Une fois l'énigme résolue, la guerrière pensait que la porte s'ouvrirait en un grincement lugubre et que commencerait sa nouvelle aventure en compagnie du petit gobelin.

Mais les choses ne se passèrent pas ainsi. Sitôt la solution énoncée par la pensée, une légère brise se leva de nouveau et la voix peu naturelle annonça que la guerrière avait réussi l'épreuve. La rouquine, fière d'elle, se tourna vers Zniitch, mais elle n'eut le temps de rien dire, ni rien faire puisqu'elle se sentit soudainement aspirée à l'intérieur du manoir, comme si un portail magique s'était ouvert.

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle se retrouva dans une pièce carrée. Rapidement la guerrière fit un tour sur elle-même. Elle vit le plancher noir, les nombreux candélabres, ainsi que les quatre portes. Mais elle ne trouva pas ce qu'elle cherchait.

"Zniiiiiiiiiiiiiiitch ! " cria-t-elle, le cherchant encore du regard.

Son protégé n'était point avec elle et cela l'inquiétait. Femme d'honneur, elle s'était engagée à faire un petit bout de chemin avec ce dernier et elle tenait à respecter sa parole.

Elle se rua alors vers la porte qui était dos à elle et s'acharnant sur la poignée, elle tenta de l'ouvrir.

Cette fois, ce fut la voix mature qui lui adressa la parole, lui parlant de marques sur son bras. Sibelle habituée aux combats n'avait pas l'habitude de se tracasser pour des éraflures, elle ne porta donc pas vraiment attention aux paroles de l'esprit. Les deux mains sur la clenche, elle tentait toujours de l'ouvrir.

En levant la tête, la guerrière put enfin apercevoir le propriétaire de la voix mature, ou plutôt sa face de clown. Une grosse tête sans corps dont le visage poudré de blanc se distinguait par une bouche trop pleine de dents.

Ce bouffon se rapprocha de la belle et après avoir pris une longue inspiration, il lui posa une seconde énigme.

La guerrière, en colère d'être séparée de son compagnon de route, jeta sa bile sur son hôte.

"Mais vous allez me laisser tranquille avec vos petites histoires. Je suis venue ici pour aider les gens qui y habitent, notamment le maître d'armes, le sort du fermier, de loup, de la chèvre et du chou ne m'intéresse aucunement."

Puis, sous l'effet de la rage, elle répondit tout de même au poseur de devinette.

"Votre fermier aurait dû se trouver une barque beaucoup plus grande. Là, l'imbécile, il va devoir faire plus de trois aller-retour. Il devra tout d'abord embarquer la chèvre, la déposer sur l'autre rive et revenir à son point de départ. Ensuite, il repartira avec le chou. Une fois la rivière traversée, il embarquera la chèvre avec lui, mais laissera le choux sur la rive et retournera à son point de départ. Il y déposera la chèvre et ramassera le loup pour traverser une fois de plus la rivière. Cette fois, il laissera le loup et le chou et repartira à vide pour revenir encore à son point de départ afin de ramasser la chèvre et l'emmener avec lui sur l'autre rive où se trouve déjà le loup et le chou. "

Ayant débitée la solution d'une traite, elle prit une profonde respiration puis s'écria une fois de plus:

"Zniitch, où es-tu ? "

Elle se recula de quelques pas puis se rua vers la porte qui lui fit face, étant bien décidée à la défoncer.

(((Sibelle tente d'ouvrir la porte qui était derrière elle à son arrivée. C'est à dire la porte sud )))

La guerrière bien qu'elle soit très têtue ne put s'acharner sur la poignée aussi longtemps qu'elle l'aurait souhaité, puisqu'elle fut repoussée violemment vers le centre de la pièce. Ne se laissant pas se décourager si facilement, elle allait se précipiter de nouveau vers la porte lorsque le clown l'interpella. Cet être immatériel flatta la guerrière en lui vantant sa vivacité d'esprit et lui offrant une récompense.

"Nous sommes ici pour vous sauver vous et vos deux comparses ?" répéta la rouquine.

"Mais qui êtes-vous ? Et qui sont-elles ? Et de quoi peut-on vous sauver ? Vous n'êtes plus que des fantômes n'est-ce pas ?.... Et puis comme récompense, je veux retrouver mon compagnon Zniitch !"

Puis comme Sibelle attendait une réponse, elle entendit quatre déclics et elle comprit que toutes les portes de la pièce venaient d'être libérés de leur verrou, il ne lui restait plus qu'à choisir par où sortir.


Dès que le clown lui aurait fourni les informations demandées, Sibelle sortirait par la porte sud, comme elle l'avait souhaité depuis son arrivée dans cet étroit endroit.

Jet de dés pour connaître la question à laquelle le clown va répondre : 4



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Pour ta première salle, tu reçois 5,5 XP. Level up !

Après lui avoir montré sa mimique d'exaspération face à tant de questions, le bouffon consentit tout de même à répondre à quelques unes d'entres elles. Sa déception dut se lire sur le jolie visage de Sibelle lorsqu'elle apprit que son protégé ne se trouvait pas à proximité et qu'elle devrait donc traverser un nombre indéterminé de pièces afin de le retrouver. Puis ce fut la surprise qui se peignit sur sa figure. Ces trois rigolos qui l'avait pris en otage réclamaient en quelque sorte son aide, ils souhaitaient être pardonnés. Le pardon leur permettrait d'évoluer et ainsi quitter l'errance dans le manoir.

(Reste à savoir ce qui ne va pas chez eux ) se dit Sibelle qui préférait nettement se battre que de perçer des mystères.

C'est donc cette réflexion en tête que la rouquine emprunta la porte sud.
Si les énigmes n'avaient pas plus à Sibelle, elle ne pouvait se douter que l'épreuve qui l'attendait dans la pièce adjacente lui déplairait davantage et qu'elle regretterait amèrement les énigmes du fantôme à la grosse face de clown.

La pièce suivante ressemblait à la précédente par bien des aspects. À vrai dire, seule une petite table à chaque coin était en surplus. Mais il faut dire que l'aspect du nouvel hôte était aussi très différent. Au centre de la pièce, vêtue d'une robe rose pourvue de quelques volants, se tenait une fillette aux longues nattes blondes. La jolie gamine au cou marqué exprima sa joie d'avoir un nouveau compagnon de jeu. Les sourcils froncés, Sibelle se demanda s'il s'agissait là d'une bonne ou mauvaise nouvelle pour elle.

Deux petites tapes dans les mains de l'enfant suffirent pour transporter Sibelle dans un autre lieu, plus précisément près du précipice où Sibelle rencontra sa meilleure amie pour la première fois. Et c'est d'ailleurs cette lucide et sincère amie qui se trouvait trop près de cette abrupte falaise. La guerrière aurait dû se réjouir de cette soudaine présence, mais elle n'en fit rien, puisque son amie se trouvait en réel danger. Un rustre, un saligaud, un imbécile, un moins que rien portant un affreux petit bouc au menton menaçait sa meilleure amie de la pointe de sa fine lame.

(Mais pourquoi ne fait-elle rien ? ) Sibelle désemparée ne comprenait pas pourquoi son amie demeurait immobile. Azalée était et de loin la meilleure combattante que Sibelle connaissait. Très habile au combat rapproché, elle pouvait désarmer ce brigand en un rien de temps.

Puis comme dans la brume ou dans un rêve, la belle entendit la petite garce lui demander ce qu'elle ferait si elle perdait sa meilleure amie. Ces paroles sitôt prononcées, telle une prophétie, Sibelle vit au ralenti, le pied d'Azalée glissés. La chute était inévitable.

Oubliant qu'il s'agissait d'un songe, Sibelle, le coeur palpitant, courut vers son amie, criant à gorge déployée. Elle arriverait à la sauver, il fallait qu'elle la sauve. Azalée ne pouvait pas mourir !

Bien qu'elle fasse des efforts surhumains, la guerrière n'avançait pas aussi vite qu'elle l'aurait voulu, mais elle persévérait, même si c'était au ralenti, elle avancerait.

L'homme sournois s'était retourné lorsqu'il entendit le cri de la guerrière. Dans le but évident de l'empêcher de sauver l'humaine, il se plaça entre elles. Mais rien ne pouvait faire obstacle à la rouquine. Sans même s'arrêter, elle prévoyait foncer droit sur l'homme quitte à l'entraîner avec elle dans le vide. Dans ses souvenirs, la falaise était haute et l'eau profonde, froide et le courant rapide. Elle devait agir rapidement afin de sauver sa copine de la noyade. Savait-elle nager ? Elle n'en avait aucune idée, mais n'avait aucun risque à prendre.

La guerrière avait foncé droit sur l'homme et était passée au travers comme s'il s'était s'agit d'un fantôme. La chute fut courte, car aucune eau n'emplissait le ravin, aucune Azalée ne chutait dans le vide, qu'un immense matelas de plume se trouvait bizarrement là pour amortir son atterrissage. Puis une voix familière, celle de la petite fille du manoir se fit entendre la félicitant de son dévouement pour son amie.

La paillasse s'évanouit comme elle était venue et la guerrière se retrouva face contre terre, dans la même pièce du manoir qu'elle n'avait jamais quitté. La tête entre les mains, la guerrière tentait bien que mal de se remettre de ses émotions pendant que la fillette lui annonçait qu'elle avait remportée l'épreuve et qu'elle méritait le droit de lui poser une question.

(Une question ! Elle me fait vivre l'horreur pour une question ! )

Sentant la colère monter en elle, la guerrière se leva et se rapprocha de la petite fille qui pouvait remercier le ciel d'être immatérielle:

"Mais de quel droit ? " Hurla-t-elle de rage

"De quel droit jouez vous ainsi avec mes sentiments ? Je la croyais en péril ! "

Le visage rouge, la voix tremblante, elle posa enfin sa question :

"Que dois-je faire pour vous libérer de ce manoir, ? Si jamais il me vient l'idée de le faire" Rajouta-t-elle hargneuse.

Tout en attendant la réponse, la belle se dirigea vers la sortie. A tort ou à raison, la guerrière estima que la seule façon de ne pas zigzaguer au hasard dans le manoir était de toujours emprunter la même direction. Elle choisit donc une fois de plus la porte au sud de la pièce.

Il aurait été trop facile de sortir de ce manoir si la petite fille avait connu la réponse à la question que la vaillante guerrière venait de poser. Évidemment, la blondinette ne savait pas comment Sibelle pouvait la libérer de cette demeure. Cependant, elle possédait tout de même un élément de réponse. Les invités du château, car il semblerait que Sibelle et Zniitch n’étaient pas les seuls, devaient trouver la nature de l’injustice dont étaient victimes les trois esprits.

Tout en réfléchissant à ce que la fillette venait de lui apprendre, Sibelle traversa la porte côté sud.

Dans la pièce suivante, l’attendait une fois de plus la face de clown qui allait sans doute lui poser une énigme. Bien que ces dernières ne fussent pas sa tasse de thé, la guerrière poussa un soupir de soulagement. Elle préférait et de loin répondre à des énigmes que de vivre des émotions intenses.

En guise de réponse et de salutation à l’hôte qui venait de l’accueillir, elle esquissa donc son premier sourire depuis le début de cette singulière aventure. Et son sourire s’étira davantage lorsque le bouffon lui apprit qu’elle reverrait Zniitch, si elle réussissait l’épreuve.

Très concentrée, elle écouta attentivement l’énigme. Puis, elle s’approcha de la boîte de droite et ramassa une seule bille qu’elle examina attentivement. Elle demeura ainsi immobile plus d’une minute alors que son cerveau semblait en pleine action. Pendant ce temps, le clown avait disparu, mais elle se doutait bien que cela n’avait pas d’importance, elle était persuadée, qu’il pourrait entendre sa réponse, peu importe où il se trouvait.

Lorsqu’elle sortit de son immobilisme, elle regarda tout de même au plafond et répondit :

« Un seul bonbon est nécessaire. L’important est de le piger dans la bonne boîte. Il faut donc piger la friandise dans la boîte où l’étiquette indique les deux. Si je tombe sur l’anis, cela signifie que la boite dont l’étiquette indique menthe contiendra les deux sortes et celle indiquant anis contiendra la menthe. Le principe est le même si on pige un bonbon à la menthe. »


Cela dit, elle plongea ses deux mains dans une boite de billes et remplit les deux poches de ses pantalons. Cela fait, elle se dirigea vers l’échelle de bois située au fond de la pièce et gravit les deux premières marches avant de s’arrêter et de questionner le clown disparu.

« J’aimerais bien connaître votre nom et savoir de quoi êtes-vous mort ! » Elle attendit quelques secondes avant de poursuivre son ascension. Elle espérait retrouver son petit compagnon à l’étage supérieur.

Avec raison, le bouffon au visage enfariné apprécia peu l’empressement de la guerrière qu’il qualifia d’impolitesse. Pour lui faire la leçon, il la fit tomber de l’échelle contrôlant vraisemblablement la pièce ainsi que tout son ameublement. Un coup de langue lui suffit pour se mettre à l’action, blessant seulement l’orgueil de Sibelle.
Un peu contrariée, c’est avec la voix teintée d’amertume qu’elle répondit à l’esprit.

« Je crois que vous sous-estimez les soldats, on ne fait pas que foncer sur nos adversaires, nos cerveaux nous sont aussi très souvent utiles pour nous sortir d’un mauvais pas. Et soyez sans craintes, si j’ai ramassé ces billes qui n’étaient pour vous que des accessoires pour vos énigmes, c’est que je leur ai déjà trouvé une utilité. »

La guerrière n’avait évidemment pas agi par cupidité, puisque ces billes n’avaient aucunes valeurs marchandes. Mais vive d’esprit, elle savait déjà de quelle façon elle les utiliserait, mais elle se garda bien de le dévoiler à son geôlier qui semblait vouloir se moquer.

Ce dernier répondit enfin à ses questions lui dévoilant qu’il se nommait Jack et qu’il était mort suite à une altercation avec un jeune homme. Voulant en savoir un peu plus, la rouquine questionna de nouveau :

« Et quelle était la cause de cette altercation ? »