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Le Hall d'entréeLa pièce s'avérait être une grande bibliothèque circulaire. Les murs, n'étaient que des étagères faites de bois, s'élevant à plus de deux mètres au-dessus du sol. Surchargés de livres de toutes tailles et de tous coloris, les rayonnages semblaient accueillir mille et un ouvrages aussi intéressants les uns que les autres. Je m’émerveillai un instant devant le spectacle, imaginant la quantité de savoir que devait contenir cette pièce. Combien de temps cela me prendrait-il pour lire la totalité de ces pages ? Sûrement bien plus que la nuit qu'il m'était accordée. Le reste de la pièce était meublé d'une large table de travail entourée d'une dizaine de chaises, de quelques fauteuils à l'air confortable et d'un lutrin sur lequel était délicatement posé un grimoire poussiéreux et à la reliure dorée.
À peine le dernier d'entre nous fût-il entré dans la pièce que la porte commença à se refermer toute seule, comme par magie. D'ailleurs, c'en était sûrement ... Alors qu'il ne restait que quelques centimètres avant que la porte ne soit complètement close et que nous soyons enfermés, un pied aux orteils verts apparu dans l'embrasure, bloquant la fermeture. Une silhouette se glissa à l'intérieur, c'était un gobelin à l'air ahuri. J'eus un soudain mouvement de recul, je n'aimais pas trop les gobelins, surtout après ce que Bab m'avait raconté ... Mais étrangement, celui-ci ne semblait pas agressif, il cherchait une certaine Azalée. Je ne savais pas si l'une des personnes présentes ici répondait au nom d'Azalée, mais à la mine qu'il fît lorsqu'il nous dévisagea tous les quatre, il n'avait pas dû trouver son bonheur.
D'un vif mouvement, il fit volte-face pour retourner sur ses pas, mais son front rencontra violemment le panneau de bois qui nous séparait du hall d'entrée. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire, c'est tout à fait le genre d'humour que l'on affectionne, nous les lutins. Comble du bonheur, il s'acharna ensuite sur la poignée de la porte puis y tambourina, implorant qu'on le laisse sortir pour aller retrouver son aimée (enfin, ce qui je supposais être son aimée). Après m'être bien moqué une bonne dizaine de secondes, je ravalai mes larmes de bonheur pour calmer le petit être vert.
"Je crois pas que ce soit la bonne façon de sortir ... Il faut te faire à l'idée que t'es coincé ici avec nous pendant un petit moment. Mais ne t'inquiètes pas, ton Alyzée elle va pas s'envoler et je compte bien sortir un jour moi aussi ! Na !"Puis, réalisant soudain que je n'avais aucune idée du nom des personnes se trouvant dans la pièce avec moi, je me présentai, cette fois de moi-même.
"Au fait, moi c'est Psylo. Je pense que si on reste ici ensemble, au moins jusqu'à trouver un moyen de sortir, il serait judicieux de se connaître par nos noms ..." dis-je, esquissant un sourire et faisant rebondir mon regard d'un visage à l'autre.
Après avoir entendu les diverses réponses, j'entrepris de descendre de l'épaule de Milyah qui devait déjà en avoir assez de me trimbaler partout, puis de me balader nonchalamment le long des étagères, faisant courir le bout de mon doigt sur les reliures usées. J'avais toujours aimé faire cela, j'imaginais que mon doigt était un petit homme qui clopinait sur les valons formés par les livres, il rencontrait des bosses, des trous, parfois d'étranges dessins sur le sol ... Il me vint alors une drôle d'idée.
"Dites, vous connaissez la légende qui dit que dans toutes les bibliothèques privées comme celle là, il y a toujours un livre qui, quand on le tire vers soi, sert d'ouverture pour un passage secret ? J'ai toujours voulu le vérifier !" Aussitôt dit, aussitôt fait, je courrai le long des rayonnages, testant au hasard les livres qui me tombaient sous la main, devant parfois les tirer des deux mains tellement certains étaient imposants. Quand j'eus fait le tour du premier étage de livres, je grimpai sur l'échelle munie de roulettes et la fit rouler le long du mur à toute vitesse, tirant sur quelques livres au passage et riant aux éclats. Bien sûr, certains ouvrages ne manquèrent pas d'aller s'écraser sur le parquet.
Arrivé au troisième étage, je marquai une pause, tout essoufflé mais toujours hilare. Mon ventre émit un drôle de gazouillis. C'est alors que je me rendis compte que j'avais atrocement faim.
"Dites, y'a quelqu'un qui a pensé à amener un casse-croûte ? Parce que c'est l'heure de manger là, non ?"Je voulus jeter un oeil par la fenêtre pour tenter de me faire une idée de l'heure, mais les volets étaient fermés. Pourquoi les fermer si tôt ? Était-ce pour empêcher d'entrer ou de sortir ? Voulant en savoir plus, je me dirigeai vers la fenêtre et tentai de l'ouvrir.