Kalad'aes voleta jusqu'à se poser sur une branche au niveau de ton visage. Tu remarqua alors que sa robe était en fait une multitude de fils de toutes les couleurs. Tu n'osais imaginer la complexité pour tisser une telle chose...
Elle te regarda d'un air grave, comme pour te jauger, puis, se lança :
"Je suis une matriarche, et également une prêtresse des milles couleurs, comprenez par là que je suis gardienne des traditions. Nous ne vénérons pas vos dieux, notre tâche est de connaître par cœur les dates des célébrations, les chants, les danses... afin de pouvoir les organiser comme il convient. En tant que tel, je connais, bien sûr, la légende du feu dans le ciel. C'est une légende incroyablement ancienne et presque totalement oubliée, on ne se souvient aujourd'hui que de quelques bribes et éléments éparses... D'après cette légende, nous serions tous issus de la ruche du phénix, lieu mythique ou les ma^les et les femelles forment deux sociétés distinctes et égales. C'est absurde, bien sûr, comment pourrions-nous venir d'un lieu dont nul ne connaît l'emplacement ? D'innombrables aldrydes ont sillonnées Nirtim à sa recherche sans jamais la trouver. La légende mentionne également l'apparition du feu dans le ciel à la fin de chaque cycle de notre calendrier, les aldrydes, mâles et femelles, devront alors se rendre à la ruche du phénix pour célébrer son retour. Tout cela semblait un tissu de vieilles légendes oubliées, et personne n'y faisait plus attention, jusqu'à l'apparition de ces lumières, précisément alors que nous sommes à la fin de la dernière année du calendrier."
Son ton se fit plus fataliste :
"A partir de là, tout s'est emballé. Certaines ont commencé à se dire que la légende avait peut-être du vrai. Plus surprenant, les prêtresses des mille couleurs ont découverts que leurs chants et leurs danses pouvaient produire des effets magiques étranges, comme manipuler les éléments, et même créer des élémentaires ! Cela a créé des mouvements de paniques, notamment lorsque d'innombrables aldrydes venus d'ailleurs ont commencé à débarquer à Sartori pour demander conseil et protection. La ville à commencé à devenir ingérable... et c'est à ce moment là que la sororité s'est manifestée. D’abord ce qu'on appel aujourd'hui le premier cercle, une poignée d'aldrydes qui avaient rencontré un individu mystérieux, le Gris-marcheur. Celui-ci aurait soit-disant prédit le feu dans le ciel avant son apparition, et insisté sur le chaos qu'il représentait. Les pouvoirs des prêtresses n'étaient que la première goutte d'une averse qui allait tout balayer, et il fallait donc tout oublier, et effacer les traces de ces légendes et du feu dans le ciel... Au début, personne ne leur prêtait attention, mais elle ont utilisé une vieille amulette, un objet mystérieux et très ancien. Avec la venu du feu dans le ciel, cet objet s'est réveillé et pouvait, semblait-il, expliquer l'origine du feu dans le ciel. Toute personne qui regardait dedans devait mourir, affirmaient-elles. C'est pourquoi, au contraire des deux autres matriarches, je ne l'ai pas fait. Mais ce qui a permis l'extension de la sororité, c'est bel et bien que toutes les aldrydes qui regardaient les visions de l'amulette semblaient bel et bien terrifiées. "Incommensurable", "délirant", "impossible", étaient les seuls mots par lesquels elles pouvaient exprimées ce qu'elles avaient vu. Bien vite, d'innombrables aldrydes se sont ralliées à elles sans même avoir regardé..."
Elle semblait à la fois abattu et en colère. Tu pouvait ressentir son désarrois et son incompréhension devant ce phénomène surnaturelle qui avait retourné la tête de son peuple en si peu de temps. Ce n'était pas fini, cependant :
"Plus tard, une nouvelle aldryde est venue. une certaine Shada'iss. Elle prétendait être une princesse de la ruche du phénix, rien que ça ! Elle voulait libérer les mâles pour que tous puisse y retourner... quand bien même elle admis ne pas savoir où trouver cette maudite ruche ! Évidemment, son discours semblait peu crédible, et les deux matriarches de la sororité voulurent la faire taire. Pour ma part, j'étais d'accord sur un point : plutôt que de s'agiter en tout sens, nous devrions étudier les informations que nous pourrions trouver à travers le monde et comprendre le phénomène... Shada'iss, qu'elle mente ou non, pourrait nous aider. Mais la sororité voulait au contraire détruire toutes les traces et a fait pression. Au conseil, la voix de la reine compte pour deux. Aussi, si elle s'était ralliée à moi, nous aurions pu évité tout ça, mais la majorité aurait été faible, et Calliopée n'aimait pas les menaces de Shada'iss, qui se disait prête à lever une armée rebelle. Entre la pression politique de la sororité et la pression militaire de Shada'iss, elle a choisi ce qu'elle pensait le meilleur. Elle avait oublié une chose cependant : Sartori ne représente pas toutes les aldrydes, même si c'est la plus grande ville. Shada'iss a convaincu bien des ruches extérieurs et des familles isolés. Ses menaces n'étaient pas du vent : en un mois, elle avait levée une formidable armée, et un de ses sympathisant avait même volé l'amulette de la sororité. Et voilà où nous en sommes : la ville est bien protégé et les rebelles ont peu de chance de la prendre, mais hors de la ville, elles seront victorieuses à coup sûr. Un statu quo qui ne peut que déboucher sur un massacre si personne ne fait rien. Mais quoi qu’ait pu vous laisser entendre la reine, il est trop tard pour faire machine arrière. "
Elle écarta les bras, l'air fatiguée :
"Je voulais comprendre le feu dans le ciel pour savoir ce qu'il fallait faire. Les autres ont préféré s'en remettre aux belles paroles sans preuves et aux promesses... et voilà comment démarre une guerre idéologique ou tout le monde pense avoir raison alors que, probablement, tout le monde à tort. En plus, maintenant, les peuples de géants ont fini par être mêlés de tout cela et les ynoriens nous regardent d'un mauvais œil... Et moi je ne peux que regarder mes sinistres prophéties se réaliser et mon peuple se détruire à petit feu. Si vous pensez avoir une solution, je veux bien l'écouter, mais j'ai bien peur qu'il ne soit trop tard pour éviter la guerre."
Elle te regarde, toujours avec son air fataliste. Manifestement, elle n'attendait pas grand chose de toi, à toi de lui démontrer qu'elle était dans l'erreur.
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