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 Sujet du message: Les 'portes' de la Cité
MessagePosté: Jeu 30 Oct 2008 21:04 
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Les "portes" de la cité


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Aux confins de la forêt entourant la partie sud des massifs d'Hidirain, se trouve un lieu où les montagnes semblent jaillir soudainement devant le voyageur, l'entourant d'un cirque rocheux infranchissable d'où chutent avec fracas des cascades de tailles diverses.

Et c'est l'une de ces cascades qui sert de porte à la ville, la dissimulant parfaitement aux yeux du monde extérieur. Seuls des yeux d'elfes pourront voir la silhouette immobile du guetteur sur les rochers, plus haut, mais si vous approchez trop sans avoir un guide ou être connu en ces lieux, il ne fait nul doute que vous serez interpellé et incité à exposer les raisons de votre présence. En cas de grabuge, vous découvrirez peut-être que les Taurions sont capables d'une incroyable discrétion dans leurs forêts, et que les alentours ne sont pas dépourvus d'arcs fort adroits bien que vous n'ayez aperçu âme qui vive jusqu'à cet instant.

Une fois passée la chute d'eau, vous entrerez dans une magnifique grotte longue comme un tunnel. C'est au bout de cette galerie d'une cinquantaine de mètres que se dévoile enfin à vos yeux la fabuleuse cité elfe d'Hidirain, la perle blanche des montagnes de l'Imfitil.

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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Mer 2 Sep 2009 21:13 
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Enfin !

Enfin les portes de cette ville promise se tiennent devant moi. J'avais déjà traversé cette forêt il y a ... combien de temps déjà ? Je l'ignore, la longue marche à travers la forêt m'a épuisé.

Une petite pose me sembla méritée, je déposai mon sac vide dans l'herbe grasse et lançai un rapide coup d'oeil aux alentours.

De longues cascades dégringolaient d'une chaine montagneuse dans un fracas assourdissant. Sur les parois acérées on devinait une mousse centenaire couvrant d'une chaude couverture la roche polie par le temps. Une crique où frétillaient quelques poissons stagnait à quelques mètres de la cascade la plus proche, d'un calme perturbant face à l'incroyable remous.
De l'autre coté, face aux montagnes, se tenait la forêt, qu'on devinait bruissant posément dans le clair-obscur procuré par les branches feuillues.

"Un petit somme?"

Je me couchai, ma besace en guise d'oreiller, et m'endormis.





"Cuit ! Cuit ! Cuit !" criaient des abominables humains à tête d'aigle. Ils étaient une bonne centaine, tous rassemblés autour de moi, et leur becs pointus semblaient sourire d'un air goguenard. "Tu as mérité la mort par le feu !" me lança l'un d'entre eux.
J'ai regardé en bas, contemplant ainsi le bucher qui commençait à prendre sous mes pieds. "Je suis innocent, que me voulez-vous ?" ai-je hurlé.
"Il est trop tard pour t'en vouloir, tu auras l'éternité de l'enfer pour penser à ce que tu as fait ! Cuit ! Cuit ! Cuit !"




J'ouvris les yeux, suant à grosse gouttes. "Cui cui cui" répétait inlassablement le pinson à l'orée du sous-bois.

Encore dans les vapes et sous le choc, je lui ai lancé un regard meurtrier, et sans me retourner, j'ai épaulé mon sac et je me suis approché d'un pas rapide de la cascade la plus proche.

"Saloperie de piaf !"

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Epsylon, Humoran Guerrier


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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Dim 13 Sep 2009 19:40 
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<< Les Alentours.


La démarcation était franche. Comme taillée par l’arme extrêmement affûtée d’un géant. Au moins, n’était-ce pas une illusion ? Il tendit le pied et éprouva la surface. La sensation était étrange. Il avait l’impression que son corps était scindé, déchiré entre deux mondes. Contact tendre et moussu, impression dure et rugueuse.

(Allez. Quelque part, matérialiser la transition, ça devrait m’aider, non ?)

Il expira, longuement. Ferma les yeux. Serra les poings. Son deuxième pied rejoignit le premier. Il trembla, nerveusement, de haut en bas, comme pris de spasmes. C’était officiel. Il venait de quitter le cocon. C’était terrifiant. Il tournait le dos à son ancienne vie, tant physiquement que psychiquement. Il lui restait à affronter l’avenir, surmonter ses obstacles qui se dresseraient devant lui, comme ces montagnes qui les symbolisaient, et à profiter de ses moments plus calmes, délicieux, à l’image de ces cascades...

(Bon, assez intellectualisé la chose. C’est un cul-de-sac, apparemment, alors autant en profiter pour s’y reposer.)

Le fracas de l’eau l’attirait, indéniablement. Les reflets de la douce lumière argentée lui murmuraient de s’approcher… L’écume duveteuse était une promesse de douceur… Les remous s’engageaient à être mille et un massages pour son écorce endolorie… Alors, que fichait-il encore là ? Tel un conquérant, il marcha droit à la chute la plus proche, cala son bâton debout dans une anfractuosité à proximité et se glissa avec volupté dans le bassin.

(Qu’est-ce que… ?)

L’Homme-Arbre tenta de stopper sa pénétration dans la coupe, mais dérapa et se retrouva à barboter pathétiquement. Il fit une moue dégoutée.

(Imbécile.)

Ça oui, il pouvait le dire ! Il venait de gâcher le plaisir de l’onde vous ceinturant, vous prenant délicatement, telle une maîtresse aimante, s’insinuant dans les moindres recoins avec une lenteur exquise… Tout ça à cause d’un morceau de tissu ! Eh bien, il allait falloir qu’il s’habitue à porter des vêtements… Et surtout qu’il n’oublie pas de les enlever. Il dénoua rapidement les cordons qui maintenaient le sarouel à sa taille et, avec une dextérité qu’il ne se soupçonnait pas, l’enleva en un tournemain et le lança sur son bâton, sur lequel il pendit misérablement, fanion dégouttant.

Maintenant libéré, Jacaranda s’immergea, assis sur une pierre boueuse au centre de courants contraires, se détendit et se laissa revigorer par le transparent fluide à la fraîcheur plus qu’appréciable. Il y avait longtemps qu’il ne s’était baigné en ressentant un tel bien-être. Sous la surface, il s’amusa à déplier et replier ses orteils, durement éprouvés par son périple, à tracer des signes incompréhensibles dans le sol boueux, à faire le poisson avec ses mains... Oui, bon, chacun se divertit comme il le peut ! Mais même cet amusement avait ses limites. L’Oudio mourait d’envie de sentir une multitude de gouttelettes se fracasser avec force sur sa ramure, et il fit de l’œil, de plus en plus souvent, à la cataracte en elle-même… Finalement, n’y tenant plus, il se leva et, luttant contre la répulsion de la cascade, qui semblait vouloir, fille pudibonde, le rejeter, il força et s’introduisit sous la légère jupe de cristal liquide… Et quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver nez-à-nez avec une grotte, alors qu’il s’était voûté pour amortir le choc contre une paroi de roc compact !

(Ouais, enfin, nez-à-nez, c’est pas vraiment le mot. Grotte non plus, d’ailleurs.)

La roche semblait lisse, comme patinée par des milliers de pas, et iridescente… Pensant d’abord que ce phénomène était dû à l’humidité ambiante, le jeune curieux s’aperçut que cette luminosité colorée émanait aussi de fins éclats de cristaux incrustés dans les parois. Et que la source de cette clarté si particulière émanait de l’autre côté du… Tunnel, donc ? Il allait pousser plus avant ses recherches, quand il repensa à son sommaire équipement. Aussi basique fut-il, il ne pouvait décemment pas le laisser à l’abandon, nul ne savait jusqu’où pourrait l’emmener son exploration. Il rebroussa donc rapidement chemin, et, à la lumière pâlissante de l’aurore, rassembla ses affaires. Il leva la tête pour jauger les montagnes, se demandant quels secrets pouvaient bien se tapir derrière elles… Et son cœur manqua un battement.

(Non. Non, ça ne devait être qu’une ombre.)

Il secoua la tête pour se débarrasser de cette idée saugrenue. Il lui avait semblé apercevoir une silhouette au faîte d’un amas de roches. Mais à cette heure-ci, il était aisé de confondre de la caillasse avec… N’importe quoi, en fait. Et puis quelqu’un aurait laissé des traces. Non? Dans le doute...

« Ohé? Y'a quelqu'un?»

(Oui, c'est moi, c'est la montagne qui te parle... Dis donc, mon petit Jac', tu as encore mangé des champignons à pois, toi, non?)

Enfin, qu’importe ! Il entortilla le vêtement autour de son précieux jalon, et refit le chemin avec plus d’aisance, cette fois. Par chance, la galerie n’allait pas en étrécissant, ce qui aurait été un sérieux problème, et elle semblait solide, ce qui était double chance : il ne se voyait pas finir en étai pour couloir croulant. Ses pas, martelés, se répercutaient à l’envi contre les aspérités, musique rythmique, battements de tambour accompagnés du craquement de son déplacement et du susurrement de son bâton chantant. Tout n’était que mélodie pour qui savait écouter, comme le disait si bien Argy !
Bien. Combien pouvait mesurer ce trou… Plusieurs enjambées de long, c’était déjà une certitude, mais l’aspect neutre et répété des parois donnait la dérangeante impression de faire du sur-place. Heureusement, il existait un indice tangible. A en juger par le souffle d’air, qui, d’une timide brise, avait évolué en bourrasques plus soutenues, la sortie ne devait pas être loin. Peut-être après ce coude ?

« Halte ! »

(Ah bah oui.)

Jacaranda, ébloui, tenta de distinguer qui l’apostrophait de la sorte. Les yeux entrouverts, couverts de sa main aux doigts à peine écartés, il habituait sa vue à la débauche de lumière. Devant lui, se dressaient deux formes, arcs bandés tendus en sa direction. Leur carnation verdâtre, leurs oreilles pointues et leurs yeux en amande ne laissaient aucun doute sur leur origine.

« Euh… Salut ? »
« Yuimen tout-puissant… »

Leurs flèches pointèrent vers le sol. Ils avaient l’air… Comment qualifiait-on cette expression, déjà ? Ah oui. Ebahis. L’Homme-Arbre se retourna. Il n’y avait pourtant rien d’extraordinaire derrière lui. Ni où que ce soit, d’ailleurs. Alors, quoi ? Il avança d’un pas. En réponse, les sentinelles, car c’en étaient à n’en point douter, amorcèrent un mouvement de recul.

« N'approchez pas!»

La fêlure dans leur voix dénotait une peur par trop évidente. Mais peur de quoi? Ils étaient là, à se jauger… Evidemment. Et le protocole, alors ?

« Excusez-moi. » Une main sur le cœur, il s’inclina respectueusement. « Je suis Jacaranda, issu de la lignée des Flamboyants Bleus. Moi, Oudio de la treizième génération, sollicite un passage en votre territoire. Je fais serment de ne fouler votre terre qu’avec déférence et m’engage à retourner leurs sentiments à ses habitants. »

La formule était pompeuse, soit. Mais elle avait quelques siècles d’existence derrière elle, et la fréquence des contacts des Oudios avec les autres peuplades la rendait presque obsolète… Cependant, c’était la seule qu’il connaissait. Etait-elle encore efficace ? Le doute, cet infect poison, s’instilla, goutte à goutte, dans son cœur. Et s’il avait fait erreur ? Bah, s’il ne s’agissait que de confusion entre telle et telle phrase, ce ne serait pas un drame. Il était de bonne foi, il n’était pas là pour ravager leur vie, alors, aussi longtemps que cela prenne, ils finiraient par lui accorder droit de passage. Chacun campait sur ses positions. Les dards étaient encore braqués en sa direction, et, entre les mains peu assurées qui les tenaient, ils risquaient de partir à tout instant. Et avaient de grandes chances de passer à côté de lui. Qu’importe. Zewen pouvait bien avoir suspendu l’envol du temps dans l’épaisse lumière ambrée…

(J'suis pas pressé, moi. Et en plus, j'suis pas trop sujet aux crampes.)

« Que se passe-t-il, ici ? »

Un homme grand, élancé, plus mûr que les autres, s’approchait. Il hélait avec fermeté le binôme. Ses habits étaient frappés d'une de ces choses qu'il avait vues aux bras des guetteurs, quand ils faisaient leur ronde. son père lui avait expliqué que c'était leur manière de se présenter entre eux, et qu'ils l'affichaient sur tout ce qui constituait leur armement. Cependant, c'était la première fois qu'il en voyait à cette image... Hache et flèche croisées. Le raidissement de ses vis-à-vis montrait avec évidence qu'il leur était supérieur. Peut-être était-il l'équivalent d'un Ancien, ici?

« Alors? J'attends! »

Conscient du malaise de deux jeunes gens, Jacaranda s'inclina en direction du nouveau venu et répéta la phrase rituelle. L'homme au viasage buriné et aux longs cheveux perle lui sourit et prit la parole. Sa voix était chaude et douce, un tapis de mousse sous un soleil d'été...

« Voilà bien longtemps que je n'avais entendu ces mots... Soit le bienvenu, Enfant de la Forêt. Sois libre de circuler parmi nous aussi longtemps que tu respecteras ton serment. Sache que cette Cité ne perdure que par sa discrétion. Aussi, quand tu seras sur le point de la quitter, te prions-nous de ne dévoiler son chemin à personne. Va, maintenant, et découvre. Je te retrouverai plus tard, si besoin est. Et vous, pleutres! C'est ça que vous appelez monter la garde!? Que se serait-il passé si je n'étais pas venu voir comment se débrouillaient les nouveaux miliciens? »

L'Oudio sentit que la partie le concernant était terminée; alors, d'une courte révérence, il remercia et salua le vieil homme, qui lui rendit un signe de tête, et commença à avancer. Le jour levant nimbait chaque bâtiment d'une lumière rose, qui allait s'éclater sur les moindres enjolivures de chaque balustrade ornementée, soulignait chaque interstice entre deux pierres d'un blanc marmoréen... Tant de beauté...

(Bon. Il ne me reste plus qu'à me balader, je finirai bien par trouver quelque chose qui m'attirera...)

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Jacaranda ~ Oudio ~ Guérisseur


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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Ven 17 Sep 2010 13:11 
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Cette cascade me donnait envie d’y plonger. Cela serait un cruel manque de respect envers les elfes qui demeuraient dans cette Cité. Je pouvais la voir à travers le long tunnel qui reliait la cascade à la ville. Il devait certainement y a voir des gardes bien cachés autour de l’entrée mais j’étais incapable de les voir. Protéger le secret de cette ville était essentiel pour ses habitants. C’était un bon moyen de se protéger de toute incursion ennemie.

Je les enviai pour ça. Notre clan avait connu quelques problèmes durant mes premières années. Je me surpris à repartir quelques années en arrière, pensant avoir enfoui ces souvenirs loin dans ma mémoire.

- « Eonim, que se passe-t-il ? »

- « Nous sommes attaqués. Suis-moi dans la grotte. »

Je n’avais pas tout compris de ce qui se passait au dehors. J’ai suivi aveuglément mon amie qui m’entraîna vers la grotte ou nous avions l’habitude d’aller jouer. Plus âgé que moi de 6 ans, je le considérais comme mon grand frère, bien que ce genre de conception ne fût pas permise dans notre tribu. Je pus lire de la peur dans son regard, habituellement inexpressif. Je compris à ce moment-là que quelque chose de grave se déroulait dans notre village. Il me prit tendrement dans ses bras et me lécha le visage. C’est là que notre histoire a commencé. Je ne serais pas capable de dire si c’était de l’amour mais c’était quelque chose de très fort, un sentiment qui pouvait soulever des montagnes.

- « Attendons ici jusqu’à demain. La nature nous fournira de quoi nous nourrir. »

De retour à la réalité, je me surpris à me faire éclabousser par l’eau claire de la cascade. Mes pas m’avaient inconsciemment conduit à travers le tunnel. Ce souvenir était un des plus heureux que j’avais. Cette relation que j’entretenais avec Eonim était puissante. Sa dent trônait fièrement autour de mon cou, me rappelant ce que j’éprouvais à son égard. Je venais de sortir du tunnel et je me trouvais maintenant devant plusieurs cascades. Mon voyage m’éloignait de lui, je le savais et cela m’attristait beaucoup. Une fois sortit de la ville, je pris la direction des bois environnants. Je savais de par notre chef que le clan bratien était difficile à trouver mais j’avais bon espoir de tomber sur leur trace rapidement.



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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Mar 12 Avr 2011 13:49 
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Enfin.
Il était temps.
Fini les réprimandes familiales, le regard des autres, il manquerait plus qu'un nain ne me regarde de haut. Cette pensée ironique me fit rire silencieusement.
Je m'assis sur un rocher par paresse. Non pas que je ne sois pas motivée, mais... si en fait je ne suis pas motivée.
Tout ce que je veux après tout c'est retrouver mon statut.
Puis je me mis à fumer une herbe de Lúinwë qu'une amie m'avait ramenée d'un voyage.
(Bon, que fais-je à présent ?)
Pour passer le temps en réfléchissant, je m'amusais à faire des marques sur le sol avec mon baton. Une mèche de cheveux tomba devant mes yeux, irritée, je me fis un chignon que j'enroula avec mes propres cheveux. Je ne sais même pas par où commencer, à dire vrai je ne sais même pas si la personne enterrée que je cherche a une tombe, ou ne serait ce qu'existé.
Il fait beau, le soleil est au rendez vous, ainsi qu'une légère brise, me faisant oublier la pesante réalité. Je décide d'enlever mon châle, dévoilant une partie de ma poitrine pourtant bien dissimulée par ma robe.
Tapotant la terre avec un de mes talons, une idée me vint à l'esprit.
"La terre.. mais oui bien sûr !" dis je silencieusement.
Je me leva, fuma le reste de ma substance, me peintura les lèvres d'un rouge cramoisi, puis me mit en marche vers la cité d'un pas assuré, bien que lent.

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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Lun 30 Juil 2012 00:33 
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Hidirain, enfin ! La cité elfique était enfin devant eux. Certes trouver le 'chemin' pour y accéder fût compliqué à trouver ... Car caché dans une cascade ce n'était pas évident de passer correctement. Le groupe entier était donc arrivé à bon port, ils étaient maintenant tous dans les rues de la ville. Elle ne ressemblait pas vraiment à ce qu'ils avaient tous put voir chacun d'entre eux, c'était assez 'atypique' comme endroit. Des ruelles à en ravir les pupilles car la verdure et les plantes y avaient élus domicile tout en étant 'maitriser' par les elfes, ce qui donnait un résultat tout simplement extraordinaire. Hidirain était un véritable petit parc de château si on pouvait dire. Festenhärt mena alors sa petite troupe jusqu'au coeur de la ville, il avait réussi à ne pas faire remarquer le groupe en leur suggérant de rester très distant l'un de l'autre les elfes étaient tout de même très méfiant envers les étrangers ici. Il fallait se faire très discret donc de ne pas chercher les embrouilles ... Un petit havre de paix empli de calme et de sérénité, ce n'était alors pas forcément la meilleure destination pour régler des comptes pensa Warren. Mais il faisait confiance au mercenaire, ce dernier n'avait pas l'air si fou que cela voir même il était plutôt posé. Le petit groupe arriva alors au coeur de la cité et ce ne fût qu'à ce moment que Festenhärt expliqua le plan à tous.

-"Bien ! Donc comme vous le savez nous sommes en territoire elfique … Autrement dit pas de connerie ok ? On va se séparer pour le moment pour être plus discret et je vous suggère à tous de faire le plein que ce soit en potions, en provisions, armes et tout ce qui nécessaire pour le voyage."-


L'imposant guerrier en armure se retourna vers le fulguromancien et lui expliqua ce qu'il va devoir faire.

-"Quand à toi tu ferai mieux d'aller te procurer tout ce dont tu as besoin pour ré-assimiler tes capacités le plus rapidement. J'entends par là fluides et parchemins … Et j'ai même entendu dire qu'une boutique vendait des talismans de combat, prends en un aussi ça t'aidera énormément. Après tout vu la taille de ta bourse je pense que tu en aura largement les moyens."-

Warren se saisit alors de ce petit sac en cuir et sentit qu'il n'avait pas tort, son poids était quand même un peu conséquent. Soit, il irait acheter tout ceci après tout ça ne pourra être que mieux pour lui. De toutes façons il fallait bien que ces yus servent à quelque chose. C'est ainsi que le groupe se 'sépara' et chacun partit de son côté. Avant cela le chef avait donné un point de rendez-vous, à la tombée de la nuit ils devaient tous se retrouver dans l'unique auberge de la ville celle du 'Neligo Solitaire'. Le jeune mage acquiesça d'un geste de tête puis se mit donc à chercher où trouver ce dont il avait besoin. Depuis son réveil il n'avait pratiquement jamais affiché un seul sourire, il avait toujours le même type d'air sur son visage. Toujours comme si quelque chose le tracassait et qui l'empêchait d'être d'humeur éclatante. Mais ce n'était qu'un détail après tout ... Ne sachant donc pas trop où se diriger exactement il interpella alors un passant. Un jeune elfe qui semblait être résident d'Hidirain, peut-être une mauvaise idée de lui demander vu qu'ici on n'aime pas les voyageurs. Warren essaya alors d'être le plus poli que possible malgré cela.

-"Excusez-moi mais sauriez-vous où je pourrai trouver une boutique de magie ?"-

L'elfe dévisageant le jeune homme de la tête aux pieds finit par lui répondre en lui indiquant que seule la boutique de 'Myrddhan Eordyn' vendait des articles de ce genre. Montrant par la voix et par des gestes le chemin vers la boutique le jeune mage le remercia et fila à toute vitesse l'endroit indiqué. Il avait déjà une liste bien établie dans sa tête : Quelques fluides, des parchemins de sorts, et peut-être revendre certain des objets qui trainaient dans son sac qui se faisait de plus en plus lourd. Mais aussi celui de faire identifier cette vieille rune qu'il se souvient vaguement d'où il l'avait eu ... À la sortie de quelque chose. Tout était en très flou dans sa tête Warren ne se souvenait pas encore très bien de ce qu'il avait vécu avant son premier réveil dans cette lugubre cave. Cette pierre qui était dans son sac était le seul 'souvenir' lui permettant de se rappeler d'un passage de son passé. Quelques minutes de marche plus tard le voilà qu'il était passé de grandes rues et avenues charmantes à une petite ruelle fort bien reculée. Ce n'était pas non plus un caniveau à Hidirain cela n'existait pas ... La rue était en fait le derrière du temple de Gaïa. Cela frappa d'ailleurs Warren qui lorsqu'il vît cela il sentit comme un coup de tonnerre en lui. Sa mémoire n'avait pas oublié ce détail sur sa 'spiritualité' mais il n'y avait pas fait attention jusque là. Il poussa donc la porte et entra dans la sombre mais petite échoppe magique.

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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Mer 31 Juil 2013 17:23 
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Sildarim savait que derrière la cascade se trouvait un long couloir menant à l'entrée de la cité. Pourtant un détail au niveau de la configuration des lieux l'étonnait et le titillait sans qu'il parvienne à l'identifier. Quelque chose en rapport avec son premier passage en compagnie de Jon, mais impossible de se rappeller. Il haussa les épaules et fit un pas en avant, remontant le col de sa chemise et se tint prêt à être englouti sous une masse liquide, glacée et ruisselante.

C'est alors qu'il ressenti une légère douleur au sommet du crâne, tandis qu'un petit caillou tombait à ses pied.

"Dis donc, l'humain, puis-je te demander où tu crois aller comme ça ?"

Levant les yeux, il vit une jolie elfe, assise sur une pierre à 2 mètres au-dessus de lui, qui l'observait avec curiosité:

"Hé ça fait mal, est-ce ainsi que l'on accueille les visiteurs par ici ?"

"Les humains, oui… Alors tu fais quoi ici ?"

" ça parait évident non ? je vais en ville, à Hidirain. J'ai des affaires à y traiter"

Pour une raison complètement incompréhensible, la jeune elfe semblait trouver la situation cocasse.

"Et bien alors, que tes affaires soient florissantes, l'ami, adieu !!"

Haussant à nouveau les épaules, il se remit en marche. Au moment où Il allait passer sous elle, la jeune elfe se laissa soudain tomber de son perchoir et atterrit à quelques centimètres devant lui.

"Où as-tu eu ce plastron ?" demanda-t-elle soudain agressive en enfonçant un doigt dans la poitrine du jeune homme.

"Mais c'est quoi ton problème ????? répondit-il sur le même ton, sentant la moutarde lui monter au nez devant l'attitude de la jeune elfe. Si tu veux le savoir, c'est un cadeau de mon maître qui a disparu sur les rivages d'une terre lointaine et que je cherche à retrouver !!! Et je n'ai vraiment pas de temps à perdre à jouer au jeu des questions-réponses avec toi."

La jeune elfe resta silencieuse un instant avant de reprendre plus gentiment:

"C'est toi le semi-elfe qui a été choisi par Jonweld pour être son apprenti ?"

"Oui, c'est bien moi, tu le connais ?"

"c'est mon oncle, et tu n'es pas le seul à t'inquiéter à son sujet."

Elle lui tendit la main en un geste apaisant.

"je me nomme Miradlis, et si tu passes sous cette cascade, tu ne reverras jamais la lumière du jour, elle s'ouvre directement sur une crevasse de deux cents mètres de profondeur. Je me serais attendue à mieux de la part de l'apprenti du meilleur rôdeur de la région. Suis-moi, je vais te conduire au bon endroit".

Sildarim resta un instant muet, il venait de comprendre qu'il avait frôlé la catastrophe. Ces crevasses étaient réputées pour être extrêmement dangereuses, et comme un idiot il s'était entièrement fié à un mauvais jugement qui aurait pu le conduire tout droit à la mort. Miradlis le conduisit à l'entrée de la ville.

"Retrouve moi ce soir à l'auberge du Neligo solitaire, nous devons parler de mon oncle, et taches de ne pas te faire tuer jusque-là" dit-elle avant de disparaître dans l'une des nombreuses ruelles de la ville.

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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Mer 20 Mai 2015 17:50 
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Localisation: Entre Hidirain et Exech
Et voilà. On y était. Les portes d'Hidirain. Les portes de ma ville.

Le bruit de la cascade d'eau en face de moi résonnait avec force sur les parois de pierre, empêchant tout autre bruit de me parvenir. Ça allait beaucoup m'aider à ne pas réfléchir trop longtemps. Je jetais un coup d'oeil par dessus mon épaule, regardant une dernière fois la pénombre de la grotte menant à la cité elfe qui m'avait vue grandir. Ma gorge se serra un instant et je détournais immédiatement le regard. Pas question d'avoir de regret maintenant. Je devais partir. Je le savais depuis des années que je devais partir. Alors ce n'était vraiment pas le moment de douter.

Ma main se serra un peu plus sur l'arc de mon père que je tenais à la main et d'un geste habile, je le passais sur mon épaule, le calant avec mon carquois. Je poussais ensuite un profond soupir et redressais la tête.

- " Aller, m'encourageais-je. C'est parti."

Je pris le petit chemin qui contournait la cascade pour sortir sans me faire mouiller, puis je m'arrêtais une nouvelle fois, incapable d'aller plus loin.

Ce matin, en partant, j'avais déposé une fleur de lys devant la porte de la chambre de ma tante pour lui apprendre mon départ. Depuis maintenant 92 ans, c'était elle qui avait pris soin de moi, m'apprenant tout ce que mes parents auraient dû m'apprendre, m'apportant toute l'attention nécessaire et m'élevant comme sa propre fille. J'avouais avoir du mal à partir sans aucuns regrets. Je me tournais une nouvelle fois vers la cascade et mon regard tomba sur une silhouette à peine visible derrière le rideau d'eau. C'était la sentinelle de la ville. Je ne l'avais que deux ou trois fois, aux rares occasions où moi et ma tante sortions de la ville. A vrai dire, je n'étais jamais allée plus loin qu'ici et je devais avouer que ça ne me rassurait pas beaucoup.

Je secouai vivement la tête, tournai le dos à la cascade et pris une grande inspiration.

- Au revoir, peut-être; soufflais-je.

Et je m'enfonçais dans la forêt.

Direction Exech.

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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Lun 1 Juin 2015 16:53 
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Localisation: Alentours de Khonfas
Les portes d'Hidirain

A mon grand soulagement, mon compagnon de route prend les devants avec les taurions. J’en profite pour les regarder à la dérobée, observant avec un mélange de fascination et d’étonnement leur peau verte, faite pour se mêler aux arbres. Après réflexion, ma fourrure tachetée sert elle aussi à me camoufler dans le désert, bien que je n’ai jamais pu m’en servir du temps de ma captivité. Du temps de ma captivité… Autant dire toute ma vie. J’ai encore du mal à m’imaginer libre. Et au vu de la tournure de la discussion entre Tanaëth et le taurion et malgré une petite réplique du sindel en langue vernaculaire, il semblerait que je resterai libre encore quelques jours. Si j’en crois les paroles de l’elfe vert, ils ont entendu parler de worans étant parvenu à s’échapper de la putride Khonfas et ont eût maille à partir avec les shaakts à notre recherche.

Il semblerait également que ces taurions aient entendu nos discussions de la veille et qu’elles nous servent, plaidant pour notre venue en paix sur leurs terres. Ils acceptent finalement de nous mener sur Hidirain. Je réponds de la même manière au sourire de Tanaëth et me place à leur suite sur les routes escarpées des montagnes d’Hidirain.

Au bout de quelques heures de marches, nous atteignons un petit plateau avant de reprendre notre ascension de la montagne. Je m’approche de notre guide.

- Excusez-moi…

- Ciryior.

- Sha’ale. Vous avez mentionné avoir connaissance de worans qui auraient également échappé aux Shaakts… En auriez-vous vu ?

L’elfe me lance un coup d’œil tout en continuant à marcher.

- Je n’en ai pas personnellement rencontré, mais certains taurions l’ont fait. Ils les ont aidé à traverser nos montagnes en sécurité. Vous êtes le seul que nous avons autorisé à entrer dans nos murs, et encore, c’est parce que vous êtes accompagné d’un de nos cousins. Et que nous vous avons entendu hier soir et n’avons trouvé aucune malignité dans vos propos.

J’acquiesce sans mot dire. J’avais espéré que certains de mes confrères worans se trouveraient dans la ville des elfes, mais il semblerait que cette chance ne me soit pas donnée. L’elfe semble saisir mont trouble, car il ajoute :

- Nous n’en avons pas vu beaucoup, nous ne savons pas ce qu’il est advenu des autres. Je suis désolé.

Il semble sincèrement désolé pour moi, pour autant que je sache lire un faciès taurion. Je m’enferme de nouveau dans mon mutisme, supportant la morne pluie qui ne cesse de tomber autour de nous. Voilà plus de deux heures que nous n’avons pas quitté la forêt, ni même entraperçu la moitié d’une clairière. Si j’avais cru que les arbres nous protègeraient, ce fut une erreur. S’ils filtrent le petit crachin, leurs feuilles ploient sous le poids de l’eau, laissant tomber de grosses gouttes qui viennent se loger dans les petits interstices de nos vêtements, dans le col de ma cape ou sur le bout de mon museau. Bien vite, je me mets à trembler de froid, mais je poursuis sans mot dire, ne maudissant même pas les cieux pour cette infortune. Ce soir nous ne verrons pas les étoiles.

Quoi qu’il en soit, au bout de quelques heures de route, l’elfe se retourne vers nous et annonce.

- Nul étranger ne peut pénétrer dans la cité sans que ses yeux ne soient au préalable bandés.

Nous acceptons les bandes de tissu qu’il nous tend et les plaçons sur nos yeux. Je suis obligé de la coincer dernière mes oreilles, car elle ne tiendrait pas autrement. Ceci fait, nous reprenons la route.

Nous marchons dans la forêt et à plusieurs reprises j’ai l’impression que nous tournons en rond. Ainsi, les taurions cherchent à perdre notre sens de l’orientation en plus de notre vue. Soit, je comprends la manœuvre. J’ignore si elle est efficace sur Tanaëth, mais elle l’est sur moi, j’ignore complètement où nous sommes. Au moins la pluie s'est-elle arrêtée, bien qu'il fasse trop froid pour que nous séchions efficacement.

Alors que nous progressons lentement, trébuchants, je finis par percevoir un grondement lointain qui s’accentue alors que nous avançons, emplissant l’air. Je suis incapable d’expliquer ce que cela peut être et ma tête se tourne d’un côté comme de l’autre, non sans une certaine panique en essayant de comprendre de quoi il s’agit. un très léger et diffus grondement s’échappe de mes crocs, probablement imperceptible. Mes compagnons semblent calmes cependant, aussi je ne dis rien. Ce n’est que lorsque le son devient assourdissant et que Ciryior nous enlève la bande de tissu que je comprends enfin d’où provient le bruit : nous sommes devant une gigantesque cascade qui étincelle, grandiose, d’une myriade de petites couleurs à la lueur diffuse du soleil couchant.

Les gouttelettes d’eaux miroitantes s’écrasent à la surface d’une rivière tumultueuse qui s’écoule dans la forêt, reprenant au bout de quelques dizaines de mètres un débit plus calme, presque placide. Je vois Ciryior faire un signe de main vers les rochers qui flanquent la cascade et j’aperçois la silhouette d’un elfe lui rendre la politesse. Je ne l’aurais jamais vu autrement.

- Nous voilà devant les portes d’Hidirain. Vous n’avez qu’à traverser la cascade et poursuivre au-delà du tunnel pour apercevoir la Perle Blanche.

A présent qu’il le dit, je me rends compte qu’en effet, une sorte de petit chemin de pierre, invisible si l’on n’y prête pas attention, serpente le long de l’escarpement pour se perdre sous la cascade.

Je remercie Ciryior qui semble décidé à rejoindre les siens dans la forêt avant de me tourner vers le sindel.

- Bien, allons-y...

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Je pleure, parce que leur mort est mon fait.
Je pleure. Parce qu’elle était la vie, parce qu’elle était la fougue et la fureur d’aimer.


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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Lun 1 Juin 2015 20:45 
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Nous marchons longuement, en silence, et malgré ma volonté de ne pas me laisser aller à de trop profondes songeries, je ne peux m'empêcher de repenser sans cesse à ce que j'ai vécu la nuit précédente. J'ai tant de questions qui me trottent dans la tête, sans parler de cette vision divine qui ne semble pas devoir s'estomper de mon regard, m'apparaissant encore comme une sorte d'image presque transparente mais bien présente, que je ne parviens pas à me concentrer sur le paysage et me contente de suivre distraitement notre guide. Moins de dix minutes après que nous soyons partis, je cède à ma curiosité et questionne ma Faëra:

(J'ai partagé certains de tes souvenirs, et vu des événements extraordinaires, mais rien qui concerne ces "danseurs d'opale"...qu'étaient-ils au juste? Et que est le lien entre eux, cet ancêtre, et moi?)

(Je t'avais prévenu que c'était une longue histoire!) se moque-t'elle!

(C'est vrai. Eh bien, je t'écoute!)

(Maintenant?!)

(Mais oui, du moins...un bout?)

(Moui...pourquoi pas, après tout, mais fais quand même attention où tu mets les pieds!)

(Hey, je ne suis qu'un mâle Sindel d'accord, mais je peux écouter ET marcher sans m'étaler, quand même!)

Ainsi, tandis que nous avançons d'un bon pas à la suite des Taurions, Syndalywë entame son récit, que j'écoute avec la plus grande attention, ne prenant pas vraiment garde aux quelques paroles qu'échangent le Woran et les Taurions en cours de route.

*****


Les Danseurs d'Opale...L'origine de cet ordre trouve sa source quelques vingt-deux millénaires avant notre ère, sur la planète d'origine des Sindeldi, Eden. En ces temps là comme aujourd'hui, les prêtres de Sithi, nommés Ithilausters, détenaient le véritable pouvoir, pouvoir qui surpassait et surpasse à nouveau celui des souverains légitimes. Constitué à ses débuts des plus fervents adorateurs de Sithi, ce clergé était le trait d'union entre l'Astre nocturne et le peuple Sindeldi, la grande pureté d'âme de ses fondateurs leur permettant de percevoir et d'interpréter la volonté de Sithi afin de la rendre compréhensible à tous. Il se développa et prit donc rapidement une place importante et essentielle au sein de la société des Elfes Gris.

L'influence du clergé devint peu à peu prépondérante, le temps passa et les fondateurs laissèrent place à leurs successeurs, ceux-là même laissèrent place aux suivants et de nombreuses générations passèrent ainsi. Comme il en va bien souvent, l'orgueil en vint à remplacer progressivement le dévouement épuré des débuts, et la notion de service s'estompa au profit d'une soif grandissante de pouvoir. Ainsi, les prêtres interprétèrent-ils de moins en moins objectivement les signes envoyés par leur protectrice, tournant chacun à leur avantage et manoeuvrant afin d'accroître leur puissance. Ils en vinrent à occuper la plupart des places importantes au sein du gouvernement et finirent par avoir un tel de pouvoir que même les Souverains n'osaient plus les contredire, bien vite d'ailleurs ces derniers furent nommés directement par le clergé, véritables marionnettes à la solde de la prêtrise.

A cette époque, le clergé décida qu'il lui fallait ancrer son pouvoir de manière plus visible, nul ne devait pouvoir ignorer leur toute-puissance! Aussi entreprit-il la construction d'une oeuvre démesurée, véritable manifestation temporelle et matérielle de ce qui avait été pure spiritualité. La construction du premier temple de Sithi fut donc lancée, projet démesuré s'il en était. Aveuglés par leur arrogance, les prêtres ne reculèrent devant rien pour en faire la plus colossale et merveilleuse construction jamais créée dans l'histoire des Sindeldi, ils exigèrent que les matériaux les plus précieux leur soient fournis, et qu'ils soient travaillés exclusivement par les plus grands artisans de leur temps. L'entreprise était si titanesque qu'elle engloutit les richesses du royaume, monopolisant toutes ses ressources et amenant ce peuple fier et puissant au bord de la ruine.

A cette époque reculée, l'usage voulait que l'on s'adresse à Sithi en plein air, il n'existait pas de rituel précis mais il était essentiel de se trouver directement sous le regard de l'Astre, aussi n'y avait-il aucun temple dédié mais uniquement quelques lieux naturels considérés comme sacrés car offrant une position privilégiée pour contempler la Lune. Il se trouva bien entendu des Sindeldi qui n'approuvèrent pas ces bouleversements de la tradition et qui tentèrent de s'y opposer, mais le clergé était devenu intouchable et la majeure partie de la population était soigneusement endoctrinée depuis plusieurs générations, aussi l'opposition fut-elle étouffée sans grand mal. Sithi, inquiète de la tournure des événements et pressentant que cela engendrerait à terme une profonde scission parmi ses protégés, et donc un dangereux déséquilibre, décida d'intervenir. Elle ne pouvait ou ne voulait cependant agir de manière trop visible, le faire aurait sans doute eu des conséquences plus désastreuses encore que le mal qu'elle souhaitait combattre, aussi fut-elle contrainte d'user de moyens détournés.

Après avoir longuement miré les futurs, elle prit l'apparence d'une Sindel et s'arrangea pour qu'un prince à l'âme encore pure s’éprenne d'elle, ce qui ne fut pas un problème car sa beauté et son charisme étaient et demeurent sans égaux. Ce prince appartenait à une puissante famille de guerriers, mais comme ils demeuraient dans une ville frontière en une région fort éloignée de la capitale, ils n'avaient que très peu de contacts avec le clergé qui, à cette époque, laissait à d'autres le soin de mettre leurs vies en péril, préférant de loin le faste de la cour aux champs de batailles. Les chances que les prêtres s'aperçoivent de quoi que ce soit étaient donc minces, et de fait ils ne se rendirent compte de rien. Sithi enfanta quelques années plus tard d'une fille, qu'elle nomma Syriën, ce qui signifie espoir en langage Sindel. Pour minimiser l'impact de sa présence divine parmi les mortels et éviter que les prêtres ne finissent par se rendre compte de sa manœuvre, Sithi fit mourir son corps Sindel lors de l'accouchement. Comme le prince était la plupart du temps absent à guerroyer pour préserver les territoires des Sindeldi, l'enfant fut confiée à des parents éloignées de la famille princière pour y être élevée, ces parents portaient le nom d'Ithil.

Le couple qui prit soin de la demi-déesse avait un fils à peine plus âgé que la fillette, Ethërnem, les enfants grandirent donc ensemble et nouèrent tout naturellement une relation extrêmement forte, ils devinrent vite littéralement inséparables, au grand dam parfois de leurs éducateurs. Ils suivirent tous deux la tradition familiale et furent formés au métier des armes dans lequel ils manifestèrent vite un talent exceptionnel, chacun tirant l'autre vers le haut avec une complicité totale qui ne se démentit jamais. A peine leur formation achevée, les deux jeunes Sindeldi décidèrent de s'unir malgré les réticences de certains qui jugeaient les liens familiaux trop proches, mais leur entêtement inébranlable finit par payer et ils furent bientôt autorisés à se marier. Les siècles passèrent, durant lesquels le jeune couple gravit les échelons de la hiérarchie militaire en s'illustrant dans de nombreuses batailles, jusqu'à devenir commandants de leur cité d'origine, la plus haute place accessible à qui n'était pas membre du clergé.

Durant cette longue période, les temples se multiplièrent, les prêtres commencèrent à expérimenter des armes liées aux fluides de plus en plus puissantes, leur ambition sans limite les poussant à vouloir assurer la domination Sindeldi sur la planète entière, quitte à exterminer les peuples qui refusaient de se soumettre. Occupant dorénavant une place leur donnant accès à de nombreuses informations sensibles, le couple commença à réaliser qu'il y avait quelque chose de perverti dans la société cléricale. Mais, forgés par une vie de discipline, ils continuèrent à obéir aux ordres bien que ces derniers deviennent de plus en plus malsains et extrêmes, et cela dura jusqu'à la bataille de Glyën. Après avoir une nouvelle fois triomphé de leurs ennemis, l'armée Sindel commandée par le couple captura un grand nombre de civils et, selon l'usage, les traita avec bienveillance. Ils reçurent le lendemain un ordre stupéfiant: celui de massacrer tous les survivants et de raser leur cité jusqu'à la dernière pierre.

Effarés, Syriën et Ethërnem se concertèrent longuement, incapables d'exécuter un ordre aussi contraire à leurs traditions et à leurs convictions. Ils décidèrent de s'y opposer, prêts à payer de leur vie ce refus s'il le fallait mais fermement résolus à ne pas commettre une telle atrocité au nom de Sithi. Leurs précepteurs leur avaient enseigné que Sithi prônait la clémence et la préservation des équilibres naturels, un tel acte prenait alors des allures de blasphème et de trahison qu'ils ne pouvaient cautionner. Ils réunirent donc leurs troupes au grand complet et leur exposèrent la situation sans détour. Les excès du clergé troublaient beaucoup de Sindeldi, mais la crainte de représailles sévères avait su faire taire les plus courageux, on avait vu des familles entières se faire exterminer pour avoir osé soulever des objections. Qui aurait pris le risque de voir tous les siens exécutés sur le parvis même des temples de Sithi après avoir été reniés et déclarés traîtres à la nation? Pourtant, ce jour là, un phénomène surprenant se produisit: l'annonce du couple de s'opposer au clergé souleva un raz de marée d'acclamations. Sans doute les nombreuses campagnes victorieuses et l'attention extrême que le couple portait au moindre de ses soldats avait-elle engendré une foi inébranlable en eux, sans doute le moment était-il propice car depuis longtemps un profond mal-être tenaillait les Sindeldi par rapport au comportement des prêtres, mais toujours est-il que l'armée entière se rangea comme un seul Sindel derrière ses chefs!

Le couple adressa une missive aux souverains, expliquant son refus d'obtempérer, mais sans se faire d'illusion. La lettre serait tout d'abord lue par un grand prêtre, qui saurait user de son éloquence pour convaincre les dirigeants de réprimer durement cette révolte. L'armée rebelle se prépara donc à combattre, elle libéra les captifs après leur avoir expliqué ce qui se passait, puis regagna à marches forcées la cité où se trouvaient ses casernes. La population et les troupes affectées à la défense de la ville furent informées des événements et, si quelques-uns décidèrent de partir parce qu'ils soutenaient les prêtres, la plupart se joignirent au mouvement avec joie. Les fortifications furent donc hâtivement renforcées, les civils équipés et sommairement entraînés, vivres et fournitures furent stockés en grandes quantités, la ville toute entière se prépara à soutenir un siège. Et ce qui devait arriver arriva, quelques semaines plus tard une puissante armée comportant un grand nombre de prêtres apparut à l'horizon et prit position autour de la cité. La première guerre civile de l'histoire des Sindeldi était sur le point d'éclater.


*****


Syndalywë s'interrompt subitement, ce qui me permet de me concentrer sur ce qui se passe autour de moi: les Taurions veulent apparemment nous bander les yeux, et nous tendent d'ailleurs des pièces de tissu pour ce faire. Je retiens de justesse un commentaire sarcastique, préférant ne pas évoquer l'existence de ma Faëra devant des inconnus, et je me plie à leur désir sans rien dire, un infime sourire légèrement sarcastique aux lèvres.

(Bon, toi qui es une Faëra sage et savante, tu peux sans doute te souvenir de la route Et me raconter la suite de l'histoire?)

(Seulement si tu arrêtes de te ficher de moi!)

(Marché conclu!)

Une fois nos bandeaux soigneusement attachés, nous nous remettons en chemin, et Syndalywë poursuit presque aussitôt sa narration.


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Mar 2 Juin 2015 00:42, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Lun 1 Juin 2015 21:16 
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(Je te disais donc que la première guerre civile des Sindeldi était sur le point d'éclater...)

(Oui...quelle folie...mais je t'écoute!)

*****


Mais Sithi veillait sur les siens et, dans sa grande sagesse, avait soigneusement orchestré ce destin prévisible d'une main discrète. Alors que Syriën et Ethërnem priaient avant la bataille qui semblait inéluctable, implorant leur créatrice de leur indiquer une manière d'éviter ce conflit ravageur, le plus grand forgeron du royaume trouva moyen de profiter du désordre qu'implique forcément le déploiement d'une grande armée pour s’infiltrer dans la cité assiégée. Il se rendit auprès du couple, arrivant vers eux à l'instant précis où ils achevaient leur fervente supplique. Sans un mot il déposa devant eux le bagage qu'il portait, soigneusement emballé de cuir. Surpris, le couple déballa le présent, et découvrit deux paires de lames extraordinaires. Modestement, il expliqua que leur création lui avait été inspirée par un rêve venu à lui lors d'une nuit de pleine lune. Il révéla que Sithi lui était apparue lors de ce rêve, et qu'elle lui avait murmuré qu'il devrait les remettre à ceux qui offriraient leurs vies pour défendre les antiques traditions. Lorsque il avait eu vent des récents événements, il avait su que l'heure était venue. Il avait donc accompagné l'armée pour accomplir son destin, et offrir ces armes ainsi que Sithi le lui avait demandé. Profondément réticent à l'idée de combattre contre son propre peuple, Ethërnem repoussa alors les lames vers le forgeron en signe de refus, lui faisant remarquer que c'était là trop sombre ironie, que des armes inspirées par la Protectrice des Sindeldi ne devaient pas être souillées par le sang de ceux-là même sur qui elle veillait. Le forgeron dévisagea longuement le guerrier, avec un respect nouveau. Il finit par sourire et eut ces mots qui deviendraient plus tard la devise des Danseurs d'Opale:

"Ce ne sont que des lames. C'est par la seule volonté de celui qui les porte qu'elles offrent la mort, ou la vie."

Ethërnem médita un moment ces paroles en silence, puis il décida de se rendre rapidement au sommet d'une montagne proche, seul, lieu où il pria et rencontra Sithi ainsi qu'il a déjà été conté. Lorsque il revint, il fit mander le forgeron et s'empara des deux épées en s'exclamant:

"Sithi seule me jugera, puisse ma Danse toujours l'honorer!"

Le lendemain à l'aube, il sortit seul de la cité et s'avança vers les assiégeants. De manière à se faire entendre du plus grand nombre, il leur cria d'une voix de stentor habituée à couvrir le fracas d'une bataille pour que ses ordres soient entendus:

"Je me nomme Ethërnem Ithil! Je suis un Maître de guerre Sindel, et j'ai refusé de m'abaisser à massacrer des civils pour le bon plaisir de prêtres corrompus! Pour cette raison, vous, nobles hirdams Sindeldi, vous apprêtez à donner l'assaut contre votre propre peuple! Réfléchissez! C'est une folie blasphématoire! J'exige un Jugement de Sithi! Nommez votre champion, je l'affronterai au crépuscule!"

C'était une manœuvre audacieuse, cette tradition était bien plus ancienne que le clergé et visait précisément à résoudre avec un minimum de morts des différends profonds, les prêtres l'avaient utilisées à de nombreuses reprises, sûrs de leur domination martiale, ils étaient piégés. Néanmoins, le risque d'une défaite était bien présent, bon nombre de combattants redoutables se trouvaient dans les rangs de leur armée. Au crépuscule, le champion désigné par les prêtres s'avança, et les rebelles frémirent en apercevant celui qui avait été envoyé. C'était un colosse renommé, invaincu à ce jour il avait livré plus de cent batailles et remporté autant de duels, il dirigeait la Garde Royale depuis près de quatre siècles et nul n'ignorait son nom: Tarkhel, le Fléau des Ombars, surnommé ainsi pour avoir brisé ce peuple contre lequel les Sindeldi avaient guerroyé des millénaires durant. Il était bardé d'une lourde armures de plate argentée magnifiquement gravée, et muni d'une effroyable épée à deux mains à la mesure de sa taille gigantesque, ainsi que de deux haches de guerre à double tranchant en forme de croissants de lune. Les spectateurs des deux camps formèrent un grand cercle dans la plaine qui se trouvait devant l'enceinte de la cité sans se mélanger, tous étaient en armes et anxieux, cette rencontre pouvait fort bien déraper et tourner au carnage généralisé!

Le signal de début du combat fut donné à l'instant où la lune apparaissait dans la voûte céleste, et tous retinrent leur souffle lorsque Tarkhel bondit à l'assaut avec une fureur inouïe, bien déterminé à achever le plus rapidement possible ce duel. Sa lame ne rencontra pourtant que le vide, son adversaire ayant sauté de côté avec vivacité. Ethërnem ne portait qu'une fine cotte de mailles en mithril, et les deux épées offertes le soir d'avant par le maître forgeron. Malgré sa haute taille il faisait figure d'enfant face au colossal champion du clergé, mais l'enfant en question était un vétéran de moult guerres également et était soutenu par une foi inébranlable qui faisait peut-être un peu défaut à son adversaire. Le géant enchaîna toute une série d'attaques foudroyantes et brutales, qui furent parées ou esquivées avec une calme maîtrise étourdissante. Tarkhel jura en réalisant que le combat n'allait pas être aussi aisé qu'il l'avait supposé lorsque les prêtres lui avaient demandé d'écraser cet obscur petit commandant de province, mais il restait confiant, il n'avait jamais connu la défaite! Le duel se poursuivit un long moment, Ethërnem se contentant de se défendre sans jamais tenter une seule attaque, et malgré toute sa science, le colosse ne parvint pas à trouver la moindre faille dans le véritable mur d'acier qui lui opposait son ennemi. Lentement, inexorablement, le doute commença à s’immiscer en lui, vicieux et vénéneux. Ses coups se firent peu à peu moins précis alors que la fatigue le gagnait, il se mit alors à insulter son adversaire pour lui faire perdre son calme si exaspérant! Comme pour ne pas entendre ce déplorable flot d'injures, la lune se dissimula derrière quelques nuages et, dans l'obscurité désormais presque totale, les combattants semblèrent nimbés d'étincelles fugaces lorsque leurs lames s'entrechoquaient, c'était un spectacle magnifique et terrible!

Il arriva un moment où Tarkhel recula un peu dans le but de récupérer ses forces, et c'est l'instant que choisit Sithi pour lancer un fin rai de sa pâle lueur au travers des nuées plombant le ciel nocturne. Ce rayon tomba pile sur Syriën qui se trouvait au premier rang des spectateurs, et le hasard, ou Sithi, voulut que le regard du colosse soit dirigé dans cette direction à cette seconde précise. Telle était la beauté et la grâce de la Sindel nimbée de cet éclat lunaire que Tarkhel en fut déstabilisé, croyant peut-être voir en cette apparition sublime la Lune elle-même! Son attention ne fut distraite du combat qu'une toute petite seconde, mais lorsque il parvint à se détacher de la vision féerique pour reprendre la lutte, il manqua s'étouffer de stupéfaction en découvrant les deux lames d'Ethërnem se croisant dangereusement à quelques millimètres de son cou, juste au défaut de l'armure. Il se statufia, incrédule, son esprit se refusant à admettre ce que lui révélaient ses yeux.

"Rends-toi. Je ne désire pas ta mort, Sindel, je ne désire la mort d'aucun des miens."

Déglutissant péniblement, le colosse acquiesça, dans un état second, et lâcha son arme en signe de reddition. Il ne parvint qu'à murmurer:

"Cette femme...qui est-elle?"

Ethërnem rengaina ses épées, se décala un peu pour voir de qui le colosse parlait, puis répondit en souriant avec douceur, les yeux rivés à sa dame si ensorcelante dans la lueur qui la nimbait toujours:

"Syriën, mon épouse."

"Je...qui êtes-vous, par Sithi", gronda le géant en fronçant les sourcils d'incompréhension?

"Nous sommes...les Danseurs d'Opale", répondit impulsivement Ethërnem qui fit signe à son épouse d'approcher.

Pourquoi ce nom? Parce que le couple considérait la vie comme une Danse dont il fallait suivre le rythme au plus juste, et parce qu'à cet instant Syriën resplendissait exactement comme une opale de la plus grande pureté exposée à la lumière, étrange comme les choses les plus anodines en apparence peuvent engendrer les plus grandes conséquences, non?

"Les Danseurs d'Opale...Sithi doit vous chérir énormément, au vu de ce qui vient de se passer...je veux en être, si vous voulez de moi", s'exclama Tarkhel!

C'était un Sindel honorable, qui comme beaucoup avait été abusé par sa confiance envers le clergé, Syriën qui venait de rejoindre son époux le scruta un instant puis opina simplement d'un hochement de tête. Et c'est ainsi, sur une plaine qui aurait pu être abreuvée de sang Sindel au nom d'une guerre absurde et fratricide, que naquit cet ordre et que se constitua ce qui serait jusqu'à sa fin l'indivisible noyau dirigeant. Les prêtres tentèrent à ce moment d'ordonner à l'armée de s'emparer des traîtres, mais les Hirdams se rangèrent aux côtés de Tarkhel et refusèrent d'obéir. Blêmes de rage, mais craignant aussi pour leurs vies, les Ithilausters se replièrent vers la capitale, pour la première fois depuis la création du clergé, leur suprématie était mise en péril!

Quelques jours plus tard, des émissaires du peuple épargné par le couple arrivèrent, ils acceptaient de devenir vassaux des Elfes Gris à la condition d'être placés sous l'autorité de leurs vainqueurs directs. Les Souverains en furent informés, et nos deux tourtereaux furent aussitôt mandés à la cour. Ils s'y rendirent, accompagnés de la majeure partie de l'armée, craignant à juste titre de tomber dans quelque piège tendu par les prêtres. Mais lorsque ils pénétrèrent en ville, la population leur fit un accueil si triomphal que le clergé qui s'était rassemblé pour en finir avec la menace n'osa rien tenter, conscients que la moindre tentative leur vaudrait l'hostilité ouverte du peuple tout entier. Après la partie officielle au cours de laquelle ils furent très ironiquement déclarés "héros de la nation" et bénis par les prêtres contraints de se prêter à cette mascarade pour sauver les apparences, Syriën et Ethërnem furent reçus en privé par le couple Royal. Ce dernier leur adressa de vifs et sincères remerciements, heureux de cet affaiblissement notoire de la puissance du clergé. Il autorisa nos deux héros à fonder un nouvel ordre qui contrebalancerait à l'avenir l'influence encore très conséquente des prêtres, dictant à cet effet une loi qui plaçait les Danseurs d'Opale au même niveau que les Ithilausters, au grand déplaisir de ces derniers bien évidemment.

La suite...il y eut bien sûr diverses manigances du clergé pour saper l'influence toujours grandissante de ce nouvel ordre rival, mais il avait pris une telle place dans le coeur des Souverains et des Sindeldi en général qu'elles échouèrent toutes, ce d'autant plus facilement que les actes des Danseurs demeurèrent toujours irréprochables. Le temps s'écoula, siècle après siècle, et l'ordre en vint à compter plusieurs milliers de membres, tous rigoureusement formés aux arts martiaux et instruits des convictions ayant présidé à la fondation des Danseurs d'Opale. Syriën et Ethërnem eurent un fils et tout semblait devoir aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais, dans le plus grand secret, les prêtres poursuivirent sans relâche leurs expériences risquées avec les fluides, espérant qu'une découverte capitale dans ce domaine les placerait à nouveau sur le devant de la scène. Ce qui devait arriver arriva, ils commirent une lourde erreur et une expérience échappa à leur contrôle, mettant en péril l'équilibre même du fluide primordial de Vision, qui harmonisait en ces temps lointains les fluides d'Ombre et de Lumière. Les conséquences se manifestèrent progressivement, le monde entier sembla être pris de folie et les lois naturelles qui le régissaient perdirent toute cohérence, un chaos total s'installa. Plusieurs tentatives visant à restaurer l'équilibre brisé eurent lieu, mais aucune ne parvint à enrayer la dramatique scission élémentale, il apparut bientôt que le monde d'Eden, et donc les Sindeldi, étaient condamnés à brève échéance.

Les Ombars profitèrent du désordre pour se rebeller, adeptes fervents de l'obscurité, créatures nocturnes par excellence, ils étaient bien moins touchés que les Elfes par les événements, et leur premier coup fut ravageur! Tout semblait indiquer que la fin de la plus grande civilisation ayant jamais existé était inéluctable, mais une nouvelle fois Sithi intervint pour protéger les siens et leur offrir un échappatoire. Elle apparut à Syrën et Ethërnem, et leur confia qu'il existait un fluide spatial au sein du temple principal qui lui était dédié au coeur de la capitale. Grâce à ce fluide, les Sindeldi pourraient s'exiler sur un autre monde, et donc survivre pour y fonder un nouveau royaume. Elle leur enjoignit de faire vite, car elle-même serait très bientôt contrainte à l'exil, la source même de son essence ayant été altérée. Les trois maîtres des Danseurs d'Opale se rendirent donc au temple, et tentèrent de convaincre les Ithilausters d'ouvrir l'accès au Fluide pour permettre l'exode. Mais ces derniers refusèrent, ne voulant admettre qu'Eden était perdue, le reconnaître c'était aussi reconnaître leur responsabilité dans ce qui arrivait. Ils ne purent s'y résoudre et, pour la première fois de mémoire de Sindel, les portes du temple furent fermées.

La guerre contre les Ombars fut dévastatrice, des dizaines de milliers de Sindeldi trépassèrent, incapables de combattre efficacement dans un environnement devenu par trop hostile. Des cités entières furent rasées, leur population exterminée, et chaque heure qui passait voyait les hordes ténébreuses s'approcher un peu plus de la capitale qui voyait désormais arriver un flux ininterrompu de réfugiés. Mais même lorsque les Ombars parvinrent aux portes de la capitale malgré la résistance désespérée des Danseurs d'Opale et des vestiges de l'armée régulière, les prêtres refusèrent d'ouvrir les portes du temple pour laisser passer les fugitifs vers le monde promis. Ce fut l'unique fois où je vis Ethërnem céder à la colère. Il prévint les Ithilausters qu'ils avaient deux minutes pour ouvrir les portes et que, ce délai écoulé il s'en chargerait lui-même. Il leur conseilla dans ce cas de se trouver loin du temple, s'ils voulaient avoir une chance de survivre. Les prêtres s'obstinèrent, et les portes restèrent closes. Ils se réfugièrent toutefois dans un sanctuaire souterrain, et bien leur en prit car Ethërnem connaissait la résistance extraordinaire de l'ouvrage et savait qu'aucun moyen conventionnel ne viendrait à bout de l'huis ou des murs. Il employa donc le seul moyen à sa disposition, et demanda un volontaire pour accomplir l'acte suicidaire qui pourrait percer la structure du temple.

Une explosion cataclysmique ébranla toute la ville lorsque le Cynore militaire s'écrasa à pleine vitesse sur le dôme somptueux du bâtiment, je me souviens encore des larmes qui ruisselaient sur les joues de Syriën et Ethërnem à ce spectacle, mais quel autre choix avaient-ils? Le temple s'effondra, et les fuyards purent enfin se précipiter vers leur salut. Les prêtres survivants tentèrent une ultime fois d'empêcher l'exode, mais les murs épais de l'ouvrage ne leur dissimulaient plus la réalité, les Ombars étaient dans la ville et massacraient tous ceux qui se trouvaient sur leur passage dans un décor d'apocalypse totale. Ils cédèrent, et furent les premiers à s'engouffrer dans le fluide spatial, alors même que les derniers Danseurs d'Opale donnaient leurs vies jusqu'au dernier, fidèles à leurs convictions jusqu'à la mort pour permettre aux trop rares survivants Sindeldi de fuir. Le dernier à franchir cette porte fut leur fils, et le dernier "ordre" que je reçus, moi la Faëra, de mon maître adoré, fut de le suivre pour m'assurer que le pacte sacré nous liant à Sithi serait honoré:

"ullume au oialë".

Même lui ne pouvait imaginer la signification de cela pour une Faëra. Mais j'ai promis. J'avais senti la main de Sithi sur ma joue, moi la Faëra immatérielle! Je l'avais sentie comme un être de chair ressent le contact d'un autre être de chair! J'ai plongé dans le fluide spatial, et je suis arrivée sur Yuimen, aux côtés de leur fils. Je devais veiller sur lui, sur ses descendants, et oeuvrer pour le renouveau des Danseurs d'Opale. Toute à mon chagrin, je n'ai pas pris garde au fait qu'une difficulté majeure allait affecter ma nature elle-même: le fluide de Vision qui me constituait n'existait pas en tant que tel sur ce nouveau monde. Il était scindé en deux, l'Obscurité et la Lumière qui le composaient étaient divisées, pire, opposées! J'ai perdu toute notion du temps, divisée, brisée, un conflit effroyable me déchirait intérieurement et me privait de tout repère! Il m'a fallu longtemps, très longtemps, pour retrouver un semblant d'équilibre. J'ai oublié beaucoup de choses dans cette lutte atroce, plus sans doute que je ne peux l'imaginer, mais il y avait en moi un souvenir que rien ne pouvait effacer, ou déséquilibrer, ce fut sans doute lui qui me permit de surmonter la scission incompréhensible pour moi du Fluide Primordial de Vision:

"ullume au oialë". "Pour toujours et à jamais".

Voilà, tu sais tout ou presque. Dès que j'eus retrouvé mon équilibre je me suis mise à la recherche du descendant de Syriën et Ethërnem le plus susceptible de reprendre le flambeau. J'en ai servi quelques-uns, mais leur destin ne s'est pas réalisé, même si certaines choses ont pu être accomplies. A la mort du dernier, j'ai cherché celui qui pourrait tenter de poursuivre cette oeuvre. Et c'était toi, Tanaëth Ithil.


*****


Mon esprit est en ébullition, examinant les tenants et aboutissants de cet incroyable passé qui m'est révélé. Je sais qu'il me faudra du temps pour tout assimiler, davantage encore pour en comprendre véritablement le sens. Mais une chose au moins est claire: je sais ce que Syndalywë attend de moi et, mieux, je sais que cela correspond exactement à mes rêves les plus secrets. C'est avec un sourire radieux autant que songeur sur le visage que j'entends soudain Ciryior nous informer que nous sommes arrivés. Je sursaute légèrement, et prends enfin conscience du paysage somptueux qui nous entoure. Par Sithi, que c'est beau!

Je remercie les Taurions en inclinant respectueusement le visage, puis je fais face à Sha'ale qui semble vouloir avancer sans plus tarder:

"Je te suis!"

Nous gravissons l'étroit chemin qui s'engouffre bientôt sous la cascade tonitruante, que je franchis en riant sous cape, imaginant à quoi ressemblera mon compagnon après cette douche monumentale! Et de fait, le spectacle est cocasse, mais je parviens tout de même à conserver mon sérieux afin de ne pas l'offenser. Un tunnel d'une cinquantaine de mètres prolonge le chemin, nous le franchissons rapidement mais je me fige net à sa sortie, incrédule, émerveillé par l'impensable magnificence du lieu. Les mots me manquent, à dire vrai je doute qu'ils existent, ceux susceptibles de décrire cette cité. Je ne peux que murmurer:

"Par Sithi..."


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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Sam 13 Juin 2015 19:50 
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Le tunnel lui-même me parait éclairé par Sithi, ce passage qui m'avait semblé fort obscur lors de notre arrivée m'apparaît maintenant bien différent, j'y vois presque comme en plein jour! Perplexe quant à ce phénomène, j'en viens à pressentir que quelque chose s'est dénoué en moi, comme si une sorte de domaine invisible m'était désormais accessible, aurais-je...ouvert les yeux?

A peine la chute d'eau franchie, je repère le garde pourtant dissimulé dans les rochers enténébrés, je le salue d'un geste cordial de la main, auquel il répond avec un air légèrement surpris. Je m'éloigne un peu de la cascade, voulant l'admirer toute entière, et par Sithi je ne suis pas déçu du spectacle! C'est un fleuve d'argent liquide qui dévale les montagnes, nimbé d'une aura étincelant de mille feux alors que les infinités de gouttelettes en suspension dans l'air reflètent les rayons de l'astre nocturne comme autant de diamants d'une inégalable pureté. Je respire à pleins poumons l'air humide qui me tarabuste de ses bourrasques au gré des courants engendrés par le mouvement de l'eau, décelant les fragrances végétales de la forêt qui entoure Hidirain, mais aussi les senteurs plus minérales issues des montagnes, et une nouvelle fois cet étrange sentiment me frappe: je suis chez moi ici. J'appartiens à ce monde et, plus particulièrement, à cette terre d'Hidirain ignorée de la plupart. Il y a là une sorte de magie qui fait battre mon coeur un peu plus fort que de coutume, je ne me l'explique pas vraiment, mais le fait est: j'aime cet endroit, et je veux le préserver comme le lieu sacré qu'il est, de toutes mes forces.

Je souris songeusement, amusé de la situation, de la tournure de mes pensées. Mon regard parcourt les environs, et je décèle soudain un tout petit sentier visiblement peu emprunté, dont le départ entre deux fourrés touffus est présentement éclairé par un mince rai de lune. Je tressaille légèrement, tandis qu'une certitude soudaine s'affirme en moi: c'est ici-même que commence vraiment ma danse. Ici et maintenant que renaît un ordre oublié.

Peu importe que je ne sois pas un puissant de ce monde, peu importe que je sois seul, banni, l'essentiel n'a rien à voir avec cela. C'est un choix, une décision personnelle de suivre un chemin précis, de s'identifier à un idéal, et d'y tendre de toute son âme. Je me redresse de toute ma taille, levant les yeux vers le croissant de lune, puis je dégaine mes deux rapières que je positionne sur mes avant-bras comme une offrande tout en posant un genou en terre:

"Ô Sithi, j'ai marché en aveugle durant de nombreuses années, sourd à tes conseils, incapable de voir les signes que tu m'envoyais dans ton infinie bonté. Pourtant, jamais tu ne m'as abandonné, tu as veillé sur moi comme sur ton propre fils, et aucun mot ne peut te dire ma gratitude pour cela. Mais je sais que tu lis en mon coeur et c'est cet amour, cette confiance inébranlable que j'ai en toi que je t'offre cette nuit.

Puisses-tu toujours inspirer mes pas, me donner la force et la sagesse d'honorer tes volontés sans jamais céder à l'orgueil, aux illusions du pouvoir et de la gloire, voici la prière que je t'adresse avec ferveur et espoir en cette nuit pour moi si particulière. Ce serment prononcé devant toi par mon ancêtre Ethernëm, je le fais mien en cet instant: ullume au oialë! Je te dédie mes armes, je te dédie mes danses, je te dédie ma vie, et ma mort lorsque le temps sera venu.

Que ta lumière toujours guide les Sindeldi, ô Astre de nos nuits, vers un avenir plus radieux et plus digne!"


Je me relève, fier et assuré: je sais d'où je viens, qui je suis et où je vais. Pour la première fois depuis plus de vingt millénaires, un Danseur d'Opale reprend place sur le grand échiquier de la vie. C'est une bien lourde responsabilité, mais qui ne pèse pas sur mes épaules, elle me galvanise au contraire: c'est un immense honneur auquel je ne faillirai pas!

Et puisque Sithi a pris la peine de m'indiquer un sentier, il ne me reste plus qu'à le suivre. Ce que je fais sans la moindre hésitation, écartant les buissons pour me lancer à la découverte de ce mystérieux chemin dévoilé!


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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Dim 14 Juin 2015 22:35 
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L'aube point son nez à l'horizon, lorsque je parviens aux portes d'Hidirain après ce qui n'était censé être qu'une simple ballade. Je me sens un peu euphorique, après les aventures que je viens de vivre, et je salue la garde de faction d'un grand signe cordial de la main, auquel il répond d'un simple hochement de tête m'indiquant que j'ai l'autorisation d'entrer. Je me faufile sous la cascade, non sans l'avoir admirée quelques instants, en me protégeant cette fois avec ma cape, pressé maintenant d'avaler quelque chose, car la faim me taraude!

Je franchis le tunnel d'un pas allègre, et m'engage sans marquer la moindre pause dans les rues de la Perle Blanche, riant d'avance à la tête que fera Sha'ale lorsque je lui conterai mon escapade nocturne!


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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Dim 1 Mai 2016 19:04 
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Deux bonnes journées de marche séparent l'Opale de Lune de la ville haute d'Hidirain, lorsque l'on sait les sentiers de la montagne. Il m'en faut trois, je me suis perdu à un moment et ai dû rebrousser chemin, mais je finis par parvenir sans autre encombre aux portes d'Hidirain, ou plus exactement au cirque rocheux d'où dévalent plusieurs cascades dont l'une dissimule l'entrée de la ville. Je cherche du regard le vigile et, si je le trouve assez aisément, c'est uniquement parce que je sais où il se dissimule d'habitude. Je le salue d'un geste de la main et d'un sourire tandis qu'il me scrute avec suspicion, mais il finit par me remettre et se détend, me faisant signe de passer sans autre.

Je me faufile donc sous la cascade, non sans me souvenir au passage que c'est ici que Syndalywë m'a appris l'histoire de mes ancêtres Danseurs d'Opale, puis parcourt la magnifique grotte d'un bon pas sans m'y attarder, j'ai ma dose de souterrains pour quelques temps encore! Je ne tarde pas à en sortir, redécouvrant avec émerveillement la Perle Blanche.


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 Sujet du message: Re: Les 'Portes' de la Cité
MessagePosté: Mer 11 Mai 2016 22:04 
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Je me glisse sous la cascade dissimulant Hidirain, prenant garde de ne pas glisser sur les rochers luisants d'embruns, puis m'écarte un peu du cours d'eau qui se faufile dans les bois environnants jusqu'à atteindre un vieux tronc couché par l'âge ou une quelconque tempête sur lequel je compte m'installer un instant pour affûter mes armes. Un salut discret me fait légèrement sursauter, je me tourne dans la direction de la voix et découvre alors un Taurion vêtu de brun et de vert adossé à un frêne, presque invisible dans la végétation abondante de même teinte que sa peau. Je lui retourne son salut alors qu'il s'approche de moi, observant attentivement celui qui doit certainement être le chasseur et pisteur de notre équipe. Il s'agit d'un Taurion d'un certain âge, cela ne se voit pas sur ses traits d'elfe éternellement jeune mais son regard acéré empli de calme assurance ne trompe pas, il a certainement plusieurs siècles. Ses vêtements sont simples, peu couvrants, il porte un coutelas de chasse de bonne facture à la ceinture ainsi qu'un arc d'if en bandoulière et dans son dos un carquois plein à craquer de ces longues et fines flèches qu'affectionne ce peuple. Il est de petite taille, un mètre soixante-dix peut-être, ses cheveux longs et soigneusement tressés sont aussi verts que sa peau et ses yeux gris de petite taille me scrutent avec une même intensité que celle avec laquelle je l'examine.

Nous nous jaugeons ainsi en silence pendant quelques secondes, tous deux assez expérimentés pour savoir que nos vies dépendront de nos compagnons de route ces prochains jours, et tous deux peu désireux de confier notre existence à de quelconques incapables. Je finis par prendre la parole dans sa langue, que je maîtrise relativement bien:

"Il semblerait que nous devions mener certaine chasse ensemble. Je me nomme Tanaëth Ithil, de l'Ordre des Danseurs d'Opale."

Il plisse les yeux de surprise en m'entendant parler son dialecte, puis me répond dans le même langage:

"J'ai entendu parler de toi. C'est un bel arc que tu portes, j'espère que tu sais t'en servir. Je suis Ryll Neckël, premier chasseur d'Hodron."

Hodron...il me faut une seconde pour me rappeler qu'Ethëll a prononcé ce mot lors de l'une de nos discussions, et qu'il désigne le village des Taurions situé au plus profond de la forêt d'Hidirain. Quant au titre de premier chasseur il est sans équivoque, les dirigeants des Taurions doivent partager l'inquiétude de ceux de la Perle Blanche pour envoyer un membre aussi éminent de leur communauté, cela me rassure et m'inquiète en même temps mais au moins doit-il être vraiment compétent. Je souris tranquillement pour lui rétorquer:

"Je me sers mieux de mes lames que de cet arc, pour être franc, mais je me débrouille en général pour toucher ma cible quand même."

Il répond à mon sourire en entendant ces paroles, hochant la tête en signe d'approbation, puis me désigne du menton trois Hinïons qui sortent à leur tour de la porte cachée en disant:

"Nos compagnons arrivent. Partirons-nous immédiatement?"

"Le temps de contrôler mes armes, je n'ai guère eu le temps de m'en occuper depuis hier soir."

"T'en es-tu servi depuis?"

"Non. Mais une lame devrait toujours être affûtée par l'intention de l'instant présent autant que par la pierre."

Il hausse les épaules d'un air un peu dubitatif, se contentant de rajouter:

"Il nous faudra marcher jusqu'au soir et encore toute la journée de demain pour arriver dans la région où nos ennemis ont été signalés pour la dernière fois. Ne tardons pas trop."

J'acquiesce simplement, me résignant à remettre à plus tard l'entretien de mes lames, puis j'examine les nouveaux arrivants avec la même acuité que j'ai mise à observer le Taurion, qui m'imite d'ailleurs brièvement avant de me glisser à mi-voix:

"Balayëll et son frère Sydarann...de bons tireurs, efficaces et résistants. Et la maître d'armes Adrienn Sylartha...douée mais tourmentée, et bien jeune encore pour une telle mission. Elle hait les Shaakts qui ont massacré toute sa famille voilà cinquante années environ."

Les deux frères sont de haute taille, ils ont fière allure dans leurs vêtements aux tons ocres dissimulés seulement par des cottes de mailles protégeant leur torse. Tous deux sont dans la force de l'âge, blonds comme les blés et dotés d'yeux vert émeraude, ils sont chaussés de hautes bottes renforcées adaptées aux longues marches et munis de superbes arcs à double courbure. Outre cela ils portent diverses lames courtes destinées à être lancées ainsi que deux carquois pleins chacun, par Sithi auraient-ils prévu d'affronter toute une armée?! Je m'abstiens pourtant de tout commentaire, mieux vaut avoir trop de flèches que pas assez, et après tout ce sont eux qui les portent. La maître d'arme, elle, s'avère être une rousse sculpturale revêtue d'une extraordinaire armure complète en acier feuillu, littéralement moirée de verts aux nuances subtiles rehaussés de filigranes d'or. Elle porte autour du cou un lourd torque d'or également, son front est ceint d'un diadème merveilleusement ouvragé du même métal qui lui donne l'air d'une reine, elle est munie d'un redoutable Tsalon, ces espèces de doubles sabres que je n'avais jamais vu en dehors du Naora, ainsi que d'une épée longue. Là encore la facture de ses armes est extraordinaire, simple et épurée mais somptueuse, par Sithi je me demande bien quel forgeron a pu lui réaliser telles merveilles! Alors qu'elle s'approche d'une démarche souple et féline, je remarque qu'une unique mèche blanche dépare sa flamboyante chevelure indisciplinée, puis qu'elle possède un regard d'ambre comme je n'en ai encore jamais vu. Cette couleur surprenante pourrait laisser penser à un regard chaleureux mais il n'en est rien, ses prunelles sont glaciales, indifférentes, et tandis qu'elle s'arrête face à nous pour nous dévisager je remarque que ses traits possèdent une dureté extrême qui ne parvient pourtant pas à atténuer leur beauté troublante. Elle salue Ryll d'un vague signe de tête puis me détaille des pieds à la tête sans la moindre gêne ni aménité avant de prendre la parole d'une voix polaire:

"Tanaëth, c'est ça? On m'a assuré que tu étais bon, très bon. Est-ce le cas, ou n'est-ce là que balivernes de donzelle énamourée?"

Je la fixe sans détour, conservant à mes traits une apparence rigoureusement polie mais impassible, puis après avoir volontairement gardé le silence plus longtemps qu'il n'est nécessaire, je lui réponds du ton le plus neutre qui soit:

"Adrienn Sylartha, d'après ce que Ryll vient de m'apprendre. Je n'ai jamais entendu parler de toi avant ce jour."

Je me détourne d'elle et salue les deux frères, qui me retournent un bonjour qui m’apparaît fort chaleureux après celui de l'Hinïonne, puis m'adressant à tous je propose:

"Maintenant que les présentations sont faites, que diriez-vous de nous mettre en route? Nous avons du chemin à faire avant la nuit."

Je fais à nouveau face à Adrienn et lui dis d'une voix dure:

"Nous avons une mission difficile à mener ensemble, la sécurité d'Hidirain dépend de notre capacité à la mener à bien. Pour cela nous devons pouvoir compter les uns sur les autres sans la moindre hésitation, alors écoute-moi bien, Adrienn: soit tu fais confiance au jugement des dirigeants de ta ville qui m'ont engagé et nous nous mettons en route sans délai, soit ce n'est pas le cas et tu rebrousse chemin pour rentrer chez toi. Décide-toi, mais fais-le vite et bien car nous n'avons pas de temps à perdre en vaines rodomontades qui ne feront que nous diviser et nous affaiblir. Que choisis-tu?"

Nous nous défions longuement du regard, je vois sa mâchoire se crisper de même que ses mains qui se referment nerveusement sur les poignées de ces armes, ses prunelles d'ambre me foudroient alors qu'elle hésite visiblement à me défier séance tenante, mais je ne bronche pas d'un cheveu et soutiens son regard mauvais sans montrer le moindre signe de faiblesse. J'en aurais été incapable voilà seulement quelques lunes, mais les événements m'ont trempé comme une lame de bon aloi et l'Hinïonne ne peut rivaliser avec une Arctosa ou une Banshee pour ce qui est d'insuffler la peur. Elle finit par capituler en maugréant:

"Soit. Nous verrons ce que tu vaux en temps opportun. Mais ne compte pas sur moi pour te défendre au péril de ma vie, Sindel."

Je lui souris paisiblement, et rétorque d'un ton doux et ferme:

"Toi seule décide de ton chemin, Adrienn, comme je décide seul du mien. Je veillerai sur toi si c'est en mon pouvoir, quel qu'en soit le prix. Allons-y, maintenant."

Nous nous mettons en chemin sans plus tarder, guidés par Ryll qui m'adresse une légère tape sur l'épaule en prenant la tête du groupe et me souffle de manière à ce que l'Hinïonne n'en perçoive rien:

"Bien dit l'ami, je crois que nous allons nous entendre toi et moi."


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