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 Sujet du message: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Lun 27 Fév 2012 21:04 
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La Grande Prostituée


(Joueur : Heartless)


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Petit navire aux couleurs rougeâtres servant au transport des nouvelles recrues exclusivement. A peine une dizaine de matelots, son capitaine est un vieil homme grincheux nommé Garriar entouré de femmes splendides ( probablement d'anciennes prostituées ) qui semblent totalement l'ignorer car elles répondent aux ordres directs de Mouthba, une femme qui vit à Exech.
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Durée des voyages maritimes
Vitesse : Rapide (X3)

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Jeu 1 Mar 2012 14:55 
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La Grande Prostituée




Mercurio, une fois ses affaires récupérées, s'avança une nouvelle fois vers les ports.

Il le longea, espérant voir l'arrivée du navire tant attendu, mais il était en avance et décida donc de passer par le cimetière pour rendre un dernier hommage à Alkrim, expliquait à sa pierre tombale les raisons de son départ et les bienfaits de son apprentissage qui n'auront pas été en vain...

Il prit quelques bâtonnets de poisson frit à un vendeur ambulant, puis vit ce bateau. Un bateau de petite envergure aux couleurs rouges flashy, sur lequel se baladaient quelques femmes qu'il identifia comme des prostituées. Il vit le nom inscrit en son flanc : La Grande Prostituée. Un bateau-bordel, original se dit-il, et au moins il aurait de quoi s'occuper pendant le voyage.

Ces femmes devaient aussi faire office d'équipage, puisqu'il en voyait décharger ou rentrer quelques caisses. Mercurio bloqua ainsi quelques instants en considérant le tout, lorsqu'il fut interrompu dans ses pensées par une voix rauque :
"Hey toi là !"

Mercurio leva la tête et vit un vieil homme à la face écorchée.
"C'est toi le woran qu'y faut emmener sur La Laide ? Viens donc !"

L'humoran s'avança sur le pont et le vieillard le rejoignit, lui serrant la main :
"Salut mon gars, j'suis Garriar, le capitaine de ce radeau !"

"Salut, je m'appelle Mercurio, je suis guérisseur."

"Aouch c'est une sacré poigne que t'as là l'jeune ! Guérisseur tu dis ? Tu peux m'soigner ça ?"

Le vieillard releva le côté droit de son pantalon, exhibant ainsi une belle jambe de bois qui devait avoir un certain âge.
"Capitaine, j'imagine que votre jambe à déjà cicatrisé depuis un bon moment pour être sur une jambe de bois. J'aurais sans doute pu la faire repousser au moment où vous l'avez perdu, mais là c'est trop tard..."

"J'vois. J'aurais dû m'en douter. Bon sinon mon gars, c'est la première fois qu'tu prends l'large ?"

"Ouais, curieux pour un gars de Dahràm hein ?"

"Ouais ben mon minou, t'as pas intérêt à foutre des boules de poils partout sinon t'iras nourrir les poissons !"

"C'était pas dans mes projets, m'sieur."

"Y a intérêt ! Bon, viens, j'te montre où tu vas t'installer pour le trajet..."

Le vieil homme l'amena jusqu'à une cabine au confort de garzok. Un petit meuble où ranger quelques affaires, un lit simple sous lequel se trouvait un pot de chambre, et voilà le travail.

"Et voilà, j'te laisse t'installer mon gars, moi j'ai à faire !"

"Attendez !"

"Qu'est-ce qu'y a ?"

"Pour les filles là, ça fait parti du trajet où faut payer quelque chose ?"

Le vieillard rigola, puis lui répondit :
"Mon gars, j'te conseille de t'retirer cette idée d'la tête ! Elles sont à une femme d'Exech à qui j'dois un service et elles se vendent pas comme ça au premier venu. Au début c'était plutôt agréab' d'les avoir à bord, mais ça devient vite une torture d'avoir toujours ces fruits de mer sous le nez et pas pouvoir les toucher. Si j'avais su... Enfin, heureusement qu'on peut vider nos bourses dans les ports, sinon j'pense qu'y aurait déjà eu des bavures..."

Le vieillard devint pensif, semblant se mettre à fantasmer, puis Mercurio demanda :
"Bon. Et sinon, ça va mettre combien de temps pour rejoindre le capitaine Heartless ?"

"Trois jours, si Moura nous fait pas de caprices. Au fait, j'espère que t'as pas peur du froid..."

"Pourquoi ?"

"Parce qu'on va direction Nosveris, mon gars ! Et là-bas, crois-moi, ça caille sec ! Enfin, toi encore t'es veinard, t'as du poil qui te protège ! Bon c'est pas tout, mais comme j'te disais, j'ai du pain sur la planche, on devrait pas tarder à larguer les amarres."

Le vieillard partit diriger son équipage féminin et Mercurio se retrouva seul dans la cabine. Il déposa rapidement ses affaires avant de s'asseoir lourdement sur le lit. Il n'arrivait pas à le croire : Ça y est, il partait enfin de cette ville dont il n'en pouvait plus, la seule ville qu'il avait connu de toute sa vie et partait pour des horizons inconnus... Bref, à l'aventure !



La Femme en Rouge

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Playlist de Mercurio

A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Jeu 1 Mar 2012 21:56 
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Sur le pont, il ne manquait pour ainsi dire que nous avant que les amarres ne soient larguées. L’équipage était intégralement féminin, pour peu que j’eusse pu observer. Seul le capitaine, un vieux loup de mer grisonnant, était un homme. Il restait d’ailleurs un petit problème à régler, avant le départ. Et ce fut cette unique présence masculine qui pointa le doigt dessus, en gueulant d’une voix rauque sur son pont :

« C’est qui c’te gamine ? »

Sans me laisser le temps de m’introduire auprès de lui, la rouquine prit la parole d’une voix gaillarde, qui répondait de manière bravache à la question, sans pour autant outrepasser son rôle hiérarchique inférieur.

« Une nouvelle recrue pour la Confrérie d’Outremer, Capitaine ! On va la mener jusqu’au Capitaine Heartless. »

La confrérie d’Outremer ? Ainsi se nommait le groupe que j’allais rejoindre, apparemment. Un équipage populaire avec un nom épique. Cela ne pouvait que me convenir. Le capitaine, dont j’appris plus tard qu’il se nommait Garriar, ne parut pas franchement réjoui par la nouvelle. Sans doute l’annonce d’un périple maritime dangereux et incertain.

« On la mènera à Heartless quand on aura fait notre escale à Darham. Qu’est-ce tu sais faire, petite ? »

C’était désormais à mon tour de prendre la parole. J’eus envie de lui répliquer sèchement que je n’étais plus une « petite », et que j’avais pleinement droit au chapitre parmi eux, mais je me contentai de ravaler ma colère et de répondre à sa question. Rien ne valait de se faire mal voir dès un premier contact… Même si mon regard flamboyant ne pouvait cacher l’aveu de l’affront qu’il m’avait fait.

« Je me nomme Alessia, et je suis mage. Je manie le feu. »

Et comme pour exemplifier mes dires, je fis apparaitre au creux de ma main une petite boule de feu miniature, qui brilla un instant en lévitation au-dessus de ma paume avant de disparaitre comme elle était venue, réabsorbée par mes fluides internes. Le vieux grisou ne parut pas s’en émouvoir plus que ça. Ni de mon nom, d’ailleurs. Avant de se détourner vers son équipage pour donner les ordres de départ, il marmonna quelques paroles malvenues qui lui valurent quelques regards noirs dans l’équipage avant de me répondre brièvement.

« Mouais. Comme si on n’avait déjà pas assez d’allumeuses sur le navire. T’aideras à allumer tous les feux du navire, quand on en aura besoin. Que c’soit pour l’éclairage, la cuisine ou la détresse. »

J’opinai du chef, un peu inutilement car il avait déjà détourné son attention vers le reste des dames du bord pour leur ordonner de larguer les amarres, et de se bouger le fion pour quitter au plus vite ce maudit port, selon ses propres termes. La petite rouquine me prit par le bras et m’entraina vers une porte sur le pont en me parlant à voix basse.

« Fais pas attention à lui. C’est un bon marin, et c’est la seule raison pour laquelle il est capitaine ici. Le reste, c’est nous qui gérons. Viens, j’vais t’montrer où tu vas dormir. »

Dormir. Voilà une idée plutôt bonne. Car la fatigue de ces derniers jours s’était amassée en moi sans que je la remarque, la repoussant sans cesse par de nouvelles découvertes. Mais là, je la sentais tout de même en moi. Je n’étais pas au mieux de mes capacités. La rouquine m’entraîna jusqu’à l’intérieur, dans un dortoir commun réservé à l’équipage. Elle me présenta un hamac parmi d’autres, et j’y installai mes maigres possessions pour ne pas être encombrée lors de la traversée. Je formulai une question hésitante :

« C’est loin, Darham ? »

La petite haussa les épaules pour me répondre.

« Dépend d’la mer, ça. Sur les océans, rien n’est jamais sûr. Faut espérer que Moura nous prêtera sa force ! En attendant, j’espère que t’as sommeil. Installe-toi pour dormir avant qu’le bateau soit au large. Sinon t’y arriveras pas, après. Ça s’voit qu’t’es une débutante, sur les mers. »

À quoi l’avait-elle remarqué, je ne le sus. Je suivis néanmoins ses conseils en m’allongeant dans le hamac qui déjà, encore au port, tanguait pas mal. La fatigue était telle, cependant, que je trouvai le sommeil quelques minutes à peine après son départ. Un sommeil sans rêve, réparateur et profond. Le sommeil dont j’avais besoin.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Ven 2 Mar 2012 22:56 
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Je fis bien de suivre le conseil avisé de la rouquine, car je dormis bien et longtemps. Si bien que lorsque j’ouvris l’œil, les autres membres de l’équipage étaient pour la plupart allongées dans les hamacs à côté du mien. C’était la nuit, en somme. Sur le pont, le service devait être au minimum. Je posai un pied au sol et manquai aussitôt de perdre l’équilibre, sous la houle pourtant légère. Je me rattrapai à une poutre, évitant de justesse de m’étaler droit sur l’une de mes nouvelles comparses d’aventure. C’aurait été une première impression marquante… Je n’avais visiblement pas instinctivement le pied marin, en tout cas. Sans doute quelque chose qui s’acquérait avec le temps, à force de sentir sous ses pieds le ressac incessant des vagues. Mais pour l’heure, je me promis surtout de rester attentive à préserver mon équilibre. Ma démarche s’en ferait ressentir, très certainement. Marcher avec les pieds écartés rendait souvent un effet assez canard, qui n’était pas vraiment pour me plaire. Je n’avais aucune envie de me faire chambrer pour ça. Aussi adoptai-je une attitude la plus naturelle et aisée possible, même si je ne quittai pas les poutres et planches du navire des mains pour avoir toujours un support auquel me raccrocher en cas de chute intempestive.

Ainsi soutenue par la navire lui-même, j’arrivai à quitter la pièce et à me rendre, cahin-caha, sur le pont du navire. La seconde était à la barre, et il n’y avait qu’un effectif maigre pour préserver la voilure et surveiller la mer en tendant et nouant des cordages. Je m’approchai de la seconde, qui mâchouillait une tige de blé sèche tout en dirigeant le bateau. Je me campai près d’elle, non sans m’assurer la protection du mât le plus proche pour me maintenir debout, et attendit un peu qu’elle me dise quelque chose. En vain, d’ailleurs. Nul son ne sortit de sa bouche. C’était tout juste si elle avait posé son regard sur moi. Elle fixait les flots sombres que seule la lumière lunaire éclairait, lorsqu’elle n’était pas voilée par de hauts nuages ténébreux. Mis à part ça, tout était noir. Noir et silencieux. La coque crissait, et le bruit incessant de la mer était omniprésent, mais c’était sans doute l’équivalant du silence le plus complet, pour un marin. Nul oiseau criant sur les mâts, nul capitaine hurlant ses ordres, et nul marin saoul chantant son ivresse. J’hasardai une mise en bouche, pour démarrer la conversation.


« Fait pas chaud hein ? Puis il fait calme aussi. »

« Hmm. »

Un simple hochement de tête pour accompagner ce son monocorde et dénué de toute émotion. Elle n’avait même pas détourné les yeux vers moi. Je poursuivis néanmoins.

« Ça fait longtemps que tu es sur la Grande Prostituée ? »

« Hmm. Bof. »

Elle avait accompagné sa réponse d’un soupir de lassitude, comme si ma présence même la dérangeait. Et mes questions, aussi. Elle ne semblait pas loquace, ni spécialement envieuse de ma compagnie. Je grimaçai et passai une main nerveuse dans mes cheveux, avant de m’en aller plus près de la proue, où je m’appuyai sur le bastingage afin d’admirer la mer nocturne disparaître sous les planches constituant le navire. Et je me perdis dans mes pensées, une fois encore. Je ne pensai pas à mon passé, duquel j’avais tourné la page définitivement. Non. J’essayais plutôt de m’imaginer mon avenir. Les villes étranges et lieux incongrus vers lesquels je me dirigeais. Ce qu’il adviendrait de moi dans cette mystérieuse Confrérie d’Outremer. Le soleil se leva petit à petit alors que je rêvassais à tout ça. Pensant et oubliant aussitôt le fil de mes pensées. Et avec le jour, ce furent les autres matelotes qui s’éveillèrent, et apparurent petit à petit sur le pont.

Je décidai d’aller jeter un œil en cuisine pour voir comment ils nourrissaient les employés pour les mettre en forme, le matin. J’arrivai trop tard pour allumer le feu qui flambait déjà sous une marmite large où cuisait un porridge beigeasse à l’aspect peu engageant. La marmitonne était une femme dotée d’un certain embonpoint, qui lui donnait un air sympathique. Son sourire rayonnait sur ses joues rondes et molles, et sa tignasse d’ébène était nouée en un chignon à l’arrière de sa tête. Elle me faisait un nettement meilleur effet que la Seconde. Je m’excusai pour mon retard.


« Désolée pour le feu… Le capitaine m’avait ordonné de vous y aider… »

« T’inquiète pas. J’me suis toujours débrouillée sans magie, et j’me débrouillerai toujours quand tu ne seras plus là. Garriar il aime juste pas les marins inactifs sur son rafiot, alors y donne des ordres inutiles, quand ça l’prend. J’m’appelle Greya ! »

« Enchantée ! Moi c’est Alessia. Je peux quand même être utile ? »

« Oui, tiens… dispose ces bolées sur le tréteau, que j’serve la bouillie. »

Je m’exécutai, et entrepris d’aider Greya à œuvrer en cuisine. Après le petit-déjeuner, je l’aidai à faire la vaisselle et à ranger la cuisine, puis nous nous occupâmes du repas de midi, et ensuite du repas du soir. La journée passa finalement sans anicroche, et bien plus rapidement que je ne l’avais escompté. Puisque j’étais occupée, je n’avais pas le temps de m’ennuyer ou de me perdre à nouveau dans une contemplation béate. Je ne vis même pas beaucoup la mer, aussi incongru que ça puisse paraître, sur un bateau. Je ne faisais même plus rop attention à mon équilibre, même si je le perdais de temps à autre, du coup. J’appris à faire connaissance avec Greya, qui me raconta un peu son parcours. Elle avait été prostituée, avant de s’affranchir pour rejoindre cet équipage. C’était le parcours de beaucoup, ici. Une soif de liberté, de ne plus dépendre des pulsions vicieuses et libidineuses des hommes…

Lorsque je rejoignis mon hamac, certaines dormaient déjà, et je ne tardai pas à en faire de même. Cette journée n’avait pas été fatigante outre mesure, mais mon voyage d’Exech à Tulorim n’avait pas été de tout repos, et je n’avais toujours pas retrouvé toute mon énergie. Cette journée finit donc comme elle avait commencé : par le doux roulis de la mer.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Dim 4 Mar 2012 11:34 
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Le jour suivant faillit presque se dérouler pareillement que la veille. J’allai dès le matin aider en cuisine, avec Greya, non sans avoir fait un petit tour sur le pont, pour voir les lueurs de l’aube percer le ciel de la nuit. À l’Est de notre position, je pus admirer les rivages lointains, perdus dans la brume, de Nirtim. Le continent que nous étions en train de contourner. Car Darham, je l’appris lors d’un des diners, se trouvait au nord de ce continent. Il s’agissait d’une ville vérolée par le crime, ce qui n’était pas sans me rappeler Exech, en vérité. La seule différence était dans le type de criminalité. Alors qu’Exech était peuplée de cartels internes se battant pour le pouvoir au sein même de la cité, Darham ressemblait apparemment plus à un immense repaire de pirates, de forbans, de marins déchus. Et c’était sans compter que la ville était sous la coupe d’Oaxaca, la puissante Reine Noire.

Après plusieurs heures passées en cuisine, un cri retentit sur le pont. Greya fronça les sourcils, et me demanda d’aller jeter un coup d’œil, prétextant qu’elle se débrouillerait pour la suite, et qu’un tel cri était si inhabituel que pour changer, on pourrait bien avoir besoin de moi.

Lorsque j’arrivai sur le pont, Garriar était en train de hurler des ordres à tous vents. C’était un véritable branlebas de combat. Et le mot était bien choisi, car je repérai vite la cause de tout cet émoi : un navire inconnu semblait nous avoir pris en fuite. Il avait des voiles noires, et un pavillon rouge marqué d’un crâne. Il ne fallait pas être marin chevronné pour comprendre ce que cela signifiait : nous étions attaqués par des pirates. Poursuivis, tout du moins. Mais je compris vite qu’ils nous rattraperaient sans mal. Car si la Grande Prostituée était rapide, il n’en restait pas moins que ses cales étaient pleines du chargement qu’ils devaient délivrer à Darham. Ce même chargement, sans doute, que le navire pirate réclamerait. Car les cales de ce dernier étaient vides : la ligne de flottaison était haute, et il possédait donc toute sa vitesse. Ce n’était qu’une question de minutes avant l’assaut. Avant l’abordage.

L’adrénaline me percuta, et le roulis des vagues me sembla soudainement bien moins handicapant. Comme si un problème majeur venait d’effacer celui-là. Tout l’équipage s’armait, tout en lâchant le maximum de voilure pour profiter de toute la vitesse. Mais déjà, on pouvait voir les silhouettes encore lointaines des pirates manœuvrer sur leur pont pour diriger une baliste vers le navire. Une baliste armée d’un énorme grappin, qui ne nous laisserait pas la moindre chance de fuite. Ils n’auraient aucune pitié, et nous tueraient tous et toutes. Même si je ne connaissais pas le niveau de combat de mes comparses, je ne doutais pas de celui, chevronné, des assaillants. S’ils avaient choisi un abordage rapide, c’était qu’ils étaient sûrs d’eux.

J’étais paralysée, tétanisée. Je ne savais que faire pour me rendre utile, ni quelle était la solution pour ne pas finir crevée par ces forbans. Par chance, je fus bientôt bousculée par la rouquine, qui était nettement moins souriante qu’à l’embarquement, et qui m’apostropha durement :


« Bouge-toi ! Prends des armes et poste-toi avec nous. On va devoir se battre ! »

Seulement le constat était là : je ne savais pas me battre. Je n’avais jamais manié aucune arme d’aucune sorte, ni participé à aucune bagarre. La seule chose que je savais faire, c’était d’étayer quelques effets pyrotechniques lors de spectacles de magie flamboyante. Le feu…

Et le déclic retentit, presque sonore, dans mon esprit. Le feu était mon arme, et je pouvais m’en servir pour sortir la Grande Prostituée de cette mauvaise passe. Je courus jusqu’à la poupe, sentant s’agiter en moi les fluides de feu. Ils percevaient mon excitation. Je sentis mes mains trembler, lorsque je les levai pour pointer le navire ennemi. Et puis, soudain, la boule de feu qui naissait en leur cœur partit vivement vers leurs voiles noires. Sous mes yeux carmin, je vis le feu percuter le tissus sombre, et celui-ci s’embraser presque aussitôt. Une fumée noire s’éleva vers le ciel, alors que quelques exclamations de surprise naissaient sur le navire. Tous les regards étaient tournés vers le brasier qui naissait. Toute la grande voile était en flammes, et leur vitesse s’en faisait cruellement ressentir. Nous nous éloignions d’eux.

J’étais restée immobile pendant tout ce temps, mains tendues vers l’ennemi. Je ne pouvais plus bouger, trop occupée à admirer les flammes dévorant les voiles. Je ne pus réagir que lorsqu’une main vint me frapper l’épaule. Le capitaine Garriar était là, et nos regards se croisèrent. Dans le sien, je lus de la fierté et de la satisfaction. Ses mots reflétaient les mêmes sentiments.


« Bien joué ! Ton feu aura finalement été utile ! »

S’ensuivit une ovation à mon égard, qui me fit rougir de plaisir. Mais le plaisir de voir flamber ce navire n’était pas égalé. Je me sentais puissante… J’avais évité le combat à moi seule. Car même si ces pirates arrivaient à finalement contenir le feu, privés de leur voile principale, ils ne sauraient jamais nous rattraper.

C’est emprunte de ce sentiment de fierté, rehaussé par les félicitations des membres de l’équipage, que la journée se termina. Greya me serra fort dans ses bras lorsque je lui racontai mon exploit. Et cette gloire me poursuivit jusqu’au lendemain, lorsque nous atteignîmes enfin le port de Darham, vers la fin de l’après-midi. J’étais alors sur le pont, proche de la proue, sur le bastingage, à regarder le spectacle de cette ville inconnue. Un port immense, pour une ville de taille plus réduite que Tulorim et Exech. Le nombre de bateaux présents ici dépassait l’entendement.

Après les manœuvres d’amarrage, lors desquelles je restai immobile, n’y comprenant définitivement rien au maniement d’un bateau, je regardai le déchargement des caisses et tonneaux qui reposaient dans la cale. J’en étais heureusement dispensée, pour mes services de la veille…

J’étais toujours au même endroit lorsqu’un curieux personnage arriva sur le pont. Un homme tigre. Il avait la stature d’un homme, sa bipédie, mais son visage était celui d’un fauve. Garriar l’embarqua à bord en disant devoir le mener sur la « Laide ». Un autre nom de bateau, sans doute… Je rageai intérieurement lorsque je compris qu’il allait être pourvu d’une cabine individuelle, alors que j’étais restée avec l’équipage. Sans doute parce que c’était un mâle. Un gros matou parmi toutes ces femmes, ça n’était sans doute pas du goût du capitaine. Il n’en restait pas moins que cet être dont je n’avais jamais vu les semblables m’intriguait. Et après quelques minutes, lorsque Garriar ressortit pour hurler les ordres de départ, je me dirigeai vers la cabine de ce Mercurio… Et en face d’elle, je donnai trois petits coups sur la porte.

Ce que j’allais lui dire, je n’en savais rien. Mais j’avais envie d’en apprendre plus sur lui.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Dim 4 Mar 2012 17:04 
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Mercurio s'était à peine assis depuis quelques secondes en se mettant à rêvasser qu'il entendit toquer à la porte. Il pensait tout d'abord à ce que ce soit Garriar qui ait oublié de lui dire quelque chose, ou pour être réquisitionner pour faire quelques tâches demandant une certaine force physique ; il avait été docker et toujours plus ou moins habitué à ce que l'on demande son aide pour les plus lourdes, ce qui était à la fois un bon et un mauvais côté du fait d'avoir un physique d'Humoran. Mais il se doutait bien qu'il ne devrait pas rester oisif sur le navire, et pour tout dire, ça l'enthousiasmait même de découvrir les bases de sa nouvelle vie sur les mers.

Il ouvrit la porte et découvrit une charmante femme. La peau pâle, des cheveux de feu, des yeux flamboyants et un corps de rêve emballé dans quelques habits d'un rouge éclatant. Mercurio avait toujours trouvé que le rouge était la couleur mettant le plus en valeur une femme, et ça avait la méchante manie de lui réveiller quelques instincts de minotaure. Il la déshabilla rapidement du regard, l'assimilant à une des matelots de Garriar, se disant sérieusement que c'était fort dommage que ces filles ne vendent plus leurs corps car en à peine quelques minutes sur le bateau, il avait déjà du mal à contenir ses pulsions.

Bien décidé à tenter sa chance malgré les recommandations vite oubliées du vieillard, il posa son épaule contre l'embrasure de la porte, puis avec un sourire sur son visage félin, dit à la jeune femme comme s'il l'a connaissait depuis toujours :
"Salut, en quoi puis-je t'être utile ?"

Une phrase simple, courte et spontanée. C'était là son style.



L'Interrogatoire Écarlate

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Dernière édition par Mercurio le Dim 4 Mar 2012 23:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Dim 4 Mar 2012 22:23 
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Le tigre-humain ne tarda pas à ouvrir la porte de sa cabine. Son expression, si tant est que je pus l’interpréter correctement, refléta tout d’abord la surprise. Mais bien vite, le matou retomba sur ses pattes, et l’attitude qu’il adopta fut celle d’un séducteur. Il la toisa un instant, et s’appuya sur le chambranle de la porte, se faisant dominant. Dominant, il l’était par sa taille, sans aucun doute. Car il n’était pas petit. Par ses muscles, aussi, qui saillaient sur son torse et son ventre laissés à vue par une veste de cuir ouverte. Même à travers le pelage dense recouvrant totalement sa peau. Je paraissais sans aucun doute un peu chétive, à côté de lui. Mais qu’à cela ne tienne, je gardai la tête haute et ne cédai pas sous ses regards intenses. Mes yeux de braises flanqués farouchement sur les siens, je l’écoutai m’adresser la parole d’une manière aisée et familière. Un peu trop, peut-être, bien que le sens de sa courte phrase était plutôt poli.

Il me demandait en quoi il pouvait m’être utile. Et à dire vrai, je n’en savais fichtre rien. C’était la curiosité qui m’avait poussé à le suivre là, dans cette cabine, et non une quelconque demande de service. Autant être directe et sincère…


« En satisfaisant ma curiosité. Je n’ai jamais vu d’individu comme toi. »

Le tutoiement était apparemment de rigueur. Pourquoi s’en priver, dès lors ?

« Et j’aimerais savoir ce qu’est la… Laide. Tu fais partie de la Confrérie ? »

Autant ne pas cacher avoir entendu sa conversation publique avec le capitaine. Une partie, tout du moins. Je n’avais pas grand-chose à faire de passer pour une indiscrète intrusive. Je plaçai une main sur ma hanche en inclinant légèrement la tête tout en le fixant sans ciller, attendant ses réponses à mes questions… Les claires et les implicites.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
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L'Interrogatoire Écarlate




La belle jeune femme ne fit pas de manière, il appréciait cela. Elle s'interrogeait sur sa race et devait avoir entendu une partie de sa conversation avec le vieillard car elle parla de La Laide et de la Confrérie. Après réflexion, elle ne devait peut-être pas faire partie de l'équipage, sinon elle devrait sans doute le savoir.

Il répondit à sa première déclaration :
"Ah, tu n'as jamais vu d'Humoran ? Je suis le fils d'un Woran et d'une humaine, mais je n'ai jamais connu mon père et j'ai toujours vécu à Dahràm, alors je suis pas sûr de pouvoir t'apprendre grand-chose sur les Worans..."
Mercurio se garda bien de parler du fait que sa mère soit une prostituée de Dahràm, c'était le genre de détail délicat qui n'avait rien à faire dans cette discussion. Il ne faudrait pas qu'on puisse le railler dès son arrivée sur le bateau.

Il continua :
"Pour faire court : Moi c'est Mercurio. J'ai de la fourrure, une queue, des crocs, des griffes et que j'ai un physique plus... avantageux que celui des humains.", dit-il avec quelques allusions derrière la tête.

Puis il répondit à ces autres questions :
"Sinon non, j'suis pas de la Confrérie. Enfin, pas encore. J'ai vu un mec sur le port qui m'a dit que c'est un certain capitaine Heartless qui me diras s'il me prends ou non. Enfin il m'disait qu'ils avaient pas encore de guérisseur, donc j'pense que ça devrait l'faire. La Laide, c'est l'nom du bateau de ce gars, à ce que j'ai compris. Enfin, qu'il m'accepte ou pas, moi du moment que je quitte une bonne fois pour toute c'te ville, ça me va !"

Il marqua une pause avant de reprendre :
"T'es pas de l'équipage, toi, hein ? Tu cherches aussi à faire parti de la Confrérie c'est ça ?"

Cette fille avait l'air directe, alors autant en faire de même.



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A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Lun 5 Mar 2012 00:30 
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L’inconnu se présenta sous le nom de Mercurio, et expliqua que son apparence était le résultat d’une union entre une humaine et un woran. J’ignorais ce qu’était cette seconde espèce, mais j’imaginais assez bien une sorte de tigre, au vu de son apparence. Et ça me laissait un arrière-goût amer dans la bouche. Je tâchai de ne rien montrer à mon interlocuteur poilu, et me concentrai sur le reste de sa réponse, qui évoquait plus avant les qualités de son espèce… Qualités qu’il tenait à mettre en avant, visiblement. Je n’étais pas dupe sur le jeu qu’il menait. Nombre d’hommes de tous bords m’avaient déjà abordé de toutes les manières, à Exech, lorsque je me produisais au Cirque de la Troupe Flamboyante. Et la seule chaleur que certains parmi les plus entreprenants parvenaient à tirer de moi était plus douloureuse que satisfaisante pour leurs pensées libidineuses. D’aucun ne s’en vantait, bien sûr. Les saucisses grillées étaient un plat qui n’avait que trop peu de succès, sur le marché de la séduction.

Je baissai le regard sur sa queue, qui balançait en rythme à l’arrière de son pantalon blanc, puis mes yeux remontèrent sur son visage avec un sourire mutin, en réaction à ses vantardises sous-entendues. Avec le même sourire, et un petit haussement de sourcil moqueur, je lui répondis sans mâcher mes mots, sur le ton de la boutade :


« Si tu tiens à ta fourrure, laisse-donc cette jolie queue pendre entre tes propres jambes, minou. Pour le reste, tu peux m’appeler Alessia. »

Il m’expliqua qu’il était tout comme moi candidat pour rejoindre le fameux capitaine Heartless dont on m’avait parlé, et donc la Confrérie d’Outremer. Il n’avait pour ma part aucunement été question d’un examen de passage pour œuvrer en leur compagnie. Sans doute manquaient-ils plus d’une pyromancienne que d’un guérisseur. La Laide dont il avait parlé n’était autre que le nom du bateau d’Heartless, comme je l’avais suspecté. Il m’interrogea ensuite sur mes propres ambitions et projets, ainsi que sur ma situation sur ce navire.

« Exact, on m’emmène aussi voir ce Heartless pour rejoindre la Confrérie. Et non, même si je dors avec les filles, j’fais pas partie de l’équipage. Comme quoi, y’a d’l’avantage à être un mâle, sur ce rafiot. »

J’imaginais assez bien combien ce chaud-lapin griffu allait souffrir, entouré de toutes ces femmes ivres de liberté, à force d’avoir par trop souvent donné leur corps aux hommes de son espèce. Je décidai de lui laisser cette surprise par lui-même. Il ne tarderait sans doute pas à le découvrir. Au lieu de ça, je revins sur ses propos dévalorisants envers la cité de Darham.

« Te plains pas trop de Darham. Ca ne peut pas être pire qu’Exech, et ses ruelles en constante guerre des gangs. C’est de là que je viens. »

On fuyait apparemment tous les deux notre vie passée. Ça nos faisait un point commun. Un seul.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Lun 5 Mar 2012 01:44 
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La jeune femme, à sa manière de le scruter et de lui parler, semblait assez farouche. Non pas que ça lui déplaise, mais Mercurio n'avait pas joué au jeu de la séduction depuis longtemps. Lui qui était habitué à ne traîner qu'avec des catins n'avait jamais eu qu'à vider quelques bourses de yus pour pouvoir passer aux choses sérieuses rapidement. Mais il se rendait bien compte que sur ces rafiots, il ne pouvait compter sur ça et ne comptait pas devoir se contenter de quelques plaisirs solitaires comme au temps de son adolescence. Par extension, il se dit aussi que ce problème était peut-être la raison des rumeurs de tension qui régnaient souvent dans les équipages. Apprendre que cette Alessia allait à la rencontre de ce fameux capitaine Heartless rendait d'un coup le challenge encore plus intéressant que pour n'importe quel autre de ce bateau.

Lorsqu'elle se mit à dire que les filles dormaient ensemble, détail qu'il ignorait, Mercurio fut soudain pensif, fantasmant un brin mais n'y rajoutant pas un mot. L'avantage pour lui, ç'aurait plutôt été de dormir parmi elles !

Puis elle se mit à parler d'une ville, Exech, qu'il ne connaissait pas. La jeune femme semblait en tout cas la haïr profondément. Elle aussi devait avoir quelques spectres à laisser derrière elle.
"Je ne connais pas Exech, mais ça donne pas envie d'aller visiter c'que tu dis. Je suis jamais sorti de Dahràm moi. Et Dahràm, c'est quoi ? Des marins, des pirates qui s’entre-tuent à la sortie des tavernes, des égorgeurs dans les rues, des gars d'Oaxaca qui font des rafles de résistants et torturent des pauvres mecs devant un tas d'abrutis qui se croient au spectacle. J'suis guérisseur moi, j'avais rien à foutre dans ce merdier."

Il fit une petite pause, se rendant compte qu'il commençait à s'énerver tout seul avant de reprendre, calmé :
"Enfin voilà quoi. Et sinon, comment t'as réussi à te faire accepter sur c'rafiot ? J'imagine que c'est pas juste ton joli minois qui t'as permis ça, j'me trompe ? Tu dois avoir un sacré pied marin ou... Quelques talents particuliers. J'me trompe ?"

En posant cette question, Mercurio se rendit en même temps compte de sa totale ignorance sur ce capitaine dont il n'avait jamais entendu le nom auparavant et sur son bateau. Ce Heartless, quel genre de capitaine était-il ? Pourquoi appeler une bande de pirate une confrérie ? Se pouvait-il qu'il soit du même genre que la "Grande Prostitué" et composé d'une majorité de femme, ce qui expliquerait la venue cette Alessia ?



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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Lun 5 Mar 2012 21:31 
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L’humoran me décrivit brièvement la ville de Darham, qui fuyait tout comme je fuyais Exech. Elles ne semblaient pas plus reluisantes l’une que l’autre. À tel point que je me demandai fugitivement si ça n’était pas le cas de toutes les villes d’enfance, pour les aventuriers dans notre genre. Nous nous trouvions une excuse pour fuir le quotidien horrible, et passer notre chemin pour vivre une suite incessante de surprises en tous genre. Cette rencontre était l’une d’elle. J’opinai sentencieusement sous ses paroles, marquant mon empathie à son égard sur la répugnance qu’il semblait ressentir.

« Ça ne peut que nous faire du bien de prendre le large sur tout ça. »

Je lui lançai un petit coup de poing amical sur l’épaule, et alors que je voulus lui répondre à propos de mes capacités inhérentes à mon intégration dans la Confrérie d’Outremer, un tangage inopportun du navire me déséquilibra, et je trébuchai sur Mercurio, sur lequel je me rattrapai de mes deux mains sur ses épaules. Ma tête atterrit sur le pelage de son pectoral et aussitôt, je m’en écartai farouchement, de crainte qu’il n’interprète mal ma maladresse. J’enrageai presque contre moi-même de cette bévue inattendue. Sans perdre le contact avec son blouson de cuir, mes mains glissèrent sur ses biceps, tant pour attirer son attention que pour maintenir une certaine distance entre lui et moi.

« Oups… Désolée. »

Je repris pour moi mes mains, et me passai nerveusement une mèche derrière l’oreille. Vainement, d’ailleurs, puisqu’elle retomba presque aussitôt sur le bord de mon visage. Je ne m’étais jusqu’ici pas rendue compte que la Grande Prostituée avait démarré son voyage en partance de Darham, vers une destination inconnue de moi. Peut-être venait-elle de quitter le quai, ou de passer la limite du port…

« Non, non définitivement, ce n’est pas pour mon pied marin qu’ils m’ont embauchée. S’ils m’ont prise avec, c’est parce que je leur en ai fait la demande. Et qu’ils ne crachaient pas sur la présence d’une pyromancienne à leur bord. »

Pyromancienne… Le terme était peut-être un peu complexe pour un type qui n’avait jamais quitté sa bourgade, si hétérogène fut-elle au niveau de sa population.

« À Exech, je travaillais dans une troupe de spectacle, le Cirque Flamboyant. Nous y étions plusieurs mages de feu, à faire des effets artistiques de nos sorts… »

Époque révolue. Je m’interrompis moi-même pour lâcher un soupir.

« Le genre de truc où on tourne en rond sans avancer. J’en ai eu marre, j’me suis barrée. »

De telles confessions à un inconnu ne me ressemblaient pas. Non pas que je fus timide, loin de là. Mais ça ne regardait personne, ce que je faisais de ma vie. Pour masquer mon trouble, je retournai la question à mon interlocuteur félin.

« Et toi, y’a quelque chose de particulier qui t’a soudainement fait franchir le pas ? »

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Mar 6 Mar 2012 00:51 
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Lorsque la jeune femme dit que le large ne pouvait leur faire que du bien, Mercurio rajouta à sa suite :
"Plutôt ouais !"

Elle lui lança ensuite un petit coup sur l'épaule, auquel Mercurio ne savait pas vraiment comment réagir. C'était le genre de geste plutôt masculin dont il ne s'attendait pas de la part d'une aussi jolie fille. Mais il n'eût pas à le faire, car un malheureux mouvement du navire la fit chavirer sur lui qui, toujours appuyé contre l'embrasure de la porte, ne ressentit pas de déséquilibre particulier. Elle s'étala littéralement sur lui, se rattrapant au niveau de ces épaules. Il n'eût pas le temps de réagir que celle-ci s'éloigna doucement en s'excusant, vraisemblablement gêné par cette mésaventure. La voir ainsi fit sourire Mercurio, ce qui eût pour effet de bien faire apparaître ses crocs.

Elle se rattrapa vite, faisant rapidement l'impasse sur cette bévue et expliquant son parcours. Mercurio buta sur le mot "pyromancienne", qu'il ne savait interpréter correctement, mais il n'eût à pas à poser la question puisque celle-ci continua, expliquant qu'elle était mage de feu dans un cirque. L'Humoran perdit aussitôt son sourire.

Il avait toujours eu un certain malaise avec le feu, ça réveillait toujours en lui une certaine paranoïa depuis un petit traumatisme de son enfance... Il s'était endormi auprès d'une bougie et son pelage avait pris feu. Il vécut le pire réveil de sa vie, se sentant brûler. En criant, il alarma sa mère qui, dans la précipitation ne trouva pas de meilleure idée que de lui vider le pot de chambre dessus. En fin de compte, il n'eût que quelques poils roussis et supporta la honte d'avoir un trou dans son pelage pendant plus d'une semaine. Depuis, il évitait autant que se peut de se rapprocher des feux et s'aventurait rarement à en allumer un. Il dût faire usage de quelques lampes à huile, mais ça s'arrêtait là. Il était hors de question de toucher à la moindre bougie.

Alors apprendre qu'une mage de feu traînait dans un bateau en bois n'était pas pour le rassurer. Il suffirait du moindre début d'incendie pour tous les condamner à aller nourrir les poissons, et c'était loin de le rassurer. Aussi son enthousiasme et ses hardeurs furent calmés en s'imaginant qu'elle pourrait l'immoler au moindre mot de travers. Mourir brûlé était vraiment la pire de ses angoisses.

Ainsi lorsqu'elle lui retourna la question délicate de la raison de son départ, cela finit de lui donner envie de couper court à la conversation. Aussi il reprit une position debout, ne s'appuyant plus sur le côté de sa porte. Il n'avait aucune envie de parler du départ de son seul ami Klaus, de la mort de son mentor Alkrim et de l'abominable sentiment de solitude qu'il ressentait depuis un moment. Aussi il se sentit minable en faisant ce nouveau point sur sa vie.
"Je... A force de traîner dans le port et de voir des gars venant de l'autre bout du monde, j'ai eu envie d'aller y voir par moi-même, c'est tout."
Sa voix s'était fait plus petite pour cette réponse, regardant vers le sol.

Il eût à peine fini sa phrase qu'il improvisa une bonne raison de s'éclipser, frappant un coup dans ses mains de manière de manière nerveuse avant de lancer :
"Bon, c'est pas tout mais j'vais voir Garriar histoire de voir si j'peux pas donner un coup de main quelque part..."

Il ferma sa porte en quelques gestes brusques, la bousculant presque.
"Bon, de toute façon on se recroisera hein, c'rafiot fait pas non plus dix lieux de longs. Alors, à plus hein !"

Ainsi, il s'éloigna pour chercher Garriar.



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Dernière édition par Mercurio le Jeu 7 Juin 2012 21:03, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Sam 10 Mar 2012 13:05 
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Un sourire aussi fugitif que carnassier passa sur le visage animal de Mercurio. Car très vite, sa face se vida de toute expression séductrice ou enjouée. Encore que je n’eusse pu reconnaître sur les traits d’un tigre la moindre émotion avec exactitude. Il reprit d’ailleurs bien vite une position verticale plus normale que son attitude nonchalante, faisant l’aveu et la confirmation que quelque chose n’allait pas. Sans doute venait-il se rendre compte d’un subit mal de mer, et souhaitait un peu de solitude pour vider ses tripes d’un surplus malvenu… En tout cas, tout dans son attitude sembla montrer qu’il ne souhaitait plus se trouver face à moi. Ses paroles aussi se firent plus prestes et bâclées. Et sa voix plus basse, désormais. Une raison bateau pour un embarquement, qui ne me trompa pas. Il dissimulait la vraie raison de son arrivée ici. La voix basse utilisée, et son regard fuyant étaient éloquents.

Et tout aussitôt, il frappa dans ses mains pour annoncer vivement son départ en quête d’un certain Alkrim, sur le navire. Nom qu’elle n’avait pas entendu prononcer lors de ses quatre premiers jours de traversée. Un nouveau résident du bateau, peut-être. Son empressement à le rejoindre était par contre troublant. Toujours sur la piste d’un suit mal de mer, sans doute était-ce un guérisseur munis de baumes apaisants pour les nausées impromptues. L’humoran claqua la porte de sa cabine et s’en alla prestement, sans même me laisser le temps de lui répondre. Je fronçai les sourcils, mécontente de cette attitude manquant totalement d’amabilité. S’il m’avait fait la première impression d’un goujat, c’était bien un rustre, que je voyais là.

J’haussai donc les épaules sans chercher à suivre ce curieux personnage, et me dirigeai tant bien que mal vers les cuisines du navire, où je piochai quelques vivres, sous la bonne bénédiction de Greya la cuisinière, pour aller les dévorer avec appétit dans la cabine commune de l’équipage, au pied de mon hamac. Adossée sur une poutre de bois, je mangeai donc un morceau de pain sec, et du poisson frais cuit dans un potage gras. Le genre de plat qui tenait bien au corps, et coupait toute envie de manger. Une fois mon repas pris à l’écart des autres, je me glissai dans ma couchette suspendue, et me retournai plus d’une fois avant de trouver le sommeil. Je n’avais pas suivi le conseil de la rouquine, cette fois, et ne m’étais pas endormie avant le départ du navire hors du port de Darham. Le roulis des vagues me berça tout de même, au bout d’un moment. J’avais beau ne pas avoir le pied marin, je supportais la mer et ça, c’était déjà bien. Surtout pour la future membre d’un équipage légendaire…

Le lendemain, aux premières lueurs de l’aube, je montai sur le pont supérieur afin de m’accouder au bastingage pour admirer l’étendue d’océan partout autour. Nulle terre à l’horizon, nous étions au large de tout, petit point de bois sur une énorme étendue d’eau. Le soleil se levait lentement à tribord, signe que nous nous dirigions vers le grand nord. Le continent de Nirtim se trouvant déjà au nord de l’Imiftil, c’était donc vers une nouvelle terre que nous nous dirigions. Une terre lointaine où aventuriers allaient chercher monstres et trésors. Pensive, accoudée au bastingage, je me laissai porter par la Grande Prostituée. Seule et faisant partie d’un groupe, dans le même temps.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Lun 12 Mar 2012 23:05 
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Mercurio partit sans se retourner. Le malaise qu'avait réveillé cette jeune femme en lui le forçait à la fugue et il ne fit aucun effort de délicatesse dans ce sens, il n'était en rien un gentleman et ne cherchait absolument pas à le faire croire. Cette relation avec la mage de feu avait décidément démarré sur les chapeaux de roue et l'idée qu'elle restera une collègue à part entière pendant un bout de temps ne l'enchantait guère.

Il partit alors rejoindre Garriar, car il ne lui avait pas encore dit le moins du monde comment le voyage allait s'organiser pour lui et les tâches qu'il aurait à faire. Celui-ci se trouvait sur le pont arrière, chiquant du tabac, une bouteille de liqueur d'algues encore bouchée à la main. Le bateau avait quitté le port de Dahràm depuis un petit moment, l'heure du dîner se faisait sentir, le soleil se dirigeait vers l'horizon et l'équipage féminin commençait déjà à se réduire sur le pont.

"Capitaine ?"

"Ah, salut mon gars, ça y est, tu t'es installé ?"

"Oh oui oui, ça fera largement l'affaire !"

"Tant mieux que ça te plaise, tu sais, les filles dorment dans une salle commune... J'fais dormir les hommes là-dedans pour éviter les problèmes."

Mercurio se tut un instant avant de reprendre :
"Je vois..."

Il se passa un petit silence gêné avant que Garriar ne le brise en crachant son tabac par-dessus bord et ouvrant sa bouteille de liqueur :
"Tu m'accompagnes ? Ces donzelles sont pas très portées sur la boisson, alors avoir un compagnon de beuverie serait pas d'trop !"

"Alors là, vous me prenez par les sentiments capitaine !"

Le capitaine en but une bonne lichée avant de passer la bouteille à Mercurio, qui ne but pas directement :
"Capitaine, j'imagine que je vais pas rester sans rien faire pendant tout le voyage. En quoi est-ce que je pourrais aider ?"

"Hum, j'avais pas réfléchis à ça. Bah tu sais quoi ? J'vais te confier à ma seconde, elle te trouveras certainement un coin où ta force servira à quelque chose. Mais te prends pas la tête, j'lui en parlerais demain matin."

Mercurio fit un petit signe d'approbation, puis il y eût un nouveau silence dont l'humoran profita pour boire et repasser la bouteille à Garriar.
"Et pour l'eau et les repas, ça se trouve où ?"

"Ah, t'as pas encore mangé ? Tu dois aller demander tes repas à la cuisine de Greya, la fille avec qui tu parlais tout à l'heure l'y aide."

Mercurio ne voulant pas la recroiser se dit qu'il allait faire l'impasse pour ce soir, les quelques bâtonnets qu'il avait mangé au port lui suffirait pour cette fois.

Il y eût un nouveau silence, Mercurio regardant brièvement l'horizon dans lequel le soleil s'était déjà noyé. Garriar brisa une dernière fois le silence : "Bon mon gars, si t'as pas d'autres question, j'vais dans ma cabine moi ! Et tu devrais aller manger rapidement et puis dormir aussi sec toi, les premières nuits à dormir sur un bateau sont jamais les plus agréables, et nous on se lève avec le soleil !"

Aussitôt dit, Garriar quitta la place, le laissant en plan. Mercurio resta à rêvasser quelques minutes avant d'aller suivre ses conseils.

Effectivement, la nuit fut laborieuse. Ce n'était pas tant le bruit des vagues qui était dérangeant, mais les mouvements de roulis incessants qui le portait à droite et à gauche. Et aussi peu qu'il en bût, il sentait la liqueur d'algue en mouvement permanent dans son estomac qui lui donnait quelques relents. Il lui fallut un moment pour arriver à s'endormir, et encore, quelques vagues plus fortes et autres mouvements du navire eurent raison de son sommeil à plusieurs reprises.

Il avait l'impression de s'être à peine endormi lorsqu'il entendit frapper vivement à sa porte. Il se réveilla brusquement, surpris, voyant de la lumière pénétrant à travers le bois. Il alla rapidement ouvrir la porte.

C'était une Ynorienne d'une trentaine d'année avec des cheveux courts et noirs, des yeux d'ébène, un physique athlétique et plutôt bien faite, comme toute les filles de l'équipage qu'il avait pu voir jusque là. Sauf que celle-ci avait un air plutôt sévère. Elle avait avec elle un seau et un balai qu'elle tenait étrangement. Le voyant à demi-réveillé, elle lui tends brusquement son fardeau et lui annonce :
"Bon, Garriar m'a dit de te trouver un poste et j'ai pas de temps à perdre à former un novice. Tu vas passer la serpillière sur le pont de la proue à la poupe. Et que ce soit bien fait !", avant de s'en aller aussi sec.

Mercurio eût quelques secondes de ballottement avant que l'information lui vienne bien au cerveau. Puis il se dirigea donc vers la proue et commença à nettoyer le sol sans se poser de question. Il espérait servir à quelques travaux un peu plus glorieux, mais il n'avait pas coeur à râler maintenant. Il essayerait de trouver une gentille qui lui montrerait quelques petits trucs pour les cordages par exemple. En attendant, passer la toile en se rinçant l'oeil n'était pas forcément pour lui déplaire.



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Dernière édition par Mercurio le Sam 24 Mar 2012 00:41, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Prostituée (Heartless - v=x3)
MessagePosté: Mer 21 Mar 2012 09:14 
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Ma contemplation des vagues du large, et de l’étendue maritime infinie fut bientôt mise à mal par un bruit répétitif de frottements qui gâchait le ressac poétique des vagues et les grincements subtils de la coque fendant les flots. Je me tournai vers l’origine du bruit, qui n’était autre que l’humoran de la veille, Mercurio, qui avait si prestement mis fin à notre entretien. Il semblait en meilleure forme que la soirée précédente, puisqu’il déambulait avec une brosse molle et un seau à la main. Il nettoyait le pont. Son mal de mer n’avait dû être que passager.

Je terminai de me tourner entièrement vers lui, m’accoudant donc dos au bastingage pour le regarder faire avec curiosité. Il n’était finalement pas la cible d’un traitement de faveur, ce qui me réconforta un peu. Personnellement, je préférais même servir d’allumeuse de torches ou d’aide cuisinière que de femme de ménage de l’appontement. Lorsqu’il fut assez proche pour m’entendre sans que je doive hausser la voix, je lui lançai :


« Hé, t’es plus dans ton assiette qu’hier ? »

Les pieds dans le plat, évidemment. En qualité d’aide-cuisinière du bord, c’était une logique sans faille.

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