Scènes gores pouvant heurter les personnes sensibles ![Attention [:attention:]](./images/smilies/attention.gif)
Mes lames entrent dans la danse avant que le premier squelette n'arrive à portée, vives et féroces. L'exaltation sauvage du combat envahit torrentueusement mes veines, mêlée d'une sorte de soulagement étrange à l'idée d'en avoir fini avec les palabres tortueuses auxquelles je me suis livré pour retarder l'inéluctable. Pas une seconde je n'ai vraiment cru que la discussion pourrait aboutir, mais il fallait que j'essaye. Les morts relevés sont plus d'une vingtaine mais, en fait d'armée, ce ne sont jamais que d'insignifiantes broutilles que mes armes dévastent, fracassent, sans la moindre difficulté. Ils approchent, et s'éparpillent aussitôt en macabres esquilles qui recouvrent bientôt le sol d'une couche traîtresse d'une sale couleur ivoire. Le dernier amas d'ossements se disperse sous la morsure de ma Vorpale sans que je ne sois seulement essoufflé, un sourire froid ourle mes lèvres alors que je fais face au maître des lieux:
"Vos larbins manquent de consistance, sire. Vous voulez ce diadème? Venez donc le chercher..."Le délabré m'accorde une parodie grimaçante de sourire avant de répliquer avec une ironie mordante:
"Et prétentieux, avec ça. Voyons si elle manque aussi de consistance."Un rire sinistre s'échappe de sa gorge ravagée par le temps alors qu'il lève une main décharnée en murmurant une espèce d'incantation dont je ne saisis pas un traître mot. Les trois premières marches de l'estrade formaient une armée de squelettes, spectacle inquiétant que de les voir se relever, mais ce qui se lève maintenant n'a rien à voir avec de pitoyables marionnettes. Je jure en voyant toute la masse d'os commencer à se mouvoir, à se rassembler pour former une colossale créature évoquant un lézard géant. Je recule vivement de quelques pas en rassemblant mon Ki, le regard dur, ce tas d'os là ne se brisera pas comme un verre de cristal sous mes lames, si redoutables soient-elles. Mon énergie spirituelle se déploie à pleine puissance pour améliorer ma maîtrise martiale, j'y perds un peu en force mais je doute fort que cette dernière puisse me conférer la victoire face à cette nouvelle abjection. Ma retraite me permet de découvrir que le trône est en réalité posé au sommet d'une haute colonne de pierre, magnifiquement sculptée de scènes marines, dissimulée jusque là par le monceau d'os qui se dresse maintenant devant moi.
Le saurien d'ivoire jauni fuse dans ma direction à une vitesse effarante en tout point digne de son homologue de chair, mâchoires béantes et prêtes à me broyer. Je m'écarte sur la droite d'une glissade effrénée, tout juste suffisante pour éviter la gueule mais pas assez, loin s'en faut, pour esquiver l'épaule massive du monstre en pleine course. Le choc brutal me renverse comme une vulgaire quille mais mon sens aigu de l'équilibre me permet de me rattraper sur un poing serré sur mon ardente et de rebondir aussitôt pour me mettre à l'écart des griffes de la patte arrière du monstre. Ces dernières me frôlent d'assez près pour que j'en aie des sueurs froides, mais déjà la longue queue du reptile mort-vivant fouette les airs pour m'écraser proprement au sol. J'y oppose une parade féroce de mes deux lames, m’arque-boutant bien en appui sur mes deux pieds pour contrer le brutal impact que ce geste va inévitablement engendrer. Le coup est d'une force telle qu'il me projette en arrière sur plus de cinq mètres malgré mes précautions, mais cette fois je m'y attendais et maintiens mon équilibre sans trop de difficulté. Mes reliques ont pratiqué une brèche profonde dans l'entrelacs d'ossement qui sert de queue au lézard, sans parvenir pour autant à la rendre inutilisable, malheureusement. En ce qui concerne mes bras, le contrecoup de ma parade s'y fait douloureusement sentir, cette saleté est décidément trop costaud pour que je m'y confronte de cette manière. L'esquive est ma meilleure option mais la célérité inquiétante de cette créature ne me laisse guère d'illusions, c'est un jeu dangereux dont je ne sortirai pas indemne longtemps.
Loin d'avoir besoin d'une longue distance pour s'arrêter, comme c'est le cas pour un taureau par exemple, le monstre effectue une volte-face foudroyante et se précipite à nouveau sur moi. La largeur de ce colosse d'ossements, pattes écartées dans sa course, est telle qu'il me faudrait des ailes pour l'esquiver sans péril, pensée qui me donne subitement une idée. Plutôt que de tenter de m'écarter, je fonce à toutes jambes sur lui en rassemblant mon Ki et le déploie massivement une seconde avant le choc frontal, mêlant la technique de charge armée à celle de la croix de Rana. Lancé à pleine vitesse, je bondis au-dessus de sa gueule hargneuse et atterris sur sa nuque, dans laquelle je plante sauvagement mes deux reliques! Une créature de chair et de sang hurlerait de douleur sous la violence de ce coup double, peut-être même s'abattrait-elle, la nuque brisée. Mais le monstre d'ivoire ne laisse pas échapper la moindre plainte, ne titube pas, ne manifeste d'aucune manière que ma frappe pourtant ravageuse l'ait seulement blessé.
(Par Sithi, il faut quoi pour le tuer ce truc?!)(Du soleil, de la magie de lumière, ce sont les seules choses qui peuvent le terrasser, à moins de le réduire en miettes.)(Tu vois des fenêtres quelque part? J'ai l'air d'un mage? Bordel!)Elle en a de bonnes, Syndalywë, des fois. En attendant, le titan s'ébroue, se cabre, se tortille pour m'évacuer de son dos, auquel je ne reste accroché qu'en m'agrippant de toutes mes forces aux poignées de mes armes profondément fichées dans sa nuque. Une foutue monture que voilà! Je vois d'ici la tronche des gardes de la porte d'Ynorie si je me pointais avec elle mais, pour ce qui est de rester en selle, bien heureux si je m'y maintiens encore quelques secondes. Je profite d'un bref répit pour dégager mon ardente et asséner un coup colossal explosif sur la trogne ivoirine, ce qui lui fracasse salement la protubérance qui simule son arcade sourcilière droite. Maigre victoire car les éclats issus de ma frappe sont encore en l'air lorsque quelque chose d'incroyablement pesant me percute le dos et m'envoie valdinguer au loin. J'ai largement le temps de me maudire de ma distraction tout en voltigeant, j'aurais dû garder un oeil sur sa foutue queue! Fort heureusement pour moi les runes incrustées sur mon armure ont limité les dégâts, mais elles ne pourront rien pour atténuer ma très prochaine rencontre avec le rocher qui compose le fond de la faille infernale...
J'amortis de mon mieux la chute en roulant à terre, au son du rire grinçant et ouvertement moqueur de l'autre taré juché sur sa colonne. Je me relève vivement en jurant intérieurement et jette un regard noir à l'olibrius lorsqu'il demande d'un ton lourd de sarcasme:
"Alors, assez consistante à ton goût, mortel?"(Maudit, je vais t'en donner du consistant, moi, attends un peu.)Une fanfaronnade creuse que je me garde bien d'exprimer à haute voix, pour l'heure ma position n'est guère brillante. Toujours est-il que ma roulade, toute disgracieuse qu'elle ait été, m'a épargné le pire. J'en serai quitte pour quelques bleus, mais je n'en suis plus à ça près. Bien plus gênant est le fait que mon Ardente soit restée coincée dans le cou épais de l'autre brute osseuse, laquelle est déjà en train de se ruer vers moi. Je dégaine nerveusement ma lame d'Eden en rassemblant une fois de plus mon Ki, j'hésite à invoquer mon tigre runique mais je m'en abstiens. Il se ferait écharper en un instant par le colosse d'os et serait bien incapable de bondir assez haut pour menacer le dégingandé, l'invoquer maintenant serait pis qu'inutile. Quant à me dépêtrer du pétrin dans lequel je me suis fourré, je sèche méchamment. Il faudrait un miracle et j'ai assez vécu pour savoir que les Dieux en sont avares. Les yeux étrécis de concentration, j'attends néanmoins de pied ferme la charge du monument sépulcral en cherchant une faille dans laquelle je pourrais me glisser pour éviter son assaut. Je la trouve alors qu'il est sur le point de me tomber dessus, minime mais bel et bien existante. La prise de risque sera conséquente, mais je n'ai pas vraiment le choix et je me jette à terre une fraction de seconde avant d'être happé par la gueule béante, droit sous cette dernière. Le titan passe au-dessus de moi à toute allure et la queue qui traîne dans son sillage me contraint à une roulade précipitée sur le côté pour l'éviter, au terme de laquelle je me relève comme un diable sortant de sa boîte, armes brandies au-dessus de ma tête. Je rabats brutalement mes deux lames sur le monstrueux appendice caudal qui défile devant moi en hurlant comme un possédé, déployant puissamment mon Ki pour accroître encore la force de mon attaque. Le choc effroyable résonne dans la salle, lugubre fracas d'os brisés, suivi du rire à moitié dément qui franchit mes lèvres sans autre raison que l'exultation d'avoir parfaitement placé ma frappe. La queue du monstre reptilien, déjà affaiblie par le premier coup que je lui ai porté, se détache de son ignoble carcasse et soubresaute follement au sol!
Piètre triomphe car la bête ne semble même pas le remarquer, toute affairée qu'elle est à faire demi-tour, mais c'est toujours ça de pris. Le problème dans l'histoire, c'est que j'aurais épuisé mon Ki bien avant de l'avoir réduite à l'état d'esquilles, à ce rythme. Sans compter qu'il restera toujours l'autre sinistre clown et que j'ignore de quelles autres horreurs il pourrait m'abreuver. Je l'avais pressenti avant même de commencer ce combat, la force brute ne me donnera pas la victoire, mais alors quoi? J'ai beau me torturer l'esprit, la voie pouvant me permettre de m'en sortir m'échappe toujours. Quoique, en y pensant bien, il y aurait peut-être un moyen. Pas très glorieux peut-être, mais qu'importe, ce n'est certes pas pour la gloire que je suis venu ici. Je me précipite à toute allure vers la colonne de roc sur laquelle se trouve l'émacié, poursuivi par son animal de compagnie qui charge furieusement à son accoutumée. J'enlace le pilier d'un bras en arrivant contre, ce qui freine brutalement ma course et me fait le contourner si rudement que je manque me fracasser le nez dessus. Le lézard, lui, ne manque rien du tout. Lancé à pleine vitesse, il percute le pilastre de toute sa masse, au doux son du hurlement de dépit de celui qui s'y est si imprudemment juché. A ce hurlement se joint le phénoménal craquement de la roche qui éclate, et le mien droit derrière. L'explosion du roc derrière lequel je me trouve, imprévue et agrémentée de la bestiole qui le traverse littéralement pour ce que j'ai le temps d'en voir, m'envoie bouler pèle-mêle au loin comme un vulgaire gravier.
Je me ramasse en beauté cette fois, aveuglé par les projections rocheuses je me sens rebondir plusieurs fois au sol avant de m'immobiliser en tas, l'entier de mon réceptacle de chair protestant avec virulence contre le traitement infligé. Là je suis sonné, et ce n'est que le prénom. Il me faut plusieurs secondes pour me rassembler suffisamment et parvenir à essuyer la poussière et le sang qui voilent ma vue d'une main tremblante. Ce geste m'apprend que j'ai une armada d'éclats de roc incrustés dans le visage, quelques esquilles d'os, aussi, au toucher. A en juger par les informations lancinantes que me prodigue mon corps, l'une de ces esquilles a dû se planter dans mon abdomen malgré l'armure, une autre dans mon biceps gauche et une autre encore dans ma cuisse droite. Ma poitrine déclare fermement qu'elle a subi le gros de l'impact et que quelques-unes de mes côtes supérieures n'ont pas résisté, mon pied gauche stipule qu'il refuse tout usage, broyé sans doute par un rocher, à moins que ce ne soit par le monstre, comment savoir? Ce qui est certain c'est que je déguste salement et que le lieu damné qui m'entoure tangue si joliment que j'ai l'impression de me trouver sur le pont d'un navire pris dans un ouragan. J'essuie une nouvelle fois le sang qui coule en abondance dans mes yeux et tente de stabiliser un peu ma vue d'un rude effort de volonté, avec un succès mitigé. Une ombre assombrit soudain le paysage, occultant si bien ma vision chancelante que je jurerais que la nuit vient de s'abattre avec la soudaineté absurde d'un conte pour enfants. De ceux qu'on raconte pour les effrayer, alors, à en croire la voix grinçante et mauvaise qui en émane:
"Tu ne m'amuses plus, mortel. Je reconnais que je t'ai sous-estimé, j'aurais dû t'écraser sous le poids des ténèbres sans attendre. Mais qu'importe, ta vie est mienne, ton âme est mienne. Et je vais prendre mon temps."Un rire sinistre suit cette pompeuse déclaration, puis une main de ténèbres apparaît et se referme sur ma gorge pour m'étouffer lentement. Ce qui ne m'empêche pas de croasser d'une voix fêlée en tâtonnant de ma main la plus valide en quête d'une arme, de quelque chose à lui balancer à la figure:
"Tombée de ton perchoir, la goule?"Ma réplique n'a pas l'heur de lui plaire apparemment car la force occulte qui m'étreint la gorge accentue sa pression tandis qu'une lame courbe vicieusement dentelée apparaît dans mon champ de vision, à quelques centimètres de mes prunelles:
"Tu seras moins faraud une fois que je t'aurai tranché la langue, sale petit elfe..."La main sombre se dissipe comme brume matinale au soleil, aussitôt remplacée par celle, osseuse et glaciale, de l'être maléfique dont les doigts se reploient comme des serres sur ma gorge. De l'autre, il insère la pointe de sa dague entre mes lèvres et tente de forcer le rempart de mes dents serrées, sans succès car je détourne la tête d'un violent soubresaut, quitte à m'infliger une sanglante balafre sur la joue au passage. Je retiens de justesse un hurlement de douleur, bien déterminé à le forcer à m'achever avant de lui concéder ma langue, non qu'elle m'ait si bien servi que je ne puisse m'en passer mais ce n'est pas une raison. A cet instant, mes doigts fébriles se referment sur un caillou de la taille d'un pamplemousse et, puisant dans mon désespoir les forces qui me font défaut, je l'assène violemment dans la face nécrosée qui me domine. L'être glapit de douleur et de rage mêlée en s'écartant, preste comme un serpent, ce qui me permet de me redresser la moindre et d'aspirer une grande bouffée d'air. La souffrance qui jaillit de ma poitrine à cette inspiration me fait défaillir et parsème ma vision de points noirs, mais la panique qui menace de me submerger définitivement est telle que je trouve au tréfonds de mon être les ressources pour rester conscient.
Il se produit un phénomène étrange lorsque l'on frôle l’abîme. Le temps semble se décomposer en une infinité d'instants extraordinairement clairs, tout paraît se dérouler au ralenti, tout devient limpide. Ce n'est qu'une impression, bien sûr, mais on a le sentiment d'avoir tout le temps du monde pour agir alors qu'en réalité on ne fait qu'assister, impuissant, aux événements. Du moins est-ce le cas pour le commun des mortels mais, si je suis mortel ainsi que me l'a bien assez rappelé le maudit qui se palpe le crâne d'un air outragé, je ne suis pas commun. Ne voyez là aucune prétention, je ne fais qu'énoncer un fait. Je suis un guerrier, ces instants étranges où tout semble presque figé, ces infimes mais interminables secondes où l'on frôle la mort, je les ai vécues de nombreuses fois. Or les êtres vivants sont ainsi faits qu'ils s'accoutument à tout et n'importe quoi, la peur, la douleur, la faim, ces instants paradoxaux, tout. Le commun des mortels est condamné à observer sa fin approcher sans pouvoir réagir, j'en ai longtemps fait partie, mais ce n'est plus le cas.
A une quinzaine de mètres de moi, je vois les ruines de la colonne, brisée en plusieurs tronçons, qui a écrasé le titan osseux sous son dais de roc. Je vois aussi, à quelques trois mètres, le sombre maître de ces catacombes qui s'efforce de juguler la douleur de son crâne ébréché. Sans doute n'a-t'il pas ma tolérance à la souffrance, l'habitude, encore. Le temps s'écoule si lentement que j'ai l'impression qu'il lui faut des heures pour amener ses doigts cadavériques de son occiput saignant à ses yeux, qui s'écarquillent millimètre par millimètre. Plus haut, des lueurs orangées emprisonnées dans leurs cages de fer noir, elles pourraient sembler sinistres mais je ne peux m'empêcher de les trouver belles. A moins d'un mètre de ma main religieusement fermée sur son caillou gît la légendaire lame d'Eden, posée là, comme ça, triste et abandonnée. Un rictus propre à faire cailler du lait naît sur mes lèvres ensanglantées, le temps reprend son cours pressé et inexorable.
Je roule sur le côté en lâchant mon caillou, bandant toute ma volonté pour surpasser l'intolérable souffrance que cela provoque en moi. Ma main tendue et désormais libre s'empare de l'épée épurée de mon illustre ancêtre, je grogne trois syllabes, brèves, le Verbe Divin ne s'embarrasse pas de fioritures oiseuses. Un puissant tigre apparaît, et bondit sur mon ordre impérieux:
"Bouscule! Tue!"Le fauve percute l'être, il ne parvient pas à le blesser car ce dernier est largement assez redoutable pour se protéger d'un tel assaut, mais cela le contraint à reculer de quelques pas pour se débarrasser du félin runique. Dans mon corps, les fleuves argentés de ma force spirituelle se font tempête, vents furieux et colériques qui trouvent leur exutoire en parcourant toute la longueur de ma lame. Ils en jaillissent, avides de liberté, soufflent de toute leur sauvagerie élémentaire jusqu'à percuter avec une précision parfaite une chaîne noire comme une nuit sans lune.
(Ô Rana, prête-moi ta force, juste un instant, je t'en prie!)La chaîne ancestrale cède sous le coup de boutoir, le lourd brasero de fer rempli de charbon ardent à ras la gueule chute, inexorable, alors que mon tigre se meurt sous l'effet d'un sortilège plus sombre encore que le fer calciné. L'être lève les yeux, sentant d'une manière ou d'une autre qu'un danger le menace, mais il est trop tard. Le fer et le feu sont sur lui, implacables, et le jettent à terre dans une somptueuse gerbe d'étincelles. Le choc ne le tue pas, mais le feu toujours affamé s'empare de ses frusques bien sèches malgré les tapes désordonnées qu'il assène aux flammes dévorantes. Deux ou trois secondes encore et c'est sa peau que le brasier entreprend de ronger, le hurlement qu'il pousse alors n'a rien d'humain, ce n'est qu'une stridence suraiguë qui pourfend le ronflement grave du feu et mes tympans par la même occasion. Les prunelles malveillantes de l'être, désormais emplies d'une terreur sans nom, croisent les miennes un bref instant. Il a une couronne de flammes, maintenant, le reliquat de sa tignasse se consume comme de la paille en crépitant et en répandant une odeur nauséabonde. Je lui souris, plus froid que le givre, juste avant que ses globes oculaires ne commencent à fondre. Sans doute n'est-il plus en mesure de m'entendre mais je n'en ai cure, je lui dois bien une petite oraison funèbre:
"Je garderai ma langue, finalement."