L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Ven 2 Jan 2015 00:19 
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Quelque chose de merveilleux

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Incapable de savoir s’il était éveillé ou plongé au cœur d’un rêve, Kalas ouvrit des yeux plissés de fatigue.

Le décor d’une fenêtre ouverte ornant un mur de bois se dessina devant lui, mais le soleil éblouissant qui régnait au milieu du ciel l’obligea à refermer ses yeux, qui supportaient mal une telle clarté. Cachant la lumière d’un revers de la main, le jeune homme se redressa et s’appuya dos au mur un instant, le temps de comprendre où il se trouvait.

La pièce, composée d’un lit et d’une petite table de chevet, semblait être une chambre d’hôpital. La lueur du soleil se faufilait entre deux édifices, aveuglant le jeune mage une seconde fois.

Incapable de rester en place malgré la lourdeur de son corps, Kalas s’extirpa de son lit en rejetant la couverture sur le côté. La tête encore secoué, il se rappela les derniers événements et tout son corps se raidit.

« ERNEST ! »

Une vive douleur lui piqua le bras sur lequel il s’appuyait et le fit chuter à terre. Le jeune mage se frotta rapidement les coudes qui semblaient encore engourdis de l’excès d’efforts et se redressa plus calmement.

Debout sur ses deux pieds chancelants, le jeune homme s’aperçut qu’il était partiellement recouvert de bandages sur ses bras et tout son bas-ventre. Un regard aux quatre coins de la pièce lui confirma la disparition de ses affaires, tandis qu’il était simplement vêtu de son sous-vêtement.

La tête lourde, sa détention chez les deux frères psychopathes se réveilla dans son esprit. L’air commençait à lui manquer, et Kalas se mit à paniquer le souffle court.

« Je..Non ! Je… JE DOIS SORTIR D’ICI ! »

Le jeune mage s’empara de la poignée de la porte à côté de lui et la tourna de ses mains moites. La porte s’ouvrit sur un petit couloir parsemé de quelques autres accès tous fermés. Ses yeux se posèrent sur la large porte à coulisses au fond du couloir, et il se dirigea vers elle en s’appuyant contre le mur.

Kalas tira la poignée sur le côté quand la lumière du soleil l’aveugla un instant. Il prit une large inspiration et, sa vision rétablie, le jeune homme sortit de la bâtisse qui débouchait sur une petite place emplie de verdure. La porte claqua derrière lui avec force et il tomba sur les genoux en se retenant de ses mains pour ne pas s’étaler à terre.

Plusieurs regards se tournèrent vers lui, presque tout ceux des paysans Sinaris qui travaillaient aux alentours. Les larmes aux yeux, le jeune mage prit plusieurs inspirations avant d’entendre une voix féminine paniquée venant de l’intérieur du bâtiment.

« PAR LA DEESSE, KALAS ! »

Le jeune homme retourna faiblement la tête avant de voir Mélissa accourir vers lui en retenant les pans de sa robe pour ne pas s’emmêler dedans. Elle s’accroupit rapidement près de lui et posa sa main douce et froide sur son dos, l’incitant à retourner s’allonger dans son lit.

« Kalas, je vous en prie, retournez vous allonger ! »

Les larmes aux yeux, le jeune mage leva la tête le visage infiniment triste. Chacun des événements de la veille lui étaient revenus en tête, et il attrapa l’épaule de la Sinarie pour s’y cacher avant d’éclater en sanglots. Cette dernière fut surprise de sa réaction, puis elle se rappela qu’il s’agissait encore d’un jeune homme des champs qui ne connaissait rien à la réalité de ce monde.
Elle le laissa craquer en caressant sa tête telle une mère réconfortant son enfant pendant quelques instants, puis l’aida à se relever pour atteindre la chambre sous les regards surpris des personnes alentours.

Mélissa accompagna le jeune humain jusqu’à son lit, qui avançait avec difficulté le pas chancelant. Une fois atteint, Kalas s’allongea à moitié dedans, encore perturbé. La Sinarie lui lança un regard contrarié en s'asseyant sur une chaise adjacente et il comprit qu’elle voulait qu’il s’allonge correctement pour ne pas souffrir inutilement. Il s’exécuta, puis prit la parole afin de briser le silence qui régnait dans la pièce.

« Je m’excuse d’avoir craquer, Mélissa… Je ne sais pas ce qu'il m’est arrivé. »

« Vous n’avez aucune raison de vous excuser, Kalas. Personne n’aurait pu retenir une telle réaction après ce que vous avez vécu ces derniers jours. »

Le jeune homme comprit qu’elle était au courant des faits, et il fut rassuré de ne pas avoir à lui détailler sa mésaventure. Il sentit la main de la Sinarie se poser sur la sienne, lui rappelant qu’il n’était plus seul désormais.

« Quand vous êtes arrivé hier avec Ernest, j’étais avec Cornélius à la maison. Il n’avait pas dormi de la nuit et son inquiétude était palpable. Il avait rassemblé toutes les ressources possibles pour vous retrouver… »

Kalas écoutait ses paroles sans la couper, et Mélissa reprit.

« Quand la milice est venu nous prévenir qu’elle venait de vous retrouver à l’entrée de la ville, il a accouru le plus vite possible. Je n’arrivais même pas à le suivre. A mon arrivée, il se débattait dans les bras d’un milicien qui le retenait. Il hurlait qu’on le laisse aller dans la forêt pour retrouver ceux qui vous avaient mis dans cet état. Je n’avais encore jamais vu mon Cornélius comme ça… »

Le cœur serré, Kalas s’adossa contre le mur froid. Le récit de Mélissa résonnait dans sa tête, et il passa la paume de sa main pour cacher son visage ému. La Sinarie essuya une larme d’un revers de la main, et s’approcha du jeune homme pour le réconforter.
Le mage sentit sa tête s’appuyer contre la poitrine de la femme de Cornélius, mais il ne réagit pas. Il se souvint de son état à son arrivée aux portes de Dehant, le corps engourdi par la fatigue.

« Et...Et Ernest ? »

A l'annonce de ce nom, Mélissa fronça les sourcils et s'adossa contre le dossier de sa chaise.

« Ernest... »

Kalas leva des yeux presque déçu en constatant sa réaction. Après tous les efforts qu'il avait fourni pour garder ce petit être vivant, il ne pouvait croire que ce dernier n'ai pas survécu.

« Ernest est chez lui, entouré de sa famille. Il est vivant... »

Le jeune mage lâcha un fort soupir et retomba sur son lit avec soulagement, mais Mélissa ne semblait pas aussi enthousiaste que lui.

« Kalas, il n'y restera pas longtemps... »

« Que voulez-vous dire ? »

Le jeune homme s'était relevé avec une légère douleur dans le bas-ventre, mais il n'y laissa rien paraître. Il regarda la Sinarie avec insistance pour connaître la suite de l'histoire.

« La milice le laisse recouvrer ses forces chez lui, en paix. Mais à son réveil, il sera jugé et emprisonné... »

« Comment ?! »

« Tout à fait, jeune homme. »

Les deux visages de la pièce se tournèrent brusquement vers un homme apparenté à la milice, passant la porte le casque à la main. L'homme s'arrêta à quelques pas du lit et s'inclina légèrement en guise de salut.

« Madame Bergallet, Monsieur Kalas »

En dévisageant l'homme de la milice quelques secondes, Kalas reconnut l'officier qui avait pris sa déposition après l'incident contre le marcheur obscur.

« Vous êtes l'officier de la dernière fois... »

« Absolument, je suis l'instructeur Daryl Lyan de la milice de Dehant. Je représenterais la Milice dans le message qu'elle tient à vous adresser. »

Surpris, le jeune mage ne lâcha pas un mot. Il se contenta de regarder Mélissa qui lui adressa un hochement de tête réconfortant. L'instructeur se tourna vers la Sinarie et s'inclina légèrement en fermant les yeux.

« Madame, je dois vous demander de sortir pendant que je m'entretiens avec ce jeune homme, je vous prie. »

Contrarié, Mélissa voulu rouspéter contre la demande de l'officier, mais elle se ravisa rapidement et s'inclina à son tour avant de sortir de la pièce.

« Très bien. Kalas, si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serais dans la chambre en face de la vôtre. »

Un silence s'installa jusqu'au claquement de la porte, puis l'instructeur tira la chaise en face du mage. Il prit le temps de s'asseoir dessus sans bruit, avant de déposer son casque sur l'un de ses genoux.

« J'ai beaucoup entendu parler de vous dernièrement, jeune homme. Il semble que votre ami, monsieur Bergallet, soit prêt à déplacer des montagnes pour vous retrouver. Il a même déposer un avis de recherche à la milice, mais il semble que vous ayez réussi à revenir par vos propres moyens. »

« Je… Je n'étais pas au courant de tout cela... »

Daryl Lyan reprit son casque en main et croisa les genoux, puis continua la discussion tout en piochant un parchemin vierge et du matériel de calligraphie dans son sac.

« Le Sinari qui vous accompagnait, le dénommé Ernest Bellevue, est impliqué dans l'affaire d’enlèvement vous concernant. Il semble qu'il ai servi de lien avec les deux meurtriers principaux. Pouvez-Vous m'en dire plus à ce sujet ? »

Quelques secondes de silence passèrent, et Kalas prit la parole. Il décida d'expliquer tout ce qu'il s'était passé, en omettant les passages impliquant Ernest de façon déterminante.
Daryl Lyan écouta la déposition du jeune homme avec attention, retranscrivant chaque information qu'il jugeait nécessaire de retenir.

Ce fut pendant trente longues minutes que Kalas récita son histoire, qu'il acheva par un long soupir de soulagement.

L'instructeur termina d'écrire son rapport, puis relut ce dernier rapidement en le parcourant des yeux. Satisfait, il rangea tout son matériel dans une poche de sa sacoche, puis se leva en ajustant cette dernière sur son dos. Le casque posé contre la poitrine, il s'inclina une dernière fois et conclut la rencontre.

« Je vous remercie pour votre déclaration, jeune homme. Ces informations nous permettrons de dresser un avis de recherche concernant les deux fanatiques infiltrés. Je pense que vous devriez passer à la caserne les jours qui suivent, afin de donner votre avis concernant Ernest Bellevue. Je pense surtout qu'il se révélera convaincant auprès de sa sentence, si sentence il y a. »

« J'y veillerais. J'ai une dernière question concernant Ernest. A quelle hauteur est-il impliqué dans cette affaire ? »

« Il semble que ce dernier disposait de messages rédigés par les deux suspects, concernant un marché ou un accord commun. Mais je ne suis pas autorisé à vous en dire davantage. Sur ce, je vous souhaite un bon rétablissement, jeune homme. »

L'officier emprunta la porte sans la fermer, afin que la Sinarie juste devant puisse entrer, gêné d'avoir été découverte écoutant aux portes.

Elle pénétra dans la pièce, une pile de vêtement dans les bras, qu'elle déposa sur la chaise près de Kalas. Ce dernier regarda les habits d'un rapide coup d'oeil, puis fixa la mine ravie de Mélissa, se dirigeant déjà vers la porte.

« Maintenant que vous allez mieux, Kalas, il est temps d'aller voir mon mari. Cornélius nous attend à la maison, et il doit avoir hâte de vous revoir ! »


A suivre => Retour au Paradis

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Dernière édition par Kenra le Sam 3 Jan 2015 02:02, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Sam 3 Jan 2015 02:01 
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Retour au Paradis


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« Mettons-nous en route, Kalas. Cornélius doit être rentré du marché à cette heure-ci.»

Alors qu'il progressait dans les rues aux côtés de Mélissa, le jeune mage rajusta sa tunique qui lui seyait parfaitement. La Sinarie remarqua ce geste plusieurs fois et s'inquiéta du choix des vêtements dont elle avait elle même fait le choix.

« Sont-ils trop courts ? Ou trop grands, peut-être ? La couleur vous plaît-elle ? »

Kalas esquissa un sourire afin de la calmer. Il était très satisfait du choix de cette dernière.

« Il sont parfaits, Mélissa. La taille est très bien et ils ressemblent à mon ancienne tenue, mais je trouve celle-ci plus confortable et plus assortie. Vous avez beaucoup de goût ! »

« Vous me rassurez, jeune homme. C'est la première fois que je me retrouve à acheter des vêtements de cette carrure. Je ne vous dis pas comme la vendeuse était surprise... »

Kalas s'amusa à l'imaginer, ce qui eu pour effet de faire glousser son amie. Alors qu'il progressait dans la rue commerçante, le jeune mage passa devant le stand de légumes où il avait fait la rencontre de Cornélius. La vendeuse, assise près de son échoppe, adressa un signe de main à Mélissa, mais l'abaissa rapidement en reconnaissant le jeune homme à ses côtés. Elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle perde ce dernier de vue.

Après plusieurs minutes de marche, la maison de Cornélius et Mélissa se distingua au bout de l'allée. La délicieuse odeur qui s'échappait des maisons alentours laissait suggérer qu'il était l'heure du déjeuner, et le ventre de Kalas se mit à crier famine.

« Mon pauvre ami, vous devez être affamé ! De quand date votre dernier repas ? »

« Trop longtemps... »

« Ne vous en faites pas, vous mangerez à profusion une fois à la maison ! »

Mélissa gravit le petit escalier et poussa la porte de la maison, puis invita son convive à faire de même. En pénétrant dans la maison, Kalas ressentit à nouveau cette ambiance de paix et d'hospitalité qui lui avait tant manqué. Cornélius poussa la porte de la cuisine, libérant un fumet irrésistible dans toute la pièce. Ce dernier, vêtu d'un tablier, laissa tomber sa spatule en bois en reconnaissant son ami.

« KALAS ! Vous êtes réveillé ! »

Il accourut vers ce dernier, qui s'était accroupit pour le serrer dans ses bras. Le Sinari l’enlaça amicalement pendant de longues secondes, heureux que son absence s'achève enfin.

« C'est bon de vous revoir, mon ami. »

« Je suis heureux de vous retrouver, Cornélius. »

Mélissa se tenait à côté, émue de la scène que reflétait les deux hommes de la maison. Le Sinari laissa Kalas se relever, puis invita tout le monde à passer à table. Cette dernière se remplit rapidement de mets en tout genre : Volaille farçie, venaison de cerf, patates fumantes ou encore bouillon de légumes. Il y avait de quoi nourrir une bonne dizaine de personnes, mais le jeune mage avait une faim d'ogre après les quelques jours sans se restaurer.

A table, Kalas et Cornélius animèrent le repas à eux-seuls, Mélissa préférant laisser son mari profiter du retour de son ami. Ils échangèrent des banalités sur le travail de Cornélius, et Kalas se livra beaucoup sur sa vie précédente avec son père. De temps en temps, le jeune mage raconta de légers détails sur sa détention, mais il ne souhaitait pas plomber une ambiance aussi convivial et préféra se taire sur ce sujet.

Deux heures plus tard, le repas était terminé. Mélissa ramenait la vaisselle en cuisine, giflant au passage les mains de Kalas qui voulait l'aider. Au même moment, Cornélius descendit de sa chaise et se dirigea vers une pièce ressemblant à un genre de dépôt. Il revint à table et posa sur celle-ci une caisse de bois suffisamment lourde pour essouffler le Sinari quelques secondes.

« Mon jeune ami, je vous dois des excuses. Vous avez quitté votre père en quête d'aventures et je n'ai su vous apporter que des ennuis. A deux reprises, vous avez souffert par ma faute et je me dois de payer ma dette. »

« Cornélius, vous n'avez pas à... »

« J'insiste, Kalas. Et vous n'avez pas votre mot à dire. Il s'agit là d'une question d'honneur et par dessus tout, d'amitié. Si vous n'acceptez pas mon présent en jugeant que je ne vous dois rien, alors acceptez-le comme le cadeau d'un ami. »

Sur ces mots, il poussa délicatement le coffret vers le mage, qui ne savait quoi répondre, puis retourna se poser sur sa chaise en face tout en rembourrant sa pipe en bois de tabac séché.

« Ouvre-le, mon jeune ami, c'est pour vous. »

Les mains de Kalas se positionnèrent de chaque côté de la boîte, et il en souleva le couvercle d'un mouvement tremblant. Dans le coffret se trouvait une sacoche de cuir bien pliée, similaire à l'ancienne qu'il avait laissé dans le repaire de Garold et Sharold. En la prenant dans ses mains, le jeune mage constata que cette dernière était mieux rembourrée et surtout légèrement plus grande que la précédente.

« J'espère que ce sac vous permettra de ranger autant de choses que celui que vous avez perdu. Et je suis navré pour ce qu'il contenait. »

« Ne vous inquiétez pas, Cornélius. Je ne vais pas faire de caprices pour une fiole ou deux. »

« Regardez à nouveau dans la caisse, mon jeune ami. Vous n'y avez pas tout pris. »

En reposant les yeux dans le coffret, Kalas découvrit une petite bourse en tissu, qui était caché sous la sacoche. Il l'attrapa et en jaugea le contenu rapidement, mais sans succès, il tira les deux ficelles pour l'ouvrir et la vida dans sa paume.

Au creux de sa main apparut un petit anneau doré serti d'une petite pierre taillé de couleur verte. Après un rapide constat, Kalas en conclut qu'il s'agissait d'une émeraude, mais la couleur étrangement pâle de la pierre portait à confusion.

« Cornélius, cela a dû vous coûter une fortune ! »

Le petit-être dévoila un sourire ravi tout en soufflant sa fumée en direction du plafond.

« Laissez l'argent en dehors de ça, voulez-vous ? Comment le trouvez-vous ? »

En inspectant une nouvelle fois l'anneau, le jeune mage sentit comme une douce aura s'échapper de ce magnifique bijou. Il l'essaya sur quelques doigts de sa main droite, et c'est finalement à son majeur qu'elle s'adapta parfaitement.

« Il est magnifique, comment en penser autrement ! »

« J'ai trouvé cet anneau après plusieurs heures de recherches, qui m'ont conduit dans une étrange échoppe près de l'hôtel de ville. Un lieu fort étrange, ma foi, mais riche en surprises. »

« Je ne sais pas quoi dire, Cornélius… Je vous remercie du fond du coeur, vraiment. »

Le Sinari tira sur sa pipe avant d'en souffler la fumée une nouvelle fois.

« Ravi qu'il vous plaise, mon jeune ami. »

Après quelques minutes à contempler l'anneau, Cornélius suggéra à son invité de ne pas trop en demander à son corps encore convalescent et lui indiqua la chambre à l'étage sans trop lui laisser le choix. Kalas avait parfois l'impression d'entendre son père, ce qui l'amusa intérieurement. Il gravit les marches de l'escalier, sa sacoche dans les mains, et poussa la porte de la chambre qui lui avait étrangement manquée.

Rien n'avait changé depuis son départ, hormis la propreté consternante que souhaitait faire régner Mélissa dans la maison. Il posa ses affaires au pied du lit, avant de s'allonger sur celui-ci en tentant de ne pas se faire mal inutilement.

En levant sa main devant lui, Kalas contempla son anneau une nouvelle fois, certifié qu'il s'agissait davantage qu'un simple bijou. Après plusieurs minutes à tenter d'en trouver la raison, il abandonna et ferma les yeux, trop heureux de se retrouver avec ceux qu'il aime.

Nouvelles aventures ! => Premières disputes

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mer 14 Jan 2015 23:41 
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L'homme des bois


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Depuis trois jours déjà, Kalas avait commencé un entraînement programmé par ses soins. Après quelques recherches, il avait fait le découverte d'un petit champ de fleurs caché par les arbres à l'orée de la forêt, loin d'environ une centaine de mètres des murs de la ville. Ce n'est pas qu'il souhaitait se dissimuler aux yeux de tous, mais il ne voulait pas avoir à se justifier auprès de la Milice ou de passants susceptibles de le questionner sur la nature de ses activités.

Son programme se déroulait ainsi : dès l'aube, le jeune homme partait rejoindre son terrain d'entraînement, se faufilant au milieu des fermiers rejoignant leurs champs aux abords de la ville.

Là, il tentait de percevoir les fluides qui parcouraient son corps, afin de les apprivoiser. Sans réel progrès de sa part sur ce sujet-ci, le jeune mage était néanmoins parvenu à se concentrer rapidement et à faire le vide dans sa tête à volonté.

Après s'être mis en condition, il cherchait le moyen d'affiner son pouvoir en le pratiquant le plus possible. Son corps ne lui permettant pas de tenir très longtemps, ce genre d'exercice lui prenait souvent une trentaine de minutes après deux utilisations, et ce sans s'évanouir.

En rentrant déjeuner, Kalas partait souvent faire le tour des commerces, et ce jusqu'à s'accaparer deux fioles contenant des extraits de fluides purs. Le soir, il dînait en compagnie du tenancier, qui acceptait toujours de lui raconter nombres d'histoires et anecdotes sur les Earions.

Ce soir-là, après le repas, le jeune homme ne se sentit pas particulièrement fatigué. Le repas avait été excellent, et plus vigoureux que jamais, Kalas décida d'étendre son entraînement jusqu'au crépuscule. Il sortit de l'auberge, avant de franchir les portes de la ville et d'atteindre son terrain.

L'endroit, recouvert d'un tapis de fleurs blanches et jaunes, dégageait une fraîche odeur de printemps. Éclairé par la forte lumière naturelle de la lune, le jeune homme déposa son sac contre un arbre proche et inspira profondément plusieurs fois. Alors qu'il tentait de faire le vide dans sa tête, un léger bruissement de feuilles retint son attention, l'empêchant de se concentrer correctement. Pensant qu'il s'agissait d'un rongeur, le jeune mage recommença son exercice, jusqu'à entendre le bruit une nouvelle fois, de manière plus insistante.

« Il y a quelqu'un ? »

Comme pour répondre à sa question, une forme noire cachée dans les ombres s'avança doucement près de lui, dévoilant la présence d'un impressionnant loup à la fourrure blanche qui montrait des crocs suintant de salive.

De façon instinctive, Kalas s'immobilisa, sachant que ces animaux attaquaient au moindre geste brusque. Ce n'est pas de la peur que le jeune homme ressentit à l'instant, mais plutôt de la surprise. Il ne s'attendait pas à ce genre de rencontre, qui paraissait pourtant parfaitement logique près d'une forêt. Le jeune mage aurait voulu crier, s'enfuir ou même grimper en haut d'un arbre, mais il en savait suffisamment pour ne pas réagir de la sorte.

Alors qu'elle s'avançait l'air menaçant, Kalas remarqua différentes zones de couleurs étranges sur la fourrure de la bête, tel que du bleu foncé ou du vert. Ces zones était d'ailleurs disséminés de façon absurde, comme sur les pattes ou le long de la colonne vertébrale. Le jeune homme cru d'abord que le loup avait été peint par la main de l'homme, jusqu'à observer un phénomène qu'il jugea extraordinaire.

Progressivement, l'animal se replia sur lui-même alors que sa fourrure semblait disparaître de son corps, se changeant alors en peau. Son visage se déforma pour reproduire celui d'un homme dans la quarantaine, et la forme que prit finalement la bête était celle d'un être humain.

Pendant la transformation, Kalas s'était éloigné jusqu'à chuter sur le postérieur. Aphone devant un tel événement, il avait perdu tout moyen de s'exprimer, regardant le loup devenir un homme.

Ce dernier s'avança vers le jeune mage d'une démarche lente et assurée, alors que son visage se dévoilait à la lumière lunaire, affichant un sourire amusé par la réaction de son spectateur.

« Mais, bon sang !… Oslight ?! »

« Ravi de te revoir, Kalas. »

En attrapant la main que lui tendait son ancien maître, Kalas ne put retenir le flot de question qui se chamboulait dans son esprit.

« Mais qu'est-ce que vous faites là ?! Et comment vous avez fait...CA ?! Et puis, comment vous... »

« Calmes-toi, Kalas. On va trouver un endroit tranquille pour parler de tout ça, suis-moi. »

Le jeune mage attrapa aussitôt son sac et marcha sur les pas de son mentor, longeant peu à peu les abords de la forêt, jusqu'à atteindre une petite masure non loin de là. Oslight traversa un champ vide de récolte et poussa la porte de sa maison, invitant son ancien élève à pénétrer à l'intérieur.

En franchissant la porte, le jeune homme étudia la pièce d'un coup d’œil. Les quatre murs renfermaient un endroit fort douillet, composée d'un mobilier à l'aspect tout à fait convenable. Provenant de quelques torches, la lumière atteignait chaque recoin, chassant les ombres de ce petit paradis.

En refermant la porte derrière lui, Oslight accrocha son manteau près de l'entrée, avant de s'asseoir à table et de convier son invité à le rejoindre.

« Assieds-toi, je t'en prie. »

Kalas déposa son sac contre un pied de la table en se posant sur un tabouret proche, afin d'écouter son ancien maître.

« Comment vas-tu, depuis le temps ? Et ton père, ça marche toujours, son auberge ? »

« Oui, oui, je vais bien! Quant à Papa, Je suis parti de la maison il y a un mois environ, mais les nouvelles étaient bonnes, la dernière fois que je l'ai vu. »

« C'est bon à savoir. Bon, si tu as des questions, je m'engage à y répondre, alors je t'écoute. »

« Comment avez-vous fait ça ?! Je veux dire, vous transformer ? C'était incroyable ! »

Oslight dégagea le col de sa tunique, révélant un collier très primitif se terminant par une dent animal très longue et pointue. Il s'amusait à jouer avec cette même dent avant de la détacher et de la montrer à son invité avec beaucoup de soin.

« Kalas, je te présente Vakus, mon totem. »

« Vakus ? Qui est Vakus ? »

« Vakus est l'esprit avec lequel je me suis lié en tant que Shaman. Il s'agit d'un loup des neiges, que j'ai rencontré dans les montagnes de Nosvéris, pendant mon pèlerinage. »

« Mais vous pouvez lui parler ?! »

« Je l'entends comme je t'entends. »

En retenant son souffle, Kalas aurait voulu hurler de joie. Il était stupéfait de sa découverte, et tellement heureux d'en apprendre plus sur l'utilisation de la magie, qui dictait son voyage depuis son départ. Jamais il n'aurait soupçonné un tel pouvoir de son ancien mentor.

« Cette dent qui lui appartenait autrefois est mon totem. Je l'ai récupéré sur son cadavre. C'est la seule manifestation physique qu'il reste de lui, et c'est ce qui me sert à me transformer. »

« C'est juste… fantastique ! Racontez-moi comment vous avez rencontré votre loup ! »

« Tu veux vraiment le savoir ? »

« Oui, ce doit être une histoire fabuleuse ! »

Esquissant un sourire, Oslight se lança dans un récit long d'une bonne heure. Il y raconta bon nombre de choses, comme les détails de son pèlerinage, son combat contre Vakus et l’absorption de son esprit. Le shaman y ajouta également quelques informations sur la condition du continent , mais le jeune homme ne s’intéressait qu'à la formation de son ancien maître.

La nuit avait été déjà bien entamée, et Kalas commençait à ressentir la fatigue s'emparer de son corps. Quelques heures avant l'aube, il décida de quitter la maison d'Oslight et de retourner passer la nuit à son auberge. Au moment de franchir la porte, le shaman l'interpella une dernière fois.

« Kalas, quand on s'est rencontrés, que faisais-tu ? »

« Je m’entraînais. »

« Et pour quelle raison ? »

« Je ne veux plus être le grand garçon à qui vous avez enseigné la magie comme à un enfant. Je veux devenir quelqu'un et pouvoir me défendre. Contre tout et contre tous. »

Oslight eu un sourire amusé en entendant cette réponse.

« Tu as pourtant toujours le même rêve, on dirait. »

« Et c'est pour l'accomplir que je m'exerce. J'ai besoin de renforcer ma maîtrise sur les fluides qui m'habitent... »

Un court silence s'installa entre les deux protagonistes, jusqu'à ce que Kalas le brise d'une voix faible.

« Maître… Pourriez-vous m'instruire à nouveau ? ... »

« Je ne sais pas, Kalas. J'ai beaucoup de choses à faire, ces temps-ci. »

Le jeune mage referma la porte et s'approcha d'une marche vive en direction du Shaman, qui croyait que son ancien élève venait pour le frapper. A sa hauteur, Kalas regarda Oslight droit dans les yeux, avant de s'incliner sans hésitation de manière à prouver son insistance et le respect qu'il éprouvait.

« Je vous en prie, Maître. »

L'attitude du jeune homme frappa le Shaman pendant une seconde, qui ne s'attendait pas à une telle réaction de sa part. Il l'avait connu vainqueur de chaque obstacle, mais le voir ainsi bloqué dans son enseignement de la Magie le brusqua quelque peu. Après quelques secondes, Oslight posa sa main sur l'épaule de son apprenti et le redressa.

« C'est d'accord, Kalas. Je vais t'aider. »

Fier de pouvoir étudier à nouveau sous ses ordres, le jeune mage tremblait de joie. Il s'inclina à nouveau pour le remercier, mais son mentor l'en empêcha, l'air gêné.

« Pars te coucher et reviens aux premières lueurs du matin, je serais là à t'attendre. Prends de quoi te nourrir pour la journée entière, nous ne reviendrons que tard dans la soirée. »

« Très bien, Maître. A demain. »

En franchissant la porte, Kalas était ravi de la conclusion qu'avait prise son escapade nocturne. Non seulement, il avait retrouvé l'homme qui lui avait apprit à utiliser la Magie, mais ce dernier acceptait de le former à nouveau.

Le voyage jusqu'à l'auberge fut très tranquille. Le tavernier, toujours debout, vit rentrer le jeune homme au milieu de la nuit et l'interpella lorsqu'il allait grimper les escaliers.

« On avait à faire pendant la nuit ? »

« Quelques courses, rien d'important. Ha, pendant que j'y pense, je vais garder ma chambre pour quelques nuits supplémentaires. Je vous réglerais demain matin. »

Satisfait de la fidélité du client, l'aubergiste accepta sans condition et souhaita une bonne nuit à son hôte. En rentrant dans sa chambre, Kalas s'allongea presque immédiatement dans son lit et s'endormit, impatient de commencer son entraînement matinal.

A suivre => L'enseignement d'un loup de guerre

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L'enseignement d'un loup de guerre


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La semaine avait été éprouvante pour le jeune mage, qui sentait son corps et son esprit changer au fil des jours. Chaque matin, il se levait à l'aube afin de rejoindre son maître, qui l'attendait à l'orée de la forêt. Là, ils partaient dans les bois de nombreuses heures afin de familiariser Kalas avec son élément, et les résultats dépassaient les attentes d'Oslight, retrouvant le talent qui lui avait plu chez son élève auparavant.

Le Shaman passait la journée sous sa forme animale, et ne se transformait qu'à la fin ou pour donner quelques conseils à Kalas. Les courses au milieu des arbres étaient éreintantes pour le jeune homme, rarement habitué à en faire autant. Mais cela ne l'empêchait pas de continuer, tentant toujours de réussir les exercices que son Maître lui soumettait.

Au niveau de sa maîtrise sur les fluides, le jeune homme avait fait des progrès consternants. Les consignes du Shaman l'avaient fortement aidé dans le contrôle de la colonne, qui ne lui siphonnait plus autant d'énergie.

« Ta technique est bien trop agressive et beaucoup trop brut. Tu ne matérialises pas une colonne juste pour frapper, mais pour la manier. Ressens son mouvement dans le creux de ta main, et laisse lui la liberté d'exister. »

« Comme ça ? »

« Voilà, c'est parfait ! »

Après plusieurs séances, le jeune mage était parvenu à s'améliorer sur la régulation du sort, parvenant maintenant à mouvoir la colonne de manière complexe. Il savait lui faire tracer de longues courbes ou changer brusquement sa direction.

Constatant la réussite de ses enseignements, Oslight décida d'apprendre à son élève quelques bases sur la Magie terrestre, comme le contrôle sur la matière elle-même. Et en quelques jours seulement, Kalas parvint à faire lever de larges plaques de roc, simulant un escalier primitif. Il lui fallait néanmoins une grande concentration, et le jeune mage en conclut qui lui serait impossible d'invoquer ce genre de pouvoir au milieu d'un combat.

Pour Kalas, il était clair que retrouver son professeur avait été une aubaine fort instructive. De plus, le jeune homme se plaisait à reprendre ses études de la Magie, qu'il lui semblait avoir bâclées du temps où il vivait encore chez son père.

Un soir, alors que l'entraînement avait fini plus tôt que d'habitude, Kalas prit la décision de faire part de sa dernière acquisition auprès de son maître.

« Ce sont des fluides ? Je vois que tu as pris la bonne décision pour palier à ton problème. »

« Oui, le vendeur m'a expliqué qu'il s'agissait du meilleur moyen pour moi de m'améliorer. M'assisterez-vous si le moindre problème survient ? »

« Ne t'en fais pas, je serais juste à côté. »

« Très bien… Je me lance dans ce cas. »

Le jeune homme sortit une des fioles de son sac, avant de poser ce dernier à ses pieds. Il s'installa sur une souche d'arbre proche et commença par faire le vide dans sa tête. Le Shaman observait son élève se préparer au rituel d'absorption, qui fit sauter le bouchon de la fiole et en vida le contenu dans le creux de sa main.

La petite pierre dorée ne chuta pas simplement de la fiole ; elle fonça droit dans la paume de sa main, comme fortement attirée. Oslight expliqua ce phénomène, l'ayant déjà vécu plusieurs fois auparavant.

« Les fluides d'un même élément s'attirent, tandis que ceux qui s'opposent se dévient. Tu t'en rendras compte plus tard, quand tu pousseras davantage tes études de la Magie. »

Se contentant de cette réponse, le jeune mage reposa les yeux sur la pierre magique et commença son absorption, la regardant disparaître dans son poing.

Au même moment, Kalas sentit son corps se gonfler de puissance, et de nombreuses pensées vinrent se mélanger dans son esprit. Il avait la sensation que la Terre elle-même l’habitait, alors qu'un grondement semblait émaner de sa main. L'absorption dura plusieurs secondes, et le sentiment de pouvoir s'estompa progressivement jusqu'à définitivement disparaître.

Encore un peu secoué par ce qu'il venait de vivre, Kalas lâcha la pierre d'une main tremblante, et ne put retenir son excitation.

« OUAHOU ! C'était… ! C'était incroyable ! »

Le Shaman pouffa, se rappelant qu'il avait eu la même réaction lors de sa première absorption de fluide.

« Comment te sens-tu ? »

« Je me sens… tellement bien ! Je pourrais soulever des montagnes par ma volonté ! »

« Ha vraiment ? Dans ce cas, relance ton sort et constatons par nous-même. »

« Pas encore ! Je veux absorber l'autre fluide ! »

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Kalas. Même si tu ne t'en rends pas compte, ton corps est fatigué. Ne lui en demande pas trop. »

Beaucoup trop tenté de retrouver cette sensation à nouveau, le jeune mage n'écouta pas un mot de son Maître. Il fouilla rapidement dans son sac et attrapa la deuxième fiole, avant de la vider dans sa main et de réitérer le processus à nouveau.

« Kalas ! »

La sensation de puissance se manifesta, et le jeune homme ressentit une seconde fois l'extase de l'absorption. Son coeur battait à une vitesse folle alors que ses jambes tremblaient sous l'excès d'efforts. Bientôt, c'est tout son corps qui fut parcouru de spasmes et Kalas ne put retenir la secousse qui l'agitait, avant de chuter à terre à bout de force.

Oslight accourut à ses côtés et posa deux doigts sur son cou afin de sentir le pouls de son apprenti.

« Fiou, il n'est qu'évanoui… Quel imbécile. »

Ne sachant pas où le jeune mage logeait, le Shaman l’emmena jusqu'à son refuge sous sa forme animal. La nuit, particulièrement étoilée cette nuit-là, suffisait largement a éclairer le chemin qu'empruntait Oslight.

En arrivant à destination, il se transforma une nouvelle fois en humain et déposa Kalas avec délicatesse sur une paillasse dans le coin de la pièce, avant de le couvrir d'un drap de coton. Le Shaman resta éveillé quelques heures à paresser sur son lit, puis le sommeil habita tous les résidents.

A suivre => Moi et la Magie

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Dernière édition par Kenra le Mer 21 Jan 2015 18:26, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mer 21 Jan 2015 18:23 
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Moi et la Magie


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La paillasse sur laquelle Kalas avait passé la nuit craqua au premier mouvement de son réveil. Après quelques instants, le jeune homme constata qu'il était seul dans la pièce, néanmoins en compagnie des fortes odeurs animales imprégnées dans les murs de la maison.

Durant tout le lever du soleil, Oslight laissa son apprenti prendre le temps de se lever, faire sa toilette et manger son petit-déjeuner. Il ne fit son apparition que peu avant l'heure du déjeuner, finalisant sa transformation en humain tout en passant le seuil de la porte. Comme un commis de maison, Kalas accueilla son maître avec un grand respect se mélangeant de part et d'autre avec plusieurs bafouillements d'excuses.

« Bonjour, Maître ! Je, heu… Je m'excuse pour mon attitude désobligeante d'hier soir et vous promets que cela ne se reproduira plus ! Je veux dire… Excusez-moi, Maître... »

Les yeux plongés vers ses chaussures, le jeune mage n'osait dire mot devant le Shaman qui ne semblait pas s'inquiéter le moins du monde. Il attrapa une pomme dans l'un des bols près de ce qui semblait être la cuisine, et croqua dedans avant d'esquisser un sourire.

« C'est bon, Kalas. J'ai été jeune, moi aussi. On pense pouvoir tout faire, à cet âge-là, et je suis content de constater que tu sais faire confiance à tes aînés pour te guider. »

Le jeune homme releva timidement la tête, avant de s'incliner une dernière fois avec un mot d'excuse. Puis il s'installa à table afin de discuter des projets d'entraînements de la journée.

« Aujourd'hui, il n'y aura pas de courses dans le bois. Que dirais-tu de savoir ce que ces fluides ont changés chez toi ? »

« Je vais m'entraîner à manier la matière ? »

« Et pourquoi pas apprendre quelque chose de nouveau, oui. »

En entendant ces mots, Kalas voulut s'écrier de joie, toujours heureux d'en apprendre davantage. Mais sa dernière bêtise lui revint en tête, et il préféra s'abstenir de toute réaction.

Après un frugal repas, le Maître et l'élève reprirent en main les exercices basiques de contrôle terrestre. Vivifié par ses nouvelles réserves magiques, le jeune mage réussit avec une facilité déconcertante chacun des exercices que lui soumettait son Mentor, qui augmentait la difficulté à chaque fois.

Alors que l'élève achevait le dernier travail donné avec succès, Oslight stoppa ses consignes et entreprit de pousser la pratique à un tout autre niveau.

« Je vois que tu n'as plus de problèmes avec les bases. Comment te sens-tu ? »

« J'ai l'impression de ne plus fatiguer autant qu'auparavant, c'est étrange comme sensation... »

« Ton potentiel magique s'est grandement amélioré, on dirait. Je pense que tu maîtrises suffisamment les bases pour passer à autre chose. »

Avec de grands gestes qui firent virevolter sa cape, Oslight s'avança au centre de la petite zone qu'ils utilisaient comme lieu d'entraînement.

« Observe bien ce que je vais faire. »

En appuyant sa main sur son torse, le Shaman matérialisa en quelques secondes une épaisse carapace, le voilant derrière un rideau de roche. Kalas constata du bout du doigt la solidité de la coquille qui le protégeait, et ne put retenir son émerveillement devant une telle maîtrise.

« Incroyable, Maître ! »

D'un claquement de doigt, le Shaman stoppa son lien avec la Magie, et le sort s'estompa. La roche soulevée se dissipa rapidement, laissant de larges traces circulaires de poudre autour de lui. Après un court silence, Oslight s'éloigna du centre de la zone et invita son élève à reproduire son sort de protection.

« A toi maintenant. »

Alors qu'il se positionnait, Kalas écoutait attentivement les conseils que lui confiait le Shaman.

« Puises la roche qui se cache sur et sous terre, et soulèves la avec force. »

Le jeune mage était déterminé à maîtriser ce sort afin de pallier à ce manque de protection qui lui faisait cruellement défaut. Alors qu'il se concentrait vers le sol, son maître lui indiqua immédiatement la marche à suivre.

« Tu dois te voir comme le centre de ton attention. Visualises-toi comme une noix et la coquille comme sa protection. »

Suite à ces consignes, Kalas aiguisa son esprit, désireux de réussir dès le premier essai. Après quelques secondes de concentration, la terre autour du jeune mage vibra légèrement, jusqu'à ce que quelques plaques de roches se forment tout autour de lui.

Le « bouclier », flottant inexplicablement dans les airs à plusieurs centimètres de Kalas, semblait pouvoir résister à peine à quelques impacts. Il restait particulièrement en-dessous de celui généré par Oslight, ce dernier n'hésitant pas à le préciser.

« Hmm… L'épaisseur est trop mince et la matière n'est pas suffisamment solide, mais c'est correct pour un premier essai. Tu vas peaufiner ce sortilège jusqu'à la limite que tu peux lui donner. »

D'un signe de tête, le jeune homme rompit le lien magique, et réitéra le sort autant de fois que possible. Le Shaman l'observait avec intention, constatant pour la première fois la difficulté surpasser son prodige.

Après quelques essais, Kalas s'affala sur les genoux, la respiration brûlant sa gorge sèche. Incapable d'accomplir l'exercice une nouvelle fois, il fit signe à son Maître qu'il avait besoin d'une pause et boita jusqu'à son sac afin d'attraper sa gourde qu'il vida d'une traite.

« A partir d'aujourd'hui, tu consacreras tout ton temps d'entraînement à la maîtrise de ce sort de protection. Tu pourras venir à cet endroit afin de ne pas être dérangé, et je reviendrais chaque soir afin de noter tes progrès. »

« Vous ne resterez pas ? »

« Non. J'ai beaucoup à faire, et je t'ai suffisamment guidé pour l'instant. Tu devras te débrouiller par toi-même pendant quelques jours. »

Ne souhaitant pas questionner son Maître sur la nature des ses activités extérieures à l'entraînement, le jeune mage acquiesça, conscient que cela ne l'empêchera pas de travailler seul.

« Très bien, fin de l'exercice. Tu peux rentrer chez toi, nous nous reverrons demain soir. »

Sur ces mots, le Shaman se retourna, sa cape virevoltant autour de lui, et se transforma progressivement en loup. Il sauta sur un large rocher proche avant de prendre de l'élan et se diriger avec hâte vers le centre de la forêt.

Kalas resta quelques instants à reprendre son souffle, appuyé contre une souche proche. L'air était frais et la forêt dégageait une agréable odeur de pin. Finissant sa gourde avec calme, il se redressa lentement et rangea ses affaires dans son sac, avant de passer ses bras dans les lanières de celui-ci et se diriger vers Dehant.

Sur la route, le jeune homme constata que le soleil commençait à se coucher et il accéléra le pas afin de ne pas avoir à justifier sa sortie aux gardes. Très calme, la ville semblait ne pas avoir de vie en cette fin d'après-midi, et Kalas ne s'attarda pas dans les rues.

Après avoir poussé la porte de son auberge, le jeune mage constata les quelques Earions qui picolaient tranquillement près du bar, se racontant quelques histoires du passé en rigolant. Le patron lui fit signe de la main, et il s'avança jusqu'au comptoir afin de le rejoindre.

« Ba alors ! On ne vous voit plus souvent, jeune homme ! »

« Oui, j'ai encore un peu de travail, ces derniers temps. Je vois que l'auberge accueille un peu plus de monde que d'habitude, ce soir ! »

« Des habitués, rien de flagrant. Je vous apporte un bol ? J'ai mitonné un ragoût de lapin, vous m'en direz des nouvelles ! »

En effet, un délicieux parfum se dégageait des cuisines et Kalas accepta sans hésiter. Il dégusta son repas en rigolant à quelques blagues vaseuses des elfes à ses côtés, et se surprit même à demander une bière pour finalement rester jusqu'à leur départ, tard dans la soirée.

Après avoir souhaité une bonne nuit à l'aubergiste, le jeune homme grimpa les escaliers et s'endormit rapidement dans son lit, sachant qu'il aurait désormais davantage de temps libre.

A suivre => Mauvaise cible

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Dernière édition par Kenra le Mar 27 Jan 2015 01:22, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mer 21 Jan 2015 22:04 
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Mauvaise cible


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Pendant les quelques jours qui suivirent, Kalas reprit un train de vie plus diversifié. Il rendit visite aux Bergallet quelques fois, qui insistaient toujours pour le garder jusqu'au dîner. Ce qu'il finissait généralement par faire.

Mais l'objectif qu'il s'était fixé lui revenait sans cesse en tête, et c'est pourquoi le jeune homme tenait toujours sa promesse de rendez-vous au terrain d'entraînement, afin qu'Oslight puisse lui faire un constat de ses progrès alors que Kalas y passait l'après-midi à pratiquer.

Après une semaine complète, aucune des séances d'entraînement n'aboutissaient à une réussite, et le jeune homme commençait à perdre espoir peu à peu. Il se remit en question de nombreuses fois, se demandant s'il était vraiment capable de devenir un mage aguerri.

Ce fut au bout d'une semaine, après avoir vu s'enchaîner les échecs les uns après les autres, qu'Oslight décida d'y mettre un terme à sa façon.

« Inutile de s'acharner, tu ne parviendras pas à maîtriser ce sortilège. »

« Mais, Maître, je... »

« Il suffit ! J'ai suffisamment perdu de temps ! Tu n'est qu'un incapable ! »

Ces mots étaient durs à entendre pour Kalas, qui n'avait jamais réellement subit de défaite au cours de sa vie. Il baissa pitoyablement les yeux, et se dirigea vers son sac, pensant l'exercice terminé.

« Où vas-tu ? »

« Je rentre chez moi, Maître. N'est-ce pas ce que vous désirez ? »

« Tu ne vas nulle part. Cette fois-ci, j'ai besoin de toi. »

Intrigué, le jeune mage reposa son sac à ses pieds et se passa la main dans le cou, comme tendu. La honte de l'échec était une chose nouvelle pour lui, et il ne savait comment y réagir.

« Nous partons au centre de la forêt, je dois te présenter un ami de longue date. »

Sans chercher à comprendre où cela allait le mener, Kalas acquiesça et suivit son Maître qui se changea rapidement sous sa forme de loup blanc. Ils empruntèrent un chemin de terre mal entretenu sous un ciel rougeoyant qui laissait entrevoir de fines étoiles blanches, avant de passer au milieu des arbres qui voilèrent entièrement la vue.

Pendant plusieurs minutes de marche, Kalas se demandait s'il pourrait toujours profiter des enseignements du Shaman, incapable de comprendre pourquoi il n'arrivait pas à lever un simple bouclier de pierre. Ses pensées s'envolèrent quand le loup à fourrure blanche qui marchait devant lui couina à mort et s'effondra sur le côté.

Surpris, le jeune mage accourut vers lui, et constata qu'une flèche était enfoncée entre ses côtes, rougissant le beau pelage neige de son Maître. La langue hors de la bouche, il haletait à très forte allure, les yeux grands ouverts. Sa main effleurant à peine le projectile, le loup grinça des dents à nouveau, tentant de faire comprendre à son élève qu'il était inutile d'essayer de le retirer.

Kalas se retourna brusquement vers le bruissement de feuilles qui émanait d'un buisson derrière lui, avant de voir tout un groupe d'hommes surgir de leurs cachettes. L'un d'entre eux s'égaya, agitant son arc sans munition d'une main gantée.

« Hey, les gars, j'lai eu ! »

« Bien joué, Thomas. Cette bête doit valoir un bon paquet de fric, vu la couleur de sa fourrure. Sûrement une espèce rare. »

« Je la dépèce ou on attends d'être rentrés? »

« Attends une seconde, y'a quelqu'un à côté... »

Trois hommes s’avancèrent, laissant l'autre moitié derrière. Ressemblant davantage à des braconniers qu'à des chasseurs, ils approchèrent de Kalas, qui se tenait entre eux et son Maître souffrant.

« Gamin, dégage de là. T'as rien à faire ici !

« Ce n'est pas un loup, c'est un homme ! Vous allez commettre une grosse erreur ! »

« Y'a pas d'erreur ! On l'a vu avant toi ! Maintenant, dégage ou on s'en charge nous-même ! »

En se relevant, le jeune mage s'imposa face aux trois adversaires, afin de leur faire comprendre qu'il ne bougerait pas d'un pas. Il concentra son flux magique dans ses mains, et cracha sa colère.

« C'est VOUS qui allez dégager ! »

En quelques secondes, un long pilier de terre se forma au-dessus d'eux, et les braconniers reculèrent de quelques mètres, apeurés par l'étrange phénomène qui se déroulait devant leurs yeux.

« Hey, gamin ! Du calme ! On ne te veut pas de mal ! On aimerait simplement récupérer notre proie, tu comprends ? »

« Il n'y a aucune proie ! C'est un homme ! »

Accompagné d'une pulsion de rage, le poing de Kalas s'écrasa dans sa main, et la colonne de terre réagit instantanément à l'ordre de son invocateur en venant s'abattre aux pieds des trois hommes. Pris de panique, ils s’enfuirent en hurlant des ordres aux autres restés en retrait, avant de se jeter dans des buissons à proximité.

« Jeff ! Derek ! Canardez-le ! »

Sur ces mots, l'archer à l'origine de la blessure d'Oslight et l'un de ses collègues fouillèrent rapidement dans leurs carquois. Armant et bandant leurs arcs respectifs, il tirèrent sans viser avant de recharger et de recommencer une nouvelle fois à attaquer.

Au même moment, Kalas avait réagit sans réfléchir. Il se plaça bien en face du corps de son Maître et se concentra brièvement, alors que l'énergie vibrait à travers ses membres. Le sol vibra un instant, et de la roche brut s'en extirpa afin de se placer tout autour du mage, voilé par une coquille de roc.

Quelques flèches atteignirent leur cible, mais ces dernières ricochèrent contre la paroi rocheuse qui protégeait le jeune mage. Incapable de bouger, Kalas attendit quelques instants que les archers s'arrêtent, et sa protection s'effondra à l'impact de la dernière flèche.

Incapable de tenir davantage, le jeune homme se figea, les bras écartés devant le loup blanc. Le corps engourdi, il leva lentement la tête en haletant, avant de constater les hommes cachés s'extirper de leurs buissons, l'arme à la main. L'un des tireurs décocha un trait rapide, qui vint se figer dans l'épaule de Kalas, chutant à terre dans un cri de douleur.

La flèche plantée dans l'épaule, le jeune mage ne pouvait que regarder le sang s'en écouler, impuissant face aux adversaires qui s’avançaient.

« Il est blessé ! Allons-y ! »

Les braconniers chargèrent sur quelques mètres, avant de se stopper dans leurs courses en voyant une forme humaine se lever derrière le jeune mage.

« Il suffit ! »

La terre se mit à trembler, et le visage des hommes devint livide de terreur. Dans un spectacle de sang et de panique, les chasseurs se firent empaler simultanément sur de longs épieux surgissant du sol en hurlant de douleur. Les deux archers à l'arrière tentèrent de s'enfuir, mais un gigantesque bloc de pierre et de terre les écrasa dans un bruit assourdissant, avant de disparaître en fumée.

Personne n'aurait pu survivre à un tel déchaînement de puissance, et Kalas le savait. Il leva les yeux vers l'auteur de cette fureur et son Maître vint se poser à ses côtés afin d'évaluer la gravité de ses blessures.

« Tu vas bien, Kalas ? Tu penses pouvoir te lever ? »

« Oui, je pen… Ouille ! »

« La plaie risque de s'infecter si nous ne faisons rien. Je vais m'en occuper, ne t'inquiètes pas. »

« Merci, Maître. »

Extirpant la flèche avec le plus grand soin, Oslight posa ses mains sur la blessure de son apprenti, pendant que ce dernier se laissait faire en observant la guérison de son épaule se faire.

« Et Kalas, c'était une protection parfaite. Je suis fier de toi. »

Heureux à son tour d'avoir réussi ce sort qui lui faisait tant obstacle, le jeune mage acquiesça avec une grand sourire victorieux au milieu du visage. (Je l'ai fait!)

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Dernière édition par Kenra le Jeu 29 Jan 2015 01:25, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Jeu 29 Jan 2015 01:24 
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Ses côtes lui tiraient de légers grognements de douleur, et Oslight prit le temps de s'asseoir maladroitement alors qu'il venait tout juste de terminer les soins nécessaires à Kalas. Ce dernier voulu retenir son Maître dans sa chute, mais réagissant trop tard, il se contenta de lui poser la main sur l'épaule pour prendre de ses nouvelles.

« Votre blessure doit être affreusement douloureuse, Maître. Vous allez pouvoir vous soigner ? »

« Oui… Laisse-moi un moment, ça va aller... »

Le visage livide de son Mentor ne le rassura pas, mais Kalas ne souhaitait pas le fatiguer davantage en l'obligeant à parler. En se retournant, le jeune mage observait la scène qui se déroulait sous ses yeux, ne pouvant s'empêcher de ressentir de la peine pour ces braconniers morts.

Sur une large zone, on pouvait retrouver ici-et-là des cadavres d'humains vivants il y a encore vingt minutes. En passant près d'eux, Kalas remarqua qu'ils disposaient d'un équipement de bonne facture pour de simples brigands des forêts. Leurs armes semblaient bien élaborés d'après la taille et les motifs qui les ornaient.

Les chasseurs étaient également équipés d'une armure totale faite entièrement de cuir, ce qui valait son pesant de Yus sur le marché. Malheureusement, l'équipement de chaque homme était broyé ou transpercé de part-en-part après la démonstration de furie de son Maître. Ou presque.

En jetant un coup d’œil vers les deux archers qui avaient tentés de s'enfuir, Kalas jugea l'état de leurs armures convenable, et il s'en approcha afin de constater d'un meilleur point de vue.

Alors qu'il marchait au milieu des cadavres, le jeune homme se surprit de lui-même à ne pas être horrifié devant un tel carnage. Certes, il tournait la tête à chaque fois qu'il croisait le regard d'une des dépouilles, mais il ne ressentait pas le besoin de s'enfuir.

Avait-il compris qu'il s'agissait de la seule issue possible à cette rencontre ? Avait-il accepté le meurtre comme l'une des solutions à un conflit ? Il souhaitait par dessus tout éviter d'avoir à donner la mort, mais Kalas ne se sentait plus réellement jeune d'esprit. Il avait mûri autant dans ses réflexions que dans son apprentissage de la magie, et à la prochaine menace, c'est sans hésiter qu'il prendra sa décision.

Une fois les cadavres atteints, le jeune homme commença son inspection rapide des deux archers. L'idée de piller des cadavres le fit frissonner un instant, mais quitte à ce qu'ils se fassent dévorer par des bêtes sauvages, Kalas préféra récupérer sur eux ce qui pouvait l'être.

Après un rapide constat, il parvint à récupérer une paire de gants encore en état d'usage, ainsi qu'une cape courte qu'il attacha d'un nœud solide autour de son cou. Les gants lui allèrent parfaitement bien et ne le gênait pas le moins du monde dans ses mouvements. C'est équipé de ses nouvelles trouvailles qu'il revint vers son Maître, terminant de nouer un long tissu autour de sa taille en serrant les dents.

Oslight, le visage en sueur, posa un regard fatigué sur son apprenti. Sans prendre la peine de commenter ses récentes acquisitions, il se leva difficilement, rapidement secondé par son apprenti, avant de retomber à terre.

« Maître, vous allez bien ? »

« Je vais...avoir besoin d'aide pour marcher... »

Inquiet, Kalas ne voulait pas lui imposer d'inutiles efforts. Aussi, il lui proposa de prendre un peu de repos ici-même, certifié de l'accord du blessé.

« Je ne préfère pas, Kalas. Les cadavres vont tôt ou tard attirer les… attirer les charognards… »

Parvenant après plusieurs essais a se relever, le Shaman avança sans se presser, le bras autour de l'épaule du jeune homme. Il lui souffla le chemin à prendre entre deux inspirations.

« Ce n'est pas très loin… Ils auront de quoi me soigner là-bas. Allons-y... »

Lors de sa progression à travers la forêt, Kalas empêcha quelques fois son Maître de tomber dans les pommes, ce qui l'obligea à se concentrer davantage sur ce dernier que sur le chemin à parcourir. Au fond de lui, le jeune mage craignait que l'état d'Oslight ne s'aggrave alors que divers scénarios se mélangeaient dans sa tête. (Et si la flèche était empoisonnée ? Et si la blessure était infectée?!)

C'est après une demi-heure de marche difficile que le Shaman indiqua d'une voix saccadée de douleur la direction d'une grotte naturelle, chassant les mauvaises pensées qui habitait son apprenti.

« C'est ici… Ils vont pouvoir nous aider... »

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Sam 14 Mar 2015 22:26 
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L’œil impassible du Shaman ne laissait passer aucune erreur de la part de son protégé. Oslight, enroulé dans une peau de bête et assis sur un rocher, donnait ses directives et prodiguait de nombreux conseils au jeune mage qui s'épuisait après les quelques heures d'entraînement qui s'étaient écoulées.

« Bon, reprenons l'exercice de manipulation terrestre. C'est ici que j'ai compté le plus d'erreurs. Recommence encore une fois. »

D'un signe de tête, Kalas accepta sans broncher et se concentra à nouveau en essuyant les grosses gouttes de sueur lui voilant la vue. Le froid qui régnait à cet endroit aurait engourdi les membres de n'importe qui, mais le jeune homme était si bouillant d'apprendre qu'un blizzard ne l'aurait pas délogé.

L'objectif de l'exercice consistait à soulever un épais nuage de poussière afin de déstabiliser son adversaire. Oslight lui avait expliqué qu'il souhaitait lui apprendre ce sortilège afin de pouvoir occuper plusieurs opposants, ce qui permettrait au jeune mage de prendre la fuite.

Prêt à recommencer, Kalas s'accroupit rapidement et posa ses mains sur le sol en mimant de s'y agripper. Il ferma les yeux et imagina un brouillard de sable et de poussière se lever dans toute la zone. Puis, pour donner vie à son idée, il puisa intérieurement dans ses forces, avant de se relever avec vigueur.

La fine couche terrestre sous ses pieds trembla quelques secondes pendant qu'il se relevait, comme habité par Yuimen lui-même. Le vide devant lui commença à siphonner la terre telle une minuscule tornade, se mélangeant rapidement à ce qu'elle absorbait. Bientôt, un nuage de quelques mètres flotta au-dessus du sol, fier résultat des efforts de Kalas.

Oslight dévoila légèrement ses dents dans un sourire satisfait, et félicita son élève qui coupa le sort.

« C'est bien, Kalas. Il ne reste plus qu'à le perfectionner, et c'est ce que nous... »

« Encore avec le louveteau, Loup-Blanc ? »

Les regards se tournèrent rapidement en direction de Milana, qui s'invita sur le terrain d'entraînement. Oslight referma un peu plus la couverture sur lui, avant de répondre à la femme à l'allure sauvage.

« Milana, ce n'est pas le moment. Je m'occupe de Kalas, comme je l'ai fait avec toi auparavant. »

Elle reposa ses yeux sur le jeune mage, qui essuyait sa sueur frontale d'un revers de la manche.

« Alors c'est toujours un louveteau. J'avais déjà réussi tout ça, à l'époque. »

« Kalas apprend à son rythme, et il le fait bien. Ne viens pas perturber son apprentissage, je te prie. »

« Je ne veux pas le perturber, je veux lui apprendre, moi aussi... »

« Milana, non... »

Son regard se faisait presque trop insistant, et Kalas détourna le sien, gêné qu'on le fixe de cette manière. Milana dévoila son intention et demanda l'autorisation à Oslight par la même occasion.

« Loup-Blanc, laisses-moi le tester. Je veux savoir s'il est vraiment digne d'être parmi nous. »

« Je sais parfaitement ce que tester signifie pour toi, Croc-de-Lys. Pourquoi ne vas-tu pas demander à Karys s'il en a envie ? »

« Il dort. »

« Et Donell ? »

« Maître-Croc ne veut plus s'amuser avec moi, et tu n'es pas en état de le faire. Il ne reste que le louveteau... »

Oslight rumina quelques mots tout bas, alors que son apprenti comprit ce qu'il se tramait. Il n'était pas contre un duel avec cette femme qui lui préoccupait l'esprit depuis son arrivée. Ses manières primitives, sa façon de parler, son odeur… Sans comprendre pourquoi, Kalas voulait en apprendre davantage à son sujet.

« Écoute, Milana. Je ne pense pas que Kalas ai envie de... »

« J'accepte, Maître. »

La réponse du mage coupa son maître qui détourna le regard vers lui, tandis qu'un sourire dévoila les canines de la femme à ses côtés. Quelques secondes se déroulèrent pendant lesquelles le maître jaugea son élève des yeux, pour finalement souffler les conditions du duel.

« Aucune arme, Croc-de-Lys. »

Milana détacha l'épée courte à sa ceinture en signe d'accord, avant d'entamer sa transformation. En un instant, elle se changea en une magnifique louve au pelage blanc. Ses pattes et sa queue arboraient un dégradé de rouge semblable au sang, comme le cœur d'une fleur de lys.

En position de chasse et les crocs dévoilés, elle attendait que son maître termine de donner ses instructions avant de se ruer sur sa proie. Kalas remonta les manches de sa veste et se frotta les mains, ravivé par la tournure que prenait son entraînement quotidien.

« Vous arrêterez immédiatement quand je vous le signalerais, c'est compris ? »

Aucun des deux protagonistes n'écoutaient vraiment ce qui se disaient aux alentours. Un silence pesant s'installa dans la zone, momentanément dérangé par l'arrivée de Karys et Donell, désireux de profiter du spectacle.

« Milana a décidé de s'amuser avec lui ? On dirait qu'il va faire parti de la meute plus rapidement que prévu. »

« Voyons ce que ce jeune homme sait faire... »

La lune finissait d'englober la totalité de l'aire d'entraînement, harmonisant la lumière lunaire à celle des torches.

Kalas lança l'assaut sans plus tarder, s’accroupissant pour ramasser une poignée de sable qu'il lança vers l'animal. Le jet gonfla progressivement, jusqu'à se transformer en nuage terrestre, enveloppant la cible qui commençait à couiner et à éternuer. Sans stopper son attaque, il commença rapidement le rituel du pilier de terre, les deux mains en position devant lui.

Puisant l'énergie nécessaire pour frapper dans ses mains, le jeune mage matérialisa en quelques secondes une colonne qu'il écrasa au même moment au centre de la zone ensablée. Le bruit assourdissant de l'impact épata Karys, qui ne s'attendait pas à un tel enchaînement.

« On dirait que Kalas prend le combat plus au sérieux que je ne le pensais. »

Pensant qu'il avait parfaitement réussi son coup, le jeune apprenti fut surpris de voir la louve s'échapper de la poussière du sortilège en chargeant vers lui. Griffes et crocs bien en évidence, elle se jeta sur sa proie afin de le maîtriser au sol.

La mâchoire de l'animal se referma sur le bras de Kalas, qui hurla de douleur. Dans un geste de panique, il tenta de lui faire lâcher prise, mais la louve n'était pas de cet avis. Elle resserra sa prise, arrachant un nouveau cri de douleur au jeune homme. Le sang jaillit de la blessure comme une fontaine, maculant la fourrure blanche de la bête.

Incapable de lancer le moindre sort, le jeune mage tenta le corps-à-corps avec l'animal, qui tirait le bras vers lui. Il tapa droit sur le museau du poing, déterminé à se libérer des crocs bestiales du canidé. Plusieurs coups furent nécessaire pour la faire couiner et se retirer de quelques pas. Kalas se releva rapidement, le cœur battant de panique.

Milana se frotta le museau de la patte quelques fois, avant de grogner en bavant de sa puissante mâchoire. D'un geste de sa main en état, Kalas se cacha derrière un bouclier de pierre, encore choqué par la détermination de son opposante.

L'animal se transforma en humaine, désireuse de tester la résistance de la protection du mage.
Parfaitement ravie par la tournure que prenait le combat, elle affichait son enthousiasme par un large sourire laissant apparaître l'extrémité de ses canines. Milana passa sa main sur son nez rougi qui laissait échapper quelques filets de sang, et matérialisa un épieu du bout des doigts.

« Milana, ça suffit ! Stop ! »

Ne prêtant pas attention à l'ordre de son maître, elle lança le javelot droit vers l'apprenti qui se jeta sur le côté pour tenter de l'esquiver. La pointe s'enfonça dans le bouclier, le perçant sans difficulté. Ripant néanmoins sur la deuxième couche de pierre, elle se dériva d'un point vital du jeune homme mais lacéra la chair de son flanc.

Le javelot, maculé de sang sur son extrémité, se planta dans le sol avant de se désagréger dans un sifflement surnaturel. Kalas s'écrasa à terre, ne pouvant contrôler sa trajectoire après pareille blessure. Oslight s’élança du sommet de son rocher, bousculant Milana au passage.

« KALAS ! NON ! »

De leurs côtés, Donell et Karys se rapprochèrent rapidement du blessé afin d'aider aux soins. Avant son arrivée près du corps, le Shaman était convaincu de la mort de son apprenti, trop inexpérimenté pour se défendre face à une attaque d'une telle puissance. Mais en voyant le jeune mage haletant, il se rassura d'un cran.

Kalas sentit le sang chaud se répandre partout sur son ventre, incapable de stopper le flux inarrêtable qui lui rougissait les vêtements.

« Maître… J'ai tellement mal... »

Alors que les deux spectateurs arrivaient près du corps, Oslight constata avec rage l'état de son apprenti. En seulement quelques secondes, Donell donna un détail de chacune des blessures qui couvraient le jeune mage.

« Il a une morsure profonde au bras qui a du lui abîmer l'os, et une sérieuse perforation de la hanche. Si rien n'est fait, ce jeune garçon se videra de son sang dans moins d'une heure. »

Incapable de contenir sa fureur, Oslight se retourna le regard mauvais vers l'auteur de ce lynchage. Il bredouilla quelques mots avant de hurler sa colère à la femme qui se tenait à quelques mètres de lui.

« Je t'avais dis d'arrêter… JE T'AVAIS DIS DE T'ARRETER !! »

« Je n'ai pas du entendre… »

Enragé, le Shaman se changea en loup et se rua vers Milana, qui n'eut le temps que de se transformer à son tour. Karys tenta de le retenir, mais la vélocité de l'homme-loup le surpassa rapidement. Ce fut Donell qui coupa court à un nouveau combat en érigeant un fantastique mur de plaques terrestres entre Milana et son assaillant. Oslight s'arrêta juste à temps pour éviter de se fracasser le crâne contre le sort du vieux Maître-Loup.

« Ces enfantillages cessent MAINTENANT ! »

Milana sauta d'un bond habile au sommet de la muraille qui faisait tout de même un peu plus d'un mètre et demi, et prit le temps de s'asseoir en se léchant le sang qui perlait sur ses pattes.

« Loup-Blanc ! Ton apprenti est souffrant et il a besoin de ton aide ! Va t'occuper de lui, TOUT DE SUITE ! »

La voix autoritaire du vieux maître fit baisser les oreilles du loup au pelage blanc, qui se changea rapidement en homme pour rejoindre son élève, l'air inquiet.

« Karys, aide-le à transporter Kalas à l'intérieur. Je m'occupe de Milana. »

L'homme à la stature de colosse accourut aux côtés du blessé afin de procéder au déplacement du corps avec précaution.

Le jeune mage sentait sa vue se brouiller, et le goût du sang se répandre dans sa bouche. Le transport lui arracha quelques vives douleurs, jusqu'à ce qu'il ne puisse se retenir de cracher le liquide rouge qui lui remplissait la gorge.

« Bon sang, il perd beaucoup trop de sang ! »

Ce fut les dernières paroles qu'entendit Kalas cette nuit avant de s'abandonner à la fatigue qui lui rongeait le crâne.

A suivre => L'homme et la bête

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mar 31 Mar 2015 19:07 
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Le sang de Thimoros...


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Le soleil peinait à percer à travers les arbres dans cette belle matinée qui débutait pour Kalas. Le jeune homme venait de se réveiller et commença sa toilette matinale dans le petit ruisseau près de l'entrée de la grotte. Il s'habilla rapidement et ne fut pas surpris de voir Milana venir à sa rencontre.

« Tu es prêt, Dent-de-Lait ? »

« Oui, allons-y ! «

Kalas n'était pas encore très habitué à son nom de meute, lui qui venait d'endroits plus civilisés. Secouant la tête, il boucla sa ceinture et ramassa la petite fiole d'élixir que lui avait offert Oslight afin de rallonger la durée de ses entraînements. (Ça peut toujours être utile...)

Les deux protagonistes prirent la direction qui menait à l'opposé de la ville. Milana lui expliqua qu'elle désirait s'éloigner le plus possible du bruit ambiant de la cité qui perturbait la faune locale. Elle donna aussi quelques indications sur leurs objectifs et ses attentes en tant qu'instructrice temporaire du jeune mage.

« Nos réserves se sont beaucoup vidées depuis ton arrivée. Nous ne nous attendions pas à un nouveau membre et il va falloir ramener davantage de viande pour sustenter toute la Meute. L'idéal serait de trouver un chevreuil et quelques lapins en plus. Nous les ramènerons et Fier-Patte s'occupera du dépeçage. Maître-Croc connaît quelques sorts de glace qui permettront de conserver la viande plus longtemps. »

« Très bien. Je vais faire mon possible pour t'aider. »

« Loup-Blanc m'a indiqué que tu comptais trop sur ta magie pour te défendre. Aussi, je t'interdis de l'utiliser pendant la chasse. »

Le jeune homme s'imaginait mal utiliser ses sorts pour une simple partie de chasse. Il acquiesça donc sans trop poser de question.

« Pas de magie. On y va ? »

« On y va. »

Croc-de-Lys pris la tête de la marche et l'emmena entre les arbres. Ils marchèrent un peu moins d'une heure sans rencontrer la moindre bestiole. Anxieuse, Milana fit part à Kalas de ses inquiétudes.

« Je ne comprends pas, Dent-de-Lait. La dernière fois que je suis venue jusqu'ici, j'avais déjà de quoi nourrir la Meute pendant plus d'une semaine. »

« Les bêtes n'ont-elles pas changées de tanière ? »

« C'est peu probable. Cet endroit est idéal grâce au ruisseau et à la flore environnante, elles n'auraient aucun besoin de le quitter... »

Après quelques secondes à regarder le ciel, Milana ferma les yeux et huma l'air avant de fixer un chemin déjà emprunté entre deux buissons. Sans attendre de réaction de la part de Kalas, elle se dirigea vers sa découverte en trottant doucement. Le jeune homme comprit ce qui avait attiré son attention quand il vit les traces de passage d'une créature de taille imposante entre les arbustes, se décidant à les suivre à son tour.

« On dirait que quelqu'un est passé par là récemment, Croc-de-Lys. »

« C'est étrange... J'ai déjà rencontrée quelques ours, mais jamais de cette taille. Surtout que nous nous dirigeons vers les limites de notre terrain de chasse. »

« Les limites ? Je pensais que nous avions la forêt entière pour nous. »

« Elle ne nous appartient pas, Dent-de-Lait. Loup-Blanc m'a conseillé de ne pas m'approcher des cabanes et des fondations, il ne veut pas qu'on nous repèrent. »

Kalas se contenta de hausser les sourcils en guise de réponse. La situation actuelle le mettait mal à l'aise, lui qui ne s'était jamais enfoncé dans un lieu aussi sauvage. Même s'il venait pour nourrir la Meute, il se sentait davantage proie que chasseur.

Milana prit quelques secondes pour se transformer puis progressa entre les fourrées en évitant soigneusement de révéler sa présence. Le jeune mage tenta de faire de même, choisissant méticuleusement chaque endroit où poser son pied, mais trébuchant néanmoins sur les larges racines qui dépassaient du sol. La piste s'arrêta brusquement comme si ce qu'ils traquaient s'était envolé, mais la louve ne fit pas du même avis. Reprenant sa forme humaine, elle incita son apprenti à se dissimuler, qui s'abaissa rapidement en se couvrant le dos de sa cape.

« Il sait que nous le suivons, c'est pourquoi il a effacé ses traces à partir d'ici. Sois prudent, je pense qu'il nous observe... »

Kalas sentit une lourde pression l'écraser, lui qui pensait participer à une simple partie de chasse. Nerveux, il serra ses mains moites et se mit à jeter des regards dans toutes les directions en respirant tel un animal en cage. (Qu'est-ce que c'est ? Et où est-il ?!)

Milana se tourna vers lui d'un geste brusque et lui murmura ses nouvelles consignes à l'oreille.

« Je veux que tu restes ici, Dent-de-Lait. C'est moi qui vais le chercher. »

Le jeune mage aurait voulu la retenir par le bras, mais il fut incapable de réagir sous l'effet de la peur. La Shamane le quitta et disparut entre deux arbres, laissant Kalas seul avec ses mauvaises pensées.

« D'accord, Kalas. Respire, il ne va rien t'arriver. Tu es en sécurité ici, Milana va revenir rapidement, j'en suis sûr. »

Le temps semblait s'allonger pour le jeune mage regardant le ciel se voiler et faire couler ses premières larmes. Bientôt ce fut une pluie fine qui enveloppa la forêt, puis une averse abondante. L'eau de pluie dégagea un froid humide, obligeant Kalas à se resserrer dans sa cape.

Incapable de distinguer quoi que ce soit à plus d'un mètre, le jeune mage patienta dans la crainte, priant intérieurement le retour de Croc-de-Lys. Malheuresement, il attendit longtemps sans le moindre signe de sa part.

« Il a dû lui arriver quelque chose... »

Après quelques longs instants durant lesquels le soleil laissa sa place à la lune, le jeune homme décida d'appeler sa tutrice. Il détacha le cor de chasse à sa ceinture et souffla dedans une fois.

Rien.

Kalas recommença une nouvelle fois, puis une fois encore. Chacun de ses essais se conclut par un silence couvert par l'averse.

C'est au moment où il allait tenter une dernière fois qu'un hurlement retentit, se finissant par un couinement. Le jeune mage tendit l'oreille et reconnut presque instantanément la louve, avant de bondir de sa cachette en direction de l'appel.

Dent-de-Lait fit retentir le cor de la Meute pour répondre à sa tutrice, qui entama une nouvelle complainte qu'elle ne put finir. Accélérant sa course, Kalas se dirigea vers le hurlement, craignant autant pour sa vie que pour celle de Milana.

A suivre => ...Va couler sur la Meute

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Dernière édition par Kenra le Dim 5 Avr 2015 11:53, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Sam 4 Avr 2015 15:37 
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... Va couler sur la Meute


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Un éclair éclata dans le ciel, éblouissant Kalas pendant un court instant. Il ne put voir la grosse racine dépasser du sol qu'en trébuchant dessus, l'étalant dans la boue naissante de la forêt. D'un revers de la manche, il essuya la gadoue sur son menton et se releva en hurlant, animé par la panique.

« MILANA !! MILANA, OU ES-TU ?! »

Le souffle court, il reprit sa course vers l'endroit où il pensait avoir entendu l'appel de sa tutrice. Cette dernière couina à mort non loin de lui, mais le jeune mage ne parvenait toujours pas à savoir où elle se trouvait tant la pluie dispersait les sons ambiants.

Slalomant à travers les arbres, Kalas put constater de nombreuses traces de luttes sur ces derniers. Terre déformée, écorchures sanglantes sur les troncs et grosses branches brisées témoignaient d'une bataille sans merci entre Milana et ce qui semblait être une féroce créature.

Un cri de rage résonna à quelques mètres du jeune homme qui reconnut la voix humaine de la Shamane en pleine charge. Il ne lui en fallut pas davantage pour voir le corps de cette dernière se faire éjecter non loin de lui, suffisamment tôt pour réagir.

« MILANA ! »

D'un puissant appui du pied, le jeune mage se jeta sous Croc-de-Lys afin de la réceptionner et minimiser les dégâts de la chute, avant de glisser avec sur quelques mètres. Inconsciente, elle ne répondit à aucune des tentatives de réveil de son apprenti.

« Réponds-moi Milana !! Qui t'as fais ça ?! »

Le ciel cessa d'inonder la terre, redonnant de la voix aux bruits des feuilles et des arbres. L'humidité de l'air avait générer un genre de brouillard qui se mêlait aux halètements du mage et de la Shamane. Alors qu'il la serrait contre lui, Kalas leva les yeux et hurla sa rage et sa peur à l'invisible.

« SORS DE LA, ESPÈCE DE MONSTRE ! SORS DE TA CACHETTE ! »

Un raclement animal se fit entendre de derrière un large buisson en face de lui. Révélant son visage marqué par la bataille à la lumière de la lune, la créature massive grogna de fureur en apercevant le jeune homme.

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Les yeux rouges de colère et la mâchoire dégoulinant de salive noire, l'immense loup au pelage sombre se dégagea peu à peu de son arbuste. La large mâchoire pourvue de longues dents pointues surpris Kalas, mais ce n'était pas grand-chose comparée à l'étrange menton semblable à une lame argentée dans lequel il était presque possible de voir son reflet. La bête n'avait rien de commun et ça, le jeune homme le compris au premier coup d’œil.

Incapable de réagir face à une pareille abomination, c'est son instinct de survie qui pris la relève. D'un large geste de la main, le mage leva un nuage de poussière qui engloba la bête de plus de deux mètres de long. Sans attendre de réaction de la part du loup géant, Kalas attrapa Milana par la taille en lui arrachant un gémissement de douleur. Il n'aurait pu dire si elle était trop lourde ou trop légère, mais l'adrénaline lui procurait suffisamment de force pour porter une humaine de sa taille et courir avec sans difficulté. Les reniflements et éternuements qui provenaient de la brume terrestre derrière lui le rassurèrent quant à l'efficacité de son sort.

Alors que le jeune homme se pressait à creuser le plus d'écart entre lui et le loup noir, Milana attrapa le col de son porteur et lui murmura quelques mots entre deux quintes de toux.

« Dent-de-Lait... Laisse-moi et fuis... Il m'a presque tuée... »

« TAIS-TOI ! NE DIS RIEN, TAIS-TOI ! »

Croc-de-Lys n'insista pas dans sa complainte quand elle sentit les larmes de Kalas couler sur son visage. Serrant les dents jusqu'à en saigner, il n'avait jamais été aussi déterminé à sauver la vie d'un être vivant.

Après quelques minutes à courir entre les arbres, Kalas en conclut que le loup géant avait perdu sa trace. Une fois l'adrénaline redescendue, la fatigue s'empara de son corps et l'obligea à s'arrêter au pied d'une falaise qui lui coupait la route. Il déposa la Shamane avec soin sur le sol et s'adossa contre la roche en haletant.

En fouillant rapidement dans son sac, le mage sortit la petite fiole d'élixir d'une des poches et l'avala d'une traite sans demander son reste. Le liquide transparent s'écoula dans sa gorge avant de se diffuser dans son organisme, recouvrant la totalité de ses fluides. La fatigue ne disparut pas, mais il pouvait maintenant compter sur ses réserves de magie afin de se tirer de ce mauvais pas.

Milana s'agita dans son coin, raclant le sol des pieds et des mains. En piteux état, ses vêtements étaient en partie déchirés et tachés de sang, mais c'est la trace de morsure circulaire au milieu de la poitrine qui inquiéta le jeune homme. En s'approchant d'elle, il repéra la couleur des yeux de sa tutrice, autrefois bleues, se colorer d'un rouge vif.

« Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, j'ai l'impression de sentir mon sang se vicier... »

Sur son cou, les veines étaient parfaitement apparentes et teintées d'un liquide sombre. La belle femme tribale semblait se changer en quelque chose d'ignoble que Kalas ne comprenait pas. Pour lui, tous les maux avaient un remède ; et il comptait bien la ramener vivante à la Meute pour en trouver un.

Un cri capable d'intimider le plus brave des hommes déchira la nuit. Dent-de-lait savait qu'il s'agissait de la créature, mais il ne parvenait pas à l'associer à un animal vivant sur cette terre. A mesure que le rugissement se rapprochait, la panique lui indiqua que sa vie était en danger. Faire face à une monstruosité pareille était tout bonnement impossible pour lui et il se demanda encore comment Milana avait pu sortir vivante après pareille confrontation. Il fallait fuir, maintenant.

(Je dois... Nous devons partir ! Il arrive !)

La falaise coupait court à toute tentative de retraite et la seule échappatoire se trouvait du côté de l'immense loup qui s'approchait. Quand il leva les yeux au sommet du mur de roche de plusieurs mètres de haut, Kalas puisa dans ses ressources et posa les deux mains à plat sur le sol.

(C'est par là que nous devons partir. Il n'y a aucun autre moyen.)

Insufflant son pouvoir dans ses mains, le mage fit appel à ses fluides afin de manier la terre autour de lui. En guise de réponse, de larges plaques terrestres se détachèrent de la falaise et du sol pour former un escalier aux allures primaires. La bête hurla une nouvelle fois, indiquant au jeune homme qu'elle se rapprochait, plus menaçante qu'auparavant. Kalas releva rapidement Milana et passa son bras autour de ses épaules afin de la hisser jusqu'au sommet de l'escalier. La progression était lente mais sûre. Il aurait voulu se dépêcher, mais l'état de santé de la Shamane l'obligea à avancer doucement pour ne pas prendre le risque de retomber en bas.

Alors qu'ils arrivaient en haut de la falaise, la bête noire rugit une nouvelle fois, désormais visible entre les arbres. Elle chargea à une vitesse folle, habité d'une rage meurtrière en direction de l'escalier, déterminé à rattraper les proies qui lui avaient échappées. Alors que le mage observait l'avancée du monstre la peur au ventre, Milana se transforma en louve, toujours allongée sur le sol, avant de pousser un long hurlement de désespoir. En entendant la complainte de sa tutrice, Kalas porta son cor à ses lèvres et y mêla sa clameur à pleins poumons, suppliant intérieurement pour qu'Oslight et les autres leurs viennent en aide.

Le loup attira leur attention au pied de l'escalier d'un grognement ignoble ressemblant davantage à un gargouillis répugnant. Il commença son ascension à l'aide de ses larges griffes pénétrant la roche sans aucune difficulté et répandant sa salive immonde sur les marches.

Les deux mains face à lui, Kalas puisa dans ses réserves magiques une nouvelle fois et entama le rituel du piller de terre, seule arme dont il disposait face à un tel adversaire. Alors que le sortilège prenait forme, il cracha sa colère au monstre qui aboyait sa haine à son gibier.

« RESTES...LOIN...DE...NOUS !!! »

En frappant dans sa main, le mage engrena une réaction en chaîne qui eut exactement l'effet voulu. Le sort frappa droit sur le sommet de l'escalier, fissurant ce dernier qui commença à tomber en morceaux. Les plaques se détachèrent une à une jusqu'à déstabiliser la structure entière pour que finalement, la bête ne trouve plus de prise sur lesquels s'appuyer, s'écrasant plusieurs mètres plus bas. Le reste des plaques terrestres vinrent recouvrir le corps hurlant du monstre jusqu'à devenir un tas de débris inerte englobé par la poussière.

Constatant la réussite de sa stratégie, Kalas pris quelques secondes pour s'assurer de la mort de l'abomination. Il resserra sa cape autour de son cou et se dirigea vers Milana qui pointait l'espace derrière lui en attirant son attention.

« DENT-DE-LAIT ! DERRIERE TOI ! »

Le jeune homme n'eu le temps de comprendre que quand la mâchoire du loup noir se referma sur son trapèze, s'enfonçant au plus profond de sa chair. La blessure poussa Kalas dans les limites de la douleur tandis que la bête posa sa lourde patte sur la tête de son repas pour une meilleure prise.

Le choc fut si violent qu'il fut impossible pour le mage d'émettre le moindre son. S'affalant à terre, le monstre semblait le dévorer vivant. Alors qu'il voyait approcher sa fin, Milana repoussa le monstre d'un épieu de terre qui transperça le flanc du loup. En se détachant de sa proie, une de ses longues griffes glissa sur le visage de Kalas, mutilant son œil gauche au passage.

Surpassant la douleur qui lui déchirait la poitrine, Croc-de-Lys était parvenu à se tenir debout sur ses jambes tremblantes, relevant un nouvel épieu magique du sol. Le visage sévère, n'importe quel homme l'aurait trouvée belle et cruelle à la fois, surtout Kalas.

La blessure de la bête était très superficielle comparée aux attentes de la Shamane tant la pointe du sort avait peiné à pénétrer sa peau d'acier. Le regard rougeoyant de fureur, elle chargea à nouveau vers l'humaine qui jeta son sortilège en guise de défense. Un simple décalage dans sa course fut suffisant pour esquiver l'attaque avant de frapper Milana droit au cœur.

Kalas regarda la scène avec stupeur, allongé sur le sol et incapable de bouger le moindre membre. La lame du loup transperça Croc-de-Lys au milieu de la poitrine et ressortit dans le dos maculée de sang. L'impact la souleva dans les airs, dorénavant suspendue à plusieurs centimètres au-dessus du sol. Pour le jeune mage, ce fut une explosion de sentiments qui se libéra jusqu'au plus profond de lui-même. Mêlant ses pleurs à son désespoir, il hurla le nom de la femme qu'il n'avait pu sauver.

« NOOOOON !! MILANAAA !! »

A suivre => Les larmes du loup

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Dernière édition par Kenra le Sam 11 Avr 2015 14:40, édité 2 fois.

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MessagePosté: Dim 5 Avr 2015 00:25 
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Les larmes du loup


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Un éclair figea dans l'esprit du jeune homme le tableau qui se déroulait sous ses yeux. Milana cracha une gerbe de sang les yeux écarquillés qui coula sur le museau de la bête. La lame transperçant sa poitrine lui tira un dernier halètement de surprise qui lui figea le visage, puis elle sombra dans un sommeil sans fin.

Quelques secondes après, le loup baissa la tête afin de faire glisser le corps sans vie à terre. Sans scrupule, il dégagea le cadavre de son épée qui vint s'écraser dans un bruit sordide et commença à le renifler en agrandissant ses naseaux.

(Non ! NON ! Ce n'est pas possible !)

Traumatisé, Kalas fixait sa tutrice les yeux rouges à force de pleurer. Son visage se changea sous l'effet du désespoir et de la terreur, avant de hurler la mort de celle qu'il avait tant voulu protéger.

Ne prêtant même pas attention à lui, le loup se désintéressa du jeune homme en sang non loin de lui et s'apprêta à déguster sa proie qu'il désirait tant. Sa mâchoire allait se refermer sur la cuisse encore chaude de Milana quand une secousse le coupa net. Le corps tremblant, la bête ne pouvait que reculer d'incompréhension face à pareil phénomène surnaturel. Au même moment, une silhouette musclée chargea vers le monstre à une vitesse folle dans un cri de guerre rauque.

« Loup-Blanc, récupère Milana ! »

Le jeune mage s'émerveilla de joie quand il vit le Shaman au pelage blanc filer comme le vent en direction de Croc-de-Lys. Une fois atteinte, Oslight se transforma en humain pour l'éloigner du loup noir. Ce dernier à portée, Karys percuta violemment son flanc de sa massue pour le renverser quelques mètres plus loin. L'objectif atteint, il confirma sa réussite à Donell qui se tenait prêt à user de ses pouvoirs.

« ALLEZ-Y, MAÎTRE !! »

Le vieux Shaman manipula l'air de ses mains comme s'il mimait un geste brusque, ce qui provoqua un grondement de grande intensité. L'instant d'après, la secousse s'arrêta et la terre vomit un immense rocher qui s'écrasa sur la bête gémissante de douleur. Le sortilège de Donell roula sur quelques mètres encore avant de se désagréger pour finalement recouvrir le sol d'une fine poussière scintillante.

Le loup se releva rapidement, non sans manquer de glisser sur l'une de ses pattes arrières. L'offensive avait portée ses fruits mais n'était pas suffisante pour vaincre une créature d'un tel gabarit. Fort heureusement pour la Meute, elle comprit qu'elle ne pourrait goûter aucun d'entre eux ce soir et s'enfuit rapidement entre deux arbres, jetant un dernier regard furieux sur le cadavre de la femme-louve.

Conscient qu'il aurait été suicidaire de la poursuivre et qu'il y avait bien mieux à faire, les Shamans s'occupèrent de leurs blessés qui gisaient encore au sol. Karys et Donel se précipitèrent vers Milana alors qu'Oslight accourut auprès de Kalas qui commençait à convulser.

« KALAS ! Est-ce que tu m'entends ?! Réponds-moi ! »

« MILANAA !!! NOOOON !!! »

Karys hurla de désespoir en constatant la mort de sa soeur d'armes, avec qui il avait passé tant d'années. Donell ne réagit pas et se contenta de regarder le coeur de ses yeux brouillés de larmes, plus familier avec la mort que Fier-Patte. Pour lui, il fallait sauver ce qui pouvait l'être. C'est pourquoi il laissa le Shaman pleurer seul la mort de sa consoeur pour tenter de réanimer le jeune mage.

« Pousse-toi, Loup-Blanc. Laisse-moi voir comment il va. »

Sous le choc, Oslight laissa sa place au vieil homme plus capable que lui, persuadé qu'il saurait quoi faire. Maître-Croc passa sa main au-dessus du corps tremblant du jeune homme en murmurant quelque chose dans un dialecte étrange. Sa paume s'éclaira et la lumière sembla apaiser les convulsions du blessé, jusqu'à se stopper intégralement.

Il étudia ensuite la morsure à son épaule, ne comprenant pas de suite la couleur noire que prenait les veines. Il avait constaté le même phénomène sur le corps de Milana et en conclut que c'était l'oeuvre de l'étrange créature. Relevant ses manches, Donell se prépara à des soins intensifs sur le corps de Kalas afin de stopper l'étrange poison qui se mêlait à son sang. Oslight s'éloigna pour ne pas gêner son camarade et partit rejoindre Karys qui laissait couler ses larmes sur le visage livide de la Shamane.

Kalas observait tout depuis le début, mais semblait incapable de réagir ou même de penser. Il aurait voulu joindre ses pleurs à ceux de Karys, se jeter dans les bras d'Oslight et raconter toute l'histoire à Donell, mais rien ne vint. Il resta seul dans son esprit, pleurant intérieurement la mort traumatisante de celle qui avait su toucher son coeur. Milana était morte et plus rien ne pouvait la ramener.

A suivre => La Peste de Thimoros

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Dernière édition par Kenra le Lun 15 Juin 2015 18:23, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Lun 15 Juin 2015 18:20 
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Précédemment => Les larmes du Loup

La Peste de Thimoros


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Après le triste spectacle laissé par l'immense loup assoiffé de sang, le moral de la Meute était au plus bas. La mort de l'un de leurs membres fit l'effet d'un coup de couteau dans le cœur et l'état de Kalas laissait penser aux survivants qu'il ne passerait pas la nuit.

Tandis que Donnel s'attelait à le maintenir en vie, Karys s'était assis le visage en larmes contre un arbre en serrant fermement le corps sans vie de Milana contre lui. D'une voix douce, il lui susurrait des mots de réconfort à l'oreille, lui promettant que tout s'arrangerait par la suite. A peine plus âgé que le nouveau membre de la Meute, Fier-Patte affrontait la mort pour la première fois. De son côté, Oslight était parti faire sa ronde pour s'assurer du départ définitif de la monstruosité.

Les deux mains sur son torse, Donnel tentait de maintenir la petite étincelle de vie qui maintenait Kalas parmi eux. Usant de sa magie et de ses plus profondes connaissances médicales, le vieux Shaman commençait à fatiguer sous l'effort constant qu'il fournissait depuis presque une heure. Alors qu'il prit une seconde pour essuyer son front trempé de sueur, la silhouette d'Oslight apparut entre deux arbres et s'approcha de la Meute. Il jeta un rapide coup d’œil attristé en direction de Karys, toujours en état de choc, avant de se diriger vers Donnel et s'enquît de l'état de son apprenti.

« Comment va t-il ? Je t'en prie, dis-moi qu'on ne va pas perdre quelqu'un d'autre ce soir... »

« Le sang ne s'écoule plus de ses plaies, mais il est habité par un mal que je ne comprends pas. Son sang semble s'être vicié sous l'effet de la morsure, j'en conclus que ce monstre était porteur d'une maladie ou d'une malédiction. »

« Y-a-t-il quelque chose que je peux faire pour t'aider ? »

« Je crains moi-même ne pas pouvoir en faire davantage... »

Oslight baissa le regard sur le jeune mage, allongé et immobile sur le sol. Seule une faible respiration trahissait la présence de vie dans son corps inerte. Le temps passé à lui transmettre ses connaissances se déroula dans son esprit jusqu'à comprendre l'importance qu'avait ce garçon dans sa vie. Une solide relation de maître à élève s'était formé entre eux et il ne souhaitait pas la voir disparaître sans agir.

« Lui seul peut agir contre ce qui le ronge, nous ne pouvons que l'encourager dans sa lutte.»

« Ne penses-tu pas que nous devrions le ramener à la grotte ? Il s'en remettrait mieux là-bas. »

« Je ne veux pas me risquer à le déplacer, cela pourrait lui être fatal. Et je pense que Fier-Patte a besoin d'encore un peu de temps... »

Les deux Shamans gardèrent le silence un long moment avant que Donnel ne vienne le briser d'une voix forte et autoritaire.

« Parlons franchement, Loup-Blanc. Si Kalas parvient à se réveiller, quelque chose en lui aura changé. »

« Que veux-tu dire par là ? »

« Ce que cette...chose lui a fait ne l'a pas simplement blessé. Elle lui a insufflé un genre de maléfice ou quelque chose de similaire. Et tu sais comme la magie noire est dangereuse... »

« Nous trouverons un moyen de l'aider, j'en suis certain. »

« Tu ne comprends pas. Une maladie se transmet aux autres quand elle n'est pas traitée et nous n'avons aucun moyen de savoir comment nous en prémunir. Je soupçonne même Thimoros d'en être l'auteur dans ce cas précis. »

« Qu'avons-nous comme choix dans ce cas ? »

« Il n'y a qu'une seule manière de protéger la Meute et tu connais déjà la réponse. »

« PERSONNE ne tuera un innocent sans avoir essayé toutes les solutions possibles, tu m'entends ? »

« Tu mets en péril la survie de notre groupe ! Regarde dans quel état nous sommes désormais ! Fleur-de-Lys est morte, Fier-Patte est au bord de la folie et Dent-de-lait menace l'existence même de la Meute ! »

En achevant sa phrase, Donnel remarqua que le corps de Kalas commençait à s'agiter. Ses tremblements restaient faibles, mais ils gagnaient en intensité au fil du temps, pour finalement secouer violemment le jeune homme. Poussant des cris dès son réveil, Kalas lui-même ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Les deux Shamans se précipitèrent à son chevet sans savoir quoi faire pour lui porter secours.

« Qu'est-ce qui lui arrive ?! »

« Je ne sais pas ! Kalas, tu m'entends ?! KALAS ! »

« AIDEZ-MOI ! QU'EST-CE QUI M'ARRIVE ?! »

Au plus profond de lui, le jeune mage sentit qu'il ne serait plus jamais le même. De son cœur à son cerveau, une inexplicable vague de magie noire lui arracha les hurlements les plus terrifiants que la Meute avait pu entendre. Le sang qui coulait dans ses veines perça sa chair pour venir recouvrir la moindre parcelle de sa peau, avant de le plonger dans un état de stase. Ses yeux virèrent au rouge vif, révélant une férocité des plus sanguinaires et ses ongles s'allongèrent en quelques secondes pour devenir d'immenses griffes tranchantes.

Alors qu'il allait s'élancer pour tenter de secourir son apprenti, Oslight fut retenu par Donnel qui refusait que quiconque s'approche de la monstruosité que devenait Kalas.

« Lâche-moi ! LÂCHE-MOI ! »

« NON ! IL VA T'INFECTER ! »

« MAIS C'EST MON ELEVE ! »

« IL N'EST MÊME PLUS HUMAIN, C'EST UN MONSTRE ! »

Sur ces mots, Kalas se tortilla dans une ultime contorsion et hurla à pleins poumons un terrifiant cri de rage qui se changea progressivement en rugissement de loup. Chacun de ses os semblaient s'entrechoquer sous l'effet de la transformation, provoquant d'immondes bruits de fractures. Une épaisse fourrure noire comme la nuit recouvrit son corps, avalant ses vêtements et son équipement qui disparaissaient un à un comme par magie. La métamorphose dura encore plusieurs secondes durant lesquelles le spectacle tournait davantage au supplice pour le pauvre jeune homme qui ne pouvait réagir que par de long râles de douleurs.

Quand enfin son corps cessa de s'agiter, Kalas ouvrit les yeux d'une lenteur extrême. Donnel et Oslight se tenaient là, à quelques mètres de lui, refusant de le quitter des yeux. On pouvait lire dans leurs regards une incompréhension mêlée à un soupçon de terreur. Maître-Croc brisa le silence en levant la main comme pour attirer l'attention, mais lorsque cette dernière se mit à briller, Loup-Blanc le plaqua violemment en sol en le maintenant fermement.

« Arrête ! Il n'y a plus rien à faire ! Il faut le tuer, MAINTENANT ! »

Les mains lumineuses de Donnel griffèrent le visage d'Oslight qui parvint néanmoins à le maintenir au sol avec difficulté.

« Tu te voiles la face, Loup-Blanc ! LAISSE-MOI LE TUER ! »

Rapidement, les deux Shamans en vinrent aux mains tandis que Kalas les regardaient s’entre-tuer la mine fatiguée. Le mage ne comprenait pas qu'il était la source de ce conflit, lui qui venait de se réveiller d'un sommeil torturé.

(Arrêtez ! ARRÊTEZ ! Qu'est-ce qui se passe ?!)

Il tenta de prendre la parole, voulant les calmer et leur demander des explications, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Au contraire, plusieurs aboiements remplacèrent les questions qu'il avait en tête. En baissant la tête, Kalas remarqua les pattes aux longues griffes qui avaient remplacé ses mains et ses jambes. Sa langue caressa chacune de ses dents qui s'étaient toutes allongées en canines pointues et meurtrières. Il pouvait également voir de façon très claire l'espace autour de lui comme en plein jour et ce malgré la lune trônant haut dans le ciel.

(Je… Mais ! QU'EST-CE QUI M'ARRIVE ?!)

« Kalas ! Cours ! Si tu me comprends, je veux que tu partes d'ici ! COURS DE TOUTES TES FORCES ! »

« NON ! TUE-LE !!! »

Un hurlement venant de derrière eux vint interrompre leur mêlée un court instant. Karys s'époumona de terreur tandis que sa peau virait au noir. Il lâcha le corps de Milana en se relevant avant de s'écrouler à terre dans un râle de douleur et de convulser de la même manière que Kalas il y a quelques instants.

« FIER-PATTE ! »

« JE TE L'AVAIS DIS ! NOUS ALLONS TOUS MOURIR A CAUSE DE LUI ! »

Habité d'une montée de puissance grâce à sa volonté de voir Kalas mourir, Maître-Croc se dégagea de l'étreinte d'Oslight d'un vif revers de la main qui assomma presque le Shaman. Il se releva le visage en sueur et les cheveux ébouriffés ressemblant davantage à un fou qu'au fier sage qu'il avait été auparavant. Les paumes de ses mains s'illuminèrent une nouvelle fois d'une étrange lueur verdâtre et même sans comprendre la tournure que prenait les événements, Kalas comprit les intentions du vieil homme.
Le loup noir qu'était devenu le jeune mage recula d'un pas effrayé devant la menace que représentait Donnel. Son cœur lui demandait de s'enfuir le plus rapidement possible, mais son corps refusait le moindre ordre de sa part. Ce fut Oslight qui prit la dure décision d'agir à sa place pour sauver la vie de son apprenti malgré les conséquences que cela amènerait.

La scène se grava dans l'esprit de Kalas quand il vit son maître matérialiser un long épieu magique à ses côtés. Il l'attrapa d'une main ferme et, d'un geste aussi vif que le vent, l'enfonça profondément dans le dos de son ancien mentor. La pointe traversa le torse de Donnel qui éjecta un flot de sang dans les airs, avant de retomber sur le museau du jeune loup noir complètement sous le choc.

Loup-Blanc serra les dents et ne put retenir ses larmes en retirant la lance du corps de Maître-Croc, qui poussa un soupir de faiblesse avant de retomber lourdement sur le sol. Dans un dernier souffle, Donnel tourna sa tête contre la terre boueuse de sang et de salive et regarda le loup droit dans les yeux avant de succomber à sa blessure en plein cœur.

« Tu… Monstre…. »

L'odeur de la mort planait sur toute la clairière dans laquelle tous les membres de la Meute s'étaient inexorablement retrouvés. Elle y vivait ses derniers instants sous une lune d'une clarté exceptionnelle. Le court silence provoqué par le décès de Donnel se brisa quand Karys poussa un nouveau hurlement de rage avant d'entamer sa sombre transformation.

Fier-Patte n'avait plus rien à voir avec le Shaman calme et réfléchi qu'il avait été toutes ces années. Tout ce qu'Oslight savait à propos de lui sombra dans l'oubli en observant l'abomination en laquelle il se changeait progressivement, qui crachait des insultes en raclant le sol de ses membres semi-humains.

« RAAAAAAH ! JE VAIS TOUS VOUS CREVER, PUTAIN !!! »

Le spectacle brisa le cœur de Loup-Blanc qui avait vu Karys devenir un homme, puis un Shaman. La Meute allait disparaître en une nuit par la faute d'un dieu perfide et cruel qui s'amusait aux détriments de louables intentions. Chaque partie de son corps et de son esprit éprouva une haine incommensurable contre Thimoros et si les dieux n'étaient pas aussi mesquins que lui, il maudissait Yuimen lui-même pour avoir laissé cela arriver. Puis son regard se posa sur Kalas...

« Kalas, je veux que tu quittes cet endroit qui n'est désormais plus le tien. Quittes cette forêt et même Dehant. Tu ne trouveras plus rien pour toi ici. »

En écoutant les paroles de son Mentor, Kalas ne put retenir ses larmes. Il avait au fond de lui la conviction qu'il s'agissait des dernières paroles du Shaman prêt au sacrifice pour sauver sa vie.

« Je veux que tu partes pour Tulorim. C'est une ville qui sait recevoir ceux qui rêvent de gloire et de pouvoir, tout comme toi. Préserve l'enseignement que nous t'avons offert et garde en tête que tu ne dois jamais avoir honte de ce que tu es. Je t'ai recueilli jeune et inexpérimenté comme un louveteau, mais je vois désormais un fier et brave loup de la Meute. Tu n'es plus Dent-de-Lait... »

La lune éclaira le visage de Loup-Blanc, dévoilant un dernier sourire à l'attention de son élève.

« Désormais, tu seras Kalas le Hurlenuit. »

En larmes, le jeune Shaman aurait voulu exprimer son émotion par tous les moyens possibles, mais la situation l'empêchai même de répondre. Avant de partir à tout jamais, Kalas choisit de quitter son maître en honorant le nouveau nom qu'il lui avait été donné.

Le loup noir gonfla ses poumons et se dressa fièrement sous la lumière lunaire qui se fit plus intense que jamais, avant de libérer son souffle sous la forme d'un majestueux et sublime hurlement qui résonna dans la forêt entière. Au travers de ce son, Kalas voulait que tous les êtres vivants sur cette terre apprennent son existence et ses intentions de réussir là où beaucoup trop avaient échoués. Il voulait que chaque personne qui comptait pour lui l'entende comme son père, Cornélius et Mélissa et même Milana dans l'au-delà. C'était aussi sa manière de s'adresser aux dieux eux-mêmes au travers d'un message court, mais direct.

(J'arrive...)

Lorsqu'il eu terminé, Kalas regarda son maître une dernière fois dans les yeux, avant que celui-ci ne lui impose de quitter les lieux.

« Maintenant, COURS ! »

Ce qui restait de Karys se releva sur ses pattes, menaçant Oslight d'un regard haineux et meurtrier. Il était devenu une abomination qui ressemblait davantage au monstrueux loup qui avait tué Milana qu'au fier animal au pelage brun qui lui allait si bien.

Sachant qu'il était temps pour lui de partir, Kalas se retourna et s'enfuit de la clairière pour finalement disparaître entre deux buissons. Il courut sans s'arrêter et accéléra de plus en plus au fil du temps. La fatigue ne l'atteint même pas et plus rien ne pouvait l'arrêter dans sa fuite, pas même les hurlements qui vinrent résonner loin derrière lui.

Kalas songea un court instant à son avenir. Qu'allais t-il faire ? Que deviendrais t-il seul dans ce vaste monde ? L'heure n'était pas aux réponses et il préféra se concentrer sur sa fuite en se promettant une dernière chose. Où qu'il aille et quoi qu'il soit, la Meute vivrait désormais en lui... 

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mar 23 Juin 2015 00:37 
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Pendant son séjour chez Cornélius, Kalas s'était suffisamment renseigné sur la géographie environnante de Dehant. Il avait noté que malgré sa tranquillité et sa petite population en comparaison de grandes villes, la cité était plutôt bien desservie et permettait d'emprunter de nombreuses routes de voyage. C'est aux premières lueurs de l'aube que Kalas arriva au panneau indiquant la route vers Tulorim.

L'endroit était désert et absent de toute activité trahissant la moindre présence de vie. Néanmoins, le jeune Shaman repéra une espèce de cabane en bois ressemblant à ces minuscules postes de gardes que l'on trouve aux frontières des villes. Curieux de savoir si cette dernière était habitée, il s'en approcha prudemment en décelant un ronflement de plus en plus intense.

« Heu… Excusez-moi ? »

Le jeune mage n'eu comme seule réponse qu'un nouveau ronflement qui dévoila la bouche de l'étrange homme en tenue de milicien. Kalas patienta quelques secondes en esquissant un sourire avant de recommencer avec davantage de tact.

« Hoé ! Excusez-moi ? »

L'homme releva la tête en retenant son casque, comme s'il avait entendu une explosion semblable à un cataclysme. Il vacilla plusieurs fois sur sa chaise avant de se relever en saluant avec l'enthousiasme d'une jeune recrue.

« Hoaaa ! Pardon, m'sieur ! »

Une fois debout, son uniforme se reconnaissait bien plus facilement et le Shaman se confirma intérieurement qu'il s'agissait bien d'un milicien de la ville d'à côté. A peine majeur, il mit fin à son salut en comprenant que le visiteur n'était pas un supérieur.

« Ha, je pensais que… Enfin, bref. Vous voulez quelque chose ? »

« C'est bien cette route qui mène à Tulorim ? »

« C'est ça. Vous n'avez pas l'intention de l'emprunter, j'espère ? »

« Qu'es-ce qui m'en empêche ? »

« Ha, certainement pas moi. Mais faut que vous sachiez que la semaine dernière, on a compté plus d'une vingtaine de disparitions entre cette route et Tulorim. »

« Elle est dangereuse ? »

« Dangereuse ? Si vous parlez des bêtes bouffeuses de chair, des bandits et autres coupes-gorges, alors oui, elle est dangereuse. »

Pour Kalas, la situation n'allait pas être aussi simple à résoudre. Les conseils de son maître lui revinrent en tête, mais inutile de rejoindre Tulorim si ce n'est pas pour y arriver vivant.

« Vous savez, si vous voulez rejoindre Tulorim, il y a un autre moyen. Prenez la route en direction de Yarthiss, elle commence sur ce sentier à quelques centaines de mètres. La route est bien plus sûre, mais méfiez-vous quand mêmes des rôdeurs la nuit. M'enfin, si vous trouvez un abri, vous devriez y arriver sans risque. Vous arriverez après quelques jours de voyage, puis vous pourrez prendre un cynore pour rejoindre Tulorim sans risque et en peu de temps. C'est ce truc qui ressemble à un gros oiseau sauf qu'il transporte des gens. »

« Je vois. Dans ce cas, je vais suivre votre conseil. Merci pour tout et… bonne nuit. »

« Ouais, merci. Bon courage pour le trajet. »

Après un rapide geste de main, le milicien s'asseya rapidement avant de reprendre ses ronflements incessants. Pour Kalas, il était temps de se mettre en route.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mar 24 Nov 2015 21:35 
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III.6 Petite escapade en boutique (bis)

Accoutré d'un grand sac à dos d'où sortait un morceau de tente, Jorus s'était mis en route pour sa destination. Sa destination étant situé aux abords de la rivière séparant Dehant en deux, il marcha d'un pas énergique en direction de la montagne espérant ne pas devoir atteindre les neiges éternelles au sommet.

Une marche longue et seule est propice aux réflexions personnelles et Jorus n'y échappa pas. Cela prit la forme de questions sur sa propre identité. Qui était-il et d'où venait-il ? Un voleur des rues d'Eniod, un mousse sur un bateau, ou cet orphelin recueillit à la naissance ? Il n'avait autre souvenir d'un foyer qu'une maison en flamme lors de cauchemars récurrents. Des deux seules personnes avec qui il avait confiance l'une était morte tandis que l'autre l'avait rejeté. Avait-il eu raison de fuir il y a trois ans lorsqu'un riche inconnu réclama sa mort sans aucune raison, perdant ainsi tout ce qu'il avait ? Certes les trois dernières années passé sur la perle brune à sillonner les mers l'avaient changé, mais à présent il devait tout recommencer ailleurs, fuir de nouveau. Bien qu'il ait rencontré de nouvelles personnes attachantes, le voilà partie pour apparemment risquer sa vie vers une destination inconnue. Sa vie prenait un tournant et dans quelle direction se dirigeait-il ? Devenir encore un voleur n'était plus possible. Il avait désormais les aptitudes pour travailler et gagner son pain quotidien. Panaka lui avait parlé de l'harmonie, une voie qui prenait en compte les éléments environnants. Bien qu'il n'ait eu que quelques explications il voyait plus cette fameuse voie comme un style de vie comme manger végétarien. Rien de très concret ni d'utile. Il avait besoin d'un but ou d'une raison d'avancer. Il n'avait aucune envie ni aucune ambition particulière hormis en apprendre davantage sur ses parents. La femme qui avait veillé sur lui l'avait interdit de le faire et jamais il n'avait tenté de le faire. Maintenant qu'il n'avait plus rien à perdre, pourquoi ne pas chercher la trace de son passé, savoir ce qu'il était advenu de ses parents. Etaient-ils morts dans l'incendie de ses cauchemars où l'avaient -il abandonnée à la naissance ?

Sa première nuit en forêt fut difficile à cause de ses interrogations personnelles. Il continua à ressasser les mêmes questions, faisant de cette nouvelle journée en une laborieuse recherche personnelle, reflet d'une vie sans but. La mine renfrognée, il commença à perdre le morale lorsqu'une voix sortie de nulle part le ramena à la réalité.

"Et ben tu fais peines à voir !"

La voix semblait féminine et douce comme celle d'une enfant, pourtant Jorus se tint en alerte scrutant les alentours, les dagues prêtent à être dégainée.

"Qui est là ?"

"Héla pas la peine de monter sur tes grands chevaux ! D'ailleurs tu aurais mieux fait d'en prendre un pour voyager."

"Qui que vous soyez, montrez-vous !"

Soudain un petit être d'une vingtaine de centimètres apparu devant Jorus. Fin, les cheveux roux, il ou elle portait une petite tenue verte et de magnifiques ailes qui prenaient des teintes différentes suivant l'orientation du soleil.

"Non mais quel toupet, ça ne se fait pas de parler ainsi ! Tu aurais dû voir ta tête il n'y a pas trente secondes, à faire pleurer un lutin !"

"T'es un lutin ?"

Le petit être se mit à virevolter devant le jeune homme rapidement, de manière à montrer un certain agacement.

"Un lutin ? Les lutins n'ont pas d'ailes bougre d'idiot !"

Les mains sur ses hanches et les joues gonflées faisaient penser à un gamin qui s'apprête à faire un caprice. La proximité de l'être ailé forçait Jorus à loucher.

"Mais...t'es quoi au juste ?"

La créature s'éloigna et commença une série d'acrobatie aérienne pour prendre la pose une main au-dessus de sa tête l'autre tendu sur le côté tout en fermant les yeux.

"Je suis une Faéra et je t'ai choisi comme maître."

La moue dubitative de Jorus contrastait avec l'effet désiré de la Faéra et un silence de mort s'installa. Un aigle glapit brisant le mutisme de la scène et la petite fée volante ouvrit un œil.

"Tu pourrais montrer un peu plus d'enthousiasme quand même ! Une Faéra ne choisis pas n'importe qui pour maître !" Dit-elle en reprenant sa précédente pose.

Jorus préféra l'ignorer et reprit sa route.

(C'est le soleil ! Oui c'est ça ! J'ai trop marché en plein soleil et maintenant je commence à avoir des hallucinations. Je me demande si y'a des herbes pour ce genre de problème)

"A quoi tu penses ?"

La petite créature s'était nonchalamment couché sur l'épaule de Jorus et regardait le ciel. Elle ne pesait presque rien et l'on discernait à peine sa présence.

"Tu n'existes pas ! Dit-il tout en marchant."

"Comment ça j’existe pas ? Et pis c'est pas très gentil de partir comme ça en m'ignorant ! Etre le maître d'une Faéra est déjà un privilège, mais une Faéra comme moi c'est un véritable honneur !"

"Pas intéressé."

"Mais heuuuu t'es pas marrant. Faudrait que tu te décoinces un peu Jorus."

La remarque arrêta ce dernier net avant de reprendre sa route.

"Comment tu connais mon nom toi ? Laisse-moi deviner, tu me suis depuis Dehant c'est ça ? Pourquoi tu tiens tant à avoir un maître au juste ?"

"Parce que c'est...comme une raison de vivre. Nous les Faéra avons le besoin de nous lier aux mortels, nous nous sentons plus vivant."

"Bof j'suis pas emballé. Je suppose que tu resterais dans le coin à m'enquiquiner hein ! J'y pense j'ai jamais entendu parler des Faéra."

"C'est parce que nous préférons l'anonymat. Seuls les propriétaires de Faéra connaissent leur existence. Il y a aussi les êtres qui sentent la magie mais c'est une autre histoire."

"La magie, tu veux dire que tu es faite de magie ?"

"Tout à fait. Classe hein ! Etre le propriétaire d'une créature magique ça rend une quantité de monde jaloux."

"Je vois pas l'intérêt de faire le paon si tu cherches l'anonymat. Et c'est quoi cette façon de parler que t'as, c'est bizarre."

"Quoi qu'est ce qu'elle a ma façon de parler ? Tu sais j'ai pas mal roulé ma bosse, j'en ai eu pas mal de maîtres ces derniers siècles alors à force ça vous change le caractère."

"Ces derniers siècles, mais t'as quel âge ?"

"Demander son nom à une dame, mais quel rustre tu fais !"

"Ha parce que tu es une dame ?"

"Non, ni un homme d'ailleurs mais ce n'est pas une raison. Bon pour celer le contrat en une Faéra et son maître il faut que tu me donnes un nom."

"Ha parce que tu n'en as pas ? Mais je suis toujours pas intéressé. Si t'allais ennuyer quelqu'un d'autre ?"

"Nan je resterai tant que tu m'auras pas donner de nom."

Jorus retint de sourire à l'idée qui lui vint pour se débarrasser de la Faéra.

"Tu es du genre bavarde, je me trompe ?"

"Oui bon, j'aime pas les blancs en général pourquoi ?"

Jorus regarda droit devant lui sans répondre.

"Dis pourquoi tu demandes ça ?"

Ignorant la faéra, le jeune homme ne vit pas le regarde courroucé de la petite fée.

"Non tu ne vas quand même pas oser ?"

III.8 L'assassin

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Dernière édition par Jorus Kayne le Mar 24 Nov 2015 21:58, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Terres autour de Dehant
MessagePosté: Mar 24 Nov 2015 21:57 
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III.7 Un petit être unique

Cela faisait un petit moment que Jorus avait dû quitter la piste du fleuve à cause de l'impraticabilité du terrain. Très enfoncé dans la forêt, la cime des arbres était si haute que de rares rayons traversaient le feuillage, cependant une lumière diffuse baignait dans l'étendue verte un halo presque féérique. Une légère brise fraîche traversait la forêt, remuant la plupart des fines branches. Une multitude de cris d'animaux chargeaient le lieu de vie, mais ce qui emplissait les oreilles de Jorus depuis près de deux heures était un petit être ailé, niché sur son épaule. Il avait appris que la faéra avait eu effectivement un grand nombre de maître : un commerçant itinérant, une danseuse de charme de Kendra-Kar, un soldat d'élite et bien d'autres encore. Parmi les noms, certains évoquaient des personnages issus des grandes légendes qu'il avait pu entendre.

"Je m'ennuis ! Je m'ennuis, je m'ennuis, je m'ennuis, je m'ennuis, je m'ennuis."

Toujours impassible malgré une crispation du visage, Jorus ne dit mot. La petite Faéra quitta son épaule pour virevolter devant lui.

"C'est chouette la farniente, mais faut que je me dégourdisse les ailes. Bon alors c'est quoi mon nom ? Tu sais avoir une Faéra c'est super pratique : ça traverse les murs, lance des sorts, détecte la magie et ça mange pas d'pain !"

Aucune réaction du jeune homme qui continua à marcher droit devant lui.

"Ca mange pas d'pain ! Forcément puisqu'une faéra ne mange pas du tout ! Pff t'es franchement pas drôle quand tu t'y mets."

La petite créature virevolta encore un peu avant de s'arrêter brusquement. Fait notable qui fit ralentir Jorus.

(Bon qu'est-ce qu'elle va inventer encore ? J'ai l'impression que ça fait des jours qu'elle me colle au train, j'ai la tête qui va exploser. En même temps faut dire que je m'ennuie pas non plus, marcher seul ça va un temps. Je pense pas que j'aurai difficilement atteint mon but en ressassant mes idées noires continuellement.)

La petite créature continua son étrange balai volant de gauche à droite et inversement. Elle finit par s'immobiliser tournant le dos à Jorus. Celui-ci, lassé des innombrables tentatives de la petite fée préféra l'ignorer de nouveau. La faéra fonça soudainement sur Jorus en criant :

"Recule !"

La manœuvre eu l'effet escompté. Jorus fit un pas en arrière en inclinant la tête dans le même sens. Il eut le temps de voir un objet métallique passer là où se trouvait sa tête et pulvérisa la petite fée qui devint un nuage de poussières lumineuses. Après un temps d'hésitation Jorus se baissa et entreprit de déterminer la position de la menace. A une trentaine de mètre de là un éclat apparu et un nouveau projectile manquant sa cible que grâce aux réflexes de cette dernière.

Jorus détala comme un lapin, zigzaguant entre les arbres pour se protéger des projectiles. Tout c'était déroulé si vite. Il avait remarqué une silhouette humaine derrière un arbre, mais ce qui le marqua le plus fut le projectile. En dépassant un arbre il vit une dague enfoncée à moitiés dans un tronc massif. En plus d'être d'une précision redoutable avec les dagues, l'homme possédait une force surhumaine. Jorus n'avait aucune chance de survie s'il entamait un combat avec ce meurtrier. Sa tactique première visant à se protéger avec les arbres s'est avéré payante au son des projectiles contre le bois, mais rapidement ils cessèrent. Après une longue course haletante, Jorus s'arrêta contre un arbre cherchant à calmer son cœur.

Hormis les oiseaux et le bruit du vent dans les arbres aucun bruit n'était perceptible. Avait-il semé son assassin et que voulait-il ? La dague très certainement, il n'y avait pas d'autre raison à cela. D'étranges bruits de pas commençaient à arriver, son assaillant n'avait pas renoncé. Lentement le jeune homme regarda la source des bruits mais ils ne vit rien, pourtant il se rapprochait et alors qu'il s'apprêtait à surprendre son adversaire, les bruits s'interrompirent soudain. Jorus espérait prendre l'homme par surprise, c'était une grossière erreur.

"Continu, j'aime quand ma proie me résiste !"

La voix venait d'en haut. L'homme d'après le son de sa voix, se tenait sur une des branches de l'arbre où Jorus s'était caché. Plusieurs dagues se tenaient dans la main droite qui s'arma, prête à lancer les lames mortelles. Sentant le coup venir Jorus fit un bond en avant et les lames se plantèrent dans le sol. Après une roulade il fit face à son adversaire, descendu de son perchoir. L'homme semblait très menaçant derrière ses vêtements sombres. Intégralement muni de vêtements de cuir, seul ses yeux marron étaient visibles derrière un ensemble de capuche et foulard sombre. Quelques lanières pendantes démontrent les zones renforcées aux avant-bras et mollets. Le plastron semble lui aussi légèrement renforcé, mais ce qui saute aux yeux ce sont les multitudes de lames disposées un peu partout sur l'armure de cuir. Jambe, bras, dos, ventre, tout est à disposition pour parer aux imprévues sans visiblement gêner les mouvements. A cette distance le jeune homme n'aurait aucune chance de fuir. Il prit en main les deux dagues pendants sur le côté et chargea face à son adversaire qui s’équipa de la même manière.

Un déluge de coups s'ensuivit. Jorus multiplia les assauts et la variation des coups : à la gorge, feinte sur le côté pour frapper de l'autre, coup de garde au visage. Tous les coups étaient parés. A une vitesse ahurissante l'individu frappait systématiquement les coups à mi-chemin. Cet homme était un expert des lames courtes qu'elles soient lancées ou maniées au corps à corps. Jorus n'avait aucune chance et encore moins en s'éloignant. Il était pris ! La dernière conversation avec Panaka lui revint en mémoire : "Ton instinct, ta capacité à réagir rapidement et ton ingéniosité seront tes meilleurs armes."

Jasmine dépendait de son voyage ou plutôt de sa réussite. Il ne pouvait pas échouer et pour battre son adversaire il devait innover. Panaka lui avait appris que l'harmonie pouvait lui permettre de se surpasser. Il devait donc s'en remettre à un concept encore flou à ses yeux, mais il n'avait guère le choix. Il savait qu'il en était capable au fond de lui ayant déjà trépassé un Shaak grâce à cela, une dizaine de jours auparavant. Son assaillant ne cherchait pas à le tuer. Trop imbu de lui-même, il voulait jouer avec sa proie comme un chat avec une sourie avant de la tuer. Il devait le surprendre, le prendre de vitesse. Lentement il harmonisa ses gestes à sa respiration. Il ralentit le rythme de ses attaques pour endormir la vigilance de son adversaire et fit exploser ses mouvements. Durant une fraction de seconde il accéléra la cadence de ses attaques pour prendre son ennemi de courts. L'opération marcha. Bien que maladroit dans son entreprise les premiers coups plus rapides se rapprochèrent de sa cible. Une douleur se fit sentir dans ses bras, cependant dans l'intensité du combat Jorus ne s'en préoccupa pas. L'homme masqué sembla pris de court par la rapidité des attaques mais s'en sorti sans égratignure. Jorus recommença de nouveau à accélérer la cadence accompagnée d'une douleur qui ne pouvait plus être ignorée. A ce rythme il n'allait pas pouvoir tenir encore longtemps, mais que pouvait-il faire d'autre ? Les coups furent plus précis que précédemment et se rapprochèrent davantage de sa cible, mais sans l'atteindre. Encore un échec. Peut-être avait-il encore les ressources pour un ultime assaut, mais ce serait le dernier. Jorus renforça ses appuis au sol pour gagner en force et maintient. Ses premiers coups lui permirent de mieux cerner les mouvements de son adversaire et il frappa là où son assaillant montrait des signes de faiblesses. Mélangeant vitesse et fluidité Jorus mit tout ce qui lui restait dans cette dernière attaque. Les deux lames prirent une trajectoire différente de l'autre pour perdre son adversaire dans sa défense. Alors que les coups allaient atteindre leurs cibles, un mur les stoppa net. Un mur qui prit la forme de deux poignes fermes immobilisant Jorus et le désarmant. L'homme avait délibérément lâché ses armes pour saisir les poignets avec fermeté. Les bras tremblant sous l’effort et désormais immobilisé, Jorus était à sa merci.

"Tu m'amuses petit. Rare sont ceux qui ont le courage de me faire face comme tu l'as fait. Pourquoi ne pas continuer ce petit jeu. Si tu arrives à me semer je te laisserai en vie. Maintenant cours petit et amuse-moi !"

Sans demander son reste Jorus détala comme un gibier durant une battue. Une course pour sa survie se déroulait à présent. On lui avait dit que le chemin pourrait être dangereux, or il n'avait pas pensé qu'il serait la proie d'un fou. D'ailleurs pourquoi voulait il le tuer hormis pour prendre possession de la dague. La bénédiction qu'il avait reçue devait l'aider à trouver une sorte de remède et apparemment la dague y était plus ou moins pour quelque chose. Cependant il avait la certitude qu'il fallait être en vie pour que cela marche.

Toutefois, l'heure n'était plus à savoir qui, pourquoi, ni comment, mais à échapper à la mort. Jorus courut à en perdre haleine. Il atteignit rapidement une zone de plus en plus dense. Les arbres étaient plus proches les uns des autres et leurs branches plus garnis pouvaient procurer une protection visuelle. Encore fallait-il pouvoir semer son poursuivant. Il n'aurait pas laissé Jorus partir s'il ne se sentait pas capable de le rattraper. Rapidement une entaille dans le dos confirma sa présence. Jorus devenu gibier, redoubla d'effort pour gagner du terrain. Il rasa les arbres et utilisa les branches à hauteur pour ralentir le chasseur et gêner sa vision en les lui renvoyant en plein visage. C'était peu, mais ça lui permettrait de réfléchir à un plan.

Physiquement et techniquement inférieur, il ne pourrait lutter encore longtemps. Pour espérer lui échapper il allait devoir le blesser, l'affaiblir. Si l'homme prenait plaisir à chasser, il risquerait de vite s'ennuyer et d'en finir. Une idée saugrenue lui vint en tête? Tellement absurde qu'elle pouvait marcher. Il avait besoin d'un arbre aux branches particulières. Il prit le temps de bien le choisir, vérifia la présence de l'assassin et passa à l'action. Son idée ne marcherai qu'une seule fois, il n'avait pas le droit à l'erreur. Après avoir refusé quelques branches trop fragiles à son goût, il sortit une lame et la coinça d'un geste rapide dans une cavité d'une branche. Il contourna l'arbre tordit un peu plus la branche pour augmenter la force du retour. Désormais habitué aux vaines tentatives de se faire ralentir, l'homme ne prêta pas attention. La branche le percuta de plein fouet son armure de cuir, tandis que le poignard coincé dans les branches pénétra quant à lui l'armure jusqu'à la garde, faisant lâcher un râle de douleur. Sans laisser de répit à son adversaire, le jeune homme pris sa dernière dague par la lame et l'envoya à l'assassin. Touché par la dague et gêné par les feuilles il ne fallait à Jorus qu'espérer que la lame et non la garde touche sa cible. Sans attendre de voir si celle-ci l'avait atteinte, il continua sa course à travers l'épais feuillage. Quelques minutes après au pied de la montagne, Jorus trouva un abri entre deux imposants rochers pour reprendre son souffle.

Exténué et totalement désarmé il avait donné tout ce qu'il avait pour rester en vie. Il était terrifié. Jamais il n'avait frôlé la mort à ce point, en tout cas pas sans en avoir conscience. En plus de sa situation particulière il était en plus de cela perdu dans l’épaisse forêt. Son cœur commençant à se calmer, ses pensées lui revinrent. Il y a quelques minutes une petite fée s'est fait pulvériser pour lui sauver la vie. Peut-être ne cherchait-elle qu'un ami et non un maître et il lui avait refusé ce seul désir. La tristesse toucha son cœur pour s'envoler au premier craquement de bois. L'arrivée bruyante de Jorus avait fait fuir les animaux alentours, l'identité de ce qui arrivait ne faisait aucun doute. Il n'avait pas réussi à le semer et il allait mourir. Jorus réfléchit à toute vitesse. Dépossédé de ses armes il n'avait de possession que le sac à dos qui avait subi lui-même plusieurs coups. Il entreprit de l'ouvrir et en le soulevant il la vit, sa dernière chance.

Tandis qu'il sortit l'une de ses potions de soins, l'homme se rapprocha. Sans le savoir Jorus avait laissé une piste de sang très fine, mais suffisante pour certains chasseurs. La trace rouge menait à un assemblage de rocher. L'homme en armure gravit le monticule de roche. Agile comme une araignée, il arriva sans bruit au-dessus de Jorus qui manipulait une bouteille rouge, caractéristique des potions de soins. Avec une rapidité fulgurante, il descendit de son perchoir et plaça une lame contre la gorge de sa proie.

"Pose cette potion au sol petit."

Jorus obtempéra et posa la bouteille rouge. Confiant dans son ascendant physique, l'homme relâcha la pression sur la gorge et prit le flacon.

"Je dois admettre que tu es plus coriace que ce que l'on m'a raconté. Ton petit tour était très malin, mais il en faut davantage pour moi."

Il fit tomber deux dagues au sol. L'une pleine de sang, l'autre légèrement.

(Plus coriace ? Ca n'a pas de sens personne ne me connait !)

"Qui vous envoie, vous n'êtes pas là pour la dague ?"

L'homme haussa les sourcils avant de répondre ?

"Quelles dagues, tes cures dents ? Non je suis là pour toi petit. On fait appel à moi pour lorsqu'on veut éliminer une gêne. Je dois te ramener vivant ou prouver que tu es bien mort. Personnellement ramener ta tête sera moins fatiguant."

Il prit une grande gorgée et étala un peu du liquide sur ses plaies. Sans quitter sa proie des yeux il sortit une longue lame certainement pour décapiter Jorus. Alors qu’il prit le jeune homme par le col en le soulevant, il commença à se crisper. Ses yeux exprimaient l'incompréhension de ce qui lui arrivait. Ses bras se tétanisèrent et Jorus en profita pour se dégager, faisant reculer l'homme.

"Qu'est-ce que tu m'as fait ?"

Pour seule réponse le jeune homme ramassa le flacon rouge tombé au sol dévoilant une plante à l'intérieur.

"Ceci est une fleur des roches. Elle a la particularité de sécréter une substance paralysante. J'ignore combien de temps cela va prendre, mais lorsque vous aurez récupéré je serai déjà loin. Qui vous envoie et pourquoi ?"

"Tu crois que je vais te le dire, sérieusement ? Je n'ai pas eu ma réputation pour rien petit, j'emporterai mes secrets dans la tombe. Tu as été chanceux cette fois, mais tu n'en auras plus. D'autres hommes vont venir pour toi et d'autres encore jusqu'à ce que tu sois mort. Vas-y achève-moi !"

Il n'y avait rien à tirer de lui et Jorus n'était pas prêt à torturer un homme et n'en avait pas le temps.

"Désolé de vous décevoir, mais je ne suis pas un assassin comme vous."

"Jamais je n'ai laissé échapper une proie, même si tu ne me tues pas mon échec sera ma perte alors fais-le !" Répondit-il avec rage.

Les images de la petite fée souriante lui revinrent en tête et cet homme l'avait tué.

"Vous méritez la mort c'est certain, mais devriez chérir la vie bien plus que ça !"

Avant de repartir, Jorus entreprit de prendre l'essentiel des équipements de l'assassin. Il valait mieux qui ne soit plus armé lorsqu'il reprendra possession de ses mouvements. Il se dirigea vers ce qui devait être pour lui la direction du fleuve. Il aurait dû tuer cet homme. Jorus avait déjà pris plusieurs vies, mais il ne pouvait se résoudre à le faire de sang-froid. Il se maudissait les larmes sur les joues de n'avoir pas eu ce courage de venger la Faéra. Il finit par s'adosser contre un rocher pleurant la mort de cet être lorsque sa voix refit surface.

"Ben dis donc ça va pas fort mon poussin !"

(Ben voyons, je me sens tellement coupable que j'ai l'impression de l'entendre encore.)

"Allez fait un câlin à maman !"

Il finit par relever la tête et ouvrir les yeux. Peut-être que cela suffirait à faire partir cette morbide sensation. Pourtant, elle était là, juste devant son nez avec un regard triste. Jorus eu un moment de surprise et recula rapidement sa tête qui se cogna contre la roche, laissant échapper une plainte de douleur.

"Vraiment pas futé pour un sous !"

"Mais comment tu...tu es morte sous mes yeux !"

"Morte moi, j'en ai l'air ? Non je suis un esprit magique les armes comme celles-ci ne peuvent rien contre moi. Ca aurait été une arme enchantée je dis pas mais tuer une Faéra reste encore quelque chose de difficile à faire ! C'est sûr que ça reste quelque chose de désagréable, mais c'est ta faute, j'aurai pu rester si tu m'avais accepté en me donnant un nom. Tu devrais avoir honte de toi, me faire subir un tel désagrément."

La petite fée transforma son monologue en une véritable scène théâtrale avec des poses mimant la souffrance.

"Ysolde."

"Oui tu vas encore me dire que je parle trop blablabla."

"Non, Ysolde, c'est ton nom."

III.9 La grotte

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Dernière édition par Jorus Kayne le Mar 24 Nov 2015 22:18, édité 1 fois.

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