Sorakeen a écrit:
Une explosion de sens se fend abruptement en moi, comme une berceuse se fracassant, laissant un vide creux comme l’absence totale de vie dans l’espace infini. Comme éblouie par la clarté de ma conscience, mes paupières clignotent, mais je reste figée, comme si mon esprit reste cloîtré dans mes songes.
Je sens mon souffle frôler mes lèvres entrouvertes, les frissons glacés que provoque le vent sur mon cou, la texture soyeuse de mes cheveux qui glissent sur mon front, secoué par une brise invisible.
Puis, je me sens revivre.
Mes mains battant l’air autour de moi, je réalise comme tant d’autres fois que toutes ces étranges sensations étaient irréelles, ce qui explique leur part indescriptible.
Un sombre pressentiment accompagne mon réveil. Je me redresse lentement sur ma couche, les sens en éveille et pourtant terriblement meurtris, comme s’ils venaient d’être durement mit à l’épreuve.
Ma vue est encore brouillée et m’empêche de scruter les alentours, pour m’ancrer profondément dans la réalité de l’instant présent. Ma main passe sur mes yeux pour les essuyer des traces humides de mes pleurs lorsque que je me fige soudain, remarquant le sang sombre qui sillonne ma paume, blessée par mes ongles.
Je m’humecte les lèvres et rend un long soupir. Ce cauchemar a été plus violent que je ne le croyais, laissant en moi une désagréable impression.
Avec crainte, je regarde la lisère de la forêt, priant pour qu’aucune créature malfaisante n’ai été alerté par ma voix stridente.
Dué, à mes côtés, m’observe avec cet air de compréhension que lui seul est capable d’avoir. Mes cris l’ont certainement réveillé, et mit sur le qui-vive, sans l’inquiéter d’avantage. Intelligente, la bête s’est habituée aux nuits souvent agitées de sa maîtresse. Mais qui suis-je pour lui, après tout ? J’espère bien plus…
Remontant mes genoux jusqu’à mon menton, j’encercle mes jambes de mes bras plutôt frêles en me laissant à nouveau submerger par la douleur et l’ébahissement.
Les souvenirs peuvent alors prendre forme.
Enigmatique, je repense à tout, et sort une plume et un petit carnet souple de ma sacoche. Me écriture fine noirci la feuille à mesure reviennent les sons et les couleurs, les yeux perçant et les cristaux éblouissants.
Les rêves sont des messagers, il nous montre le chemin. Comment interpréter les signes de celui-ci ?
A première vue, il ne semble avoir aucun sens, si ce n’était ces paroles spectrales et odieusement réelles. Dois-je y prendre garde ?
Avec un hochement de tête, je note chacun des mots qui me reviennent en tête.
Ce rêve, on me l’a prit. C’est la passion volée, la naissance de l'abandon au plus profond de moi.
Je note, schématise mes craintes, tisse peut à peu la toile de mon vécu, qui lentement prend forme. Incapable de me rendormir, j’attend que le jour pointe, pour me rendre jusqu’au ruisseau et faire une brève toilette avant de reprendre la route. Dué vient se dégourdir les pattes à mes côtés.
Je l’observe s’abreuver de l’eau claire, perdue dans mes pensées.
Le reflet lointain des pics engeignés sur l’eau frémissante me ramène à une idée lointaine et pourtant pas encore assez.
Puis me vient une idée saugrenue. Et si je me laissais guider ? Si cette voix était une main tendue, un signe des éléments ?
Plus tard dans la matinée, je chevauche vers cette nouvelle destination, le cœur encore flétrie mais plein de l’espoir étrange qui s’est immiscé comme un chant sauvage en moi. Attendant la prochaine nuit tant redoutée avec impatience.