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 Sujet du message: Maison Kartage (Izurith)
MessagePosté: Jeu 29 Sep 2016 11:20 
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Maison Kartage – Entrée (Vadokan)


    Pour arriver jusqu'à la Maison Kartage, Vadokan dut changer de ligne une fois. Il semblait en effet que les trains du quartier royal faisaient le tour de celui-ci sans jamais en sortir, déposant les voyageurs désireux d'aller plus loin en périphérie, où les attendaient d'autres wagons. Et ceux-ci, pourtant si proche du quartier royal, étaient déjà beaucoup moins bien entretenus. Ils étaient loin d'être délabrés, mais la saleté et la rouille étaient belles et bien présentes, là où le train qui l'avait porté jusqu'ici en était totalement dépourvu.

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    (((Architecture des bâtiments et agencement des lieux semblables, oublie les tags et la pluie, et il fait jour)))


    Quand la seconde ligne arriva à destination, Vadokan n'eut à faire que quelques pas pour sortir de la station et se retrouver nez à nez avec un bâtiment plus grand que les autres, affublé d'une gigantesque enseigne le désignant comme le « Siège Kartage » au-dessus de sa large et haute porte d'entrée. Le quartier semblait encore assez riche, mais là encore c'était sans commune mesure avec ce qu'il avait pu observer devant le palais. A commencer par la garde, totalement absente de cette avenue là. En dehors, évidemment, des deux hommes intégralement armurés postés devant la porte d'entrée du bâtiment gigantesque des Kartage.

    Car, selon les normes Yuiméniennes, le bâtiment était gargantuesque, faisant passer les plus grandes structures de Kendra Kâr pour des chalets. Pour autant, il ne semblait pas vraiment jurer avec l'architecture locale, remplie exclusivement de bâtisses complètement démesurées pour les normes de n'importe quelle cité de Yuimen.


[Vadokan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (première utilisation du train) ; 1 (bonus longueur)]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Ven 30 Sep 2016 12:08 
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    « Le vice, toujours sombre, aime l'obscurité. »


Comme me l’avait indiqué le plan de la première station de trains, je devais changer de rame pour parvenir jusqu’à la Maison Kartage. Rien de bien complexe, en soi, si l’on suivait toutes les indications notées dans ces complexes froids où toutes les informations étaient notées, interrompant à l’avance toute possibilité d’interaction sociale, ne fut-ce que pour demander son chemin, sous peine de se faire traiter de benêt qui n’avait qu’à lire les panneaux. Encore une dérive de la technologie, sans doute, et de la sur-éducation des gens du peuple, qui savaient, j’imaginais, tous lire, du coup. Ainsi, à la gare mentionnée par les plans, je descendis de ce train propret dont les rails contournaient le centre royal de cette vaste cité, les quartiers les plus huppés de cette mono-capitale. Suivant les flèches dans de nouveaux couloirs, j’arrivai sur un quai un poil moins entretenu, au moment où le train qui me mènerait, cette fois, à destination, arrivait. Et quelle différence entre les deux ! Si le premier était chromé et nettoyé dans le moindre recoin, ne laissant pas un gramme de poussière ternir sa fastueuse apparence, ce n’était pas le cas ici. Loin d’un délabrement total, cependant, on pouvait tout de même noter des différences cruciales, à l’instar des taches de rouille sur les wagons, et les marques étranges de saleté d’origine inconnue mais sans doute peu recommandable sur les sièges et les sols de cette nouvelle embarcation.

Notifiant l’élitisme d’un système dont j’avais déjà vu trop de dérives, je n’osai m’imaginer l’état des gares des quartiers les plus défavorisés. Les oranges, rouges et cramoisis. Était-ce là les couleurs des wagons couverts de rouilles et de sang qui s’y trouvaient ? Les immondices s’y accumulaient-elles en tas coagulés par l’immobilisme cradingue ? Je n’osai l’imaginer davantage, même si l’occurrence d’une telle idée était sans doute relativement proche de la réalité, si celle-ci n’était pas tout simplement pire.

Je me laissai donc emporter vers ma nouvelle destination sans que quiconque ne semble me calculer, ou me dévisager plus que de rigueur, malgré l’absence de casque sur mon visage que d’aucuns ici qualifieraient de disgracieux, voire d’effrayant. Une fois sorti du train, puis de la gare, je me retrouvai dans une rue aux bâtiments gigantesques, à l’architecture lisse et grise et aux devantures lumineuses dépensant pour se faire remarquer cette précieuse énergie dont Hynt nous avait parlé. Un des bâtiments étaient cependant nettement plus haut et grandiloquent que les autres. Sans surprise, mis à part sur sa taille démesurément grande, je notai sur sa devanture, en lettres immenses représentant bien l’ego surdimensionné que devaient avoir les propriétaires, le nom du bâtiment : Siège Kartage. L’endroit que je cherchais à atteindre.

Deux soldats en armure complète totalement noire, plus brute d’apparence que les gardes royaux ou les soldats de Valaï, étaient la seule présence armée des environs, surveillant évidemment l’entrée du siège de la Maison Kartage. Malgré la désagréable sensation d’être écrasé par les bâtisses environnantes, tant elles étaient toutes inimaginablement grandes, je tachai d’observer une apparence à la fois confiante et assurée. Ainsi, portant ostensiblement cet énorme prototype d’arme en bandoulière, toujours dépourvu de ce masque respiratoire plutôt moche, j’approchai des deux olibrius tous bardés de partout. Arrivé à portée de voix, je les apostrophai d’un ton un peu rude, collant avec mon apparence :

« Hé, les jumeaux. Vous pouvez m’dire si y’a un responsable Kartage qu’est là aujourd’hui ? Il s’pourrait bien qu’j’aie à lui causer, pis qu’il y trouverait un certain intérêt. »

Une manière bien peu galante et correcte de parler. Ça ne me ressemblait guère. Mais j’entrai dans ce rôle de brute non sans un certain plaisir. Un rôle de composition que je me dessinai en totale improvisation.


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[629 mots]

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Dernière édition par Vadokan Og'Elend le Jeu 6 Oct 2016 13:50, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Ven 30 Sep 2016 14:28 
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Maison Kartage – Entrée


    A l'arrivée de Vadokan devant les portes, l'un des deux gardes s'avança d'un pas. Il n'avait pas l'air particulièrement menaçant, mais semblait vouloir signifier au nouvel arrivant que les lieux étaient bien gardés. Aux paroles du garzok, cependant, il ne répondit pas directement, abordant le sujet du physique atypique de son interlocuteur au lieu de répondre à ses questions.

    « Bah dis donc machin, » fit-il d'une voix presque pas étouffée par son casque. « Qu'est-ce qui t'es arrivé à la gueule ? Et puis t'es tout noir, mais tu ressembles pas à un shaakt. Non parce que le nez, là, rien à voir avec un elfe. Enfin rien à voir avec un humain, ceci-dit, rien à voir avec tout ce que j'ai... »
    « Bon, Frank, » le coupa l'autre. « On a compris qu'il était bizarre, on va pas y passer la journée. D'autant qu'il est sûrement là justement pour ça. »
    « Ah, ouais, pardon, » répondit le premier, autant pour son collègue que pour Vadokan.
    « Pour répondre à ta question, évidemment qu'il y a des responsables, » reprit l'autre, s'approchant à son tour pour prendre le relais. « Tu veux qu'ils soient partis où, dans les Terres Désolées ? Bon bouge pas, je vais chercher mon supérieur. C'est pas qu'on te fait pas confiance, mais t'es quand même salement armé, hein, je te fais pas rencontrer la patronne comme ça, tu comprends. »

    Sur ces paroles, il fit signe à son collègue de garder un œil sur le semi-shaakt et poussa l'une des lourdes portes battantes du bâtiment pour s'engouffrer à l'intérieur. Il revint finalement un peu plus d'une minute plus tard, et, maintenant la porte ouverte, fit signe à Vadokan d'entrer.

    « Viens, mon supérieur veut te parler, » fit-il.

    L'intérieur semblait très bien entretenu, et si le style général pouvait sembler impersonnel pour un Yuiménien, il était un peu plus chaleureux que ce que le garzok avait put voir dans les quelques pièces du palais qu'il lui avait été donné de visiter.

    Image


    Une jeune femme était présente dans la pièce, derrière le bureau étrange qui semblait être l'accueil, mais en dehors de cela la pièce était presque vide. Ce n'est néanmoins pas à l'accueil que le mena le garde ; ils tournèrent presque immédiatement à droite se dirigeant vers une porte très simple, que le guide du semi-shaakt ouvrit avant de lui faire signe de la traverser. Derrière se trouvait ce qui ressemblait à un bureau, mais rempli de plusieurs machines étranges, pourvues d'une surface semblable à celle des téléphones, mais bien plus large. Et à l'intérieur de ces machines, des images bougeaient, dont une qui semblait représenter exactement l'endroit où se trouvait Vadokan une seconde plus tôt. On voyait nettement la même jeune femme, tapant nonchalamment sur un objet rectangulaire doté de toutes les lettres de l'alphabet. Sur un autre écran, l'entrée, maintenant pourvue d'un seul garde, vue du ciel. Tous les autres étaient noirs, cependant, vides de toute image.

    Le garde ferma la porte derrière Vadokan, retournant certainement à ses occupations et le laissant en compagnie d'un homme entre deux âges au bras droit métallique. Celui-ci fit signe à Vadokan de s'asseoir sur l'une des chaises rembourrées.

    « Salut, » fit-il sans aucune solennité, tout en l'étudiant de haut en bas sans gêne. « Je suppose que tu viens proposer tes services ? Moi c'est Allan. J'ai entendu dire qu'on pourrait trouver un certain intérêt à t'écouter. Alors voilà : je t'écoute. »

[Vadokan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (demande d'entretien) ; 0,5 (bonus longueur)]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Jeu 6 Oct 2016 13:49 
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Les gardes de l’entrée aperçurent mon approche et, alors que je m’avançai vers le bâtiment, l’un d’eux se fendit de me barrer le chemin, avançant lui-même d’un pas dans ma direction. Je le jaugeai d’un regard sombre, ostensiblement méfiant, presque menaçant, en vérité. Car mon rôle était bien déterminé dans mon esprit : je devais me faire passer pour une brute sans foi ni loi, prête à tout pour arriver à ses fins. Ma gueule difforme, mon arsenal impressionnant et mon habillement m’aidaient en ce sens, et il ne me restait qu’à ajuster mon attitude pour rendre compte d’une personnalité qu’il valait mieux ne pas embêter. Son attitude à lui, à ce garde se dressant sur mon chemin, était claire aussi dans mon esprit : il signifiait, sans pression ni menace particulière, qu’on n’entrait pas dans le Siège Kartage sans autorisation, ni sans y avoir été préalablement invité. À mes paroles, je le sentis scrutateur, analyste. Suspicieux, peut-être même. Il me lorgna de pied en cap, avant de exclamer quelques propos légèrement insultants sur mes traits difformes à ses yeux, et sur la couleur de ma peau. Un sourire en coin, carnassier, marqua mes traits un instant, dévoilant mes protubérantes canines, alors que son collègue, médiateur, le ramenait à la raison, et le recentrait sur la raison de ma venue plutôt qu’un débat sur mon apparence.

Sans répondre quoique ce soit, je gardai mon air carnivore braqué sur le premier, ce sourire malsain empreint de sadisme patenté non dénué d’une agressivité passive notable qui aurait pu mettre mal à l’aise des êtres moins rompus à la vie rude des quartiers chauds que ces gardes, qui devaient sans doute avoir l’habitude d’olibrius à la moralité douteuse. Celui-ci s’excusa aussitôt, avant que l’autre, sur lequel je déviai enfin mon regard, me précisait que les responsables étaient évidemment là, où d’autre, sinon ? Il évoqua les Terres Désolées, sans doute la dénomination des alentours de la cité d’Izurith, dévastés par le Canon. Lieu de vie des elfes, en l’occurrence. Je répondis à l’assertion par un simple grognement maussade, guttural, affermissant mon rôle de gros dur taciturne à leurs yeux. Il s’en alla alors quérir son supérieur, arguant qu’il ne me laisserait pas voir la patronne armé de la sorte. Une patronne, donc, matriarche gérant les affaires troubles d’une famille, comme une mère maquerelle règnerait sur son bordel. Je notai l’information dans un coin de mon esprit, le regardant partir vers le bâtiment en me laissant seul face à son collègue injuriant, vers lequel j’administrai un nouveau regard dur, tout en commentant, maugréant sombrement :

« C’facile de s’payer la tronche d’un mec, quand on a la sienne coincée dans une boite de conserve. »

Je renâclai bruyamment avant de cracher au sol, suffisamment loin de lui pour que ça ne soit pas pris comme une injure personnelle, mais pas assez pour ne pas sembler être une provocation. Il ne put réagir vivement, cependant, à mon plus grand regret, puisque son collègue le sauva sur le gong, en revenant à son poste, m’invitant à pénétrer l’immense bâtiment.

Sans demander mon reste, je pénétrai donc dans le grand hall d’entrée du Siège Kartage. L’endroit était net comme la station de train du quartier du palais. Ça allait de soi, pour un siège d’une famille politique majeure de la cité unique de ce monde. Si le rendu était moins métallique et froid que le palais en lui-même, le style général n’en restait pas moins foncièrement impersonnel, tout de blanc et de beige, aux courbes agréables mais tellement calculées que c’en devenait lassant dès le premier regard. Un manque de naturel, une uniformisation générale des formes et des couleurs qui ne me plaisait en rien. Une sorte de bureau étrange semblait former l’accueil de l’endroit, où une femme à la peau pâle et aux cheveux aubergine et aux lunettes en mi-teinte de pourpre. La jeune créature mettait en avant deux atouts mammaires de choc qui n’étaient pas sans rappeler l’opulente poitrine de Tina, enserrés qu’ils étaient dans un corset affinant sa taille. Je ne m’y attardai cependant pas plus que de rigueur, puisque nous la passâmes sans nous y arrêter, bifurquant directement à droite en pénétrant la bâtisse, vers une porte assez simple d’apparence. Le bureau de la sécurité, à n’en pas douter.

Je reniflai de plus belle en passant le pas de cette porte que le garde me fit passer sans attendre après me l’avoir ouverte. Avant de m’y engouffrer aveuglément, irrémédiablement méfiant, je jetai un coup d’œil à l’intérieur avant d’avancer plus avant. L’intérieur de la pièce était obstrué de nouvelles machines indescriptibles, aux écrans semblables à ceux des téléphones, mais plus larges, sur lesquels des images ne cessaient de bouger. Je tâchai de ne pas m’y attarder plus que de rigueur, étant censé être coutumier à ces objets de ce monde. Sur l’une d’elles, néanmoins, je reconnus la jeune femme de l’accueil, pianotant sur un objet inconnu, un de plus. La vue plongeante sur son décolleté ne laissait aucun doute sur les activités de ceux qui veillaient ici nuits et jours. Je reconnus aussi l’entrée, surveillée désormais par un seul garde, puisque l’autre m’accompagnait. Plus que de l’espionnage, c’était un système de surveillance interne. Comment les employés de cette maison pouvaient-ils se laisser brimer ainsi leurs libertés les plus basiques, acceptant tacitement de se faire reluquer, surveillé à longueur de journée.

Je détournai cependant le regard vers le supérieur en question, avec lequel je me retrouvai vite seul. L’homme avait la quarantaine bien tapée, les cheveux grisonnants et la barbe fournie. Son visage marqué de cicatrices témoignait d’un passé trouble, sinon violent. Tout comme son bras, métallique et animé, prothèse artificielle pour remplacer son précédent, naturel, sans doute perdu lors d’un accident, ou d’une rixe. Il me fit signe de m’asseoir sur une des chaises entourant le bureau, mais je ne m’assis pas pour autant, affirmant mon ascendance sur la situation en décidant de rester debout, bravache.

Il se présenta alors dans un ton familier, me tutoyant sans gêne. Je ne pris pas ombrage de la familiarité, appréciant même ce signe d’égalité. Il disait se nommer Allan, et supposa que je venais pour proposer mes services. La méthode n’était donc pas si inhabituelle. Une bonne chose. Il proposa ensuite de m’écouter, et n’allait sans doute pas être déçu.

« Salut, ouais. Moi, c’est Vadokan le Noir, et j’viens bien proposer mes services. Mais te fais pas de fausses idées, mon gars. J’suis pas venu d’où je viens pour jouer les planctons devant une porte comme ces deux guignols, dehors. C’est au service direct de la patronne que j’veux être, contre rétribution, pas au tien. Et c’est pour la voir en personne que j’me suis ramené. »

Je jetai un coup d’œil aux écrans, précisant davantage :

« Et t’inquiète pas, j’convoite pas ta place. Tu pourras continuer d’mater les loches de la d’moiselle en paix dans ton bureau. Moi, c’est l’boulot de terrain qui m’intéresse. »

Et je tapotai de manière entendue sur mon arme encombrante, pas peu fier de mon rôle de composition.


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    [1181 mots]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Jeu 6 Oct 2016 15:44 
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Maison Kartage – Bureau de surveillance (Vadokan)



    Aux paroles de Vadokan, le chef de la sécurité haussa un sourcil, et quand le Noir eut terminé, il prit la parole d'un ton calme, mais non dénué de fermeté.

    « Parce que tu crois que tu peux débarquer ici et te permettre d'avoir des exigences ? Je vais pas te mentir, t'as l'air costaud, t'es armé jusqu'aux dents, tu pourrais intimider pas mal de monde sans même avoir à utiliser ton bordel... Bref, tu pourrais être utile, sans conteste. Mais ici on est pas chez les connards : on refuse les passes-droit aux bourgeois, c'est pas pour les donner aux autres sous prétexte qu'ils ont des gros bordels autour du cou ou qu'ils gueulent un peu plus fort que les autres. Tu veux bosser pour la patronne directement ? Très bien, alors prouve moi que tu peux être utile, prouve moi qu'elle aurait le moindre intérêt à te recevoir en personne. Ici l'influence ça se mérite, alors si tu veux pas bosser pour moi va falloir te trouver une autre maison qui accepte les gueules de traviole dans ton genre. »

    Sur ces paroles il se leva. Il était toujours un peu plus petit que Vadokan, mais sa présence restait impressionnante.

    « Alors donne moi une bonne raison de t'envoyer voir la patronne. Si t'en trouves pas, alors faudra faire comme tous les autres : commencer par bosser pour moi, ou bien te casser. »

    Et sur ces paroles il croisa les bras sous son buste, attendant visiblement une réponse.



[Vadokan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (proposition de service) ; 1 (bonus longueur)]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Mar 11 Oct 2016 22:03 
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Faisant fi des provocations que d’aucuns auraient qualifiées de scandaleuses pour un tout-venant nouveau venu dans une si prestigieuse maison que celle des Kartage, le chef de la sécurité de l’immeuble, grand patron des pouilleux à la gâchette facile, directeur des moins-que-rien aux yeux de ses propres patrons, les inaccessibles pontes de cette famille criminelle en plein essor. L’olibrius, gardant un flegme notable et un contrôle de lui-même tout à fait remarquable me répondit, posément, mais non sans une fermeté échouant à son rôle de concierge autoritaire gardant la porte d’entrée. Entrant dans mon jeu de familiarité, il m’apostropha en me tutoyant, décriant mes exigences en les qualifiant de déplacées. Bien entendu qu’elles l’étaient ! Quitte à jouer un rôle crédible, autant qu’il soit joué jusqu’au bout. Il reconnut l’incontestable utilité de mon apparence impressionnante et conclut de l’usage fortuit que je pouvais en avoir lors d’une situation lambda pouvant servir les avantages de ses maîtres, esclaves de leur pognon qu’il était, mais ne la trouva pas suffisante pour accéder à ma requête. Fâcheux.

Fâché, donc, il me proposa un marché, un chantage qui sonnait usuel dans sa manière d’aborder le problème. Ne souhaitant en rien se débarrasser d’un coup de main, il proposa que je travaille pour lui afin de prouver ma valeur pour servir la maison qu’il servait lui-même. Tant de servitude, ça m’écœurait, en vérité. Il argumenta, comme pour justifier l’improbable, sa sentence de raisons vaseuses, comparant ma demande à un passe-droit de bourgeois, et arguant que je n’aurais qu’à bosser pour une autre maison noble acceptant ce qu’il appela sans s’en repentir une « gueule de traviole » dans mon genre.

Puis, alors que la noirceur de mon regard sur l’insignifiance de son être semblait pouvoir le transpercer, et ôter toute lueur, qu’elle soit de vie ou d’espoir, de son petit être misérable, il se leva de son séant pour tenter, vainement, de me dominer. Plus petit que moi, la brute rangée était épaisse malgré tout, et rompue au combat. On n’arrivait pas à ce genre de poste en étant un petit gentillet aux bonnes manières. Il l’avait dit lui-même : ici, les passe-droits, ça ne fonctionnait pas. Il faudrait que je la joue fine, tout en restant sur mes positions sans perdre la face, si je voulais que mon plan d’intégration fonctionne. Tout échange corporel de type violent serait un risque qui mènerait sans aucun doute à l’échec de toute crédibilité de ma part sur mes aptitudes à voler haut dans les sphères de la protection rapprochée. Il fallait que je l’évite à tout prix.

Je le toisai donc de haut, non sans me dire que si Tina était actuellement en face de moi, j’aurais sans doute une vue plongeante sur le contenu fort bien rempli de son décolleté généreux. Et alors qu’il croisait les bras sur son buste, ponctuant son défi de me voir bosser pour lui pour faire mes preuves, je crachai ma réponse d’un air maussade.

« Les péteux d’bourgeois, j’leur crache à la gueule. Si j’suis venu ici, c’est parce que les autres maisons m’filent la gerbe. Là d’où je viens, y’a pas plus grande preuve de vaillance et de franchise que d’se pointer dans la gueule du loup comme je le fais là. Et si j’le fais, c’est parce que la maison Kartage est la putain de seule qui puisse défendre mes intérêts. Mais c’est pas pour ça que j’vais me laisser insulter par leur chien de garde. J’suis pas un clébard, moi. Et là, nos avis sont conjointement liés : t’as aucune envie de voir ma gueule et mon barda contre les vôtres, pas plus que ta patronne. Et ta patronne, elle a besoin de types comme moi, qui hésitent pas de se salir les mains, pour parvenir à ses fins. »

Je grognai tout en soufflant l’air de mes naseaux sur son visage, à la manière d’un taureau sauvage et encoléré, avant de poursuivre.

« Alors écoute-moi bien, merdeux. J’suis pas une pisseuse qui attend qu’on lui file un entretien avec une baronne. J’veux lui offrir mes services, parce que j’crois qu’elle les mérite. Pas toi, elle. Alors t’avise pas à te planter dans ta décision, parce que tu pourrais t’en mordre les doigts, quand elle aura appris ma venue et ton putain de refus. »

Semblablement à lui, je croisai sur mon poitrail gonflé mes bras, faisant vibrer à l’intérieur de mes doigts ma magie fulgurante, comme pour me rassurer qu’elle ne me ferait pas défaut, au cas où. J’avais beau paraitre sûr de moi, c’était un coup de bluff où je risquais beaucoup. Et si j’appréciais énormément ce rôle de brute épaisse, je me sentais fort mal à l’aise en mon for intérieur.


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    [788 mots]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Lun 17 Oct 2016 17:38 
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Maison Kartage – Bureau de surveillance (Vadokan)


    Aux paroles de Vadokan, le chef de la sécurité contourna le bureau et s'approcha de lui d'un air menaçant, les bras toujours croisés.

    « Alors je devrais te faire rencontrer la patronne parce que sinon tu serais un danger pour nous ? » fit-il calmement, à moins d'un pas du bâtard maintenant. « Tu seras un danger pour la Maison la plus puissante d'Izurith, vraiment ? Toi, tout seul ? »

    Il laissa un léger blanc s'installer dans la pièce avant de laisser sortir un ricanement franc et de tourner les talons pour retourner derrière son bureau. A mi-chemin, cependant, il s'arrêta et reprit la parole, sans se retourner.

    « Personne ne vient dans la Maison Kartage pour menacer son chef de la sécurité, machin. Personne. T'as du cran, ça c'est sûr, mais ça ne suffit pas à se faire une place auprès de la patronne. Je vais te dire une chose gros dur, si tu t'en vas maintenant, avant que je ne me retourne, tu peux t'en aller vivant d'ici. Je te laisse dix secondes. »

    Le décompte devait être interne car après cela le dénommé Allan se tut, continuant d'offrir son dos exposé à Vadokan, comme s'il ne le craignait pas une seule seconde.



[Vadokan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (knacki ball : c'est bon d'avoir les boules) ; 0,5 (bonus longueur)]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Mar 18 Oct 2016 23:47 
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Les bras toujours croisés, comme s’il était coincé dans cette position d’une ostensible fermeture, le cerbère contourna son bureau pour approcher de moi, l’air menaçant. Je le regardai faire, sans ciller, ni devoir trop jouer mon rôle de brute : il ne m’impressionnait pas. Je le toisai donc de haut sans bouger d’un poil, dardant sur lui mon regard de ténèbres alors qu’il prenait la parole d’un ton calme. Les propos prononcés, cependant, me firent passer une main exaspérée sur les yeux, tout en me massant fugitivement les tempes du pouce et du majeur. Il n’avait rien compris. Il pensait que je l’avais ouvertement menacé par mes propos, alors que je répondais simplement aux siens. Il nia ainsi toute une partie de mon discours, trop stupidement borné pour y faire attention, pour ne se concentrer que sur des mots qu’il avait compris de travers. Il me provoqua, une nouvelle fois, sur ma soi-disant aptitude à être seul un danger pour eux tous, et je laissai un soupir las filtrer de mes lèvres alors qu’il se tut.

Fier de son petit numéro, il laissa même échapper un ricanement imbécile de sa vieille tronche de parvenu retraité, avant de s’en retourner, dos à moi, vers son bureau. Avant de l’atteindre, cependant, il marqua une pause et, comme si une réflexion venait de se faire dans son esprit vide de toute logique, il affirma que personne n’avait le droit de menacer quiconque ici, et certainement pas lui. Ce disant, il admit imbécilement que j’avais du cran, une observation sans doute fort pertinente si elle n’avait pas été si foncièrement évidente. Il me proposa alors un marché, que je refusai de suivre par avance. Si je partais avant qu’il ait le temps de compter jusqu’à dix, il ferait comme si de rien n’était. Sous entendant bien sûr qu’il me tuerait ou me ferait mettre aux arrêts s’il se retournait. Puis, il se tut, comme si subitement il venait de se rendre compte qu’en vérité, il ne savait pas compter, pas même jusque cinq. Alors jusque dix…

De mon côté, je restai immobile, serrant les mâchoires. Durant son décompte mental, j’analysai avec détail sa posture, sa position assurée, comme s’il ne me craignait pas, ses possibilités d’action. Il n’avait dégainé jusqu’ici aucune arme, mais son bras métallisé mécanique pouvait sans doute en être un bien suffisant pour me mettre hors d’état de nuire. Tout en l’observant, imaginant comment parvenir à le contrer si l’instinct primaire de cet abruti qui aurait sans doute agi différemment devant la poitrine de Tina, bien que je ne préférai pas imaginer ce qu’il en aurait fait, je répondis sans hésiter à ses propos.

« Vadokan. » Il m’avait appelé Machin. Inacceptable. « Et je me demande comment le « chef de la sécurité « peut bien compter jusqu’à dix s’il ne sait pas écouter plus de deux phrases d’affilée. J’t’ai jamais menacé, ni toi, ni ta patronne. Alors tu ferais bien t’ter aviser et cesser d’te fourrer le doigt dans l’œil. Ça serait bête d’y perdre un autre bras pour rien. »

Mes fluides crépitaient dans ma main, comme s’ils ne savaient que faire. L’usage de ma magie était sans doute mon meilleur recours, en cas d’agressivité de sa part. Mais je ne devais pas lui faire songer à une quelconque attaque de ma part, d’autant que derrière mon rôle de composition de brute épaisse, je détestais toute forme de violence, et n’allais certainement pas être celui qui provoquerait le combat, surtout s’il était possiblement létal. Tout en parlant, je cherchai en mon for intérieur comment ma magie de foudre, ou de glace, pouvait m’aider dans cette situation.

« Comme j’te le disais, c’est justement parce que Kartage est la maison la plus puissante que j’veux l’aider. J’en n’ai rien à battre des autres bourgeois de la haute dont j’me repaitrais bien d’leur sang bleu. C’est à cause de mecs comme ça qu’on moisit dans un trou à rats, moi et les miens. Alors si tu me jartes, non seulement tu priverais ta maison d’un allié fidèle… »

Les influx nerveux électriques dans les muscles de son corps. C’était la solution. Je savais déjà envoyer ma magie pour paralyser douloureusement ma cible, en immobilisant ces influx. En ajoutant à cette maîtrise une part plus fine, moins axée sur la douleur incapacitante, et davantage sur le contrôle fin et précis d’une partie de ses muscles, je pourrais, s’il m’attaque, parvenir à faire échouer celle-ci. Aucun doute là-dessus. Mais quelle zone toucher, dès lors, pour que ça soit le plus efficace ?

« … et en plus ta patronne d’une information cruciale sur Valaï et la maison Kobayashi. » les dernières cartes étaient abattues, le bluff était total. Un coup de poker, pour de vrai. « Alors crois-moi, mec, t’as que des intérêts à m’amener à elle, et t’y perdrais grave de pas le faire. Toi et la maison que soi-disant tu protèges. »

Les bras ? J’ignorais duquel il pouvait m’attaquer. Sortir un catalyseur magique de dessous sa veste avec son bras naturel ? Prolonger son bras mécanique en une arme à l’allonge certaine, ou en faire une arme de jet projetant une part d’elle-même pour me toucher ? Non, c’était trop risqué de me concentrer là-dessus. Trop dangereux aussi de me concentrer sur sa tête. Le cerveau était un organe complexe, dont la manipulation demandait plusieurs années d’expérience. Mes pouvoirs électriques ne feraient que le meurtrir et me faire passer pour un assaillant à ses yeux. Une attaque trop brutale ne servirait vraiment à rien.

Mes yeux baissèrent jusqu’à croiser ses jambes. L’articulation du genou était nécessaire dans le maintien de la posture, quelle que soit la spécialité martiale de ce garde du corps en chef. C’est là que je devais faire agir mes fluides, à cet endroit précis. S’il se ruait sur moi, il tomberait lourdement sur le sol et je pourrais aviser. S’il tentait de me tirer dessus, d’une quelconque manière, il s’avachirait sur lui-même et, s’il parvient néanmoins à tirer, raterait sa cible, à n’en pas douter. C’était l’endroit idéal.

Le crépitement dans mes mains, malgré mes gants, se fit plus intense, et je le contrôlai, les yeux mi-clos, me concentrant au maximum pour visualiser l’effet du sortilège que j’allais lui lancer. Une onde électrique, fine, imperceptible à l’œil nu, viendrait frapper les muscles de sa cuisse et de son mollet pour les crisper, faisant travailler les tendons pour fléchir sa jambe d’appui. Elle se plierait d’elle-même, et il croirait à un manquement organique de son propre corps plutôt qu’à une attaque. Ce qui me laisserait innocent s’il comptait, de base, m’épargner et enfin me mener à sa patronne. Une aubaine pour moi prendre l’ascendant. C’était parfait.

Dix. Le compte devait y être, désormais. Je lançai ma magie vers lui avec calme et concentration, prêt à intervenir en cas d’échec. Je ne maitrisais pas cette technique, uniquement théorique pour le moment, mais je croyais fermement en ses capacités de réussir. Je n’avais pas le choix que d’y croire, de toute façon.



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    [1175 mots.
    Tentative d'apprentissage du sort d'éclair : Mouvement involontaire : Le lanceur de sort utiliser un courant électrique pour créer un spasme dans les bras de sa victime, l'empêchant de porter sa prochaine attaque. (Prochaine action de la cible est un échec automatique. lvl% de chance que ça soit un critique négatif.)]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Mer 26 Oct 2016 14:08 
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Maison Kartage – Bureau de surveillance (Vadokan)

Vadokan : Sort : Réussite / Apprentissage validé


    Lorsque le chef de la sécurité se tourna enfin, sa jambe se déroba sous lui et il dut se retenir à son bureau pour ne pas tomber. En se redressant, il lança un regard suspicieux à son genou puis à Vadokan, avant de secouer la tête, balayant cet incident et reportant son attention sur son interlocuteur.

    « Bon, » fit-il simplement avant de s'avancer nonchalamment vers le bâtard. « Un renseignement sur Valaï... On m'a déjà fait le coup deux ou trois fois. Mais je suppose que je peux pas y couper. Viens. »

    Et, sur ces mots, il quitta le bureau et mena Vadokan à travers le hall. Ils contournèrent l'accueil et sa résidente, qui lança un sourcil interrogateur à leur encontre, et arrivèrent devant deux lourdes portes métalliques, qui s'ouvrirent immédiatement lorsqu'Allan appuya sur un bouton en forme de flèche. Il pénétra dans la petite pièce exiguë et visiblement sans issue qui s'offrit à eux et appuya sur un interrupteur marqué du chiffre « 30 ». S'ensuivit une courte ascension mécanique du bâtiment, pendant laquelle Allan resta irrémédiablement silencieux. Lorsque les portes se rouvrirent, ils étaient face à deux énormes portes battantes en bois finement sculptées et gravées de dorures, gardées par des soldats à la même allure que ceux protégeant l'entrée du bâtiment.

    « Tu vas devoir leur laisser tes armes, Machin, » cracha le chef de la sécurité. « Sinon tu rentres pas. »

    Lorsque Vadokan confia ses armes aux gardes, Allan ouvrit les deux portes battantes et fit signe au bâtard d'entrer. C'était une grand salon luxueux, pourvu de larges fauteuils en tissu et de meubles d'excellente facture. Le tout était presque entièrement blanc et noir, y compris la robe de la femme assise sur l'un des larges sièges. Elle observait une énorme vitre qui faisait la largeur de la salle et à travers laquelle on pouvait voir un énorme jardin privé. Des arbres, des fleurs... Des choses qui semblaient pourtant rare sur Izurith. Lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir, la femme se redressa et fit face aux deux nouveaux venus.

    Image
    (((Cliquer pour la HD)))


    Elle jeta un regard au chef de la sécurité, qui s'expliqua.

    « Cet... homme veut travailler pour vous, » annonça Allan. « Et il dit qu'il a des informations sur Valaï. »

    La femme tourna ensuite ses yeux vers le bâtard, qu'elle scruta quelques secondes avant de prendre finalement la parole.

    « Elysha Kartage, » se présenta-t-elle. « Qu'est-il arrivé à votre visage ? »

    Elle parlait d'un ton neutre, mais semblait légèrement inquiète.


[Vadokan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (apprentissage) ; 0,5 (sort) ; 1 (bonus longueur)]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Jeu 3 Nov 2016 17:12 
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Ce fut non sans un certain satisfaisant soulagement que je vis le chef de la sécurité manquer de s’étaler par terre alors qu’il se retourna finalement vers moi. Il ne dut son maintien d’équilibre qu’à un réflexe in-extremis de survie lui permettant de se raccrocher prestement à son bureau. La scène ne manquait pas d’un côté burlesque, que je mis vite de côté pour préserver une mine sévère et fermée. Je ne savais toujours rien de ses intentions à mon égard, et j’étais resté sans bouger, à l’encontre son conseil. Le toisant sans réagir, je le regardai donc misérablement se relever pour, le regard dressé vers moi, non sans une étincelle d’incompréhension sur ce qui venait de se passer, s’approcher de ma personne. Apparemment, l’attrait d’un renseignement sur Valaï avait fait mouche, et toutes mes précautions sur la probabilité qu’il m’attaque s’étaient révélées vaines. Une sécurité, un filet de rattrapage. Ce n’était pas rien.

Visiblement, plusieurs personnes avaient déjà tenté de pénétrer le bâtiment en usant d’une pareille excuse, fallacieuse, par le passé. Mais ses ordres avaient l’air d’être clair, et je me remerciai intérieurement de ce coup de poker, toute personnes présentant une information secrète sur le dirigeant de la cité pouvait être accueilli en de plus hautes instances. Il m’ordonna de le suivre, et nous quittâmes le bureau de sécurité pour nous retrouver dans le grand hall d’entrée, toujours surveillé par sa gardienne aux glandes mammaires tinesques. Cette dernière, alors que nous passâmes à côté de son office, nous reluqua par-dessus ses binocles jusqu’à ce que nous ayons atteint une porte coulissante toute en métal, qui s’ouvrirent instantanément, et automatiquement, lorsque le dénommé Allan appuya sur une sorte de bouton fléché. La pièce qu’elle révéla était petite, exigüe, même. Comme une cellule d’un donjon, fort bien protégée, vu les portes métalliques. Je levai un sourcil, mais voyant mon guide y entrer sans attendre, je l’y suivis sans hésitation, de peur de paraitre étranger à cette nouvelle technologie. Dans le débarras, placard démeublé et dépourvu de toute décoration ou objets, il n’y avait qu’un mur décoré de petites touches numérotées. Il appuyé sur l’une d’elles, et un curieux sentiment s’empara de moi. Comme si mes organes avaient tout d’un coup décidé de se diriger vers le bas de mon corps. Je ne pus retenir un plaquage de ma main sur les murs de l’endroit, comme pour me retenir, atterré par cette sensation inconnue, mais je tâchai au mieux de garder une mine fermée.

Lorsque la sensation s’arrêta subitement, un haut-le-cœur me vint aux lèvres, que je retins également du mieux que je le pouvais, alors qu’une sorte de petite clochette retentissait d’un son aigu d’un mono-battement cristallin. Nous n’avions pas prononcé le moindre mot, ni l’un ni l’autre, depuis le départ de son bureau. Et là encore, je le suivis aussi silencieusement que lui vers un décor différent de celui que nous venions de quitter, par la même porte. Ainsi, cette pièce était un moyen de transport. D’ascension, même, posai-je m’hypothèse en me basant sur la hauteur des bâtiments et l’inaptitude des vivants d’ici de gravir autant de marches pour les parcourir. Les portes face auxquelles nous arrivâmes étaient de bois, gravées finement et incrustées de dorures. Pas un donjon, en soi. Ou ils accueillaient sacrément bien leurs prisonniers. Ainsi donc, le gardien en chef ne m’avait pas menti : nous étions bien chez la crème de la maison Kartage, qui attendait sans doute derrière ces portes solidement gardées par deux gaillards armurés comme ceux de l’entrée.

Avant d’y pénétrer, le fameux Allan me cracha un nouvel ordre, sans doute pour ne pas perdre la face devant ses subordonnés. Il m’indiqua de leur laisser mes armes, sans quoi l’entrée me serait interdite. Je m’y attendais, bien entendu. Et n’avais pas prévu le moins du monde de les garder plus loin. Cette précaution m’attestait juste de l’importance de la personne que j’allais rencontrer. Je chargeai brutalement le premier de mon gros stéréotype encombrant, et fourrai mon catalyseur plus petit sans plus de délicatesses dans les mains du deuxième. Je les avisai fermement :

« Y’a intérêt à c’que je les retrouve tels quels quand j’ressortirai. »

Et, renâclant en regardant Allan, je pris le parti d’entrer dans la pièce qu’il me désignait en ayant ouvert la double-porte. Ne me faisant pas prier, j’y pénétrai sans hésiter, d’un pas franc. Le faste était ostensible, dans cette salle haute en altitude. C’était un luxueux salon dont les couleurs dominantes étaient le blanc et le noir, que je devinai associées à la Maison Kartage. Ou à un goût prononcé pour la matriarche de la famille pour les teintes ternes et sans vie, auquel cas elle m’adorerait, tout noir que j’étais. De grands fauteuils occupaient l’espace avec quelques autres meubles d’une qualité irréprochable, soutenant notamment celle que j’identifiai comme la maîtresse des lieux, bien que je la trouvai fort jeune d’apparence. Les cheveux d’un blond clair presque blanc, soutenu par une coiffe de tissu immaculée, ceinte au front par un symbole de bronze, comme une couronne. Elle arborait une robe-bustier longue intégralement blanche si ce n’étaient deux lignes noires affirmant les courbes de ses hanches, sur les côtés de celle-ci. Un cardigan noir aux épaulières et col dorés recouvraient ses bras et épaules, jusqu’à ses mains, qu’elle gardait gantées. La seule peau visible sur son corps, outre son visage, était celle de son plongeant et fourni décolleté, aussi généreux sans doute que celui de Tina. Indéniablement, s’il était triste à bien des égards, ce monde savait avoir ses bons côtés.

Silencieuse, elle darda ses yeux verts sur le chef de la sécurité, visage innocent d’une jeune femme superbe. En bon chien, il obéit à son ordre muet en déclamant la raison de notre abrupte apparition, précisant que je souhaitais travailler pour elle, et que je détenais des informations sur Valaï. Elle tourna les yeux vers moi, et me toisa un instant du regard, pendant quelques secondes. Je me laissai faire, répondant à son regard par le mien, fixés sur ses yeux clairs avec une froide détermination. Enfin, sa voix filtra de ses fines et pâles lèvres pour déclamer son nom : Elysha Kartage. Elle s’enquit de la raison de ma torturée apparence, sans parvenir à dissimuler un brin d’inquiétude dans sa voix, dans son attitude. Je répondis sans hésiter, avançant d’un pas, d’un seul, dans sa direction, parlait clairement, d’une voix audible.

« Tous, ma Dame, n’ont pas le plaisir d’être nés comme vous avec une grande beauté. Par chance, là d’où je viens, on fait peu cas d’un joli minois. »

Je jetai un œil amer au chef de la sécurité avant de poursuivre, la saluant poliment, contrastant avec l’attitude hardie que j’avais eu jusque là.

« Vadokan Og’Elend, dit le Noir. Ravi d’être enfin en votre présence. Comme l’a précisé votre chien de garde, j’ai des informations cruciales pour vous, et le désir de vous servir. Des informations que je ne pourrai cependant révéler qu’en entretien privé. »

J’en demandais peut-être beaucoup, mais j’argumentai en ce sens :

« Non pas que je doute de la confiance que vous portez à vos hommes, mais en cette période de troubles, il me semble sain de se méfier de tous. Surtout de ceux dont on ne croit rien craindre. »

Je jetai un nouveau regard défiant au chef de la sécurité, puis replongeai mes yeux dans ceux de la belle.

« N’ayez crainte, cependant : je ne vous veux aucun mal, et vos sbires m’ont d’ores et déjà désarmé. Ma loyauté vous est acquise, aussi vous demandai-je un instant de confiance. »

Le chien s’y opposerait. Elle… peut-être pas. Une nouvelle tentative risquée, un nouveau coup de poker. J’espérai qu’il passe.


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    [1288 mots]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Ven 4 Nov 2016 15:34 
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Maison Kartage – Salon d'Elysha


    Elysha écouta attentivement les paroles de Vadokan avec un léger sourire poli, transformé en un rictus un peu plus appuyé aux quelques piques de son hôte, visiblement amusée. Le chef de la sécurité resta muet aux provocations, préférant apparemment conserver un silence religieux plutôt que de parler sans autorisation. A la requête du bâtard concernant son départ, cependant, il s'insurgea immédiatement.

    « Il est hors de question que je laisse une personne de votre genre seul avec... »
    « Calmez-vous, Allan, » l'apaisa doucement Elysha. « Et laissez-nous. »

    Le chef de la sécurité ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes.

    « Mais enfin Madame... »
    « Je vous remercie de votre inquiétude, mais je suis capable de me défendre seule, vous devriez le savoir. »

    L'intéressé ouvrit la bouche à plusieurs reprises, confus, avant de hocher la tête et de tourner les talons, laissant ainsi Vadokan et sa patronne seuls. Cette dernière se tourna alors vers son hôte, un sourire aimable sur le visage.

    « Sachez, Messire Og'Elend, que j'ai une confiance absolue en Allan. Mais je comprends que ce ne soit pas votre cas, et c'est là l'unique raison pour laquelle j'ai décidé de le congédier. »

    Elle lui fit alors signe de s'asseoir sur l'un des larges canapés et prit elle-même confortablement position dans celui d'en face, croisant élégamment les jambes devant elle.

    « Maintenant j'aimerais que vous me donniez vous-même une raison de vous faire confiance. Vous avez éludé, il me semble, ma questions concernant votre physique. J'ai quelques connaissances – basiques, je ne le cache pas – en biologie et ne vois pas comment une simple naissance humaine pourrait avoir fait de vous ce que vous êtes. Je réitère donc ma question, à laquelle j'espère que vous répondrez avec honnêteté, cette fois : qu'est-il arrivé à votre visage ? Quelle est – si vous voulez que je sois plus précise – la raison de son apparence ? Si votre réponse semble sincère, j'envisagerai alors d'écouter ce que vous avez à me dire à propos du Seigneur Valaï. Sinon, je préfèrerais éviter d'entendre le ragot d'une personne qui n'a pas jugé bon d'obtenir ma confiance. »

    Son visage ne trahissait aucune animosité ni crainte, seulement de la curiosité et peut-être un brin d'innocence.



[Vadokan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (entretien privé) ; 1 (bonus longueur) ; -0,5 (retard)]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Mer 9 Nov 2016 20:38 
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La maîtresse de maison, si c’était bien elle, semblait s’amuser de mes piques à l’encontre de son chien de garde, qui lui hérissait bien sûr le poil, comme prévu. Il resta taiseux, muet, cependant, trop craintif de réagir comme il l’aurait fait si nous n’avions été que deux. Et cela m’amusa. Il était bien le fidèle administré, aboyant face aux inconnus, mais incapable de mordre si l’on ne lui retirait pas sa muselière. Bien dressé, dangereux, mais aussi bête et dénué d’initiative qu’une arme seule sans personne pour appuyer sur la détente. Pourtant, j’arrivai à le faire sortir de ses gonds, requérant la présence seule de la maîtresse de la Maison Kartage, et non plus la sienne, sous-merde n’ayant rien à faire dans cet entretien. Il s’emporta, vivement, et refusa en bloc de partir et de la laisser seule avec moi. En un sens, ça confirmait bien l’identité de la jeune – car elle ne semblait pas vieille – femme en face de moi. Pourtant, directement, ce fut elle qui le rabroua, non sans m’arracher un ostensible sourire mauvais dévoilant mes crocs pointus.

Elle lui ordonna paisiblement de se calmer, et de nous laisser à deux. Le clébard voulut répliquer, ne comprenant pas ce qui se passait, mais elle insista, arguant qu’elle serait capable de se défendre seule, le cas échéant. Un risque aveugle bien surprenant, de la part d’une entité si puissante. Un assassin avisé aurait tôt fait de l’avoir piégée. Elle semblait sûre d’elle, cependant, ce qui indiqua sans doute une grande puissance de sa part. Je devrais faire attention : mes capacités n’étaient que récentes et balbutiantes. Je ne pourrais pas rivaliser si elle possédait réellement une force telle qu’elle le sous-entendait. À moins que ça ne soit, bien sûr, que pour me décourager de tenter quelque action délétère contre elle.

Tel un poisson hors de l’eau, abasourdi, claquant des lèvres sans qu’aucun son n’en sorte, Allan le chef de la sécurité dût bien se rendre à l’évidence qu’il n’y pourrait plus rien. Hochant finalement la tête, il fit volte-face et, fermant les majestueuses portes derrière lui, quitta le boudoir de sa patronne. Je reportai un regard satisfait sur la dénommée Elysha, à la voluptueuse poitrine. Un qualificatif qui siérait peut-être mieux à Tina, mais cette dernière brillait surtout, ici, par son absence. Elle prit en premier la parole, précisant sans qu’il le faille qu’elle avait une confiance totale en son chien de garde, mais qu’elle comprenait néanmoins ma position à ce sujet, prévenante. Alors qu’elle m’invitait à m’asseoir sur l’un des canapés, y prenant elle-même place, je rétorquai :

« J’ai du mal à faire confiance à quelqu’un qui m’insulte. J’ai perdu un temps précieux à vos portes à cause de cet olibrius qui ne comprenait pas ce que je lui signifiais, trop impulsif et trop peu réfléchi. »

L’accusation était vile, mais si je pouvais profiter de ma présence pour ennuyer au maximum ce désagréable personnage, je le ferais. Je m’installai à mon tour, croisant les jambes à mon aise, et fixai la cheftaine de ces lieux. Elle prit, une fois encore, l’ascendant sur la conversation en s’emparant du crachoir avant moi. Maligne, plus en tout cas que ses serviteurs, elle s’enquit des raisons de ma présence et, surtout, des raisons qu’elle aurait de me faire confiance. Ayant noté mon détournement partiel de sa question sur mon apparence, elle y replongea de plus belle. Elle reposa la question, de sorte que je ne puisse répondre que précisément à ses propos, sans plus les déjouer. Elle alla même jusqu’au chantage, indiquant que si ma réponse lui semblait sincère, elle écouterait ce que j’avais à dire. Sinon pas.

Sans la quitter du regard, je lui répondis finalement, franc et direct :

« Si vous ne voyez rien d’humain en moi, c’est parce que je n’ai rien d’humain. Je suis le fruit de deux espèces qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Je dois aux elfes noirs la carnation de ma peau. Aux orques mes traits disgracieux m’éloignant des standards elfes. Pardonnez ma prudence. Je crois que les elfes noirs ne sont pas très bien vus, par ici. »

Je me penchai en avant, décroisant les jambes et la fixant plus intensément.

« N’est-ce pas ? »




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    [708 mots]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Jeu 10 Nov 2016 21:19 
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Maison Kartage – Salon d'Elysha


    La patronne des Kartage hocha la tête aux premières paroles de Vadokan, concernant le chef de la sécurité.

    « Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée, mais Allan est très protecteur concernant cette Maison, essayez de le comprendre. »

    Puis, à la réponse du noir concernant son visage, Elysha sourit. D'un sourire franc, comme soulagée.

    « Je ne sais pas ce que sont les orcs, et je m'étonne qu'il y ait encore des espèces qui me soient inconnues sur ce monde, mais je suis heureuse d'apprendre que votre physique n'est pas le signe d'une mauvaise santé. »

    Elle semblait sincère, comme si le sort du bâtard lui importait réellement, d'une certaine manière.

    « Mais je comprends votre réticence à dévoiler vos origines shaakts. Notre société n'accepte pas aisément les vôtres, et nous ne pouvons pas dire que le gouvernement fasse quoique ce soit pour changer cela. »

    Elle perdit son sourire pour une expression plus pensive quelques secondes, avant de reprendre la parole.

    « Je vous suis reconnaissante de la confiance que vous accordez en mon jugement, Messire Og'Elend – l'ai-je bien dit ? - aussi je préfère vous prévenir que cette conversation est sous enregistrement. Ne vous inquiétez cependant pas, seules ma sœur et moi-même avons la possibilité d'écouter ce qui se dit dans cette pièce, ce n'est qu'une mesure de précaution juridique. Je ne peux cependant pas couper l'enregistrement. Accepterez-vous cependant de me révéler cette information à propos du Seigneur Valaï ? A moins que vous ayez prévu tout ce temps de troquer celle-ci contre autre chose ? Dans tous les cas, pour votre confiance, je vous dois de vous écouter, au moins. »

    Puis elle afficha un nouveau sourire, engageant et attendit la réponse du Noir.



[Vadokan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (vérité) ; 0,5 (bonus longueur) ;]

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Mer 16 Nov 2016 14:33 
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Apparemment attachée à son chef de la sécurité comme une petite vieille impotente le serait à son vieux limier grisonnant bavant sur son tricot en ronflant au coin d’une flambée un soir d’hiver coriace, elle prit la défense du bien nommé Allan, quasi anagramme d’un qualificatif se rapportant à un orifice fort sombre où les parfums délicats d’une nature bucolique s’oublient pour laisser la place à une nausée permanente, une éructation gazeuse de merde séchée et collée dans des poils racornis se rassemblant autour de ladite cavité comme des mouches autour d’une bouse fraiche. Elle affirma qu’il était attaché et protecteur à la maison Kartage, sans en donner la raison intrinsèque. Amer, sans doute, mais lucide malgré tout, je lui indiquai tout de go :

« Prenez garde : aucune loyauté n’est jamais acquise. Nombre sont les détours qui peuvent faire vaciller un homme dans ses convictions les plus profondes. »

L’argent, le pouvoir, l’amour, la haine, la rancœur, la folie… Il y avait tant de raisons pour qu’un homme apparemment fidèle retourne sa veste qu’il devenait presque impossible de prêter à quiconque sa confiance. Une conclusion cynique, sans doute, mais qui avait du sens, en somme.

La grande dame poursuivit en affirmant ignorer ce qu’étaient les orques, et s’étonna de ne connaître pas toutes les espèces présentes sur Izurith. Cessant là ses curiosités sur mes origines, préférant conclure, en toute logique, que je venais de ce monde plutôt que d’un autre, elle préféra insister sur son contentement que mon visage ne soit pas le stigmate d’une quelconque maladie. L’insulte latente était présente, quoique masquée sous un perfide voile de compassion mielleuse. Je restai insondable, muet de toute réaction vive ou notable. J’avais beau savoir ne pas recueillir le goût de beaucoup d’espèces en matière d’esthétisme, il était toujours frustrant de noter à quel point, jaugeant ma face, certains se sentaient faussement supérieurs. La sincérité compatissante dont elle semblait faire preuve ne prouvait qu’une chose, pour moi : elle avait eu peur de se voir souiller par l’hypothétique maladie dont j’aurais été atteint. Comment, après tout, diriger une telle maison sans être un minimum égoïste ?

Elle affirma comprendre ma réticence à avouer mes origines d’elfe noir, reprécisant ce que je savais déjà, qu’ils étaient mal perçus dans cette société humanisante et extrémiste. Elle laissa entendre, ceci dit, qu’elle ne trouvait pas juste cette ségrégation, et opposa au pouvoir en place une critique indirecte du Seigneur Valaï. Était-ce de la manipulation due à mes origines, ou la sincérité de son expérience que je sentais flotter dans ses propos libertaires visant à l’équité des races sur ce monde ? Elle capta en tout cas mon intérêt, et plissant les yeux d’un contentement masqué, je suivis son discours, prenant garde que mon regard ne quitte pas ses yeux pour plonger dans les détours de son décolleté, comme ça avait été le cas avec la voluptueuse Tina.

Et là, son sourire de convenance tomba pour révéler une mine plus inquiète, moins sereine. Pensive, elle resta ainsi quelques secondes, murée dans un silence de recueillement, avant de reprendre la parole, affirmant sa reconnaissance de ma sincérité, s’inquiétant de bien prononcer mon nom, ce à quoi je répondis d’un signe de tête approbateur, m’intéressant peu aux origines vocales de mon pseudonyme si connoté par les miens. Og’Elend, Sang-de-Traître, en shaakt de Caïx Imoros. Un nom dont j’avais su tirer une certaine fierté, dans le clan rebelle au pouvoir matriarcal des marais de l’Atha Ust.

Et là, elle me surprit, avouant que cette conversation était… enregistrée ? J’imaginais mal, avant qu’elle me le dise, qu’une telle chose soit possible. Mais la technologie de ce monde était bien différente de celle du mien, aussi compris-je sans peine qu’elle pourrait être intégralement retransmise à volonté, mot pour mot. Elle garantit cependant que je n’avais pas à m’inquiéter de ce point, affirmant que seules elle et sa sœur avaient accès à ces informations, précisant qu’il ne s’agissait là que d’une précaution juridique. Je levai un sourcil à cette affirmation. Juridique ? Qu’est-ce que la justice pourrait bien faire d’une conversation enregistrée en ce lieu privé ? Elle affirma néanmoins ne pas pouvoir couper l’enregistrement, me demandant si malgré tout, j’acceptais de lui livrer mon information sur le Seigneur Valaï.

Soudain inquiète, elle me demanda si j’avais prévu d’échanger cette information contre quelque chose. Je fronçai les sourcils un instant, plongeant mon regard d’obsidienne dans ses yeux pâles avant de répondre :

« Une fois cette conversation terminée, vous aurez tout autant que moi intérêt que cet enregistrement soit détruit, je le crains. »

Si tout se passait comme prévu, je mettrais à jour le complot en cette même pièce, et m’y joindrais éventuellement selon ce qu’elle m’en dira, comblant les zones troubles et brumeuses de ma connaissance de la situation. Elle m’inspirait en tout cas bien plus confiance et valeur que le seigneur Valaï et sa clique de gardes oppressants. Un coup de poker, encore. Mais pourquoi changer de stratégie d’approche, quand celle-ci fonctionnait ? Je précisai néanmoins les choses concernant un éventuel marchandage.

« Me prenez-vous vraiment pour un extorqueur opportuniste ? Il n’en est rien, et contre ma franchise je ne demande rien d’autre que votre oreille attentive, et votre propre sincérité, ensuite. »

Les bases du marché, car c’en était bien un, malgré l’aspect non matériel de la chose, étaient posées. Je pouvais poursuivre sans plus me cacher, prenant cependant des pincettes pour ne pas trop en dire, ni ne révéler l’ensemble du plan de Valaï, ce qui pourrait desservir la couverture de mes collègues aventuriers. Ce coup de poker ne concernait que moi, et ne causerait que ma propre déchéance, en cas d’échec cuisant. Je poursuivis sur cette voie dangereuse :

« Ainsi donc, j’ai des informations sur Valaï, oui. Et je suis extrêmement bien placé pour en avoir, car il a personnellement fait appel à mes services pour enquêter sur un possible complot contre sa personne, fomenté par les elfes gris et noirs avec l’aide d’une maison noble majeure de la Cité. »

Le pavé était lancé.

« Mais mon allégeance, et je lui ai signifié, ne lui est pas acquise, et je déplore, tout comme vous semblez le faire, sa politique d’exclusion des elfes de tous bords. Ne le prenez pas comme une insulte, dame, mais mes soupçons premiers se sont portés sur votre maison, vers laquelle je me suis donc dirigé pour comprendre les tenants et aboutissants de tout ceci, votre vision du problème, et votre implication possible dans ce complot qu’il craint et dont il se protège au mieux. »

Je gardai expressément des informations pour moi, sans m’en cacher. Révéler directement l’intégralité de son jeu sans garantie n’était pas pertinent : elle n’aurait plus qu’à m’exécuter alors pour ne prendre aucun risque. Non, je devais rester maître des informations, et un futur allié puissant, déjà infiltré, en cas d’aveu sincère de sa part. Je la laissai réagir, répondre à la demande presque explicite de me révéler ses connaissances sur le sujet. Je croisai les doigts devant mon visage en attendant sa réponse, fier par avance de mon petit effet.

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 Sujet du message: Re: Maison Kartage
MessagePosté: Ven 18 Nov 2016 20:06 
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Maison Kartage – Salon d'Elysha


    Elysha écouta attentivement Vadokan, sans le couper. Les seuls commentaires qu'elle fit étaient muets, seulement représentés par les mouvements de ses sourcils. Elle les fronça d'abord, très légèrement, lorsque le Noir affirma qu'elle aurait intérêt à détruire cet enregistrement. Le froncement s'accentua lorsqu'il évoqua sa mission, donnée par Valaï. Mais ils se haussèrent lorsqu'il expliqua la nature de cette mission, et les elfes. Enfin, son expression se fit de nouveau plus neutre par la suite.

    Lorsqu'il eut terminé, finalement, elle se mordilla la lèvre inférieure d'un air concerné quelques secondes avant de prendre la parole.

    « Je vois, » fit-elle simplement. Puis, après un nouveau silence, elle appela d'une voix forte : « Allan ? »

    Le chef de la sécurité apparut immédiatement, aux aguets, mais elle le rassura d'un signe de la main.

    « Dites à ma sœur de venir immédiatement, » ordonna-t-elle.

    Et, aussitôt, le garde en chef hocha la tête avant de disparaître de nouveau. Enfin, Elysha se tourna vers Vadokan pour s'adresser à lui.

    « Ce que vous me révélez là est d'une extrême gravité, messire Og'Elend. Mais avant d'aller plus loin j'aimerais savoir une chose. Pourquoi m'en parler si ouvertement ? Je comprends que vous ne fassiez pas aveuglément confiance au Seigneur Valaï, mais il y a toujours le risque pour que la majeure partie de ce qu'il ait dit soit vrai et que, comme vous le pensiez, je sois derrière ce complot. Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne suis pas simplement une dangereuse et ambitieuse noble désirant conquérir Izurith ? Si tel était le cas, je pourrais simplement vous faire exécuter ici même, ou bien vous torturer dans le but de connaître la position de vos complices – car je suppose qu'il n'a pas laisser une telle tâche à un seul homme ? »

    Elle croisa les bras sous sa poitrine avant de continuer.

    « Je ne sais pas quoi vous dire, Vadokan. Je pourrais vous affirmer que nous ne sommes pas derrière ce soi-disant complot, mais quelle raison auriez-vous de me croire ? Cependant je vous le dis : je ne suis pas derrière ce complot. Ma Maison a certes connu une certaine expansion récemment, mais ni moi ni mes aïeuls n'avons été assez idiots pour nous allier avec une force politique qui n'a d'autre envie que de nous assouvir. Je suis pour le respect de tout être vivant et l'égalité des espèces, mais cela ne signifie pas que je serais prête à risquer la vie de tous mes concitoyens pour une stupide lutte de pouvoir dont je me moque éperdument. J'ai bien assez à faire avec la reconstruction des Quartiers Rouge et Orange. »

    Son ton était bien plus ferme que précédemment et elle avait perdu son sourire avenant, mais elle n'en restait pas moins douce dans sa façon de parler.



[Vadokan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (vérité) ; 1 (bonus longueur) ;]

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