée contre le sol, le jeune homme regarda les gouttes de sang formant une ligne discontinue en direction des marches de l’escalier. Il jaugea la situation, comprenant que si Garold était en haut, il se serait déjà manifesté pendant le combat contre Sharold.

(Mais dans ce cas, où est Garold ? Si son frère s’est enfui et qu’il n’est pas revenu, c’est qu’il est parti à sa recherche. C’est notre chance !)

La raison prenant le dessus sur la panique, le jeune mage expliqua la situation à son compagnon, qui se morfondait dans le désespoir le plus profond.

« Ernest, si nous devons nous enfuir, c’est maintenant ! Si Garold revient, tout ce que nous avons tentés depuis le début n’aura servi à rien ! IL FAUT PARTIR ! »

Le Sinari stoppa ses sanglots, avant de relever un visage plus calme. Il se redressa sur ses genoux et Kalas vint lui proposer son épaule pour le soutenir.

« Vous-Vous pensez ? »

« Partons, Ernest ! Nous aurons tout le temps de nous poser des questions quand nous serons chez nous, en sécurité ! »

Pris d’une motivation sans nom, le petit-être donna tout ce qu’il avait afin de se stabiliser sur ses deux jambes. Son bras lui faisait toujours atrocement mal, mais aucune plainte de sortit de sa bouche, même quand il s’appuya rapidement sur ce dernier pour se redresser.

Alors qu’il aidait Ernest, Kalas pensa qu’il avait su trouver les mots justes, et cela l’étonnait même. Il n’avait pas abandonné l’idée de s’évader, même à son réveil en cellule. Malgré la trahison du Sinari, il avait compris que ce dernier n’avait pas eu le choix. Et malgré tout, cela lui était égal. Il souhaitait plus que tout retrouver son ami qui l’attendait, là-dehors.

« Je devrais pouvoir marcher seul maintenant. Merci, m’sieur Kalas. »

« Très bien. Restez près de moi et surtout, ne me lâchez pas d’une semelle. »

Le jeune homme se posta dos au mur à côté des escaliers. Il fit un rapide signe de main au Sinari pour que ce dernier s’arrête, puis il glissa sa tête dans le passage.
Un long escalier composé de vielles marches en pierre poussiéreuses montait vers une porte ouverte éclairée par une torche. L’obscurité était totale dans le corridor, et le jeune mage ne parvenait pas à voir ce qui se trouvait de l’autre côté de la porte. Kalas tourna la tête vers le Sinari qui se tenait le bras, les yeux fixés vers son compagnon en attendant ses instructions.

« Rien à signaler. Allons-y. »

Le jeune homme ouvrit la marche en posant le pied dans l’escalier, qu’il monta rapidement. Un vent froid soufflait dans le couloir, faisant danser la flamme de la torche au sommet des escaliers. Le jeune mage entendit Ernest trébucher, avant de se tourner pour le voir se rattraper de justesse. Ce dernier releva la tête et s’excusa rapidement.

« Désolé… »

En arrivant au sommet des escaliers, Kalas sentit le vent gagner en intensité. Il passa la porte qui tapait contre le mur derrière elle à son entrée dans la pièce. Cette dernière, bien plus petite que la salle de torture en bas des marches, était presque entièrement plongée dans le noir. Kalas remarqua plusieurs torches éteintes encore fumantes disséminés dans les recoins de l’endroit. Il attrapa d’un geste un des flambeaux à ses côtés et en plongea l’extrémité dans l’unique source lumineuse. Brassant doucement l’air de sa torche désormais allumée, il fouilla rapidement la pièce des yeux.

L’endroit ressemblait à une petite maisonnette de campagne. Un lit était collé dans un coin de la pièce et une table carrée trônait au milieu de la salle, sous laquelle était rangé deux chaises en bois. Un autre coin de la pièce, sûrement destiné à la cuisine, était composé d’une marmite sur un rond de pierres couvertes de cendres. Enfin, deux fenêtres donnait une vue sur une forêt extérieure plongée dans la nuit, ainsi qu’une porte en bois grande ouverte.

Alors qu’Ernest pénétrait à son tour dans la salle, Kalas ne put s’empêcher de se questionner sur l’état de la pièce. Beaucoup plus propre qu’en bas, l’endroit semblait être aménagé afin de ne pas éveiller de soupçons sur les macabres activités des propriétaires.

En s’imaginant toujours enfermé dans sa cellule pendant que les deux frères dînent à leur table, le jeune mage ne put retenir une montée de colère. Il savait qu’il n’était pas une des premières victimes, et le penser l’énervait davantage. Cette scène lui apporta autant de fureur que de volonté de s’enfuir, et il tonna ses intentions au Sinari.

« Partons. Maintenant. Cet endroit n’est pas une prison…»

Kalas se tourna vers Ernest qui releva la tête vers son compagnon. La torche éclairait la moitié de son visage, lui donnait un aspect presque solennel.

« C’est un abattoir… »

En entendant ces mots, Ernest baissa la tête. Son partenaire avait su trouver les mots définissant parfaitement les lieux. Kalas n’attendit pas la réaction du Sinari et força le pas en direction de la sortie, sans se retourner une dernière fois. Le petit-être pressa le pas, franchissant la porte avec son compagnon de cellule.

A suivre => ...A la maison

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Dernière édition par Kenra le Lun 7 Juil 2014 17:38, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Lun 7 Juil 2014 17:36 
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…A la maison

><


Les reflets d’une magnifique nuit étoilée filtraient à travers les feuilles des arbres, éclairant partiellement la forêt d’un halo lumineux. La brise sur son visage insuffla en Kalas un sentiment de liberté indescriptible qui lui donnait les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres. Avec ses vêtements sales et troués, le jeune homme avait l’allure d’un manant des bas-quartiers.

Derrière lui suivait un Ernest faible et blessé qui se tenait le bras depuis son réveil. Kalas se demanda s’il pouvait tenir jusqu’à Dehant dans cet état et n’hésita pas à lui faire part de son inquiétude.

« Ernest, ça va aller ? Vous tenez le coup ? »

Le Sinari n’entendit pas immédiatement la question que lui avait posée le jeune mage. A moitié inconscient et le visage grimaçant, ce dernier repris ses esprits et le rassura avec un souffle saccadé de gémissements de douleur.

« Ne vous…Humpf… Ne vous en faites pas, m’sieur Kalas. »

La porte de la maison de bois grinça dans un bruit sinistre, avant de claquer violement. Les deux évadés se retournèrent, pris de panique, avant de réaliser qu’il s’agissait de l’œuvre du vent. Le cœur bien accroché, Kalas guetta autour de lui en agitant sa torche, tentant de trouver quelque chose lui indiquant sa position. Mais la forêt entourant Dehant était dense et la nuit sombre, seul quelqu’un y aillant vécu longtemps pouvait espérer s’y retrouver. Il interrogea donc son compagnon, le suspectant d’en savoir davantage.

« Je n’ai absolument aucune idée d’où nous sommes. Reconnaissez-vous l’endroit, Ernest ? »

Le Sinari tourna rapidement la tête dans plusieurs directions afin de se repérer, puis il murmura quelques indications à Kalas qui s’accroupit près de lui.

« Je ne peux pas vous dire précisément où nous nous trouvons, m’sieur Kalas. Néanmoins, j’ai suivi nos deux ravisseurs quand… »

« Venez-en au but, s’il vous plaît. »

Kalas avait coupé le Sinari, qui resta incompréhensif quelques secondes. Il n’avait absolument aucune envie d’entendre cette histoire une nouvelle fois. Presque craintif, Ernest continua son explication en évitant soigneusement de mentionner l’enlèvement de Kalas.

« D’après mes souvenirs, nous sommes arrivés par cette direction. Mais je ne peux vous dire s’il s’agit du chemin à prendre… »

« Comment ça ? Si vous êtes arrivés par là, c’est où nous devons aller ! »

« Il m’ont bandé les yeux en sortant de la ville. Je n’ai pas vu le trajet qu’ils ont emprunté… »

Cette révélation ne choqua pas Kalas, qui se contenta de se redresser pour pester contre les deux frères. Il savait qu’ils avaient pris les résolutions les plus prudentes.

(Après tout, il s’agit de deux disciples de Thimoros. Ils n’auraient pas voulus que l’ont saches où ils se cachent…)

« Qu’allons-nous faire ? »

La petite voix du Sinari sortit le jeune mage de ses pensées. Conscient qu’il était impossible de retrouver des traces de pas avec cette obscurité, il abandonna rapidement l’idée.

(Je ne pense pas qu’avoir lu un livre sur le sujet m’aidera grandement… )

« Il ne nous reste qu’à marcher. Si nous restons ici trop longtemps, ils reviendront. Empruntons le chemin que vous m’avez montré, Ernest. »

Suivant leurs intuitions, le jeune homme et le petit-être se frayaient un passage à travers la forêt de Dehant, espérant que ce dernier se réalise sans encombre. En s’avançant au milieu des arbres, le jeune mage sentit comme la pression d’un regard sur lui. Cela le troubla énormément dans sa marche, l’empêchant de regarder où il posait les pieds. Manquant de trébucher sur une racine, il pesta contre elle avec une rage intérieure.

(Bon sang ! Foutue racine !)

Une trentaine de minutes plus tard, Kalas commença à s’inquiéter. Lui et Ernest marchaient sans s’arrêter depuis quelques temps et aucun signe de civilisation n’avait apparu. Il questionna le Sinari, qui n’avait pas ouvert la bouche depuis leur départ.

« Ernest, combien de temps avez-vous marchez en rejoignant la maison ? »

Kalas n’entendit aucune réponse venant de derrière lui. Il stoppa sa progression, avant de se retourner vers son compagnon.

« Ernest ? ERNEST ! »

Le Sinari était allongé, à plusieurs mètres de là. Le jeune mage couru le rejoindre en évitant rapidement quelques branches d’arbres, puis il s’agenouilla à ses côtés.

« Ernest ! Vous m’entendez ?! »

Une faible complainte s’échappa des lèvres presque closes du petit être, qui tremblait de douleur.

« Plus… la force…de continuer… »

Le jeune homme voulu toucher l’épaule douloureuse du Sinari, mais il s’abstenu d’aggraver son état. Le corps d’Ernest tremblait telle une feuille au vent, insufflant en Kalas un sentiment d’inutilité. Ce dernier ne souhaitait pas infliger davantage de souffrance à son compagnon. Un soupçon de désespoir se manifesta, et le jeune mage tenta d’encourager le Sinari à bout de force.

« N’abandonnez pas, Ernest ! Surtout après tout ce que nous avons accompli pour fuir ! »

Les larmes aux yeux, le jeune mage hurla sa peur au petit-être allongé près de lui.

« NE ME LAISSEZ-PAS SEUL ! »

Kalas n’obtint en guise de réponse qu’un dernier clignement des paupières, avant qu’Ernest ne tombe dans l’inconscience.

La situation était des plus terrifiantes pour le jeune homme, qui redoutait pareille circonstance. Lorsqu’un craquement se manifesta à quelques mètres de lui, Kalas fut pris de panique. Complètement affolé, il releva la tête et regarda dans toutes les directions, dirigeant à chaque fois aléatoirement la torche presque éteinte.

L’esprit tourmenté, il tenta de faire le vide dans celui-ci. Malheureusement, la peur ressentie ne parvint qu’à l’angoisser davantage, s’imaginant la présence d’un marcheur obscur aux alentours.

(S’il s’agit d’un monstre de ce genre, il va me tuer, c’est certain !)

Tout se passa très vite dans la tête de Kalas, qui souhaitait s’enfuir le plus loin possible. Il retira sa veste abîmée et tira sur les deux manches pour la tendre, avant d’attraper Ernest par son bras valide. Sans constater de réaction de la part du blessé, il le porta maladroitement jusqu’à son dos et essaya tant bien que mal de le positionner correctement. Enfin, il attacha la veste autour de son ventre afin de maintenir le Sinari à l’arrière.

Le petit-être pesait le poids d’un enfant d’une dizaine d’années, ce qui ne gênait pas beaucoup le jeune mage. La panique prenant le dessus sur la fatigue, il se mit à faire quelques pas afin de vérifier que ce dernier ne puisse pas glisser de son dos, puis il accéléra le pas, le visage en sueur et la torche presque éteinte dans le creux de sa main…

Alors que Kalas courait au milieu des arbres depuis ce qui lui semblait être une éternité, l’obscurité n’était plus un réel problème. Le soleil commençait à faire son apparition, chassant la nuit pour la remplacer. La faible lueur précoce du jour éclairait doucement la forêt, traçant un chemin que le jeune mage s’empressait de suivre. Sa torche ne lui étant plus d’aucune utilité, il décida de la jeter dans une flaque d’eau qu’il venait de traverser.

Le jeune homme avait accélérer l’allure, s’inquiétant pour le Sinari souffrant sur son dos. Sans s’arrêter de courir, il tata le corps du petit-être à l’arrière afin de s’assurer de sa stabilité. Satisfait, Kalas regarda sa main qui s’était coloré d’un rouge sombre dessinant parfaitement bien les rides de sa paume tant le sang coulait abondamment. Le jeune mage tourna la tête, constatant que le petit-être avait saigné le long du trajet parcouru.

Pour Kalas, arriver à Dehant n’était désormais plus une priorité, mais une urgence. L’état du Sinari était plus grave qu’il ne le pensait, et le jeune mage se promit de le ramener vivant. Ernest l‘avait peut-être fait enfermer dans une cellule, mais il lui avait également permis d’en sortir.

Le jeune mage passa entre deux arbres avant d’arriver sur une petite colline dépourvue de végétation. Il leva les yeux pour en trouver le sommet, puis les reposa sur le sol pour commencer l’ascension. Une fois en haut, il prit quelques secondes pour respirer, les mains appuyées sur les genoux. Une fois remis, il regarda l’horizon, avant d’apercevoir Dehant et ses champs.

« Dehant, enfin… »

Les rues à l’intérieur de la ville étaient vides, mais le jeune homme parvenait à discerner quelques mouvements dans celles-ci, œuvre des marchands installant leurs stands pour le marché du matin.

Les murs de la ville se brouillèrent, et Kalas se frotta rapidement les yeux. La fatigue reprenait rapidement ses droits sur son corps, qui n’avait pas pu se reposer correctement après sa bataille avec Sharold. Il prit rapidement la décision de descendre la pente avec de grandes enjambés, où il manqua de trébucher plusieurs fois.

Kalas parcourut à nouveau la route vers Dehant qu’il avait emprunté à son arrivée en ville. L’atmosphère était différente cette fois-ci. Les fleurs et les champs de céréales avaient laissés la place à quelque chose de bien plus lugubre. Les nuages gris et la fine pluie battante rendaient l’endroit oppressant, presque terrifiant. Le jeune homme avait davantage l’impression d’être dans un cimetière que sur un champ.

(Que s’est-il passé ici ?)

En passant près d’une plantation, Kalas constata que les pousses étaient d’une couleur étrange. Chaque plant avait une apparence presque moisie, et une légère odeur pestilentielle s’en échappait. Au milieu du champ, un épouvantail était planté, gardant les récoltes de son propriétaire. Mais celui-ci, l’air comme déçu de l’état de l’endroit, servait maintenant de perchoir aux oiseaux alentours. Ravagé par les excréments, l’épouvantail n’était plus que l’ombre de lui même.

En progressant de plusieurs dizaines de mètres sur la route, un fracas attira l’attention du jeune mage. Kalas s’arrêta en entendant le bruit qui provenait d’une autre ferme à quelques mètres de lui. Cette dernière, la porte enfoncée, laissait échapper des hennissements de chevaux apeurés. Le jeune homme rajusta Ernest sur son dos, qui saignait toujours autant, quand une silhouette sortit par la porte brisée, une hache à la main. Fixant un instant le jeune mage droit dans les yeux, il leva son arme au ciel et hurla vers lui.

« C’est à moi, à moi ! T’auras rien, je te donnerais rien ! DEGAGE !!! »

Ahuri, Kalas regarda l’homme qui ressemblait davantage à un pillard qu’à un fermier. Bandana sur la tête et veste crasseuse, ce dernier hurla une nouvelle fois, et s’élança vers le jeune mage, qui prit ses jambes à son cou.

(Il est fou ! Cet homme est complètement fou !)

Alors qu’il puisait dans ses dernières forces pour s’enfuir, Kalas entendit le brigand crier dans son dos.

« C’est ça, casse-toi ! Trouve-toi un autre endroit à foutre en l’air ! »

Sans se retourner, le jeune homme parcourut les quelques centaines de mètres qui le séparait des portes de la ville.

Alors que les portes n’avaient jamais été aussi proches, son corps refusa de continuer. Kalas sentit l’énergie quitter son organisme, et il s’écroula sur la route, les yeux toujours rivés sur les énormes portes en bois. Ernest, toujours inconscient, avait glissé de son dos pour s’étaler à ses côtés.

Les gardes de la ville remarquèrent rapidement les deux évadés allongés sur la route. Le jeune homme entendait le cliquetis métallique de leurs armures tandis qu’une poignée d’entre eux couraient les rejoindre. Ils les entourèrent rapidement, jusqu’à ce qu’un des gardes posa sa lance à terre, avant de s’accroupir à ses côtés. Ce dernier passa son bras sous la tête du jeune mage qui n’avait même plus la force de la tourner, et tenta de le maintenir éveillé.

« Hey ! HEY ! Vous allez bien ?! Que s’est-il passé ?! »

Incapable de répondre, Kalas ne put se retenir de pleurer, avant de reconnaître l’insigne de la milice de Dehant sur son tablard. L’un des gardes, debout à leurs côtés, le pointa du doigt avant d’indiquer l’identité du jeune mage à ses collègues.

« J’le r’connais ! C’est pas le gars que Bergallet recherche depuis hier soir dans toute la ville ?! »

« Maint’nant qu’tu l’dis, t’as raison ! Y’ressemble bien à la description qu’il nous a fais ! T’inquiètes pas, mon gars, ça va aller maint’nant ! »

Alors qu’il sombrait dans l’inconscience, l’homme qui lui maintenait la tête répéta les mêmes mots qui sonnaient merveilleusement bien aux oreilles de Kalas.

« Ca va aller, maintenant. Vous êtes à la maison. »

A suivre => Quelque chose de merveilleux

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Dernière édition par Kenra le Ven 2 Jan 2015 00:24, édité 1 fois.

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