QUAND UNE BARQUE REDONNE L'ESPOIR DE RETROUVER SON EQUIPEMENT ...L'Humorane pagayait du mieux qu'elle pouvait et la barque progressait tant bien que mal en zigzaguant un peu. Il lui fallait tout de même un certain temps pour parcourir une partie des deux cents mètres qui la séparait du bateau. Elle était inquiète et fébrile, craignant de ne pas avoir le temps de retrouver ses affaires. Les flammes gagnaient les mats, puis les infrastructures, embrasant la nuit qui tombait comme un soleil couchant à l'horizon. Des formes humaines s'agitaient sur le pont et couraient en tous sens. La mer avait pris la teinte sombre de la nuit, sauf là où le feu l'illuminait. Un panache de fumée plus obscure que la nuit recouvrait rapidement la crique. La brise du large apportait les odeurs âcres, des voiles, des cordages, du bois et du goudron qui flambait. Des marins sautaient par-dessus bord...
La jeune femme aperçut une forme plus massive debout sur le rebord, hésiter, puis se jeter à l'eau. La gerbe d'eau engloutit la Garzok et N'Kpa se redressa avec violence, étonnée. Elle rétablit en un instant son équilibre précaire sur sa barque qui tanguait.
Elle avait reconnu la Garzok qui avait été engloutie par les flots, mais réapparut quelques secondes après pour reprendre sa respiration. L'eau profonde ne devait pas être un milieu qu'elle appréciait et peut-être ne savait-elle pas nager.
Le haut de sa tête dépassait à peine de la surface. La guerrière avait dû l'apercevoir et progressait dans sa direction avec une énergie qui dépassait la raison. Une grosse main attrapa le rebord de la barque et jeta le bâton de la Shamane et deux sacs. N'Kpa reconnut une partie de son armure et le tintement des sabres sur le fond de la barque. Elle faillit sauter de joie.
Mais la Garzok ne lui laissa pas le temps d'exprimer sa reconnaissance. La masse de la vieille orque qui montait à bord fit basculer l'esquif et faillit le faire chavirer. Dans un réflexe, la Shamane se précipita de l'autre coté pour faire contre poids, juste le temps pour Virina de grimper et s'installer. La jeune femme, la tête penchée, observa son alter ego dégoulinante reprendre son souffle, sans un mot, tenant la pagaie d'une main et de l'autre le plat bord de la barque.
Son regard allait du navire en feu à leur position et le sac en toile qui devait contenir ses affaires.
Au bout de quelques instants de silence, le temps aussi que la barque retrouve son assiette, Virina, d'une voix calme et ferme lui intima de reprendre la direction de la plage. N'Kpa ne la remercia pas... Pas tout de suite en tout cas... Elle venait de voir qu'elle aussi portait un collier. Ils étaient tous maintenant les jouets des treize et cela ne l'enchantait pas.
Sirat et le jeune Ynorien sont prêts de la forêt un peu au dessus de la plage. Ils vont avoir besoin de nous... Où sont les trois autres humains qui étaient prisonniers?
En fait, elle s'en fichait un peu et n'attendait pas vraiment de réponse. Pourtant, ce n'était pas son genre, elle qui n'enlevait pas une vie pour le plaisir, n'éprouvait aucuns sentiments pour ses trois là.
D'un autre côté, la Garzok non plus ne lui inspirait pas confiance. Mais au moins, avait-elle eu la présence d'esprit de lui ramener son paquetage. À moins qu'elle n'ait fait ça que par instinct de survie, de vole ou d'opportunité...
La jeune femme ne dit rien du griffon et de son propriétaire. La Garzok le verrait bien assez tôt.
Il fallait retourner sur la plage au plus vite, Sirat et Lillith étaient sûrement en grand danger. N'Kpa tendit la rame qu'elle tenait à Virina et se saisit de la seconde.
A deux on aura plus vite fait...
(((apprentissage canotage)))