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 Sujet du message: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Dim 15 Mai 2011 18:42 
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Route entre Dehant et Eniod


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Les côtes


Description du voyage à pied et/ou sur monture :

D'abord, il s'agit de longer les côtes, jusqu'à arriver au territoire des humaines de la Sororité. Refusant les représentant masculins des races humanoïdes sur leur territoire, il leur faudra ruser d'ingéniosité pour ne pas se faire repérer, et souvent quitter le sentier étroitement surveillé.

Heureusement, la traversée de ce territoire n'est pas longue, tout au plus quelques jours, et vous retomberez vite sur une plaine tranquille, sur le territoire de Dehant, enfin. La route deviendra alors plus large, mieux faite et rapidement vous traverserez le sous-bois de la forêt au nord-ouest de Dehant. Une fois sorti de là, vous verrez Dehant se dresser devant vous.

Durée du trajet à pied ou sur monture sur le continent d'Imiftil

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Sam 10 Mar 2012 14:48 
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Chevauchant à allure modérée pour ne pas fatiguer inutilement son cher Marno resté aux écuries pendant une courte journée à peine, Lilie ne tarda pas à retrouver le sentier quitté par les deux Ermites de Yuimen, lorsqu’elles s’étaient rendues au monastère. Cette route dont la terre sèche était martelée à nouveau par les sabots du cheval lui rappelait à quel point le temps passait vite. Plus de trois jours s’étaient déjà écoulés, depuis qu’elle avait fait la rencontre de la Shaman du temple de Yuimen à Eniod. La beauté et la grandeur d’âme de cette humaine l’avait marquée à tout jamais, tout comme celle d’Alphéa. Il était dur d’imaginer à quel point les êtres vivants pouvaient être mauvais, quand on faisait la connaissance d’individus aussi bons que ceux qu’elle avait côtoyés depuis son réveil initiatique dans la forêt.

À sa droite, Lilie avait, depuis quelques heures déjà, retrouvé les côtes d’un océan plus gigantesque encore que le continent qu’elle explorait. Son esprit était d'ailleurs bien incapable d’appréhender sa grandeur et elle n’avait de toute façon pas à en rougir. Celui qui réussirait à faire le tour du monde maritime de Yuimen en une seule et unique vie n’était proabablement pas encore né…

Le jour était maintenant bien levé, lorsque la Taurion comprit qu’elle venait de dépasser la crête océanique séparant Eniod et la Sororité de Dehant. Armée de sa carte pour s’assurer qu’elle ne déviait pas, elle se servait des maigres repères qu’elle avait à sa disposition dans son environnement pour parvenir à bien se situer. De temps à autre, des routes bifurquaient vers ce qui devait être le nord, à l’opposé des côtes, en direction de Yarthiss. Il lui était même arrivé de croiser quelques vieux panneaux, mais les gravures étaient souvent bien trop anciennes pour qu’il fût possible d’y lire la moindre écriture. Ainsi donc, l’elfe verte passait son chemin, songeant avec regret que ces sentiers l’auraient peut-être conduite vers la découverte de lieux, de voyageurs ou de mystères fascinants qui auraient pu enrichir un peu plus encore sa connaissance du monde.

« Marno, mon beau Marno, lorsque… enfin… si tout cela se finit un jour prochain, je te promets que nous prendrons le temps de nous arrêter plus souvent. Nous passons à côté de beaucoup de choses aujourd’hui, j’en suis sûre. »

Lilie était une elfe raisonnable et savait que les fins pour lesquelles elle œuvrait devaient rester ses uniques objectifs, jusqu’au bout. Elle n’était encore qu’aux balbutiements de son aventure et ne pouvait s’autoriser le moindre écart de conduite. Chaque minute qui passait mettait la forêt et ses habitants un peu plus en danger.

Sur ces pensées à demi-conscientes, la Shaman courageuse surprit Marno en train d’accélérer. Son compagnon de voyage avait peut-être ressenti la tension de sa maîtresse, à moins que cette dernière ne lui ait involontairement demandé de prendre de la vitesse, sous le coup de son angoisse passagère.

« Quel brave cheval tu es ! », lui adressa-t-elle en lui caressant l'encolure. Elle voulut par ce geste le rassurer et lui faire reprendre un rythme plus lent. Le milieu de journée approchait à grand trot et la monture allait bientôt pouvoir se reposer, le temps d’une petite demi-heure tout juste suffisante pour se restaurer et boire, en permettant par la même occasion à Marno de reprendre son souffle.

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Sam 10 Mar 2012 15:17 
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L’après-midi fila plus lentement et péniblement que la matinée. L’air était maintenant empli d’une chaleur toute nouvelle, qui faisait transpirer monture et cavalier sous un soleil brûlant. L’humidité marine avait peu à peu fait place à un vent sec qui n’arrangeait pas les choses et Lilie songea un instant à s’arrêter. Déviant Marno du chemin suivi ensemble depuis une petite dizaine d’heures maintenant au milieu des dunes, elle le guida vers la mince bande de plage bordant la mer. Ses sabots s’enfonçaient dans les fins grains de sable et il s'agitait nerveusement.

« Là… Tout doux mon brave ! Tu as chaud, l’eau va te faire du bien ! »

Elle sentait bien la résistance de son cheval et la comprenait, car il ne devait pas être habitué à ce type de sol. Descendant alors de son dos, elle rangea ses bottes dans le sac de selle et tira doucement Marno vers les flots qui affluaient et refluaient sans cesse au rythme du vent.

« Tu en as besoin, ait confiance ! »

L’animal, peu convaincu, hennit en guise de réponse, posant timidement une patte devant l’autre jusqu’à sentir le liquide entourer ses sabots et sa silhouette musclée et harmonieux se raidir. Ce fut ce moment que choisit Lilie pour mouiller la croupe et la tête de Marno, qui se détendit presque instantanément. Il venait probablement de comprendre où sa maîtresse avait voulu en venir et lui témoignait à présent sa gratitude en frottant son museau humecté contre sa touffe de cheveux roux.
La proximité de l’océan était une véritable bénédiction pour eux deux et la Taurion se sentit plus fraîche que jamais, après s'être totalement immergée dans les flôts un bref instant. Ses vêtements trempés allaient le rester durant quelques heures encore et elle se sentait maintenant prête à poursuivre jusqu’au soir sans faiblir.

Ils avaient probablement perdu du temps, mais la chaleur étouffante de l'après-midi n'aurait pu être supportée sans cette courte halte ô combien revigorante et bienfaitrice. Non, Lilie ne l'avait pas regrettée un seul instant. Pour aller loin, elle avait bien conscience qu'il était primordial de ménager sa monture, à commencer par celle de son propre corps.

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Sam 10 Mar 2012 16:47 
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Si la route jusqu’au soir n’avait été peuplée que de rares voyageurs, force fut de constater que la fréquentation se densifiait en approchant des zones plus vallonnées. La mer n’était maintenant plus en vue et seule l’odeur salée de l’iode était encore perceptible dans l’air.

Les vêtements fluides de la Taurion étaient presque totalement secs. Quant au pelage tacheté de Marno, depuis une ou deux bonnes heures déjà, il n’avait plus rien contenu d’autre que l’humidité de sa propre transpiration, qui s'évaporée presque instantanément.

Au loin, au pied d’une couche de nuages brumeux annonçant un ciel couvert pour la soirée, apparaissait le relief d’une montagne imposante recouverte de végétation haute. Lilie fut heureuse d’apprendre que sa route allait la mener à la rencontre d’une forêt. Elle espérait d'ailleurs qu'ils y seraient tranquilles, car elle venait de décider qu’ils y passeraient la nuit qui approchait.

Une petite dizaine de kilomètres plus loin, la Shaman eut le plaisir de découvrir un sous-bois à la végétation agréablement surprenante de par son caractère accueillant. Elle n’avait jusqu’à présent connu que la forêt dense, peuplée de plantes grasses, d’arbres au diamètre incroyable et de lianes pendues à la canopée trop haute pour que l’on puisse les différentier des serpents géants.

« Je crois que nous allons nous sentir tout à notre aise, pour dormir, mon cher ! », s’exclama-t-elle en posant un pied à terre, avant de s’approcher d’un arbre au hasard en bordure de route, pour venir en caresser son tronc incroyablement clair et lisse. Presque aussitôt, Lilie ressentit un frisson familier. Elle venait d’entrer en contact avec la nature et cette dernière lui répondait alors.

(Méfiance est mère de Sureté. Les apparences sont trompeuses. Il faut se méfier de l’eau qui dort… )

Dans sa tête, venait de résonner ces proverbes dont elle n’avait nullement connaissance. Curieusement, elle resta figée quelques instants sans réponse, sous le regard placide du cheval qui broutait l’herbe sans discontinuer. Seuls les voyageurs semblaient interroger l’étrange comportement de la jeune elfe verte. Une petite voix, qui n’avait pas émergée dans sa tête cette fois-ci, se fit même entendre derrière-elle, arrachant un cri de surprise à la Shaman qui s’était plongée dans l’analyse de l’énigme que venait de lui confier cet arbre particulier.

« Tout va bien ? »

C’était une petite femme Sinari comme elle avait déjà pu en rencontrer à la Sororité, probablement inquiète de trouver une Lilie immobile ainsi appuyée contre un arbre.

« Tenez, mangez ceci, ce doit être un malaise ! »

Elle n’avait pas attendu la réponse de Lilie et avait extrait de son sac, avec brusquerie, un gros gâteau gras recouvert de beurre et de sucre caramélisé. Peu engageant esthétiquement, il s’en dégageait néanmoins une odeur toute particulièrement alléchante. Comment la Taurion aurait-elle pu résister à tant de générosité ? Elle se saisit de ce présent et entama avec ravissement sa dégustation, se sentant néanmoins coupable de ne pas l’avoir refusé alors qu’elle s'était sentie parfaitement bien, quoi qu’un peu fatiguée de cette journée de voyage intensive et intriguée par le message du bouleau.

(Fait le bien autour de toi, on te le rendra.), philosopha à nouveau l’arbre, dont elle ne s’était pas éloignée pour autant. Fronçant un sourcil d’un air interrogateur en ressentant cette nouvelle pensée intrusive, Lilie se rendit immédiatement compte qu’elle avait oublié de complimenter et de gratifier la petite personne. S’exécutant alors, elle marcha à ses côtés pour la raccompagner jusqu’à la petite carriole, se léchant en vain les doigts collant de sucre fondu.

« L’énergie m’en est bien vite revenue ! C’est un véritable remède, délicieux qui plus est, ce que vous m’avez donné là ! »

N’ayant pas son pareil pour féliciter les gens, la Shaman avait fait retomber la tension qui s’était un instant installée entre les deux femmes. La Sinari remonta sur son véhicule attaché à un âne discipliné et se pencha vers Lilie pour lui murmurer à l’oreille quelques mots.

« Confiserie Brad’flinn, Dehant. », déclara-t-elle fièrement sur le ton de la confidence. Puis, jetant un coup d’œil derrière-elle en direction de la forêt, elle ajouta :

« Si j’étais vous, je coucherais pas près du sentier là-dedans. Bien contente d’être sortie de là avant la nuit, avec mes marchandises à livrer à Yarthiss. Sur ce, j’ai encore de la route à faire, moi ! »

Mimant d’un geste bref mais évocateur la lame d’un couteau passant sous sa gorge, la petite bonne femme fit ensuite claquer son fouet sur les fesses de l’animal qui reprit la route sans broncher.

Plutôt deux fois qu’une, Lilie avait été prévenue de la façon la plus explicite qu’il fût. L’excitation et l’optimisme qui l’avait ainsi habitée jusqu’à l’entrée des bois s’était bien rapidement dissipée, pour faire place au souci de la prudence et de la sécurité.

« Vient Marno, on va dormir dans la forêt. »

Sans remonter sur le dos de sa monture, elle attrapa ses rennes et pénétra dans le bois plus avant, loin du sentier qu'elle avait initialement voulu emprunter. Elle ne regrettait d'ailleurs pas le moins du monde sa rudesse et sa monotonie et était heureuse de sentir le craquement du bois sous ses pieds et la douceur de la mousse épaisse.
Cette nuit allait être des plus confortables, songea Lilie en stoppant Marno à l’endroit qu’elle estimait le plus approprié pour y établir un modeste campement nocturne. Un sac de couchage, une petite lanterne qu’elle éteindrait bien vite ainsi qu’un oreiller de végétation rapidement récoltée allait faire tout son bonheur, après une frugale collation. Elle mangeait par habitude plus que par faim, après la consistante douceur offerte une demi-heure plus tôt par la charmante Sinari commerçante.

Peu après, Lilie tomba en méditation contre le flanc de son cheval desellé pour la nuit. Les variations de température subies durant cette journée éprouvante avaient eu raison de son endurance. Si généralement, la méditation permettait aux elfes de rester un minimum vigilant, durant ces heures de sombre clarté lunaire occultée par les arbres, ce ne fut pas le cas. Un profond sommeil emporta Lilie durant d'innombrables heures.

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Dim 11 Mar 2012 20:22 
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A son réveil et sans vraiment bien comprendre pourquoi elle avait été prise d’un sursaut, Lilie constata qu’elle n’avait pas fait que méditer, mais que le sommeil était véritablement venue l’emporter cette nuit-là. D’entre les arbres, elle discernait déjà les premières lueurs du jour et constatait donc qu’elle avait dormi bien plus que de raison.

« Marno ? »

C’était le cheval qui l’avait manifestement tirée de sa nuit. Debout au milieu du bois en direction de la route, ses oreilles étaient tendues vers l'avant. Lilie n’avait peut-être aucune connaissance équestre, mais les jours passés aux côtés de sa monture lui avait permis de développer une complicité qui lui faisait maintenant dire, avec certitude, que quelque chose ne tournait pas rond et angoissait le cheval.

Silencieuse, elle s’approcha en toute discrétion de son animal, avant de jeter un regard en direction de l'endroit indiqué par le cheval afin de découvrir ce qu’il avait bien pu voir ou entendre. Le mystère ne se fit pas attendre, alors qu’un cri imposant retentissait déjà dans la forêt. La Shaman aurait pu le donner en mille, il s’agissait du bruit d’un animal en colère. Quant à savoir lequel, Lilie n’était tout simplement plus en mesure de réfléchir, dans l’urgence de la situation. Elle avait jeté en hâte la selle sur le dos de sa monture et l'avait attaché d'un geste tremblant. Elle n'eut hélas pas le temps de rassembler ses propres affaires.

« Court ! », avait-elle ordonné à Marno, qui s’était violemment cabré au moment où Lilie avait tiré brusquement sur les rennes. Après avoir effectué un arc de cercle incontrôlé autour d'un arbre, les liens du cheval étaient venus s’emmêler autour de ce dernier.
Un vent de panique s'installa alors dans la forêt, alors que la Taurion voyait une incroyable et colossale silhouette noire s’approcher d’eux en courant sur ses pattes arrières, appuyée sur des poings titanesques. Un gorille.
Bien sûr, Lilie aurait pu fuir sous sa forme totémique sans la moindre difficulté. Mais il n’était tout simplement pas envisageable pour elle d’abandonner sa monture. Il était le don le plus précieux qu’elle s’était vu offrir par le temple de Yuimen et le compagnon de route qui la sauvait de la solitude durant son voyage. Sa décision était donc arrêter. Marno serait coûte que coûte protégé de cette menace.

Le danger était grand, le rugissement de l’énorme singe situé à quelques mètres d’elle seulement n’indiquait que l’affrontement, alors que derrière la bête, deux humains étaient lancés à sa poursuite, respectivement armés d’une arbalète chargée et d’un fouet affuté. L’animal géant était donc traqué.

D’instinct, elle se plaça entre le gorille et Marno, avant de tendre ses poings en direction de la créature qui martelait à présent son poitrail en affichant des crocs monstrueusement grand, tandis qu’il choisissait déjà sa cible. Pris au dépourvu, il ne se sentait plus capable de fuir. Lilie projeta alors avec violence deux énormes pics de pierre tout juste émergés de la paume de ses mains dans un déchirement de tissus indolore qui vint aussitôt se refermer magiquement.
Si les carreaux d’arbalètes que l’un des braconniers tirait n’étaient pas parvenus à perforer la peau et la fourrure dense de l’animal, la magie de la Shaman, elle, allait forcément faire mouche. Mais en cet instant, la jeune femme ressentait une profonde tristesse, à l’idée de devoir blesser une créature de Yuimen. Il faisait partie de la nature et cette seule pensée la bouleversait.

« Tueurs ! », s’écria-t-elle au dernier moment, écartant ses mains pour faire dévier, à distance, la course des pics magiques, comme contrôlés par des fils invisibles mais bel et bien réels. A quelques centimètres du pelage du gorille seulement, ils changèrent brusquement de cibles, pour venir s’enticher dans les vêtements peu couvrants des deux hommes à présent sonnés et blessés. Des débris de pierres avaient éclaté en tous sens dans un nuage de poussières inhabituelles, tandis que le gorille s’était retourné pour faire face à ses poursuivants. Dans son regard pouvait se lire la haine et la furie que les tortionnaires avaient allumées en lui.

Fière de sa première intervention, Lilie esperait néamoins que le combat en resterait là, reculant peu à peu en emportant un Marno tétanisé par la situation, qui se laissait tirer à bout de bras sans plus faire montre d’aucun signe de protestation. Le gorille avait chargé l’arbalétrier, qui n’avait eu d’autre reflexe que de parer l’énorme patte projetée vers lui de son bras nu. Un craquement sonore se fit entendre, indiquant que l’épaule de l’individu venait d’être démise, en même temps que les os de son avant-bras s'étaient brisés en deux sans plus de cérémonie. Il était définitivement hors d’état de nuire et ne restait maintenant plus au singe géant qu’à s’occuper de son second agresseur, alors que la Shaman observait toujours la scène en s’éloignant pas à pas sans geste brusque.

La bête furieuse ne tarda pas à reproduire la même attaque et finalement, les armes de ses deux adversaires n’avaient été que vaine menace pour ce géant de la nature. Ses poursuivants n’avaient réussi qu’à trouver souffrance et mort.
L’animal fit volteface, tandis qu’un éclair de lucidité avait traversé son esprit courroucé et lui avait remis en mémoire l’existence de Lilie, l’obstacle qui l’avait mené à cet affrontement indésirable.

Face au gorille, la Shaman sut alors qu’elle n’avait plus d’autre solution que de combattre. Soudain, une idée lui vint. Il ne suffisait que de réussir à immobiliser la bête, pour pouvoir fuir pour de bon. Elle était encore assez loin et allait essayer d’improviser un sortilège différent de ce qu’elle avait appris jusqu’à présent, mais elle connaissait maintenant bien le mécanisme de l’improvisation. Elle n’avait qu’à tisser les toiles magiques de son esprit de la façon désirée, pour que vînt se dessiner dans la réalité un amas de fils collants obéissant à sa volonté propre. En voyant le monstre approcher d'entre les arbres, fier et menaçant, elle avait fermé ses yeux une fraction de seconde, fait le vide durant un instant d’éternité qui lui avait été nécessaire pour focaliser son attention sur ses pouvoirs.

Ses pensées étaient claires et travaillaient à une vitesse phénoménale. Bientôt, l’attaque allait être prête. Sa magie s’organisait pour produire le filet de toile qu’elle était sur le point de déchaîner sur le singe. Une fois la substance collante à son contact, il lui faudrait ensuite entreprendre une seconde étape très ardue, celle du recouvrement totale du monstre, à distance.

Enfin, les fluides eurent achevés de se structurer dans son esprit et de ses mains s’échappaient déjà les épais fils de la prison qu’elle venait mentalement d'élaborer. Propulsant alors sa magie en direction du gorille qui se trouvait à moins de cinq mètres d’elle, elle parvint au dernier moment à relâcher ses fluides, qui vinrent se solidifier instantanément au contact de la cible. D’abord le cou, puis les épaules. Lilie jura en songeant, un peu trop tard, qu’il aurait été plus intelligent de viser les jambes en premier lieu. L’animal courait toujours, bien qu'à présent, ses bras étaient inutilisables.

La Shaman fut percutée de plein fouet et un éclair plus tard, se retrouva plaquée au sol, renversée et blessée sous le poids d’un gorille à moitié immobilisé et rugissant de plus belle, bien que son cri eût été étouffé par la toile recouvrant sa face. Perturbée dans son travail, elle en avait presque perdu le contact avec son sortilège. La Taurion sollicita alors ses fluides dans un ultime effort pour l'achever. Satisfaite de son étau, elle resserra alors l’étreinte de son attaque, avant de s'écarter péniblement du singe, inerte et incapable à présent d’effectuer le moindre mouvement. Elle se savait en mesure de le blesser plus encore grâce à la magie qu’elle avait encore réserve, mais il était hors de question de se laisser aller à la torture gratuite. Lilie avait eu ce qu’elle voulait. Il lui fallait maintenant fuir loin, avant que le pouvoir n'en vienne à se rompre et à rendre la liberté cet adversaire redoutable. Elle était incapable de dire combien de temps le sort allait faire effet et il ne fallait donc pas trop attendre de cette première tentative déjà amplement satisfaisante.


Rappelant Marno à elle, le coeur encore battant de peur, l’elfe verte sourit néanmoins en se hissant, péniblement, jusqu’à s'être totalement redressée. Puis, retournant sur ses pas en boitillant, elle reprit ses affaires de nuit encore éparpiées.

L’étape délicate de l’escalade du dos de sa monture passée, Lilie indiqua à son compagnon la direction du sentier à rejoindre à l’Ouest et se laissa porter en serrant les dents. Si la douleur ne s’estompait pas dans les prochaines heures, elle savait qu’il allait lui être nécessaire de puiser dans le remède offert par Alphéa à son départ de la Sororité.

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(((HRP : Apprentissage naturel du sort Etau de boue (Version toile d'araignée) )))

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Dim 8 Avr 2012 18:03 
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Contournant le cadavre des deux braconniers démembrés par le gorille en prenant bien soin de regarder ailleurs, Lilie et sa monture ne mirent que quelques minutes à retrouver le sentier. Légèrement surélevé par rapport au reste de la forêt, la Shaman eut du mal à y faire grimper Marno.

À une dizaine de mètres de là, une étrange structure de bois et de métal était renversée sur le sol. En s’approchant, elle parvint à identifier les restes d’une cage dont les barreaux avaient violemment été arrachés, et les débris de ce qui fut, la veille encore, une imposante charrette. Vive d’esprit bien que considérablement affaiblie, elle comprit immédiatement qu’elle avait appartenue aux deux victimes du gorille, et que la prison métallique avait servi à retenir ce dernier captif. Ainsi donc, l’animal avait effectué un long voyage en direction de Dehant, puisque l’avant du véhicule était tourné vers la ville que Lilie n’allait pas tarder à rejoindre en fin de journée, à la nuit venue.

La Taurion songea un instant à descendre de son cheval pour en fouiller les débris, mais se ravisa au dernier moment en entendant le rugissement du gorille qui avait probablement réussi à se libérer de l’emprise de son sortilège. De toute façon, le gros de l’argent des deux malotrus s’était probablement trouvé dans leur besace et elle regretta alors de ne pas avoir pris le temps de les en déposséder.

« Vers Dehant », annonça alors Lilie sans grande conviction dans la voix. Eteinte et sans vigueur, elle s’était contentée de talonner mollement les flancs du cheval. Encore excité par l’agitation du combat, ce dernier ne se fit pas prier et s’élança vers la ville à vive allure, secouant de façon cadencée la cavalière affaiblie en lui arrachant un rictus de douleur à chaque nouvelle foulée. Seule la perspective d’arriver en début de nuit aux portes de Dehant lui permettait encore de conserver le moral.

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Ven 14 Juin 2013 18:45 
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I-6. Un garde d'élite



Finalement les choses ne se passaient pas si mal. Jorus avait pu quitter Eniod sans se faire repérer. Peut être pas dans une totale discrétion, mais au moins pas par les hommes de Durza. Il faudra probablement du temps avant que l’information, qu’un homme à la description de Jorus ait quitté la vile par la grande porte, n’arrive à ceux qui le recherche. Installé dans une charrette, son sentiment de sécurité était assez mitigé. A côté de lui Mélinda, possédant la force d’un ours et le cran pour en défier un, Jorus s’était déjà demandé pourquoi elle ne prenait pas la place des chevaux, histoire d’aller plus vite. Bien que sa première rencontre avec la femme fût musclée, les choses s’étaient adoucies lorsque les portes de la ville étaient loin derrière eux. Jorus passait pas mal de temps à observer la mer qui s’étendait à gauche, repensant au capitaine Lorik. Un jour peut être ils se reverraient. Depuis le temps il connaissait son parcours et ses ports privilégiés. Il imaginait sa prochaine rencontre avec lui lorsqu’on homme se mit devant son champ de vision et l’interpella.

-Hey petit, ton nom c’est quoi ?

C’était Tyrm, le chef de ce convoi de marchants itinérants, assis sur son cheval. Lui aussi était fort bien bâti, mais sa musculature dégageait une sorte d’aura autoritaire. Il portait en permanence une cape en peau de bête et Jorus s’était juré de connaître le nom de l’animal et la raison de cet accoutrement.

-Hey petit t’es devenu sourd ?

Il n’était pas si loin de la vérité. Avant de partir, sa voisine avait répondu au chef d’un hurlement, qui faute d’avoir détruit l’armature de la charrette, avait résonné dans la tête de Jorus, provoquant un sifflement qui mit un certain temps à partir.

(Lui donner mon nom ? Si l’on découvre qui je suis on me retrouvera où que j’aille.)

-Je n’ai pas vraiment de nom. Appelez-moi comme vous voulez !

Cette remarque avait surpris Tyrm et Mélinda, néanmoins ils ne se laissèrent pas intimidés.

-C’est pour te cacher de la milice d’Eniod que tu es partis avec nous ? Pas la peine de mentir, je t’ai vu complètement nerveux lorsqu’on est passé près des gardes tout à l’heure.

La remarque de Mélinda lui glaça le sang. Avait-il été si transparent ? Il était désormais coincé entre le marteau et l’enclume, ou plutôt l’ours et le grizzly.

-Peu importe qui tu es et les raisons de ton départ. Nous aussi on a eu quelques problèmes avec certaines personnes dans certaines villes. Je voulais juste te dire que j’aurais besoin que tu gardes un œil sur mes petits. Ma femme s’occupant du dernier né, elle ne pourra pas s’occuper des deux autres. Comme mes gars sont tous occupés et que j’ai également à faire, tu peux t’en charger ?

Jorus fut autant surpris par la demande, que de la sincérité dont Tyrm avait fait preuve. Il prit à peine le temps de réfléchir, l’idée de quitter la femme-ours ne lui déplaisait absolument pas.

-Heu ouais, pas de problème.

-Parfait dans ce cas monte sur le cheval je t’emmène, Monsieur l’inconnu.

A l’aide de Tyrm, Jorus monta sur le cheval et partit pour la charrette privée du chef du convoi. De loin le véhicule semblait ordinaire aux yeux d’un profane, mais à y voir de plus près on remarquait en premier lieu deux chevaux de plus que la moyenne tirant une charrette plus longue et aux roues plus grandes. Une toile amovible servait à couvrir entièrement l’arrière du véhicule.

-Jasmine je t’emmène de l’aide.

-Attends un peu je nourris le petit !

Quelques instants passèrent et la toile arrière se releva donnant une vision de la famille. Deux petites bouilles attachaient la toile. Une fille environ sept ans, les cheveux blonds et bouclés, un corps gracieux et les sourcils froncés de son père et un garçon dans les cinq ans, une tête ronde et joviale, les mêmes cheveux que sa sœur, mais plus court et un sourire taquin. Dans le fond se trouvait Jasmin la femme de Tyrm. Elle avait les cheveux blonds de ses enfants, un corps svelte et un visage d’une grande douceur. Elle tenait dans ses mains un lange laissant sortir une petite tête de nouveau-né. L’aura dégagée entre le mari et la femme était totalement différente, l’un robuste et autoritaire, l’autre délicat et gracieux.

-Voici Tymoïse la plus grande, Trohim son petit frère et là-bas Jasmine ma femme, avec mon petit Tymos.

Il avait dit le nom de son fils avec une étonnante douceur, contrastant avec la dureté dont il émanait. Il aida Jorus à monter dans la charrette et continua.

-Jasmine je te laisse avec Monsieur l’incon…

-…Jorus.

Se retournant pour faire face au chef.

-Je m’appelle Jorus.

L’homme en face affichait un sourire serein.

-Je te laisse avec Jorus. Il devrait pouvoir t’aider avec les petits. Bon j’y vais, amusez-vous bien mes p’tits loups !

Alors que Tyrm fit demi-tour, Jorus fit face à l’assemblée qui le regardait curieusement.

-Les enfants cessez de le fixer comme ça voyons ! N’avez-vous pas des exercices à faire ?

La douce voix de Jasmine ramena ses enfants à la réalité. Alors que Tymoïse sortit un parchemin vierge, une plume et de l’encre, Trohim lui s’activa à lire à haute voix l’alphabet d’un livre de lecture.

-Tiens Jorus tu peux prendre Tymos, j’ai besoin de me dégourdir un peu.

-Heu…oui bien sûr. On le tient comment ?

-C’est la première fois que tu t’occupes d’un bébé ? Tient-le avec un bras, l’autre n’est là que pour le maintenir. Lève un peu plus ton bras pour que sa tête soit un peu plus haute que son corps. Voilà tu y es ! Balance un tes bras pour le bercer.

Jorus avait vraiment du mal avec ce petit homme. Il avait l’impression d’avoir deux mains gauches tenant l’objet le plus important de sa vie et craignait de le briser à chaque choques de la charrette. Jasmine profita de cet instant pour se lever et s’étirer de tout son long comme un chat. Seule une fente de sa longue robe trahissait sa fine forme.

-Heu excuser-moi de vous demander ça, mais j’avais entendu dire que les femmes prenaient du poids lorsqu’elle était enceinte. Comment se fait-il que vous soyez si mince alors que le petit n’a que quelques mois ?

Un sourire malicieux s’afficha sur son visage.

-Lorsque les gens voient un bébé, ils ne font que rarement attention à la mère, mais pas toi. Intéressant.

Alors qu’elle le regardait du coin de l’œil, Jorus rougis à cette remarque. Ses étirements terminés, elle s’assit près du jeune homme et son regard se perdit, regardant quelque chose qu’elle seule pouvait voir.

-En fait je suis tombé gravement malade après la naissance du petit. Je ne pouvais manger qu’à de rares occasions. J’avais si peur que mon petit ne connaisse jamais sa mère.

L’espace d’un instant plus personne ne dit mot. Les enfants fixèrent leur mère, avec ce qui devait être le regard qu’ils avaient lorsqu’ils la virent malade. Son regard revenant à la réalité elle se remit à sourire.

-Mais maintenant tout va bien et je veux profiter de chaque moment avec mon petit ! Aller donne-le moi, tu n’as pas l’air à l’aise avec les enfants, pourtant tu te débrouilles bien, tu devrais voir quand Mélinda le prends, il a si peur le petit, hahaha ! Pourquoi n’aiderais-tu pas Trohim dans sa lecture ?

Soudain Jorus se sentit encore plus mal à l’aise qu’avec le petit.

-C'est-à-dire que…heu…je ne sais pas lire !

-Ta mère ne t’a jamais appris à lire ?

Une nouvelle fois depuis son retour à Eniod, la tristesse se peint sur le visage de Jorus.

-Non, mes parents sont morts quand j’étais petit et j’ai appris à vivre dans la rue.

-Mon pauvre enfant, je suis désolé.

Un léger silence gênant s’installa que Jasmine s’empressa à briser. Elle se pencha vers Jorus et d’un sourire malicieux, le même que son fils et lui dit.

-Dans ce cas, Trohim te fera la lecture !

Pour la première fois de ce qui semblait une éternité pour Jorus, il se mit à rire aux larmes. Ainsi le temps passa et même lorsque le petit eu finit de lire, Jorus continuait à apprendre à lire. En fin de journée, Tyrm revint pour ramener Jorus à Mélinda et installer le campement pour la nuit. L’ambiance festive de la soirée, contrastait avec les derniers jours pour Jorus qui se mit à aller mieux. Durant la soirée, il avait rejoint Jasmine pour l’aider avec ses enfants et Tyrm en profita pour se joindre aux danses autour du feu, préparé au milieu de leur installation. Lorsque tout le monde repartit pour se coucher et que d’autre montèrent la garde pour la nuit, Jorus se laissa allez dans sa couchette. Avec pour seul compagnon, le ciel, d’une clarté si dense que les étoiles semblaient luire pour lui. Il vit dans ces amas de lumières les visages de Farène, Garvesh et Ysold. La multitude de sentiments qu’il avait gardés au fond de lui refit surface et il ne pu s’empêcher de fondre en larmes. Ce n’est que lorsque la tension accumulée et que les larmes de son corps se firent rare, qu’il pu se laisser aller à un sommeil profond et agité.


II-2. C'est un fameux trois mats...

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Ven 21 Juin 2013 06:18 
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II-1. Début d'une traversée


Un orage comme il n’en existe nul pars. La tempête ressemblait pus à une guerre entre les déesses de l’air et de l’eau, qu’à un déchainement climatique. Au milieu de tout ça, entre les vagues et les éclaires, un trois mâts bataillait pour se maintenir à flot. Luttant contre des rafales de vents et des vagues de plusieurs mètres de haut, la Perle Brune manquait de chavirer sans son unique membre d’équipage. Seul au milieu des éléments déchainés, Jorus gardait tant bien que mal le bateau à flot.

(Comment avons-nous atterri dans cet enfer ? Si nous ne trouvons pas de solutions, nous finirons coulé avec les débris du bateau. Et l’équipage où est-il, pourquoi suis-je le seul à être sur le pont ?)

Fait étrange, lorsqu’il se posa la question, Jorus sut à l’instant qu’il était seul à bord du navire. Et chacun sait qu’un trois mâts ne peut prendre le large, avec un seul membre d’équipage. Cette idée soulevait un point quelque peu important, s’il était seul sur le navire, alors le naufrage de la Perle brune et de son dernier capitaine ne serait qu’une question de temps. Décontenancé par cette perspective, Jorus se déconcentra. Poussé par une rafale, il manqua de heurter l’un des canons s’il n’avait pas attrapé non pas un cabestan, mais « le » cabestan nommé Jorus.

Quelques années auparavant, lors d’une tempête similaire, Jorus avait réussi à maintenir le grand mât à bord, grâce à ce fameux treuil. Sans cela, la Perle Brune aurait perdu deux de ses mâts et mit plus de temps qu’il n’en avait pour rejoindre le port le plus proche. Profitant du profond soulagement du capitaine, Les membres de l’équipage avaient gravés son nom sur le cabestan.
Poussé par ces souvenirs, Jorus se jura à lui-même, qu’il luterait jusqu’à ce que ses forces s’épuisent. Cette fois-ci non plus, il ne faillira pas. Lorsqu’il se leva, une voix s’éleva dans la tempête.

-Alors moussaillon, on prend un peu l’aire ? Je comprends que le vent soit vivifiant, mais tout de même ! Hahahaha.

Jorus était pourtant persuadé qu’il était seul sur le bateau. Pourtant, la voix de Lorik était bien réelle. Le navire était-il hanté par son ancien capitaine ? Regardant à gauche à droite, il ne vit personne. Mais où diable pouvait-il être ? Où se trouve généralement le capitaine, hormis près du gouvernail. Sur cette idée, Jorus tenta de rejoindre la partie supérieure de la poupe, où se situait à l’air libre, la place préférée du capitaine Lorik. C’est en haut de l’escalier accroché à la rampe, qu’il vit le capitaine à la barre. Quelques instants plus tôt, il aurait juré d’être le seul sur le navire et pourtant il ne l’était pas, ou ne l’était plus.

-Capitaine, où est le reste de l’équipage, nous finirons vite en pâture à ce train-là !

-Le reste de l’équipage ? Mais tu es seul sur ce bateau Jorus ! A ce sujet il serait bon de prendre la barre tu ne crois pas ?

La question était vraiment étrange. Pas d’équipage et personne à la barre ? Jorus crut qu’il avait mal entendu et s’approcha du gouvernail.

-Mais capitaine c’est vous qui êtes à la bar…

Arrêté à deux pas du gouvernail en bois, Jorus restait sans voix tant la scène semblait irréelle. La barre semblait animée d’une volonté propre, tandis que les mains du capitaine, ne faisait que mimer une manœuvre. Alors que Jorus était fouetté par les bourrasques, le capitaine lui, n’en était nullement affecté. Les mains du capitaine étaient traversées par l’objet en bois. Il ne semblait n’être qu’un spectre à bord d’un bateau fantôme. Une nouvelle rafale de vent frappa le navire et fit tourner frénétiquement le gouvernail. Voyant que le capitaine ne pouvait rien y faire, Jorus s’agrippa à la barre et tenta de redresser le bâtiment.

Le corps du capitaine se mit à l’éviter et tourna autour de Jorus.

-Hahaha. Alors, comment trouves-tu la vie moussaillon ? Pleine de hauts et de bas. Chaque nouvelle vague est un défi à relever qu’on ne peut surmonter, que lorsqu’on est aux commandes de sa propre vie !

-Je comprends rien à ce que vous dites capitaine. Je crois que la tempête se calme, les vagues et le vent se font moins forts.

-Le crois-tu vraiment Jorus ? Regarde donc à l’horizon.

-Je distingue bien quelque chose à bâbord, probablement la terre, mais il me faudrait une…longue-vue.

Avant de terminer sa phrase, Jorus trouva au pied du gouvernail l’objet de sa convoitise. Non seulement il n’y avait rien, quelques instants auparavant, mais la tempête aurait dû l’envoyer par le fond. Pourtant, elle se tenait là, immobile, attendant qu’on se serve d’elle. Jorus la prit avec précaution et la porta à son œil et fut pris de stupeur. Ce qu’il avait pris pour la terre, était en réalité une vague et à cette distance, elle devait être très grande.

-Capitaine, je n’ai jamais vu une chose pareille. Il nous faut partir et vite !

Cette fois-ci, l’esprit du capitaine s’était arrêté devant Jorus.

-Non Jorus. Tu peux fuir toute ta vie, mais la vague te rattrapera. Tôt ou tard, il te faudra l’affronter. La question est de savoir si tu lui feras face ou non.

Que fallait-il faire ? Aller au-devant de la mort et l’affronter, ou attendre qu’elle vienne vous prendre ? Le bras tendu sur le gouvernail, Jorus ferma les yeux. Il sentit au fond de lui ses peurs et ses doutes. En les rassemblant, il put y mettre un nom, Durza.

(Est-ce là mon destin que de fuir toute ma vie ? Je pourrai toujours m’échapper, il me rattrapera à chaque fois.)

-Si je dois mourir,… Jorus donna un grand coup au gouvernail pour faire face à la vague. …autant que ce soit avec panache.

-Héhéhé, je n’aurai pas mieux dit mon garçon. Toutes voiles dehors !

Comme si le bateau était soudain animé par un équipage invisible, toutes les voiles se déployèrent et profitèrent d’un vent incomparable. Des vagues se remirent à faire tanguer la Perle Brune. A chaque fois que le bateau s’apprêtait à en passer une nouvelle, Jorus était asséné de violente émotions et d’images d’horreurs. Farène, Ysolde, Garvesh et même Lorik, il les voyait tous mort les uns après les autres, vague après vague. Epuisé par autant de tourments, il finit à genoux, mais tenant toujours bon la barre. Jorus profita d’une accalmie pour se relever. Autour de lui, les vagues avaient cessé, mais devant, la vague géante se dressait toujours en signe d’ultime défis. Sa volonté toujours intacte, il serra les dents, s’agrippa aussi fort au gouvernail et en fixant un objectif au-delà de ce rempart aquatique. Alors que le navire commença sa montée, le seul sentiment que Jorus sentait était celui d’une fin imminente. La traversée semblait aussi interminable que violente et la mort omniprésente. Alors que Jorus rassembla ses forces, il hurla pour exprimer son désir de vivre et comme si elle lui répondait, la vague se referma sur lui et le navire. Immergé dans l’eau, Jorus sentait le parfum de la mort, froide et salée. Toujours accroché à la barre, il attendait que l’air dans ses poumons ne fut plus assez suffisant.

Mais la mort avait d’autres projets. Le bateau se mit soudainement à allez de l’avant, comme propulsé et Jorus imita la ligne d’horizon. Les perturbations dans l’eau se firent plus intenses et le manque air lui faisait très mal. Au bord de l’inconscience, la Perle Brune et son jeune capitaine refirent surface.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, Jorus se tenait sur le dos, non loin du gouvernail, avec un morceau de la barre, serré dans chaque main. Le ciel avait des teintes de rouge et de violet : le soleil se levait. Etrangement, Jorus ne sentit aucune douleur lorsqu’il se releva.

-Ca c’était une sacrée tempête moussaillon !!!

Le spectre du capitaine venait de refaire surface, virevoltant autour de Jorus. Ce dernier n’en revenait toujours pas d’être encore en vie. Il contempla le lever de soleil, comme s’il était le signe d’une vie nouvelle.

-En effet, une sacrée tempête !

-Jorus tu as affronté tes démons, maintenant tu es libre de tracer ton propre chemin. Que vas-tu faire en premier ?

-Je l’ignore capitaine, probablement laisser mes problèmes derrière moi et allez de l’avant.

Le spectre se mit à sourire.

-Allez de l’avant est une bonne chose, mais laisser les problèmes se résoudre seul est une solution de facilitée. Tôt ou tard, ils ressurgiront.

Alors qu’il prenait son envole, le fantôme du capitaine se retourna.

-Une dernière chose moussaillon, va de l’avant, mais surveille toujours tes arrières.

Alors qu’il méditait à ces mots, Jorus fut projeté contre le gouvernail. Une grande vague venait d’emporter la Perle Brune vers l’avant, tandis que le ciel se remplissait à une vitesse irréelle de nuage noir. Derrière le bateau, une colonne d’eau grandissait pour prendre une forme humaine et malveillante.

-J’aurais dû m’assurer de ta mort à l’époque. Cette fois-ci tu ne pourras plus t’échapper !

Ces mots, cette voix. Il y a trois ans, Jorus avait du fuir aux mots de l’homme qui jura de le tuer. Debout à la poupe du navire, le visage du jeune capitaine se figea.

-Durza !

La silhouette de l’homme composé d’eau, se teinta de pourpre et son bras droit se matérialisa au-dessus, de la même manière dont le corps apparu, prêt à frapper.

Jorus avait affronté une terrible tempête et pourtant, l’homme de tous ses malheurs se tenait là, toujours à le menacer. Lors de leur première rencontre, il avait fuit. Maintenant, il se battrait, sachant que la mort l’emporterait très certainement. D’instinct il empoigna sa dague du dos de la main droite et l’amulette de son père de l’autre. Il ne fut pas surpris de les voir apparaître soudainement, comme beaucoup de choses sur le navire. Loin au-dessus du navire, la main aqueuse entama sa descente. Serrant plus fort ses seules possessions, Jorus attendit, les yeux clos.

(Ysolde, Garvesh, ceci est pour vous.)

Lorsqu’il ouvrit les yeux, l’énorme poing d’eau était tout proche. Animé d’une volonté sans faille, Jorus lâcha l’amulette, s’élança vers le bord du bateau. Il prit appui sur la rambarde et sauta, la dague pointée vers la main du colosse aquatique. Loin derrière la main, on pouvait distinguer dans deux yeux, plein de haine et de noirceur. Lorsque le bout de la lame toucha l’élément liquide, l’amulette se mit à briller de mille feux, à faire pâlir le soleil même.



II-3. Le rythme de la vie

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MessagePosté: Mer 10 Juil 2013 20:27 
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II-2. C'est un fameux trois mats...


Jorus se réveilla en sursaut. Le corps ruisselant de sueur, il mit quelques instants avant de comprendre qu’il venait de rêver. Le songe de cette nuit était vraiment, non pas étrange, mais criant de réalisme. Lentement, il harmonisa sa respiration aux rythmes de la vie qui s’éveille le matin. Il avait besoin de se rafraîchir les idées. Etrangement, il y avait un sceau rempli d’eau et une serviette au pied de sa couche. Peu importe la raison, il en profita pour s’immerger la tête. Alors qu’il était sur le point de découvrir le secret des autruches, un léger bruit le ramena à la surface.

-Hey Jorus tu m’entends ? Viens par là on a besoin de bras.

Tyrm semblait prendre une pose en bombant le torse. A première vu, cela devait être sa pose du réveil, comme s’il cherchait à capter l’intégralité de l’air du matin. Il semblait avoir travaillé cette attitude pas mal de temps, tant il émettait une sorte de parfaite confiance de lui. Bref une pose ridiculement bien peaufinée.

(J’espère qu’il va pas faire exploser ses poumons à respirer comme ça ! Je dois me tenir à l’écart, ou je finirai moi-même dans ses narines.)

Alors qu’il entama un léger détour de la source de l’aspiration, une main titanesque l’attrapa par l’épaule et plaqua les deux hommes corps à corps. S’en suivi d’une tape amicale à vous décoller les poumons, déboiter l’épaule et dans le cas le plus pratique, à déraciner un arbre centenaire. Le long du chemin, Tyrm continua à rassembler tous les hommes disponibles ainsi que Mélinda. La cohorte d’hommes se faisait dense, mais la présence de cette femme suffisa à libérer le chemin, permettant le passage d’un troupeau entier de bœufs. Dans un rire contenu, Tyrm et Jorus s’engagèrent à sa suite jusqu’au lieu du problème, théâtre d’une tension naissante.

-Arrête un peu tu veux, on va bien réussir à la r'mettre en place, faut juste pousser un peu plus c’est tout. Par contre, tu f'ras rien avec tes p’tits bras, hahahaha !

-Puisque ch'te dis qu'c’est pas possible andouille ! La roue est sortie de l’armature, y faut l’équipement d’un forgeron pour, démonter le bas et le remonter. C(est impossible de la remettre en place comme ça même pour Mél… Tiens Mélinda comment tu vas ?

Sans autre forme d’explication, elle se posa devant la roue déblayant au passage les deux énergumènes. Un seul regard lui suffit pour faire comprendre à Tyrm la difficulté de la tâche. Celui-ci vint à ses côtés pour examiner à son tour l’arrière de la charrette.

- De toute façon on n’a pas le choix, sans les bons outils, il nous faut remettre cette roue en place ou l’abandonner en l’état. Bon tout le monde venez m’aider, on va soulever la charrette et essayer de remettre la roue dans son emplacement.

Alors que Jorus commença son approche, il fut le seul à mettre un pied devant l’autre en direction de Tyrm et Mélinda. Tous les regards se tournèrent vers les trois individus sans broncher.

-Jorus on va soulever la charrette pendant que Mélinda remettra la roue, ça prendra pas longtemps.

Bien que peu enclin à faire face à la femme, Jorus avait confiance en Tyrm, mais il ne comprenait pas pourquoi les autres ne venaient pas les aider.

-Allez un, deux, trois on souuulèèève…Va si Mélinda, vite !

Prenant un pas de recul, elle s’élança sur la roue de toutes ses forces. C’est à ce moment que Tyrm, choisi de laisser Jorus seul devant cette femme qui le chargeait. Bien que l’impact fût violent, Jorus ne fut projeté qu’à un mètre de sa position initiale, sans trop de dommage. Il dût cette chance à un amas de crottes de chevale, camouflé soigneusement dans de la boue. Tandis que des lumières dansaient devant lui, le monde autour était hilare.

-Hahahahaha, ça va Jorus ? Aller, prends ma main petit.

Reprenant ses esprits, Jorus affichait un visage assez mécontent. Restait à savoir si c’était dû à la blague, aux crottins, ou aux deux. Tandis que le chef riait à gorge déployée, Mélinda visiblement moins enthousiaste, attira son attention.

-Tyrm, ça a pas marché !

-Quoi ? Tu te fou de moi ?

Un rapide examen permettait de vérifier la véracité de ces propos.

-T’es sûr d’avoir poussé ? Si t’y arrive pas on ne pourra pas repartir avec la charrette alors recommence !

-Laisse-la donc un peu tranquille, vous n’arriverez à rien comme ça !

Comme si le regard de Tyrm suffisait à percer l’assemblée, la foule se dispersa pour ne laisser qu’un homme, seul au milieu de tous. Alors que le soleil situé derrière lui empêchait de le distinguer, celui-ci s’approcha et Jorus put l’examiner en détail. La silhouette était fine et élancée. Il portait une armure de cuire marron assez foncé des épaules aux pieds. Ses cheveux longs et foncé tombaient sur un visage emplit de sérénité. Quant à ses yeux, d’un bleu pur, ils transperçaient l’âme de ceux qu’ils fixaient. Tout comme Tyrm et Jasmine, cet homme émettait quelque chose, mais de totalement différent. Jorus se demanda si lui aussi il dégageait quelque chose, hormis l’odeur du fumier frais.

-Ha Panaka, je n’espérais pas te revoir avant midi. Tu as une idée de comment procéder ?

Ne répondant que d’un simple sourire il se tourna vers Mélinda.

-Va soulever la charrette je m’occupe de la roue. Il faut davantage que la force physique pour ça.

Mélinda se plaça là où Jorus se trouvait avant d’être projeté. Panaka se posa près de la roue et l’examina étrangement. Il semblait s’intéresser à tous les détails, les fêlures, les ondulations du bois. Après quelques instants, il se releva, fixa la roue et demanda à Mélinda de la soulever. L’attroupement avait plus que doublé depuis l’arrivée de l’homme, et tous sentait que quelque chose allait arriver. Il fit deux pas rapide vers la roue et dans un geste vif, asséna un coup de pied qui la remit à sa place, simplement. Tout comme le reste de l’assemblée, les yeux de Jorus semblaient vouloir sortir de leur orbite. Mélinda avait mis toute sa force sans résultat et cet homme avait simplement donné un coup de pied.

-Bien, voilà une bonne chose de faite, dis Tyrm. Aller tout le monde, on arrête de rêvasser et on se prépare au départ.

Lentement la foule laissant Jorus et Tyrm près de la charrette.

-J’me demandais pourquoi Mélinda parlait si peu ce matin, maintenant je sais qu’elle l’a vu avant tout le monde. Ha celle-là !

-Heu…excuser-moi de vous demander ça, mais co… comment…

-Comment a-t-il fait d’un simple geste ce que Mélinda n’a pas pu avec toute sa force ?

Jorus ne répondit que d’un hochement de tête affirmatif.

-Mélinda a beau avoir une force physique impressionnante, elle n’a pas ce petit truc qui fait de Panaka…Panaka. Il n’y a rien pour le qualifier, il est juste…différent. Pourquoi n’irais-tu pas lui demander ? J’ai essayé une fois, mais ses explications, j’y comprends rien.

(Lui demander ? Il est plus impressionnant que la femme-ours et elle, personne n’ose la contrarier.)

Tyrm partit, laissant Jorus à ses pensées. Revoyant la scène, il ne comprenait toujours pas comment cet homme avait pu réussir. Il avait rarement côtoyé des magiciens, mais peut importe le sort il n’avait pas prononcé un mot, ni utilisé de quelconque objets magiques. De toute façon, cela aurait été trop facile et les explications dont lui avait parlé Tyrm n’auraient pas eu de sens. Poussé par la curiosité, il se décida à allez chercher les réponses à même la source. Panaka se trouvait non loin de là. Adossé contre une barrique de fruit, il semblait attendre quelque chose. Jorus s’approcha lentement de lui, cherchant à faire le moins de bruit possible.

-Tu as besoin de quelque chose, Jorus Kayne ?

La question semblait irréelle. Comment Panaka savait-il que Jorus était là et comment connaissait-il son nom. Presque sous le choc et pris d'un mutisme soudain, il ne bougeait plus.

-Aller, vient. Je ne vais pas te manger !

Avec toutes les précautions dont il pouvait faire preuve, le jeune garçon s’assit sur une caisse à côté de cet homme, plein de mystères.

-Tu te demandes sûrement comment je connais ton nom n’est-ce pas ? Ce n’est qu’un détail, dis-moi plutôt la raison de ta venu ici.

Jorus n’avait toujours pas dit un seul mot que l’homme le surprenait encore. Loin de le déstabiliser, il lui avait ôté ses doutes de par cette sérénité qu’il dégageait.

-Je me demandais, comment vous vous y êtes pris pour la roue ? J’ai peu vu de magie, mais je suis persuadé qu’il ne s’agit pas de ça, et vous n’avez pas la force de Mélinda, alors comment ?

-Allons Jorus, tu n’as pas la moindre idée ? Tu en es capable, essaye de te rappeler ce qui s’est passé, ressent le moment.

Captivé par ses mots, Jorus replongea dans ses souvenirs récents. Il revit Panaka devant la roue, examinant les moindres détails, puis asséné un coup de pied et la remettre en place. Cela semblait si facile. Pas un instant il n’était en difficulté et semblait plutôt serein, en paix,…

-…en harmonie.

Sans s’en apercevoir, il avait prononcé ces mots. Panaka qui le fixait se mit à sourire.

-En harmonie c’est ça ! Je t’en ai beaucoup moins dit que les autres, et pourtant tu as compris. Maintenant laisse-moi t’expliquer le reste.

Il prit un instant avant de reprendre.

-Les hommes sont vivants, tout comme les animaux et les plantes. Mais ceci est également valable pour l’eau, la terre, le feu, l’air. Chacun de ses quatre éléments vie, et sous toutes les formes dont ils découlent. De l’eau et de la terre naît les joyaux, comme ton amulette. De la terre et du feu naît le métal, comme ta dague. Tout autour de toi est empli de vie. Les armures en cuir, sont issus de la peau d’animaux mort, qui vie, même dans cet état. Tout comme le bois de la roue. Mais cela ne répond pas à ta question : comment j’ai réussi ce que plus fort ne pouvait pas. Tout être vivant est capable d’interagir avec son environnement, mais pour cela, il faut pouvoir interagir avec le rythme.

-Le rythme ? Vous voulez dire comme une musique ?

Panaka se mit à sourire lorsque Jorus le vouvoya de nouveau.

-Lorsque tu es en harmonie, tu fais partie entièrement de ce monde, tu ne fais plus qu’un avec lui. C’est une capacité que peu d’hommes arrivent. Après l’harmonie vient le rythme. Chaque être vivant émet une aura qui lui est propre. Certain l’ont développé sans le savoir, mais sont incapables de l’utiliser s’ils n’en on pas conscience. Pour réaliser le coup de pied de ce matin, tu dois adapter ton rythme à ton objectif. Dans cet état d’harmonie, tu ressens comme si tu étais l’objet et dans le cas d’un homme, tu connais ses intentions. Idéal pour esquiver des attaques. Une fois que tu es en harmonie avec lui, il te suffit d’imposer ton propre rythme, comme un objet que tu ferais changer de direction. Tu as compris ?

-J’avoue que ça fait beaucoup en une fois, mais oui, je pense avoir saisi l’essentiel. En revanche, il y a un point que je voudrais savoir…

-Comment trouver et imposer son rythme ? Ne t’inquiète pas j’ai ce qu’il faut…

-Non je voulais dire pour le rythme. Chaque être possède un rythme que l’on peut modifier. Si on peut modifier le rythme d’un objet, ou même d’un homme, peut-on modifier son propre rythme ?

Le visage de Panaka s’assombri soudainement et se plaça devant Jorus, avec un air menaçant.

-Ne tente jamais de faire ce que tu viens de dire c’est compris ? Tous ceux qui ont essayé n’ont réussi qu’a scindé leur âme de leur corps, alors promet moi que si je t’enseigne le secret du rythme, tu ne tenteras jamais pareille chose.

Jorus dégluti. Il n’avait jamais vu personne se mettre dans un tel état, en paix, mais plein de colère. Ses mots résonnèrent comme la promesse d’une vengeance. Fixant Jorus les yeux dans les yeux, il attendit sa réponse sans ciller.

-Heu…oui. C’est promis.

-Bien. Très bien.

Lentement il recula pour reprendre sa place.

-Maintenant commençons ton apprentissage. Tu sais jongler ?

-Heu oui mais vous parlez d’apprentissage, mais la voie du rythme semble dangereuse. Et si je refuse ?

-Tu ne refuseras pas parce que tu n’as pas refusé. Tu sais jongler avec des pommes je présume. Essaye donc avec ça !

Panaka lui donna, une pomme, une banane, une ustensile de cuisine et une boule de parchemin.

-Jongler avec ça, mais c’est impossible. Et puis c’est quoi toute cette histoire. Vous connaissez mon nom, vous savez que je peux faire ce que vous demandez et vous dites que j’ai déjà accepté alors que rien n’est fait ! Comment savez-vous tout ça ?


Tandis qu'il parlait, l'agacement prenait le pas sur ses émotions, jusqu'à foudroyer du regard Panaka.


-Si je sais tout ça, c’est parce que mon maître me l’a prédit. Avant de le rencontrer je vivais dans la rue, et ma vie se limitait à voler les passants, quand je ne faisais pas la manche. Mon maître m’a appris le précepte du rythme et ma vie a changé. Avant de partir, il m’a annoncé que tu serais mon élève. Tout ça était vraiment étrange puisqu’à l’époque, tu n’étais même pas né. Mais quand je t’ai vu, les pièces du puzzle se sont mises en place. Jorus je ne peux te révéler que deux choses. La première est que tu es capable de suivre la voie du rythme. La seconde est que tu enseigneras à ton tour ce principe. Lorsque tu rencontreras ton élève, tout te sera plus clair. Sur ce, je te laisse t’entrainer.

Jorus resta seul avec un ustensile de cuisine, deux fruits et un bout de papier. Ces quatre objets devaient changer sa vie.

II-4. Dans l'ombre des Sektegs

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Dernière édition par Jorus Kayne le Dim 28 Déc 2014 14:04, édité 5 fois.

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La route est large, en terre battue, droite, séparant deux champs. Les chevaux avance au pas, la charrette grince. C'est lent. Il y a peu d'ombre ; parfois, quelques arbres nous protège du soleil pour un instant. Eniod est encore visible, derrière nous ; et à droite, à quelques miles, on peut apercevoir l'océan. Le bruit des sabots, des roues. Il n'y a rien à faire : le cheval avance ; moi, j'attends. Qui plus est, la selle n'est pas des plus confortable... Je vais vite regretter l'océan. Je ne saurais dire exactement pourquoi, mais je ne lasse jamais du spectacle de l'eau défilant sous la coque. Pourtant, c'est bien plus répétitif que le paysage que l'on traverse actuellement.

Je me retourne encore une fois. Enan et Nerior semblent somnoler sur leurs montures, se laissant bercer par le rythme des chevaux. Les idiots... Ils croient peut-être que l'on sera gentiment prévenu avant de se faire attaquer ?
Tirant doucement sur les rênes, j'amène mon cheval à leur niveau.

" Ouvrez l'oeil ! Vous n'êtes pas payé pour vous promener, mais pour escorter cet or. Alors arrêtez de roupiller et surveillez les alentours. "

Comme je retourne vers l'avant du convoi, je les entends grommeler entre eux. Bha... S'ils veulent m'insulter dans mon dos, qu'ils le fassent. Mais au moins qu'ils ne dorment pas.

" Ne sois pas trop méchants avec eux. "

Pramiss s'est placée à ma droite, maniant son cheval avec aisance. Elle a belle allure ainsi, droite et fière sur son alezan.

" Tant que nous sommes en vue d'Eniod, nous ne risquons rien. Ne t'inquiète pas.

- Nous ne serons pas toujours à portée de la protection de la ville... Mieux vaut qu'ils apprennent tout des suites leurs rôles. Je doute fort de leurs utilités dans une escarmouche ; au moins, qu'ils soient capable de donner l'alerte.

- Ça ne fera pas une grande différence, je le crains.

- Peut-être. Mais je n'ai pas pour habitude de partir perdant. Tu as l'habitude de ses voyages, j'ai cru comprendre. Tu sais à quoi on peut s'attendre ?

- En général, c'est plutôt calme. Il n'y a pas tant d'or que ça, en fait ; les bandits les mieux organisés préfèrent d'autres cibles. Et puis... notre but n'est pas tant de défendre le coffre que de l'amener à destination. Le coffre se défend de lui-même.

- Comment cela ?

- On ne t'a pas expliqué ? Le principe est assez simple, même je ne connais pas tout les détails. L'idée est le coffre très lourd, l'emmener est difficile ; et il est verrouillé. Magiquement, je crois. Y parait qu'on ne peut l'ouvrir que si on est au bon endroit... Enfin, l'idée est qu'un voleur va se retrouver avec un coffre qu'il ne pourra probablement pas ouvrir, et fuir avec va être délicat.

- Drôle d'idée. Quelle que soit la serrure et le coffre, il sera toujours possible de l'ouvrir...

- Oui, bien sûr. Mais si il faut trouver un magicien qualifié ou risquer de se faire griller par un sort, c'est déjà beaucoup moins intéressant. On ne transporte pas tant d'or que ça ; quelqu'un capable d'ouvrir le coffre aura sûrement mieux à faire...

- Pas tant d'or ? Eniod tient sa richesse de ses mines, n'est-ce pas ?

- Oui, mais ça ne veut pas dire que l'on transporte tout... L'or est réparti sur les convois, envoyé par bateau, acheté sur place par des marchands qui s'occupe eux-même de l'acheminement... Et de toutes façons, les mines sont prospères, mais on ne découvre pas un filon tout les jours non plus.

- Drôle d'idée. Et ça marche ?

- Habituellement, oui. On croise parfois quelques bandits qui tente leurs chance, mais les repousser est aisé. Les dangers qui guettent tous les voyageurs nous menace aussi bien sûr, mais même avec une petite escorte, ça ne pose pas de problème en général.

- Mais ça ne serait pas plus simple et sûr d'engager une troupe d'escorte plus nombreuse, et de meilleures qualité surtout ?

- Si il faut dépenser plus que ce que l'on gagne en transportant l'or pour payer des gardes, c'est pas vraiment une bonne affaire, tu ne crois pas ? Même si là, on est tombé bien bas. D'habitude, c'est plus dissuasif qu'aujourd'hui.

- C'est lié aux attaques des derniers jours ?

Elle me fixe un moment, en silence.

- Oui... Où as-tu entendu parler de cela ?

- On m'a demandé de m'occuper de ces attaques. Mais je n'ai pas eut beaucoup d'information...

- On ?

- La milice. Tu as déjà vu ces attaques ?

Elle semble se reculer un peu, mais réponds tout de même.

- Oui. Une, la première. On était six pour l'escorte, ce jour là ; et six sachant se battre. Ils nous ont attaqués le deuxième jour, depuis un champ de blé, pas très loin d'un petit village isolé. On a rien vu venir. Nos chevaux se sont affolé, j'ai été jeté à terre ; avant de pouvoir réagir, j'ai reçu un coup sur le crâne. D'après ce que j'ai pu apprendre après, il y en a eut deux qui se sont pris des bolas et ceux qui restaientt on subit à peu près le même sort que moi.

Quand je me suis réveillé, j'étais à terre, pieds et poing liés. On a mis des heures à s'en sortir. On a pu finalement faire les comptes. Quelques armes avaient disparues ; le coffre était intact ; mais... Deux de nos camarades étaient morts. Un coup de poignard dans le coeur.

Après ça, on a continué. Que faire d'autre ?
"

Le silence retombe. Je ne sais pas bien quoi demander d'autre, quoi dire. Visiblement, l'embuscade l'a troublée... Pourtant, elle est revenue. C'est une femme ; elle ne devrait pas porter d'épée. Mais elle mérite cependant un peu de mon respect, pour son courage.

Ces histoires de coffres sont étranges... Mais ça pourrait expliquer pourquoi ils ne sont pas servis au passage. Quelle est le but des attaques, en ce cas ? Assassiner certains des gardes ? Possible. Après tout, c'est sûrement plus simple qu'en pleine ville. Je me demande qui étaient les victimes...
Pramiss est retournée au côté de notre chef. Les questions attendront un petit peu.

Gardant un oeil sur les alentours, je tente de comprendre. Un coffre piégé, une escorte attaqué, l'or intact... Pourquoi ne pas tous les tuer, d'ailleurs ? Tout cela n'a pas de sens !



Le bruit des abots, toujours. Des champs ; puis, la route se rapproche de l'océan, et il n'y a plus de signe de présence humaine. Le soleil monte lentement dans le ciel, faisant suer homme et bête. Les embruns nous rafraîchissent un peu, mais rapidement, la route se rééloigne de l'eau. Sans se presser, le convoi avance.

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Ven 9 Aoû 2013 13:54 
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Le soleil a atteint son zénith depuis quelques heures. On s'est installé en cercle à l'ombre d'un petit bois de pin afin de profiter de notre repas tardif. Je n'ai pas particulièrement envie de parler, moi ; mais les autres discutent, semblant oublier les dangers qui nous guette sûrement.

En tendant l'oreille, j'entends quelques brides de conversation. Enan et Nerior sont bien frère ; ils espèrent gagner un peu d'argent puis partir voyager et visiter le monde. L'ancien conduisant la charrette s'appelle Gimlen ; il conduit des convois depuis plus de vingt ans, d'après ses dires. Le lutin parle de tout et de rien ; visiblement, le moindre cône qu'il trouve est prétexte à une joie débordante. Sa voix fluette m'agace rapidement, et je me relève et m'éloigne un peu des autres.

L'océan n'est pas très loin. En quelques enjambées, je suis à l'orée du bois, et je m'appuie contre un haut rocher, contemplant l'eau. Aujourd'hui, nous devrions être tranquille. Demain... Demain, il y aura une embuscade. Ou le lendemain, peut-être. Vu l'escorte, ça risque d'être difficile d'arrêter ces bandits...

Le bruit des pas de Bregen s'approchant me surprend. Sursautant légèrement, je me retourne. Sans plus de manière, il s'assoit contre mon rocher, et prends la parole.

" Alors, comme ça, tu es un milicien. Et tu es là pour enquêter sur les embuscades, hein ?

Pramiss lui a raconté, je suppose ! Enfin, ce n'est pas vraiment un secret...

- Euh... Oui. C'est ma première mission.

- Je vois. Ecoutes, je me fiche de savoir pourquoi tu es là. J'ai de l'or à transporter, et si tu es capable de défendre un coffre, ça me suffit. Mais ma famille va pas apprécier que la milice se mêle de nos affaires. On a essayé de passer ces attaques sous silence ; donc quoi que tu fasses, ne parle pas trop. Personnellement, je préfère que la milice s'en charge. Visiblement, nous, on ne s'en sort pas. Mais tout le monde ne pense pas comme moi. Sois prudent.

C'est bien une famille de continentaux, ça, à se créer des problèmes pour rien. Enfin, je n'ai pas trop le choix : j'acquiesce, marmonnant un assentiment. Cela semble lui suffire.
Mais un sourire un peu inquiétant éclaire soudainement son visage.

- Au fait ! J'aime bien savoir la valeur des gardes que j'emploies. Je connais déjà Pramiss et Merrobion ; et je crains de déjà savoir à quoi m'attendre pour les deux frères. Mais je suis curieux de te voir en action. M'accorderais-tu quelques passes d'arme ?

- Est-ce vraiment le bon moment pour un duel ?

- Pas exactement. Mais on ne risque quasiment rien aujourd'hui, et je préfère savoir à quoi m'attendre avant l'embuscade. Car il y en aura une, nous le savons tout deux.

- Comme vous voulez. Vous êtes notre chef, après tout.

- Parfait !

Se disant, il se relève d'un bond et va se placer au bord d'un petit carré d'herbe. Il dégaine son épée, se met en garde, et m'attend. Poussant un soupir, je le rejoint en me saisissant de ma hache.

- Bien. On y va doucement, je ne voudrais pas que l'on se blesse. Peu importe le vainqueur, je veux juste avoir une idée de tes talents.

Sans attendre de réponse, il s'avance vers moi, une main dans le dos, l'épée tendue au niveau des épaules. La tension du combat m'envahit : surveiller les jambes, les mains, l'arme, les yeux. Un mouvement. Bregen se fend, vise ma tête du plat de sa lame. Instinctivement, je me replis sur moi-même, lâche le manche de ma hache de ma main gauche et l'utilise pour dévier le coup vers le haut. Pas très élégant, mais fonctionnel. Profitant de l'ouverture je tente une attaque du revers de mon arme, visant les côtes. Sans succès : vu ma posture, je manque de vitesse et de force et mon adversaire se contente d'un bond en arrière pour esquiver.
Je reprends ma garde. Cette fois-ci, c'est moi qui prend l'initiative. Changeant de main directrice, je plonge vers la gauche et vise ses jambes. Ne gardant qu'une main sur le manche, je prends appui sur le sol et balaye un grand arc de ma hache.
Elle se contente de heurter avec fracas l'épée de Bregen qu'il a planté dans le sol afin de parer. Il m'envoie en arrière d'un coup de pied. Je ne lâche pas mon arme, mais je me retrouve sur le dos, sans défense.

" Bien. On recommence !"

Dix minutes plus tard, il m'a tué cinq fois ; je ne l'ai eut que deux fois. D'un tacite accord, nous allons nous asseoir à l'ombre.

" Tu es en colère, n'est-ce pas ? "

Je ne réponds pas. C'est idiot, bien sûr. Mais je n'avais pas perdu d'affrontement depuis si longtemps... Depuis mon dernier duel avec un Sang Pourpre, en fait. Je n'avais encore jamais été défait par un continental.

" Tu étais un pirate, je suppose. Habitué à te battre en mer, sur un pont glissant, bougeant au gré des vagues... C'est là ta faiblesse, je crois. Tu ne sais pas faire face à un adversaire avec des appuis sûr, et tu ne sais pas exploiter cet avantage pour toi. Il te faut juste un peu d'entraînement sur terre ferme. Le plus urgent, c'est que tu réapprennes à anticiper les mouvements adverses : tu réagis bien, mais tu sembles sous-estimer la vitesse et la force de ton opposant


Oh, et par ailleurs, tu n'es vraiment pas mauvais. Je sais pas ce que cela donnerait lors d'un vrai affrontement. J'ai l'habitude de ce genre de duel, et je ne pense pas que ce soit ton cas. Gardes ça à l'esprit.
"

Peut-être a-t-il raison... Après tout, une hache n'est pas faite pour retenir ces coups. Mais avant que je ne puisse réfléchir à ma défaite plus en profondeur, nous voilà reparti au même rythme. Pendant encore de longue heure, nous nous traînons sur la route principale, avant de bifurquer à la tombée de la nuit. Après quelques temps, nous arrivons dans une petite combe, et montons le camp non loin d'un ruisseau passant par là.
Le repas expédié et les tours de garde choisi, nous nous couchons sans plus tarder. Nul n'a envie de parler, cette fois. Chacun doit se poser la même question : quand est-ce qu'ils attaqueront ?

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Mer 17 Déc 2014 17:41 
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II-3. Le rythme de la vie

Le restant de la matinée, Jorus s’était exercé à jongler avec quatre objets différents, en termes de poids et de forme. Dans la charrette du chef de convoi, il avait multiplié diverses formes de jonglage sans succès. A défaut de surveiller les petits, ceux-ci ne cessaient de le regarder, riant lorsque l’ustensile de cuisine venait à lui tomber sur la tête. L’exercice était assez difficile en soit, lorsque le convoie s’était mis en route, il devint de l’ordre de l’impossible.

-Haaa j’en ai assez ! Comment je peux réussir à manier autant d’objets complètement différents c’est insensé!

Il venait de reprendre un nouveau coup sur la tête, achevant sa détermination vacillante, et laissa tomber la pomme et la banane, bien amochées, et la boule de parchemin voler dans la charrette.

-Panaka n’est pas du genre à faire, ou laisser faire des choses sans raisons. S’il pense que tu en es capable, c’est que tu le peux.

Jasmine avait ce petit truc dans la voix, pouvant calmer deux ivrognes qui jouaient à qui taperai le plus fort. Cependant, elle n’avait pas réussi à rassurer complètement Jorus.

-Probablement. J’ai besoin d’une petite pause en attendant.

Jorus se laissa aller et se perdit dans ses pensées.

(Possible, possible. C’est plus facile à dire qu’à faire ! Comment je suis censé mit prendre moi ? Je sais jongler, ça c’est un fait. Mais pas avec ce genre d’objet ! Bien que l’exercice soit ardu, je doute qu’il soit impossible. C’est donc qu’il me manque un élément. Mais lequel ? Réfléchissons au rythme. Tout comme moi, chaque objet possède son propre rythme. Qu’a dit Panaka à ce sujet ? Il faut se caler sur le rythme de l’objet, puis lui imposer le mien. Sauf que j’ignore quel est mon rythme.)

A ce moment, Jorus se releva. Une étrange idée lui était venue. Il rassembla les quatre objets et tenta de les assembler. L’ustensile était un récipient équipé d’un manche. Celui-ci pointant dans sa direction, il mit la banane à l’intérieur. Le reste du puzzle s’éclaircit, les deux derniers objets trouvèrent rapidement leur place, et l’ensemble formait un visage. L’ustensile formant la tête et le coup, la pomme et le papier les yeux, et la banane en guise de bouche. Un seul mot vint à Jorus pour décrire l’ensemble : l’harmonie.

(Pour réussir cette épreuve, il faut donc être en harmonie avec soi-même. Je suppose donc que je dois y arriver par mes propres moyens.)

La satisfaction qu’il avait eue en résolvant ce puzzle, a vite laissé place à une tension source d’une nouvelle incrédulité. Tension que Jaïna Perçu.

-Tu devrais te détendre Jorus, tu es tout crispé. Fais comme moi, assieds-toi en tailleur, cale ton dos et ferme les yeux.

C’est ce qu’il fit, après un bref moment d’hésitation, en voyant la femme dans la posture qu’elle venait d’expliquer. Après tout il n’avait rien à perdre. Assis contre l’armature de la charrette, il ferma les yeux et se laissa bercer par le tangage et le rythme de la route.

Lentement, son esprit vagabonda d’un bruit à un autre. D’une conversation, au hennissement d’un cheval, en passant par les battements d’ailes d’un oiseau qui passa tout près. Petit à petit, il prit conscience de ce qui l’entourait. Les différents bruits se faisaient plus nombreux, plus fort, créant une cacophonie sans pareil qui, s’il ne faisait rien, le rendrait fou. Sentant son esprit se perdre, il chercha une raison, un but sur lequel s’accrocher. Alors que son esprit commença à errer loin de son corps, une voix s’éleva dans les airs.

-Aux armes ! Tous en cercle, on nous attaque ! Aux armes !

Brutalement, Jorus sortie de sa transe. La voix de Tyrm l’avait ramené dans une réalité où le choque des lames allaient faire rage. Il sortit difficilement de la charrette, les jambes et l’esprit encore engourdis par une méditation, qui lui avait fait perdre la notion du temps. Soudain Tyrm apparu.

-Jasmine, les enfants, vous êtes au centre, vous ne craignez rien. Jorus tu sais te servir d’un arc ?

-Jamais.

-Alors, c’est le moment d’apprendre ! Les charrettes sont placées en cercle. Va à l’extrémité, par là et attends les ordres. Dépêche-toi !

Tandis qu’il rejoignait le corps de garde à la dernière ligne de défense, Jorus croisait femmes et enfants prenant le chemin inverse. Il arriva à destination vers un attroupement d’hommes âgés et grassouillets. Tous marchands, aucun guerrier. Une fois équipés d’un arc et de flèches, ils reçurent une vive instruction du maniement des armes à distance. L’instructeur était bien bâti. Les épaules larges et le corps musclé, il arborait une pleine confiance, surplombant ses hommes dos à l’ennemi, expliquant comment tirer à l’arc.

-Bien écoutez-moi ! Nos éclaireurs nous ont rapportés avoir remarqué des mouvements suspect, avant de recevoir quelques flèches certifiant leurs doutes. Nous ignorons qui les ont attaqués, mais ce qui est sûr, c’est que l’ennemi à connaissance du terrain et sait se cacher. L’attaque venait de cette forêt là-bas un peu plus loin. Nous nous sommes arrêtés non loin de la plage qui nous offre une protection, et quelques hommes à nous y sont postés en cas d’attaques par l’océan. Le convoi est installé et sera défendu de la façon suivante. Les femmes et les enfants sont regroupés près de l’eau. Une première ligne de défense avec les charrettes est installée autour de ce point. Puis vient deux autres lignes. Vous êtes postés à l’extrémité du camp et votre rôle est au mieux de repousser l’ennemi à distance, au pire de l’empêcher de passer ces lignes de défenses. Peut importe ce qui va arriver, tenez vos positions et défendez-les. Ai-je été clair ?

Autour de Jorus, les hommes lancèrent un Oui chef ! Il prit position, imitant les autres à ses côtés et attendit, observant les alentours.

L’air était doux et une petite brise marine ramenait les effluves de l’océan et faisait onduler les herbes hautes au loin, comme une mer de verdure. Derrière, les hommes pouvaient percevoir les mères rassurer leurs enfants en pleurs, nourrissant leur tension grandissante. Le moment aurais été propice à la détente, si même les mouettes n’avaient pas désertées les lieux, faisant régner calme anormal. Tandis que les herbes continuaient leurs ondulations, le vent se calma. Et Jorus le perçu.

-Comment c’est possible que les herbes bougent alors qu’il n’y a plus de vent ?

La question c’était adressé à leur instructeur, mais celui-ci semblait avoir remarqué également cette anomalie. Ayant prit un point de vue plus haut, il scrutait les alentours à la recherche d’un indice quant à leur assaillant. Jorus reporta donc son regard de nouveau sur ces mouvements suspects qui alerta de plus en plus les hommes. Ses derniers se mouvaient sur place. On pouvait croire que cela était dû à l’excitation du combat, mais la sueur qui perlait sur leur front, et les diverses prières de salut destiné à un dieu miséricordieux, donnait à la scène un murmure macabre. Lorsque que l’un des buissons se coucha entièrement, il dévoila un petit être verdâtre, haut comme un enfant. Il avait de larges oreilles pointues et le crâne chauve. Mais ce que fixait Jorus, était ce regard rouge sang et ses dents acérées. Il lui fallut un petit moment encore avant de s’apercevoir que la créature portait, non une épée comme il l’avait cru au premier abord, mais une dague pointée dans sa direction. Sortant les hommes de leur léthargie, l’instructeur cria dans tout le camp de fortune.

-Sektegs !

Ce mot sembla résonner dans l’esprit des hommes, car beaucoup qui regardèrent au loin en quête d’une horde d’ennemie, regardaient maintenant au plus près de leurs bottes, un adversaire à peine plus grand qu’un enfant. Tandis que de plus en plus de créatures vertes apparaissaient, les flèches fusèrent. Une partie raisonnable atteignit leurs cibles à cette distance, repoussant l’invasion de la première ligne de défense. Certains semblaient doués pour ce style de combat, mais ce n’était pas le cas de Jorus. La première flèche ne partit même pas, la corde n’étant pas correctement dans l’encoche. La seconde tentative eu plus de succès, mais se perdit dans une ancienne souche d’arbre, à plusieurs mètres de la cible. Les créatures arrivèrent de plus en plus, et les cadavres commencèrent à créer de petits monticules de chaires et de sang. Jorus eu le temps de tirer une dernière flèche qui atteignit un Sekteg. Il aurait probablement été fier de son tir s’il avait touché sa vraie cible et si l’ennemi touché n’était pas déjà mort.
Telle une horde envahissante, l’ennemi en trop grand nombre pénétra la première ligne de défense. Se sentant aussi inutile qu’un poisson au milieu des nuages, Jorus lâcha l’arc pour sa dague, et fit face à trois adversaires. Après un instant d’hésitation, ces derniers attaquèrent. Acculé par le nombre, le jeune homme ne put qu’esquiver les assauts. Alors que deux des assaillants évaluaient la situation, le troisième continua ses attaques. D’un simple revers de la main, Jorus envoya valser l’arme de son adversaire se retrouvant totalement démuni. Sans réfléchir, la lame décrivit une courbe pour se loger dans la gorge du Sektegs, qui mourut avant d’atteindre le sol. Jorus avait eu de la chance, mais les deux adversaires qui lui faisaient face étaient désormais sur leurs gardes. Le jeune homme n’aurait donc pas la possibilité de se débarrasser aussi facilement des deux autres. Lentement il se faisait acculer par les tentatives de ses opposants, qui le harcelaient de chaque côté. La fatigue semblait affecter les deux petits adversaires, mais également Jorus qui n’avait jamais combattu autant d’adversaires à la fois. Ses gestes furent moins précis et malgré son attitude purement défensive, il ne put éviter certains coups le blessant à la cuisse droite et à l’abdomen, laissant filer un flot de sang le long des membres.

La situation sembla se gâter lorsque son dos rencontrât le flan d’une charrette. Formant trois arcs de cercle, les charrettes étaient disposées de façon décalées, l’espace pour passer donnait quelques mètres droits devant sur le côté d’une charrette. Les défenseurs perdaient leur avantage visuel au loin, mais les assaillants, ne pouvant avancer en ligne droite, y perdaient en percé. Leur proie dépossédée de retraite, les deux Sektegs sautèrent sur Jorus, la pointe n’attendant que d’atteindre la chaire pour exercer son horrible office. Le jeune homme ne survécu qu’en sautant de justesse sur le côté, arrivant près de l’espace entre les charrettes, lui permettant une retraite. Les deux petites créatures se bousculèrent en courant vers leur cible et l’une d’elle prit de l’avance sur l’autre. Il fallait trouver un moyen de les séparer, sans quoi la conclusion de l’affrontement serait funeste pour Jorus. Son regard s’arrêta sur une poutre attachée par une corde. L’idée fit rapidement le tour de sa tête. Il recula derrière la seconde ligne de défense et attendit. La créature aux yeux de sangs fusa sur Jorus et ce dernier coupa la corde. La poutre tomba dans un fracas bloquant l’accès entre les deux peaux vertes. L’ennemi le plus proche, surpris par le bruit derrière lui, fit l’erreur de regarder derrière lui, ne lui permettant de voir que trop tard la dague qui fusa dans sa direction. Et il n’en resta plus qu’un.

(Hey je me débrouille pas si mal moi ! Bon déjà deux de moins, le dernier va certainement battre en retraite. Cette douleur au ventre et ma jambe qui commence à flancher, je sais pas si je pourrais m'occuper du dernier.)

Reculant de quelques pas, Jorus vit, le dernier Sekteg arriver au niveau du corps de son défunt ami. Seul, que pouvait-il faire face à un tel adversaire. Du moins c'est ce que Jorus espérait qu'il pense. Hélas, le regard du petit être se fit sombre, ses yeux noirs accentuaient le regard de haine qui l'envahissait. Il fît un pas en avant, brisant l'espoir de Jorus de voir son combat se terminer. Un autre pas en avant, affichant son intention de continuer le combat. Refoulant la peur qui lui venait, Jorus, faisant fi de la douleur, affronta son adversaire avec une détermination qui ne se connaissait pas. Durant son combat, Jorus n'avait pas pris la peine de penser, mais peut-être étais-se ce qui l'avait sauvé. Ne pas penser, juste se défendre.

(Tu veux te battre jusqu'à la mort, alors soit. Je ne suis pas un meurtrier, mais je ne mourrais pas en baissant les bras. Je le vois dans tes yeux : tuer ou être tuer, le prochain coup sera crucial.)

Quelques secondes passèrent pendant lesquelles les deux combattants se défiaient du regard. Puis, après une petite rafale de vent qui fit claquer une toile, ils se ruèrent l'un sur l'autre. Le Sekteg bondit pour prendre plus de vitesse, la dague pointant en direction de la gorge de son adversaire plus grand que lui. Le prenant de vitesse, Jorus empoigna la lame de son ennemi et profita de l'élan de ce dernier pour lui asséner un violent coup, l'envoyant valser contre la roue d'une charrette. Adossé ainsi, on aurait pu croire que ce dernier dormait, s'il n'y avait eu une lame enfoncée dans le cœur.

Le bruit des combats avait cessé. Jorus s'avança vers le cadavre. Il pensait simplement reprendre sa dague, mais dans un élan de peine et de respect, il lui ferma les yeux à jamais. Il regarda un instant le corps, silencieusement en signe de respect puis retira la lame qui fit bouger le corps. Jorus perçu un autre mouvement dans ses vêtements de fortune. Le son tinta quand le bout de sa lame toucha une surface ronde. Un examen un peu plus approfondit révéla une pierre d'un bleu intense. Il la plaça dans sa propre proche, et bien qu'il aurait préféré soigner ses blessures et se poser, il guetta l'arrivée d'un autre adversaire. Lentement il approchait de la première ligne de défense. Les combats avaient cessé. Plus aucune lame de résonnait dans le vent. Seuls des corps humains peinaient à se mouvoir. Portant assistance à un garçon à peine plus jeune que lui, il regarda au-delà de leur camp de fortune. Au loin, à la lisière d'une forêt, une fine ombre humaine se distinguait des arbres.

-Aaaaaah !

Jorus reporta son attention un instant sur le jeune homme qui souffrait d'une blessure. Il regarda de nouveau en direction de la forêt. Rien. Là où était l'ombre, il n'y avait plus rien. Etais-ce une hallucination causée par le combat ou la perte de sang, il n'aurait su le dire. Cependant, au fond de lui Jorus sentait que ce n'était que le début.

II-5. Prélude d'une longue nuit

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Multi : Relonor et Nhaundar


Dernière édition par Jorus Kayne le Mer 17 Déc 2014 21:11, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Mer 17 Déc 2014 17:57 
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II-4. Dans l'ombre des Sektegs

Ayant laissé ce qu'il avait vu sur le compte du stress du combat, Jorus rejoignit le groupe s'occupant des blessées, avant d'être lui-même pris en charges pour son état préoccupant. Ses bandages l'empêchant de se mouvoir correctement, il s'était restreint à observer le résultat de l'assaut des Sektegs. Les blessés légers se rendant eux-mêmes vers les soigneurs, souvent en groupe s'aidant les uns les autres. Les blessées graves étaient transportés en draps, par ceux ayant le moins soufferts des combats, ces derniers parcourant les lignes de défenses en quêtes de blessés. Au dehors, une cohorte accompagna ceux tombés avec honneur, ainsi que leurs proches. L'humeur général déjà basse, avait diminué d'avantage, lorsque le monticule de Sektegs morts reçu des torches enflammées, répandant une odeur atroce de chair brûlée.

Cependant, Jorus remarqua autre chose encore. Plusieurs hommes, en armures, et visiblement rompus aux combats se tenaient près en cas de nouvel assaut. Pourquoi ne les avait-il pas vus plus tôt, avant les premiers échanges d'armes ? Plus il les observait, plus la suspicion que beaucoup n'avaient pas pris part aux combats, voyant leurs effets personnels propres, s'accentuait. Ne pouvant attendre plus, il alla rejoindre le chef du convoi pour plus d'information.

Reconnaissable entre toutes, une grande tente, gardée pas deux hommes armés, dressées dans l'urgence de la situation. Jorus n'attendit que quelques instants la réponse du chef, après s'être annoncé auprès des gardes.

Quatre personnes étaient présentes : Panaka, le chef Tyrm, Mélinda et l'instructeur de Jorus avant l'attaque. Regroupé autour d'une carte, l'ambiance était morose et le regard que lançait Tyrm au nouvel arrivant, lui faisait perdre confiance. Comment dans ces conditions, évoquer le problème des hommes armés, n'ayant pas pris part au combat.

-Que veux-tu ? Fais vite !

C'est en tremblant que Jorus, ayant repris un minimum de courage, demanda des explications.

-J'ai croisé plusieurs hommes dehors, bien armés pour le combat. Je me demandais pourquoi je ne les avais pas vus à nos côtés. Certains sont morts, et d'autres peuvent les rejoindre à tout moment vu leur état. Je voulais comprendre pourquoi nous n'avons pas eu l'aide qui aurait permis de tous les sauver.

Un silence lourd pesa sous la tente. Le regard grave de Tyrm, affichait une lourde culpabilité, certainement dû aux pertes subis. Après tout, ils étaient sous sa protection. Gardant un certain mutisme, Mélinda s'apprêtait à prendre la parole, mais ce fût Panaka qui s'exclama. D'abord en direction de Tyrm, puis vers Jorus.

-Il est plus malin qu'on peut le croire ! Ecoute Jorus, nous avons subi des pertes, certes ! Mais c'était notre meilleure chance pour ce qui va arriver ce soir. Je suppose que tu as remarqué quelque chose sur les Sektegs.

Bien qu'il ne voyait pas de quoi il parlait, Jorus ne se démonta pas.

-Je ne vois pas en quoi cela explique ces morts que nous avons eus.

-Enfin Jorus, crois-tu vraiment qu'une horde de Sekgtegs s'attaquerait à un convoi avec de tels blessures avant le combat ? J'ai vu les corps avant qu'on ne les brûle, la plupart de leurs cicatrices avaient arrêté de saigner, tu vois où je veux en venir ?

La mine renfrognée de Jorus répondit à sa place.

-Les Sektegs sont un peuple fragile, et il n'est pas rare qu'ils soient envoyés au combat pour affaiblir les défenses, ou dans notre cas, pour les jauger. D'après leurs blessures, ils ont été torturés avant d'avoir été poussé jusqu'à nous.

-Mais pourquoi les avoir affaiblis ? Pourquoi ne pas les avoir envoyés directement pour un meilleur impacte ?

-Parce qu'ils ont besoin de quelque chose, et ils ont besoin que nous soyons en vie pour cela.

-Mais qui ça "ils" ?

Panaka regarda un instant Tyrm, redoutant sa réaction.

-Les Shaakts. Les elfes noirs.

Répriment une colère, Tyrm contint ses émotions par un murmure plein de violence, donc il avait le secret.

-Nous n'avons aucune certitude que ce soit les Shaakts qui nous les aient envoyés. Il se peut même qu’ils aient attaqué un groupe un jour ou deux avant de nous rencontrer.

Serein, Panaka posa sa main sur le bras de Tyrm pour apaiser son inquiétude, et continua d'un ton calme.

-Mon ami, je comprends tes craintes, mais nous ne pouvons nous permettre de nous voiler la face. Si nous partons ce soir, ils nous tendront une embuscade et se sera un carnage. Si nous attendons la nuit, ils viendront furtivement, mais c'est nous qui leurs tendrons un piège.

Resté spectateur de la scène, Jorus comprenait de moins en moins la situation.

-Je comprends pas, que cherchent-ils au juste pour devoir faire toute cette mise en scène ?

Prostré sur lui-même, Tyrm semblait porter tous les maux du monde. Encore une fois ce fût Panaka qui répondit.

-Jorus, il y a des secrets qui sont si lourd à porter qu'ils en deviennent dangereux. Maintenant va, et prépare-toi pour ce soir. La nuit sera difficile.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter la tente, Panaka l'interpella de nouveau.

-Au fait, tu t'es bien battu aujourd'hui. J'ai eu le loisir de t'observer et je pense que maintenant tu devrais pouvoir jongler correctement.

II-6. L'éveil

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MessagePosté: Mer 17 Déc 2014 17:59 
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II-5. Prélude d'une longue nuit

Le restant de la journée fût long. Les possibilités de s'occuper étaient nombreuses, mais avec ces bandages, elles furent en définitives très limitées. Autour de Jorus les hommes préparèrent la venue de la nuit et son lot de souffrance. Nuls n'ignorèrent à présent ce qui allait se jouer ce soir. Les caravanes ayant gardé leur emplacement depuis l’attaque de la journée, les différents systèmes de défenses placés derrière ne laissèrent aucun doute dans l'esprit des hommes. Les rondes se firent rares, juste assez pour donner l'illusion d'un manque d'homme valide, mais assez efficace pour prévoir une attaque plus rapide que prévu.

Lassé de cette attente interminable, Jorus alla voir les guérisseuses une nouvelle fois. Il ne put attendre plus longtemps les bras croisés, ou bandés, sans rien faire. Après une longue négociation et une promesse de ne plus importuner les soins aux hommes encore souffrants, il partit avec un remède qui lui permettrait de se requinquer. Il se posa dans un coin, but le breuvage aussi infect que le laissait croire sa couleur, et suivit les consignes de la guérisseuse à savoir une bonne période de repos. Ne pouvant trouver le sommeil, il repensa à la discussion qu'il avait eue un peu plut tôt. Les Sektegs étaient donc déjà affaiblis avant l'attaque. C'est probablement ce qui explique qu'il ait pu se débarrasser de trois d'entre eux seul. Lui qui était pourtant fière de ce qu'il avait accompli, se sentit mal d'avoir mis fin à la vie de créatures si peu respectées des autres, qu'on les prenne pour de la chair à canon. Trouvant finalement le temps long, il finit par se relever. La douleur qu'il sentit sembla s'être amoindrie. Il défit ses bandages et put se mouvoir correctement. Alors que les défenses pour la nuit étaient en place, une seule idée vint hanter son esprit. Pouvait-il vraiment faire l'exercice que Panaka lui avait demandé ? Est-ce que ses premières armes furent la réponse qu'il chercha au maniement des divers objets ? Posés à côtés de lui il les prit et après quelques inspirations il recommença à jongler. Sans succès. Il retenta plusieurs fois, mais sans aucune forme de réussite. Quelque chose lui manqua, restait à savoir quoi.

Une fois le repas du soir passé, et après les instructions pour la nuit données, Jorus se retrouva loin derrière les premières lignes auprès de Jasmine et de ses enfants. Même si la déception de ne pas être utile en première ligne l'avait atteint, savoir qu'il protégea le plus précieux trésor du chef de la caravane l'emplit de fierté. Profitant du calme du début de soirée, Jorus s'endormit, la fatigue et le stress accumulé l'ayant finalement atteint.

Il se réveilla probablement en plein cœur de la nuit. Aucun bruit ne sembla perturber cette douceur nocturne, et il perçut une conversation concernant la possibilité qu'aucune attaque ne viendrait. Rasséréné par cette possibilité, il sortit de la charrette pour remplir ses poumons et observer les environs. L'air extérieur était doux et frais, et rien ne sembla perturbé ce calme si parfait. Rien en apparence. Une main, arrivée de nulle part, le saisit fermement par la bouche tandis qu'une lame transperça son corps dans le dos. Etouffé par la saisie, aucun son ne put sortir. Une ombre, devenu silhouette se plaça devant lui. Un être au teint mat, les oreilles pointus et au regard assassin se tint maintenant devant lui. Les Shaakts étaient déjà là, et aucun homme n'avait sonné l'alarme. La scène, éclairée par une légère lune, avait des effets macabres. La bouche ensanglantée de l'elfe noir dévoila une série de crocs aiguisés. Lentement, l'individu sortit une lame tandis que la première était toujours ancrée dans le dos. Jorus allait assister à sa mort sans même se défendre. Un léger bruit au fond de la caravane de Jasmine se fit entendre : les enfants s'agitaient dans leurs sommeilles. Le Shaakt détourna le regard vers l'intérieur. Son expression ne laissait aucun doute possible : il avait trouvé ce qu'il cherchait.

(Non c'est impossible, pas les enfants ! Se ne sont que des gosses pourquoi faire tout ça pour des enfants ?)

Le Shaakt revint sur Jorus. Maintenant qu'il avait trouvé son objectif il n'avait plus qu'à se débarrasser du jeune homme. Cependant, au lieu d’achever sa victime, il enfonça lentement la seconde dague profitant du moindre gémissement de sa victime tenue au silence. Petit à petit la conscience ainsi que la douleur diminuèrent aussi rapidement que le sang chaud du jeune homme, et son esprit s'égara dans les ombres.

(Etrangement je me sens bien. Je n'ai plus mal. C'est triste à dire, mais c'est-peut être mieux ainsi. Je n'aurais plus à fuir. Mes questions ne trouveront donc jamais de réponses. C'est dommage. Maintenant que je meure, je commence à comprendre ce qu’est l’harmonie. Sentir ce qui se trouve au-delà de soi. Ressentir les énergies de chaque éléments tout autour ; la caresse du vent, la vie au travers des plantes, les vibrations de la terre, l’ondulation de l’eau. Au milieu de toute cette vie, nous sommes. L’harmonie : ne faire qu’un avec ce qui est tout. Comprendre, ressentir et agir avec les énergies environnantes. Je sens aussi ce qui me manquait. Cette énergie, cette force latente qui coule en moi. Je crois avoir entendu un jour qu’elle s’appelait le Ki. L’harmonie, caractérise la capacité d’être en accord avec ce qui est tout, et le Ki permet de donner une forme physique à travers le corps. C’est dommage. Dommage qu’il faille mourir pour le comprendre. Ainsi s’achève ma vie. Ainsi je vais…)

-…mourir.

-Non pas encore petit être, laisse-moi gouter au délice de ton visage agonisant.

Les ombres s’estompèrent, laissant place à une douce clarté. Le Shaakt était toujours là. Jorus se sentant un peu mieux, subit de nouveau les souffrances subies par les dagues. En faisant valser une dans sa main, sa patience était un vrai supplice, pourquoi ne l’achevait-il pas ? Les elfes noirs sont-ils abject au point d’attendre que sa victime demande la mise à mort ? Mais Jorus ne pouvait pas tomber, il se dressait seul devant les enfants, il ne pouvait simplement pas flancher. Si le Shaakt avait fait resurgir la vie sa victime, il risquait de le regretter. Jorus chercha l’harmonie, et ressenti cette énergie interne. Sa main droite, mue par un profond désir se déplaça lentement, cherchant un objet tranchant. Alors qu’il était tétanisé par la terreur, l’harmonie lui permis de se mouvoir, et aux portes de la mort, elle semblait facile à atteindre. La main de Jorus sentit quelque chose, le manque de sang ne put lui indiquer si l’objet pouvait véritablement l’aider, il ne put qu’espérer que cela soit tranchant. Il serra fort sa prise et alors que l’elfe brandit sa lame, prête à abattre le jeune homme, Jorus fit ressurgir son Ki de sa propre volonté certainement pour la dernière fois. Il revit le combat contre les Sektegs et attendit le moment où la lame commençait sa macabre avancé vers lui. Rapidement, il attrapa la main de l’elfe pour parer l’attaque final, mais ployé par la force qu’il rencontra, il ne put que la dévier. Voyant que son opposant était surpris de sa réaction, sa main droite fila tel un éclair et atteignit sa chaire.
Leurs regards se croisèrent. L’elfe recula et sentant la lame comprit qu’il en avait peut-être trop fait cette fois-ci. La gorge tranchée, il tomba à la renverse le sang giclant de sa bouche. A bout de force et de vie, Jorus le rejoignit caresser le sol, une dague dans le dos et une autre dans la poitrine. Cette fois-ci personne ne pourra l’empêcher de mourir.

Lentement, il ferma les yeux.

II-7. Epilogue

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Dernière édition par Jorus Kayne le Mer 17 Déc 2014 21:21, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Dehant et Eniod
MessagePosté: Mer 17 Déc 2014 18:18 
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II-6. L'éveil

La douce lumière de la lune éclairait le camp, le nimbant d'un halo de quiétude, qui contrastait avec la tension des hommes cette nuit. Quelques hommes guettaient les alentours tandis que d'autres allaient et venaient entre les caravanes. Au milieu du silence de la nuit, deux hommes déambulaient. Le premier d'une carrure imposante, contenait vainement la tension qui l'animait en serrant le pommeau de son arme. Le second, plus fin et à la démarche souple, tentait de calmer les nerfs de son camarade. Bien que calme en apparence, l'homme à la démarche féline, laissait flâner ses mains près de ses deux magnifiques dagues scintillant à la lumière lunaire. Parlant pourtant à voix basse, la tension générée par la discussion interpellait les hommes à leur passage.

-Je comprends pas, ils auraient déjà dût être là, qu'attendent-ils ?

-Je l'ignore mon ami, mais je t'en prie calme-toi, tu énerves les hommes.

Panaka scruta l'obscurité en quête d'une réponse. D'après ce qu'ils savaient des elfes noirs, ces derniers auraient dû attaquer cette nuit, ne serait-ce qu'une attaque éclaire ou une intrusion discrète. Mais rien. Aucun mouvement n'avait été détecté, et fort des compétences qu'il avait acquis au fil du temps, il doutait qu'elle ait déjà commencé. Pourtant, un étrange sentiment lui noua le ventre. La sensation que quelque chose ne se passerait pas comme il le devrait. L'apprentissage qu'il avait enseigné à Jorus l'avait confirmé dans ses premières pensées. C'était un jeune homme doué et la philosophie de l'harmonie coulait déjà dans ses veines, il suffisait de le guider pour qu'il devienne l'homme qu'il est prédestinée. Sentant le trouble chez son ami, Tyrm l'arrêta en posant la main sur son épaule.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as senti quelque chose ?

Le regard porté au loin, Panaka donnait l'impression de chercher quelque chose. Alors que Tyrm s'apprêtait à parler de nouveau quand il obtint une réponse.

-Je ne sens rien. C'est justement là le problème. Je ne sens pas la caresse du vent. Je ne sens pas la morsure du froid de la nuit, ni même la douceur de la lumière lunaire. Je n'aime pas ça, on ferait mieux de retourner au point central...Qu’est-ce que… ?

Tout en marchant, Panaka continuait à ressentir ce qui l’entourait. Il eu cette sensation qu’un voile opaque se dressait devant lui, pourtant quelque chose sembla percer ce voile. Se rapprochant du centre du camp, le doute laissa place à une certitude. Peu importe sa nature, cette chose vivait en accord avec le monde. Chaque êtres vivants ressentit cette énergie et résonna avec elle. L’harmonie, dans son état le plus pur. Seul le mince voile qui se déchirait petit à petit, avait empêché Panaka de comprendre ce qui se passait : Jorus s’était éveillé.

Ils venaient de bifurquer en direction du centre du camp, quand ils virent un halo lumineux en provenance de la caravane du chef du convoi. Alors que la curiosité se peignait sur le visage de Panaka, Tyrm lui, perdit toute contenance.

-Jasmine, nooon!

III.1 Le réveil

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