La jeune femme détourna un instant le regard de son amant pour le porter sur son pied qui la démangeait, la picotait. Elle se sentait moins fatiguée et reprenait des forces au rythme de la guérison de sa blessure. Elle ne comprenait pas vraiment d'où provenait cette magie, même si le collier qui ornait son cou devait y être pour quelque chose.
Elle porta à nouveau une main sur l'objet, jeta un œil à Lillith et les deux autres compères. Puis tendant la main à Sirat pour l'aider à se relever, elle se remit sur pied. Elle n'avait plus mal et les chairs se ressoudaient avec rapidité. Elle se blottit dans les bras de son amant le sentant gêné par quelque chose. La lumière se fit dans son esprit.
Ella avait saisi… Elle portait un collier comme eux deux. Elle ne savait comment, eux les avaient eus, mais le sien, alors qu'elle avait fui pour éviter ça, l'avait peut-être sauvée. Le grand roux avait dû lui poser alors qu'elle était inconsciente. Il savait que c'était contre sa volonté, alors elle lui caressa la joue et voulut l'embrasser, mais hésita…

C'est pas grave mon amour, si tu l'as fait pour me sauver, je ne t'en veux pas.

Elle lui sourit, alors que derrière eux un cri du griffon les rappelait à la réalité.

Le griffon !… Il revient à la charge. Je n'ai pas mes affaires Sirat, elles sont restées sur le bateau? Où sont la Garzok et les trois autres humains? … J'y retourne.

Elle venait de dire ça d'un ton décidé, comme si elle ne se souvenait pas de l'existence de l'être semi-humain métal, de Créan et des gardes.

Elle se retourna et s'en alla le plus vite possible vers la plage. Les barques abandonnées attendaient un utilisateur. Elle choisit alors celle qui était le plus à l'eau, regroupa ses forces et d'un coup de rein la repoussa à flot. Elle grimpa à l'intérieur, ramassa une rame et tournant le dos à la plage comme une pagaie de canoë, elle plongea l'objet une fois à droite une fois à gauche. La nuit était presque tombée et une lueur dansante embrasait le navire.

(Par Gaïa le navire est en feu?… Vite ma fille, dépêche toi, comme aurait dit Thilytanataë. )

Elle accentua ses mouvements, passant sans difficulté le clapotis des vaguelettes qui venaient du grand large… Elle se sentait en pleine forme, même si son estomac criait famine...


(((apprentissage de canotage…)))

Sirat observa inquiet le collier s’immiscer dans la pelage cendré de la shamane, pour s’agripper à sa peau. Le pied de N’kpa cicatrisa, et la jeune femme rouvrit ses yeux ambres, pleine d’une nouvelle vigueur. L’artefact devait exacerber certain trait de caractère car la belle lui caressa le visage le remerciant. Un bruissement d’aile interpella Sirat, le bédouin en avait terminé et il se dirigeait vers eux. N’kpa le remarqua et s’en alla vers le rivage prétextant qu’elle devait reprendre son équipement. Tel une bourrasque printanière, elle s’engouffra dans cette porte de sortie et s’échappa à demie nue du regard de son amant. Au loin le bateau brulait, libérant une fumée âcre et noir qui commençait à se soulever au-dessus de la calanque.