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 Sujet du message: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Lun 30 Nov 2009 20:05 
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Alors que vous quittez la pièce plutôt bien architecturée du dessus, vous tombez lourdement (-1PV chacun) sur un sol de terre. Le coffre de Rose résiste bien au choc et va se loger dans un coin de la pièce. C’est une pièce ovale avec un passage sur un couloir qui tourne quelques mètres après sur la droite.

Vous êtes éclairé par quelques torches accrochées au mur et elles diffusent une lumière chaleureuse et bienveillante dans cet antre sombre. En effet, vous êtes dans une grotte, totalement coupée de toute lumière naturelle. Ici, les murs sont presque glaiseux et il y a de nombreux affleurements rocheux. Au sol, vous marchez entre les pierres, la boue et la terre.

Pourtant, malgré l’endroit, la pièce est chaude et l’air semble réchauffé par une malsaine magie. Vous entendez au loin des cliquetis de chaînes, des bruits lourds de pas et l’étouffement des plus grandes plaintes de cet univers… Du moins c’est l’impression que vous en avez.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mer 2 Déc 2009 22:51 
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La chute infernale et pesante est enfin terminé, elle m’a paru éternellement sans fin; heureusement que le choc de la réalité surtout celui du sol en terre m’a ramené d’entre les vivants. Le saut plongeant en position de piquet que j’ai fait pour tomber ne m’a pas aidé comme je l’ai cru.

Dès le contact avec le plancher des vaches, en me réceptionnant avec les jambes en pilon; une compression cinglante s'est lancée tout le long de mes guiboles me faisant tomber les genoux à terre telle un fanatique priant sa divinité. La douleur est parti, cependant ce n’est pas fini car une autre petite convulsion sur la jambe gauche achève l’œuvre souffreteuse en me faisant basculer sur le côté.

(Ouille! Douille! Douille...! Quelle fleur bleue je vous jure!)

Subséquemment, les jambes tremblantes comme des feuilles, je me relève avec mes bras indemnes et salis par la boue humide qui me colle aux basques telle une sangsue accrochée à sa victime pour sucer son sang. Croyant n’avoir rien, je pose un pas devant et tac une autre convulsion fait sa petite randonnée à travers de ma cuisse pour finir sa course dans mon articulation, à cause de ça une angoisse de paralysie m'envahit de toute part.

En sentant cette secousse, je me retiens laborieusement près de la paroi la plus proche. Après une profonde respiration, je recommence ma manipulation pédestre, mais sans que je m’en rends compte en avançant; ma jambe gauche fait sa fâchée.

(Et Bam! Voilà que je boîte comme un vioc, il ne manque plus que la canne pour leur ressembler! Ouais! D’un côté d’un point de vu humain je suis vieux surtout par l’âge; quand ils l’ont, ils ont presque déjà un pied dans la tombe…! Arrête de divaguer! Contemple plutôt où sommes-nous?)

Je claudique légèrement semblablement à un cheval de trait à qui on aurait retiré son fer vers le centre de la pièce. Malgré les tiraillements qui montent à l'assaut de ma cuisse, je tourne sur moi-même telle une girouette recherchant le Nord pour observer les alentours. (Tiens! Une pièce à la forme ovoïde, cela change d'en haut, au moins c'est éclairé ici! Et en plus il n'y a qu'une seule issue c'est simple pour se diriger! Regarde au-dessus! Mais, qu'est-ce que? Un plafond rocheux, une grotte! T'en que ce n'est pas un tombeau! Je n'aimerais pas rencontrer des esprits, ils sont chiants à occire! Raaah! J'en ai ras de bol!)

Les divagations songeuses étant passées, je me rapproche de l'entrée qui me semble plus être la sortie de cette ellipse caverneuse, la seule présente à mes yeux; elle est le commencement d'un couloir. Des sons déconcertants que j'écoute avec une certaine attention parcourent les murs de l'infrastructure souterraine ressemblant à ceux que j'ai entendu lors de mon incarcération temporaire que j'ai passé dans un de ces lugubres cachots avant le bannissement. (Les mêmes! Les pas, les bruits de ferraille et tout le baragouin qui s’en suit! Hé ho! Ne rentre pas dans ce jeu! J’ai compris! Cela doit être ton inconscient qui joue aux dés pipés avec ton esprit!)

Par la suite, après avoir prêté mon oreille à cette ambiance inquiétante et bizarroïde; je jaillis ma nouvelle épée verte hors de son fourreau avec une dextérité que je ne reconnais pas pour partir en quête du danger qui peut surgir en tout instant. (J'espère que je vais passer quelque chose par le fil de ma lame, juste pour la tester!)

Avant de m'engager dans le couloir, je palpe l'encadrement rocheux pour chercher le moindre piège ou mécanisme caché dans l'encolure, puis d'un pas téméraire et incrédule et l'arme en garde je m'engouffre en souhaitant que le ciel n'aille pas me tomber sur la tête. (Allez! Il faut y aller; je n'ai pas envie de traîner ici! Pourvu que cette foutu jambe ne lâche pas en cours de route!)

Quelques encablures trépassent sous mes bottes pressées, je rencontre un coude affleuré qui tourne sur la droite. Suivant la courbe, je m’enfonce continuellement dans l’inconnu qui se présente à moi. (Où cela va nous menés? Que sais-je?)

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Dernière édition par Talion le Mar 22 Déc 2009 21:02, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Jeu 3 Déc 2009 12:01 
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Le sort fut relativement généreux. La chute parut fort longue, mais prit fin avant que la vitesse ne promît la mort comme inséparable compagne du heurt. Un souffle glacé vint la cueillir en plein vol, séchant les larmes qui n'avaient pas eu le temps de couler et calmant la fièvre. Cette agression fut finalement bénéfique, puisqu'elle vainquit également les traîtresses séductions du sommeil. La jeune fille eut l'enfantin réflexe de mettre les bras en avant, et elle fit bien : elle s'effondra sur un sol terreux et n'en eut pas trop de mal. C'était une glaise sèche, poreuse, comme si aucun pas, aucune patte ne l'eût jamais foulée, comme si aucun poids ne fût jamais venu aplanir et compresser ce sol étrange. Cela constitua pour Rose le meilleur des filets ; néanmoins, elle ne put retenir un cri de douleur. Ses bras et ses jambes étaient, grâce en soit rendue à Moura, gelés mais indemnes. De son flanc, en revanche, s'écoulait encore un régulier filet de sang. Après s'être adossée au mur de pierres dans un sombre renfoncement, Rose reprit son souffle, comprimant de ses deux mains sa hanche pour qu'elle ne saignât plus, et examina la pièce dans laquelle elle avait chu. De forme ovoïde, cela ressemblait quelque peu au piège précédent, les murs étaient fort hauts, des parois de briques grossièrement taillées, empilées les unes sur les autres avec une précision douteuse et couvertes de poussière et de boue séchée. Le centre de la salle, à ce propos, était bourbeux, à la lumière des rares torches l'on eût dit un de ces marécages maudits qui constituaient de mortelles embûches pour les habitants d'autres contrées, dont parlent les contes. Notre amie de fit pas même l'effort de s'étonner de ce qu'il y eût des torches allumées, ni d'en tirer les conséquences. En périphérie de cette flaque fangeuse, le sol remontait légèrement, constitué soit de pierre, soit de cette terre sèche et cotonneuse sur laquelle elle était tombée.
L'air qui régnait céans avait un étrange goût de damnation, de malveillance, comme s'il était... imprégné de désespoir. Au loin, l'on entendait une confuse rumeur, dont Rose n'aurait su dire ce qui pouvait bien la produire.
Lorsqu'elle vit le coffre échoué non loin d'elle, elle se pencha pour le prendre, non sans une douleur certaine, et le posa sur ses genoux. A l'examen, il était intact... encore un miracle.


(Un miracle... Non, pas vraiment. Le métal et le bois sont plus solides que mon frêle et vulnérable squelette. C'est normal. Tu tiens ton mystère, coffret. Et moi... dès que nous serons sortis de tout cela, toi et moi, je verrai bien ce que tu contiens, cette prétendue magie terrible. AAH!)

Une obscure masse avait traversé la pièce du plafond jusqu'au sol, et à-demi plongé dans la boue. Le souffle de la jeune fille se figea de terreur, et en se blottissant davantage contre le mur elle fixa cette chose informe qui s'agitait, semblait se relever lentement, alternant mouvements précautionneux et brusques convulsions. Cela ne l'avait pas remarquée, distraite à la vue et aux vacillantes lumières par l'ombre de son alcôve.

Cela s'accola au mur, à l'opposé de la pièce par rapport à l'enfant. Une torche brûlait au-dessus de la créature, ainsi Rose ne pouvait-elle distinguer son visage penché vers la terre. Lorsque la masse commença à avancer, elle remarqua tout d'abord son instabilité évidente : elle oscillait d'un côté à l'autre, en de grotesques et impulsifs mouvements. Rose était encore pétrifiée d'effroi, et n'aurait osé se pencher pour tenter de distinguer le visage du monstre boueux, sortant ainsi de sa rassurante cachette. C'est alors qu'il se redressa.


(Sigdral !)

Elle resta un instant interdite, le temps de calmer son angoisse.

(Par Moura, quelle peur... Le voilà claudiquant et couvert de fange. Je dois... je dois me contrôler. Mon imagination en ces lieux ne doit pas être libre d'offrir d'autres épouvantes que celles qui nous sont réellement imposées.)



Se détendant, la tête appuyée contre le fond de son alcôve, Rose se reposait. Son esprit libre, abattant les lourdes murailles qui entouraient son corps, s'envolait vers des fantaisies étranges, de pittoresques chimères. Ici elle n'avait plus froid, l'air était chaleureux et les lumières douces et faibles. Son côté avait cessé de saigner, elle laissa retomber ses bras sur la terre fine et sèche ; et elle glissa dans une légère somnolence.

Ses pensées affectées par la folle chute qu'elle venait de faire ainsi que par la confuse aura peu accueillante qui semblait flotter dans l'air de la salle, voletaient d'elles-mêmes dans un flottant enchaînement d'incohérentes images. Elle méditait passivement à une chose qui, à la réflexion, était bien vain : le chemin qu'ils avait fait depuis leur arrivée. Comment elle était parvenue dans la cathédrale après s'être soudainement évanouie de la clairière où elle s'était éveillée au matin, elle ne le concevait pas, ne pouvait formuler la moindre hypothèse à ce sujet. Elle laissa donc là cette épine, se concentrant sur la suite du trajet parmi toutes les évolutions imaginantes qui passaient, tout à fait étrangères à son souci de plan géographique, et qui ne demandaient qu'un éclair d'attention sans troubler le déroulement de sa réflexion. Ainsi passèrent Amaryliel, le brachyu, Sualef et Julie, peu exigeants, semblant lui souffler à l'oreille : "Nous ne faisons que passer, repose-toi, enfant participant à notre existence, mais tu ne perds rien à attendre... Les soucis que nous sommes pour toi ne te quittent pas, nous serons là, nous reviendrons forcer ta conscience et ton angoisse en temps voulu."
Elle avait atterri dans une salle très grande, déjà enfouie sous la terre. A en juger par l'humidité qui y régnait, il était impossible de dire quelle distance les séparait du jour, mais ce ne devait pas être trop profond ; autrement, l'on n'aurait pas pu soulever ou creuser la terre pour bâtir un tel édifice. La cathédrale avait des fenêtres, elle avait donc pu être bâtie à l'air libre, puis ensevelie par les lents mouvements de la terre. Ce ne pouvait donc pas être très loin enterré, mais l'elfe n'était pas en mesure de l'affirmer. L'espoir qui l'animait lui était offert par l'air, l'air qu'ils respiraient sans difficulté aucune. Il venait forcément de la surface, et pourtant la solennelle galerie ne comportait pas d'autre ouverture que la porte qu'ils avaient tous quatre actionnée. Ces chemins, aussi profonds qu'ils descendissent, en comptait au moins un qui finissait par remonter, remonter vers le ciel.


(Et si ce chemin était unique, et si c'était le tunnel vertical qui montait de la crypte... Alors, je suis perdue.)

La petite elfe avait songé cela avec un doux sourire.
Le chemin entre la porte à la clepsydre et la crypte mortelle n'avait point été long, quelques minutes seulement, et il dévié vers le levant. Rose suivait le plan dessiné en pensée. Malgré l'impression qu'elle avait d'avoir parcouru des lieues et des lieues, durant des jours, elle devait bien se rendre à l'évidence de la rationalité : ils ne s'étaient pas tant déplacés que cela, et aussi oppressant qu'avait été le temps, il ne s'en était pas écoulé plus prestement. Elle devait présentement se trouver au-dessous de la crypte si l'on supposait, comme de raisonnable, que sa chute avait été verticale. Le dessin de ces aléas était très clair dans la tête de l'enfant, et ses pensées se tendaient à présent vers l'avenir. Qu'y aurait-il après? Où irait-elle, et Sigdral, où iraient-ils?
Un bruit l'éveilla en sursaut. Se redressant, elle percuta la pierre de son front. C'était un sinistre grincement qui l'avait tirée de son dangereux sommeil, comme le bruit d'un pas d'homme éveille dans la crainte l'animal aux aguets terré dans sa tanière. Sigdral était toujours là, un peu moins bourbeux mais toujours aussi courbé, et venait de tirer son arme du fourreau dans un crissement métallique. Il avait atteint la base de l'ovale, le fond de la salle, et s'engageait prudemment dans un couloir qui en partait, et que l'enfant n'avait pas remarqué. C'était la seule issue. Lorsqu'il eut disparu, Rose attendit un instant puis se leva, gardant le coffre dans ses bras. Elle pouvait marcher, son flanc n'était pas douloureux. Certaines veines avait été tranchées, mais ni les os ni les muscles n'étaient atteints ; pourtant elle boitait légèrement. Elle détacha une des torches, ce qui se fit sans mal tant le flambeau était bas. Contournant la mare de boue, elle longea le mur pour gagner à son tour la porte. Là, elle s'arrêta, essayant de percer du regard l'obscurité de ce nouveau tunnel.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 5 Déc 2009 00:29 
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A votre sortie de la salle, vous tournez dans un coude sur la droite et débarquez littéralement dans un labyrinthe. Ou du moins un endroit glauque, sanglant, puant et dont vous ne connaissiez pas le chemin de sortie.

C’est une sorte de gigantesque couloir dans lequel vous arrivez. Tout est semblable à l’alcôve, boueux et pierreux, éclairé par des torches plus ou moins nombreuses. Devant vous, c’est un mur et les deux choix qui s’offrent à vous sont la gauche ou la droite. A gauche, le couloir rétréci et vous voyez à une trentaine de mètres, un nouveau coude se former ainsi que l’esquisse d’un passage vers vous ne savez quoi. A droite, le couloir continue à perte de vue dans une courbe continue ce qui vous empêche d’en voir le bout. Vous voyez une soixantaine de mètre en avant, et à moins de vingt, vous apercevez aisément un autre passage, assez large et mieux éclairé sur la gauche.

De votre gauche, vous parviennent les bruits de cliquetis métallique alors que les pas lourds semblent venir du long couloir. La seule issue sans bruit est le dernier couloir mentionné, mais il reste terrifiant car il respire une malsaine odeur de maléfisme.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 5 Déc 2009 18:22 
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Sigdral ne devait pas être bien loin devant elle, l’on entendait ses pas résonner sous la basse voûte du sec tunnel de pierre, ainsi qu’un crissement, par intervalles irréguliers ; ce devait être la lame de son épée qui, au hasard de la marche hésitante de son porteur et des saillances du rocher, effleurait quelquefois la paroi. Rose, tenant haut sa torche devant elle, le suivit, à pas hésitants. Elle remarqua quelques entailles nettes et sombres dans la roche. Encore des mécanismes, peut-être, et cette fois Gwaë ne serait pas là pour la sauver. Le couloir était si étroit que même en voyant une dague sortir d’un mur, elle n’aurait pas le temps de faire le moindre mouvement pour l’éviter.
La flamme du flambeau s’étirait, imprimant une sombre trace de suie sur le plafond brûlé. A mesure qu’elle marchait, le sol se rendait plus gluant, la terre se faisait boue, une boue rougeâtre et fétide. L’odeur du feu qui flambait l’huile de la torche préservait quelque peu Rose de ces vapeurs pestilentielles, mais l’impression n’en était pas moins pénible et inquiétante. Elle entendait toujours les foulées du semi-elfe devant elle, qui allait irrégulièrement, accélérant soudainement ou ralentissant leur pensante marche.
C’est alors qu'elle sentit un mouvement sur son bras. Sursautant, baissa les yeux et s’arrêta brusquement, saisie de stupeur : le coffre dans ses bras frémissait, comme agité d’une force recluse à l’intérieur, ou peut-être d’une créature vivante. Il semblait palpiter doucement, d’un faible tremblement presque imperceptible.


(Voilà donc la force magique que les habitants de l'île craignaient tant... Lorsque j'en aurai le temps et que je serai à l'air libre, j'ouvrirai ce coffre. Peut-être est-ce quelque chose de vivant? Il ne serait pas resté si longtemps immobile, et puis l'air ne passe pas à travers les parois. Au fait, je ne sais pas, passe-t-il? Si j'avais de l'eau, je pourrais le savoir, parce que là où l'air peut passer, l'eau le peut aussi. Jusque là, j'espère qu'il ne remuera pas trop... Ce coffret est fascinant. Il ne s'est pas brisé, ni même fissuré, le métal ne s'est pas rouillé, après tant d'années, de siècles peut-être, ou de millénaires, passés sur son socles grossier, à l'air libre plein de l'humidité de l'océan tout proche, dans la forêt. Il n'a eu de cesse de subir heurts et chutes depuis qu'il m'a été... vivement confié, et pourtant le voilà encore comme neuf. Ah, si seulement je pouvais... mais je peux toujours essayer. Si cela l'abîme, ce qui serait étonnant, je pourrai cesser très vite.)

S'arrêtant un instant, elle posa la torche dans une aspérité du mur qui la maintenait verticale ; la flamme assombrit le mur avec la rapidité d'un funeste présage : l'enfant ne remarqua pas cette obscure contagion, mais si elle l'eût vue nul doute qu'elle en eût déduit la plus grande tendance, la plus puissante force et le plus terrible péril qui menaçait... qui menaçait quelque... mais elle ne voulait pas y songer, et puisqu'elle ne le vit pas, elle n'eût pas l'occasion de se le rappeler.
Assurant la position du coffre blotti contre elle, maintenu par un bras, elle observa l'endroit où se voyait la démarcation entre la base de l'objet et la partie haute, qui devait pouvoir s'ouvrir une fois la serrure ouverte. Effleurant le coffret de la paume de la main, elle y apposa une petite quantité d'acide, un liquide corrosif mais assez peu destructeur. La structure métallique de la cassette réagit immédiatement à ce contact venimeux, et prit une dangereuse couleur rougeâtre. Rose cessa immédiatement.


(L'acide est trop corrosif, après tout ce n'est que du métal... Si je pouvais adoucir un peu le liquide, cela irait, et je pourrais éprouver du moins si cela est étanche. Si cela l'est, je serai sûre que rien de vivant ne séjourne là-dedans. Si j'ai pu produire de l'acide, je peux bien le mêler d'un peu d'eau... Enfin, j'espère.)

Elle essaya donc, et n'eut besoin que de quelques essais pour obtenir ce qu'elle pensait être un acide bien plus doux et inoffensif que celui, par exemple, qui lui avait évité de se faire dévorer par le Brachyu. Lorsqu'elle refit un essai, la réaction métallique fut bien moindre, mais Rose ne prêta soudain plus attention au résultat de son expérience, à l'étanchéité du coffre ; elle redevint consciente de la situation. Les pas devant elle s'éloignaient et se faisaient presque inaudibles. Il n'était pas temps de se préoccuper du coffre, à la vérité, d'autant qu'il avait cessé sa danse et qu'elle pouvait le porter sans effort, elle était forcée de reporter son examen à plus tard. Le liquide acidifié mit quelques instants pour se résorber et revenir imbiber sa peau, prêt à revenir à la surface pour la protéger si le danger venait à poindre ; Rose voulut reprendre le flambeau, mais elle eut du mal à en saisir le manche. La chaleur lui sembla plus menaçante, plus douloureuse qu'auparavant. Constatant avec un grand déplaisir que l'acide la rendait bien plus fragile et sensible, elle se baissa et supporta en silence la brûlure, quelque peu agacée de cette soudaine et excessive délicatesse.
Le couloir était encore unique, mais peut-être se scinderait-il en plusieurs voies, et il lui fallait parler à Sigdral avant que de ne pouvoir plus s’orienter dans cette nauséabonde galerie. Aussi pressa-t-elle le pas, tandis que la voie autour d’elle s’élargissait au fur de son avancée. Au loin, les rumeurs qu’elle entendait depuis qu’elle était tombée dans la salle s’amplifièrent et se firent plus précis : c’étaient un fond rythmé de chocs réguliers, comme… comme si une armée déchaussée paradait à lourdes enjambées sur un sol de terre sèche, ou de sourds tambours battus sans répit, sans écho, sans signe de vie, seulement ce battement monotone. Un autre grondement se distinguait du premier : c’était un lointain tumulte de sons métalliques, cristallins. Quelqu’un ou quelque chose jouait avec des objets en métal, du moins c’était ce que cela évoquait à l’enfant. Elle songea à un jeu auquel les enfants hinions s’amusaient sans elle lorsqu’elle était plus jeune, et qui faisait un semblable chahut. L’idée lui paraissait fort invraisemblable, elle passa la main devant ses yeux pour en chasser l’attrait de sécurité et de liberté. Elle s’était elle-même toujours exclue du jeu, mais elle ne pouvait s’exclure de ces murs bourbeux, de ces passages obscurs.
Puis les pas s’arrêtèrent à nouveau. L'elfe pressa le pas, puis ralentit.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 5 Déc 2009 19:43 
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Après avoir quitté cette courbe incessante et éreintante même si cela n'est que quelques mètres que j'ai longés. Ce fichu boitillement est plus une gêne qu'un cadeau, il me pompe de l'énergie de plus ce que j'ai prévu. Je m'arrête pour faire une pause pendant au moins une bonne minute en prenant pour appui mon épée toujours aussi étincelante malgré le voile ombrageux qui l'assaille. Il faut que je prenne soin d'elle étant la seule compagnie physique et condescendante pour l'instant dans cet univers souterrain, mais il ne faudrait pas que je commence à lui parler sinon la folie m'aurait atteint depuis longtemps.

Après avoir retrouvé le second souffle qui ne s'est pas bien caché bien loin, je fais quelques pas encore pour atterrir dans une autre galerie ressemblant à l'endroit de mon point de départ néanmoins elle est plus spacieuse que l'autre. (Peuah! C'est quoi cette odeur, il y a un quelque chose qui à crever dans cet endroit! Elle me rappelle l'odeur des pieds de nain après une bonne marche! J'ai envie de gerber! Retiens-toi!)

Je m'arrête encore à nouveau voyant un mur de pierre devant moi qui a pondu sur mon trajet deux nouvelles voies l'une partant sur la gauche et l'autre vers la droite; deux satanés choix renouvellement imposés à ma réflexion. (Pfff! Maintenant, il faut que le chemin se sépare en deux! Quel dilemme! Dans quel merdier où je me trouve? Où faut-il que j'y aille? À gauche, à droite, à droite, à gauche, à dr...! Bouse de gnome, Fils de nain à trois pattes, Antre de lutin pourri, Cerveau de cadavre ambulant; je m'égare! Arrête de jurer comme un charretier cela ne fait pas avancer les choses! M'en fous, cela me détend!)

Le cœur battant identique à un tambourin de guerre, les nerfs à vifs, le cerveau qui surchauffe devant ces deux options imposées comme pour éprouver psychologiquement les plus braves même si je ne fait pas parti de ce cercle. Ruminant ma rage à l’intérieur tout en tirant la gueule ressemblant à un chien prêt à mordre quiconque qui s’approche; je décide de me poser dans un endroit semi-sec en plantant l’épée cérémonieusement dans la terre boueuse devant moi, m’asseyant en position du lotus pour méditer et calmer la tension qui grimpe à flèche.

« Sithi, Lune protectrice! Guide-moi à travers l’obscurité par ta belle clarté blanchâtre! Par ta profonde sagesse, aide-moi à calmer mes doutes!» prie-je en tenant fermement la garde sombre de mon arme comme pour communié avec elle.

Continuant ma méditation, je me sens observer par une présence derrière moi. Mes yeux s'ouvrent pour regarder la lame de mon épée en l'utilisant comme un miroir pour chercher le moindre reflet de la personne ou de l'entité qui se trouve derrière moi. Ne décidant pas de tourner la tête en pensant que c'est juste un effet d'optique venant du tamisage de l'environnement. Soudain, les yeux exorbités accompagnés par une appréhension incessante qui remplace ma nervosité, je remarque que un faible halo de lumière qui dévoile un visage sur la lame.

« Qui va là ? Si, Sithi…! »

(Arrête de rêver, ce n’est pas elle! Alors si ce n’est pas ça! Qui ça peut-être? Un orque ou pire un spectre! Non! Ne me dis pas cela! Je ne les aime pas!)

« Si vous ne répondez pas! Je vais rajouter votre nom sur ma liste par le fil de ma lame!»

Je reste les yeux fixés sur le miroir vert improvisé pour éviter de regarder le danger potentiel dans le blanc de ses yeux. Je revois le visage une seconde fois, c'est celui d'un enfant maladif, il me met cette fois-ci la puce à l’oreille.

(C’est l’elfe pâle, comment elle s’appelle déjà? Le nom d’une plante si je m’en souviens! Violette, non! Pétunia, non! Cela commence par un R! Ronce, non! Plus délicat! Ça y est! Rose! Bravo t’as trouvé! )

Résolu par cette idée, je me relève sans me retourner en portant l'espoir que ce n’est pas un esprit ou toute autre chose surnaturelle qui s'amuse à faire le trompe-œil et d’une voix posé.

« Rose, c’est bien vous? Si c’est vous, alors on se retrouve dans le même merdier! Gauche ou Droite? Je proposerais d’aller sur la gauche, j’ai entendu des bruit de pas, ils pourraient provenir du propriétaire de ces lieux! Qu’en pensez-vous?»

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 5 Déc 2009 20:53 
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(Si Sigdral s'est arrêté... Cela n'est peut-être pas bon signe. Pas trop vite, qui sait ce qui nous attend plus loin? Ah, cet air étouffant... Le passage s'élargit encore, c'est une galerie que j'aperçois là-bas. En même temps, la lumière de la torche est assez aveuglante, paradoxalement. Que fais-tu, feu? Tu voiles les yeux que tu devais éclairer. Le feu... mon rival, mon ennemi, mon complément. Je serai toujours plus forte contre toi, flamme, et jusqu'à ce que les dieux deviennent fous, moi, Aquatique, je serai toujours vainqueur de notre affrontement. Flamme spirituelle, au sommet de l'échelle... Au sommet, peut-être, mais moi qui suis tout en bas, moi qui suis la matérialité elle-même, plus pure encore qu'une quelconque incarnation, je l'emporte à chaque instant, et l'emporterai finalement. Éclaire mes yeux, mon inverse, guide-moi hors de cette fange qui... qui me fait peur.)

Et l'inverse accéda à son souhait : envoyant ses rayons plus loin encore devant elle, il heurta de sa lumière une surface brillante, et renvoya au regard de l'enfant des Eaux le reflet d'un objet métallique. Elle s'arrêta, les yeux fixés sur cet éclat blanc, et y crut distinguer un visage. Secouant la tête pour ne pas être à nouveau soumise à la force de son imagination délirante, délivrée de toute censure par les ardentes pressions dont Rose était la cible depuis de longues heures, elle s'avança doucement, comme pour ne faire aucun bruit. Elle entendit alors une voix vacillante, incertaine, qu'elle reconnut sans mal.

"Sithi, Lune protectrice! Guide-moi à travers l’obscurité par ta belle clarté blanchâtre! Par ta profonde sagesse, aide-moi à calmer mes doutes!»

(Qui donc invoque la déesse lunaire? Seuls les elfes gris la connaissent, mes parents eux-mêmes ne savent ni son nom ni son culte. Sigdral, un elfe gris? Voilà qui serait surprenant, ou alors il aurait perdu grâce à sa demi-humanité ce caractère arrogant et supérieur que je hais tant, et que les membres de l'Ilu se plaisent à imiter et développer à l'infini. Sithi... voilà bien celle qui ne peut rien pour nous ici, si lointains du ciel et de l'air et de toute chose. Ni étoiles ni lune céans. L'air putride dans mes poumons, l'eau dans mes veines, le feu dans mes mains. Ah, vaine prière que celle-ci...)

La voix continua, son accent ayant perdu la ferveur et gagné l'inquiétude :

« Qui va là ? Si, Sithi…! »

Rose retint un sourire. C'était bien le semi-elfe qui était avec Gwaë, Raliak et elle-même dans la crypte mortelle et au lieu de se tourner vers elle il la regardait dans le reflet qu'elle avait aperçu, sans doute celui d'une lame. Il la prenait donc pour la déesse qu'il aurait voulu invoquer dans ces profondeurs sordides, dans ces couloirs sans cieux ni étoiles. Doux songes, fort périlleux.

(Cela se voit depuis le début, monsieur. L'angoisse, la terreur vous gagnent rapidement. Je ne sais pas si vous êtes un bon combattant, mais si vous triomphiez auparavant de vos batailles, vous succomberez dans celle qui nous est imposée. Le poids mental est bien lourd, trop lourd, nos enveloppes physiques ne sont blessées que de manière secondaire.)

La tension de la voix croissait encore. L'homme menaçait cette fois de l'occire.

"Du calme, Sigdral..."

Rose fut elle-même surprise de la faiblesse de sa voix. Elle avait murmuré cette phrase, tant qu'elle douta un instant de l'avoir réellement prononcée. Pourtant, le semi-elfe, à quelques distance devant elle, parut se calmer.

« Rose, c’est bien vous? Si c’est vous, alors on se retrouve dans le même merdier! Gauche ou Droite? Je proposerais d’aller sur la gauche, j’ai entendu des bruit de pas, ils pourraient provenir du propriétaire de ces lieux! Qu’en pensez-vous?»

L'enfant ne comprit pas, tout d'abord, de quoi il parlait. Si elle restait en retrait et n'avançait pas jusqu'à lui, c'est qu'elle ignorait encore la raison de son arrêt. Sans répondre, elle baissa légèrement sa torche pour que sa flamme n'altérât pas sa vision, et porta son regard vers le couloir devant elle. Il y avait, en effet, de quoi s'arrêter et s'asseoir un bon moment : un carrefour circulaire s'ouvrait, plus large que le tunnel dans lequel ils se tenaient encore, et présentait ce qu'elle redoutait le plus : un embranchement. Ils étaient tous deux assez larges, et chacun s'éloignait, promettant des chemins fort douteux et se dérobant à la vue après quelques mètres seulement. Du premier, venaient les incessants cliquetis qui avaient éveillé dans l'esprit de la jeune fille des souvenirs mornes mais liés à sa vie de Luinwë ; ce couloir était assez étroit, de même taille que celui dans lequel elle se trouvait, et proposait un second embranchement, plus petit encore. La galerie de droite était bien plus large, et résonnait des pas réguliers, des armées en parade, des tambours des rituels primitifs ; ce souterrain se divisait encore en deux voies distinctes : l'une bifurquait rapidement, et l'on n'en pouvait apercevoir que l'espace de faire quelques pas ; la seconde, plus large et plus abondamment parée de hauts flambeaux aux manches ouvragés, invitait le regard à se perdre dans les intervalles de lumières et d'ombre, à perte de vue. L’enfant revint au semi-elfe dont elle put constater, dans le reflet de la lame, l’extrême pâleur.

" C’est moi. Les pas… écoutez comme ils sont réguliers et constants. Le maître des lieux est donc un rigoureux milicien qui fait les cent pas. C’est si fort, cela a l’air de venir de loin, je doute fort que ces pas soient ceux d’une seule personne. Ce rythme me fait peur, c’est si constant et si répétitif que… cela donne une impression d’éternité. Je ne veux pas… je ne voudrais pas passer mon éternité ici. »

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 5 Déc 2009 22:11 
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" C’est moi. Les pas… écoutez comme ils sont réguliers et constants. Le maître des lieux est donc un rigoureux milicien qui fait les cent pas. C’est si fort, cela a l’air de venir de loin, je doute fort que ces pas soient ceux d’une seule personne. Ce rythme me fait peur, c’est sin constant et si répétitif que… cela donne une impression d’éternité. Je ne veux pas… je ne voudrais pas passer mon éternité ici. »

(C’est bien elle! Ouf! Ce n’est pas un fantôme! Plus besoin d’avoir les choquottes! Tu peux être tranquille!)

Rassuré par la voix féminine que je viens d’entendre, je retire avec fougue l’épée du sol comme dans une certaine légende oublié qui parle de rocher et d'épée magique dont je tais le nom pour éviter des poursuites. Je la nettoie minutieusement de la même façon qu'un trophée cher à son coeur avec un pan de ma manche pour la remettre en bandoulière comme quand on porte un carquois de flèches et un arc. Je m’époussette les habits encrassés pour me rendre plus présentable face à la gamine.

(Argh! Je me salis tout le temps! Pourquoi, pourquoi je vais toujours dans des zones insalubres, cela me gonfle! Et pourtant je ne suis pas un de ces maniaques où tout doit briller dans les moindres recoins? "Nettoyer jusqu'à se tuer à la tâche"! Il devrait prendre ceci comme devise, ces toqués!)

« N’ayez aucune crainte! Pas question que nous n’allons pas passer nos vies ici, je peux vous le promettre! Quoique qu’il m’en coûte, je sortirai de cet endroit par le gré ou par la force. Mais, pour revenir au sujet; vous avez raison, la créature ou la personne n’est pas forcément seule néanmoins on peut savoir d’où peut venir le danger alors que dans la voie de droite, il me semble rien entendre ce qui m’inquiète un peu ne sachant pas sur quoi tomber! » Dis-je d’une voix assuré pour masquer le doute qui m’a envahit.

Je fais une pause pour reprendre mon souffle qui commence à m'agacer de me prendre à la gorge comme si une force invisible est en train de m'étrangler.

« Dommage qu’il n’y a pas quelque chose dont on pourrait se servir pour faire une reconnaissance du terrain, cela aiderait bien!»

(Je n'ai rien sur moi à part cette fichu cape de dissimulation! Foutre de diantre! Dans quelle panade, je me situe!)

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Sam 5 Déc 2009 23:43 
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Relevant les yeux vers le guerrier, Rose le vit reprendre quelque peu ses couleurs naturelles, la mortelle pâleur qui avait gagné chaque visage depuis que les murs s'étaient mis à les menacer, quittait le sien en laissant une tremblante lueur dans son regard, celle de la crainte dans laquelle ils devaient graviter sans cesse, comme si elle eût été leur air, leur milieu, comme si chaque chose qu'ils voyaient et qu'il leur serait donné de voir, n'étaient et ne seraient que des inventions de cette Reine Terreur ; comme si, emportés dans un flot d'instable délire dans lequel la raison se perdait peu à peu, ils étaient tous les quatre les hôtes et les jouets de cette Dame au blanc manteau et aux ruses infinies, les victimes de l'ennui chronique dans lequel cette morne Impératrice vivait, et qui ne manquait jamais de cruauté ni d'ingéniosité pour tromper la langueur dont rien ne pouvait la départir. Rose songea que, si dans ce sanglant souterrain ils étaient deux marionnettes idéales, déjà altérées par son précédent divertissement, Raliak et Gwaënelle là-haut n'étaient, peut-être, pas en meilleur état et situation qu'eux, et elle se prit à souhaiter qu'ils aient encontré meilleure fortune.

Sigdral se leva prestement, sans doute rassuré d'avoir vu ses fantasmes divins détrompés, bien qu'un fugace regard en la direction de l'enfant lui apprît qu'une certaine déception se mêlait à ce soulagement. C'était bien dans la lame d'une arme qu'elle avait vu son reflet, en approchant de quelques pas elle put discerner l'épée, c'était celle qu'il avait achetée au moine Karzik.


(Ah, cette immense salle au moine dans laquelle je suis atterrie, mon dos s'en ressouvient, comme elle semble lointaine ! Il me semble avoir parcouru tant de chemin depuis, et pourtant... pourtant elle doit être toute proche, puisqu'il ne nous fallu que quelques instants de marche pour parvenir à la crypte, et que nous sommes à quelques mètres de la salle que la crypte surplombe.)

D'un grand geste assez imprudent, le semi-elfe dégagea l'arme de la terre dans laquelle il l'avait enfoncée, d'un air presque héroïque.

(Je préfère presque cela... Quoique le sentiment de sa vaillance et de son courage ne soit pas forcément la meilleure idée pour lui. Il sera plus capable s'il est sûr de lui que s'il se tient misérable, mais... s'il ne doute plus de rien et surtout pas de sa force, je crains le pire. Quant à moi... je lévite dans un état dangereux. Je dois faire attention à cela à chaque instant, et quoiqu'il advienne je ne devrai pas détacher ma pensée de cela : il faut rester calme, garder le contrôle sur mes réactions. Rien que cela n'est plus important. Et lui... il faut le surveiller.)

« N’ayez aucune crainte! Pas question que nous n’allons pas passer nos vies ici, je peux vous le promettre! Quoique qu’il m’en coûte, je sortirai de cet endroit par le gré ou par la force. Mais, pour revenir au sujet; vous avez raison, la créature ou la personne n’est pas forcément seule néanmoins on peut savoir d’où peut venir le danger alors que dans la voie de droite, il me semble rien entendre ce qui m’inquiète un peu ne sachant pas sur quoi tomber! »

Il marqua une pause, probablement involontaire. Encore un signe qui n'augurait rien de bon.

"Dommage qu’il n’y a pas quelque chose dont on pourrait se servir pour faire une reconnaissance du terrain, cela aiderait bien!»



L'enfant soupira. Tandis qu'il parlait, elle était passée devant lui, évitant de peu le tranchant de l'arme, et s'était avancée jusqu'au carrefour. Là, le plafond était beaucoup plus haut, et la lueur du flambeau y fit un tout autre effet : alors qu'il était toute-puissance aveuglante dans le couloir exigu, dans cette salle il faisait figure de bougie parmi la nuit, d'une lampe allumée dans l'immensité et luttant de toutes ses forces pour éclairer un cercle un peu plus grand, imitant des humains la vanité. Elle n'en écouta pas moins la harangue du semi-elfe, puis, perplexe, se tourna vers lui.



"Monsieur... Vous ne pouvez rien me promettre, nous sommes tous quatre jetés dans un océan auquel aucun de nous, détrompez-moi si je m'égare, ne comprend rien. Il n'est pas temps de promesses, croyez-moi. N'avoir aucune de crainte ici serait être un preux habitué à ce genre de situation, et pour ma part je ne le suis pas. On m'a souvent traitée d'inconsciente, mais je ne le suis pas encore assez pour ne pas appréhender ce qui va nous arriver par la suite. Ces pas, je vous l'avouent, ne me rassurent pas du tout, et s'il n'y avait que moi je choisirais ce couloir, là, celui de droite. Qui tourne vers la gauche, il a l'air mieux éclairé et du moins de là ne vient aucun avertissement.
Vous n'entendez pas? De la gauche on entend des bruits de ferraille, je ne sais qu'en penser. Il nous faudra, monsieur, notre gré et toute notre force."


Se détournant de lui, elle se dirigea lentement vers le tunnel qu'elle avait indiqué comme celui qui l'effrayait encore le moins. S'engageant dans le couloir de droite, elle prit garde de tenir tous ses sens en éveil, son regard balayait l'entour, son oroeilles attendait le moindre son qui eût pu lui en apprendre davantage sur sa destination. Lorsqu'elle parvint à l'entrée de la voie qu'elle voulait emprunter, une vague d'horreur l'envahit et la figea. Elle se mit à trembler légèrement, saisie d'effroi, sans avoir rien vu ni entendu de particulier. Elle recula puis revint vivement au premier embranchement, pâle comme la mort.

"Je... Je suggère que nous n'allions pas par là. Je ne sais pas, il y a quelque chose qui... par là... Je ne puis vous expliquer. Allez voir par vous-même si vous le voulez. Je voudrais ne pas retourner par là-bas... rien ne nous indique quel choix est le moins dangereux."

Ceci dit d'une voix qu'elle affermissait volontairement pour ne pas faire transparaître trop fortement l'impression qu'elle avait eue, elle fit à nouveau volte-face, serrant dans ses bras le coffre, et se dirigea cette fois vers le tunnel de gauche.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mar 8 Déc 2009 22:45 
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Lorsque vous vous engagez à gauche, vous débouchez après trente mètres sur un cul de sac. Cependant, en regardant de plus près, vous distinguez une ouverture qui fait un coude vers une pièce plus éclairée. C’est de là que viennent les grincements métalliques.

En avançant un peu plus près, mais en restant dans l’ombre, vous verrez par jeu d’ombrage le contenu de la salle. Vous voyez une ombre que vous identifiez comme elfique qui aiguise sur une meule, une paire de grosses lames. Il est très massif et semble très armé. Derrière lui, vous voyez l’ombre de cinq tables sur lesquelles reposent ce que vous pouvez imaginer être des corps. Vivants ou non, vous ne le savez pas encore, mais là réponse serait peut-être lourde en conséquence pour vous.

Vous n’arrivez pas à distinguer de porte grâce à l’ombre.

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Quatrinette pour les intimes, n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour y répondre ;)
Merci à Itsvara
Et surtout, bon jeu à tous !


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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mer 9 Déc 2009 00:12 
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La gamine est passée devant moi en un coup de vent accompagné par un semblant d'indifférence comme si je parle pour rien dire, je ne lui en veux pas même moi je m'écoute pas souvent. La parlote éphémère étant finie, j'écoute avec intérêt la réponse de Rose.

(Qu’est-ce que j’ai encore dit! Ai-je été maladroit dans ma façon d’exprimer? Bon sang de bois! Qu’est ce qu’elle a? J’ai l’impression qu’elle m’accuse d’en faire trop surtout en terme de courage! C’est vrai, je me surestime un peu pour cacher certainement mon inquiétude, mais bon chacun fait comme il veut pour surmonter ses angoisses; et en plus je suis sûr d’un point, j’ai traversé bien plus d’épisodes douloureux que cette adolescente dans ma courte vie que dans la sienne! Incontestablement! Je suis bien aussi capable que d’autres d’affronter le danger qui peut faire face. Si je veux prendre la piste que j’ai choisi au début et alors j’y passerais!)

Je vois Rose partir dans la direction qu'elle a sélectionnée. Heurté mentalement par ce je viens d'entendre; le visage placide, je ne dédaigne même pas rétorquer.

(Ignore! C'est mieux sinon tu feras qu'aggraver les choses si ce n'est pas déjà fait. Bon, bon! Je laisse outrepasser cette ..., par Sithi! Je ne trouve pas le mot. Et bien! Elle est partie vers la droite, je tiens à ma première idée, je passe par la gauche. Psst ! N'oublie pas de prendre une torche au cas où.)

Respectant mon choix, je prends une de ces torches accoudées au mur d’en face malgré la faible lumière qu’elle fournit, tant que cela permet d’affronter la pénombre traitresse. Accompagné par la flamme rougissante du flambeau de bois, je me dirige sans bruit vers le mur qui scinde le couloir tout en le longeant, m’arrêtant à son rebord pour jeter un coup d’œil dans l’excavation gauche.

(Tunnel en vu! Il se rétrécit, si on vient à m’attaquer ça réduit les manœuvres. Il sera juste pour sortir l’épée dans la position que je l’ai mise, je vais la reprendre sur le ceinturon. Une trentaine, puis tourne en coude, ok! Je me lance! Ouf! Pourvu que je ne fasse pas d’erreur.)

Remettant l’arme blanche dans sa position d’origine sur le ceinturon en tenant textuellement la torche entre mes dents. L’opération fini, la flamme suintante tendu sur le côté; le pas est engagé dans la galerie;brusquement mon geste est interrompu momentanément par la voix de Rose.

(Qué! Qu’est-ce qu’il se passe? Je croyais qu’elle était partie de son côté! Tfa! Elle est bien plus pâle que d’habitude, j’ai la sensation de voir un fantôme défilé devant moi. Elle a vu Thimoros ou quoi! Tu vois je l’avais prévenu, mais personne ne m’écoute jamais.)

En saisissant ces mots, une envie de rigoler me monte à la gorge que j’arrive pour une fois à rapidement à faire taire. Ce n’est pas bien de se moquer des malheurs des autres, j’en ai fait les frais une fois en prenant un pain d’un poivrot qui m’a dit «Ri, Rira mauvais, gloups, euh! Où ch’en était, ah ouish! Celui qui s'est pris un poing dans le nez » dans un de ces honorables établissements miteux qu’on trouve en rase campagne, mon pif s’en souvient rien qu’en y pensant.

« Je vous fais confiance ! Et de toute façon; je vais à gauche! Même si vous n'étiez pas revenu, je serais passé par là; que je vous suives ou pas, n'importe tant que j'arrive à sortir d'ici sans avoir les pieds devant, je serai content.» Réponds-je d'une voix calme et douce.

Doutant qu'elle m'est entendue, je la vois filer vers le tunnel. Lui emboîtant le pas en laissant un bon mètre de distance de sécurité entre nous. Après avoir parcouru la galerie, un mur se présente à moi. (Cul de sac, évidemment! Juste un rien pour compliquer la situation! Regarde! Il y a de la lumière sur le côté!)

Un pas en avant dans un nouveau coude pour atterrir dans une pièce éclairée d'où le tintamarre métallique trouve son point d'origine. Malgré la lumière présente, l'ombre de la salle m'englobe telle une personne aimante qui vous enlace dans ses bras; cependant elle ne me cache pas la forme difforme et massive qui travaille sur une meule, elle est suivie de cinq tables où un tas de je ne sais quoi est posé.

(Tiens! Ce n'est pas un crâne ça! Ouah! J'ai l'imagination qui travaille! Oh! Une meule, dommage que j'en ai pas l'utilité; mon arme n'est pas encore émoussée. Enfin ! Un habitué de ces lieux, même s'il a l'air louche! Faut faire gaffe aux mots!)
Voyant l'ombre menaçante aiguiser son arme, je me place sur le côté de Rose avec la torche dans une main puis la seconde sur le pommeau de l'épée pour réagir en cas de problème qui peut survenir à tout moment, tout en la cachant sous ma cape pour éviter que cela soit pris comme une menace envers l'autre énergumène.

(Un seule geste brusque, je lui fous un coup de torche dans les yeux pour l'aveugler et un coup d'épée là où je pense ou le tiendrai en jeu! On verra!)

Aucune parole ne sort d'entre mes lèvres pour éviter de dire une bêtise tout en dévisageant la scène, je ne ferais pas un bon diplomate en temps de guerre; ma tendance ne penche pas vers le verbe mais plutôt celle du sang.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mer 9 Déc 2009 20:08 
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Encore passablement commotionnée par la pénible expérience qu’elle avait faite en s’approchant du couloir trop calme, trop silencieux pour ne pas être véritablement démoniaque et malsain, Rose s’arrêta et se tourna vers Sigdral, surprise de ce qu’elle avait vu et auquel elle n’avait premièrement pas prêté attention. Le semi-elfe tenait le manche d’une torche dans sa bouche, la flamme frôlait dangereusement ses vêtements et ses cheveux longs. Elle le regarda un instant, interdite, puis se reprit et détourna la tête ; d’ailleurs, il lui répondit, se jouant de sa terreur et de son prompt retour dans la galerie principale. Il est heureux que Rose, entendant ce discours, n’eût pas été exactement face à lui, car elle ne pur retenir un pâle sourire. Elle n’osa point répondre, craignant de sembler agressive alors qu’elle était si loin de l’être.

(Mais oui, je vous crois, n’insistez donc pas tant… Vous êtes à l’entrée du tunnel, je me doute bien qu’avec ou sans moi vous y seriez entré. Mais… vous voulez tant le faire remarquer et que j’en sois certaine, monsieur, que je ne puis vraiment y croire. Qui, au juste, tentez-vous de convaincre ? Pas moi, en tout cas. Qui suit l’autre, cela a l’air de vous tracasser. Ah, ces humains… Quoiqu’il en soit, je suis assez surprise de ce que vous me dites là, et je n’attendais plus de réponse à ce que je vous ai dit tout à l’heure, il y a… combien de temps ? Combien de temps, je ne sais pas, tout passe si vite et si lentement… Je suis restée un instant seulement dans la crypte, et ma chute a dû durer des heures. Mon jugement de cela n’est sans doute pas meilleur que celui d’un humain. Je vous l’ai demandé il y a longtemps, monsieur, et vous me répondez maintenant. Vous me faites confiance. Mais… en êtes-vous bien sûr ?)

Réfléchissant, elle s’engagea dans le tunnel. Cela devenait de plus en plus sombre, aussi se hissa-t-elle sur la pointe des pieds pour laisser la torche à l’une des nombreuses prises murales prévues à cet effet, et qui étaient toutes vides. Ainsi, elle était un peu plus légère, libre de ses mouvements – bien qu’elle serait désarmée en cas d’une quelconque attaque, ses pouvoirs étant dérisoirement faibles : quel mal fait-on avec un peu d’acide et… des bulles ? – et plus discrète qu’avec ce haut et crépitant flambeau.
Ils parvinrent au bout du chemin ; devant eux, c’était un mur, mais la lumière venait d’une embrasure sans porte qui s’ouvrait sur la droite. C’était de là que venaient les bruits du jeu d’enfants, les chocs métalliques réguliers alternant quelquefois avec un son long et strident. Jugeant préférable de ne pas se montrer à ceux qui produisaient ce sinistre tumulte, l’enfant s’adossa au mur sur le côté, près de la porte. Sigdral la rejoignit tantôt, une torche à la main ; elle craint un instant que la lumière ne trahît leur présence, mais il se tenait suffisamment en retrait et portait la torche assez loin pour qu’il ne fussent pas remarqué. La flamme trop près d'elle était menaçante, mais silence et immobilité sont la seule attitude envisageable à qui désirait être discret. Effrayée par cette proximité contradictoire et éprouvante, les yeux illuminés de mille flammes irréelles dès qu'elle fermait les yeux, Rose réussit à provoquer cette même réaction qu'elle n'était pas parvenue à produire un instant auparavant, et une fine pellicule d'eau très peu acidifée, invisible mais résistante, se forma à l'endroit où la température était la plus pénible. Ainsi protégée par une fraîcheur apaisante, elle soupira doucement, et Sigdral sans le regarder éloigné légèrement la flamme du visage de l'enfant. Elle fut satisfaite de constater que la chaleur ne faisait pas s'évaporer immédiatement cette eau qu'elle avait elle-même créée, et qui vivait et existait indépendamment des conditions extérieures.


(Le liquide que je suis capable de créer est bien plus résistant que l'eau naturelle... Ou peut-être ne peut-il être affecté par la chaleur qu'après quelques instants. Je ne peux faire cela qu'avec mes mains et mon visage, d'ailleurs. Et mes cheveux, cela marche aussi pour la masse inerte qu'est la chevelure, cela n'est pas très... logique. Ah, ma mère, combien de fois m'as-tu répété que la magie est à la fois science et illogie? Toi qui n'y connais pas grand chose, ma chère mère, tu en as assez appris pour me conter mille histoire dont j'ai toujours fort douté de la véracité, je prenais cela pour des contes, mais... Je vois maintenant que tes fables sont peut-être vraies, toutes, mêmes celles que je jugeais les plus improbables... si je suis capable de créer l'eau là où il n'y en avais pas, les grands magiciens de tes chansons peuvent bien avoir accompli tous les exploits que tu m'as contés.)


La lumière vacillante et forte suggérait un feu à l’intérieur de la pièce, l’instabilité des rayons de lumière et une vague fumée blanche confirmaient cela : dans un âtre quelque part dans la pièce qui se trouvait derrière le mur, brûlait un grand feu. Sigdral était passé devant elle et se penchait dangereusement pour avoir vue sur la salle.
Rose remarqua un mouvement derrière elle ; se retournant vivement, elle réprima un cri, mais ne vit rien, rien que des ombres qui s’agitaient autour d’elle. Reprenant ses esprits, elle constata qu’il ne s’agissait que des ombres projetées sur le mur qui lui faisait face.


(Encore cette imagination, cette élucubration dangereuse… et si j’avais crié ? Il faut maîtriser chacun de mes gestes, chacune de mes paroles, et même mes expression. C’est simple à dire… j’ai toujours vécu avec peu de contraintes, celles seules que je m’imposais à moi-même. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’autre chose ici, personne ne m’ordonne de me taire ni de rester attentive et immobile. C’est moi seule. Pourquoi, alors, est-ce si difficile à exécuter ? Ah, monsieur, ne vous montrez donc pas tant, l’on finira par vous voir, ceux qui sont là-dedans…)

Elle ne put s’empêcher de tirer légèrement sur la manche du semi-elfe.

(Par les ombres, oui… Par les ombres l’on peut voir ce qui se passe, du moins les silhouettes. Cette chose qui tourne sans cesse et qui fait un grand bruit, je ne sais pas ce que cela peut être. Mais… au regard de Sigdral, je suppose qu’il sait, lui. Il est fort, de ne pas se montrer plus effrayé que cela. Il a peut-être raison, pourquoi ces gens seraient-ils agressifs et violents ? Ce bruit monotone, cela me rappelle un jeu d’enfants, pas un combat. Oh, quelque chose bouge.)

L’ombre d’un être, d’un homme probablement, se découpait nettement sur le mur de pierre. Il était armé, la forme de flèches, de couteaux et d’un arc apparaissaient successivement selon qu’il sa position, selon qu’il était de profil ou leur faisait face sans le savoir. Il tenait une arme, peut-être une épée, dans chaque main, et le posait sur la roue tournante dans un crissement infernal.

(Il va les briser, ma parole…)

Lors d’un infime instant, l’homme se trouva dos à eux, pris par les rayons de l’âtre, et Rose put mieux distinguer sa silhouette.

(Il a des oreilles… Serait-ce un elfe ? Il semble. Voilà un elfe bien massif, je n’en ai jamais vu de tel que parmi les marins de Luinwë. Mais que fait-il, avec sa roue et ses multiples lames…)


L’homme s’éloigna, l’ombre se dissipa. Un crépitement retentit dans la pièce, il devait avoir jeté au feu une nouvelle bûche. Tandis que sa silhouette ne se découpait plus sur la paroi en face de l’enfant et du semi-elfe, l’on put distinguer autre chose grâce à la puissance renouvelée de la lumière ; alignées, cinq formes plates, point très hautes, étaient là immobiles. L’on n’eût guère le temps de détailler la scène davantage, l’homme revint à son poste et son ombre absconsa celle tout ce qui se trouvait derrière lui.

(Des… des tables ? Des lits ? Non, qui dormirait dans un vacarme pareil. D’ailleurs… Je me demande où est le Soleil dans sa course. Comme l’eau dans ses plus grands profondeurs, la terre engloutit tout, et le feu que nous avons ne tourne pas, ne se lève le matin ni se couche le soir, réduit aux soin ou à la négligence des êtres sur lesquels il devrait régner.)

La chaleur commençait à être éprouvante, pour une enfant des abysses glaciales. L’inaction et l’attente qui n’en finissaient plus devenaient pénibles, et elle ressentit l’impérieuse nécessité de continuer, d’aller de l’avant ; ils pouvaient aussi revenir en arrière, mais… pour voir quoi ? Les bruits de pas ou de tambour que le demi-elfe avait identifié comme les pas ‘un hôte accueillant ne cachaient peut-être pas autre chose que cela, une situation qu’elle ne comprenait pas. Pourquoi reculer, si chaque voie pouvait être aussi… maléfique et mauvaise que celle dans laquelle elle s’était d’abord engagée ? Emportée par cette révolte intérieure, Rose se baissa, passa devant Sigdral pour considérer, elle aussi, l’intérieur de la pièce de ses propres yeux. A demi assise, un genou au sol et blottie contre le mur, elle osa lancer un regard ; l’elfe était en effet très grand, sans doute trop robuste pour n’avoir d’ascendance que parmi les peuples elfiques, même les plus guerriers. Ce que la jeune fille avait pris pour des tables en étaient bien, mais d’étranges table basses et longues, forgées dans un métal brut qui renvoyait par fugaces traits blancs les éclats du feu qui consumait de larges branches sèches dans un foyer immense. Sur ces sortes d’étals d’armurier, des formes étaient étalées ; de là où elle était, Rose n’eût su dire de quoi il s’agissait, elle ne voyait que d’informes masses recouvertes de tissus sombres et usés, qui outrepassaient le bord de la table et tombaient de chaque côté, montrant pour certains de véritables lambeaux malpropres.

Rose regardait tout cela, et une certaine angoisse la gagnait. Bien que la scène fût mystérieuse et insaisissable à son jeune esprit qui n’avait connu, outre durant les quelques premiers jours de sa vie, que sa ville et son Océan, elle ne voulut plus attendre passivement, attendre quoi ? Que quelque chose se passât, par l’action des dieux indifférents et moqueurs.


(Oui, d’ailleurs… Que font les dieux, au juste ? Moura, ma déesse, me prive de l’eau dont j’ai besoin. Et lesquels d’entre eux se divertissent à nos aléas ? Peut-être les mêmes qui veillent sur Gwaë et Raliak là-haut, quelque part… ou qui les tyrannisent. Oh, quelle importante, je ne peux plus, il faut… agir, faire quelque chose. Déesse de l’eau et des océans… oh, non, ne vous occupez donc pas de moi, déesse. J’ai bien assez de mal comme cela.)

Traçant quelques courbes dans la sableuse poussière du sol, Rose prit le temps de réfléchir un instant. Elle mit un point pour la cathédrale, une autre pour la crypte qui surplombait la salle marécageuse, puis les relia comme il se devait. De rapides et vagues coups dans la cendre, elle continua le plan du parcous qu'ils avaient suivi : le couloir unique qui tournait vers la droite d'une manière précise, puis l'embranchement premier. Les souvenirs visuels lui faisaient quelque peu défaut, dans la tumulte de ses frayeurs elle n'avait pas prêté grande attention aux distances, aux couloirs, aux tournants. Concentrant sa pensée vers l'arrière, elle tenta de puise dans les lieux-mêmes la trajectoire exacte des murs. Une étrange sensation l'envahit. Elle voyait bien plus clairement la carrefour au haut plafond dans laquelle la lueur de la flamme se perdait, insignifiante, et les deux couloirs qu'il présentait ; elle voyait celui de droite dans lequel elle s'était engouffrée d'abord, la courbe du corridor principal et celle du passage qui l'avait enplie d'effroi ; elle voyait encore, et avec davantage de netteté, le couloir de gauche, plus étroit et alignant de très rares torches aux parois humides. Elle se souvient qu'elle avait remarqué un second embranchement qui présentait un passage fort exigu vers la gauche, mais elle ne l'avait pas suivi, elle ne savait pour quelle raison. Enfin, la sensation de flottement, d'absence, qui avait monté en elle en quelques instants seulement, se dissipa brusquement. L'enfant ouvrit les yeux, et sa vision s'ancra dans la continuité parfaite des images de sa pensée. Elle senti une grande lassitude l'envahir, comme après un violent effort mental.

(Bien sûr... Il est inutile de s'imaginer l'endroit où l'on se trouve, il suffit d'ouvrir les yeux. Quelle précision a ma mémoire ! C'était étrange, comme si je parcourais moi-même encore une fois les espaces que je me remémorais. Très... réel. Et... oh.)

Elle avait baissé les yeux vers la terre : sans qu'elle l'eût consciemment voulu, elle avait tracé de sa main la forme de chaque couloir qu'elle avait parcouru, avec une précision notable.
L’elfe qui vaquait dans la pièce ne les avait pas surpris. Il exécutait différentes opérations en cycle, toujours les mêmes et dans un ordre semblable : il allait vers le feu, revenait à la roue tournante et grinçante qu’il faisait tourner grâce à un mécanisme qu’il activait en bas, avec le pied ; puis, il s’éloignait vers une partie de la pièce qui restait invisible à l’enfant. Elle observa ce manège, et dès qu’il se fut détourna vers l’âtre, elle s’élança, mue par une impulsion précise et silencieuse. Elle gagna rapidement la seconde table, se cacha dessous ; l’elfe revint, posa quelque chose sur la plaque de métal sous laquelle elle se tenait, puis s’éloigna à nouveau de l’autre côté, comme elle l’avait prévu. Profitant de ce moment, Rose courut vers l’âtre, et se blottit derrière, contre le mur, assez dissimulée au regard de l'elfe qui revenait vers la pauvre lame contre le rude granit tournant. Ainsi cachée, préservée de la chaleur et des fumées brûlantes par l’épais mur du foyer, Rose serra à nouveau le coffre contre son cœur.

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Dernière édition par Rose le Dim 13 Déc 2009 23:17, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mer 9 Déc 2009 23:26 
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Engagé dans mon mutisme en observant l’ensemble de la pièce comme si j’étais à la recherche d’une solution, je sens qu’on me tire sur un pan de ma manche, c’est la gamine qui a fait ce geste pour me prévenir de ne pas avancer plus.

(Je crois qu’il faut que je reste dans l’ombre! Je ne sais pas ce que j’ai en face! Cependant, je tiens à mon plan initial! Mouvement brusque, réponse brutale! Bon ! Il faudrait faire quelque chose, la situation est en train de stagner; je vais tenter de me présenter ou faire une chose au moins pour abattre ces murs d'inertie qui enserre mon esprit.)

Échappé de mes pensées insistantes, je remarque Rose plongé dans ce qu'elle esquisse dans la terre molle. Des formes et des courbes irrégulières se creusent et se rejoignent sous le passage de ses doigts pour finir à une fresque étrangement familière.
(Qu'est-ce qu'elle fait? Des dessins! C'est de son âge! Peut-être que c'est une artiste en herbe! C'est vrai j'y pense, je ne sais rien d'elle! Je m'y pencherais plus tard! Ces motifs, cela me semble être des couloirs et ces formes, des pièces. Si je rajoute les points cardinaux sur le côté, j'ai la sensation d'être en face d'un plan ou d'une carte; éventuellement ces lieux!)

Par la suite, elle se dirige discrètement vers les tables posées derrière l’énergumène. (Ouah! Elle est courageuse celle-là de s’aventurer comme ça sans sûrement craindre le danger ambiant!)

Surpris par cette action spontanée, je regarde la masse ombrageuse qui vaque à ces occupations tout en espérant que la petite elfe ne se fasse pas prendre. Les yeux rivés sur le spectacle prodigieux que la bleutée a entreprit permet de me mettre du baume au cœur, une authentique bravoure m’envahit de toutes parts surtout dans le cerveau qui est balancé en plein régime, l’adrénaline parcours tous mes nerfs. J’attends que Rose est fini son opération commando pour faire ma part. Quelques minutes passent, la gamine pâle est allée rejoindre un coin creux et sombre de la salle pour certainement se blottir et s’y cacher.

(Ça y est, elle doit être en sécurité! Contrôle, gestion et action!)

Me préparant à faire mon entrée avec des palabres, un pas en avant tout en restant caché dans l’ombre par assurance. Les étincelles provoquées par la meule au contact de ses objets en métaux éclairent les parcelles ombreuses de la silhouette me permettant d’identifier un détail auquel je n’avais pas prêté attention, c’est celui d’une forme elfique du visage surtout les oreilles en pointes.

(Mince! C’est un elfe, c’est étrange une carrure imposante pour cette race; moi qui les voient plutôt avec un physique élancé qui frôle la féminité. Ouais! C’est quoi comme type d’elfe, un ténébreux, un hautain, un végétarien ou un de ces salauds de gris! Bien! Ce que je vais faire, je vais me présenter dans les deux langues dans celle des elfes noirs comme ils ont l’habitude de parler comme ça entre eux et en langue commune pour les autres races! Je verrai bien le résultat, je suis un peu rouillé niveau shaakt, cela remonte longtemps à la période noire.)

« Bonsoir, maître de ces lieux, noble forgeron, quelle belle arme vous avez là; je m’excuse pour mon dérangement! Voilà je me nomme Sigdral, vagabond à mes heures, je parcours depuis un petit moment ces douillets souterrains à la recherche d’une personne qui s’est aventurée là avant moi. Et comme je me suis perdu, je voudrais savoir si vous pouviez m’aider à la rechercher. Mais si vous n’avez pas le temps, indiquez-moi juste la bonne route de ce lieu qui me paraît bien attrayant à mon goût! » Dis-je sur un ton neutre pour ne pas m’attiser les foudres de la carrure fantomatique.

Je recommence en parlant sur le même ton dans le langage des elfes noirs:
« Bwael tangisto, jabbuk d' nindolen k'laren, sil'in ak'uech, vel'bolen ssin'urn sarol dos inbal gaer; usstan kalorin tlu ghil zhah! Ussta kaas zhah Sigdral, z'hin a ussta klew'kinen, usstan alu areion yol natha jaluss inlul klew'ar nindolen feryxonis wun ragarrl d' natha folkhel vel'uss zhah ulu lle'warin p'los uns'aa gaer. Lu' 'zil usstan aslu noamuth, usstan orn'la saph ulu zhaun ka dos gumash xxizz uns'aa ulu lor whol ilta. Drill ka do sinbal nau draeval, fridj telanth uns'aa sreen' aurz'hind d' nindol k'lar vel'bolen kluthak ulu uns'aa ves il'yivera ulu ussta tyav!

J’attends avec hardiesse mélangé à de l’inquiétude la réponse de notre hôte.

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Dernière édition par Talion le Mar 22 Déc 2009 16:08, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Lun 14 Déc 2009 20:26 
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L’elfe pure se glisse avec agilité aux yeux et à la barbe de l’inconnu armé, se glissant comme un félin dans l’obscurité salvatrice de l’alcôve. Ici, elle était invisible à la vision de l’être et pouvait mieux admirer la salle. C’est d’ailleurs avec une sainte horreur qu’elle découvre sur la table que l’un des cinq corps est éviscéré. Ils sont tous vivants, bien que celui qui soit ouvert n’en ai plus pour longtemps. Derrière la meule, tu aperçois ce que tu ne pouvais voir de l’extérieur, des crochets à viandes sur lesquels pendent … les restes du corps.

Le bourreau, ou alors le médecin, mais surement le charcutier, est un elfe noir, un pur. Alors qu’après avoir nettoyé et aiguisé son arme, il s’apprêtait à retourner voir ses amis attachés sur la table, il est interrompu par l’apparition soudaine de Sigdral. Il découvrait lui aussi le grand âtre, les crochets et l’horreur. Surtout qu’aucune porte n’était visible et que vous êtes dans une impasse de pierre.

L’elfe noir te décoche un regard hargneux lorsque tu commence en elfe commun puis se radoucit quand tu parle en drow. Il te toise un instant avant de répondre avec une colère froide.

« Je n’ai cure de l’amusement des vivants. Vous devriez fuir par la gauche en sortant, et maintenant sortez. Je devrais vous tuer selon les instructions, mais ces années de tuerie m’ont fait ouvrir les yeux, je n’aime plus les vivants… Allez-vous--en avant que je décide d’une nouvelle manière pour être seuls avec mes morts. »

Sur sa cuirasse noire, deux pics entourent sa tête et elle est parsemée de clou de fer, probablement destructeur… Rose, de son côté uniquement, elle peut apercevoir qu’au dessus de l’âtre, dans la pierre, est fichée une pierre bleutée et précieuse. Un artefact sans doute puissant mais protégée par un être peu enclin au dialogue… Que suggère la voie de la raison ?

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Quatrinette pour les intimes, n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour y répondre ;)
Merci à Itsvara
Et surtout, bon jeu à tous !


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 Sujet du message: Re: Labyrinthe infernal : Royaume des perdants (Rose, Sigdral)
MessagePosté: Mar 15 Déc 2009 21:18 
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L’enfant vit Sigdral s’avancer soudain, entrer dans la lumière alors que la massive créature était à deux pas de lui. Effarée, retenant son souffle, elle écouta son discours, et fut surprise de l’entendre traduire ses paroles en langue shaak. Les maîtres de Luinwë lui avaient enseigné ce dialecte, il y avait de cela bien longtemps, elle n’avait jamais encontré l’occasion de le parler couramment. Avec Amaryliel, ils se s’amusaient quelquefois à changer de langue sans changer de propos, et ce serait à qui ne saisirait plus le propos de l’autre ou ne trouverait plus lui-même ses mots. L’enseignement des enfants était tel, en Anorfain, que le perdant était souvent celui qui ne trouvait plus de dialecte différent de tous ceux qu’ils avaient déjà tentés. Aussi Rose, sans parfaitement maîtriser l’idiome des peuples elfiques à la peau noire, le comprenait aisément.
Le traduction de Sigdral était parfaite, jusque dans les nuances des mots, et pourtant ce n’était pas si aisé que cela à transcrire, les deux langues ayant des syntaxes différentes.


(Ce n’est pas idiot, je n’avais pas fait attention à cause de l’ombre mais cet elfe est noir, en effet… Et cela expliquerait en partie sa forte carrure, quoique je ne puisse vraiment imaginer que tous les shaakt soient ainsi. Les hauts marchands blancs de l’Ilu s’enorgueillissent de cette parenté avec un peuple de puissants et habiles guerriers, sous couvert de leur prétention de supériorité et de commandement. N’ai-je pas entendu un jour cet ennuyeux bouffon de Velendiel se vanter d’avoir, un jour, envoyé des ordres à une armée contre les orques ? Allons bon. Cet homme fait donc partie de ces peuples trop éloignés de nous pour que les sages soient en mesure d’apprendre aux enfants quelque élément véridique sur eux… il est pourtant vrai que je ne puis savoir rien de vous, monsieur armurier, de par votre apparence. Du moins… du moins sais-je que vous êtes un guerrier qui, bien que seul dans sa forge, ne se défait pas de son armure… de son armure bardée de pointes et de lances. Sigdral, mais où a-t-il appris cette langue ? Serait-il… non, si dans ses veines coulait le moindre goutte de sang shaak, il serait… eh bien, noir. Aha.)

De là où elle se trouvait, Rose voyait assez bien le visage des deux êtres, tous deux éclairés par le puissant halo que projetait l’âtre contre les murs ardents. Lorsque le semi-elfe avait signalé sa présence, l’homme à la cuirasse avait vivement tourné la tête vers lui et l’avait écouté sans mot dire, avec dans les yeux une lueur… qui ne rassurait pas l’enfant. Il fallait qu’il eût vécu mille choses affreuses, qu’il eût dû être circonspect, méfiant et agressif durant des siècles pour acquérir ces réflexes, ce brusque geste qui, s’il eût été accompagné d’un mouvement du bras, eût facilement envoyé à Sigdral l’arme qu’il tenait en main pour l’abattre, et ce regard haineux dans lequel semblait résider un sentiment étrange, insaisissable pour la jeune fille.
Lorsque le semi-elfe eut changé d’idiome, le colosse sembla détendre son humeur coléreuse, et de menaçant il se fit simplement méprisant, méprisant dans l’indifférence.


« Je n’ai cure de l’amusement des vivants. Vous devriez fuir par la gauche en sortant, et maintenant sortez. Je devrais vous tuer selon les instructions, mais ces années de tuerie m’ont fait ouvrir les yeux, je n’aime plus les vivants… Allez-vous--en avant que je décide d’une nouvelle manière pour être seuls avec mes morts. »

La voix était grave et sans ornement, le ton monotone et sec. Chacun de ses mots semblait être définitif, chacun avait un écho qui lançait un avertissement : « Je suis le dernier des mots qui seront prononcés. »

(Cet homme… m’est sympathique. Il ressemble bien trop à un homme, à un elfe violent et fier, mais ses propos sont différents. Pas tant que cela, mais… Il ne m’a pas remarquée mais c’est par sa décision que le négociateur reste en vie, c’est… en quelque sorte, généreux. Je ne peux pas comprendre son sentiment faute de le ressentir, mais je puis quand même entendre ce qu’il dit… et je crois qu’il a raison. La mort lasse donc ses familiers autant que la vie les siens. C’est pour cette raison, pour cette même lassitude qui a envahi notre ami, que nos ancêtres décident de quitter la vie. Mais, je ne comprends pas… il veut être seul avec ses morts ? Cette salle est donc un … sanctuaire à la mémoire de gens morts ? Rien n’y ressemble moins, pourtant, je sais que nos us sont différents mais… Peut-être les morts de cet homme, tout comme le sang sur les mains de Sigdral, vivent dans son esprit. Ah, comme ces gens-là sont dangereux, qui abritent en eux quelque chose d’aussi puissant qu’une vie alors que rien de les y oblige… Il veut être seul avec…)

Elle retint un cri. En vérité, sa volonté n’eut aucun rôle dans sa silencieuse réaction : elle ne pouvait pas crier, ce qu’elle venait de voir était au-delà, à ses jeunes yeux, de ce que l’on peut clamer. Sur le premier des cinq étals qu’elle avait déjà remarqués, la même forme était là, mouvante. Une créature vivante, enveloppée dans un drap sombre, se tortillait lamentablement sur la table rouillée, remuant faiblement. A terre s’écoulait irrégulièrement un sombre et sirupeux liquide, que l’enfant horrifiée n’identifia qu’après un long instant. Elle pouvait seulement distinguer, de cet être improbable et silencieux, que des cheveux raides et filandreux qui flottaient, humides et sales, autour d’une tête en forme d’œuf qui faisait mine de vouloir se lever vers elle. En de convulsifs et répétitifs mouvements, cela tentait de regarder vers l’enfant, tandis que sur la table une main squelettique tendait les doigts dans sa direction. Le souffle coupé, les yeux fatalement attachés à cette effroyable vision, Rose ne pouvait détaché ni son regard ni son esprit de cette créature qui, allongée là, perdait son sang par grands flots qui glissaient sur la terre dans un bruit, et qui tendait toute sa force vers elle. Il se passa ainsi un moment qu’elle n’eût su, si elle l’eût voulu, dire combien de temps passa sans qu’elle pût songer à autre chose, percevoir autre chose que cette forme qui ne bougeait plus que très faiblement, par convulsions incontrôlables.

Lorsqu’enfin Rose put fermer les yeux, elle les ferma aussi fort qu’elle le put, refusant de contempler davantage ce lugubre tableau. Elle ne savait ce que devenait Sigdral, ce que faisait l’homme armé, elle ne voulait pas le savoir. Blottie contre le pierre chaude, aussi petite qu’elle se pouvait faire, Rose tremblait. Elle ne tint pas longtemps dans cet état de commotion, tant le besoin de voir était impérieux, tant était forte la nécessité de savoir, de comprendre. Elle se releva donc lentement, comme alourdie et faible elle-même, et regarda à nouveau dans la pièce. Son regard glissa sans la voir sur la créature qu’elle n’était pas encore capable de considérer à nouveau, mais cette réaction d’inconsciente révolte ne lui fit que rencontrer des sujets qui allaient nourrir son horreur : en effet, sur chacune des tables était couché un être tel que le premier, couvert chacun de la même étoffe sombre. Aucune substance ne s’écoulait d’eux, mais leur aspect premier et leurs gestes saccadés étaient les mêmes. Rose gémit doucement, puis crut apercevoir un mouvement de l’autre côté. Elle tourna difficilement les yeux vers Sigdral et le… le bourreau, tout en se levant à demie pour sortir de cet endroit de mort et de souffrance. Au moment où elle commençait à suffoquer, une très porte impression frappa son esprit ; surprise, elle se rassit, se dérobant ainsi presque complètement à la vue des deux hommes, et tourna la tête vers ce qui avait ainsi attiré son attention. Elle ne trouva d’abord pas, cela semblait venir du feu. Comme une puissante attraction que rien n’expliquait, et qui faisait vibrer en elle une force également insoupçonnée. D’un revers de manche, elle essuya ses larmes, soudain quelque peu calmée.


(Mais qu’est-ce que… Le feu ? Non, plus haut. C’est comme si une voix me le disait, « plus haut », enfin pas avec des mots, mais… Oh.)

Un rayon bleuté, étrange dans cette pièce de pierre grisâtre et de chaleur rougeoyante, avait frappé ses yeux. C’est alors qu’elle l’aperçut, cette chose qui avait si vivement heurté son esprit et qui semblait remuer l’air autour d’elle : un petite gemme couleur d’océan, transparente et taillée en un drôle de polygone aux faces multiples.

(J’ignore ce qu’est ceci… Mais si c’est là, incrusté avec soin dans la roche et à la place d’honneur au centre du plateau qui surplombe l’âtre, c’est que cela doit être précieux.)

Sa réflexion n’alla pas plus loin, et elle se désintéressa de l’objet ; il avait pourtant eu sur elle un effet bénéfique et, le souffle régulier et l’esprit point trop agité, elle leva à nouveau la tête pour savoir, après un court moment d’égarement, ce qu’il s’y passait.





[Rose ne voit donc ni n’entend rien pendant quelques instants seulement. Elle se laisse voir à qui serait tourné vers l’endroit où elle se dissimule, puis se baisse à nouveau et redevient invisible, du moins si l’on n’avance pas vers elle.]

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Dernière édition par Rose le Jeu 17 Déc 2009 11:31, édité 1 fois.

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