L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: L'oracle
MessagePosté: Mar 28 Oct 2008 12:29 
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L'oracle


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Situé un peu en retrait de la ville se tient un ancien bâtiment auquel on accède par un ancien chemin de pierre et une passerelle de bois. Les quatre portes y sont toujours ouvertes, aux vents comme aux êtres.

Celui qui y vit, Hiéran Ochiro, était selon les légendes un guerrier. Le port altier, il allait de bataille en bataille jusqu'au jour où il fit simplement demi-tour en disant à son supérieur que ce n'était pas la peine, le village où ils se trouvaient était perdu. Personne ne le crut, ils étaient cinq mille à guerroyer, les Orcs moins de deux mille. Et pourtant la défaite fut cuisante, il n'y eut aucun survivant.

Longtemps Hiéran disparut simplement, nul ne le vit et nul ne s'en inquiéta. Il ne réapparut que trente ans plus tard devant le conseil, il n'avait pas changé, pour lui le temps s'était figé. Il déclara qu'il fallait partir en guerre et que les Orques approchaient de la cité. On le prit pour un éclaireur et on le crut mais, avant qu'on ait pu lui poser des questions, il avait disparu.

Dix ans plus tard, il revint s'installer en ville. Son regard est vide, on le dit aveugle aux choses matérielles, il attend qu'on vienne le voir. Le temps ne semble pas le toucher, ses traits sont toujours ceux du jeune guerrier qu'il fut. Touché par Rana et Zewen, il a gagné le don des prédictions dans les vents.

Si vous entrez dans ce bâtiment avec une question, il vous donnera une réponse. Vous ne la comprendrez peut-être pas mais sachez que, malgré son ambiguïté, elle sera toujours juste. En effet, il voit la multitude de futurs possibles et ce qu'il vous dira se réalisera toujours dans l'un d'entre eux...

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Ven 1 Mar 2013 23:49 
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Fontaines Juvéniles



Aspersion Rituelle




Agadesh suivit les enfants jusqu'à un lieu étrange un peu à l'écart de la grande veine de la ville. C'était une colline peu éclairée et envahie de plantes harmonieusement disposées où, malgré l'obscurité de la nuit, senkakis oranges, érables rouges, cerisiers roses, bouleaux blancs, acacias véronèses et mimosas dorés se mêlaient entre des touffes de bambous tantôt jaunes, verts, ou noirs.

Un chemin de solides dalles grises claires, au milieu de cette forêt multicolore, menait à un bâtiment invisible depuis le bas de la route, sur un promontoire de pierre brute. A l'entrée de cet édifice, deux zhenmushous, tels d'angoissants gardiens silencieux, montraient une figure canine, aux traits absurdes et cauchemardesques, pourvus de crinières enflammées et de cornes frontales tordues. Ils semblaient prêts, à tout moment, à rompre leur immobilité et à fondre sur quiconque s'approche de trop près.

La porte coulissa seule et Agadesh s'immobilisa. Les enfants disparurent à l'intérieur de la maison en courant et un homme apparut. C'était un ynorien d'une trentaine d'année avec une longue queue de cheval sombre et une tenue blanche ornée de quelques glyphes incompréhensibles. Dans la presqu'ombre, un souffle agitant ses cheveux, les deux monstres pétrifiés à ses côtés et son air empli de mystère semblait avoir soudain figé la scène dans un étrange tableau dont il faisait parti, lui, en contrebas, statufié dans sa marche par une apparition remarquable.

Aucun mot n'était nécessaire pour comprendre. Il s'agissait de l'oracle qui se dressait devant lui. Nul élément rationnel n'aurait pu l'expliquer tant son apparence était banale, mais il transpirait d'une aura qui rendait à ce jeune corps une sensation de puissance remontant au fin fond des âges, un rayonnement divin qui s'imposait autour de lui, son omniscience se ressentait si fort... Le nomade, hébété, ne pouvait que se montrer humble face à ce personnage qui irradiait d'une sagesse millénaire évidente.

Il était presque sur le point de s'agenouiller comme s'il eût s'agit d'un ancêtre ou d'un dieu, mais le personnage rompit la scène en disant d'un ton neutre :
"Nous vous attendions. Rentrez."

Agadesh parcourut les dernières marches, passant à côté des monstres immobiles avec un certain malaise, et rentra dans l'édifice.

La pièce dans laquelle il rentra était une salle de vie où se trouvait en son centre une table basse entourée de quelques zabutons rouges vifs sur un sol en parquais clair, la même disposition qu'il put voir dans le temple de Moura. Sur la table, un bonzaï de pin blanc en shakan, seul, trônait là et était le seul élément empêchant de qualifier cette salle de vide.

Les enfants se firent embrasser maternellement par une belle jeune femme d'une vingtaine d'année qui, malgré son âge, exhibait une chevelure blanche. Son expression était paisible et sereine et elle jouissait de la même sorte d'aura que l'oracle.

Le bédouin était embarrassé, comme s'il avait été invité dans l'intimité d'un palais divin dont il ne pensait pas avoir le mérite. C'était un honneur trop grand pour son humble personne et les souffrances qu'il avait pu connaitre n'étaient à son sens insuffisantes pour lui permettre de ne pas se sentir intrus dans ce domaine.

Elle s'approcha doucement en regardant Agadesh dans les yeux et s'exprima d'une voix qui, bien que restant féminine, était assez grave :
"Voilà donc l'homme que nous attendions... Qu'est-ce qui vous amène ici, voyageur ?"

Le nomade fut un peu décontenancé par la question et répondit instinctivement :
"Vos enfants m'ont dit de les suivre, que vous m'attendiez..."

Elle eût un petit sourire et rétorqua tendrement :
"Non... Vous êtes venu chercher ici des réponses... Et nous sommes réunis ici pour que nous puissions vous aider à y répondre..."

"Mais... Pourquoi m'aider ?"

L'homme étant resté alors en arrière s'avança aux côtés de sa femme et lui répondit :
"Ordinairement, les dons dont nous ont gratifié les divins nous servent à éclairer ceux qui viennent nous trouver. C'est un travail de concentration. Aujourd'hui, j'ai eu dans les vents une vision spontanée de votre arrivée à Oranan. C'est extrêmement rare, Agadesh. Le signe qu'un ou plusieurs dieux s'intéresse de près à votre périple."

Que l'oracle ait deviné son nom le perturba sur le coup, mais ce n'était qu'une expression de plus de son réel pouvoir. Ces deux individus... C'était des prophètes, parlant par la voix des dieux. Sa foi lui avait déjà dicté qu'il n'était pas seul dans sa quête, mais l'apprendre de vive voix d'un prophète lui donnait une sensation de vertige. Le poids qui était sur ses épaules ne s'en ressentait que davantage, mais encore fallait-il savoir quels dieux pouvaient s'intéresser à lui...

"Yuimen ?"

"Impossible de l'affirmer. Nous ne savons jamais qui nous envoie nos visions. Ce peut être aussi bien être Phaïtos ou Thimoros, vous devrez continuer avec cette ignorance."

Le nomade avait le cœur battant devant cette idée.
Et si les dieux sombres l'avaient choisi, comme le craignait Sarrukin, pour partager le destin de Xenair, dans la folie et la cruauté ? Pourrait-il seulement leur résister ? Aurait-il la moindre échappatoire ?

"Agadesh, les gens d'ici me nomment la liseuse de rêve, car je pratique l'oniromancie. Étant donné que mon mari n'a eu davantage de visions à votre égard, dois-je comprendre que c'est un rêve qui vous perturbe ?"

"C'est une très longue histoire..."

"Le temps ne nous manque pas, seulement le thé. Mon amour ?"
L'homme s'éclipsa non loin préparer le breuvage et elle invita le nomade à s'assoir autour de la table, sur un zabuton.

"Dites-moi tout, Agadesh."

"Nous avons une tradition, dans le désert de l'est, qui veut que les cinq prétendants au trône soient mis à l'épreuve par les ancêtres, dans un lieu dont seul notre sage saurait l'existence. Je faisais parti de ceux-ci et le sage nous a envoyé jusqu'à la grotte de la gueule du serpent, dans les rocs d'azur. Dans cette grotte se trouvaient des ruines de l'ancienne cité de Moura et, dans un cul-de-sac, nous avons dû boire des eaux ensorcelées pour pouvoir continuer notre route."

"Comment cela ?"

"Nous savions ne pas être arrivés à destination mais la salle était close et ces eaux brillaient de mille feux. Lorsque nous l'avons bu, un tunnel nous est apparu au centre de la salle."

"Voilà qui est intéressant... Car voyez-vous, tout ce qui existe tire sa force de liquides. La puissance du monde est dans l'eau et dans la lave. Celle des arbres est dans la sève. Celle des mortels est dans leur sang, un sang différent pour chacun d'eux. Un individu exceptionnel possédera dans son sang des vertus extraordinaires. Les dieux, quant à eux, saignent des fluides qui donnent les sortilèges des mages. Tout ce qui est et qui sera saigne. Mort, vie, foudre, feu, vent, temps, espace, destin, rêve et cauchemar peuvent se retrouver ainsi sous forme de liquide pouvant être bu même par la plus humble des créatures... Mais continuez, je vous prie..."

L'oracle réapparut avec le thé, servant une tasse à chacun avant de s'assoir près de son épouse. Agadesh ne savait trop que penser de ce que venait de lui dire la liseuse de rêve. Qu'avait-il donc bu ?

"Nous nous sommes ensuite retrouvés dans une grande salle sombre, à devoir combattre un monstre survivant depuis les temps anciens grâce à des eaux d'éternité."

"Le liquide de la vie...", dit-elle tout doucement comme pour ne pas l'interrompre.

"Puis après un long chemin dans d'étroits couloirs, nous nous sommes retrouvés dans la salle prédite par notre sage, où nous devions prendre des chemins différents. La sortie derrière nous avait étrangement disparu et j'ai emprunté un passage au-dessus duquel était un symbole de corbeau. La suite est plus floue dans mon esprit, comme si j'essayais de m'accrocher à un souvenir qui s'estompe avec le temps... J'étais dans une sorte de néant, puis je me suis retrouvé dans un désert qui n'étais pas le mien, un monde sans soleil mais pourtant en plein jour, guidé par des corbeaux à trois yeux vers une fontaine dans laquelle je les retrouvais égorgés. J'ai bu l'eau de cette fontaine et me suis retrouvé tel un fantôme dans les souvenirs lointains de Xenair, la cause de son départ du clan, de sa tristesse, puis de sa colère. Puis... Il y a eu un enchainement d'images... Des rituels, des morts, des cris, des monstres, du sang. C'était si rapide, si insoutenable... J'en ai sombré dans l'inconscience. A mon réveil, je me suis réveillé devant la grotte du serpent. Le sage était là et m'a expliqué que les ancêtres m'avaient confié la tâche de faire reposer l'âme de Xenair en paix mais que pour cela, j'avais besoin d'un guide qui puisse m'aider à voyager dans le temps, pour l'éliminer avant qu'il ne devienne mauvais et déshonore mon clan. J'ai trouvé mon guide dans la forêt des Thiên Thân, qui m'a conseillé d'aller jusqu'à Oranan. La suite vous la connaissez."

"Passionnant. Votre vie est liée aux fluides depuis ce jour dans la grotte. Je n'avais jamais entendu parler d'ancêtres de cette façon, mais ils vous ont offert là une destinée exceptionnelle. Je pense que la première eau que vous avez bu est le liquide du rêve. Vous vous êtes retrouvés dans un monde entre rêve et réalité, sans doute celui dans lequel vivent vos ancêtres, qui est resté le même pour vous tous jusqu'à ce que vous vous sépariez. Dès lors, ils vous ont donné vos tâches respectives sous forme d'illusions... Mais ça dû leur demander une énergie folle."

"Le sage disait que l'un de nous ne survivrais pas..."

"Oui... Un sacrifice libère toujours une énergie considérable... Puis vous avez réussi là où même nous avons échoué... Une faëra, être de fluides purs, choisit toujours son hôte, elle sent son potentiel... Elle vous choisit et vous mène ici. Je commence à croire que Zewen lui-même modifie le livre du destin en votre faveur... Votre faëra vous a sans doute expliqué qu'il vous faudra trouver des fluides temporels pour voyager dans le temps ?"

"En effet, mais avant tout, je dois savoir où et vers quel époque me diriger pour être sûr de tomber sur Xenair."

"Évidemment. La réponse se trouve dans les souvenirs de cette illusion, qui ont migré dans vos rêves. Et le sage Zewen vous offre pour cela une liseuse de rêve dans vos pas... Mais je crois que nous devrons là pratiquer un rituel un peu plus poussé que celui dont j'ai l'habitude..."

"Que dois-je faire ?"

"D'ordinaire, je n'ai qu'à me concentrer sur une personne pour partager son rêve durant la prochaine nuit et comme ils restent ancrés en moi, je vois les détails qu'ils ne voient pas et le sens que leur inconscient cherche à leur faire passer. Ici, il ne s'agit pas d'un message de l'inconscience ni de simplement partager le même rêve. Je devrais m'attarder sur les instants les plus brefs, trouver le moindre élément qui puisse aider. Je vais devoir pratiquer l'onirographie pour dessiner ce que je vois. Le lien à établir devra donc être plus fort... Mon amour, je vais avoir besoin de la lame de Phantasos et de mon nécessaire d'écriture..."

L'homme s'éclipsa dans une autre salle quelques instants, durant lesquels la liseuse de rêve et lui burent le thé en silence. Il n'eût pas l'audace de demander ce à quoi pouvait servir une lame pour lire dans un rêve, toujours perturbé par l'aura puissante que dégageait ce couple qui semblait détenir des connaissances ordinairement réservées aux dieux. Le breuvage qu'il buvait était revigorant et il avait le mérite de lui rappeler le thé légèrement différent qu'il avait l'habitude de boire dans le désert. La tasse finie, sans qu'il n'eût dit quoi que ce soit, l'oniromancienne lui dit :
"Nous allons devoir nous servir une nouvelle tasse.", en mettant ses paroles en action.

Au même moment, l'oracle réapparut avec un plateau sur lequel était disposé une plume d'hypogriffe d'une quinzaine de centimètres, d'un grand encrier de marbre noir et de bronze décoré sur ses flancs d'un relief représentant un scribe barbu, d'un volumen vierge aux dérouleurs en bois sombre, de trois petits linges blancs soigneusement pliés et d'un kriss pourvu d'une lame ondulée dont le manche en ivoire était gravé d'une roue. Il le posa sur la table basse, s'assit à son bord, saisit le poignard

"Donnez-moi vos tasses et vos mains.", dit l'oracle.

La liseuse de rêve s'exécuta, avançant sa tasse et sa main gauche.
Il ramena la tasse du côté d'Agadesh et le regarda avec insistance, comme pour l'inciter à faire de même.
Bien qu'il trouvait cette situation étrange, il bougea sa tasse et lui confia sa main droite.

L'oracle laissa les mains en suspens au-dessus des tasses échangées et se saisit du kriss. Il reprit la main de sa femme et lui fit une entaille dans sa paume. Elle ne broncha pas, comme si elle ne ressentait aucune douleur et quelques gouttes coulèrent le long des lignes de sa main avant de se déverser dans le thé d'Agadesh. Elle prit ensuite un des linges et s'en fit un bandage. Le maître du rituel nettoya sa lame avec un autre linge.

Il regardait sans comprendre le but de la manœuvre. Le geste était précis, comme s'ils l'avaient déjà pratiqué des centaines de fois. Maintenant, c'était son tour. Il se laissa faire, mais il ne put quant à lui pas s'empêcher d'émettre une petite inspiration plaintive et d'avoir un réflexe de retrait lorsqu'il lui trancha dans le cœur de la main. C'était peut-être ce qui faisait là la différence entre eux : Agadesh gardait toujours ses faiblesses humaines, et son esprit ne contrôlait pas tout les travers de son corps.

De la même manière, son sang ruissela de la plaie jusqu'au bas de sa main. Il s'en décrocha en larmes écarlates venant perturber par quelques clapotis l'horizon du thé de la mystique, qui s'assombrit d'une teinte rouge.

Agadesh se fit par mimétisme un bandage de fortune alors que l'oracle nettoyait une dernière fois la lame, qu'il reposa délicatement sur le plateau. Il rendit ensuite chaque tasse à son propriétaire et leur dit :
"Buvez maintenant."

Le nomade n'était pas accoutumé à ce genre de pratique. Il s'agissait tout de même de boire le sang d'une autre personne. Le sang était quelque chose de sacré, de l'ordre à la fois du mystique et de l'intime. Mais c'était aussi une pratique digne des fidèles des dieux sombres, à rapprocher de l'anthropophagie.
Mais malgré sa gène, le regard de l'homme toujours fixé sur lui alors que la mystique buvait tranquillement le sien, il but aussi. Le goût du breuvage n'avait pour autant pas changé, contrairement à ce qu'il pensait.

Ils continuèrent ainsi, dans le silence, jusqu'à ce que les deux tasses soient vides.
Une fois fait, Agadesh ne put s'empêcher de demander :
"Et maintenant ?"

La jeune femme se pencha vers lui, posa les mains au niveau de ses tempes, le regarda droit dans les yeux et lui dit :
"Maintenant, vous allez rêver de votre vision."

Aussitôt dit, Agadesh sombra dans l'inconscience...



Eaux Troubles

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Dernière édition par Agadesh le Sam 27 Avr 2013 16:10, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Mar 23 Avr 2013 23:50 
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Eaux Troubles




Le sommeil d'Agadesh fut perturbé par d'intenses cauchemars, reprenant non seulement ses visions sur Xenair, mais tout ce qui avait pu être violent et angoissant dans sa vie. Ses combats contre les rebelles et les prédateurs du désert oriental, la morsure du véroce, l'homme-reptile des ruines l'ayant à sa merci, la bataille contre les créatures du marais de Yarthiss, l'attaque des katrels au-dessus de la mer, le monstre de la maison abandonnée...
Sa vie de guerrier, errant d'affrontements en affrontements, était d'une malédiction palpable, et se répétait en boucle de plus en plus rapidement. Soudain, tout s'arrêta. Il ne se voit plus que sur une dune, le soleil haut au-dessus de lui. Au loin, un corbeau s'avance en volant depuis une crête. Il est suivi. Par un, deux, trois, quatre... Des centaines de ces corbeaux s'avancent dans sa direction. Ils avancent vite, foncent vers lui. Il les reconnait. Ce sont les corbeaux à trois yeux. Il se débat. Il hurle. Il est blessé. Il s'effondre. Il ne voit plus le ciel. Il lui est caché par leur nombre. Tout n'est qu'ombres, bruissements d'ailes, coassement stridents, griffures de serres et coups de becs.
Il se réveille.

"Arrêtez ! Vous me faites mal !"

Il s'était levé en sursaut dans une couche, dans une salle qu'il ne connaissait pas. Son torse était nu, il est en sueur, le cœur battant. Ses muscles étaient rigides, empoignant sa couverture d'un côté et broyant une main de l'autre.

C'était celle de Manisha. Reprenant ses repères, il écarta sa main de la sienne.
Il avait toujours son pantalon, mais il vit le reste de ses affaires soigneusement rangées dans un meuble plus loin.

Rassuré et embarrassé, il bafouilla un premier temps, essoufflé :
"Je... Je suis désolé. Manisha. Je suis désolé."

"Laissez, vous cauchemardiez. Ce n'est pas votre faute."

"Où... Où est-ce que nous sommes ici ? Comment se fait-il que vous soyez à mes côtés ?"

"Nous sommes chez l'oracle. Amaterasu et son petit frère sont venus me chercher chez mes parents à l'aube, en me disant de venir chez eux. L'oracle m'a dit que vous auriez besoin d'une présence rassurante à votre réveil. Ils m'ont dit de les prévenir quand vous seriez éveillé."

A ces paroles, le nomade la regarda.
Elle s'était défaite de sa tenue de liturge pour une qipao de soie blanche aux motifs floraux dorés qui lui descendait jusqu'aux chevilles. Cette robe exotique épousait divinement ses formes. Cette femme était décidément aussi douce que belle. Les paroles étaient superflus tant leurs émotions se lisaient sur leurs visages.

Elle s'inquiétait pour lui et ne comprenait que trop bien ses troubles. Elle était empathie et compréhension, maternelle et aimante. Le genre de femme qui pourrait aimer sans conditions, corps et âme. Qui en rêve mais qui n'ose pas, qui en a peur. A qui il ne manque qu'une once d'audace pour connaître la passion qui puisse la faire passer du statut de jeune femme douce à téméraire femelle animale. Il fallait juste lui donner l'impulsion...

Le cœur du prince du désert battait toujours d'un rythme aussi rapide, mais pour une autre raison. Son cauchemar, le sang versé, ses troubles et ses responsabilités s'étaient soudainement évaporés de son esprit. Il n'eût pas la moindre réflexion alors que leurs regards se noyaient l'un dans l'autre. Il reprit la main de Manisha avec douceur et la leva vers son visage. Elle se laissa faire.

"Manisha... Depuis que j'erre sur ces terres étrangères et bien avant, ma vie n'a été que luttes, combats, craintes et incertitudes. Puis les dieux ont jugés bons de mettre une si bonne et sublime femme telle que vous sur mon chemin. J'étais perdu, et vous m'avez tendu la main..."

Son regard se déporte brièvement sur la main de Manisha, qui était si froide et tremblait un peu. Il la tenait proche de lui, entre ses deux mains, et la réchauffait de la caresse de ses doigts.
"Une main qui m'a guidé, qui m'a fait remettre en cause ce que je pensais, qui m'a comblé de mille gentillesses. Une main si douce... Et moi, pauvre imbécile, je la blesse."

Il la lui baisa, reportant ses yeux dans ceux de Manisha et rapprochant son visage vers le sien.
"C'est une terrible offense que je voudrais pouvoir réparer comme il se doit..."

Il l'embrassa tendrement, gardant sa main dans une des siennes et posant la seconde sur sa nuque. Qu'il était plaisant d'embrasser une telle femme...
Leurs fluides s'échangèrent. Ici aussi, il y avait quelque chose de magique. Un lien qui se créait. Un destin qui se traçait.

Il imaginait déjà l'emmener dans le désert, en faire sa première et exclusive épouse, la rendre mère...

Mais une fois le geste effectué, la réalité se rappela à lui.
"J'aimerais tellement pouvoir vous mener en mon palais... Mais j'ai encore tant d'épreuves à surmonter."

"Alors laissez-moi vous accompagner et les surmonter avec vous."

"Je ne peux pas. Trop de risques m'attendent, et je ne veux pas risquer de vous perdre."

"Alors vous êtes bien cruel, de m'embrasser ainsi si vous comptiez m'abandonner si vite..."

Agadesh ne sut que répondre, la tête basse.

"J'ignore tant de vous... Quel est donc le but que vous poursuivez avec tant de ferveur ?"

"Un homme, un homme qui doit disparaitre. Il m'est interdit de retourner dans le désert avant qu'il ne soit plus."

"A Thimoros, cet homme et ce désert ! Restez ici, avec moi, à Oranan. Nous pourrions vivre heureux ici !"

Son discours rejoignait les conseils de Sarrukin, mais Agadesh ne pouvait se résoudre à écouter leurs volontés. Soudain, la porte s'ouvrit et une petite tête en sortit.

C'était Tsukuyomi, le fils de l'oracle et de l'oniromancienne.
Il les regarda et s'exclama :
"Ah ! Je savais que je vous entendais parler ! Maman ! Maman ! Le monsieur il s'est réveillé !"

La liseuse de rêve ne tarda pas à arriver avec en main le volumen qu'il avait déjà aperçu hier.

"Bonjour Agadesh. Je m'excuse pour les cauchemars qui ont pu vous assaillir, mais c'était le seul moyen pour moi de trouver quelques détails exploitables. Vos rêves sont particulièrement chaotique... Avant que nous continuons, voulez-vous être dans la confidence ou..."

"Non, elle peut rester."

Manisha resta à ses côtés, cependant un peu gêné. Elle ne savait toujours pas pourquoi il avait eu besoin que ses rêves soient examinés...

"Certaines images se sont répétées, comme si votre ennemi y était allé de nombreuses fois... J'ai pu en isoler trois, que je vous ai représenté ici."

Elle déroula le volumen, laissant apparaitre un premier temps l'image dessiné à l'encre noire, à grands coups de plumes, d'un sinistre temple dont l'entrée se situait au fond d'une tranchée qui lui-même donnait sur un escalier. Le bâtiment était sinistre, entouré d'arbres, sans doute une forêt. L'entrée, un arc en lancette saillant, était accolée de deux larges fenêtres de la même sorte. Le reste du bâtiment était en pointe, mais l'on devinait derrière une extension qui devait s'enfoncer dans la longueur.

"Qu'est-ce que ce bâtiment ?"

"Un temple en l'honneur des dieux obscurs, si vous voulez mon avis, car voyez la suite..."

Elle déroule un peu plus l'ouvrage sur les côtés et dévoilent deux nouvelles représentations. Deux piliers supportant des statues. A gauche, c'était un corbeau aux ailes déployés, menaçant. A droite, un scorpion semblant prêt à donner un coup de pince.

"Ceci était à l'intérieur du temple. Je pense qu'ils représentent les frères sombres, mais leurs cultes sont ordinairement séparés... J'ignore où il peut se trouver.

Pendant cette dernière phrase, l'oracle était lui aussi arrivé dans la pièce et enchaîna :
"Vous devriez vous rendre à Kendra Kâr et essayer la bibliothèque. Beaucoup de connaissances sont renfermés là-bas, cherchez et vous trouverez.

Il marqua un silence et reprit :
"Agadesh, je dois vous informer que j'ai eu une nouvelle prémonition à votre égard.

"Ah ? Et bien, je vous écoute."

"Je vous ai vu retourner dans le désert bleu, dans la grotte de la gueule du serpent."

Agadesh ne comprenait pas. Que serait-il allé faire, une nouvelle fois, dans ses entrailles cauchemardesques, qui l'avaient traumatisés. Il n'avait aucune raison, aucune volonté d'y retourner.
"Que... Ne pouvez-vous m'en dire plus ? Pourquoi irais-je là-bas ? Est-ce que... J'étais accompagné ?", dit-il en portant le regard vers Manisha.

"Oui, vous étiez accompagnés. Par Xenair."



Brulis

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 Sujet du message: L'oracle - 1130 mots
MessagePosté: Mer 16 Avr 2014 02:33 
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Silmeria ne savait pas trop pourquoi elle s'était rendue ici. Probablement parce que la Vénérable le lui avait proposé, mais elle doutait des Oracles, elle avait toujours été maîtresses de son destin. La voyageuse essayait de se rassurer en se disant qu'il ne s'agissait ici que de curiosité alors qu'au fond d'elle, la femme crevait d'envie d'avoir une réponse. Allait-elle être retrouvée ?

Elle marchait doucement. Observant le paysage, essayant de ralentir un peu l'échéance mais elle ne s'était pas convaincue de faire demi-tour. La femme avait pourtant traversé toute la ville et par delà les portes, elle arrivait enfin face au bâtiment, construit à la même enseigne que les autres demeures d'Oranan.

La femme s'arrêta devant les portes et examina les alentours. Les murs semblaient vieux, plus vieux que ceux qu'elle avait vu en ville, la déliquescence avait transformé quelques pieds de colonne et nombres de statue en caillasse friable.

Elle entra.

Le sol fait de bois craquait et les feuilles mortes tapissaient presque tout, elles remplissaient les lanternes vidées depuis des âges, la poussière se mêlait à la terre et aux nuisibles qui profitaient des statues usées pour y élire domicile. Cela faisait longtemps que personne n'était venu vivre ici. Le décor étant planté, il ne rassurait en rien Silmeria qui doutait toujours.

Faisait-elle le bon choix ? S'il s'avérait vrai, vivrait-elle dans la peur jusqu'à un jour fatidique ? Ou serait-elle rassurée au point de baisser sa garde jusqu'au jour où on viendra la chercher pour la conduire à Kendra Kâr où elle sera exécutée sans jugement ?

Le vent ouvrit une porte de bois et derrière celle-ci, la tueuse vit un homme vêtu d'une toge blanche au col noir, assis en tailleur le visage baissé sur une tablette où brûlaient de l'encens.

Elle entra prudemment dans la salle où l'homme encore inconnu semblait méditer.

« Je vous attendais. »

Silmeria se mordit un peu la lèvre, elle n'aimait pas ce genre d'accueil, aussi, elle était sûre que l'homme tentait de se donner du crédit alors qu'il aurait très bien pu la voir arriver, après tout, il n'y avait qu'un seul chemin à surveiller. Mais lorsqu'il releva la tête, Silmeria plongea son regard dans les yeux vitreux de l'homme et n'y vit aucune flamme. Aveugle.

(« Il... M'aurait entendu arriver. Les aveugles développent des sens pour compenser la perte de leurs yeux. Tout le monde sait ça. »)

Elle s'assit face à l'homme. L'odeur de l'encens piquait ses narines chatouilleuses. La pièce baignait dans la fumée mais ce qui ne frappait pas tout de suite la femme, ce fut le courant d'air. Constant. Toutefois, il n'y avait aucun déplacement de fumée, elle restait épaisse, lourde et immobile.

L'homme posa les mains sur ses genoux et dit, l'air grave.

« Annonce ta question, Sindel. »
« J'ai rien dit. Il est très fort. Ou bien il a trouvé quelque chose pour dissimuler l'éclat de ses yeux. Il aurait peut-être mieux sa place dans une foire. »

Face à ses pensées, elle se sentit honteuse, Silmeria eut soudainement la sensation qu'il comprenait, qu'il savait et qu'il entendait. Face à ce malaise, elle dit le plus simplement possible.

« Je me remets à votre jugement. Je suis étrangère à ce pays, mais je suis traquée. Est-ce ici pour moi ce que je pourrais voir comme un refuge. Un havre où vieillir et mourir sans être inquiétée ? »

Il ne dit rien en retour. Le vent lui, soufflait un peu plus fort et la fumée s'anima. Elle tourbillonnait par endroit, ondulait à d'autre et l'homme restait parfaitement immobile alors que la femme, elle, frissonnait.

Une poignée de minutes passa, la Sindel se demandait si ses pensées n'avaient pas vexé l'homme et qu'il ne répondrait pas. Elle hésitait à s'en aller comme elle était venue, c'est à dire dans le doute. Puis il s'anima.

« Les Dieux se tournent vers vous et jugent vos actes. Vous vous êtes cachée. Cachée dans une grotte pour reprendre vos force et une fois celle-ci récupérées, vous serez appelée. Votre nom est un héritage, et il s'est fait entendre par delà les mers et l'ombre qui arrive ne porte aucune couleur, aucun blason. Un prophète qui vous invite à patauger dans le noir. Votre héritage est la vie, celle qui rendra libre et la libérera. »

Un temps.

« Le Prophète lancera un avertissement. La voie à prendre est toujours celle qui conduit à l'affrontement. L'Ultime. Et les Dieux maudiront le nom du Prophète libéré. »

L'homme s'arrêta un court instant, il grimaça et Silmeria lui demanda si tout allait bien, son expression faciale trahissait une vive douleur à la tête et il lui répondit voir un message gravé dans une ruine. Il peinait à l'entendre et après quelques secondes de concentration se dressa subitement, semblant être habité par quelque chose de nouveau, quelque chose que Silmeria ne pouvait pas voir.


«Un jour Elle sera appelée face aux Puissants Dieux,
Par delà les âges sombres,
Si le Cœur n'est pas préparé,
L'âme ne sera pas épargnée,
Les yeux seront teints de noir,
Elle ne regardera jamais en arrière,
Cessant jamais de se cacher,
Elle sera toujours traquée,
Son corps se transforme,
Son pouvoir grandissant,
Ses sbires vénéreront son règne sanglant,
Sa couronne emprunte du sang des vaincus,
Ceux qui l'auront connu cracheront le sang,
Et tous voudront la mort du Prophète.

Fermez les yeux Sindel. Quand elle sera là, vous deviendrez la bête que vous avez toujours été. »


Tous deux restèrent immobiles. Silmeria eut un léger frisson et une sueur perla le long de son dos.
(« Je n'ai rien compris. Un Prophète ? Qui est maudit ? Moi ? Le Prophète c'est moi ? En quoi ? »)
Elle se mordit de nouveau la lèvre. L'homme s'inclina doucement.

« Cette vision m'a épuisé. Veillez m'excuser, je vous demanderais de bien vouloir me laisser. »

Ravalant sa salive, la femme se leva, hésitante et encore plus perdue qu'elle ne l'était en venant. Ne sachant trop que croire et encore moins comprendre, elle cherchait un lien entre le soit disant Prophète, Dieux, Malédictions et elle.

Elle marcha encore longtemps avant de réaliser que tout ceci ne devait pas avoir de sens. Les gens ici entretenaient un folklore différent de ce qu'elle avait vécu, c'était probablement qu'une vulgaire farce ou un exercice de la Vénérable pour faire travailler son esprit. Après tout, quant bien même l'homme soit vraiment aveugle, elle aurait bien pu l'informer de sa venue et donner quelques indices sur ce qui la torturait.

C'eut été un exercice bien cruel. Si seulement s'en était un. Convaincue de la leçon, Silmeria retournait en ville, seule.

------


A un jour à vol d'oiseau, une femme encapuchonnée s'installait à l'arrière d'un chariot en direction d'Oranan.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Dim 29 Jan 2017 13:59 
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Finissant ton paquet d'amandes douces - une spécialité du coin que tes papilles apprécièrent joyeusement - tu marquas une pause devant la passerelle de bois qui conduisait à un bâtiment carré avec quatre portes pour les quatre côtés et toutes les quatre ouvertes. Le bâtiment, à l'écart du reste des rues bruyantes et animées de la ville, comme si quelque chose émanant de lui avait repoussé les gens d'installer près de lui leurs maisons. En achetant de quoi te sustenter, tu avais aussi pris les renseignements dont tu avais besoin. Tu savais que l'homme que tu t'apprêtais à rencontrer se nommait Hiéran Ochiro et qu'il avait autrefois été un guerrier - et d'ailleurs son corps n'avait pas changé depuis cette époque. On le disait aussi aveugle. L'aveugle aux choses terrestres et voyants aux choses invisibles était une sorte de cliché en ce qui concernait les prophètes et tu te demandais donc si Hiéran était aveugle dans ce sens-là. Ou s'il l'était vraiment.

(Eh bien ! Qu'est-ce que tu attends ?)

Le papillon bleu qu'était Siliwiih voletait avec vivacité tout autour de ton visage, à quelques centimètres à peine de tes yeux. Tu pouvais ressentir son impatience et tu ne la comprenais pas. Pour une créature millénaire comme l'était une faera, le temps ne devait plus avoir beaucoup de signification (avait-on même vu un jour un elfe impatient ?), pourquoi dès lors cette nervosité et cette hâte dont elle le pressait depuis qu'il était parti de Bouhen, voilà déjà un mois de cela ?

(Mais Siliwiih, j'ai même pas de questions à lui poser !)

(Entre, je te dis !)

Tu fis la grimace, cette délicate moue de ton visage chocolat qui témoignait du dilemme qui t'agitait. Obéir à ta sage compagne au risque de déranger pour rien un noble humain qui vivait là ? Ou t'asseoir pour réfléchir enfin à la raison de ta présence devant l'oracle ? Évidemment, Siliwiih était consciente de ce trouble qui t'agitait et pourtant le papillon bleu ne se calmait pas, tout comme sa voix qui te pressait, te pressait encore... Tu lâchas ostensiblement un soupir excédé et pris pied sur la passerelle. Ta main glissa sur la rambarde et ton regard fixa l'eau qui coulait, tranquillement, sous ce petit pont arqué. Ton esprit était ailleurs, tout à la question que tu allais poser, tu remarquas à peine que tu étais entré. La pièce était petite, chichement meublée. En face de toi, un homme à l'apparence jeune, beau, fort. Seule la musique du vent dans les bambous entourant l'endroit agitait le silence paisible qui avait pris possession de l'oracle et de son habitation. Tu ne pus t'empêcher de tomber à genoux, comme les gens de ce pays.

"Je t'écoute."

La voix était à l'apparence du lieu : sereine. Tu fermas les yeux, te mordit la langue. Tu essayas de réfléchir posément, logiquement. Ta faera t'avait amené devant cet oracle bien qu'elle sût prédire elle-même l'avenir. Ta question était donc de celle auxquelles elle ne voudrait pas répondre. Voyons, sur quel sujet se montrait-elle rétive ? À dire vrai, ton destin entier. Cela ne te facilitait pas la tâche. Tu devais aussi choisir une question simple afin d'être à même de comprendre la réponse (tout le monde savait à quel point les oracles aimaient être sibyllins). Tu réfléchissais et ton cœur battait la chamade car tu avais l'impression (et sûrement était-ce le cas) d'empiéter sur le temps de cet homme sage. Cependant, rapidement, te vint l'évidence : tu devais savoir si tu avais élu la bonne voie, celle de troubadour. Un peu voleur aussi. Tu pris une profonde inspiration.

"Est-ce que je dois retourner au Naora ?"

Là-bas était ta famille, ta fiancée aussi. Là-bas étaient aussi ceux qui t'avaient condamné, après le vol que tu y avais accompli. Mais là-bas se trouvait aussi le royaume des Sindeldi, ceux auprès desquels tu devais impérativement te rendre si tu voulais apprendre leur épopée, la Sindaquenta, en entier. Finalement, c'était deux questions en une. Tu n'étais pas peu fier. Patiemment, tu attendis la réponse de Hiéran qui, pour un moment, se contenta de te fixer de ses yeux vides, dérangeants. Enfin, sa voix s'éleva à nouveau.

"Le vent te portera jusqu'à la terre à laquelle tu appartiens.
Ce sera un défi et il sera dur, mais tu le feras vite tien.
Une seule chose compte cependant : ne brises jamais le lien."


Puis il te fit signe de la main, en t'indiquant la porte par laquelle tu étais entré. Tu avais là ta réponse, évidemment incompréhensible. Tu te relevas et saluas profondément l'oracle pour le remercier. Quand tu te détournas, tu tombas nez à nez avec un garde qui accompagnait un enfant, caché sous une couverture. Tu les saluas d'un léger signe de tête, mais lorsque tu voulus te remettre en marche, tu vis un papillon bleu juste sous ton pied. Dans ta frayeur de l'écraser, tu fis un brusque mouvement en arrière, t'embrouillas les jambes et finit par choir sur le sol. Cherchant à quoi se raccrocher, ta main gauche saisit la couverture qui dissimulait l'enfant. Tu l'emportas dans ta chute, révélant alors un gamin plus que hideux. Pour tout dire, il ressemblait carrément à un gobelin adulte.

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Dim 29 Jan 2017 14:36 
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Nous traversâmes tous deux la passerelle, le garde en tête. Si j'avais l'intention de partir, c'était l'occasion ou jamais...non, je ne pourrais de toute façon rien entreprendre de jour...et en plus ma gueule serait signalée dans toute la ville...non, je devais le suivre pour le moment.

Nous arrivions devant le bâtiment quand le garde me dit :


"Il y a quelqu'un, patientons."


J'entendis d'ailleurs des mots calmes, récités comme une prière :


"Mais tu le feras vite tien. Une seule chose compte cependant : ne brises jamais le lien."


(Houlà..où es-ce que j'ai atterris moi...et c'est quoi le sujet de cette conversation ? "tu le fera vite tien" ? C'est un conseiller en relation amoureuses ? Il est teubé ce garde ou quoi ? C'est sûr que le fait qu'il ait pas grillé que je sois un gobelin est un indicateur...)


Nous attendîmes encore quelques secondes quand sortit de ce vieux bâtiment un jeune homme...Hafiz ? C'est comme ça qu'on dit ? Me semblait avoir déjà travaillé pour l'un d'eux quand j'étais esclave. Il eu l'air, comme les autres, quelque peu étonné en me voyant, puis se remit en marche. Ce que je crus avant qu'il ne tombe en arrière en essayant de se rattraper à ma couverture, me dévoilant totalement !

Un silence gênant s'ensuivit, entre moi ayant simplement l'envie de me barrer, le jeune homme me regardant avec un air dégoûté, et le garde qui décida enfin d'éclaircir les choses :


"Ha, mais vous êtes le garçon de tout à l'heure ! C'est très simple, je vais vous expliquer ! En fait, ce gobelin est un homme qui a été maudit par le vieux Kitsu ! Et en plus il se rappelle de rien, du coup je suis venu l'escorter à l'oracle, en espérant pouvoir l'aider."


Cet abruti pensait donc qu'un oracle pouvait m'aider ? Ah ah !


"Salut" Dis-je en faisant mon plus beau sourire, d'une voix sinistre, levant l'index et le majeur.


Je cherchais clairement à faire comprendre que j'étais un gobelin.J'aime faire peur aux gens seuls. Pis le garde s'en rendrait pas compte, il croit complètement à mon baratin !
Je me demandais combien de temps mettrait ce jeune homme à déguerpir en criant.

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Dim 29 Jan 2017 17:22 
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En voulant éviter d'écraser un papillon qui n'avait, de toute façon, rien de tangible, tu t'étais piteusement écrasé sur le sol. L'affaire aurait pu en rester là si, dans ta chute, tu n'avais enlevé la couverture qui recouvrait ce que tu croyais être un enfant et qui se révéla être un gobelin. Encore sur le sol, les yeux fixés sur cette créature verdâtre, tu tâchais de comprendre ce qui venait de t'arriver. Cela ne te prit pas beaucoup de secondes tant la réalité était simple.

"Hum... Désolé..."

(Siliwiih ! Tu l'as fait exprès !)


(Évidemment. Mais je t'avoue que je n'étais pas sûre que tu allais bien te faire avoir !)

Grommelant, tu te redresses sur les coudes et jette un rapide coup d’œil dans les environs. Comme tu t'y attendais, il n'y a nulle part trace de ce papillon bleu qui t'a fait trébucher et il y avait de fortes chances pour que ni le garde ni le gobelin ne l'eussent vu. Ta faera se dissimulait aux yeux des autres gens dès lors que tu n'étais plus seul. Cela te rendait toujours un peu triste car - même si ce n'était pas le cas - tu te sentais seul. Exception faite de cet instant où tu aurais bien pris plaisir à l'écraser réellement, sous le coup de la colère. Mais avant que tu ne pus t'appesantir sur cette rogne, le garde t'aida à te redresser et, découvrant ton visage, s'étonna du fait que vous vous rencontriez à nouveau et tu découvris, en le regardant, qu'il s'agissait bien du garde t'ayant autorisé à entrer dans Oranan. Il s'empressa de t'expliquer l'affaire qui l'amenait là. Tu l'écoutas d'une oreille distraite, ton attention portée sur le gobelin qu'il accompagnait. Ce dernier te salua d'un mot en levant son index et son majeur - un geste que tu ne comprenais pas, mais qui ne te semblait pas très poli ni sympathique. À vrai dire, l'être dans son ensemble ne paraissait pas être la victime d'un quelconque sortilège.

(Voyons, Siliwiih m'a fait tomber pour que j'entre en contact avec lui. Qu'a-t-il à m'apporter ?)

Une chose était sûre : le garde t'empêchait d'avoir une discussion ouverte avec lui. Tu te tournas soudain vers lui, avec ton sourire le plus candide, celui que tu réservais aux plus grandes occasions - celui que tu avais donné au prêtre qui devait conclure ton mariage, peu avant de lui fausser compagnie...

"Je peux prendre la relève si vous le voulez ! Si l'oracle parvient à lui faire retrouver la mémoire, il pourra me servir de guide dans votre magnifique ville !"

Le garde se gratta la tête, sembla réfléchir intensément avant de poser sa main sur ton épaule, de te remercier pour ton aide - après tout, il n'avait pas que ça à faire, et partit en signalant au passage qu'il se rendait directement à la milice pour y rapporter toute cette affaire. Une fois qu'il fut hors de portée de voix comme de vue, tu te penchas vers le soi-disant non gobelin avec ton air le plus menaçant - c'était à moitié réussi.

"À nous deux maintenant ! Qui es-tu vraiment et que fais-tu dans cette ville ?"

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Dim 29 Jan 2017 19:47 
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Le jeune homme s'était levé, prêt à partir la queue entre les jambes...ou à s'adresser à mon garde :


"Je peux prendre la relève si vous le voulez ! Si l'oracle parvient à lui faire retrouver la mémoire, il pourra me servir de guide dans votre magnifique ville !"


(Merci ! Je vais enfin pouvoir me débarrasser de cet abruti ! Mais, pour ce qui est de te guider...on dirait que je vais devoir me débarrasser de toi aussi, quand j'aurais trouvé un coin sombre dans cette ville...ou juste en lui indiquant une mauvaise direction, faut voir.)


C'était bon ! Le garde avait accepté ! J'étais à présent avec le Hafiz, je me mis à sourire l'air de dire "Bon, on dirait que tu m'a sur les bras maintenant"...Mais oui ! Pourquoi j'y ai pas pensé avant ! Il pourrait très bien faire un nouveau contact pour mon réseau !

J'entrepris d'ouvrir la bouche pour faire plus ample connaissance avec mon futur employé quand soudain :


"À nous deux maintenant ! Qui es-tu vraiment et que fais-tu dans cette ville ?"


Okay, ce jeune homme était moins frêle que ce que son physique laissait penser, et ce virement de bord ! Il avait eu l'air si sincère face au garde alors qu'il paraissait déterminé à foutre ma vie en l'air en ce moment même !
Si j'arrivais à le recruter, ce en quoi je croyais beaucoup moins à cet instant, il serait un grand atout, capable de tromper les gens et de monter bien haut grâce à ça !

Je décidai donc de répondre, au début de manière non assurée, puis un peu plus quand même, je devais lui montrer que j'étais un chef, imposant même si ma taille ne l'était pas !


"Eh bien heu...je...suis maudit ? Non hein ? T'es plus intelligent que l'autre teubé, n'es-ce pas ? Bon ! Je vais tout te dire ! Je m'appelle Nil, je suis né je sais pas où je sais pas quand sûrement y'a 20 ans, en tant qu'esclave d'un gar..."


Il força quelque peu sur ses yeux courroucés, -ce qui amplifiait quelque peu sa beauté d'ailleurs- me faisant comprendre qu'il en avait légèrement rien à faire de mon passé lointain, j'en venais donc aux faits :


"En fait, je suis un...gobelin comme tu peux le voir, voleur de par l'activité que je pratique depuis tout petit...et je suis arrivé en Ynorie y'a peu. Donc je voyage par-ci, par-là, cherchant quelques..."travailleurs" intéressés par le fait de rejoindre mon réseau d'information. Pas très grand certes, mais même le plus musclé des garzok à un jour fait ma taille ! Enfin, du coup je trainailles, sans grand chose à faire, cherchant des gens talentueux...et tu m'a l'air talentueux !"



Bon ! J'avais eus du mal à sortir cette tirade en la présence d'une personne bien plus déterminée que moi, mais je l'avais fais ! En le regardant...je me rendait bien compte que je n'avais pas réussis à imposer mon charisme...ça fait bizarre de se sentir rabaissé à la fois physiquement et dans son honneur. Enfin, peut être y avait-il toujours quelque chose à tiré de ce jeune homme...

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Lun 30 Jan 2017 21:32 
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En deux phrases, tu avais fait partir le garde qui accompagnait le gobelin. Franchement, tu ne t'y attendais pas. Mais tu te repris très vite - savoir ne rien laisser paraître, c'était fondamental, tu le savais, tu en étais capable, c'était pour cette raison que personne à Kers ne s'était douté de tes projets - et t'adressa directement au petit bonhomme verdâtre. En raison de sa taille, justement, tu dus te baisser, te donner par là même une position de dominant (ce qui n'était pas toujours évident avec ton corps juvénile). Le gobelin dû prendre peur car sa réponse, tout d'abord, fut peu affirmée - avant qu'il ne reprît contenance. Tu avais dû réussir à l'effrayer, voilà tout.

(Mais c'est déjà ça.)

Son interlocuteur commença par la prétendue malédiction, mais tu levas les yeux au ciel, signe que tu n'y croyais pas une seconde. Il comprit. Il enchaina alors sur sa véritable histoire et tu appris ainsi que son nom était Nil et qu'il n'avait aucune conscience de son origine - selon lui, elle devait remonter à au moins une vingtaine d'années. Quant au lieu, c'était un complet mystère. Tu fronças les sourcils. Nil était, semblait-il, né pour servir d'esclave. La façon dont il en parlait laissait entendre que c'était une époque révolue. Que diable faisait-il ici dans ce cas ? Surtout dans cette ville où, plus qu'autre part, sa race n'était pas la bienvenue ? Cependant, ton froncement de sourcil fut interprété différemment par la créature qui arrêta là son récit, arrivant alors à la raison de sa présence en ces lieux, de fait répondant à tes interrogations. En bref, c'était un voleur de nature en train de monter son propre réseau. Et sa dernière phrase indiquait clairement que tu pouvais ne pas y être étranger.

(La blague ! Moi, au service de ce truc !)

Néanmoins, la chose demandait réflexion, tu eus l'esprit de le saisir aussitôt. Si tu aidais ce gobelin, tu aurais - pour peu qu'il réussît - de nombreuses informations à ta disposition. Du genre de celles qui te permettraient de t'introduire dans les plus grands palais. Un fait qui titillait autant ta cupidité envers les trésors que ton orgueil de musicien. Vrai, tu pouvais tout aussi bien conduire Nil à la milice d'Oranan et espérait toucher la récompense qui te conviendrait. Tout en réfléchissant, tu te redressas, détaillas l'autre comme si tu pesais le pour et le contre pour savoir si tu pouvais lui faire confiance et finalement, d'un large geste, tira l'épée rouillée que tu portais en diagonale dans ton dos.

"Voleur, hein ? Tu vois cette épée ? Elle a des centaines d'années et appartenait jusqu'à peu au plus puissant des rois, le roi de Yuimen."

De façon tout aussi décontractée - le gobelin cherchait à s'imposer, tu le voyais bien et tu calculais en conséquent tout tes gestes afin de garder le contrôle de la situation - tu la rengainas avant de tendre ta main à Nil.

"Mon nom est Mikkah-El Sôdehbek, mais on m'appelle couramment Mikkah. Je suis ton homme si tu trouves le moyen de me ramener incognito au Naora."

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Lun 30 Jan 2017 22:42 
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Bien, tout ne s'était pas passé comme prévu, mais mon plan allait pouvoir commencer !
Tout d'abord, je crus que ce " Mikkah-El Sôdehbek" -va falloir que je m'entraîne à le retenir celui là- allait me trancher de son épée rouillée -sinon pourquoi la sortir ?- avant de simplement m'expliquer qu'apparemment, elle appartenait il y a peu au Roi de Yuimen, dont je venais d'apprendre l'existence. Néanmoins, on ne s'approprie pas l'épée d'un roi comme ça...ce Mikkah doit vraiment avoir le potentiel que je lui ai prêté ! Il reprit ensuite :


"Mon nom est Mikkah-El Sôdehbek, mais on m'appelle couramment Mikkah. Je suis ton homme si tu trouves le moyen de me ramener incognito au Naora."


Bon ! Vu ce que j'avais dis, il devait bien se douter que je connaissais pas du tout l'existence de son Naora, néanmoins, j'ai toujours été débrouillard !
Je serrai la main que Mikkah me tendit et répondit :


"Considères que t'es déjà là-bas ! Quand au moyen d'y aller...c'est pas un problème, les informations, ça se trouve, peut être même chez cet Oracle ?" En montrant la ruine du doigt. "Enfin, tu regrettera pas d'avoir fait équipe avec moi ! Juste...tu peux m'apporter quelques précisions sur ton but, et sur "Naora" ?"

Je pensais qu'on allait faire une bonne équipe, je ne savais pas pourquoi...peut être l'excitation de pouvoir enfin travailler de mon plein gré ?

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Jeu 2 Fév 2017 19:36 
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Le sekteg accepta ta poignée de main, scellant du moins votre amitié, au moins votre alliance. Tu réprimas de justesse une grimace de dégoût devant cette peau que tu n'avais jamais touchée auparavant et qui était loin de la perfection caractéristique de celle des Hafiz. Tu n'avais jamais versé dans leur esprit de supériorité évidente auparavant, mais tu avouais une certaine appréhension devant cette créature qui n'était pas humaine et n'avait pas la grâce de la noble race des elfes.

(Je m'y habituerai.)

Lorsque Nil reprit la parole, néanmoins, tu fronças les sourcils. Comme le début de sa déclaration te le faisait suspecter et la fin te le confirma, le gobelin n'avait pas la moindre idée de ce dont tu parlais en évoquant le Naora. Au passage, il te demanda le but de ton voyage ce qui ne fit qu'agrandir ton froncement. Pour quelqu'un qui voulait se monter un réseau d'information dans l'ombre, tu le trouvais plutôt indiscret, ce que tu lui fis remarquer par un claquement de ta langue contre ton palais.

"Le Naora est le nom d'un archipel à l'ouest. Quant à ce que je vais y faire, cela ne te concerne pas."

D'un geste de la main, tu désignas l'oracle.

"Vas le voir si tu veux, moi je t'attends là. J'ai besoin de... réfléchir un peu."

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Ven 3 Fév 2017 01:14 
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Mikkah et moi avions scellé notre alliance, puis il m'invita à aller parler à l'Oracle si j'en avais envie. Que pourrais-je lui demander de toute façon ? Si hier n'était qu'un rêve ? La mort de mes "amis" que mon imagination ? Mon réseau d'information seulement un projet fou qui ne se réalisera jamais ? Ma vie ne tenant à rien car je suis seulement un putain de petit truc sans défense dans un monde de puissants guerriers où je ne suis pas accepté ??!!!
Du calme...pour me répondre simplement, je n'avais rien à demandé à cet Oracle. Rien du tout.


Je décidai donc de faire mon sourire le plus confiant, signe que le contrat prenait effet maintenant.
Nous traversâmes tout deux le pont dans un silence mi-gênant, mi-déterminé. Il avait refusé de me dire ce qu'il comptait faire une fois arrivé dans son archipel, mais qu'importe !
Nous repassâmes dans les rues, destination les portes de la ville. nous n'avions plus rien à faire ici. C'est d'ailleurs lors de notre marche que nous croisâmes trois gardes se dirigeant vers un petit restaurant et qui laissèrent échapper quelques mots :


"Sinon, y paraît que les troupes d'Oaxaca ont fait venir quelques troupes supplémentaires d'Imiftil et que le dernier assaut était plus violent qu'à l'ordinaire."


"J'imagine. Mais ils ont fait venir des renforts par bateau sans qu'on s'en rende compte ?"


"Tu penses ! Non, ils sont arrivé en montgolfière, tu sais, c'est comme nos cynores quoi, ça va par les airs"


"Ah oui ! Mais j'en ai entendu parlé de ça ! C'est des trucs pilotés par des gobelins ! Ils ont même des baleines qui volent !"


"A propos de baleine, moi je me sens bien de manger du poisson ce midi..."



Mon regard s'illumina aussitôt. Je croyais être le seul à avoir entendu, mais lorsque je tournai ma tête vers Mikkah, je compris à son regard que l'on tenait la suite de notre plan !

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Mar 17 Juil 2018 16:03 
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Il avança lentement, sur les pavé de la ville. le soleil frappait avec lui le sol, étirant son ombre dans d'étrange contorsion. Les habitations s'élevaient dans le ciel, un nuage perlé d'odeur de gingembre et d'épices, s'élevait dans le ciel. Il était bien une heure et les cantine bruyantes, étales ou se servait des soupes gorgés de nouilles ou de raviolis de pate gorgé de farce. Sirat, contre un paiement substantiel, attrapa de brioche bourré de viande et d'herbes, mariné et revenu dans une huile épicé. Tout en continuant sa marche, la gourde remplie, il sortie de la ville et prit un ancien chemin qu'on lui avait indiqué. sous le couvert des remparts de la cité, il avançait plus facilement. Il se laissa allé près de la rivière, en amont du pont. Après manger, il se délesta de ses affaires et plongea dans l'eau fraîche.

Il se lava, se frotta et profita un instant de ce moment de détente.
Des enfants qui jouaient non loin, s'amusèrent de voir ce colosse, patauger comme eux dans le ruisseau.

Il sécha au soleil, les yeux fermé, étalé sur l'herbe. Le son du ruissèlement de l'eau sur les rochers comme mélodie.
Après une ou deux heures il se rhabilla et reprit son chemin.

Au delà du pont, un peu plus loin, une vielle bâtisse semblait planté là et l'attendre. La porte en bronze, peinte en bleu était ouverte et donnait sur une cour intérieur. Un petit jardin entretenue, avec une petite fontaine ou dansaient des carpes blanches et rouges. Elles ondulaient entre les rochers et les feuilles de nénuphar qui semblait caché leur monde aux yeux du visiteur trop curieux. Il contourna le petit bassin en les observant et s'avança vers un salon ouvert, recouvert de parquet et au mobilier presque absent. Le bâtiment était surélever du niveau du sol et jaugeant les alentours il s'asseyait confiant sur l'avancé en bois.

Il resta un instant sans rien dire, une heure ou peut être deux, il regardait à droite puis à gauche espérant apercevoir quelqu'un. Mais il n'y avait rien. Seulement une brise, virevoltante, qui passait dans l'herbe les faisant osciller délicatement.
une voix fini par le couper dans sa contemplation.

Bienvenue à toi, Sirat Ybelinnor, Zélote de la terre.

La voix ne venaient de nulle part en particuliers, elle semblait porté par le vent. Intrigué et perplexe, il chercha où pouvait être son interlocuteur.

Je suis derrière toi.

Il se retourna et un homme était apparu dans le salon. Drapé dans un kimono, azure et blanc, l'homme avait de long cheveux lisse et ébène qui lui retombaient sur les épaules. Il était sur les genoux près de la table et Sirat ne l'avait pas entendue arrivé.

Bonjour

lui répondit il un peu gênée de s'être fait surprendre.

Je suis heureux de te rencontrer enfin

On se connait ? Vous m'avez offert ce présent, mais il ne me semble pas vous avoir déjà rencontrer.

Il désigna le marteau.

Je voulait vous remercier.

L'homme esquissa un sourire, sur son visage délicat et opale. Il avait les yeux noire et brillant et ils foudroyait l'humoran du regard.

Il t'appartenait, Zewen, en à décider ainsi. Je n'ai rien fait.

Vous sembler me connaitre et parler de Zewen, mais qui êtes vous.

Il ne quitta pas son sourire

Je suis comme toi, tu lis dans les roches et la terre, et je lis dans le vent et l'air. Je suis dévoué comme toi au maitre qui détient les écritures. Nous sommes plusieurs.

Il restait indécis, un peu perdu, par cette déclaration. Il pensait vivre une relation particulière avec son dieu, il s'était fait l'idée d'être un élu. Mais il n'en était rien, comme les peuples, l'individualité n'existait pas dans les desseins de Zewen. Il s'occupait d'un mouvement plus grand. L'embarras de Sirat accentua le sourire de son homologue.

Allons, Nous ne sommes pas uniques, tu as remplacé l'ancien zélote de la terre et ils sont déjà plusieurs à pouvoir prétendre à ton rang. Certains ne le savent même pas et ne le sauront jamais. Mais si Il en a besoin, il fera appel à eux. Nous ne sommes que des outils, de bien beau instrument certes, mais nous ne sommes rien sans la main de notre créateur.

Sirat acquiessa de la tête, pensif. Il pensait a ses sacrifices et leur utilités et une impression d'être un jouet, une marionnette l'imprégnait le laissant avec une saveur étrange au fond de lui. Son silence intrigua l'homme dans son kimono.

Ton prédécésseur se posait moins de question, il est étonnant de voir l'embarras dans lequel tu peux te plonger.

Il reprit avec bonne humeur.

Je manque a tout mes devoirs, je suis l'oracle Zélote de l'air.

Pourquoi je suis ici.

voila ce qui l'intriguait le plus, si la messe était dite, quel devait être son rôle. Le regard de l'oracle se fit plus acéré.

Droit au but, pas de détours, la force brute... Il eut un léger rictus Buvons d'abord.

Sans qu'il eut rien à faire une femme entra. Engoncé dans un kimono écarlate et blanc, qui soulignait sa taille, elle déposa deux verres et une bouteille d'alcool incolore. Ses cheveux noires étaient coiffé en chignon. Son visage maquillé d'une poudre blanche qui soulignait encore plus sa candeur. Elle était jeune, dans l'adolescence, surement dans sa seizième année. Une fois son office fait, elle s'éloigna pour s'agenouiller dans un coin. Sirat l'épia sans se soucier de l'oracle qui lui même surveillait ses réactions.

La passion, l'impulsivité des traits qui vous sont propre, à toi et prédécesseurs.

Il lâcha du regard la jeune fille, qui attendait patiemment sans broncher, pour porter son regard sur lui. Il n'était pas si a l'aise que son comparse. Il n'arrivait pas à se détendre.

Pourquoi ais-je passé autant de temps sur Aliaénon.

L'oracle lui tendit le verre. La question ne le surprenait pas, bien que pour Sirat elle avait jaillit de son esprit sans qu'il y pense consciemment. Il attrapa le verre et huma son parfum fruité. L'homme passa la main dans ses cheveux.

Il semble qu'il y ai un ennemi commun, un mal qui grandit et mais en péril ce qui est écrit.

Quel mal

L'oracle ne répondit pas, il se contenta de boire une gorgée.

Tu t'es bien comporté là-bas, Tu dois faire quelques choses ici, avant d'y retourner.

Sirat apporta le liquide jusqu'a ses lèvres, les humecta mais reposa doucement le verre, intrigué.

Laquelle.

Il y a un marchand en ville, il porte avec lui un artefact puissant. Il va être attaqué, la morne mort, de ces cendres menaces cet homme et ce qui doit être. Tu dois intervenir et le sauver, ainsi que l'artefact.

Pourquoi moi et pas toi, tu es d'ici, c'est ta ville, pas la mienne.

C'est toi qui à été choisis, pas moi, je ne suis que le messager, j'ai lu dans le vent que ce serait toi.

Sirat restait sceptique, il scrutait son interlocuteur sans parvenir à y déceler quoi que ce soit.

c'est quoi cette "morne mort"?

Les disciples de notre nouvelle ennemie, ses hommes de main en gris, méfie toi d'eux. Sauve cet homme et repars sur Aliaénon ou... il suspendu ses mots avant de reprendre meurt et laisse ta place à un autre.

Sirat fronça les sourcils, il n'aimait pas cet homme et ses manière de parler.

Quand?

Ils sont déjà en route. Le soleil se couche. Le vent m'apporte leur odeur, leur trajet.

Sirat se redressa, empoigna son marteau.

J'ai pas le choix.

On a toujours le choix.

Fit-il en baissant la tête pour se resservir de sa liqueur. Sirat grogna pour toute réponse, prit le chemin du départ avant de se retourner.

Où?

Il n'y avait plus personne, la bouteille avait disparu, la geisha aussi. Le silence, le bruissement du vent, l'eau de la fontaine et le mouvement des poissons attrapant une proie crédule, il ne restait plus rien d'autre. Il fit quelques pas et très vite il eut la réponse à sa question, un murmure dans ses oreilles. Il prit la direction de la ville, il savait ce qu'on attendait de lui.

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 Sujet du message: Re: L'oracle
MessagePosté: Mar 14 Aoû 2018 11:00 
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    « La certitude provient d’une vision tronquée. »

Au petit matin, une étrange sensation de vide s’était emparée de moi. Je savais ce que je devais faire, qui je devais aller voir, mais avais autant de craintes que de résolution pour le faire. Un homme m’avait été conseillé par les tenanciers de l’auberge des Hommes Libres : l’Oracle. Sa masure m’avait été située, et c’est sans tarder que je m’y rendis, passant le vieux chemin de pierre et la passerelle de bois qui m’avaient été indiquées. Le vieux bâtiment qui trônait-là n’avait rien d’un palais ou d’une maison noble. C’était une vieille bâtisse défraichie dont on ne prenait guère soin. Elle avait pu être coquette, autrefois, mais ce n’était plus le cas. Une aura de mystère entourait les lieux, imperceptible pour qui n’aurait pas une sensibilité accrue aux choses de l’esprit. Non pas que je me prétende en posséder une particulièrement développée, mais… cet endroit me parlait, m’évoquait quelque chose. Malgré son apparence délabrée, je m’y sentais le bienvenu. Car l’apparence n’est rien, sinon un masque malhabile de la vérité qui se cache derrière. J’étais bien placé pour le savoir.

Les portes du rez étaient ouvertes, et j’y pénétrai sans plus attendre, écartant un poussiéreux rideau de soie. Le soleil avait beau être levé depuis plusieurs heures, l’ambiance intérieure était tamisée, plutôt sombre. Je m’avançai, scrutant de mes yeux habités aux ombres les détours de l’ameublement succinct de la pièce où je me trouvai. C’est une voix qui me surprit néanmoins, en provenance d’un côté de la pièce.

« Le monde est aveugle. Rares sont ceux qui voient. »

Je me tournai vers l’origine de la voix. Dans la pénombre, je décelai une forme humaine qui se découpait sur un mur. L’être était assis en tailleur sur un coussin surélevé. Je m’en approchai en silence, curieux de savoir ce qu’il voulait dire par là. Les traits que j’en perçus étaient étonnamment jeunes. On me l’avait vendu comme étant un ynorien d’un âge plutôt avancé, aussi me risquai-je :

« Je suis venu consulter l’Oracle pour comprendre… une vision. »

L’homme releva un peu la tête, laissant la faible lumière en caresser les traits. Il avait les yeux clos. Il semblait attendre. Se pouvait-il qu’il soit l’oracle ? Je fronçai les sourcils, peu convaincu. J’insistai.

« On m’a dit qu’il vivait ici. Pourriez-vous me l’indiquer ? »

Il ne répondit pas pendant quelques secondes. Puis, il ouvrit les yeux. Deux yeux d’un blanc lactescent. C’était un aveugle. Cela fit écho à ses premières paroles. Si le monde était aveugle, lui voyait-il, d’une certaine manière ? Était-il l’Oracle ? Je n’étais pas sûr de gouter à la plaisanterie, ni d’humeur à répondre à de brumeuses énigmes. J’insistai.

« Je suis en quête de réponses. Pouvez-vous m’en donner ? »

Là encore, sa réponse fut plutôt brumeuse.

« Tu as les réponses. Ce qui te manque, c’est une question. »

Je fronçai davantage les sourcils. Cela ne faisait plus aucun doute : il e payait ma tête. Je n’avais aucune envie de jouer à des jeux d’esprit. Je montrai mon impatience en adoptant un ton plus direct.

« Je n’ai pas de temps à perdre. Une expédition part ce soir à la recherche de choses concernant mon passé. Je dois avoir plus de précisions pour m’y joindre. Ma question, la voici : je cherche à préciser une vision que j’ai eue de ce passé… lointain. À en saisir des détails qui m’échappent. Est-ce à votre portée ? Pouvez-vous m’aider ? »

Il resta silencieux pour opposer mon propos. Avais-je été trop agressif ? Trop direct ? Était-il juste un charlatan jouant de son aura mystérieuse et de son infirmité pour se moquer de ses visiteurs ? Je grommelai dans ma barbe.

« Si c’est une plaisanterie, je n’y goûte guère. Puisque vous ne pouvez pas m’aider, je m’en vais de ce pas. »

Je m’écartai de lui et me dirigeai vers la porte, lorsque sa voix retentit à nouveau.

« Le Monde est aveugle. Rares sont ceux qui voient. Ce passé enfoui en toi, c’est par le Rêve que tu le comprendras. »

Encore cette même sentence, ponctuée d’une nouvelle information. Je me retournai un instant vers lui, comme pour lui répondre, mais ne fis que rester immobile un instant avant de prendre la tangente en quittant le bâtiment, un curieux sentiment en moi. Rares sont ceux qui voient. Le Rêve ? Qu’avait-il voulu dire ? Était-ce juste une nouvelle provocation, ou cet aveugle était-il plus visionnaire qu’il ne paraissait ? Confus, je m’écartai de l’endroit, perdu dans mes pensées, les laissant courir dans mon esprit au gré de mon errance. Je n’avais pas ma réponse, mais j’avais davantage de questions. L’antithèse de sa propre prédiction, en soi.



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