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 Sujet du message: La Mer de Saphir
MessagePosté: Jeu 2 Fév 2017 19:04 
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Mer de Saphir – L’Hirondelle

    Aiyanah répondit à Faëlis d’un hochement de tête.

    - C’est un objet étrange, je peine à en comprendre le fonctionnement. Comment un bateau peut-il se retrouver dans une bouteille avec tout son équipage ?

    Les membres de l’équipage et le Capitaine haussèrent simplement les épaules à l’annonce de leur changement de main. Visiblement, les nécessités des possesseurs des bouteilles n’étaient pas dans leurs préoccupations.

    Aux dernières paroles de Faëlis, la jeune ashaisha sembla prête à protester, mais ne dit au final rien. Elle se retourna vers le Capitaine pour lui indiquer une destination : un point au sud du désert de Shill. Le Capitaine acquiesça et les matelots se mirent au travail.

    Aiyanah se vit attribué la seconde plus grande cabine du bateau, la plus grande étant réservée au Capitaine, tandis que Faëlis se vit attribué une cabine plus petite, constituée du stricte nécessaire : lit, table, commode et chaise.

    Le trajet s’étendit durant cinq jours. Cinq jours d’une mer relativement calme. Au second jour, ils traversèrent le détroit d’Illyria séparant les deux bouts de la cité, placée sur les deux continents. Le flux de bateau était important à cet endroit, lieu de passage par excellence, mais ils ne furent à aucun moment arrêté. Petit à petit, les eaux se réchauffèrent et la température de l’air augmenta, devenant d’abord plus humide avant de s’assécher. Ils longeaient les côtes du désert de Shill sans jamais s’en approcher.

    Ce n’est qu’à l’aube du cinquième jour qu’ils arrivèrent enfin à destination.

    L’Hirondelle mouilla dans une crique isolée donnant sur l’infinité du désert dont la chaleur se faisait déjà étouffante, malgré les eaux qui rafraichissaient plus ou moins l’air. Faëlis avait alors l’option de poursuivre son plan, quel qu’il soit.

    Faëlis reçut alors un message mental tandis que son Pendant d’Uraj vibrait d’une force inconnue. Il put reconnaître la voix de Yuralria.

    « Possibilité de communiquer par Pendant Uraj. Une seule personne à la fois. Message court. Usage limité. Soumis à interférences. Usage : penser à la personne et penser le message. »


[Possibilité de discuter par mp avec les PNJ pendant le voyage.]

[Faëlis – xp : 0,5 (décision), 0,5 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Dim 19 Fév 2017 21:49 
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Comme Ayiannah s'interrogeait, il raconta l'histoire de la bouteille, exploitant au mieux ses maigres talents de conteur pour fournir un récit quelque peu grandiloquent, évoquant ces intrépides marins qui s'étaient aventurés dans l'antre aussi sublime que mortelle de la déesse des océan (il ne savait rien de l'apparence effective des lieux, mais la demeure d'une déesse se devait d'être sublime et mortelle, question de classe), et comment ils avaient été maudit et contraints de subsister à jamais dans cet objet et de se plier à la volonté de son possesseur, châtiment Ô combien tragique qui fit quasiment se pâmer d'émotion l'elfe par sa seul évocation.

« Le sortilège est ainsi fait que le pacte ne peut être repris. Autrement dit, je ne pourrais jamais récupérer ce précieux don. Je ne saurais dire si j'en suis attristé, car l'idée d'avoir ces hommes quasiment comme des esclaves me dégoûte... Mais quoiqu'il arrive, il sera mieux entre vos précieuses mains qu'entre celles d'un pauvre aventurier errant comme moi... »

Il referma les mains de la jeune femme sur l'objet qu'elle tenait délicatement.

« Et qui sait, peut-être trouverons-nous un moyen de les libérer ? »

C'est ainsi que le voyage repris. Comme de bien entendu, n'étant plus le maître du navire, Faëlis se vit attribuer une cabine plus petite, mais il n'en tint pas rigueur. Il était heureux de savoir la belle confortablement installée. De son côté, comme à son habitude, il veillait à s'entretenir. Il travailla avec l'équipage à la manœuvre, exposant fièrement son torse nu pour les travaux les plus physiques. Il ne connaissait rien à la navigation, mais sa force lui permettait de se rendre utile malgré tout. Heureusement, il n'y avait pas de miroir sur le pont, sans quoi son travail aurait été fortement ralentit...

En revanche, Ayiannah sortait souvent pour respirer les embruns, et il passait autant de temps que possible avec elle. Bien sûr, elle eut tout le loisir de voir le tatouage sur son torse, et il le fit briller pour lui montrer l'étrange pouvoir qui lui avait été offert par les élémentaires. Évidemment, ce fut l'occasion d'un nouveau récit grandiloquent :

« Vous n'avez point idée, Ayiannah, des merveilles que représentent les villes élémentaires et leurs habitants. J'espère vraiment pouvoir vous les montrer un jour. J'ai visité Ilmatar et ses sylphes aériennes, parfois à demi invisibles, mais aussi Niyx, dont les ishtars évoluent avec la lumière et suivent le cycle du jour et de la nuit. C'est chez eux que j'ai découvert l'esprit de la lumière. Il était tel un lion, sage et noble, et il maîtrisait le pouvoir de la lumière. C'est lui qui me fit don de ce Muutos, ce tatouage qui me permet de contrôler mon pouvoir en ce monde. J'espère vraiment que l'artefact pourra nous aider à les sauver. Tant de beauté ne doit pas être bannie du monde ! »

Elle rougit légèrement, admettant ne rien connaître de toutes ces beautés du monde, inconnues de son désert. Elle se demandait ce qu'était cet esprit de la lumière, source d'un si beau tatouage.

« Pour être honnête, je doute que sa nature puisse être comprise d'êtres tels que vous et moi. Mais assurément, ce maître de la magie de lumière était un fort beau et fort mystérieux félin... en tout cela, il ressemble beaucoup à quelqu'un d'autre... »

Disant cela, il lui dédia son sourire le plus éblouissant. Elle rougit et se détourna. Cet échange, aussi bref soit-il combla le jeune elfe qui se remit au travail avec plus d'ardeur que jamais. Il comptait bien lui montrer un jour les merveilles de ce monde... une fois que toute cette histoire serait fini. Les merveilles de ce monde... et peut-être d'un autre ? Ils continuèrent le voyage passèrent même non loin d'Illyria. Ce fut l'occasion de montrer l'immense ville à la jeune femme, et elle en fut particulièrement émerveillée.

Cependant, tous les échanges de la traversée ne furent pas aussi agréables. Après encore plusieurs jours de voyage, ils arrivèrent enfin à destination, en vu des côtes du désert. Le chef esclavagiste était toujours enchaîné dans les cales, et il avait eu amplement le temps de goûter aux joies de l'emprisonnement et de la malnutrition. Faëlis n'éprouvait cependant guère de pitié pour cet homme qui lui avait réservé le même sort, à lui et à la femme-félin. Il alla le trouver avec son arbalète chargée et, après l'avoir braquée sur lui, il déclara :

« C'est avec un immense plaisir que je vous tuerais... mais j'ai un marché à vous proposer. Je peux vous laisser sur la côte du désert avec quelques vivres... si vous me dites d'où vient ce commerce d'esclave que vous menez , Quels sont vos contactes à Illyria ? Comment m'avez-vous trouvé ? Et qui sont vos acheteurs à Valmarin ? »

L'autre refusa... si même la mort ne pouvait le convaincre alors tant pis pour lui. Il ne méritait aucune pitié. La flèche partit et lui transperça le crâne. Faëlis la récupéra et la nettoya soigneusement. Lorsqu'il sortit, il trouva l'étrange capitaine du navire, qui s'étonnait de voir l’interrogatoire déjà fini.

« Il préférait la mort aux aveux, et je suis quelqu'un de très serviable. »

Le capitaine tenta de protester, mais Faëlis l'ignora. Jamais il ne s'abaisserait à commettre quelque vilenie que ce soit. Il informerait de l’existence d'un trafic d'esclave et ce serait tout. Les affaires des humains les regardaient, après tout. Lui, il était là pour le drainage.

L'heure du débarquement approchait et l'immensité brûlante barrait l'horizon, sinistre et pleine de menace. L'elfe s'équipa et alla retrouver sa compagne pour se mettre en route, mais d'abord, il fallait s'assurer d'avoir tout ce qu'il fallait. Hors de question de s'engager dans un voyage aussi périlleux sans avoir mis toutes les chances de son côté !

« Nous allons avoir besoin de vivres... combien de jour est-ce que je voyage devrait durer ? »

La traversé du désert serait probablement assez difficile, mais au bout, les attendait peut-être la solution. Une fois qu'ils auraient ce qu'il fallait, ils débarqueraient et se mettraient en route, ils avaient assez perdu de temps...

(((1023)))

_________________
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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Jeu 23 Fév 2017 12:09 
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Mer de Saphir – L’Hirondelle

    Màj dans le Désert de Shill.

[Faëlis – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (discussion), 0,5 (tentative de faire parler), 1 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Mar 4 Avr 2017 12:56 
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Mer de Saphir - L'Alcyon

Aux questions de Kerenn sur les sindeldi à Kahena, le regard de celle-ci se perdit dans le vague alors qu’elle répondait :

- Les sindeldi venaient d’un monde aujourd’hui disparu nommé Eden et priaient, initialement, la déesse Sithi qui pourtant n’a jamais foulé le sol d’Elysian. C’est pour ça qu’ils se sont petit à petit convertis aux dieux de ce monde, oubliant leurs anciennes croyances. Ils ont établi leur fief dans les actuelles terres des élémentaires, à Andarsté. C’était une cité magnifique, un joyau dans un écrin de culture, de raffinement et de science. Sa chute a représenté l’une les plus grosses pertes sur le long terme du Crépuscule des Dieux. Mais je ne pense pas qu’ils aient eu une technologie suffisante pour causer le drainage, si telle est ta question. Leurs connaissances n’allaient pas jusque-là et ils préféraient au développement scientifique le développement des arts.

Elle secoua ensuite la tête.

- Non, je ne pourrai vraisemblablement pas localiser l’artéfact, je ne suis même pas absolument certaine qu’il s’y trouve encore, deux mille ans ont passé depuis... Les artéfacts ont toujours été protégés pour ne pas être détectables par les autres dieux ou les êtres dotés de magie. Une sorte de prévention à double tranchant. Je ne sais rien d’autre de lui que l’assurance de son existence.

Au message de Kerenn, il ne tarda pas à entendre la réponse suivante, de la voix claire et limpide de la sylphide :

(Entendu. Ici le drain se fait sentir sur les élémentaires, leurs pouvoirs diminuent. Attaques de créatures, mais rien d’autre à faire que de se défendre. Poursuis ta mission. Mes hommages à la Déesse.)

Quelques secondes à peine après, il reçut un message de Cromax :

(Roi d’Illyria mort. Sa fille lui succède, défendant nos intérêts. Possible révolte citoyenne. Vais à Valmarin pour stopper guerre.)

Lorsqu’ils se rendirent sur l’Alcyon, la Capitaine et son second n’étaient nulle part en vue, mais on les laissa monter sur le pont et un membre de l’équipage leur montra la cabine qu’ils partageraient, pourvue de deux hamacs et d’une caisse pour poser leurs affaires, voilà tout.

L’orque et la shaakte n’apparurent qu’au moment de larguer les amarres, mais ils furent trop occupés avec le départ du navire pour accorder du temps à Kerenn. Ce ne fut qu’une fois en mer que la shaakte resta sur le pont, debout devant le bastingage et les mains sur les hanches, observant la mer d’un visage indéchiffrable. Kahena était de l’autre côté du navire, sur la proue, et regardait, elle aussi, la mer. Celle-ci, étincelant d'un bleu profond aux reflets du soleil, faisait honneur à son nom, la Mer de Saphir.


[Kerenn – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (question), 1 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Mer 12 Avr 2017 22:30 
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Aux questions que je pose à ma compagne concernant mon peuple, elle me répond que les Sindeldi sont bien venus d'Eden, tout comme ceux de Yuimen, et qu'ils priaient Sithi bien que notre Mère n'ait jamais arpenté Elysian. Elle m'explique aussi qu'ils s'étaient établis dans les Crocs du Monde, en une cité nommée Andarsté qu'elle me décrit comme une merveille des temps anciens. C'est avec une certaine surprise que j'apprends qu'ils privilégiaient les arts à la technologie, une approche bien différente de celle des Elfes Gris du Naora. Il est possible que nos ancêtres se soient exilés sur différents mondes par groupes ayant des centres d'intérêt divers, les fluides spatiaux ne devaient pas tous se trouver au même endroit et il est probable que certaines cités d'Eden aient été vouées à des spécialités différentes, comme c'est encore le cas aujourd'hui sur Yuimen. Quoi qu'il en soit, le passé des miens sur ce monde n'est pas ma priorité puisqu'il s'avère que, selon Shill, ils ne possédaient pas la technologie nécessaire pour drainer les fluides.

Lorsque je demande ensuite à Kahena si elle sera en mesure de localiser l'artefact censé se trouver à Kanteros, elle secoue négativement la tête et me répond qu'elle n'est même pas certaine qu'il s'y trouve encore. De plus, information qui me fait froncer les sourcils, ces artefacts ont été conçus pour ne pas être détectables par les autres dieux ou même par des mortels dotés de magie. Voilà qui va nous compliquer sérieusement la tâche, or je doute fortement que nous ayons le temps de nous livrer à une interminable enquête avant que le drainage ne devienne vraiment problématique. Songeur je demande encore à la jeune femme:

"Cet artefact, sais-tu à quoi il ressemble?"

Je retiens une grimace lorsqu'elle me rétorque en secouant la tête qu'elle l'ignore. En clair nous allons devoir chercher une petite aiguille dans un entrepôt de foin avec des gants épais aux mains et un bandeau sur les yeux. Enfin, je connais divers moyens de délier les langues si nécessaire, reste à en trouver une capable de nous fournir les informations capitales qui nous font défaut. Le cours de mes pensées est interrompu par une réponse d'Aaria, elle m'informe avoir bien reçu mon message télépathique et confirme mes craintes en m'apprenant que les élémentaires commencent à sentir le drain et qu'ils commencent en plus à subir des attaques de créatures. Elle m'incite cependant à poursuivre ma mission en précisant que pour le moment ils se défendent, puis me demande de présenter ses hommages à Shill, ce que je fais sans tarder.

A peine ai-je fini de relater à Kahena ce que je viens d'apprendre que je reçois un nouveau message, de Cromax cette fois. Il me révèle que le roi d'Illyria est mort et que sa fille lui succède, laquelle défendra nos intérêts. Si cela est une excellente nouvelle, la suite l'est moins car il évoque une possible révolte citoyenne qui, à mon sens, favorisera bien malencontreusement les ambitions de Sihle et de Valmarin. Néanmoins le Sindel m'informe aussi qu'il se rend dans cette dernière cité afin de stopper la guerre, il n'y a plus qu'a espérer qu'il y parvienne, sans quoi la situation des élémentaires deviendra rapidement critique. Cette pensée me plonge dans une humeur bien sombre, les événements se précipitent et ce sont de bien ténébreuses nuées qui s'amoncellent sur Elysian, il devient vraiment urgent de débusquer les responsables de ce foutu drainage. Et pour ça, la meilleure piste dont je dispose est l'existence de cet artefact de Kanteros, puisqu'il serait à l'origine du déséquilibre de ce monde. Je dois le trouver et vite, mais par tous les dieux, comment?!

Je réfléchis furieusement tandis que nous nous rendons sur le navire qui doit nous amener dans l'antre des Shaakts et des Garzoks de ce monde, mais aucune solution miracle ne me vient à l'esprit. Nous sommes autorisés à monter sur le bateau, bien que la capitaine et le second soient absents, puis conduits à notre cabine pourvue sommairement de deux hamacs et d'une caisse où poser nos affaires. N'ayant ni malle ni affaires à ranger, nous ne tardons pas à remonter sur le pont et, un moment plus tard, à voir arriver la Capitaine et son second. Bien vite le navire lève l'ancre et quitte le port pour rejoindre la mer de Saphir qui justifie son nom par des eaux d'un bleu profond et somptueux. Le paysage marin est magnifique, mais je n'ai pas la tête à le contempler pendant plus de quelques instants. Trop de questions sans réponse hantent mon esprit et une sourde angoisse a pris place en moi suite aux dernières révélations reçues. Je prends quelques minutes pour la juguler sévèrement, je dois me hâter mais en aucun cas me précipiter, l'enjeu est trop important pour tolérer la moindre erreur. Ce n'est que lorsque j'ai retrouvé mon calme que je rejoins Kahena qui contemple la mer à la proue du navire pour lui demander doucement:

"Comment ça va, toi?"

Elle m'adresse un demi-sourire aigre-doux qui en dit long et me répond:

"J’apprends à composer avec un corps qui n’est plus entièrement le mien, à allier deux façon de penser différentes avec des souvenirs de deux temps qui n’ont rien à voir. Ceux d’une simple mortelle et ceux d’une déesse. Il est parfois difficile de différencier ce qui était de ce qui est, ce qui est de ce qui n’est plus."

Je l'écoute attentivement en m'efforçant d'imaginer ce qu'elle peut ressentir, puis la contemple tandis qu'elle lève une main et l'observe comme si ce n'était pas la sienne:

"Autrefois, j’avais le pouvoir de déplacer des dunes, de contrôler le feu et la fureur du vent, de modifier mon corps et de ne faire plus qu’un avec la magie. Mais à présent… J’ignore s’il s’agit des effets de la chute d’Ankh Onaka, mon père, ou s’il s’agit de ce corps mortel qui ne peut être le catalyseur de puissance qu’était le mien autrefois, mais je ne contrôle plus rien, pas même le plus petit des grains de sable."

Je me force à garder un visage impassible à ces paroles, ne sachant pas trop si je dois m'en réjouir ou, au contraire m'en attrister. D'un côté les pouvoirs d'une Déesse pourraient être de la plus grande utilité pour notre tâche, de l'autre...de l'autre, avant d'être une déesse elle est la femme que j'aime, le fait qu'elle ne dispose pas de la puissance d'une divinité atténue une barrière qui, dans le cas contraire, pourrait s'avérer infranchissable. Elle abaisse sa main et me dévisage avec un regard étrangement métallique, presque froid et en tout cas bien différent du brasier qui y brûle ordinairement:

"J’irai bien, plus tard, lorsque j’aurais pris le temps de composer avec tout ça. Pour l’heure, ça n’a pas la moindre once d’importance par rapport à ce qui va suivre."

Je la scrute au fond des yeux avec une rare intensité durant quelques secondes, puis je frôle sa joue d'une caresse tendre et légère en lui rétorquant à mi-voix:

"Pour moi c'est important, Kahena. Si je suis prêt à donner ma vie pour ce monde et ses peuples, ce n'est pas pour la gloire, la richesse ou que sais-je encore, c'est pour que ceux que j'aime puissent y vivre heureux et en paix. A commencer par toi."

Je prends délicatement ses mains dans les miennes sans détacher mon regard du sien et poursuis:

"Je ne peux qu'essayer d'imaginer ce que tu ressens, la difficulté de concilier deux existences si différentes en des temps qui ne le sont pas moins. Mais je sais une chose: ce qui importe plus que tout, c'est l'instant présent. La mer, le ciel et ses nuages, ce navire, les bruits de l'eau contre la coque et du vent dans les voiles, toi et moi tels que nous sommes en cet instant précis. Le reste n'est que brume insaisissable. Elysian n'a pas besoin de celle que tu étais autrefois, elle a besoin de celle que tu es aujourd'hui."

Un sourire taquin relève mes lèvres alors que j'ajoute:

"Et puis, je suis plutôt soulagé que tu ne puisses pas soulever des tempêtes de sable ou de feu. On ne sait jamais, je pourrais te mettre involontairement en colère et tu es bien assez redoutable avec une dague, j'en sais quelque chose."

Après ce léger badinage, je reprends mon sérieux et passe à une question qui me travaille depuis pas mal de temps:

"Dis-moi, ce mariage entre la fille d'Ashmane et l'héritier de Valmarin...quelle influence aurait-ce s'il n'avait pas lieu? La position d'Ashmane serait-elle compromise? Cela pourrait-il briser l'alliance entre Sihle et Valmarin? Et La demoiselle en question, souhaite-t'elle ce mariage ou y est-elle contrainte?"

"La position d’Ashmane serait fragilisée car le soutien militaire de Valmarin et les promesses que la cité maritime n’aura pas manqué de faire ne seront pas tenues. De là à dire que cela briserait leur alliance… tout dépend de la façon dont le mariage serait rompu, je suppose. Quant à la nièce de Taleb… Je n’en ai pas la moindre idée, je suppose qu’elle est partisane du mariage si elle estime qu’il s’agit du bien de Sihle."

Je souris durement à cette réponse, voilà une manière d'entraver ou au moins de ralentir les ambitions de ces deux rois belliqueux, ce qui pourrait nous donner un peu plus de temps et permettre à la nouvelle souveraine d'Illyria d'asseoir plus solidement sa position. Je saisis discrètement mon pendant d'Uraj et me concentre sur Cromax pour lui envoyer sans délai les informations que je pense utiles:

(Empêcher mariage fragiliserait Ashmane et alliance avec Valmarin, possibilité de rupture selon type empêchement. Taleb Al-Dayaân peut aider à Sihle, allié sûr et influent, taverne vipère sur place Ashmane Ayd-Dîn. Demandez discrètement au tavernier, dites venir part de Kahena et Kerenn.)

Ceci fait, je me penche à l'oreille de ma compagne pour lui murmurer:

"Eh bien, ce mariage n'aura peut-être pas lieu, qui sait? Je te laisse un instant, je veux aller poser quelques questions à cette chère capitaine."

Je me dirige d'un pas tranquille vers la Shaakte accoudée au bastingage et la salue d'un signe de tête courtois avant de prendre place à côté d'elle:

"Alors, Capitaine, si vous me racontiez un peu comment il se fait que vous avez déjà croisé un "Elfe de Lune"? Vous êtes la première, sur ce monde, qui m'affirme en avoir vu un. On m'avait dit qu'ils étaient tous morts voilà trois millénaires..."

L'Elfe noire me jette un regard amusé, bien qu'elle n'aille pas jusqu'à sourire, et me réplique:

"Trois millénaires ? Cela me paraît un peu beaucoup, je ne suis pas si vieille. N’est-ce pas à vous de répondre à cette question, elfe de la lune ?"

Je la dévisage d'un air légèrement ironique avant de riposter sur le ton de la plaisanterie:

"Moi qui comptais vous demander de quelle magie vous aviez usé pour garder si charmante apparence malgré les millénaires, voilà que mes rêves de jeunesse éternelle s'effondrent."

Plus sérieusement, je reprends en observant attentivement ses réactions:

"Je pose rarement des questions auxquelles je possède la réponse, très chère. Vous me croirez si vous voulez mais je ne suis pas natif d'Elysian, je viens de bien plus loin que les lunes qui illuminent vos cieux. Je ne sais donc des Sindeldi de ce monde que ce qu'on m'en a dit, à savoir qu'ils vivaient jadis dans les Crocs du Monde et qu'ils furent anéantis jusqu'au dernier lors du Crépuscule des Dieux. Je m'étais tristement résigné à cette disparition de mon peuple et voilà que vous m'apprenez en avoir croisé un, imaginez ma surprise et ma joie. Je vous en prie, parlez-moi de cette rencontre que vous avez faite, était-ce il y a longtemps? Savez-vous s'il reste d'autres membres de mon peuple quelque part? Où je pourrais le ou les rencontrer?"

J'aborderai bien plus directement les sujets véritablement cruciaux de notre quête, nous avons grand besoin d'aide et surtout d'informations, mais je serais fou d'accorder une confiance aveugle à cette Shaakte inconnue. Je lui ai révélé que je venais d'un autre monde et ai évoqué la magie, des perches tendues qui, je l'espère, me permettront de l'amener à se dévoiler un peu. En fonction de ses réponses, ou de leur absence, je déterminerai si elle est susceptible de nous aider dans notre quête ou si, au contraire, il ne faut rien attendre d'elle.

(env. 2000 mots hors réponses pnjs, message à Cromax)

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Mer 26 Avr 2017 12:15 
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Mer de Saphir - L'Alcyon

    La Shaakt fit claquer sa langue en signe de réprobation avant de lancer un nouveau regard amusé à Kerenn.

    - « Très chère » ? Les elfes de la lune vont toujours aussi vite en besogne, quels que soient les cieux d’où ils viennent. De nombreuses questions sont posées alors que vous en soulevez tout autant.

    Accoudée au bastingage, elle replongea son regard vers l’horizon mouvant, comme si elle se demandait ce qu’elle allait répondre, si seulement elle décidait de répondre.

    - Le Crépuscule des Dieux a eu lieu il y a 1815 ans, à la suite d’une guerre ayant duré 110 ans. Ce Crépuscule a causé la chute des dieux, et avec lui celle de bien d’autres vies et a anéanti des races entières, réduisant la population d’Elysian à une poignée de survivants en guenilles et hagards, ayant un monde à rebâtir. Mais ce n’était qu’une partie d’un cycle, une révolution qui a déjà eu lieu par le passé, voué à se répéter encore et encore.

    Elle lança un nouveau regard à Kerenn pour poursuivre d’une voix toujours aussi neutre :

    - Tous les sindeldi n’étaient pas à Andarsté lors de sa chute. Plusieurs ont survécu. Et nombreux furent ceux qui se suicidèrent en voyant ce qui était advenu de leur peuple, plus nombreux encore ceux qui laissèrent le temps les décimer. Rares furent ceux qui survécurent plus de cinq siècles.

    La Capitaine gardait manifestement par devers elle des informations et ne se cachait pas de se savoir. A la place, elle réorienta le sujet.

    - Venu d’un autre monde, n’est-ce pas ? Assurément pas Eden, ou mes sources m’ont menti. Mais alors d’où ? Pourquoi et comment ? Pourquoi voyagez-vous avec une femme du peuple des sables, un magnifique joyau chez un peuple qui les garde jalousement ?


[Kerenn – xp : 0,5 (introspection), 1 (apartés), 0,5 (mot à Cromax), 2 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Jeu 27 Avr 2017 16:16 
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La Shaakte claque la langue de réprobation lorsque je m'adresse à elle en lui donnant du "très chère", mais cela semble l'amuser plus que l'offusquer, fort heureusement. Elle me fait remarquer que les Elfes gris sont toujours aussi prestes à user d'une certaine familiarité, du moins est-ce ainsi que je perçois ses mots, puis souligne que j'ai soulevé bien des questions par mon petit laïus, sans pour autant y répondre. Elle s'accoude au bastingage et laisse filer un temps assez long pour que je me demande si elle va daigner me répondre. Je me garde bien d'interrompre ce silence et, finalement, elle aborde mes interrogations sur les miens en évoquant la période du Crépuscule des Dieux avec une telle précision que j'en déduis qu'elle l'a probablement vécu. Ces événements se seraient déroulés voilà mille huit cents quinze ans et la guerre aurait duré cent dix années avant que les Divinités d'Elysian ne sombrent. Comme je l'avais déjà entendu dire, ce conflit aurait anéanti des races entières et réduit les survivants à la plus noire misère dans un monde ravagé où tout était à reconstruire. Ses paroles suivantes me font hausser un sourcil étonné, selon elle ce ne serait là qu'une partie d'un cycle voué à se reproduire encore et encore, mais quel cycle, de quoi parle-t'elle? Voilà qui est nouveau et qui soulève certaines questions, mais elle n'a pas terminé et je la laisse poursuivre sans intervenir.

L'Elfe Noire me jette un nouveau regard et continue d'un ton neutre pour m'apprendre que tous les Sindeldi n'étaient pas à Andarsté au moment de sa destruction. Une hypothèse que je n'avais pas manqué de relever lorsque j'ai entendu pour la première fois les récits de ces temps passés, j'étais certain que quelques-uns de mon peuple avaient survécu bien que nul n'ait pu me le confirmer avant cette Shaakte. Elle en sait apparemment beaucoup sur l'histoire des miens car elle précise que nombreux furent ceux qui se suicidèrent en découvrant l'anéantissement de leur cité et que plus encore se laissèrent simplement mourir ensuite. Néanmoins elle ne répond pas vraiment à ma question de savoir où je pourrais rencontrer les survivants Sindeldi, pourquoi esquive-t'elle ainsi cette demande légitime? Ses mots suivants me font supposer qu'elle souhaite en savoir plus sur moi avant d'en dire davantage car elle réoriente la discussion sur les raisons de ma présence sur Elysian. Une fois encore elle fait preuve d'une connaissance approfondie des Elfes Gris car elle évoque Eden en déduisant que ce n'est certainement pas de notre monde dévasté que je viens et me demande donc de quelle terre je suis originaire et comment je suis arrivé sur Elysian. Elle se questionne aussi sur le pourquoi de ma venue et se demande également comment il se fait que je voyage avec ma sublime compagne alors qu'elle est issue d'un peuple qui les garde jalousement.

J'adresse un léger sourire en coin à mon interlocutrice, une manière de reconnaître sa prudence et son habileté à retourner la discussion à son avantage en posant des questions pointues et pertinentes. Si ce que Kahena m'a appris des habitants de Kanteros est exact, et je n'ai aucune raison de douter de la véracité de ses paroles, cette Shaakte n'est pas devenue capitaine d'un puissant navire par hasard mais parce qu'elle en avait les capacités. D'autre part, sa connaissance du passé et de mon peuple est grande, cette prudence qu'elle manifeste me semble souligner que ce n'est pas la première venue et qu'elle en sait beaucoup plus qu'elle n'a accepté de m'en révéler. Cela m'indique aussi que je n'obtiendrai pas grand chose d'elle sans lui donner assez de grain à moudre pour l'amener à me dévoiler ce que je veux savoir, un jeu délicat car aucun de nous ne sait quelle confiance il peut accorder à l'autre, ni même quels sont ses buts véritables. La balle est dans mon camp, elle l'a subtilement signifié en me retournant bon nombre de questions sur le mystère qui, à ses yeux, m'entoure.

"Vos "sources" vous ont dit vrai, notre terre d'origine, Eden, est dévastée pour ce que j'en sais. Lorsque mon peuple a été contraint de la quitter, il s'est dispersé sur divers mondes, dont celui où je suis né. Il se nomme Yuimen et, comme vous pouvez vous en douter, j'ai utilisé un fluide spatial pour venir sur Elysian. Je suis arrivé dans les Crocs du Monde voilà quelques temps et comme je suis natif d'un désert, j'ai souhaité découvrir celui d'Elysian et je m'y suis donc rendu."

Une réponse en demi-teinte, les montagnes mentionnées sont assez vastes pour qu'une vie ne suffise pas à découvrir le fluide avec cette seule information, mais je ne peux lui en révéler plus à ce propos en l'état actuel de notre discussion. Laissant de côté la localisation précise de cette porte entre les monde je poursuis:

"J'ai rencontré Kahena à Sihle et je lui ai demandé de m'accompagner, ce qu'elle a accepté."

A ce stade, je remarque d'un ton aussi neutre que celui employé par l'Elfe Noire:

"Vous dites que les hommes du désert gardent précieusement leurs femmes? Il faut croire que les temps changent, vous n'ignorez sans doute pas que le Roi-Guerrier Ashmane a promis la main de sa fille à l'héritier de Valmarin pour sceller une alliance militaire? Alliance qui leur a permis de s'emparer d'Arden et qui leur donne de plus les forces nécessaires à la conquête d'Illyria, d'autant plus que cette dernière aura du mal à s'approvisionner compte tenu du fait qu'Arden lui fournissait une bonne partie de la nourriture nécessaire. Par ailleurs, je ne vous apprendrai certainement rien en vous disant que la situation politique d'Illyria est instable, le fruit est bien mûr comme on le dit dans mon pays."

Je dévisage pensivement la capitaine durant quelques secondes avant d'enchaîner:

"Vous évoquiez un cycle voué à se répéter sans cesse en parlant du Crépuscule des Dieux et de la révolution qu'il a engendrée? Eh bien voilà, tous les ingrédients sont réunis pour qu'Elysian soit à nouveau ravagée par des guerres et des cataclysmes. Une fois de plus l'équilibre des fluides magiques est compromis, certains pensent que les Élémentaires se les sont appropriés et seraient prêts à les exterminer pour les récupérer, me suis-je laissé dire. De puissants artefacts disparus lors du précédent crépuscule font reparler d'eux sous le manteau, le monde bruisse de rumeurs évoquant le retour de certaines divinités, de dangereuses créatures inconnues hantent désormais les Crocs du Monde...Tous les signes concordent pour annoncer une nouvelle ère de chaos et j'ai acquis la certitude que ces rumeurs n'étaient pas que des fariboles."

D'après ce que je déduis de vos paroles, vous avez vécu le précédent crépuscule, n'est-ce pas? Souhaitez-vous vraiment revivre ça? Revoir des peuples être anéantis par des raz-de marée ou des séismes ravageurs? Quoi qu'il en soit, mes frères de race ont été exterminés par le précédent crépuscule et, si certains d'entre eux ont survécu, je serais heureux de les rencontrer avant que ce monde ne connaisse le funeste destin d'Eden."


Je hausse les épaules avec un indéchiffrable sourire aux lèvres et achève en plantant mon regard dans celui de l'Elfe sombre:

"Enfin, je ne suis après tout qu'un étranger, un Vagabond de passage, tout cela ne me concerne guère. A moins que notre rencontre sur votre navire, qui porte le nom d'un oiseau fabuleux d'heureux présage, ne soit pas totalement due au hasard. Auquel cas elle pourrait signifier que rien n'est inéluctable, qui sait?"

(env.1300 mots)

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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Dim 30 Avr 2017 14:36 
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    Aux dernières paroles de Kerenn, le sourire qui fleurit sur les lèvres du Capitaine Shar’Ith est tout bonnement carnassier.

    - Oiseau d’heureux présage ? Tout dépend des yeux qui le voient.

    Elle coule alors un regard vers Kerenn, haussant un sourcil sceptique :

    - Plutôt impliqué pour un étranger peu concerné par cette histoire, répond-elle avec un coup de tête en direction des courbes de la flamboyante déesse réincarnée qui observait la mer de l’autre côté du navire. Enfin… Je n’ai pas vécu le Crépuscule, je suis née du chaos qui s’en est suivi et j’ai entendu suffisamment de récits de première main pour en avoir une idée précise. Elysian a toujours été agitée de cycles de destruction et de reconstruction, tels sont les récits qui nous sont venus de nos ancêtres. Vos paroles vont écho à des rumeurs qui ont commencé à enfler depuis quelques années sur le retour d’un cataclysme. Ceux qui ont vécu le Crépuscule ou qui sont nés peu après en ressentent les effets, cependant je n’ai pas entendu parler de la moitié des évènements dont vous parler. Le retour de divinités ? De puissants artéfacts ?

    La Capitaine laisse un nouveau silence s’installer avant de poursuivre :

    - J’ai également entendu parler de ces portails vers d’autres mondes qui existent sur ces terres. Pour la plupart oubliés depuis longtemps, ou donnant sur des lieux inhospitaliers ayant provoqué la mort de quiconque les traverse. Comment est le monde duquel vous venez ? Est-il si horrible que vous préférez assister à la mort de celui-ci ?

    Elle se redressa.

    - Je suppose qu’il est dans vos droits de rencontrer des gens de votre sang.

    Ses paroles laissaient entendre qu’il restait à la convaincre d'accorder son aide.


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
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Un sourire merveilleusement carnassier ourle les lèvres de la Shaakte à mes derniers mots, le présage offert par l'apparition de ses voiles n'est certes pas heureux pour tous, à l'entendre. Je lui retourne un sourire entendu, un peu de piraterie de temps en temps ne doit pas l'effaroucher et je n'ai rien à redire à ça. Je n'aurais rien contre le fait qu'elle truande quelques navires de Valmarin ces prochains temps, entraver les ambitions des aspirants conquérants d'Elysian ne serait pas pour me déplaire. Toutefois ce n'est pas ma priorité, je n'ai pas été engagé pour m'immiscer dans la politique de ce monde mais pour le préserver d'un nouveau cataclysme, il sera toujours temps d'entrer dans la valse martiale une fois cette menace éliminée.

La Shaakte me coule ensuite un regard sceptique et me fait remarquer que je suis plutôt impliqué pour un étranger, son signe de tête en direction des courbes enchanteresses de Kahena indiquant sans détour le genre d'implication qu'elle me prête. Prenant bien soin d'adopter une expression neutre et rigoureusement indéchiffrable, je contemple pensivement ma flamboyante compagne durant quelques secondes. Tant de questions hantent mon esprit à son propos depuis ce qui s'est passé à l'Oeil de Shill, certaines que j'aimerais lui poser, d'autres qui trouveront peut-être réponse naturellement, au cours du temps. Parviendra-t'elle à surmonter la troublante dualité de sa personnalité, sa part divine pourra-t'elle reprendre pied dans ce présent si différent de ce qu'elle a vécu autrefois? Comment Shill vit-elle la perte de ses pouvoirs, de l'être qui lui était apparemment si cher dans sa précédente incarnation? Aurais-je un jour prochain le privilège de la serrer à nouveau contre mon coeur? Est-ce folie de ma part que d'espérer que ce jour vienne, ne suis-je désormais plus qu'un mortel insignifiant à ses yeux? Je n'ai pas l'ombre d'une réponse à apporter à toutes ces interrogations, mais je sais une chose: jamais je n'ai laissé mes sentiments me détourner de mon devoir. Lequel consiste pour l'heure à obtenir les informations qui nous font défaut pour retrouver cet artefact qui serait la source du déséquilibre profond de ce monde.

J'écoute avec attention l'Elfe Noire me révéler qu'elle n'a pas vécu le Crépuscule mais qu'elle est née du Chaos qui lui a succédé et qu'elle a entendu assez de récits de première main pour avoir une idée précise de ce qui s'est passé. Elle ajoute que, selon les légendes transmises par ses ancêtres, Elysian a toujours été la proie d'un cycle de destructions et de reconstructions, une assertion qui n'a rien d'improbable pour ce que j'en sais. Sans doute est-ce le cas pour tous les mondes, pour peu que l'on adopte une échelle de temps suffisante, rien n'est éternel à ma connaissance, pas même les dieux comme me l'a enseigné l'histoire de ce monde que je parcours actuellement. La capitaine m'explique ensuite que ceux qui ont vécu le Crépuscule ou la période le suivant de près sentent l'approche d'une nouvelle ère de chaos et de destruction. Elle a déjà entendu des rumeurs à ce propos, précise-t'elle, qui enflent depuis quelques années. Toutefois, elle n'est nullement au courant de l'éveil en cours de certaines divinités, pas plus qu'elle ne semble au courant que certains artefacts resurgissent des cendres du passé. Son ton pour évoquer ces inconnues est interrogatif, je ne doute pas qu'elle aimerait en savoir plus mais je n'ai pas assez confiance en elle pour lui révéler de but en blanc ce que je sais à ce propos et je préfère laisser filer le silence qui s'est installé de façon à la laisser poursuivre.

Shar'Ith finit par admettre qu'elle a déjà eu vent de l'existence de portes entre les mondes, perdues ou inaccessibles pour la plupart d'après ce qu'elle en sait. Elle me demande alors à quoi ressemble mon monde et s'il est si invivable que je préfère assister à la mort du sien, avant de se redresser pour déclarer qu'il est sans doute de mon droit de rencontrer les survivants de mon peuple. Pourtant elle ne me donne aucune information à ce propos, laissant plutôt entendre que je vais devoir me montrer convainquant si je veux obtenir son aide. Cette attitude ne me trouble pas le moins du monde, j'ai longtemps fonctionné ainsi et, au final, ce n'est jamais qu'un jeu universellement pratiqué qui s'assimile au plus banal marchandage. Les yeux rivés à la mer, je m'accorde une poignée de secondes pour réfléchir soigneusement aux réponses que je peux ou veux apporter à ses questions, trop en dire serait aussi nuisible que d'en dire trop peu, là encore c'est une question de juste prix.

"Yuimen est constitué d'un immense océan, de trois vastes continents et de passablement d'îles moins importantes. De nombreuses races y vivent, certaines en paix, d'autres beaucoup moins. Il y a tout un panthéon de divinités, bien réelles mais qui n'interviennent qu'exceptionnellement sur le destin des vivants. La magie est accessible à tous les peuples, bien qu'elle demeure relativement rare dans l'ensemble de la population. Depuis quelques années, une guerre sévit, engendrée par une sombre Déesse, mineure mais puissante, qui a déjà conquis plusieurs mondes ou parties de mondes. Enfin, il y a toujours eu des guerres et rien de tout cela ne fait de Yuimen un monde invivable, je suppose qu'il est même plutôt agréable comparé à bien d'autres."

Je tourne le visage vers la capitaine et accroche son regard avant de poursuivre d'un ton pensif:

"Peu importent les raisons qui, à l'origine, m'ont amené à venir sur Elysian. Comme vous l'avez vite compris, j'ai rencontré une jeune femme du désert qui m'est devenue plus chère que je ne saurais l'exprimer. Ceci étant, vais-je me contenter de regarder ce monde, son monde, mourir? Je pourrais l'emmener sur Yuimen, me direz-vous peut-être, mais je suis un Sindel, Dame. Je sais ce qu'engendre la perte de la terre de nos origines, je connais la profondeur du sentiment de vide et de tristesse qui découle de l'anéantissement de nos racines, de la source de notre existence."

Une expression dure et inflexible remplace celle, pensive, qui avait pris place sur mon visage:

"Je ne suis pas de ceux qui laissent la fatalité ruiner leurs vies ou celles de leurs proches, capitaine. Quand la tempête menace, je me lève et je l'affronte les yeux dans les yeux. Et s'il y a une chose dont je suis certain, c'est que le grain qui s'annonce pour Elysian n'a rien d'une insignifiante bourrasque, c'est un ouragan ravageur qui s’apprête à dévaster votre terre, vos peuples. Cela fait des années qu'il se précise et, aujourd'hui, il est sur le point de déferler sur vous, sur nous devrais-je dire."

Je laisse un silence de quelques secondes s'installer puis je reprends gravement en fixant la Shaakte au fond des yeux:

"Nous pouvons empêcher cette ère de destruction massive, elle n'est pas inéluctable. Cela fait un moment que j'enquête sur la question, j'ai des pistes sérieuses et certains moyens à disposition, mais le temps presse. Que désirez-vous, capitaine Shar'Ith? La richesse? Le pouvoir? La gloire? Aidez-moi et je vous aiderai à obtenir tout cela et plus encore. Bien sûr ce ne sont là que des mots me ferez-vous remarquer, vous n'avez aucune raison de m'accorder votre confiance et je n'en ai pas davantage de vous accorder la mienne. Mais la vie n'est-elle pas faite de paris et d'audace? Et puis, que risquez-vous à miser sur ma parole, si ce n'est un peu de votre temps?"

Je lui adresse un léger sourire ambigu et hausse les épaules en ajoutant:

"Peut-être suis-je davantage qu'un vulgaire vagabond errant sur une terre inconnue, peut-être pas. Il n'y a qu'une manière de le savoir, la question qui demeure est: prendrez-vous ce pari, Capitaine?"

(env. 1400 mots)

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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Mer 10 Mai 2017 12:41 
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    La Capitaine écouta les propos avec un sourcil blanc légèrement arqué en signe d’intérêt. Cet intérêt se mua en amusement lorsque Kerenn lui demanda ce qu’elle désirait, de la richesse, du pouvoir ou de la gloire. C’est avec un demi-sourire tout aussi carnassier que le précédent qu’elle répondit :

    - La gloire ? La richesse ou le pouvoir ? Je suis le Capitaine et l’un des Amiraux de Kanteros, je possède l’un des navires les plus rapides de notre flotte et je suis entourée d’un équipage de qualité, de quoi aurai-je besoin de plus ? Notre archipel est ainsi fait que tout ceci est à portée de main, pour peu qu’on s’en donne la peine.

    Elle marqua un temps de pause, comme si elle réfléchissait néanmoins à la proposition de Kerenn et ce que cela impliquait. A la validité de sa demande d’aide. Lui lançant un nouveau regard critique, elle finit par répondre :

    - Je n’ai en effet pas la moindre raison de vous faire confiance. Je n’ai pas la moindre garantie que ce que vous me dites soit vrai. Néanmoins je ne cours pas un grand risque en vous proposant de rencontrer un sindel de ma connaissance qui pourra juger de votre candeur.

    Son regard se durcit.

    - Cependant, je n’ai pas le sentiment que la seule demande d’aide que vous souhaitez de moi soit de rencontrer un autre membre de votre race. Qu’attendez-vous exactement de l’aide que je pourrais vous apporter ? Si tant est que vous éveillez suffisamment mon intérêt, s’entend.

    La Capitaine était indubitablement franche, mais ses paroles n’étaient pas dénuées de sous-entendu. Il restait à voir si Kerenn saurait se montrer convainquant.


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Jeu 11 Mai 2017 21:14 
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L'Elfe noire m'écoute avec intérêt jusqu'à ce que je lui demande ce qui la motive dans la vie, richesse, gloire ou pouvoir, question qui, elle, semble l'amuser assez pour qu'elle m'en dise un peu plus sur elle. Non contente d'être capitaine de ce navire sur lequel nous nous trouvons et de posséder un bon équipage, elle fait partie des amiraux de Kantheros. Ce qui, pour ce que j'en sais, signifie en gros qu'elle est une personnalité puissante et influente au sein de cette cité. Elle m'affirme ensuite avec un bel aplomb que non seulement elle possède déjà tout ce que je lui proposais, mais qu'en plus la position de son archipel implique que tout soit à portée de main si d'aventure il lui en fallait davantage. Une fois encore je me garde bien de troubler le silence qu'elle laisse ensuite planer, pensive, probablement aux implications de cette aide que je lui demande et à la véracité de mon histoire. Après un regard critique, elle confirme qu'elle n'a aucune raison de me faire confiance, ni même la moindre preuve que mon récit soit véridique, mais elle admet prendre fort peu de risques à me conduire à un Sindel de sa connaissance qui pourra, dit-elle, juger de ma candeur. Ce dernier mot me soutire un haussement de sourcils ouvertement amusé, mais je tiens ma langue en voyant le regard de Shar'Ith se durcir, l'heure n'est visiblement pas à la plaisanterie.

Elle a bien compris que ma demande d'aide ne se limitait pas à m'amener à l'un de mes compatriotes et me questionne sans détour à ce sujet, précisant que je n'aurai rien d'elle si je ne me montre pas capable d'éveiller son intérêt. Je la dévisage avec un intérêt accru, j'aime cette franchise dont elle fait preuve, une attitude qui ne manque certes pas de me surprendre venant d'une Shaakte, rien dans mon passé ne me prédisposant à une quelconque confiance envers ces elfes sombres. Néanmoins, la Reine Aaria et Kahena m'ont toutes deux affirmé que les elfes noirs de ce monde n'avaient rien en commun avec ceux de Yuimen, hormis l'appartenance à une même race, ce qui me décide finalement à lui répondre:

"Aujourd'hui tout est à portée de main pour vous, je n'en doute pas. Mais qu'en sera-t'il une fois que les cités humaines seront toutes sous la férule d'un unique souverain? Arden a été conquise par une alliance militaire entre Sihle et Valmarin, Illyria est en proie à des troubles politiques profonds et elle constitue certainement la prochaine cible de cette alliance. Dans quelle situation serez-vous si elle tombe à son tour? Et, bien au-delà de ça, que vous restera-t'il si Elysian subit un nouveau Crépuscule?"

Je marque une pause pour lui laisser le temps d'imaginer les conséquences évidentes de ce qui est en train de se passer, puis je souris aimablement à la Shaakte, une lueur amusée et imperceptiblement féroce dans le fond des yeux, et enchaîne:

"Quant à ma...candeur, ne pariez donc pas trop sur l'existence de ce sentiment en moi, Amiral, ce n'est pas un bon placement. Mais passons, je n'ai nulle intention de vous infliger l'histoire de ma vie, nous avons plus intéressant et important à discuter."

Je chasse cette question d'un geste de la main, puis je reprends posément en relevant mes manches:

"Maintenant dites-moi, à votre connaissance, combien de personnes ont accès à la magie sur votre monde, mis à part les élémentaires, depuis le Crépuscule des Dieux? Aucune? Alors regardez."

Je relâche durant quelques secondes le contrôle que j'exerce sur mes fluides afin de rendre mes tatouages visibles, en observant attentivement les réactions de mon interlocutrice, puis je les dissimule à nouveau et poursuis en contemplant l'océan:

"J'ignore ce que vous savez des fluides magiques, je ne sais pas comment vous considérez le fait que les élémentaires en soient devenus les seuls détenteurs, alors permettez que je partage avec vous quelques petites connaissances que j'ai acquises à ce sujet: le Dieu de la magie, Ankh Onaka, exerçait autrefois un contrôle de ces fluides, il gérait en quelque sorte leur nature imprévisible et sauvage. Lorsqu'il a disparu, les fluides ont échappé à tout contrôle et ont causé les cataclysmes dont vous avez entendu parler. Tremblements de terre, éruptions volcaniques, raz de marée et autres joyeusetés, tout cela a été causé par ces fluides sauvages. Ils auraient fini par éradiquer toute vie de ce monde si quelques êtres n'étaient allés persuader Caelès d'intervenir. Elle créa un artefact pour canaliser les fluides et, usant de tout son pouvoir conjugué à celui de l'artefact, créa les élémentaires avec ces forces magiques afin qu'ils les contrôlent et fassent cesser le chaos. Depuis ce jour, ils gèrent le côté imprévisible et sauvage de ces forces monumentales afin de protéger la vie sur ce monde. Qu'ils perdent le contrôle de ces fluides qui les constituent et Elysian connaîtra une ère de destruction massive qui, cette fois, éradiquera toute vie de sa surface puisqu'il n'y a plus aucune entité assez puissante pour dompter ces forces élémentaires comme le fit autrefois Caelès. Or c'est très exactement ce qui est en train de se produire, ce sont les prémices de cela que vous sentez, que sentent ceux qui ont vécu le Crépuscule ou qui sont nés peu après."

Je détache lentement les yeux des vagues et tourne le visage vers mon interlocutrice pour accrocher son regard avant de continuer avec le plus grand sérieux:

"Il y a une question qui se pose, la seule qui importe, peut-être: qu'est-ce qui engendre ce cycle récurent de destruction? Qu'est-ce qui a causé la fin des Dieux autrefois, qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui cela recommence selon un principe identique, à savoir l'anéantissement de celui ou ceux qui maintiennent les fluides dans un équilibre permettant la vie? Eh bien, je connais maintenant la cause du déséquilibre qui corrompt l'essence de votre monde, ce qui ouvre une possibilité de changer le cours du destin avant qu'il ne soit trop tard. Vous voulez vivre et continuer à parcourir les mers avec votre magnifique navire? Alors battez-vous à nos côtés pour empêcher ce nouveau crépuscule, voilà ce que je vous demande, Amiral Shar'Ith. Rejoignez-nous et vous découvrirez les mystères les mieux gardés d'Elysian, des portes vers des connaissances perdues depuis des millénaires et bien plus encore. Et surtout, plus important que tout cela, vous ne devrez rien à personne, votre survie vous l'aurez gagnée parce que vous vous serez battue fièrement. A vous de choisir, Amiral, je ne peux que vous entrouvrir la porte et partager mes connaissances si vous décidez de la franchir, le reste vous appartient."

(env.1100 mots)

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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Sam 13 Mai 2017 13:49 
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Mer de Saphir - L'Alcyon

    Lorsque Kerenn mentionna l’alliance entre Valmarin et Silhe, les troubles politiques à Illyria et la potentielle menace qui en découlait, la Capitaine haussa les épaules avec un petit sourire :

    - Cela ne changera rien à nos habitudes. Nous avons toujours marchandé avec ces quatre cités et avons occasionnellement pillé leurs villages et leurs bateaux, leurs proposant à l’occasion nos services de corsaires. Que ces villes changent de main n’aura pas le moindre impact sur nous. Mieux, leur instabilité politique n’en fait que des cibles plus intéressantes pour nos marchands d’armes. De plus… Valamarin a certes une flotte supérieure à cette de Kanteros, mais par le passé, tous les affrontements directs entre nos vaisseaux se sont soldées par une cuisante défaite de Valmarin. Ils nous méprisent, mais se garderont bien de tenter quoi que ce soit à notre encontre.

    Lorsque Kerenn mentionna sa candeur, la Capitaine émit un petit reniflement.

    - Allons, un grand garçon comme vous, couturé de cicatrices comme vous êtes, ne s’attendait tout de même pas à ce que j’exige réellement de la candeur ? Vous apprendrez sans doute le sarcasme et le cynisme d’ici un ou deux siècles.

    Lorsqu’il relâcha son contrôle sur ses fluides, dévoilant les deux vipères, Shar’Ith leur lança un coup d’œil. Si elle en fut impressionnée, elle n’en montra rien. Après tout, ce n’est pas au vieux singe que l’on apprend à faire la grimace. Elle écouta tout aussi calmement ses propos au sujet des dieux et déclara même à la fin :

    - Selon certains historiens théologiens controversés, Ankh Onaka aurait également été la source même du Crépuscule en causant la première mort d’une déité, affaiblissant leurs rangs. On raconte qu’il serait mort peu après, vengeant la mort d’une déité par une seconde, entraînant ce cercle vicieux qui causa la perte d’Elysian. Je trouve cette histoire fascinante et je donnerai cher pour en connaître les détails, malheureusement probablement perdus à jamais. Imaginez ce qui aurait pu être sauvé si les dieux, au lieu de se battre entre eux, avaient unis leurs pouvoirs pour réparer leurs dégâts ?

    Elle écouta encore les dernières paroles de Kerenn l’incitant à le rejoindre dans sa bataille. Elle ne lui répondit pas. A la place, ses lèvres s’étirèrent dans un demi-sourire lorsqu’elle dit :

    - Nous verrons cela. En attendant, retournez voir votre humaine et accrochez-vous. Nous allons entrer dans un orage qui va durer jusqu’à notre arrivée à Kanteros. Ne traînez pas dans nos pattes et ne passez pas par-dessus bord, personne n’ira vous repêcher.

    En effet, alors qu’ils conversaient, le ciel s’était couvert de nuage et un vent violent commençait à s’abattre sur le navire, le faisant tanguer de plus en plus. Shar’Ith se redressa et se retourna en beuglant :

    - SAROD ! Tout le monde sur le pont, affalez la grand-voile !

    L’orque, sur le pont arrière, lui adressa un sourire carnassier et jubilatoire, exact reflet de celui de la shaakte. Ils s’apprêtaient à subir un orage violent et aimaient cette idée.

    - Aye, aye, Cap’tain !

    L’orage qui s’apprêtait était fut en effet long et violent. Des vagues gigantesques venaient s’écraser sur le navire dont la proue ne cessait de s’enfourner dans la mer, mouillant les matelots et quiconque se trouvait à l’air libre. L’Alcyon, sous la férule de Sha’rith, tenait bon, ses matelots d’une efficacité admirable sous les craquements sinistres qui agitaient la carcasse. Cela se poursuivit durant le reste de la journée et de la nuit, puis recommença la journée suivante. Ce n’est qu’au crépuscule du second jour de voyage que la tempête se calma, laissant place à une myriade d’étoiles brillantes dans la nuit noir, parfois entrecoupée par les éclairs qui s’éloignaient inexorablement du navire. Les visages de l’équipage entier étaient épuisés, livides, mais emplis d’une fierté farouche à l’idée de manœuvrer un tel vaisseau, capable de survivre à de telles manifestations de la nature.

    - Nous voguons à présent sur les mers de Kanteros, nous sommes à la maison. En milieu de matinée nous verrons le port se dessiner à l’horizon.

    Les paroles de Sarod furent prophétiques car, à l’aube, les deux voyageurs purent découvrir que le navire était entouré des multiples îles qui parsemaient l’archipel et louvoyait adroitement entre elles. L’air, écrasé sous un soleil chaud, était humide, bien différent de celui du désert. Au milieu de la matinée, la cité de Kanteros fut enfin visible à l’horizon, d’abord par les fumées qui s’en dégageaient, puis par les bâtiments.

[Tu es donc libre de rp le trajet jusqu’à ce qu’ils arrivent en vue de Kanteros. Si tu as des réponses à fournir à Sha’rith avant qu’elle ne s’en aille, tu peux le faire par mp, de même si tu veux discuter avec des membres d’équipages ou avec Kahena. Si tu as la moindre question, n’hésite pas aussi à me l’envoyer.]


[Kerenn – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (discussion), 1 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Lun 15 Mai 2017 18:02 
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Mer de Saphir – L’Aube Rouge

Pour Earnar

    L’Aube Rouge n’était pas équipée d’une cloche, mais l’une d’entre elle fut amenée et montée sur le navire lorsqu’il s’en alla. Hergand leur fit ses adieux depuis le quai tandis que les deux humains et l’earion prenaient la mer vers la mer de Saphir.

    L’Aube Rouge n’ayant rien d’un navire de commerce, il était pourvu de grandes cabines et celle qui fut attribuée à Earnar était aussi confortable que possible sur navire, pourvue, même, d’un hamac et d’un lit afin qu’il puisse choisir sa préférence entre les deux. En sus, il y avait une table, une chaise et un grand coffre pour mettre ses affaires, et malgré ceci, il conservait une liberté de mouvement tout à fait appréciable.

    Méline et Aedron furent tous deux installés dans des cabines proches et Aedron apporta le carnet de bord que l’earion avait demandé. A l’intérieur se trouvaient principalement des notes de Capitaine sur le déroulement du trajet qui avait eu lieu une trentaine d’années plus tôt, les étoiles qui étaient suivies et le temps qu’il faisait chaque jour qu’avait duré son périple, indiquant les évènements de la journée qu’il jugeait pertinent. En arrivant aux alentours de l’emplacement de l’île, il nota qu’il fut pris dans un violent orage et qu’il tenta d’aller se réfugier sur une île étrange, mais l’orage semblait s’amplifier plus il s’en approchait. Celle-ci, selon ses dires, était de taille modeste et recouverte de grands arbres touffus, mais il ne pouvait guère en dire plus car il s’en était éloigné alors que l’orage se faisait trop dangereux. Il notait à la fin qu’il avait estimé ce phénomène surnaturel et attribué cette île à la légendaire île de Meriarvi, supposée, toujours selon la légende, se trouver dans cette zone.

    Peu de temps après le départ, Aedron et Méline vinrent le trouver. Le jeune homme souriait largement et les lèvres de la jeune femme étaient ourlées d’un léger sourire. Tous deux étaient manifestement heureux d’être enfin sur le navire.

    - Le trajet devrait durer trois jours si les vents sont bons, annonça Aedron. Dites, je me demandais, pourquoi les earions sortent de leur réclusion à présent ? Pourquoi vous intéressez-vous à l’île de Meriarvi au point de risquer votre vie ?

[Possibilité de discuter par mp. Autrement, tu peux avancer le trajet de deux jours, avec ce qu’il se passe sur le bateau. Si tu veux faire des apartés avec qui que ce soit, on peut les faire par mp.]


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Lun 15 Mai 2017 21:43 
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Mes considérations à propos de la situation politique d'Elysian n'ébranlent nullement la Shaakte qui se contente de sourire en me rétorquant, pour l'essentiel, que les changements qui pourraient en découler n'auront pas d'impact sur sa vie ou celles de ses concitoyens. Mon avis sur la question demeure cependant différent, malgré l'assurance dont elle fait preuve. Si toutes les cités humaines venaient à être rassemblées en un empire, que ce dernier soit dirigé par un conquérant comme cela semble bien être en passe de devenir le cas, combien de temps tolérera-t'il un rival pour la domination des mers d'Elysian? Combien de temps faudra-t'il, une fois cet empire solidement établi, pour que l'ambition de son dirigeant le pousse à conquérir l'archipel indépendant de Kanteros? J'ai suffisamment côtoyé les puissants pour savoir que, puissants, la plupart ne le sont jamais assez à leur goût. Mais, une fois encore, cela n'est pas ma préoccupation immédiate, toutes ces histoires politiques ne seront que roupie de sansonnet si ce monde connaît un nouveau Crépuscule, si bien que je ne prends pas la peine d'argumenter plus avant sur ce sujet.

La Capitaine émet un léger reniflement lorsque je lui suggère de ne pas trop miser sur ma candeur, avant de me rétorquer avec une ironie non dissimulée que je finirais sans doute par apprendre le cynisme et le sarcasme d'ici un ou deux siècles. Cette répartie moqueuse me fait légèrement sourire, elle n'est certes pas dénuée de fondements et je l'ai sans doute méritée, l'auto-dérision n'ayant jamais été l'une de mes qualités pour ce que j'en sais. Au delà de l'ironie palpable que manifeste l'Elfe Noire, cette réplique m'éclaire passablement sur la manière dont elle me perçoit, un renseignement qui pourrait s'avérer fort utile pour la suite de la discussion. Mes nombreuses cicatrices et ma rude apparence physique forgée par des conditions de vie implacables rendent bien peu crédible l'histoire de l'amoureux transi prêt à sacrifier sa vie pour sauver le monde de sa dulcinée. Tous détails dont la sagace Elfe Noire n'a évidemment pas manqué de tirer les conclusions qui s'imposaient. Et pourtant, ironiquement, cette assertion n'était pas totalement fausse, mais ça, c'est un autre détail sur lequel je ne tiens pas particulièrement à insister.

Sa réaction ou, plus exactement, son manque de réaction lorsque je lui dévoile mes tatouages de fluides me fait tiquer intérieurement, ce qui ne se traduit fort heureusement que par un infime plissement de paupières sur ma physionomie. Soit elle possède une maîtrise d'elle-même stupéfiante, soit elle a déjà eu contact avec de la magie, encore que l'un n'empêche pas vraiment l'autre à bien y songer. Je me souviens avoir entendu lors des premières discussions à Illmatar qu'il y avait eu autrefois quelques conflits entre les habitants de Kanteros et les Aigails, peut-être est-ce dans ce contexte qu'elle a eu affaire aux fluides? Néanmoins, le fait qu'un être autre qu'un élémentaire possède de telles forces aurait dû la surprendre assez pour qu'elle manifeste au moins un léger étonnement, mais de surprise je ne vois pas l'ombre sur ses traits ou dans son regard. De quoi se poser quelques questions sur la véracité de cette absolue exclusivité réservée aux élémentaires, d'autant plus que ces derniers m'avaient affirmé qu'aucun Sindel n'avait survécu, ce qui s'avère finalement inexact. Une hypothèse troublante s'insinue à cet instant en mon esprit en ébullition: selon Kahena, je devrais plutôt dire Shill dans ce cas précis mais qu'importe, l'artefact que nous cherchons a la propriété d'être dissimulé aux perceptions de ceux possédant des fluides. Se pourrait-il dès lors qu'il dissimule également les pouvoirs de certains êtres ayant un lien avec lui? Auquel cas ses "serviteurs" pourraient posséder des fluides, éventuellement tirés de cet artefact, sans être repérables pour autant. En admettant qu'il se trouve toujours à Kanteros, cela pourrait expliquer à la fois l'assurance des élémentaires à être les seuls à détenir des fluides et l'absence de surprise de cette Shaakte. Pour aller plus loin dans mon raisonnement, si les détenteurs de cet artefact étaient des Sindeldi, leur existence pourrait avoir été ainsi dissimulée, ce qui expliquerait également que les élémentaires soient persuadés qu'ils ont disparu. Voilà quelques suppositions qu'il me tarde de creuser mais, pour l'heure, je concentre mon attention sur l'Elfe sombre en train d'évoquer les légendes entourant la cause du précédent Crépuscule.

Shar'Ith me parle d'une autre version de l'histoire, dans laquelle Ankh Onaka aurait été la source des troubles qui ravagèrent Elysian en causant la mort d'une autre divinité. Il serait mort peu après, en représailles de la mort de cette première divinité si je comprends bien, ce qui entraîna le cycle destructeur tant de fois évoqué depuis que j'arpente ce monde. La Capitaine me fait part de sa fascination pour cette histoire et avoue qu'elle donnerait cher pour en connaître les détails, non sans regretter qu'ils soient probablement perdus à jamais. Elle me demande finalement d'imaginer ce qui aurait pu être sauvé si, au lieu de s’entre tuer jusqu'au dernier, les Dieux s'étaient unis pour réparer les dégâts. Je hausse les épaules en signe d'ignorance à cette dernière question, avec des "si" je pourrais mettre Tahelta en bouteille et je n'ai jamais perdu mon temps à imaginer ce qui aurait pu être si les choses avaient été différentes. Le passé est écrit et nul n'a le pouvoir de le changer pour ce que j'en sais, à quoi bon le remettre en question, excepté s'il s'agit d'en tirer les leçons? Quoi qu'il en soit, je réponds pensivement à la Shaakte en repensant au récit du Gardien de l'Oeil de Shill:

"Le nom d'Aesha, Demi-Déesse, fille d'Araguesha et d'un mortel, vous dit-il quelque chose? Et le nom de la fille d'Aesha, fille dont le père n'était autre qu'Ankh Onaka bien que ce dernier ait été l'époux de Caelès, sans doute en avez-vous entendu parler? Les hommes du Désert s'en souviennent fort bien, puisque son nom est aussi celui de leur désert et de leur capitale, encore qu'il soit écrit un peu différemment."

Je plante un regard calme et assuré dans celui de la Shaakte en ajoutant:

"Je vous l'affirme, Capitaine: la connaissance de ce passé n'est pas perdue, il suffit de savoir où la chercher."

Mon sourire se teinte d'un discret amusement lorsque je précise:

"Les légendes du désert disent cependant que c'est elle qui vous trouve, elles évoquent à ce propos un lieu mystérieux nommé l'Oeil de Shill, gardé par un non moins mystérieux pèlerin. Allez savoir, peut-être y a't'il un fond de vérité dans cette histoire?"

Shar'ith me lance un regard en coin, clairement méfiant.

"Araguesha est la déesse tuée par Ankh Onaka, j'ai entendu parler de la fille qui en est née, mais il paraît qu'elle a été perdue ensuite dans le désert."

Son regard se plisse encore plus:

"Vous en savez clairement plus que vous ne l'admettez. A quoi jouez-vous ?"

Je soutiens sans ciller le regard de l'Elfe Noire, longuement, avant de répondre doucement:

"Mais au même jeu que vous, Capitaine. Je protège mes arrières et définis la confiance que je puis avoir en vous. Je ne vous ai pas caché en savoir davantage, je vous ai même proposé de partager ces connaissances."

Je marque une pause, brève, et reprends:

"La fille d'Araguesha a survécu, assez longtemps pour qu'Ankh Onaka s'en éprenne et la mette enceinte. Malheureusement, la jeune Aesha avait davantage hérité de son père mortel que de sa mère divine, si bien que cette grossesse la vida de toutes ses forces. Quand vint pour elle le temps d'enfanter, il apparut qu'elle y laisserait la vie et Ankh Onaka alla supplier Caelès, la seule à en avoir le pouvoir, de supprimer sa part mortelle afin qu'elle vive. Caèles refusa, par jalousie ou pour préserver l'équilibre, je ne sais, et Aesha mourut dans de terribles souffrances en donnant le jour à sa fille. Ankh Onaka en fut brisé et Araguesha en conçut une rage folle, considérant que le Dieu de la Magie et son épouse étaient responsables de la mort de sa fille.

Ainsi débuta le Crépuscule des Dieux, dans l'ignorance de l'enfant qui venait de naître: Shill. Cette dernière fut confiée aux hommes et élevée par eux au sein d'un lieu qui prit le nom d'Oeil de Shill mais, alors qu'elle grandissait, il devint évident qu'elle était d'essence divine. Devenue adulte, elle décida de faire cesser la guerre déchirant ses parents divins et ce monde. Elle assista à la mort de son père puis des autres dieux, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'elle et Caelès, toutes deux fortement affaiblies par cette longue guerre. Shill mourut la première, mais il est dit qu'elle avait entrevu le futur, pressenti qu'Elysian connaîtrait tôt ou tard une nouvelle ère de destruction. Avant de disparaître, elle fit tout ce qui était en son pouvoir pour préparer ce monde à y survivre, mais elle périt avant d'avoir achevé son oeuvre et emporta ses secrets dans sa tombe."


Je souris farouchement à Shar'Ith et achève posément:

"Cette dernière assertion, toutefois, n'est pas tout à fait exacte. Shill était prévoyante, apparemment. Si elle était capable d'entrevoir le futur, peut-être a-t'elle vu aussi qu'elle ne survivrait pas assez longtemps pour achever sa tâche? Quoi qu'il en soit, ses secrets ont été préservés et transmis, raison pour laquelle je vous ai affirmé voilà quelques instants qu'il était possible d'épargner un nouveau Crépuscule à ce monde. Ceci dit, le temps nous est compté et votre aide pourrait nous être précieuse pour mener à bien cette tâche. A vous de décider si vous voulez agir pour préserver Eysian, ou pas. En attendant, si vous me parliez un peu de ce compatriote vers lequel vous avez accepté de nous conduire?"

Elle reste silencieuse, réfléchissant manifestement à mes paroles, mais choisit de ne pas y répondre pour l'instant. Quant à ma dernière question, elle se contente de répliquer:

"Il ne m'appartient pas de révéler des secrets que je ne possède pas. Vous verrez en faisant sa rencontre."

Je n'en attendais pas moins d'elle à dire vrai, à mon discours l'incitant à nous rejoindre pour tenter de préserver ce monde aussi elle n'a répondu que par un demi-sourire complété par un "nous verrons cela" qui ne l'engage à rien. Elle n'occuperait pas la place qui est la sienne si elle ne savait attendre de percevoir le sens du vent avant de prendre une décision ferme. En parlant de vent, elle m'incite d'ailleurs à rejoindre "mon humaine" et à nous accrocher car un fameux orage se prépare, qui durera jusqu'à notre arrivée à Kanteros. Elle nous conseille de ne pas traîner dans leurs pattes et d'éviter de passer par dessus bord car nul ne viendrait nous y repêcher, ce à quoi j'opine d'un simple geste de la main signifiant que tout ceci relève de l'évidence. Je n'ai rien d'un marin, ayant bien plus fréquemment voyagé à bord d'un Cynore ou d'un Aynore qu'à bord d'un navire, mais cette tempête ne sera tout de même pas la première que j'affronterai sur le pont d'un bateau. Ce dernier commence à tanguer sous la violence des bourrasques et la Shaakte beugle à son second de faire monter l'équipage sur le pont et d'affaler la grande voile, à quoi l'orc répond laconiquement en arborant tout comme elle un sourire jubilatoire et féroce. En voilà deux qui ne craignent pas de faire face à l'orage, ce qui est plutôt bon signe sachant que nos vies vont dépendre d'eux durant ces prochaines heures.

Quant à Kahena, ce n'est pas l'inquiétude à son propos qui me fait la rejoindre mais plutôt le plaisir de sa compagnie. Je n'ai pas le moindre doute sur son sens pratique ou sa vivacité d'esprit, elle n'a que faire de tels conseils et je m'accoude à ses côtés pour observer la mer qui commence à se creuser sérieusement avec un léger sourire au coin des lèvres et remarquer sur un ton faussement dépité:

"Tous mes beaux projets viennent de tomber à l'eau, la Capitaine nous déconseille le bain de minuit, ce soir. Il paraît que cela va secouer un peu jusqu'à notre arrivée à Kanteros."

Je l'observe en silence et sans ostentation durant quelques instants, puis je reprends, songeur:

"Shar'Ith devrait nous conduire à un survivant de mon peuple lorsque nous serons arrivés. J'ai appris qu'elle faisait partie des Amiraux de Kanteros, son aide pourrait nous être précieuse dans notre quête et je me suis efforcé de la convaincre de nous l'accorder mais...il y a quelques détails qui me chiffonnent. Je lui ai montré mes tatouages afin de susciter son intérêt et sa curiosité, seulement si elle a été surprise elle n'en a rien laissé paraître. Je me demande si elle n'a pas déjà rencontré quelqu'un possédant des fluides, quelqu'un d'autre que les élémentaires, j'entends. Je trouve aussi étonnant que les Élémentaires, leur reine en particulier, soient convaincus qu'aucun Sindel n'a survécu au Crépuscule. Mon peuple n'a pas coutume de se cacher, nous sommes des explorateurs invétérés et ne manquons ni d'ambition ni d'arrogance, alors comment se fait-il que les survivants ou leurs descendants soient restés aussi discrets durant tant de temps? Mon instinct me souffle qu'il y a quelque chose qui cloche dans tout ça."

"Je l'ignore. Je suppose que nous en aurons la réponse auprès de cet elfe de la lune. Mais la mort subite de tout un peuple peut rendre ses survivants méfiants et craintifs, qui sait ce qu'il peut se passer dans leur tête ?"

"Pas moi, mais... Méfiants, sans doute, craintifs...non. S'ils se sont dissimulés, je pense plutôt que c'est qu'il y avait une bonne raison à cela, une raison autre que la crainte j'entends. Nous avons détruit notre monde d'origine et perdu un nombre incalculable des nôtres dans l'affaire d'après les récits auxquels j'ai eu accès, ce qui n'a nullement empêché les survivants de recréer un puissant royaume et de conquérir plusieurs mondes. Mais tu as raison, rien ne sert d'extrapoler, nous aurons des réponses lorsque nous rencontrerons l'un de ces survivants."

Je marque un silence tout en tâchant de me remémorer tout ce que j'ai entendu et appris au fil de ma quête, plus j'y pense plus la trame d'ensemble me paraît confuse, il y a de nombreux éléments mais je ne discerne pas le lien entre eux, ce qui me déplaît souverainement. Quel rapport entre ce drainage et le fait que des créatures inconnues hantent désormais les Crocs du Monde? Quel rapport entre ce drainage et les soudaines ambitions conquérantes de Sihle et de Valmarin? Avec les troubles politiques qui agitent Illyria? Ou encore, quel lien entre cet artefact que nous cherchons et le drainage à proprement parler? Qu'il soit la cause du déséquilibre général d'Elysian c'est une chose, qu'il soit directement responsable de ce qui affaiblit les élémentaires, c'en est une toute autre. Mais si cet objet n'est pas la cause directe, alors quoi, ou qui? Et si nous le trouvons, qu'en ferons-nous ou, plus exactement, que nous sera-t'il possible d'en faire? Quel lien entre l'épais secret entourant les survivants Sindeldi et tout ça? Quel est le rôle de Shar'Ith par rapport à tout ceci, en admettant qu'elle en ait un? Je ne parviens pas à croire qu'elle ait simplement dissimulé sa surprise en découvrant que je possédais des fluides magiques, je suis placé pour savoir qu'on a beau maîtriser ses émotions, une surprise intense provoque malgré tout un étrécissement ou une dilatation des pupilles. Or je n'ai rien vu de tel, absolument pas le moindre signe indicateur dans le regard de cette Elfe.

Autre sujet de questionnement, qu'en est-il vraiment des Dieux? Kahena et moi avons fait revenir Shill, soit, mais la Déesse n'a plus aucun pouvoir apparemment. Avait-elle prévu ça? Je pourrais évidemment lui poser la question mais ce serait sans doute retourner le couteau dans la plaie et cette information ne me servirait pas à grand chose, telle quelle. Plus intéressant serait de savoir si d'autres divinités ont pris les mêmes précautions, allons-nous assister à la résurrection de tout un panthéon de Dieux dépourvus de tout pouvoir? L'idée a quelque chose de drôle, en soi, mais je doute fortement qu'ils partagent ma vision des choses à ce sujet. A quoi seraient-ils prêts, dès lors, pour retrouver leur puissance? Voilà une question que je trouve pour le moins...inquiétante. Quant à la poser à Kahena, j'ai comme l'impression que ce ne serait pas vraiment une bonne idée. Je commençais à peine à connaître l'humaine, de la déesse je ne sais rien, strictement rien si ce n'est qu'elle possède des connaissances d'un autre temps et qu'elle a aimé un être autrefois. Un Dieu? Un Mortel? Même cela je l'ignore et, une fois de plus, l'interroger à ce propos ne me semble guère avisé, elle m'en parlera un jour ou l'autre si elle en éprouve l'envie ou le besoin.

Dernière préoccupation qui me traverse l'esprit, où en sont les autres aventuriers venus de Yuimen? La poiscaille décérébrée doit être en train de pouponner l'héritier d'Arden du côté d'Illyria, oublieux sans doute de notre objectif principal. Cromax tente d'influencer la politique des différentes cités humaines, ce qui signifie indirectement qu'il ne se concentre pas non plus sur le drainage. Et les autres? S'ils avaient découvert quelque chose de crucial, n'en auraient-ils pas informé Aaria, qui nous en aurait alors fait part au moyen des pendants d'Uraj? Je soupire discrètement en chassant de mes pensées toutes les questions auxquelles je ne peux obtenir de réponses dans l'immédiat et je me tourne vers l'Astre du Désert qui m'accompagne pour lui poser celles qui me semblent pertinentes:

"Dis-moi, cet objet que nous cherchons, pourrait-il constituer une source de pouvoir magique pour certains êtres? Pourrait-il dissimuler un tel pouvoir, issu de lui ou pas, si des êtres en étaient pourvus? Autre interrogation, pourrait-il être la cause directe du drainage qui affaiblit les élémentaires, ou son "rôle" est-il plus indirect que cela? Enfin, la question peut sembler bête mais...qu'en ferons-nous lorsque nous l'aurons trouvé? J'imagine que tu ne nous as pas lancé dans cette quête sans avoir une idée en tête, une solution pour neutraliser ses effets néfastes?"

Elle réfléchit un peu avant de dire :

"J'ignore la nature exacte de cet artefact et ce dont il serait capable entre les mains d'un mortel. Entre les mains des dieux... il était capable de beaucoup de choses."

Elle hésite un instant, comme si ce dont elle allait parler était difficile à évoquer, pour elle :

"En vérité... cet artefact de Kanteros, le premier, a été celui qui a servi à ôter les pouvoirs de mon père, à le détruire. Je ne pense pas que les autres dieux savaient ce qui allait se passer ensuite. S'il est capable d'une telle chose, peut-être est-il capable de drainer les fluides."

Elle marque un temps de pause avant de poursuivre :

"Je ne sais pas exactement ce que l'on va faire de lui une fois qu'on l'aura trouvé. Tout dépendra de ce qu'il est et de ce qu'il fait réellement, des conditions... Il y a beaucoup trop d'inconnues pour que je puisse me prononcer."

J'incline le visage en guise d'assentiment et, impulsivement, m'empare de ses mains pour les presser avec douceur entre les miennes, le regard rivé au sien. Je n'ai que trop conscience que si pour moi ces événements remontent à des millénaires, ils sont encore frais et douloureux pour elle. Je ne peux chasser sa tristesse d'un geste, encore moins faire revenir ceux qu'elle a aimé, mais je peux au moins lui affirmer par ce simple geste qu'elle n'est pas seule, qu'il y a auprès d'elle quelqu'un qui l'aime et qui se soucie de ce qu'elle traverse. Je préférerais bien sûr éviter de raviver ses blessures par mes questions, mais ce qui est en jeu dépasse de loin mes états d'âme et je me contrains à poursuivre mes interrogations après un temps de réflexion:

"Autre chose que j'aimerais savoir, désolé d'avance si cela t'est désagréable mais...j'ai besoin d'y voir un peu plus clair dans ce fatras. Tu as fait le nécessaire pour être en mesure de revenir arpenter ce monde au moment critique, d'autres Dieux en ont-il fait autant? Et ce pouvoir qui était tien autrefois, as-tu espoir de le retrouver, le souhaiterais-tu seulement?"

Elle secoue la tête et me répond:

"J'ai toujours eu un statut particulier parmi les dieux, parce que j'étais au fond plus humaine que déesse, c'est ce qui m'a ancré à Elysian, aux corps de ma descendance jusqu'à ce que je m'incarne dans celui de Kahena. Il m'a fallu un réceptacle et les pouvoirs d'une autre déesse pour y parvenir, même là rien n'était joué. Je ne pense pas que les autres Dieux en soient capables, leur essence est beaucoup plus éthérée, moins liée au monde physique. Ils pourraient peut-être revêtir des formes spirituelles temporaires, mais leur essence n'est plus assez concentrée pour les incarner."

La jeune femme marque une nouvelle pause avant de poursuivre:

"Quant à mes pouvoirs... Si tu perdais un membre, ne souhaiterais-tu pas en retrouver l'usage ? Je ne nierai pas souhaiter retrouver la puissance que je possédais autrefois, ne pas me sentir aussi... vulnérable et inutile dans cette chape. Mais si tu perdais un membre, serais-tu capable de tout pour le retrouver ? Je ne pense pas, et moi non plus. Tout dépendra du prix à payer, si jamais occasion il y a."

J'écoute avec la plus absolue attention les réponses de ma compagne, cette femme que je commençais à peine à découvrir et qui est devenue autre avec le retour de Shill. Ce qu'elle me dit à propos des autres dieux me rassure, d'une certaine manière. Quant à ses derniers mots, ils confortent la confiance que je lui voue, l'amour que je lui porte aussi car elle me dévoile son âme en avouant son sentiment de vulnérabilité, d'inutilité. Je lui souris avec douceur et repousse tendrement une mèche rebelle de sa chevelure flamboyante en murmurant:

"Sans toi je ne serais pas là, je n'aurais pas la plus petite piste pour essayer de préserver ce monde. Tu nous as apporté l'espoir et c'est le plus inestimable des présents. Inutile, dis-tu? Je ne connais personne qui ait fait plus que toi pour qu'Elysian connaisse un futur heureux, qui en fasse plus aujourd'hui encore. Ne sous-estime pas ton pouvoir actuel, Aimée, il est considérable, bien que différent de celui que tu possédais autrefois."

Résistant non sans mal à l'envie furieuse de la serrer contre moi, je me contente de presser une fois de plus ses mains avant de les lâcher lentement, pensif, le regard perdu dans les vagues qui se dressent tels des murs devant l'étrave de l'Alcyon:

"Pour te répondre, non, je ne serais pas prêt à tout pour récupérer une part de moi que j'aurais perdue. Plus. Je l'étais autrefois, j'ai accompli le pire pour récupérer mon identité de Sindel, la reconnaissance de cet état par mes semblables. J'ai haï parce que l'on m'avait ordonné de haïr, j'ai exterminé des femmes et des enfants, des vieillards, tant d'êtres que j'en ai perdu le compte il y a bien longtemps. Je ne réalisais pas, alors, qu'à chaque meurtre je perdais un peu de mon âme. Il aura fallu que je vienne sur Elysian pour commencer à le comprendre, que je te rencontre pour commencer à croire vraiment que je pouvais changer, et vivre avec ça. Je me suis senti vulnérable comme jamais en me trouvant face à toi. Tout mon "pouvoir" reposait sur ma capacité à rester indifférent à tout, et voilà qu'une jeune humaine jetait à bas mes plus puissantes murailles comme si elles n'étaient faites que de...sable. Et puis, au fil des jours, cette vulnérabilité est devenue une force, qui n'a pas tardé à surpasser de beaucoup celle que je possédais avant."

Je tourne le visage de manière à faire face à la jeune femme pour partager la suite de ma pensée:

"Ce que je veux dire par là, c'est que ta vulnérabilité est aussi une porte grande ouverte vers le coeur des mortels. Une déesse immortelle et toute puissante, on la vénère, on l'adore, on la craint, on la jalouse peut-être mais, sauf exception, jamais on ne la considère comme une soeur, une amie, une proche en somme. Tu as consacré ta précédente incarnation à préserver l'existence de ces mortels, celle-ci t'offre l'opportunité de partager véritablement leurs existences, des les approcher et de les comprendre comme nulle divinité n'a pu le faire avant toi, pour ce que j'en sais du moins. Lorsque tu retrouveras tes pouvoirs, tu auras vécu comme une mortelle et tu connaîtras leurs doutes, leurs peurs, leurs espoirs, ils ne t'en respecteront et ne t'en aimeront que davantage. Tu seras plus proche d'eux qu'aucun autre dieu, les mortels sauront qu'ils peuvent avoir confiance en toi pour les comprendre et les guider. Tu ne seras pas une déité inaccessible et supérieure, incompréhensible, mais une Mère, une Soeur, une Amie, comme l'est Sithi pour nous d'une certaine manière. Cela fait vingt millénaires qu'aucun Sindel de Yuimen ne l'a vue et pourtant, aucun de nous ne l'a oubliée, nous pensons à elle chaque fois que la lune apparaît dans le ciel."

Je frôle sa joue d'une caresse aussi légère qu'une plume en achevant:

"Ceci dit, je ne te posais pas cette question parce que je doutais de tes intentions, mais parce que je pensais à des informations auxquelles j'ai eu accès jadis. Les dieux de Yuimen vivent sur une île volante, je n'y suis jamais allé personnellement mais je connais quelqu'un qui y a été et qui sait comment s'y rendre. Si nous n'avons pas trouvé le moyen pour que tu retrouves tes pouvoirs d'ici la fin de notre quête actuelle, peut-être qu'eux connaîtront une solution? Enfin, musique d'avenir, mais penses-y et garde espoir quoi qu'il arrive. Ce qui me fait penser à un "détail" qui peut avoir son importance: comment veux-tu être présentée? Veux-tu afficher ta nature divine, ou préfères-tu passer pour une "simple" humaine aux yeux de la plupart de ceux que nous rencontrerons?"

Ses yeux s’emplissent d’une profonde tristesse et, posant doucement sa main sur ma joue, elle me dessille aussitôt:

"Oh, Kerenn… mais les Dieux d’Elysian n’appartiennent qu’à ce monde, leur essence, leurs pouvoir, leur vie y est liée et ils ne peuvent s’en éloigner sans périr. Nous sommes ce qui fait vivre Elysian, mais Elysian est ce qui nous fait vivre."

Elle laisse un petit silence afin de me laisser assimiler la conséquence de la nature des Dieux avant de laisser sa main retomber dans une caresse.

"Si je retrouve mon pouvoir, je redeviendrai Déesse, mais s’il est à jamais perdu… Cela voudra dire que je resterai dans cette enveloppe mortelle, soumise au temps, à la vieillesse."

Replongeant ses yeux vers l’océan, elle poursuit :

"Quand bien même je retrouverais mes pouvoirs, est-ce que ce monde aurait vraiment besoin de moi ? Regarde, deux mille années se sont écoulées au cours desquelles ils ont appris à se construire sans Dieux, à reconstruire le monde en ruine que nous leur avons laissé comme héritage. Ai-je moi-même envie de m’asseoir, enchaînée à un trône pour écouter leurs incessantes doléances, les litanies de leurs peines et leurs craintes ? Ces êtres exigeant de moi que je sois la solution à leurs problèmes. Nous avons rencontré une souveraine, penses-tu qu’Aaria’Weïla soit une personne libre?"

Nouveau silence avant de se tourner vers moi et de prendre à son tour mes mains, gigantesques à côté des siennes, minuscules.

"Pour le moment, tant que je n’ai pas accès à mes pouvoirs, je resterai Kahena. Après tout, qui croirait que je suis une déesse si ce ne sont des yeux dépourvus d’objectivité ?" poursuit-elle avec un sourire taquin avant de reprendre son sérieux. "Je suis heureuse que tu sois ici, malgré le souvenir de…"

Elle secoue la tête, comme pour chasser des pensées qui n’ont pour le moment rien à faire dans son esprit, et ajoute:

"Enfin, tu représentais aux yeux de Kahena l’espoir de quelque chose de bien, une force qui outrepassait tout ce qu’on lui avait imposé, et ceci subsiste en moi."

Profondément songeur, je presse tendrement ses mains si fines entre les miennes, gardant le silence quelques instants pour assimiler ce que je viens d'entendre et l'intégrer à mes réflexions. J'aimerais lui demander qui était cet être qu'elle a aimé jadis, savoir s'il était un dieu, un humain, à quoi il ressemblait, mais mes lèvres restent obstinément scellées. Elle m'en parlera peut-être un jour si elle le souhaite, mais je ne la presserai jamais de questions à ce propos. Finalement je reprends la parole, choisissant mes mots avec soin, mes prunelles d'ambre rivées aux siennes:

"Je t'ai promis de t'aider à réaliser tes rêves, quels qu'ils soient, lorsque tu n'étais encore "que" Kahena. Aujourd'hui tu es aussi Shill, une Déesse des temps anciens revenue pour le bien de ce monde. Je devrais sans doute me l'enfoncer dans le crâne et rester sagement à ma petite place de mortel, mais..."

Une moue légèrement ironique retrousse mes lèvres lorsque j'achève ma phrase:

"Je n'ai jamais été très sage, ni très respectueux des lois ou autres convenances."

Je lui souris malicieusement avant la serrer contre mon coeur, une étreinte des plus chastes, la seule que je puis me permettre, et murmure au creux de son oreille:

"Que tu sois une humaine mortelle ou une déesse sur un trône céleste ne change rien pour moi, je verrai toujours en toi la femme forte et généreuse, sensible aussi, que tu es. En cela tu n'as pas changé, Astre du Désert, et ma promesse non plus n'a pas varié. Là où tu ne peux aller j'irai, s'il y a la moindre chance que cela te rapproche de tes aspirations, c'est aussi simple que ça."

Je me détache d'elle en douceur afin d'accrocher à nouveau son regard de feu et ajoute en frôlant sa joue d'une caresse:

"Ce monde a besoin de toi, Shill. Pas forcément des pouvoirs qui étaient les tiens, ça je n'en sais fichtre rien, mais de toi. Et puis, piètre consolation sans doute, mais moi je suis heureux que tu sois revenue, heureux d'avoir le privilège de faire ta connaissance et de voyager en ta compagnie."

J'observe ensuite durant un bon moment la mer de plus en plus démontée, savourant ce déchaînement des éléments qui me donne la sensation d'être incroyablement vivant, confronté ainsi à la puissance phénoménale de la nature. J'admire aussi l'efficacité de l'équipage, dirigé de main de maître par Shar-Ith et son second, tout en gardant un oeil sur Kahena à tout hasard et en m'arrangeant pour ne pas traîner dans leurs pattes. Loin de n'être qu'une bourrasque passagère, c'est une vraie tempête qui nous brinquebale de crêtes monstrueuses en creux abyssaux, qui fait craquer le navire de toutes ses membrures lorsque son étrave percute les impressionnants murs liquides ou qu'une vague heurte ses flancs. Les heures passent lentement, éprouvant durement les matelots sans cesse aspergés d'embruns qui déferlent par dessus le pont, trempant jusqu'aux os tous ceux qui s'y tiennent. Difficile de trouver le sommeil dans ces conditions, à plus forte raison dans un hamac qui danse une gigue infernale au gré des lames, mais je n'ai guère besoin de dormir et, à condition de bien me caler quelque part, je parviens tout de même à méditer ici et là pour me reposer un peu. Quant à ma compagne, elle a besoin de plus de sommeil que moi et je m'arrange pour stabiliser de mon mieux son hamac lorsqu'elle s'assoupit, quitte à récolter quelques regards noirs lorsqu'elle s'en aperçoit.

La tempête dure deux jours et une nuit, ce n'est qu'au crépuscule du second jour qu'elle s'apaise enfin et que nous voyons filer au loin les nuées sombres et menaçantes, veinées d'éclairs aveuglants. C'est avec plaisir que je revois les étoiles, si exaltante qu'ait été cette lutte contre la mer et les vents, je ne suis pas fâché que le calme revienne enfin. L'équipage est harassé, leurs visages sont livides et creusés mais leurs yeux flamboient d'une fierté bien légitime à mon sens. Sarod nous informe alors que nous voguons dorénavant sur les mers de Kanteros et que nous verrons son port en milieu de matinée, ce qui ne tarde guère à se révéler exact car dès l'aube suivante nous pouvons apercevoir tout un archipel au sein duquel manoeuvre habilement l'Alcyon. L'air est presque aussi chaud que celui du désert de Sihle, quoique largement plus humide, et nous distinguons bientôt dans le lointain de nombreux panaches de fumée qui s'y dessinent. Ainsi que nous l'avait annoncé le second, la matinée est à moitié écoulée lorsque les bâtiments de la cité se dévoilent à nous. Kanteros, notre destination, cité de Shaakts, d'Orcs et peut-être même de quelques Sindeldi si Shar'Ith a dit vrai. Bien étrange destin que celui qui me conduit en tel lieu, sans la moindre haine malgré mon passé. J'ai hâte de découvrir ce que cette ville nous réserve, hâte d'en apprendre plus sur les survivants de mon peuple et sur ce mystérieux artefact que nous sommes venus chercher. Quelle joie ce serait de pouvoir aller annoncer aux élémentaires que c'en est fini de la menace qui pèse sur eux, qu'ils vont vivre! Je soupire doucement en chassant sans complaisance cette pensée qui revient à vendre la peau du dévoreur des sables avant de l'avoir tué, rien n'est encore terminé, loin s'en faut.

(env. 5000 mots hors réponses PNJS)

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: La Mer de Saphir
MessagePosté: Lun 15 Mai 2017 23:08 
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