Le lieu d'atterrissage est une vague étendue d'herbe délimitée par des torches et de grosses bougies qui flamboient dans la nuit froide du Nosvéris. Au sol, les brins verts sont couverts d'une fine pellicule de glace brillante. Le froid semble être vif et les gens serrent autour d'eux de lourds manteaux de fourrure. Même les esclaves sont vêtus de capes de laine épaisse, pour éviter sans le moindre doute qu'ils meurent de froid. Je réalise à ce moment-là qu'il fait quand même frais, une petite bise souffle faisant voler des éclats de glace qui étincellent sous le soleil de cette fin d'après-midi qui ne réchauffe pas les visages aux lèvres bleutées.
Pour ma part, je découvre surprise une légère chaire de poule qui s'hérissent sur mes bras nus, entre les gants d'armure et les épaulières de mon plastron. C'est le moment où je réalise pourquoi les gens me regardent étrangement : sous mon armure d'écailles elfiques, je ne suis vêtue que d'une simple tunique blanche teintée d'un camaïeu de brun entre la poussière du voyage et le sang séché issu de l'arène. Ma cape n'est pas spécialement épaisse, malgré la lourde fourrure d'ours qui la borde. En fait, il faut reconnaître que rien dans mon équipement n'est adapté au climat glacial de ce continent nordique et, en pratique, je ne dois ma survie qu'à l'étrange bijou que je porte à mon nombril. Je décide d'aller acheter des vêtements plus locaux dès que j'en aurais l'occasion, moins pour mon propre confort que pour passer légèrement plus inaperçu, mais d'abord, il me faut trouver Yahka et le tigre de glace, que je soupçonne être une taverne ou une auberge célèbre.
Alors que je m'apprête à quitter le champ en direction de la ville, je suis interpelée par un esclave tenant par la bride plusieurs chevaux et loups d'élevage. Sans un mot, il me tend une des longes et s'en va trouver les propriétaires des autres montures. Manifestement, le prêtre était tellement au courant de ma venue et de mes mouvements dans la cité, qu'il a même pu faire embarquer mon cheval. Tant mieux après tout, on ne sait jamais, mais je pense que ça pourrait être utile. Okétaï me regarde de ses yeux placides, ne montrant, à part quelques cristaux sur la crinière, le moindre signe de froid, bonne nouvelle pour la suite.
D'un geste souple, je l'enfourche et me dirige vers les portes de la cité, suivant un groupe de livreurs de matériels tirant de lourds chariots remplis de caisses et de tonneaux.
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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