Route entre Dahràm et Caix Imoros

Description du voyage à pied et/ou cheval :

Cette route reliant la ville déchue des hommes et le fief des matriarches Shaaktes traverse l'actuel territoire d'Oaxaca. Aussi est-elle considérée aujourd'hui comme l'une des routes les moins sûres de l'île de Nirtim. Prise en étau entre la forêt des Feuilles Tristes et la côte nord de Nirtim, elle longe cette dernière, ce qui évite aux voyageurs de s'aventurer dans cette forêt maudite. Mais la beauté du panorama ne doit en aucun cas déconcentrer le voyageur solitaire car les embûches sont légion le long de cette route.

Depuis Dahràm, vous rencontrez de nombreux brigands sévissant sur le chemin. Agissant par groupes plus ou moins grands, ce sont en général des hommes de Dahràm affamés par la misère ou des Garzoks déserteurs de l'armée Oaxienne. De plus, vous serez bien chanceux si votre route ne croise pas de petits campement de pirates ayant jeté l'ancre dans une crique de la côte ou, bien pire encore, un petit détachement d'éclaireurs de l'armée d'Oaxaca.

La frontière entre le Royaume de Dahràm et celui de l'Atha Ust est loin d'être claire. Peu de troupes Shaakts y sont postées puisque officiellement, les deux factions sont en "arrangement". Cependant, plus vous vous approcherez du fief des matriarches, plus les mauvaises rencontres se feront rares. En effet, les Shaakts tiennent à conserver un commerce efficace, surtout en terme d'esclaves, sans que les marchands n'aient à payer le prix fort pour parvenir à leur ville. N'espérez tout de même pas discutailler avec le premier marchand venu lors de votre voyage, les esclavagistes sont bien souvent peu enclin à tailler le bout de gras...

Durée du trajet à pied ou sur monture sur le continent de Nirtim

Basez vous sur les cartes et présentations décrites dans les 4 continents de Yuimen

Depuis les portes Est de Darhàm..

A nouveau, les deux Shaakt se disputaient. C'était la septième fois depuis notre départ de Darhàm. Que ce soit pour l'heure à laquelle on allait manger, s'arrêter pour dormir ou encore la façon dont j'allais mourir, tout était prétexte à conflit. Cette fois c'était à propos de la route à prendre. Nous étions arrivés à la lisière d'une forêt qui semblait s'étendre sur des kilomètres. Devant moi se tenaient des sapins immenses mais, quand je regardais au nord, j'apercevais des arbres feuillus. Il était impossible de distinguer quoi que ce soit sous les arbres avec les troncs qui masquaient le soleil. L'une de mes ravisseuses était convaincue que c'était le chemin le plus court tandis que l'autre préférait longer l'océan. Chacune avançant des arguments tout à fait recevable de la part d'un type qui allait bientôt mourir. Mais pour être honnête, je n'étais pas vraiment rassuré à l'idée de pénétrer dans cette forêt. Je me sentais déjà écrasé par la taille titanesque des conifères alors que j'en étais à plusieurs mètres. Qu'est-ce que ce serait en dessous ?
Linwen soupira.

" Très bien... Réglons ça comme d'habitude."

Elles fermèrent toutes les deux leur poing droit derrière leur dos. Le but était très simple. A trois les deux dévoilaient leur main dans une forme particulière. Le poing serrer pour symboliser une pierre, la main tendue pour une feuille et deux doigts dressés pour un ciseau. Ce jeu avait d'ailleurs le nom très recherché de pierre feuille ciseau. Pour gagner il faut montrer ce qui bat le symbole de l'autre. Ainsi la pierre battait le ciseau, le ciseau battait la feuille et la feuille battait la pierre. En cas d'égalité elles recommençaient. Au bout de sept fois, j'avais bien compris les règles. Les deux Shaakt comptèrent jusqu'à trois d'une même voix et dévoilèrent leur main. Deux poings fermés. Les deux joueuses les replacèrent immédiatement derrière elles, avant de se remettre à compter. Deux pierres à nouveau. Elles sourirent avant de reprendre. Deux ciseaux. Même si de loin ça peut sembler idiot comme jeu, j'étais certain que dans le crâne de chacune des Shaakt ça fulminait pour découvrir quel symbole l'autre allait dévoiler. A nouveau, elles brandirent leur poing. Deux poings fermés. Elles recommencèrent et cette fois nous avions une gagnante. Un ciseau pour Linwen et une feuille pour Hellykin qui grommelait.

"Je suis sûre que tu triches. "
"Et comment je pourrais ?! On ne verrait pas un troll s'il se mettait derrière toi !"

La géante haussa les épaules et vint vers moi pour me pousser vers la forêt.


"Avance !"
"J'ai un mauvais pressentiment. On est vraiment obligés de passer par la forêt ?
"Oh bah si tu as un mauvais pressentiment je ne sais pas trop... " Elle se tourna vers sa coéquipière. "Linwen ! Le traître à un mauvais pressentiment. Qu'est ce qu'on fait ?"
"Des gaufres."

La grande Shaakt se tourna vers moi en fronçant les sourcils.

"Avance et ferme là ou je te coupe la langue."
"Nous n’avons plus vraiment le choix." Linwen pointa un doigt vers le nord en direction d’un nuage sombre, porteur de mauvais temps. "Je n’ai aucune envie de marcher le long de la côte en bravant vent et pluie. Sans oublier les bandits et les pirates qu’on croiserait à coups sûr." Elle s’avança vers moi et me chuchota à l’oreille. "On dit que cette forêt est maudite Hechta, tâche de ne pas trop t’éloigner."

Je déglutis et m'avançais pour entrer dans la forêt tout en sentant les poils se dresser sur ma nuque et une sueur froide me parcourir la colonne vertébrale en dépassant les premiers arbres.

Vers la Forêt des Feuilles tristes

rp en cours

Je quitte finalement la ville de Darhàm, y laissant derrière moi la mort de mon compagnon de longue date. J’en suis le fautif, j’aurais dû le mener jusqu’à un palefrenier qui aurait pu prendre soin de lui. Je dois savoir de ne pas regarder derrière moi afin de pouvoir continuer à avancer. Le chemin entre mon objectif et mon point de départ fait partie des plus dangereux des terres de Nirtim. Les brigands, les troupes Oaxiennes, des pirates, des désespérés, des fuyards,… parcourent cette route afin de pouvoir délester les voyageurs de leur maigre fortune. L’avantage pour moi de faire un parcours aussi dangereux, c’est de pouvoir m’améliorer au combat.

Après avoir passé de nombreuses heures dans le froid, Hrist s'était arrêtée pour observer la mer. Fichée du haut d'une falaise surplombant le large au dessus des criques englouties, la femme observait l'horizon, laissant le vent du large lui caresser le visage. Les pans de ses vêtements claquait sous l'effet des bourrasques et elle se sentit de nouveau vivante.

La Sindel le savait, c'était une part d'elle. Cette nature sauvage et implacable. Elle imaginait sa vie si elle avait été capitaine d'un de ses navires. Aurait-elle conquis l'océan ? Quoiqu'il en était, elle retourna à son feu de bois protégé d'un petit tas de pierre et de terre. En passant devant Dahràm, elle avait rencontré quelques pêcheurs qui, en échange d'une poignée de pièce, lui avaient donné un poisson, un morceau de pigeon et un mélange de riz collant et de haricots mal cuits.

Son cheval, lui se contentait de quelques touffes d'herbes bien grasse et salées. La chaleur du foyer lui brûlait les doigts lorsqu'elle récupéra le pigeon roulé dans les algues sèches que lui avaient conseillés les marins - pourtant peu enclins à discuter.

La viande était maigre et devenue trop iodée à cause de sa préparation mais les haricots et le riz d'Oranan tenaient assez au corps, avec ça les filets ensanglantés et encore couverts d'écailles qui nageaient dans un bouillon devenu moussant, c'était presque un repas complet mais Hrist n'avait pas de talent pour la cuisine.

Le voyage et la solitude la rendait silencieuse. Elle qui autrefois bavardait sans arrêt avec sa Faera, elle se contentait aujourd'hui d'écouter sagement les remarques de sa petite créature éthérée.

« Il y a de plus en plus de Shaakts. Les routes sont assez faciles, il me reste encore un jour, peut être moins, avec un peu de chance. » Dit-elle pour elle même.

Au loin, des tours noires. Hrist s'imagina un court instant que des mirages rendaient la vue floue et déformait les édifices mais à mesure qu'elle s'approchait, elle constatait qu'en réalité, les tours Shaakts étaient difformes, tordues et défiaient la gravité et la physique car perchée sur de hautes falaises, leur côté inexpugnable n'avait d'égal que leur beauté - ou laideur.

Les routes étaient plus praticables et l'air marin était toujours vivifiant, quelques navires voguaient au large, silencieux et majestueux. La forêt que Hrist longeait depuis quelques jours était étrangement silencieuse, elle ne s'y était d'ailleurs aventurée qu'en de rares occasions pour y piéger un lapin.

La route poussiéreuse descendait directement vers ce qui semblait être l'entrée de la ville.

La route vers Darhàm était pavée, le chemin tout tracé. Je m'étais dit alors que je n'avais qu'à avancer tout droit, sans penser à rien, et que je verrai rapidement la ville se dresser devant mes yeux. Je connaissais les mesures de distance, mais ignorant comme j'étais, je ne compris que bien tard ce qu'elles représentaient vraiment. Comme pour la pluie, la chose réelle était bien plus cruelle qu'elle l'était dans idée. Mes membres glacés par le torrent céleste connurent la douleur d'une marche désespérée et incessante.

Après quatre heures de marche, cela semble ridicule, mes jambes s'engourdissaient déjà, et mon souffle se faisait irrégulier. J'étais bien trop habitué aux marches rapides des souterrains, où tout était à portée, interconnecté. Je brûlais toutes mes ressources en marche hâtive, et bien que j'avais probablement parcouru ainsi une grande distance, je m'étais épuisé en vain. Cependant, convaincu que Darhàm n'était plus si loin, je continuais.

Après six heures, je commençais à perdre espoir. M'étais-je trompé de chemin ? Où allais-je donc ? Vers Darhàm ou vers le bout du monde ? Ce continent était-il vraiment si vaste ? La faim me tenaillait et je n'avais rien qu'un peu d'argent sur moi, et j'étais vêtu d'armes cérémoniales encombrantes, qui se faisaient de plus en plus lourdes à chaque pas. Je remarquai du coin de l’œil les vigies du chemin, des avant-postes shaakt, qui, j'en étais sûr, me surveillaient et se riaient en secret de mon douloureux voyage. C'était par orgueil, et aucune autre raison, que je ne m'étais pas approché d'eux pour leur demander où j'étais, où je pouvais trouver de quoi me nourrir.

La nuit tomba. J'avais guetté son arrivée.
Ne pouvant continuer ainsi davantage, je m'éloignai de la route pavée et m'engouffrai dans un bois sombre en espérant y trouver le sommeil. Cela va sans dire, je n'avais jamais vu autant d'arbres agglutinés de telle manière, et mon seul divertissement quand le soleil eût éclairé mes alentours, avait été de scruter les ombres menaçantes qui se mouvaient entre les troncs, bêtes affamées ou produits de mon imagination. Ironiquement, l'absence de lumière tangible me donna le courage de m'y aventurer. J'appuyai mon dos sur le premier arbre venu et tentai de vider mon esprit de toute pensée. Mais c'est justement lorsque l'on prie pour qu'il nous vienne que le sommeil se dérobe, et tous mes sens hormis ma vue étaient en alerte, concentrés sur chaque mouvement du bois.

Je serrais ma lance : chaque froissement était une bête, chaque craquement était une botte, chaque grondement était un monstre. Mon corps me démangeait de partout, comme si des petits insectes s'étaient faufilés par chaque faille de mon armure, et au fond de moi, encore plus que la faim, résidait la crainte de perdre le peu de chaleur qui me restait et de finir en statue de glace.

Je ne sus dire si à la fin, j'avais fini par m'endormir ou si j'étais resté éveillé jusqu'au lendemain, mais une lumière chaleureuse annonciatrice d'un nouveau jour perça les feuilles et me conféra une vigueur nouvelle. Le bois qui s'offrait à mes yeux semblait bien moins menaçant que mes mirages nocturnes, paisible même, comme si je m'étais réveillé en avance par rapport aux autres créatures inconnues qui partageaient ce lieu.

Mon estomac criait famine mais je ne voyais nulle nourriture et ne savais même pas comment me nourrir du lièvre passager. J'étais cependant parvenu à trouver des baies, dont je connaissais certaines variétés pour en avoir mangé sous la même forme. Leur goût ma parut bien plus rude et acide que dans les souterrains, mais je n'en avais cure : c'était une délivrance. J'en avais gardé dans la paume de ma main pour tromper la faim alors que je reprenais la route, bien plus lentement que le premier jour...