Précédemment => Chef, la recette ! Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture."
Le pouvoir des convictions
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Rattrapant en quelques enjambées seulement les deux Sinaris, Kalas couru à la hauteur de Cornélius, tandis qu’Ernest prenait la tête du groupe. Ils traversèrent la rue où Kenra avait fait la rencontre de son ami plus tôt dans la journée, et tournèrent plus loin sur la droite, en direction de la sortie de la ville. Les deux Sinaris tenaient plutôt bien leurs allures, malgré le fait que deux de leurs pas n’en valaient qu’un de Kalas.
Alors qu’il le tenait fermement, Kalas sentit les fioles s’agiter dans son sac, repensant à leur contenu curatif.
(J’espère ne pas avoir à m’en servir ce soir.) Cornélius, respirant à un rythme soutenu afin de ne pas perdre son souffle, sorti Kalas de ses pensées en lui tapotant la jambe de son coude.
« Navré qu’une aussi bonne soirée rebondisse sur de pareils évènements, Kalas. Je m’en veux de vous mêler à mes problèmes. »« N’ayez crainte, Cornélius. Nous règlerons rapidement ça, puis rentrerons pour déguster la soupe que nous avons mis tant de temps à préparer. Cela ne prendra pas longtemps, j’en suis persuadé ! »« Vous me rassurez, mon jeune ami. Dites-moi, quelque chose me trotte dans la tête depuis que nous avons quittés la maison. Vous avez refusé mes couteaux, affirmant pouvoir vous défendre par vous-même. Comment comptez-vous combattre, si besoin est ? »« He bien, voyez-vous, je dispose de quelques connaissances dans le domaine de la magie. Aussi limitées soit-elles, nous verrons le résultat en situation réelle, étant donné que je n’ai jamais eu à m’en servir sur quelque chose de vivant. »« Un mage ! Vous êtes plein de surprise, mon jeune ami ! »« On arrive, m’sieur Bergallet ! Le champ est plus très loin, à quelques minutes de course ! »Le petit groupe franchit les portes de la ville, dont la grille était relevée. Aucun garde n’était posté près de celle-ci, et l’entrée de la ville semblait déserte. Aucune lumière n’était allumée dans la garnison proche d’ici, rendant le lieu aussi inquiétant qu’un cimetière. Kalas et les Sinaris se stoppèrent à quelques mètres de l’entrée, reprenant leurs souffles et se questionnant sur la disparition de la milice.
« Où sont les gardes ? Ils ne peuvent pas abandonner leur poste sans raison, c’est impossible ! »« Je ne sais pas, m’sieur Bergallet ! Ils n’étaient déjà plus là quand je suis venu vers chez vous ! »« Ne perdons pas de temps, alors. Ernest, sur quel champ travaillais-tu avec Krah et Jared ? »« On était sur le numéro quatre, celui de monsieur Tavel ! Il est là-bas, à quelques dizaines de mètres, dans cette direction ! »Ernest indiqua la direction d’une grande étendue de céréales à demi-récolté, coupant l’espace en deux. Trois petites cabanes dépassaient de l’horizon, délimitant le périmètre de la propriété. Cornélius s’avança à l’oreille d’Ernest, soufflant des mots que Kalas percevait avec difficulté.
« Voilà ce que tu vas faire, Ernest. Tu vas retournez immédiatement en ville et courir au quartier général de la milice. Là, tu expliqueras ce qu’il s’est passé. Tu n’omets aucun détail, et tu précises bien que je me suis rendu sur place accompagné d’un jeune humain. Tu m’as compris ? »« Oui, m’sieur Bergallet ! Mais, vot’ grand ami, là. J’veux dire, il saura vous aidez ? Je ne vois pas d’épée ou d’acier à sa ceinture, moi. »(Pourquoi les gens désarmés paraissent-ils inoffensifs ?!)« Ne t’en fais pas pour nous, nous saurons tenir en attendant les renforts que tu iras chercher. Maintenant, fonce, Ernest. Je compte…Nous comptons sur toi ! »« Oui, m’sieur ! Bonne chance à vous deux ! »Ernest se rua à toute vitesse à l’intérieur de la ville et tourna à droite, disparaissant du champ de vision de Kalas. Cornélius se rapprocha du jeune homme, et lui fit signe de le suivre. Ils reprirent leurs courses à une allure plus furtive, désireux de ne pas attirer l’attention de potentiels opposants à leur arrivée dans le champ.
Le ciel était vide de nuages, mais voilé d’obscurité, rendant les étoiles plus lumineuses que jamais. Seule l’éclat de la lune rivalisait avec ces dernières, donnant au relief des nuances de blanc, comme de l’ivoire. L’air, bien plus frais que ce matin, se remplissait de la fumée qui s’échappait des lèvres de Kalas et Cornélius. Un frisson parcouru son corps, et Kalas rabaissa les manches de sa veste, n’hésitant pas non plus à se frotter le corps de ses bras. Cornélius balaya plusieurs fois l’étendue de blé du regard, guettant le moindre mouvement. Il s’accroupit très près du sol, et Kalas ne put descendre totalement à sa hauteur, s’agenouillant presque pour porter son oreille près de la bouche du Sinaris qui désirait lui exposer son plan.
« D’après Ernest, Krah et Jared devraient se trouver dans les environs. A mon avis, ils ont dû se réfugier dans les cabanes en bois, qui se trouvent aux extrémités du champ. Je vais allez vérifier celle de gauche, là-bas et je vous laisse celle de droite. Quand nous aurons terminés, retrouvons-nous à la dernière, qui se trouve à l’opposé de la propriété. Si vous trouvez mes employés, restez près d’eux. Je vous rejoindrais le plus rapidement possible. Mon plan vous satisfait-il, Kalas ? »« Je n’aurais pas dis mieux. En route ? »« En route. Faites attention à vous, mon jeune ami. »Cornélius dégaina son couteau qui pendait à sa ceinture, et se faufila discrètement en direction de la baraque qu’il s’était désigné. Kalas, lui, se releva légèrement en frottant ses jambes, ses articulations ne supportant plus de le tenir à si basse position du sol.
(Bon sang, parler à l’oreille d’un Sinaris est une torture pour les genoux !) Il s‘approcha ensuite à faible allure de la bicoque, sa tête dépassant des étendues de blés. Plusieurs dizaines de mètres séparaient chaque cabanon, et le terrain n’aidait pas à la progression.
A quelques mètres de sa destination, Kalas sentit une odeur particulièrement agressive émaner de la cabane. Une odeur particulière, qu’il n’avait jamais ressentit auparavant, mêlant un parfum de pourriture et de vieux bois. S’en bouchant presque les narines, Kalas remarqua que l’odeur se faisait de plus en plus puissante au fur et à mesure de son approche. Il constata aussi que la porte de la cabane était légèrement ouverte, le rassurant sur le fait de devoir enfoncer la porte ou non.
La manche sur les narines afin de filtrer l’odeur pestilentielle qui se renforçait, Kalas surpris un bruit particulier à l’intérieur de la cabane. Il approcha l’oreille de la porte, discernant un bruit de mâche et de nombreux couinements à travers le bois humide.
(Mais qu’est-ce que c’est que ce foutu bruit ? Et pourquoi ça sent, comme ça ?) Résolu à répondre a ses questions, Kalas s’empara de la poignée de la porte et l’ouvrit, révélant une scène d’une horreur sans nom.
Sur le sol, démembré de toutes parts et retapissant de son sang les murs de la cabane, s’étalait la carcasse d’un homme. D’apparence Sinaris, le corps avait été traîné, déchiqueté, dévoré voir même recraché dans certains coins. Le sol de la cabane n’étant même plus visible, une dizaine de rats au pelage gris s’agitaient au milieu de ce massacre, couinant et se repaissant des morceaux de chairs humaines. Leurs queues, de couleur rose à l’origine, s’étaient teintées d’un rouge foncé, à force de badigeonner celles-ci dans le sang de la victime.
Kalas, le visage livide, regardait d’un œil blanc la scène macabre. Il fixait la tête encore entière du cadavre, qui avait gardé les yeux ouverts. Ceux-ci étaient révulsés et traduisait une terreur sans nom juste avant la mort. N’osant bouger de peur d’attirer l’attention du groupe de rongeurs, le jeune homme prit finalement peur et recula de quelques pas, cachant ses yeux de l’horreur qu’il avait osé regarder.
(Qu’est ce que c’est que cette horreur ! Je… Mais c’est horrible, ils l’ont mangé ! Ils ont dévorés un cadavre !)Kalas regarda autour de lui, cherchant Cornélius du regard, pour lui faire part de cette scène abominable. Soudain, quelque chose dévoila sa tête du haut de la porte, accroché au plafond. Quelque chose, un visage, sans traits ni face, à part une fente ressemblant vaguement à une bouche sans lèvres, qui semblait dévisager Kalas. L’abomination lâcha prise, et retomba lourdement sur le sol au milieu des rats. Ces derniers, dérangés dans leur repas nécrophage, prirent peur et s’enfuirent, certains passants entre les pieds de Kalas. En sentant le contact avec la fourrure drue des rats, il frissonna de dégoût, avant de reposer ses yeux livides sur la créature qui se tenait maintenant sur les restes du cadavre.
La peau dénudée de poils ou de fourrure, elle portait de nombreuses cicatrices, certaines plus récentes que d’autres, du sang séché recouvrant parfois certaines d’entres elles. Sa mâchoire claqua, et Kalas pu découvrir une longue rangée de dents abimés d’une couleur brune répugnante. Le monstre s’appuyait sur ses deux longs bras comportant des muscles fébriles et des os qui craquaient à chaque mouvement de l’abomination. De grandes mains aux doigts fins, presque sans chair, finalisaient ses membres, sur lesquelles étaient fixés de longs ongles sales qui finissaient par des signes de rognures. La monstruosité se tenait sur de chétives pattes sans chair, collant à l’os et tremblantes de son propre poids, arrivant à peine à s’appuyer sur celles-ci.
Kalas ne comprit pas immédiatement ce qu’il avait en face de lui. Il cherchait à justifier l’existence de ce monstre, qu’il n’avait jamais ne serait-ce qu’aperçu dans un livre. Et des livres, Kalas en avait lu un bon nombre.
La vue d’une horreur pareille le dégoutait, sentant des haut-le-cœur lui tirailler l’estomac
(Une abomination pareille existe ?! Elle est digne des pires cauchemars !). Le monstre claqua une nouvelle fois des dents et garda la bouche grande ouverte, avant de pousser un genre de cri qui ressemblait davantage à un gargouillement sinistre. Attrapant la tête du cadavre de ses grandes mains, elle la jeta avec force sur Kalas, qui réagit presque instantanément. Il tenta de s’écarter de la ligne de mire de la bête, mais ayant réagi trop tard, il sentit la figure du mort s’écraser sur son veston et tâcher ses habits de sang frais. La tête roula à terre sur quelques mètres et se perdit dans les plants de céréales. L’impact, même s’il n’était pas particulièrement puissant, fit trébucher Kalas qui tomba à terre et se retrouva sur les coudes. Le monstre en profita pour se rapprocher, rampant vers le jeune homme affolé en enfonçant ses doigts dans le sol pour avancer.
« Ne t’approches pas de moi, sale monstre ! Va-t’en ! VA-T’EN ! »Reculant de ses coudes irrités, Kalas tenta de creuser l’espace entre lui et la bête, voulant la garder le plus loin possible. L’abomination, elle, gagnait du terrain, parcourant plus rapidement les quelques mètres qui les séparaient. Arrivé à portée, elle se saisit de la jambe de Kalas, qui se débâtaient de toutes ses forces pour échapper à l’abominable étreinte qui lui pressait le tibia. Pris de panique, il agitait son pied libre dans tout les sens, quand l’un de ses mouvements porta ses fruits. Son pied vint se coller avec force dans le visage de la bête, qui lâcha immédiatement prise en hurlant de nouveau de son horrible gargouillement.
Kalas se releva le plus vite possible, ne souhaitant pas donner une nouvelle occasion de prise au monstre. S’époussetant rapidement, Kalas constata après un rapide coup d’œil sur ses vêtements un endroit où le tissu manquait. Sa jambe gauche avait été griffée, et il s’en écoulait un faible flot de sang, se rependant rapidement sur son pantalon. Kalas regarda le monstre, qui mâchouillait le bout de tissu avec appétit.
L’abomination comprit qu’elle y perdrait à poursuivre Kalas debout, et rampa rapidement vers les plants de céréales, disparaissant complètement de la vue du jeune homme. C’est à cet instant que ce dernier perçut une voix familière, l’appelant par son prénom.
« KALAS ! KALAS ! Vous m’entendez ?! KALAS ! »Déglutissant sa salive, le jeune homme repris ses esprits, répondant au Sinaris qui semblait particulièrement inquiet.
« Je suis ici, Cornélius ! »En arrivant près de lui, Cornélius s’enquit de l’état du jeune homme, qui pressait fermement une plaie ensanglantée.
« Par Gaïa, vous êtes blessé ! Que s’est-il passé ?! »La douleur, qui se faisait progressive, l’empêchait de répondre normalement.
« La…La cabane ! Allez-voir…par vous-même ! »
Cornélius posa les yeux à l’intérieur du cabanon et constata la scène macabre. Il ne put retenir un hoquet de dégoût et porta la main sur ses lèvres en ruminant.
« Que je sois châtié si cela est réel. Mais quelle est ce massacre, par la Déesse ?! Que s’est-il passé à l’intérieur ?! Et qui est-ce ?! »« Vous ne le reconnaissez pas ? »« Comment le pourrais-je ?! Avez-vous vu pareille boucherie dans votre existence ? Regardez, même la tête est manquante ! »Cornélius s’attrapa les cheveux, tirant quelques fois sur ceux-ci pour se contenir. Il ferma les yeux et souffla trois fois, avant de reprendre son calme.
« A l’uniforme, il s’agit soit de Krah, soit de Jared. Malheureusement, sans la tête, il va m’être difficile de l’identifier. Avez-vous vu le responsable de cette horreur ? »En prenant soin de n’omettre aucun détail, Kalas expliqua sa découverte de la scène macabre. Quand il évoqua le monstre sans visage, Cornélius devint livide comme un linge blanc.
« Quelle abomination ! Et vous dîtes que la tête du cadavre se trouve dans ces fourrées, juste là ? »« Cornélius, ne faites pas ça, je vous en prie. La bête s’y trouve peut être encore. Ne prenez pas de risques inutiles. »« En tant que dirigeant de cette compagnie, je me dois d’annoncer à la famille du défunt mes plus humbles condoléances. Et pour cela, je dois m’assurer de l’identité du mort. Il m’est nécessaire d’aller vérifier. »Kalas sentit la douleur doubler d’intensité, et la phrase qu’il voulu répondre se coinça dans sa gorge. Il s’affala, tombant à la renverse et glissa lourdement sur l’arrière-train. Il ne put que regarder le Sinaris s’avancer vers les plants de céréales, le couteau fermement serré dans sa main. Il aurait voulu l’en empêcher, crier quelque chose ou même y aller à sa place, mais rien ne semblait apaiser la douleur qui lui rongeait la jambe, l’obligeant à rester spectateur d’une éventuelle agression.
Cornélius disparu quelques minutes dans les champs, les pousses de blé étant plus hautes qui lui. Kalas se réjouit d’un large sourire quand il en ressorti entier. Le Sinaris, levant la main en direction de Kalas, lui indiqua l’identité du défunt.
« Bon, comme je m’en doutais, il s’agit de Krah. C’était le plus jeune de mes employés, et je sais que sa famille habite une petite maison du quartier Sinaris. Maintenant, rentrons, mon jeune ami. Vous devez avoir besoin de… »Cornélius coupa court à sa phrase, baissant la tête afin de regarder la main qui lui traversait l’estomac. Il cracha un long filet de sang quand celle-ci s’extirpa de son corps, et la bête abominable réapparut de derrière la silhouette du Sinaris. Cornélius porta la main à son ventre, frémissant de douleur alors que son sang se répandait sur le sol. Kalas hurla de terreur, à la vue d’une telle scène.
« CORNELIUS ! NOOOOOOON !!! »Le Sinaris avança de quelques pas, tentant de s’éloigner de la bête qui se léchait la main couverte de sang frais. Il tendit la main en avant, et trébucha contre ses pieds à quelques mètres de Kalas. Il serrait des dents, tentant de résister à une douleur pareille. Kalas se traîna à quatres pattes jusqu'à son ami, et le soutint dans ses bras, tentant de le réconforter.
« Mon jeune ami, il semble…teuheu… que j’aurais du écouter ma femme… »« Ne dites rien, Cornélius, ne dites plus un mot ! J’ai ce qu’il faut, ne vous inquiétez pas, vous n’allez pas mourir ! »
Fouillant hâtivement dans son sac, Kalas sortit l’une des fioles contenant un remède contre les blessures et la douleur. Il porta la bouteille aux lèvres du Sinaris, qui en but difficilement le contenu, sa bouche se mélangeant de salive ensanglantée et du liquide pharmaceutique. Quelques secondes plus tard, le Sinaris respira normalement, l’hémorragie de son estomac s’étant stoppée. Il regarda Kalas les yeux plissés, et lui souffla quelques mots, tentant chaque instant de ne pas cracher de sang en parlant.
« Je me sens mieux, mais je n’ai plus aucune force. Il va m’être difficile de vous portez main forte face à cette abomination, Kalas. »« Restez ici, Cornélius, et laissez-moi faire. Je reviens m’occuper de vous. »Kalas se releva, alors que la bête s’affairait à lécher le sang qu’il restait sur sa main. Dans son esprit, Kalas ne percevait que de la colère, jugeant l’existence de ce monstre comme un affront pour la beauté de la région.
(Ce monstre répugnant n’est qu’une erreur, que je vais corriger pour notre bien à tous.)Respirant profondément, Kalas ferma les yeux, se plongeant dans un semi-état de transe. Il tenta de ressentir quelque chose au fond de lui, une sensation, un sentiment, une pensée. La douleur n'était même plus une information que son cerveau recevait. De nombreuses choses se bousculaient dans son esprit, et Kalas tria rapidement les souvenirs afin de n’en garder que les plus précieux. Il ressentit l’intensité de chacune de ces pensées, et en tira une force qu’il n’avait jamais ressenti dans toute son existence. Ce qui alimenta rapidement cette force fut les souvenirs passés avec son père et les moments de bonheur et d’insouciance qu’il avait ressenti toute sa vie à ses côtés. Il repensa également au conseil que lui avait donné Cornélius, sur la prise en main de son destin.
(Cornélius, qui, à l’heure actuelle, git presque inconscient derrière moi.)C’est sans se rendre compte que ses mains se déplacèrent dans l’espace. Son bras gauche se déploya devant lui, creux de la main vers le ciel, comme s’il mendiait quelques pièces. Des paroles presque mécaniques se répétaient dans son esprit, justifiant chacun de ses mouvements.
(La main gauche est une illustration de la surface. Elle permet de fixer le point de chute de chaque chose, et concentre l’utilisation de ton pouvoir à cet endroit. Il suffit de se focaliser sur le point de chute, pour que toutes choses puissent frapper à cet endroit avec l’intensité et la puissance d’une montagne.)Son bras droit s’éleva vers le ciel, le poing fermé de détermination.
(Le bras droit est l’expression de ta colère. Il est la force de ta conviction, et la puissance de ta volonté. Utilise ce bras pour matérialiser tes pensées, et frappe le point de chute avec énergie.) Kalas ouvrit les yeux et se concentra avec constance sur l’abomination qui ne bougeait pas, narguant son adversaire en étalant sa main couverte de sang sur lui-même, lui dessinant de grosses traces rouges sur le visage. Serrant son poing de toutes ses forces, il l’imprégna mentalement de la haine éprouvé à l’instant.
Sans aucune explication logique, une épaisse colonne de terre se forma à quelques mètres au dessus du monstre. Se composant à quelques endroits de pierre de moindre qualité, la colonne n’en paraissant pas moins bien rigide. Kalas, les yeux plissés de colère, regarda le monstre, avant de crier, la voix chargée de rage.
« MEURS, INFECTE SALOPERIE !Il leva ensuite les yeux vers la colonne, qu’il encourageait comme s’il s’agissait d’un être humain, vidant son énergie dans un cri de puissance.
« FRAPPE ! HAAAAAAAAA ! »L’abomination eu juste le temps de relever la tête, avant de voir l’immense pilier de terre au-dessus d’elle s’abattre sur sa position. Elle rugit son habituel gargouillement infâme, avant de ramper de panique hors de portée de la zone de frappe. A l’impact, le pilier s’écrasa sur les jambes de la victime, sectionnant presque instantanément le corps du monstre en deux. Ce dernier, ayant perdu la moitié de son organisme, hurla de plus belle, son gargouillement se muant en une espèce de complainte immonde. Il agitait les bras, tel une araignée agonisante, tandis que son corps rependait un sang de couleur noire sur le sol.
Kalas, constatant que la bête était toujours en vie, desserra le poing. Au même moment, la colonne de terre se désintégra presque instantanément, éclatant en de nombreuses particules invisibles. Il regardait le monstre souffrir, le trouvant plus immonde que jamais. Kalas souhaitait faire disparaître cette chose de la surface de la terre, et ne pas simplement la blesser ou l’handicaper. Il replaça ses mains comme auparavant, près à réitérer le rituel une nouvelle fois.
Cette fois ci, les choses se firent plus rapidement, Kalas ayant déjà ressenti chacune des pensées à utiliser. Il retrouva rapidement la force nécessaire dans son esprit, et y puisa plus habilement les composants de sa colère. La colonne arriva plus rapidement à maturité, se formant également de manière plus pure. En effet, Kalas constata que les quelques pierres qui constituait la précédente colonne n’était plus autant présentes.
Il expira longuement, vidant ses poumons d’oxygène, avant de reprendre une profonde inspiration. Le mage relâcha à nouveau son souffle, abattant son poing dans la paume de sa main par la même occasion. Il n’hurla rien de particulier, préférant savourer la mort de la bête en silence.
Le pilier s’écrasa avec force sur la bête, se plantant parfaitement au milieu d’elle. Dépassait de sous la colonne, ses bras bougeaient nerveusement, comme parcourus de spasmes. Kalas relâcha à nouveau son poing, le pilier se désintégrant une nouvelle fois de la même manière que la précédente.
Le contrecoup fut immédiat. Tout son corps fut parcouru d’une immense lourdeur, qui le fit tomber rapidement à terre. Son souffle se faisait également de plus en plus court, et il sentait la sueur couler sur son visage. La fatigue s’infiltrait par tous les pores de sa peau, et bientôt, ses paupières se refermèrent d’elle-même. Kalas, avant de sombrer dans l’inconscience, parvint toutefois à afficher un large sourire victorieux en haletant, n’oubliant jamais les événements de cette nuit.
(Tout devient noir…Je suis si fatigué… Mais je l’ai eu… j’ai gagné… j’ai…gagné….)A suivre => L'ami des petits-êtres