Vous RP la disparition de Lillith.

Très tôt le matin, certains sont déjà réveillés comme le médecin qui prépare à manger, Cheylas et Fizold qui discutent tout doucement, pour ne pas réveiller le reste du groupe, ou Bogast, un peu à l'écart qui étudie les quelques étoiles encore dans le ciel. Seldell ronfle un peu et Andelys se repose également. Un peu plus tard, Arevoès passe discrêtement derrière Cheylas et Fizold pour prendre dans son sac quelques vivres lorsque ceux-ci lui adressent la parole, ne l'ayant pas vu venir visiblement...

Ils discutent quelques minutes, puis le médecin retourne à ce qu'il faisait, ramassant quelques herbes près du lac. Andelys se lève alors, visiblement en pleine forme, les muscles saillants et enfile rapidement son armure, et Seldell le suit. Arevoès tend une gamelle de nourriture que le barbare attrape rapidement, ayant visiblement une faim non dissimulée, sous l'oeil amusé de Seldell mais sous celui surpris du médecin.

Le barbare engloutie la nourriture, et chacun mange avant de partir la nourriture préparée. Pendant la marche, le médecin reste en retrait, piochant des plantes par endroit, Cheylas en tête et Fizold en milieu de queue, Andelys près de Bogast qui avance d'un pas assuré, avec sa hache lourde.

Vous arrivez dans une zone dont le sol est à peine visible tant il y a de plantes basses. Soudain, quelques un d'entre vous se font bloquer par un mince filament transparent. C'est alors que six araignées de la taille d'un gros chien débarquent autours de vous, et des arbres. Vous libérez rapidement vos compagnons et engagez le combat.

Seldell, Cromax et Andelys, qui semble plus épuisé qu'à son habitude, s'écartent du groupe pendant leur combat. Alors que vous combattez la dernière araignée, il vous lance : " Je ... me sens mal ... Je sais pas ce que j'ai... Je ". De grosses gouttes de sueurs perlent sur son front, il est pâle ... Soudain, le sol absorbe leurs pieds jusqu'aux mollets. Ils tenteront vainement de se sortir de là, le barbare s'enfonce plus rapidement à cause de son poids. Ils réussiront à sortir de peu, tandis qu'Andelys est enfoncé à moitié et se rapproche du bord grâce à sa hache. L'araignée survivante sautera sur Cromax et Seldell, dans le dos, mais un puissant coup de hache s'abbatra sur elle du bout des mains du barbare tandis que les autres arriveront. Mais la hache est à quelques mètres de lui à présent, et alors que vous vous rendez compte que l'araignée est tranchée, le barbare fini de s'enfoncer lentement... Vous pouvez voir en dernière vision ses yeux terrifiés tandis que le sable mouvant est au milieu de son nez...

Bogast tentera dans une puissante attaque, avec une rage folle, quelques secondes plus tard avec l'aide de Lothi pour soulever la terre, mais vous ne verrez rien... Sans doute s'est il enfoncé plus que vous ne le pensiez ...

Vous finirez la journée en vous éloignant de cette zone où il y a des araignées. Bien sûr, ce sera pas la joie... Seldell, Cheylas et Arevoès pleurent, Fizold et Bogast sont abbatus. Bogast en a même les larmes aux yeux, assis, la tête reposant sur une main contre son front. La nuit arrivera ensuite, calme...

Essayez de mettre des sentiments bien sûr. Vous n'êtes pas obligés de décrire le matin tôt si vous dormez, c'est au cas où votre perso soit éveillé. Bon courage...

((( tirage au dé pour déterminer qui était dans le sable mouvant : Keynth(90), Seldell(1), De(91), Lothi(58), Lelma(62). Forcément, avec du 1, j'étais mal barré Et lothi je l'aurai pas acceptée, parce qu'elle aurait cassé mon sable mouvant, nah !! )))

La lumière du soleil levant perce mes paupières. Je retrouve ma respiration et cette sensation étrange qu'est le poids.

"Eveille-toi, Gardienne... Première parmi les Quatre."

Mes narines hument l'odeur d'herbe humide et d'un sang nauséabond. Peu à peu, je reprends conscient de mon corps et surtout de son environnement. J'ouvre les yeux, éblouie par la lumière quasi-horizontale du soleil.

Il fait donc jour... combien de temps suis-je restée évanouie? Une nuit? Un jour? Plus encore?

Je me redresse sur mes coudes cherchant à savoir si l'un d'entre nous est encore là, ou si, me croyant mort, ils sont déjà partis.

Je vois Lothindil humer les odeurs qui l'entoure. A part l'odeur du sang, je me demande se qu'elle pourrait bien sentir d'autre. Elle commence à bouger doucement son corps comme si elle en reprenait conscience. Elle ouvre doucement ses yeux qui sont maintenant vert.

Elle se redresse sur les coudes, je m'approche d'elle avec une outre pour qu'elle puisse se rafraîchir.

" Tu es resté longtemps dans les vapes. Que s'est-il passé, je n'ai pas compris pourquoi tu es tombé au combat."

Je prends doucement l'outre et bois quelques gorgées calmement.

"Je suis restée si longtemps que ça?"

Je peine à me souvenir tout ce qui s'est passé... C'est si particulier, si étrange et innarable. Je parviens cependant à me rappeller ce qui s'est passé avant ma rencontre avec Yuimen.

"Je ne suis pas tombée au combat en fait... J'ai... été appelée en fait."

Je ne sais pas comment expliquer ce qui s'est passé, la barrière, le vol, le coma...

Elle boit quelque gorgée puis semble étonné du temps qu'elle est resté inconsciente.

" Je dirais que oui car le soleil se couchait et maintenant le soleil se lève."

Elle se concentre, sûrement pour rassembler ses souvenirs puis elle me dit qu'elle a été appelé, je suis surpris et je lui réponds:

" Appelé? Je ne savais qu'interpeller quelqu'un pouvait le faire tomber comme ça pendant un combat. Mais bon tout ceci est étrange, tellement bizarre que sa sent la magie donc c'est inabordable pour moi. Sinon tu as besoin de quelque chose en particulier? Du médecin, de nourriture, encore de l'eau?"

Je la regarde en rigolant puis dis:

" Voir autre chose qu'un skaa't à son réveille?"

Au beau milieu de la nuit, un cri déchirant retentit, déchirant le silence nocturne. Je me lève presque aussitôt, paniqué. C’est la voix de Seyra qui hurle à la mort. Mon regard se porte sur elle. Une silhouette est à côté d’elle, dans les ombres. C’est Lillith, le cryomancien, qui place sa main, brillante de magie, contre sa poitrine… Horreur d’un apparent suicide incompréhensible, je ne sais que faire, je reste sans bouger, la silhouette de l’humain se racrapote sur elle-même, tombant sur le sol comme au ralentit. Andelys accourt près de lui, et je ne bouge toujours pas. Je suis consterné, troublé, surpris, complètement abattu par la scène qui vient de s’offrir à mes yeux. Une lumière brune apparaît derrière l’humain, qui semble comme attiré vers l’arrière, tiré par une force invisible qui semble vouloir l’avaler. Sans plus réfléchir, je bondis !

Trop tard, hélas. Le corps du cryomancien disparaît en même temps que s’efface la boule de lumière. J’arrive trop tard, juste au moment où les habits de Lillith tombent en un petit tas sur le sol. Andelys a lui aussi plongé sur l’humain pour le retenir, mais lui aussi a réagi trop tard, comme si le destin de cet humain était inévitable. Je tombe à genoux, devant tout ce qui reste de cet homme que finalement, j’aurais espéré mieux connaître. Il nous avait sauvé la vie sur l’autre île, et là, il disparaît, mystérieusement, sans nous laisser comprendre ce qui s’est passé. La petite Seyra semble très troublée. Elle pleure à chaude larmes et Andelys est près d’elle pour essayer de contenir la tristesse de la petite. Mais la peine se lit aussi sur le visage du barbare. Troublé par cette image, je me retourne lentement sur les restes matériels de ce pauvre Lillith. Je sens quelques larmes affluer à mes yeux, mais elles ne sortent pas. Elles mouillent mon regard, et je ne fais rien. Je reste prostré à l’endroit où cet homme finalement rempli de mystères a disparu… J’entends à nouveaux les pleurs de la petite Seyra derrière moi, ainsi que les réactions, parfois vives des autres membres de l’expédition. Un hoquet de pleur remonte dans ma gorge et je laisse finalement échapper ma peine. Une larme coule le long de ma joue. La première de ma longue existence depuis la mort de l’elfe sylvain qui m’avait éduqué. Je m’étais fabriqué une carapace, une véritable barrière contre le ressentiment, et elle vient de s’effondrer, laissant échapper ma peine.

C’est la première fois que je perds un compagnon de route, et je repense à la haine qui s’était échappé de moi lors de la mort de mon mentor, de mon père adoptif, de cet elfe vert à qui je dois tout. Mais ma réaction est aujourd’hui toute différente. La haine qui m’avait enseveli ce jour là, suivie de jours entiers de pleurs a ici fait place à un abattement total. Cet être que je ne connaissais que si peu et qui pourtant a vécu tant de chose en notre compagnie vient de disparaître, comme ça, d’un coup, sans raison, et le fait que son corps ne soit pas présent, marqué par les stigmates de la mort dont il est certainement affublé maintenant rend encore plus difficile la situation à accepter. Les larmes coulent le long de mes joues, mais je reste silencieux, comme paralysé par cette situation, sur le sol, immobile. Je ferme les yeux pour me remettre, pour m’assurer que ce n’était pas un cauchemar, et bientôt, je me relève, les yeux toujours humides, mais on ne peut rien y lire. Ils sont juste un abîme noir vide de tout sentiments. Pourtant ma tristesse est réelle. Je m’éloigne un peu du groupe et m’assied sur le sol, contre un arbre, pour finir la nuit. Je ne dors plus de la nuit, repensant à ce spectacle dont je ne comprends rien.

(Pourquoi Seyra était-elle réveillée et à cet endroit ? Pourquoi a-t-il disparu comme ça ? Pourquoi s’est-il tué ?)

(Il y a parfois des choses qu’il vaut mieux ne pas savoir, ne pas connaître…)

Je reste assis, le regard perdu dans le vide, attendant les lueurs de l’aube, où il faudra repartir, reprendre notre route vers notre destinée. Elles ne tardent d’ailleurs pas à venir, où est-ce moi qui ait perdu la notion du temps. Le soleil se lève calmement, et je n’ai pas refermé l’œil. Je me remets debout, remué par les événements de cette nuit. D’abord la discussion avec Cheylas, puis Fizold. Ensuite le spectacle de Lothindil, rayonnant de sa magie. Et enfin la mort de notre compagnon adorateur de la déesse des glaces.

(Lothindil…)

Elle me revient brutalement à l’esprit. Elle n’avait pas bougé depuis la veille, et la lueur de cette nuit m’interpelle seulement maintenant. Je regarde l’endroit où elle était couchée cette nuit encore, mais elle n’y est plus. Elle déjeune avec De, guérie, mais fortement changée. Ses cheveux sont parcourus de mèches brunes et vertes, alors que le diadème qu’elle portait est devenu argenté. Son regard a lui aussi changé.

Mon attention se porte alors sur Cheylas et Fizold, qui discutent ensemble. Je trouve curieux ces nouveaux rapports, alors que la veille encore, ils ne semblaient s’être jamais parlé… Arevoès se joint à leur discussion mais je ne saisis rien de ce qui se dit. J’ai d’ailleurs d’autres chats à fouetter pour le moment. Je m’assieds sur le sol, près de mes compagnons, mais proche d’aucun en particulier, et commence à déjeuner quand je vois Andelys se lever, visiblement en pleine forme, suivi de petit Seldell. Le médecin leur confie une gamelle de nourriture que le barbare a vite fait d’avaler.

Bogast annonce qu’il est l’heure de partir, et je me retourne une dernière fois vers le petit tas de vêtements qu’a laissé Lillith derrière lui. Personne ne semble y avoir touché.

« Attendez…On ne peut pas laisser ça comme ça… »

Je m’approche de ses affaires. Il n’était pas fortement équipé, et surtout de matériel magique. Je dispose ses habits sur le sol et m’agenouille devant la reconstitution de sa forme, dans une dernière pensée pour cet aventurier qui nous a accompagné. Sa petite bourse, pas tr ès remplie, repose à côté de lui. Sous l’œil attentif de tous, je m’es saisis et me relève vers les autres.

« C’était là toutes ses possessions…Sept pauvres yus. Partageons-les nous en le souvenir de notre compagnon. Gardons le pour qu’il reste vivant dans notre mémoire… »

J’ouvre la bourse et en ressort un yu, que je glisse dans ma poche. Je tends alors la bourse à chacun pour qu’il se serve de ce souvenir. J’avais peur que mon geste fut mal interprété, mais jamais je ne me serais permis de me saisir de plus d’une pièce appartenant à cette âme défunte… Une fois ma tâche mortuaire terminée, nous reprenons notre chemin. Au passage, et pour essayer d’égayer l’atmosphère, je lance une petite remarque à Lothindil, avec un sourire sur les lèvres…

« Joli les mèches ! »

Alors que je me repose du combat de la veille, épuisé, un cri enfantin me réveille en sursaut. Dans un premier réflexe, je pense à ma Keynthara, mais je l'aperçois rapidement à coté de moi, qui vient de sursauter. Je suis soulagé brêvement, comprenant que l'enfant ne peux plus être que Seyra. Je me lève le plus vite possible et vois la jeune fille à quelques mètres de moi, les larmes aux yeux.

Plusieurs de nos compagnons se sont déjà jetés près d'elle, et j'essaie de comprendre ce qu'il s'est passé. Lillith aurait été aspiré par un trou "spatial" ou quelque chose du genre... Sans réellement comprendre.

(Que s'est il passé ? Pourquoi est-ce lui qui a disparu et pas un autre ?)

Je reste quelques instants figé, ayant du mal à réaliser. Il doit être mort... Je suis triste, je ne le connaissais pas plus que ça. Je ne lui avais jamais adresser la parole pour lancer une conversation. Le tumulte passe, et je vois Lothindil, toujours allongée. Si elle y reste aussi, aucun de nous ne pourra survivre malheureusement...

Sur cette sombre pensée, je retourne me coucher, épuisé à cause d'un sommeil brisé. Je réussis à me rendormir sans beaucoup de difficulté, ce qui au matin me donne quelques remorts.

Lorsque j'ouvre les yeux, la Petite est déjà levée, et doit être quelque part en train de s'occuper. Je me met debout, et me frotte le bras pour enlever quelques herbes collées en regarde Andelys se glisser dans son immense armure. Je m'approche d'Arévoès qui prépare un repas. Il me tend une gamelle de nourriture appétissante en m'évitant du regard, faisant mine de chercher quelque chose. Alors que je tends mon bras, le barbare attrape ma gamelle et la mange rapidement sous l'oeil surpris du médecin. Je le regarde, amusé, engloutir littéralement son déjeuner et lâcher un soupir immence lorsqu'il a avaler le dernier morceau...

Gêné, notre cuisinier me redonne une autre gamelle dont je mange rapidement le contenu, et part à la recherche de ma petite poupée. Je l'aperçois qui s'amuse dans le lac, au loin. D'un oeil quasi-maternel, je la surveille de loin, prêt à intervenir si nécessaire, bien que n'appréciant guère l'idée de me plonger dans de l'eau...

Un cri aigu retenti dans la nuit et c’est dans un ultime sursaut que la Petite se leva, et regarda droit devant elle… La fille de Lelma hurlait à quelques mètres devant elle, au côté de Lilith, l’homme de glace, aussi imposant qu’un grand roc, en proie à une magie venue de nulle part qui l’aspirait irrésistiblement, sans qu’il ne puisse rien y faire… Bientôt il fut totalement absorbé et il ne resta plus de lui que le souvenir d’un homme qui fut pendant tout ce long voyage un fidèle compagnon, et quelques maigres affaires qui avaient constitués son équipement erraient au sol, à l’abandon…

La Petite sortait tout juste de ses rêves et sonnée, elle ne réalisa pas vraiment ce qui venait de se produire, elle savait seulement que l’un des leurs avaient été englouti, peut-être même dans d’atroce souffrance, et il n’y avait rien d’autre à comprendre de toute façon…
Elle restait paralysée sur place, les yeux grands ouverts, la bouche dans la même attitude, choquée… Et personne pour prêter attention à sa détresse. Ils s’étaient tous précipités vers la petite Seyra, et Seldell ne fit pas exception…
Lorsqu’il revint finalement à leur couche, elle ferma les yeux et s’allongea en chien de fusil, profondément troublée et pleine d’incompréhension…

La scène qui s’était déroulée sous ses yeux avait duré quelques infimes instants, pourtant ces images revenaient comme un film dans son esprit et c’est dans un grand malaise qu’elle réussit à trouver un sommeil probablement très agité…

Au petit matin, Keynthara finit par se lever de piètre humeur, ne supportant plus les ronflements intempestifs de son ami qui s’offrait une grasse matinée, à quelques dizaines de centimètres de sa pauvre oreille maltraitée…
Alors que quelques uns discutaient, et que d’autres vaquaient à leur occupation matinale, la Petite tourna le dos à tout le monde et se déshabilla sans plus de cérémonie, avant de goûter l’eau du lac de la pointe des pieds. Elle frissonna en retirant ses petits orteils du liquide translucide puis leva la tête vers l’horizon, brumeuse et inquiétante, ses pensées louvoyant vers leur compagnon disparu...

(Une victime de plus… Que cherchons nous donc ici ? Notre mort, à tous ? )

Elle était morose et probablement rien aujourd’hui ne saurait lui décrocher un sourire, pas même la tendresse de Seldell, ou les taquineries d’Andelys.

Keynthara se laissa glisser dans l’eau, au milieu des roseaux, et regardait le fond tout en avançant dans la brume… Elle aimait ce doux contacts des les remous qui clapotaient sur sa petite poitrine enfantine, mais son esprit était ailleurs…

Elle aurait aimé rester encore un peu seule au milieu de cette eau limpide, mais l’agitation commençait à monter au campement, elle pouvait clairement l’entendre, alors elle rebroussa chemin à la nage, profitant de ces derniers instants au contact de l’eau avant d’écarter la végétation qui la séparait du rivage.
Seldell était assis au bord de l’eau et perdue dans ses pensées, elle sursauta en étouffant un sifflement de surprise.

« Toi aussi tu es songeur, hein ? », lâcha-elle en s’approchant doucement de son Seldell, son corps ruisselant au dessus de lui lorsqu’elle vint s’asseoir sur ses jambes, face à lui en collant sa tête contre son torse.

Lorsque la petite vint se coller à moi trempée, ce qui ne pouvais pas me gêner, et posa sa tête contre moi, je l'entourai de mes bras, regrettant de ne pouvoir sentir le contacte de nos peaux pour me remonter le moral en ce moment qui en avait bien besoin... Je glissais lentement ma tête contre son cou et lui donner un petit baiser, voulant à moitié la chatouiller...

Elle secoua la tête et plongea son regard dans ses yeux verts, comme elle ne l'avait jamais fait auparavant, et essaya de sourire, sans grande réussite.
Elle finit par l'embrasser sur le front dans un soupire, pour lui rendre l'appareil...

" Tu sais, j'ai pas très envie de jouer... Je suis pas d'humeur..."

Et elle se colla un peu plus encore à lui...

( Elle a l'air triste ... )

Je décidai néanmoins de respecter son humeur du moment, comprenant tout à fait la situation. Lorsqu'elle se colla davantage à moi, je me relevai avec elle dans mes bras, et allai ramasser ses habits un peu plus loin, la regardant en souriant lorsque je me baissai, la tenant fermement.

Une fois redressé, je passai ma main de dans son dos à sous ses petites fesses, et la retransportai au camp, contre moi. Les autres commençaient à s'activer, et nous allions visiblement partir sous peu. Je reposai le petit être au sol, et essayai de l'essuyer un petit peu avec mes mains que j'imaginai relativement sèches, avant de lui tendre ses vêtements.

Encore fatigué, je me frottai machinalement les yeux pendant qu'elle s'habillait. Une légère brise parcourait alors mes cheveux en bataille, et j'humai l'air, sans réellement rechercher une odeur particulière. Le ciel était un peu sombre, mais il ne faisait pourtant pas froid. Un peu de pollen volait autour de nous, et un bout vint se coller contre ma narine, ce qui me fit éternuer. Je lachai un petit cris à peine audible, et regardai Keynthara tout aussi surpris qu'elle...

Avant que nous ne quittions la clairière, j’ai un dernier, regard, nostalgique, pour cette île au milieu du lac qu’apparemment nous ne visiterons pas. Mes yeux se posent alors sur nos nombreuses victimes orques, éparpillées par-ci par-là dans la clairière. Après un regard pour la troupe qui commence à marcher, d’un pas plus lent que les autres jours, je cours vers les victimes de notre bataille de la veille et parcoure rapidement les corps pour voir si je n’aperçois pas une arme, un bouclier, une armure digne d’un maître d’arme tel que moi, ou même une boursette remplie de yus ou autre monnaie. Après réflexion, ses morts n’en auront plus vraiment besoin, alors autant que ça serve…

Après ma fouille rapide, je retourne auprès des autres en trottinant pour les rattraper. Le premier que je rattrape n’est autre que Arevoès, qui ramasse des plantes, insoucieusement en queue du groupe. Je remonte tout le groupe, passant à côté de Fizold sans même un regard, pour me placer dans la marche juste derrière l’elfe grise qui a fait chavirer mon cœur. Andelys et Bogast marchent fièrement, d’un pas assuré, visiblement peu touchés par la disparition de l’homme de glace. Il est vrai qu’il traînait souvent dans les pieds de Bogast à tout le temps lui poser des questions, mais c’était quand même un de nos compagnons ! Et de toutes façons, des questions, Bogast risque d’en avoir pas mal ces temps-ci, étant donné la suspicion quasi généralisée sur sa personne…

Alors que nous marchons dans une zone recouverte d’un tapis de verdure qui nous monte jusqu’à mi jambe, les premiers de la file se font piéger dans une espèce de filet transparent et collant. Je suis de ceux là et relève difficilement mes pieds du sol, entraînant le filament avec moi. C’est à ce moment que des créatures immondes et répugnantes font leur apparition juste devant nous, au moment où notre marche est entravée par ces filets baveux et gluants, qui s’avèrent être des toiles d’araignées, vu la composition arachnéenne de nos nouveaux ennemis. Mais la taille de celles-ci est assez impressionnante, et leurs huit grosses pattes velues se multiplient par six, le nombre de ces créatures infectes et repoussantes. C’est donc une armée de membre velus et poisseux qui court vers nous, souplement, soulevant les six gros corps affreux des araignées géantes. Ignoble spectacle qui s’offre à notre regard, les multitudes d’yeux globuleux de ces bestioles de cauchemars nous scrutent dans leur course infâme visant à notre trépas le plus bref. Leurs mandibules acérées semblent faites pour trancher la chair et la peau des êtres vivants et bien constitués. Mes muscles fins ne serviraient certainement qu’à un léger en-cas pour ces monstres de la nature de cette île finalement pas si accueillante que ça… Je déteste le gaspillage de nourriture, surtout si c’est moi qui constitue le plat principal, et suis prêt à défendre cher ma vie face à ces horreurs.

Mes compagnons dégainent en même temps que moi leurs armes, qui sortent de leur étui dans un bruit de métal. Mes deux lames dans les mains, je m’élance à la rencontre de la première de ces demoiselles hideuses. Le choc est rude, et mes lames, évitant les armes naturelles de la bête, tranchent son flanc en laissant échapper un liquide verdâtre et bouillonnant, qui tombe sur le sol dans un bruit de déglutition exagérée. La bête se retourne à l’aide de ses huit membres vers ma personne, alors que mes amis se battent fièrement face à leurs ennemis. C’est alors qu’une flèche vient se planter dans le corps de l’animal, et je vois Seldell, l’arc bandé, prêt à en décocher une nouvelle. Le monstre se retourne vers le rouquin avec une lueur vicieuse dans ses nombreux yeux. Vu d’ici, je dirais qu’elle aurait bien aimé avoir ce jeune homme dans son assiette pour le repas du soir…Mais je ne vais pas la laisser faire. Une autre flèche du rouquin vient transpercer un œil de la créature, libérant un liquide blanchâtre et dégoûtant sur le sol. Je crie en courant vers l’araignée, qui finit par abandonner Seldell pour se tourner à nouveau vers moi. Mes deux lames pointées en avant, elles atterrissent dans le gosier de l’animal mutant, transperçant ses tissus buccaux et sa gorge noire. Au même moment, la lourde hache d’Andelys s’abat violemment sur le dos de l’araignée, la faisant littéralement exploser sous le choc. Mais une des araignées s’est éloignée du combat pour un peu récupérer, et, me tournant vers mes deux compagnons de combat, Seldell et Andelys, je leur crie :

« Suivez-moi, elle ne peut nous échapper ! »

Les deux humains se lancent en même temps que moi à la poursuite de la créature infecte qui nous attend de patte ferme. C’est la dernière survivante arachnéenne et nous allons la battre à trois. Mais Andelys semble soudainement faiblir dans son combat et de grosses gouttes de sueur glissent sur son front. Je ne l’ai jamais vu aussi pâle. Il nous lance alors, dans un souffle rauque :

" Je ... me sens mal ... Je sais pas ce que j'ai... Je… "

Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Le sol semble céder sous nous, ensevelissant nos chevilles à tous les trois. Mes mollets sont bloqués dans ce qui semble être un sable mouvant. Une peur panique commence à naître en moi. Toujours les armes en main, j’essaie de soulever mes pieds prisonniers, sans réellement y parvenir. Mon regard se pose sur Seldell, qui essaie aussi de se débarrasser de ce piège naturel en pataugeant dans le sable mou. Le barbare, plus lourd que nous, s’enfonce plus rapidement, mais la seule idée qui me vient à l’esprit en ce moment est de sauver ma peau de cette abomination. Rien que de penser à l’idée de périr étouffé et prisonnier de ces sables mouvants, une nouvelle force naît en moi. Alros que mes jambes commençaient à s’enfoncer de plus belle, grâce à une vive contraction de tous les muscles de mes jambes, je m’efforce à sortir du piège, pour ensuite me retourner vers Seldell pour l’aider à lui aussi se sortir de là.

Andelys, qui est maintenant enfoncé à mi corps dans le sable, s’aide de sa lourde hache pour s’approcher du bord, sans réelle réussite. J’entends les autres arriver derrière nous, au loin, alors que sans que je m’en aperçoive, l’araignée survivante bondit dans notre dos, à Seldell et moi. Je n’entends qu’un son sourd, percutant et gluant, et en me retournant d’un geste vif, je vois la dernière survivante tuée par la lourde hache du barbare. Il a lâché son arme pour nous sauver, et a ainsi abandonné son dernier espoir de revenir parmi nous. Je le regarde s’enfoncer dans les sables mouvants. Seuls ses yeux terrifiés sortent encore de terre. D’un cri puissant et déchirant, provenant directement de mes tripes, je hurle…

« NOOOOOOOOON !!!! »

Le barbare disparaît, à jamais. Bogast, furieux et désespéré, lance une puissante attaque contre l’ultime ennemi de son compagnon, aidé par la druide, mais il est trop tard. À nouveau je tombe à genou dans ce qui est devenu la tombe de celui qui était devenu notre ami. Les larmes coulent vivement sur mes joues. Je ne peux admettre avoir perdu deux compagnons en moins de 24heures. Je suis complètement abattu, lessivé. Je n’arrive même plus à me relever. Mes sanglots sont sourds, mais mon dos est parcouru de spasmes saccadés. J’ai l’impression d’être seul, et derrière moi, d’autres pleurs naissent. Je reconnais la voix de Cheylas, celle de Seldell, qui sanglotent eux aussi à la perte de leur ami. Je n’ai même pas la force de me relever pour aller les consoler. Je suis complètement déconnecté de la réalité. Au bout d’un moment, Fizold et Bogast aident les autres à se relever de leurs prosternations de tristesse. Bien qu’ils ne montrent pas plus de sentiments que ça, on peut lire dans leurs yeux leur abattement. Je m’aperçois que le médecin aussi est écroulé de pleurs. Ainsi donc disparaît Andelys, le courageux barbare, un brave homme sur qui on pouvait compter. Son sourire et ses rustreries me manqueront, finalement…Je m’étais peut-être fait un ami, fut-il si différent de moi.

Les yeux rougis par la tristesse, je me relève péniblement alors que les autres, tout aussi attristés par cette disparition, commence à tourner le dos à la tombe de notre feu ami. Dans un dernier regard sur son mausolée de sable, je lâche un dernier sanglot, ultime soupir de tristesse. Les larmes continuent de couler sur mes joues, mais ma tristesse est plus sereine. Je ramasse la hache puissante du barbare, celle avec laquelle, se sacrifiant, il a sauvé notre vie, à Seldell et à moi. Je l’accroche à mon dos, pas pour la lui prendre, pas pour la lui voler, mais pour honorer sa mémoire. Une fois revenu à Kendra Kâr, je me rendrai chez ses proches pour lui conter son courage et son dévouement. Je leur rendrai cette arme qui sera le seul souvenir de leur compagnon disparu… Et s’il n’a pas de famille, que cette arme puisse trôner dans une salle dédiée aux héros du pays Kendran, pour que chacun se rappelle du grand Andelys, général des armées, au cœur d’or et à la force colossale.

Je rejoins lentement les autres sans me retourner. La vision de ces sables mouvant est à jamais marquée dans mon esprit comme le jour où un humain s’est sacrifié pour me sauver. Toute notre équipée est abattue par cette affreuse disparition, si inattendue. Nous nous éloignons de cette zone à jamais maudite, et nous effondrons sans plus rien dire, chacun prostré dans sa tristesse, en attendant la nuit…

Je suis assis par terre, repassant chacun des souvenirs que j’ai avec ce barbare honnête et courageux. Sa rencontre, dans le bateau, sa nuit de garde en sa compagnie, alors qu’il avait été malade, la lutte sur la plage de la première île…

Chacun de ces souvenir éveille en moi de nouvelles larmes…Chacune de ces larmes est dédiée à la mémoire de ce valeureux héros. Je caresse doucement la lame de sa lourde hache en repensant à lui…La nuit tombe finalement sur notre équipée attristée et maussade…

(DEBOUT !)

(Quoi ?)

(Un grand malheur...)

(NON...)

Je me lève comme dans un cauchemar.

(C'est Seyra...)

"SEYRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !"

Où est-elle ? Elle était avec moi !

(Je ne la sens plus...)

Des larmes coulent sur mon visage, une peur terrible prend mon ventre.

(Elle est... là...)

Non c'est impossible ! Seyra, Seyra, Seyraaaaa !

(Je la sens...)

(Mais où ????)

Un cri terrible retenti dans le camp, un cri à la mort, de Seyra. Un cri qui glace le sang, casse toutes les certitudes, brise les jambes, détruit tout raisonnement. Un cri animal, hymne à la mort. La mort de qui ?

"SEEEEEYYYYYRAAAAAAAAAAAAAA !"

Seyra pleurait à chaude larme, réconforté pas Andelys le barbare.

"Seyra ! Que c'est t'il passé ?"

Elle se jette dans mes bras en pleurant.

"Je... Je n'ai pas compris ! Il était bizarre... Puis il a disparu !"

"Comment ça ?"

Seyra ne pouvait rien dire de plus, en prise à une crise de larmes. J'essais tant bien que mal de la consoler.

(Aakia je ne comprends pas... Je veux savoir, que c'est-il passé ?)

(Le plan fixé avec Fuxi a marché !)

(Fuxi ?)

(Fuxi est la faera de Seyra, voici 2 jours qu'elle est arrivée.)

(Mais comment ?)

(Elle a été envoyée de la ville qui vole, confirmant nos craintes pour Seyra. Fuxi est une faera particulière et elle vient de sauver Seyra d'une mort certaine.)

(Hein ???)

(C'est même autre chose. A un instant donné Seyra fut morte, transpercée et gelée par un pic de glace...)

(COMMENT ???)

(Bon je vais tout te raconter du début. Seyra a de grandes chances d'être un des enfants de la prophétie, ceux qui pourront vaincre Oaxaca. Tout commence à la rencontre de Seyra, dans ce village en feu, attaqué par les armées d'orques où on a pu miraculeusement la sauver. Déjà à cette époque la sorcière savait qu'il y avait des enfants placés dans ce village. Seyra et son frère Tia sont nés sur une planète très avancée technologiquement, tu as déjà vu lors de notre fusion ce qu'il en est et qui a été Seyra lors d'une précédente vie.)

(Une du Groupe ?)

(Oui ! Le Groupe, ces enfants étonnant aux pouvoirs fabuleux qui ne sont réveillés que si le besoin s'en fait sentir.)

(Réveillés ?)

(Oui Seyra est toujours en sommeil et pourrait le rester... Et c'est paradoxalement en voulant la trouver qu'ils vont la réveiller !)

(Continu... Je veux savoir !)

Cette discussion était d'une importance capitale, Seyra pleurait toujours sur mon épaule, je le serre fort pour la réconforter.

(Donc les deux enfants ont été emmenés sur Yuimen, en Ynorie par leurs parents biologiques. Ils ont rencontrés des orques et les parents moururent, seul les enfants furent retrouvés en vie, ayant des cadavres d'orques carbonisés tout autour d'eux. Les enfants furent alors accueilli dans ce petit village. Je ne sais toujours pas qu'elle était la volonté des parents biologiques, mais il semble qu'ils se soient sacrifiés afin de protéger leurs enfants. Il semble aussi que Tia, le frère de Seyra, de deux ans son aîné, soit activé. Il semble que ça soit lui qui a brûlé les orques.)

(Quel âge avaient t'ils ?)

(Tia n'avait pas 3 ans, donc Seyra n'était qu'un bébé !)

(S'il était activé alors il était détectable ?)

(Oui !)

(Alors pourquoi tout ce temps ?)

(Car Oaxaca est arrivée il y a peu, les 13 ont été réveillés et se sont eux qui ont permis à Oaxaca de briser les chaînes qui la retenaient sur une dimension-prison.)

(Ainsi dès qu'elle est arrivée, elle a envoyé cette troupe d'orque vers le village ?)

(Oui !)

(Donc tout est lié, notre rencontre n'est pas un hasard ?)

(Oui !)

(Et le fait que je sois allé dans ce village aussi ?)

(Parfaitement je te l'ai déjà dit !)

(Donc tu contrôles tout de moi ?)

(Non, je n'ai fait que t'aiguiller !)

(Continu l'histoire... Je veux comprendre !)

(Donc les enfants ont été élevés tel des Ynoriens dans ce village. Personne n'a posé de questions d'où ils venaient, l'adoption est commune et facilité. De plus ils ressemblaient beaucoup à des Ynoriens de souches, l'autre planète étant un des berceaux de la civilisation Ynorienne. Les orques ont attaqué ce village dans un seul but : trouver les enfants. Tu es arrivé au bon moment et tu as pu récupérer in-extrémis Seyra. Tia fut emmené en esclavage sur la côte nord du continent, dans une carrière de pierre. Mais rapidement il fut détecté comme un des enfants vu ses pouvoirs. Et il fut manipulé. Pour la première fois un enfant sera au service des maléfiques. )

(C'est le cauchemar de Seyra sur le bateau !)

(Oui... Sur ce continent Seyra était à l'abri des agissements de la sorcière. Je dis bien était car elle l'a vu ! Et elle a petit à petit tissé des liens avec un des nôtres ?)

(Qui ?)

(Lilith le cryomancien, l'Ynorien)

(Où est-il ?)

(Il n'est plus...)

(Comment ???)

(Je te raconte ! Il a été berné par Oaxaca qui lui a distillée des visions sur Seyra. Il avait pour but de la tuer. Et il a réussi... Du moins a faillit !)

(Hein, de quoi ???)

(Fuxi a été envoyée vers Seyra pour la protéger de ce genre de dangers. Dès le début elle a senti la présence d'une ombre anormale autour de nous. Ne sachant pas qui c'était, on a convenu d'un plan. Nous devions pousser le manipulé à passer à l'acte. Et il n'a pas tardé, profitant du coma de la druide il a attiré Seyra ici. Il l'a tué une première fois en la transperçant d'un pic de glace et en gelant son sang. Mais... Fuxi a un pouvoir extrême, celui de décaler le temps de quelques instants. Ainsi l'acte n'a pas vraiment eu lieu, nous devions prouver la manipulation. Alors dans cette nouvelle réalité nous avons bridés les liens qui arrivaient et perturbaient le cryomancien. Et cette fois-ci en voyant Seyra il ne put passer à l'acte et se suicida.)

(Il est mort ?)

(En fait non, avant que son pic de glace l'atteigne, un fluide spatial apparu derrière lui et la happa vers une nouvelle planète. Prouvant de ce fait deux choses : la première qu'il n'agissait pas de lui-même, il est donc innocent. La seconde est qu'une personne très haut placée le manipulait, capable d'envoyer un fluide spatial vers cette personne pour l'envoyer ailleurs. Donc ça ne pouvait être qu'Oaxaca elle-même ou un de ceux du Cercle des 13.)

(Je vois...)

Je suis abattu par les révélations, serrant encore plus fort Seyra contre moi. Honteux d'avoir été si peu prudent.

"Chut, je suis là pour toi, à tout jamais, tu n'as pas à avoir peur, tu n'as pas à pleurer."

"Mais, il est mort... Par ma faute !"

"Ca n'est pas ta faute, et Aakia me dit qu'il n'est pas mort."

"Il est en vie ? Où ?"

(Une dimension-prison hélas...)

"Un lieu très loin d'ici, en captivité je crois..."

"Alors il faudra aller le sauver !"

"Pourquoi ? Il t'as voulu du mal !"

"Non ! Ca n'est pas lui, ça ne peut pas être lui ! Il est quelqu'un de bien, qui ne me ferait pas de mal, je le sais, je l'ai vu !"

"Alors on ira le libérer si c'est ton souhait ! Mais nous devrons d'abord finir cette mission, on a pas le choix."

"Je sais. Mais je me dois de le libérer, c'est de ma faute tout ça !"

Le libérer... Une tâche sûrement impossible. Mais je ne pouvais pas lui dire non. Elle séchait ses larmes, déterminée à continuer à fond. Avait-elle compris ce qu'il en était d'elle ?

On s'éloigne des autres sans bruits. Je glisse à Seyra.

"Je sais pour Fuxi."

"Aakia te l'a dit ? Elle est super ma Fuxi adorée."

"Bonjour Lelma !"

Une apparition bleu glacée vient devant moi avant de repartir dans les arbres. Une faera de plus, et quelle faera selon Aakia !

(En effet, je suis jalouse !)

(Il ne faut pas, toi aussi tu nous a déjà sauvés, et plus d'une fois !)

Le reste de la nuit se passa dans les bras l'un de l'autre, impossible de parler ni de dormir après ce que nous avions vu. Le soleil s'éleva enfin dans cette clairière maudite d'où une force odeur de charogne commençait à monter. Evidement nous avions laissé les cadavres des orques un peu partout, qu'un spectacle réjouissant de bon matin... Seyra et moi sommes incapables de manger quoique se soit.

En cette orée de journée, nous ne prêtons pas attention aux autres, nous refusons poliment les écuelles tendues, mais Andelys ne l'entend pas de cette façon et nous pousse à manger. Finalement ça n'est pas si mauvais et après une première bouchée très dure à avaler, la faim se réveillant, nous dévorons le reste de l'écuelle. Nous prenons nos maigres affaires et commençons à marcher, laissant là le souvenir de notre ami, cette victime de la folie des grands.

Pris dans notre marche, nous laissons les autres nous guider. Parfois le médecin décroche et semble s'émerveiller des plantes qu'il trouve, en cueillant certaines. De par mes parents, je connais les plantes, mais elles sont ici différentes, un fluide spatial sépare nos deux mondes, il n'y a donc rien d'étonnant. Enfin je suppose. Je n'ai donc ici aucune science pour les plantes, si tant est que j'en ai une, je n'étais que peu inspiré à leur étude fastidieuse dans des grimoires hors d'âge. Je ne dois pas penser au passé, c'est douloureux, une certaine nostalgie me lie à ça.

Petit à petit le sol disparaît sous une végétation étrange, je commence à reprendre de l'aplomb, je me dois de continuer pour protéger Seyra. Soudain un fil invisible nous retient et d'énormes araignées tombent autour de nous.

"C'est quoi ces horreurs ???"

Impossible de bouger, mes jambes sont prises dans la soie. Je suis pris tel un vulgaire insecte dans la toile des araignées. Je prends mon arme et tient en respect une des bestioles qui essaye de m'attraper une jambe. Mais impossible de ma dégager, plus je bouge, plus je m'entortille. Saleté de piège ! Saleté de créatures !

"Bouges paaaaas ! Aahhhhhhh !"

Poussant un cri Seyra abat son glaive et tranche la toile qui me retenais. Je me dégage en tranchant l'autre bord d'un violent coup. La matière résiste mais rompt au final. Me voici libre, aux coté de ma fille.

"Merci !"

Seyra ne m'attend pas elle attaque déjà les araignées, avec une rage folle, cherchant à extérioriser son chagrin par le combat. Mais ses mouvements, bien que forts, ne sont pas précis. Elle perd ainsi son énergie à combattre le vent. Je vais à coté d'elle, la gardant de toute attaque, tenant à respect les araignées que nos compagnons massacrent allègrement.

"Doucement, doucement ! Canalise ta colère, ne part pas dans tout les sens !"

Je lui glisse doucement ce message, lui mettant une main sur l'épaule. Pour une fois je n'ai pas pris mon bouclier, inutile sur ce genre de bestiole qui s’accroche partout. Seyra se calme, les dernières araignées sont tuées par le reste de la bande.

"J'en ai pas touchée une seule !" Elle semble désolée. "Je ne suis pas forte !"

"Ah si tu es très forte, seulement on ne combat pas en colère, c'est ta pire ennemie ! Tu te dois de canaliser ton énergie, d'utiliser cette colère qui est en toi... "

"Je ... me sens mal ... Je sais pas ce que j'ai... Je…" Andelys un peu à l'écart semble éprouver de grandes difficultés.

"Andelys ?" je reste étonné, prononçant son nom doucement, soudain celui-ci semble choir. Mais il ne tombe pas, c'est le sol qui l'absorbe !

"Andelys !" Cette fois j'ai crié, l'homme s'enfonce dans la terre !

(Sable mouvant, sortez de la zone !)

Deux autres de nos compagnons sont pris au piège, mais réussissent à s'en sortir. Seyra veut aller les aider, je l'en empêche.

"Non, tu ne peux pas, toi aussi tu serai piégée ! Ils s'en sortiront, regarde ils y arrivent !"

"Mais Andelys ne pourra pas lui !"

Le barbare effectivement tentait désespérément de s'en sortir en s'aidant de sa hache, mais le sol l'avalait peu à peu. Soudain une araignée survivante saute sur le dos du Sindel et du rouquin. Je vois le barbare qui dans un ultime geste envois sa hache percuter et tuer sur le coup l'araignée. Maintenant il n'a plus rien pour revenir il s'enfonce ! Quelle vision d'horreur, le barbare se sait perdu, le torse, puis petit à petit la tête ! Mais où est Bogast !

"BOGASTTT !"

Il est trop tard, sous nos yeux emplis de larmes, la mort d'un brave. Bogast s'enfonce à jamais dans ce piège de sable.

"ANDELYYYYYYSSSSSS!"

"Non, n'y va pas ! On peut rien y faire." Je pleure à chaude larme, déchiré par cette vision, brisé par le cri de Seyra. Elle se blotti au creux de mes bras, pleurant et criant.

"Mais pourquoiiii ?"

Bogast et la druide arrivent et déchaînent leur magie... En vain, la puissance du vent et la magie de la terre ne suffisent pas à trouver le barbare. Il n'est plus là, il s'est enfoncé dans la terre. Il est mort. Tous sont abattus par le drame qui vient de se dérouler.

Deux de nos compagnons en moins d’une journée, le coup est rude, beaucoup sont en larmes, personne ne comprend. Mais il faut continuer, avancer encore et toujours, quitter ces lieux maudits.

(Je ne l'ai pas vu arriver ce terrain là, indétectable... On dirait que ça été posé récemment... Comment te dire, une sorte de magie ?)

(Tu n'y peux rien, dans le feu de l'action on a été coupé d'eux... C'est malheureux, quelle mort atroce !)

(Je suppose... En tout cas je ne le sens pas... Il doit être mort...)

(Tu supposes ?)

(Oui car ça peut très bien être masqué... Un enlèvement par exemple...)

(Hélas je n'y crois pas, pour moi il est bien mort !)

Cruelle île, quel mystère nous caches-tu ? Qui sont ces Garzoks, d'où viennent-ils, qu'est-ce qu'ils viennent chercher ? L'enfant ? Si c'est le cas alors ils sont de cette sorcière ! Nous devons les empêcher de trouver cet enfant ! Nous devons le protéger. Donc nous sommes alliés à ceux de cette île... Les dragons ? Mais si un ou plusieurs des nôtres étaient des traîtres, ou sont manipulés par cette sorcière comme l'était le cryomancien ? Difficile de raisonner après ces deux chocs, et c'est avec difficulté que je suis les autres, laissant Seyra me précéder, gardant toujours un oeil sur elle. Jusqu'au camp de fortune que nous faisons avec hâte.

Je soupire, finalement mon coma a été moins long que je ne le pensais... J'avais l'impression d'y être restée durant 3 ou 4 jours au moins. Le temps est vraiment une chose étrange.

Je souris à la remarque de De, constatant qu'il ne connaît effectivement pas grand chose à ce qui est magique ou ce qui ne l'est pas.
"Rassure-toi, De... je doute que ce qui m'est arrivé soit abordable à qui que ce soit... j'ai moi-même encore du mal à réaliser."

Je le regarde dans les yeux, le vert de mes yeux plongeant dans les yeux, un sourire franc, différent car plus assurés qu'avant sur mes lèvres.
"Je n'ai pas été appelée par quelqu'un d'humain, ni même d'elfique. Mais par Yuimen en personne et il semblerait que les rêves et les évanouissements restent la meilleure manière pour eux d'appeler un mortel."

A l'évocation du médecin, j'achève de me redresser.
"A part de quoi manger parce que mon estomac gronde, d'un feu parce qu'une nuit sous la pluie c'est pas idéal, de mon épée que j'ai lâchée, ça ira je pense."

A sa remarque, je ris aussi:
"Le sourire d'un ami est toujours bienvenu... Que cet ami ait la peau noire, verte, bleu, rose ou grise... quelle importance?"

Debout, je m'étire quelques instants avant de partir à la recherche de mes affaires, éparpillées lors de mon vol plané.

Apparemment elle a discuté avec le dieu s'appelant Yuimen.

( Pourquoi les gens croient en ces enfants surpuissants? Je n'arriverais jamais à m'y faire. Quoi que sa devrait venir vu que mon corps accepte un esprit étrangé.)

Elle me fait sourire quand elle dit que de la nourriture lui suffirait. Je fouille dans mon sac à la recherche d'un peu de nourriture. Je me lève et vais chercher une gamelle de nourriture pour Lothindil et pour moi.

( Je n'ai pas trop faim pour le moment mais il faut que je force à manger pour raconter tout ce qui c'est passé)

Elle me dit que je suis un ami pour elle, j'en suis heureux au moins, les Skaa'ts ont un avenir avec les autres civilisations. Lothindil se lève pour partir à la recherche de ses affaires. Je lui dis:

" Tiens voilà de quoi manger sinon tu veux savoir un peu ce qui s'est passé pendant ton inconscience?"