Guasina, je me prénommais Guasina, et je l’avais mentionné à ce gros plein de soupe au tout début de la discussion et il n’avait même pas eu la décence d’utiliser mon prénom. Au lieu de ça, il avait préféré faire référence à ma petite taille et m’affubler des sobriquets de naine ou de demi-portion. Qu’il mentionne ma petitesse ne me dérangeait guère puisque même dans mon univers de lutins, je figurais parmi les modèles réduits et j’en tirais même une certaine fierté. Je ne m’étais jamais perçue inférieure et je comprenais mal qu’on puisse penser différemment.
Que ce belliqueux geôlier en fasse allusion sur un ton méprisant, l’utilisant comme insulte, voilà ce qui me mettait en grande colère. Et puis, l’attitude qu’il adoptait à mon égard m’irritait. Alors que je m’étais montrée aimable, polie et respectueuse, au lieu de tenter de l’attaquer comme l’avait fait l’elfe aux cheveux mauves, cette sombre créature poilue s’était montrée d’une impolitesse que je ne supportais pas davantage que la moquerie.
J’avais écouté ses jérémiades sans le quitter des yeux tout en fronçant des sourcils à mon tour. Le rouge m’était monté aux joues et ma respiration s’était accélérée. N’étant pas capable d’en supporter davantage, enragée, je l’apostrophais à mon tour dès qu’il eut terminé de parler :
« Vous entendre me parler ainsi, ma grand-mère vous aurait fait manger du savon. Vous n’êtes qu’un fainéant égoïste qui se pense mieux que les autres parce que sa tête frôle le plafond »Animée d’une agressivité bien palpable ne serait-ce que par le ton de ma voix et le trémolo qui en découlait, je poursuivis de plus belle :
« Et moi, qui voulais vous aider à vous échapper d’ici avec nous ! Décidément, mon père avait raison, j’ai tendance à être trop bonne avec des gens qui ne le méritent point. Restez donc ici, après tout vous n’auriez été qu’un boulet à trainer. » Sur ce, je tournai les talons et m’apprêtais à descendre du coffre lorsque j’avisai l’elfe aux yeux verts bleus qui s’était acculé au mur visiblement apeuré. Ne contrôlant plus mon agressivité, je m’adressai à ce dernier sur le même ton enragé, même si il ne méritait point un tel traitement. :
« Cesse de t’affoler ainsi comme une mauviette, et viens plutôt m’aider à ouvrir ce coffre sous mes pieds. »Je regardai ensuite l’autre occupant de la pièce, un humain aux yeux bridés, et lui criai
« Mais dites-moi, dès que la taille dépasse trois pommes, on perd tout sens de la politesse ? J’ai grimpé dans votre dos, je me suis présentée, je vous ai salué et souris et vous n’avez même pas daigné me répondre… je ne suis pas assez grande pour que ça vaille la peine qu’on me parle c’est ça ? Impoli ! »En insultant, cet innocent, je venais de faire un autre victime de ma subite colère. Mon comportement n’était guère mieux que ceux de ces messieurs, et j’en étais consciente même si je ne voulais pas me l’avouer à ce moment là. Impulsive de nature, mes émotions avaient pris, une fois de plus, le dessus sur ma raison et irritée, je n’avais pas réussi à me contrôler.
Sans attendre que l’un de ses hommes se décide à m’aider, trop énervée pour rester inactive, je sautai au sol, puis effectuai un petit saut pour atteindre la serrure. Un fois agrippée à celle-ci, je posai mes pieds sur la partie du bas du coffre, et tentait de soulever le couvercle de mes mains. Qui sait ? Peut-être renfermait-il un plan qui pourrait m’être utile pour fuir ce lieu infect.
(((Tentative d'ouvrir le coffre au pied du lit)))