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Lorsque j’arrive je ne peux qu’être admirative face au paysage qui se présente à mes yeux. Une étendue immaculée est étalée devant moi. Le seul inconvénient est le froid qui se fait de plus en plus glacial. Je traverse à la hâte la ville d’Henehar pour rejoindre le sentier qui mène aux Monts Éternels. Gaïa seule sait combien de temps je vais mettre pour m’y rendre. Alors que je m’engage sur le chemin, je les aperçois, majestueux, qui percent le ciel tels des lames qui trancheraient le ciel.

(Ils sont vraiment magnifiques !)
(N’est-ce pas.)
(Tiens… Te revoilà ?... Excuse-moi pour tout à l’heure mais…)
(C’est bon. On oublie… Tu ferais mieux de te mettre en route.)

Malgré le fait que Laïdé se soit manifestée, je sens bien qu’elle est amère suite à mon coup de sang dans l’aynore qui m’a amené ici. Je n’ai jamais été quelqu’un de très courageux, j’ai trop souvent tendance à m’appuyer sur autrui pour surmonter les difficultés. Je sais bien que c’est un défaut et que pour cette quête je dois être seule mais, ce n’est absolument pas évident et je ne peux pas changer du tout au tout comme ça en claquant des doits. Au moins ai-je réussi à ne pas demander à Sil de m’accompagner. Un point pour moi, non ?

Je m’aventure donc dans les plaines nosvériennes qui sont à couper le souffle tant la neige sublime la beauté naturelle de ce cadre. Mais je ne peux réprimer un profond sentiment de frustration. Bien que je n’arrive pas à le définir vraiment, je sens que quelque chose de capital manque à mon voyage. Une présence ? Manquerais-je de force de caractère ? Encore une fois je ne peux que constater un triste fait : je me pose bien trop de questions !! Je décide de laisser tout cela de côté et de me concentrer sur ce qui m’attend.

La découverte de cette nouvelle contrée éveille en moi une certaine excitation. Il est grand temps que je me concentre sur les côtés positifs de mon existence. Depuis un certain temps ma vie se voit chamboulée et ceci en profondeur. L’assassinat de mon père, le fait que j’ai été adoptée et tout un tas de petites choses qui mises bout à bout font qu’aujourd’hui, je ne suis plus celle que j’étais. Au lieu de me lamenter, il me faut me concentrer sur les aspects positifs amenés par ces bouleversements.

(Ce n’est pas trop tôt ! C’est tout ce que je voulais te faire comprendre.)
(Je me doute Laïdè. Mais tu sais insister encore et encore, ce n’est pas toujours la bonne façon de procéder.)
(Je vois ce que tu veux dire… Je suis désolée Saly.)
(Moi aussi mon amie.)

Depuis que ma faera est entrée en contact avec moi, je ne me sens absolument plus seule. Malgré nos disputes, nous finissons toujours par nous réconcilier et ce rapidement. Alors que j’admire le paysage, un courant d’air vient me fouetter le visage, ce qui a le dont de me faire frissonner. Je resserre ma cape autour de moi afin de me protéger de cette brise glaciale. Seul point négatif de ce continent : la température ! C’est définitif, je n’aime pas le froid mais je veux ce sceptre.

Alors que la nuit commence à tombée, je me mets en quête d’un abri pour la nuit. Je ne me vois absolument pas dormir à la belle étoile par ce temps ! Surtout si la neige se met à tomber. De plus je ne connais absolument pas la faune de ce continent hormis l’énorme chien qui accompagnait Oryash et je n’en garde pas un excellent souvenir. Alors que les montagnes commencent à se dresser j’aperçois une maisonnée d’où s’échappe de la cheminée une fumée bienveillante. Me retrouver au pied d’un bon feu serait bien agréable. Je m’approche et frappe à la porte.

"Euh… Excusez-moi, je suis une voyageuse et je voudrais savoir si vous pourriez m’héberger pour la nuit ou à défaut m’indiquer un endroit pour me mettre au chaud ?"

Cela ne me déplairait pas d’être accueillie chez un habitant. Espérons juste qu’il se montre bienveillant et je me sentirais peut-être plus à l’aise pour demander des conseils pour l’ascension des Monts Éternels.

Après quelques minutes d’attente, une femme couverte des pieds à la tête, c’est à peine si je vois ses yeux, et d’un âge avancé, vient entrouvrir sa porte avec méfiance. Je suis en train de grelotter dans sous ma cape, bien que cette dernière soit plus chaude que la précédente. Que j’ai bien fait d’investir dans cet achat, par Gaïa ! La dame m’examine de la tête au pied et semble même s’assurer que je ne suis pas suivie. Cette région serait-elle dangereuse ? Après une inspection minutieuse, elle daigne ouvrir la bouche.

"Quoi que vous vendiez, je ne suis pas preneuse ! Au revoir !"

Elle me lance cette phrase en amorçant une fermeture de sa porte que je parviens de justesse à bloquer avec mon pied pour l’interpeller avec douceur.

"Oh non ! Vous vous méprenez chère madame, je n’ai rien à vendre. Je suis une voyageuse et je voulais simplement savoir si je pouvais me réchauffer quelques instants auprès d’un bon feu ? Je dois avouer que je me suis laissée surprendre par le froid."

Je dois avouer avec honte que je ne m’attendais pas à rencontrer un froid aussi piquant ! Je n’en veux à personne si ce n’est à ma propre personne de ne pas avoir pris suffisamment de précaution lorsque j’ai planifié mon voyage sur ce continent gelé. Visiblement, la situation exaspère la petite vieille qui finit par m’ouvrir sa porte.

"Ah les jeunes voyageurs !! Vous êtes bien des petites natures ! Allez ! Venez vous mettre au chaud !"

"Oh merci infiniment madame !!", dis-je entrant en prenant soin de secouer ma cape à l’extérieur afin de ne pas salir l’intérieur chaleureux de cette nosvérienne qui a la bonté de m’offrir son hospitalité.

En me retournant, je découvre un intérieur spartiate. Une pièce unique forme cette demeure. La chambre, le salon et la cuisine sont concentrés dans une seule et même pièce. Malgré cela, je trouve cet endroit chaleureux et convivial.

"Ce n’est pas une auberge de luxe ! Il faudra vous contenter de ça ! Ma maison n’est pas terrible… Je suppose que la vôtre est mieux."

"Je trouve votre intérieur fabuleux ! Et puis vous savez, l’important est d’avoir un toit au-dessus de sa tête. Je vous remercie encore mille fois de m’inviter, madame…"

"Seri ! Et vous êtes ?"

"Salymïa. Enchantée, Seri."

À mon grand étonnement, Seri garde sur son visage sa capuche et ne semble pas vouloir me montrer son visage. Je ne comprends pas cette appréhension au point de me demander si je ne l’ai pas froissé ou si je ne me suis pas montrée indélicate, bien qu’à première vue, je ne vois pas ce que l’on peut me reprocher.

(C’est une elfe blanche.)
(Une de mes semblables ? Le monde est petit…)

Ce détail apprit par mon amie m’apporte quelques lumières sur sa réticence à me faire face. Pendant une longue minute aucune de nous ne parle. Penchée sur sa cuisinière, elle remue un bouillon qui sent, je dois l’avouer, délicieusement bon. Je me sens gênée, car je voudrais bien lui poser des questions, mais ma conscience m’en empêche. Bien que j’apprécie les informations transmises par Laïdè, j’ai l’impression de jouer les intruses dans la vie de ces personnes.

"Tu ne devrais pas te sentir mal pour si peu fillette. Bien des personnes en abuse et parfois avoir une faera est un bon moyen de se protéger. Sinon je ne sais pas si je t’aurais laissé entrer…"

La surprise est totale ! Ainsi, Seri est elle aussi en contact avec une de ces petites boules de fluides auxquelles on s’attache avec tant de facilités.

"Oui, vous avez raison. Ma compagne est un roc pour moi. Même dans les pires moments, elle est là. Je n’imagine plus ma vie sans elle…"

"Tâche de toujours garder cela à l’esprit. J’ai poussé la mienne dans ses retranchements et on s’est séparée pendant plusieurs années… Les pires années de ma vie… Je ne le souhaite à personne."

Disant cela, Seri se retourne en enlevant le seul habit qui me barrait jusqu’ici la vue de son visage. Je découvre avec stupeur un visage marqué par de nombreuses blessures. Une longue cicatrice barre son visage courant de son œil droit jusqu’à la naissance de ses lèvres. Visiblement, cette femme est passée par des épreuves douloureuses et malheureusement, elle remarque la surprise sur mon visage lorsque j’aperçois le sien pour la première fois.

"Je fais cet effet à tout le monde… ce pourquoi je me suis retirée dans cette modeste demeure."

"Je ne sais quoi vous répondre… Je ne veux pas vous blesser… Cela m’a surpris en effet, mais l’habit ne fait pas le moine comme on dit."

"Sans doute… Alors, que viens-tu faire en ces terres, jeune hinïone ?"

Je redoutais cette question plus que tout autre. Je ne peux évidemment pas lui révéler que je suis ici à a recherche d’une relique et encore moins lui révéler mon appartenance à la guilde des Amants, j’ai prêté serment de garder cela sous silence. Il ne me reste donc plus qu’à lui sortir l’excuse la plus idiote et sans aucun doute, la plus banale.

"Je voyage. J’ai toujours voulu connaître le monde qui m’entoure et n’ayant jamais quitté Lùinwë et bien, j'ai pensé que découvrir Nosvéris pouvait être un bon point de départ."

Alors que je lui révèle le nom de ma ville natale, je peux lire la surprise la plus complète sur son visage. Ses yeux s’écarquillent ce qui provoque le malaise chez moi. Étant elle-même une elfe blanche, elle connaît peut-être cette ville, mais quelque chose me dit qu’il y a plus que cela. Les larmes commencent à lui monter aux yeux tant est si bien que son regard devient brillant et qu’en l’espace de quelques secondes, des larmes roulent sur ses joues.

"Tout va bien Seri ?", lui dis-je en m’approchant d’elle tandis que cette dernière, se sentant défaillir, porte une main sur sa bouche et l’autre vient s’agripper à mon bras.

"Salymïa… C’est bien ton nom ?... Et tu viens de Lùinwë ?"

"Oui. Mais qu’y a-t-il ?"

"Alors tu… Tu es la fille d’Higbaèm ?"

Cette fois-ci, c’est à mon tour d’avoir le tournis et par pur reflex, je recule. Comment cette inconnue connaît-elle le nom de mon père ? Son visage ne me dit rien, je ne l’ai jamais connue et pourtant, elle semble savoir des choses sur moi. Elle sombre alors dans une lamentation et elle est secouée par de puissants sanglots. De mon côté, l’incompréhension est totale et je ne parviens pas à trouver mes mots. Au bout d’un moment, qui me paraît interminable, elle finit par se ressaisir.

"Je suis désolée… Tu dois te demander qui je suis… Il y a fort longtemps, j’ai coupé les ponts avec le seul membre de ma famille avec lequel je m’entendais… Mon frère, Higbaèm…"

En disant cela, un sanglot s’étrangle dans sa gorge. Ainsi, cette femme est ma tante, enfin si l’on peut dire. Mais pourquoi mon père ne m’a jamais parlé de Seri. J’ai toujours cru que ce dernier était un enfant unique. Je suis complètement sonnée par cette nouvelle. Mon passé semble inévitablement me rattraper. Voyant mon manque de réaction, Seri s’empare d’une chaise et se place devant moi.

"Il m’a tenu informée de sa vie par courrier. C’est ainsi que je connais ton existence…"

"Pardonnez-moi… Mon père ne m’a jamais parlé de vous…"

"Cela ne m’étonne pas…"

"Pourquoi vous êtes-vous brouillée avec mon père ?"

"Je ne m’entendais absolument pas avec ta mère… Elle me semblait froide et instable. Je ne saurais pas t’expliquer plus. Cependant, cela fait un moment que je ne reçois plus de nouvel de mon frangin. Va-t-il bien ?"

L’émotion est à son comble quand je comprends que mon interlocutrice n’est pas au courant de la tragédie qui est venue s’abattre sur le regretté Higbaèm. Un voile de tristesse passe sur mon visage et je sens la tension monter de plus en plus. Une larme coule sur mon visage.

"Votre jugement sur ma mère était juste… Mon père, votre frère, a été assassiné par l’amant de ma mère…, lui dis-je en voyant qu’une chape de plomb tombe sur ses épaules et que les larmes disparaissent au profit de la fureur. J’imagine votre haine, mais soyez apaisée, j’ai vengé mon père… J’ai tué ma mère de mes propres mains !"

Je préfère taire tout ce qui touche au Amants. Inutile pour elle de savoir qu’en réalité, je suis une enfant adoptée. Sur son visage se lit alors la compassion. Elle est soulagée de savoir que l’immonde personne qu’était ma mère adoptive est morte et en même temps elle se sent terriblement mal de savoir que c’est moi qui ait dû mettre fin aux jours de cette traîtresse. Après toutes ces émotions, je pars d’un bâillement sincère et profond.

"Il se fait tard Salymïa. Repose-toi ! Où te rends-tu au fait exactement ?"

"Je souhaite voir les Monts Éternels."

"Oh ! Alors au lit ! Nous prendrons un bon petit déjeuner et je te donnerais de trois victuailles pour l’escalade, ce n’est pas de tout repos."

Je la remercie silencieusement et je m’étends sur l’unique couche en prenant soin de laisser suffisamment de place pour que Seri s’installe aussi, ce qu’elle fait, tremblante d’émotion. Pour ma part, je regarde le plafond sans parvenir à trouver le sommeil…

Cette nuit-là, impossible pour moi de trouver le sommeil. Je doute que Seri soit réellement endormie, mais je n’ose pas parler ni même remuer tellement le coup de massue que je viens de recevoir est puissant. Ainsi mon père avait une sœur et il ne m’en a jamais parlé. Pourquoi a-t-il gardé ce secret ? Avait-il honte d’elle ? Et qu’est-ce qui l’a poussé à venir s’installer dans cette région si éloignée ? Sentant sans doute que mon esprit est en ébullition, Seri se redresse et rallume une chandelle.

"Je suppose que nous n’arriverons pas à dormir. Souhaite-tu une tisane ?"

"Oui… Volontiers, merci Seri."

Ma « tante » se relève et commence à faire chauffer de l’eau pour nous préparer un bon breuvage. Je la regarde évoluer dans ce petit intérieur et le trouble ne cesse d’étreindre mon cœur. Il n’est pas commun de se découvrir une parente si tard dans sa vie. Surtout qu’elle n’est pas au courant du secret qui entoure ma naissance et je ne me sens pas de lui dire qu’en réalité je suis une enfant adoptée. Autant lui éviter un choc supplémentaire sachant qu’elle vient déjà d’apprendre l’assassinat de son frère. Une fois les boissons prêtes, elle revient vers moi en me tendant ma tasse.

"Tiens. Attention c’est chaud."

"Merci…, dis-je en m’emparant de ma tisane en me sentant de plus en plus mal à l’aise. Je me sens très gênée Seri… Comme je l’ai dit, mon père ne m’a jamais parlé de toi et je dois avoué que j’ai un peu honte de faire ainsi irruption dans ta vie…"

"Tu ne devrais pas être aussi dure avec toi-même. Il avait sans doute ses raisons. Ta mère ne m’a jamais accepté et c’était réciproque… Il a dû faire un choix et je suppose qu’il n’a pas voulu te parler d’une parente que tu risquais de ne jamais rencontré."

"Peut-être, mais je lui en veux un peu quand même…"

"Ne fais pas ça. Ton père était un homme bon qui t’aimait profondément. Il a seulement eu mauvais goût en ce qui concerne sa femme… Je n’arrive pas à croire ce que tu viens de me dire… Comment est-ce arrivé ?"

Le glas tombe pour moi. Je ne peux pas répondre à cette question. Le sort est bien cruel pour cette femme, car j’ai juré de garder le secret sur les activités du Temple des Plaisirs et je ne pense pas qu’elle en connaisse l’existence ni même que son frère en était un membre. Je n’ai pas le droit de trahir la parole que j’ai donné au Temple. C’est avec le cœur lourd que je décide donc de lui mentir.

"Avec le temps, ils se sont éloignés l’un de l’autre et ma mère a trouvé du réconfort auprès d’un homme détestable. Je ne sais comment tout cela s’est déroulé, mais cet homme a voulu faire passer cela pour un accident de guerre afin de masquer son acte abominable. J’ai finit par découvrir la vérité…"

"Pourquoi avoir tué ta mère ?"

"Elle ne regrettait absolument pas ce que son amant avait fait et même elle… elle jubilait et disait que mon père n’avait eu que ce qu’il méritait… Cela m’a mis hors de moi…"

"Je te comprends… Cela a dû être terrible pour toi, mais je dois te dire que je suis heureuse que tu ai vengé ton père."

Pendant une minute nous gardons toutes deux le silence, comme pour adresser un message silencieux à l’homme que nous chérissions. Puis au bout de cette minute, je finis par secouer la tête en ayant l’air de chasser de mon esprit de sombres pensées pour m’adresser à elle. Aussi curieux que cela paraisse, je ne veux pas passer mon temps à ruminer un passé auquel aucune de nous ne peux rien changer. En revanche, on peut changer l’avenir, il n’appartient qu’à nous de le vouloir pour le pouvoir.

(Écoutez-moi ça ! Quelle réaction inattendue ! Mais je t’approuve à cent pour cent Saly !)

Ce soutient indéfectible de Laïdé ne fait que renforcer mon envie de mieux connaître Seri. Lui souriant avec tendresse je m’adresse, finalement, à elle.

"Alors Seri ! Qu’as-tu fais dans ta vie ? Parle-moi un peu de toi, j’ai envie de savoir ce qu’a été ta vie."

Un sourire mélancolique s’étire sur ses lèvres. Je la sens à la fois heureuse face à mon désir de la connaître et aussi gênée. Aurait-elle honte de son passé ? Elle soupire et vient s’asseoir à mes côtés.

"Je ne suis pas très fier de mon parcours de vie… C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles ton père ne t’a pas parlé de moi…"

Elle se lance alors dans le récit le plus long qu’elle ait eu à faire depuis fort longtemps. Alors que mon père avait choisi le droit chemin et était devenu un guerrier digne de ce nom, Seri s’était très tôt rebellée contre l’autorité parentale et ne voulait en faire qu’à sa tête. Malgré tout très proche de son frère, il était le seul membre de la famille qui ne la jugeait pas, bien qu’il n’approuvait pas ses choix.

Au moment de choisir son choix de vie, elle s’était enfuie de chez elle et avait rencontrée la voie des ténèbres en s’alliant à un groupe de shaakt rencontré aux alentours de Caix Imoros. Immédiatement son côté rebelle lui a permis de se faire une place, quoi que fragile, au milieu de ces elfes noirs cruels. Pendant une période indéfinie elle s’est perdue, jusqu’au jour où un événement l’a ramené à la réalité, comme elle le dit.

Un matin, alors qu’elle traînait avec sa bande habituelle, ils s’en étaient pris à la boutique d’un fabriquant d’armes afin de se réapprovisionner en matériel de qualité et surtout neuf. Lors de ce braquage, ma tante avait dû faire appel à ces fluides d’ombre pour exécuter le plan prévu à l’avance. Seulement, il n’était pas prévu que la fille du marchand, une fillette, soit présente et elle fut tuée dans l’embuscade. Cette épreuve avait littéralement chamboulé Seri qui avait décidé de fuir Caix dès le lendemain et qui avait trouvé refuge chez son frère. C’est ainsi qu’elle avait rencontré ma mère et après un mois de cohabitation infernale, elle s’était de nouveau enfuie pour le continent de glace de Nosvéris en laissant un mot à mon père pour pas qu’il s’inquiète.

"Depuis lors je vis ici. Je me rends régulièrement au temple en priant la déesse Gaïa de me pardonner mes erreurs. Je crois qu’elle m’entend, elle m’a accordé la possibilité de manier les fluides de lumière alors… Je me considère comme une Repentie."

Je reste muette face à ce récit et surtout face à la chute. Les dieux influencent-ils plus que l’on ne veut le croire sur nos destins ? Le parcours de Seri ne ressemble pas au mien, mais la finalité est la même, à la différence que pour ma part ce sont les ténèbres qui m’ont trouvé. Remarquant une fois de plus ma perplexité, elle m’interroge du regard.

"Je suis surprise de la finalité de ton récit, car il est similaire au mien… J’ai choisi de devenir guérisseuse et mon apprentissage c’est très bien passé. Mais c’est en revenant chez moi que j’ai appris pour l’assassinat de mon père… Des fluides d’ombre sont alors apparus chez moi…"

Je me sens honteuse, car je trouve plus noble de passer de l’ombre à la lumière que l’inverse. Mais visiblement Seri n’est pas de cet avis et me prend dans ses bras.

"Qui n’aurait pas basculé en apprenant une nouvelle aussi terrible ? Comme je te l’ai dit, tu ne devrais pas trop culpabiliser., me dit-elle en essayant une larme qui coule sur ma joue. Nous devrions essayer de dormir. Bien que tu ne sois plus très loin des Monts Éternels, encore une bonne journée de marche, il faudrait que tu sois reposée un minimum."

J’acquiesce silencieusement, me recouche pendant qu’elle met nos tasses dans son évier. Puis elle revient s’allonger et souffle sur la chandelle. L’obscurité envahit de nouveau la pièce et le sommeil ne tarde pas trop à venir.

Cette nuit passée chez ma tante fut courte, mais agréable. Bien que je ne sois pas énormément reposée, je suis heureuse d’avoir eu l’occasion de discuter avec elle. Lorsque j’émerge peu à peu du sommeil, je peux constater non sans panique, que Seri n’est plus à côté de moi. Instinctivement je me redresse en m’emparant de mon bâton de magie et la panique se fait de plus en plus forte lorsque je constate que je suis seule dans la petite demeure. Je sors du lit au moment même où ma tante revient de l’extérieure. Lisant la panique sur mon visage, elle pose son panier plein d’herbes sur la table avant de s’expliquer.

"Oh excuse-moi Salymïa, mais tu dormais si bien que je n’ai pas voulu te réveiller. Je suis allée chercher quelques herbes pour que tu puisses emporter quelques petites choses pour la suite de ton voyage."

"Oh ne fais pas trop attention, je suis toujours sur mes gardes. Ne t’en pas obligée de me donner quoi que se soit, mais merci, j’apprécie ton geste."

"C’est un plaisir pour moi. Jamais je n’aurais cru que la déesse m’accorderait la chance de pouvoir te rencontrer."

Sur ce point je ne peux guère la contredire. Qui aurait pu prédire une telle rencontre en ces terres si reculées ? Aucune de nous en tout cas, cela est chose sûre. Après une heure de préparatif, je suis fin prête à reprendre la route. C’est le cœur légèrement serré que je quitte Seri en lui promettant de revenir lui rendre visite à mon retour des Monts Éternels.

Me voilà donc de nouveau sur la route des Monts Éternels. Il fait très froid, mais l’avantage est que c’est un froid sec et que le soleil brille haut dans le ciel. Au moins ai-je la chance de ne pas être prise dans une tempête de neige ! Mon périple continue tranquillement malgré un sentiment d’inachevé persistant que je ne saurais expliquer.

(Une part de toi aurait sans doute voulut rester plus longtemps avec Seri.)
(Oui… C’est étrange tout de même. Je ne la connais pas, ce n’est pas cette nuit qui peut me permettre de la connaître vraiment, pourtant je me sens indéniablement proche d’elle… saurais-tu l’expliquer ?)
(Je dois avouer que non. Tu sais, nous, les faeras, ne savons que peu de choses sur ce que vous appelez les « liens du sang ». N’as-tu jamais soupçonné son existence ?)
(Jamais… Il m’est arrivé de surprendre mon père écrivant des courriers dont il ne souhaitait nous informer, ma mère et moi, mais je n’ai pas pensé une seule fois à faire se rapprochement… Cependant, tu dois avoir raison sur les « liens du sang ».)

À midi lorsque le soleil est haut plus haut, je décide de faire une pause et de manger le délicieux petit plat préparé avec soin par Seri. Des petits légumes croquants sont accompagnés d’un morceau de viande et elle a pris soin de joindre une pomme histoire que je termine le repas sur une note sucrée. Au fond du petit paquet dans lequel le tout était emballé, je trouve un petit mot :



Ce petit mot me met du baume au cœur et je regrette de ne pas pouvoir lui dire que pour moi aussi ce fut un plaisir de la rencontrer.

(Je peux y aller pour toi, n’oublies pas qu’elle possède une faera également.)

Par Gaïa, bien sûr ! Avec toutes ces émotions et ces révélations, j’ai complètement oublié que Seri avait deviné pour le lien qui m’unit à Laïdè, car elle aussi est en contact avec une semblable de Laïdé. Décidément, sa présence m’est vraiment indispensable !

(Je veux bien, oui. Merci Laïdè.)
(Je fonce, à tout de suite.)

Je sens le départ de mon amie et pendant son absence, je bois une longue gorgée de la boisson généreusement donnée par Seri. Le liquide chaud qui coule dans ma gorge me procure une sensation de bien-être immédiat, comme la veille. Je soupçonne un ingrédient secret qui procurerait cet état et je me dis qu’il me faudra le lui demander.

(Tu lui manques déjà et elle est ravie que ses préparations aient été à ton goût.)
(Je ne t’avais pas dit ça, que j’avais aimé ?)
(Non, mais je l’ai supposé. J’ai eu tort ?)
(Absolument pas. Merci mon amie.)

Sur ces paroles je me remets en route en espérant arriver avant la nuit au pied des Monts Éternels. Je n’aime guère l’idée de passer la nuit dehors, mais je pense que je n’aurais guère le choix. Enfin, il faut ce qu’il faut pour obtenir ce que je veux. Au fur et à mesure que je progresse, les montagnes se dessinent et se précisent dans ce tableau immaculé. C’est un spectacle bouleversant.

Alors que le soleil commence sa descente pour céder la place à la lune, j’arrive au pied de ces gigantesques monts qui font la fierté des habitants de ce continent, comme me l’a fait remarqué le garde à Lebher. N’étant pas gagnée par le sommeil je décide de commencer l’ascension tant que la nuit n’est pas encore complètement tombée. Alors que je commence à gravir cette montagne qui semble imprenable, mon chemin croise celui d'un vieil homme qui semble redescendre. Je suis alors prise d'une folle idée qui ne me ressemble absolument pas et je m'approche de cet homme.

"Excusez-moi monsieur, je viens d'arriver dans la région en quête d'un objet particulièrement rare et je me demandais si vous connaissiez la région et si oui, auriez-vous un endroit qui vous viendrez en tête par où je pourrais commencer mes recherches ? Un endroit insolite de ces Monts absolument magnifiques ?"

Cela n'est pas dans ma nature du faire du rentre dedans, mais peut-être est-il temps de laisser derrière moi la Salymïa timide et d'oser ! Après tout, qui ne tente rien n'a rien !

Le vieil homme est surpris par mon interpellation, mais il reste néanmoins ouvert à la discussion et m’indique vivre ici depuis toujours. Cependant il n’a jamais entendu parlé d’objets rares et me demande de quoi il s’agit. Je suis prise à mon propre piège ! Je n’ai bien sûr pas l’intention de lui parler du sceptre de Gaïa, il va donc me falloir trouver une parade pour m’en sortir.

Alors que je m’apprête à lui répondre, il me devance en continuant sur sa lancée. Il me dit que les lieux mystérieux sont choses répandues ici et il en cite un en particulier, Nosvéria, la cité des glaces qui, selon la légende, serait gardée par la déesse Yuïa en personne. Je me dis que cet endroit pourrait être un excellent point de départ.

Seulement, il me fait remarquer que la nuit va tomber et qu’il serait imprudent pour moi de gravir la montagne maintenant. Il me conseille donc de me trouver un endroit chaud où passer la nuit. Malheureusement, je ne connais pas la région et retourner chez ma tante serait trop long.

"Pourriez-vous m’indiquer l’auberge la plus proche ? À moins que vous acceptiez de m’héberger ?"

Décidemment, je tente le tout pour le tout !

Je suis agréablement surprise d’entendre cet homme me proposer de m’héberger pour la nuit, car il n’y a pas une seule auberge aux alentours. Ravie de cette délicate attention, je suis ce monsieur jusqu’à la ferme familiale. À mesure que nous progressons, je ne peux que restée admirative face à la beauté des paysages. Il en émane une telle pureté que ça en est bouleversant.

"Ces paysages sont vraiment magnifiques ! Je comprends la fierté des nosvériens !"

"Oh que oui nous en sommes fiers !! V’savez, j’ai toujours vécu ici et je ne me vois pas un seul instant quitter ces montagnes enneigées."

Je ne dis rien à cela. Sans doute le relève-t-il, mais il ne fait aucune remarque et je dois avouer que j’apprécie sa discrétion. Je trouve cela touchant qu’il soit autant attaché à sa région natale. Moi-même, il n’y a pas si longtemps je pensais que je coulerais des jours heureux à Lùinwë, mais finalement le destin en a décidé autrement. Finalement je me rends compte que je n’ai pas de patrie à laquelle me rattacher, j’ai tout perdu en quelques semaines.

"Qu’s’passe-t-il pour qu’vous tiriez une tête comme ça ma p’tite dame ?"

"Je me disais juste que je vous enviais d’être autant attaché à votre pays natal. Moi, je ne suis malheureusement ancrée nul part…"

"Sûr, c’est une chance ! Mais je vous envie votre liberté ! Vous pouvez allée voir le monde et ses merveilles ! Voyez plutôt le positif dans votre situation afin que la joie revienne sûr votre doux visage."

Je suis prise de court par cet échange à cœur ouvert avec ce fermier nosvérien.

(À bien y réfléchir, sa remarque est très constructive ! Tu devrais l’appliquer plus souvent !)
(Tu parles de la pensée positive ?)
(Oui.)

J’écoute ces remarques même si je ne vois pas ce que cela change. Mais plus j’y pense plus il m’apparaît qu’en fait, ça change tout ! Ce que veut me dire le fermier, c’est qu’au lieu de me morfondre sur ce que j’ai perdu, je devrais plutôt me concentrer sur ce que j’y ai gagné. En effet, de ce point de vu là, la perte de mon train-train quotidien m’a offert la possibilité de voyager au quatre coins du monde si vaste qu’est Yuimen et pour certains c’est une chance.

"Merci, euh… Je viens de réaliser que je ne me suis même pas présentée ! Quelle impolitesse ! Je me nomme Salymïa. Et vous êtes ?"

"Ralf. Je dois avouer que j’ai complètement oublié moi aussi !"

Cela me fait du bien d’avoir un échange spontané, en toute sincérité. Ce genre de rapport est devenu improbable avec le temps, je me méfie constamment de tout et de tout le monde. Sans m’en rendre compte mes pensées dérivent vers Sil. Lorsque je l’ai rencontré, nos échanges ont été tout aussi sincères. Du moins je veux m’en convaincre.

(J’ai l’impression que tu l’aimes bien.)
(Oui c’est vrai… Je pensais que mon unique amour était Amhalak, mais aujourd’hui, je suis en plein doute.)
(Je dois avouer que ton récent comportement envers ce pauvre théurgiste fut quelque peu déroutant, même pour moi. Mais pour le moment, concentre toi sur le sceptre de Gaïa ! Et puis suis ton cœur Saly…)

Bien que je ne lui dise pas, je remercie ma compagne pour ces dernières paroles. Il est vrai que mon départ de Kendra Kâr fut glacial pour mon fiancé, au propre comme au figuré ! Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je sais une chose : si c’était à refaire, je ne changerais absolument rien, aussi cruel que cela paraisse. A mes côtés, Ralf sent que je suis partie de nouveau dans la morosité.

"Plus que quelques minutes et v’pourrez vous réchauffer au près du feu !"

"D’accord. Merci encore pour votre gentillesse Ralf, je ne sais comment vous remercier."

"Bah v’savez, j’ai rarement l’occasion de rencontrer des voyageurs et encore moins celle de voyager moi-même ou d’emmener ma petite famille. Pourriez-vous nous parler de votre contrée natale, de vos coutumes et tout, histoire que l’on s’évade en pensées ?"

"Bien sûr ! Si cela peut vous apporter un peu de joie, je le ferais avec plaisir !"

"Alors, marché conclu ! Et bien voilà, nous y sommes, plus que quelques mètres !"

Au loin, en bordure du chemin, une charmante petite ferme se dresse. Prise dans la conversation et dans mes pensées, cela faisait un moment que je n’avais pas vraiment fait attention au paysage qui m’entoure. La demeure de Ralf et de sa famille est de taille moyenne, composée de pierre et de bois. Un muret de pierre l’encercle afin de délimiter le terrain de la propriété et un petit portail de bois accueille les visiteurs. Une petite maison dans une prairie enneigée, un lieu de vie charmant.

Lorsque l’on passe la porte, une délicieuse odeur de soupe vient titiller mes narines. L’intérieur est douillet et chaleureux. Une pièce principale avec cuisine sert de pièce de vie quotidienne. La femme de Ralf vient l’accueillir et pose un regard interrogateur sur moi, ce qui est parfaitement logique.

"Ma douce, permets moi de te présenter, euh… Salymïa ! C’est une hinïone en visite dans notre belle contrée, mais elle s’est laissée surprendre par la nuit. J’voulais pas qu’elle dorme dehors alors j’lui ai dit de venir dormir chez nous. Ça n’te gène pas ?"

"Bien sûr que non idiot ! Enchantée Salymïa, je suis Élianä."

"Je suis ravie Élianä et je vous renouvelle mes remerciements pour votre gentillesse."

"Je vous en prie, de nos jours, c’est bien trop rare ! Et je ne voudrais pas que nous passions pour des gens asociales. Les voyageurs manquent par ici."

Elle me sourit avec chaleur en posant une main amicale sur mon bras. La légère appréhension que j’avais ressentie au préalable s’évapore en un claquement de doigts. Elle m’invite à m’asseoir et me propose un bol de soupe bien chaude pour me réchauffer après ma journée de marche. J’accepte avec plaisir car effectivement, après une journée entière, je suis transie de froid et je ne suis pas contre un breuvage bien chaud pour remédier à ça. Alors que je m’attable avec Élianä, Ralf s’éclipse à l’étage.

Élianä est une humaine de taille moyenne avec une ample chevelure blonde. Ses trais fins et délicats sont en contraste complet avec ceux de son mari. Je ne veux pas m’avancer, mais je dirais que cette femme n’était pas destinée à finir mariée à un fermier ! Malgré une complicité entre eux, je sens qu’il n’y a vraiment d’amour dans cette maison. Cela ressemble plus une union de convenance.

"Alors Salymïa, que venez-vous faire dans notre belle contrée ? J’avoue avoir beaucoup voyagé sur le continent nosvérien avant de rencontrer mon époux. Je le connais comme ma poche ! Malheureusement, mes aventures ne m’ont jamais permise de me rendre ailleurs, ce que je déplore. J’aurais tant aimé voir le monde…"

La chevelure blonde de la fermière vient former une barrière devant son visage. Je ne peux qu’éprouver n élan de compassion face à la peine de mon interlocutrice. Je ne peux m’empêcher de penser que ça tristesse cache un sentiment bien différent, mais je ne saurais dire lequel. La perte de son véritable amour au profil de relation platonique, mais qui lui apporte un confort matériel ? Possible…

Cependant, elle vient de poser la question qui blesse. Je ne vois comment esquiver à tout moment la raison de ma visite aux Monts Éternels. À la longue ce jeu de cache-cache commence à m’épuiser et à me lasser. Pour une fois je voudrais être honnête avec ces gens, après tout ils le sont bien avec moi, pourquoi ne puis-je pas en faire de même ?

(Parce que comme toujours tu ne réfléchis pas assez !)
(Sympa… Qu’entends-tu par là ?)
(Il n’y a que l’existence du Temple que tu dois cacher !! Bien sûr ce n’est peut être pas très prudent de parler du sceptre, mais rien ne te l’interdit enfin !! Arrêtes de penser que tu es brimée de toute part, tu te brimes toute seule !)

Mon silence en dit long, car je me rends compte que ma compagne a entièrement raison. Je passe mon temps à rejeter la faute sur les autres, à me conduire en victime d’un monde qui ne me fait pas de cadeau. Je décide donc de me laisser aller pour la première fois depuis longtemps et cela me fait un bien fou.

"Il y a peu j’ai découvert que j’ai été adoptée et je suis à la recherche de ma mère biologique. Cependant, avant de partir à sa recherche, il me faut acquérir un objet très rare et c’est pour trouver cet objet que je suis venue ici."

"Tout cela à l’air passionnant et drôlement excitant ! Et comment se nomme cet objet ?"

L’échange avec Élianä est dénué de toute machination, alors pourquoi ne pas y aller directement ?

"Peut-être en avez-vous entendu parlé, il s’agit d’un sceptre qui aurait appartenu à la déesse Gaïa. Et j’ajoute plus bas afin qu’elle seule entende et ce dans l’éventualité où son mari redescendrait. Vous qui avez beaucoup voyagé, avez-vous eu connaissance de la présence sur ces terres du Sceptre de Gaïa ?"

Je me redresse afin de savoir si les nombreux voyages effectué dans sa vie lui ont permis d’apprendre des choses sur ce fameux objets.