Un ÉquipageUn Rendez-Vous
L'individu semblait scruter l'Humoran pendant son discours. Son air méfiant dissimulait les arrières-pensées que celui-ci semblait avoir, mais, en une phrase aussi brève, il lui donna rendez-vous à la prochaine lueur du matin à cet endroit-même et partit sans faire de manière. Il se contenta juste de lui préciser que ses hommes avaient investi ce qui devait être l'unique estaminet de la petite ville.
Mercurio, le regardant s'éloigner, ne savait trop que penser de ce qui venait de se passer. Il ne savait pas dans quoi il allait s'embarquer et, comme à son habitude, il espérait juste pouvoir rapidement se faire une petite place tranquille où il ferait sa part du boulot, sans plus, et que personne ne s'aventure à lui chercher des ennuis.
Il rechignait à l'idée, mais il allait devoir se socialiser. Et si la bande de pirates qu'il s'apprêtait à rejoindre était semblable à ce fameux Eliwin, ça risquait d'être bien différent que son petit périple avec les filles de joie de la Grande Prostituée...
Quoi qu'il en soit, il semblait bien parti pour reprendre la mer pour un bon bout de temps... Il devait impérativement se ravitailler en matériel médical et en fluides de lumières... Il espérait aussi trouver du sucre de betterave, pur et en poudre de préférence, ça peut toujours servir, surtout en mer, mais rien n'était assuré qu'il en est ici. Le sucre épuré est une denrée rare et chère que seuls quelques apothicaires avaient en stock... A Dahràm, le gramme était à cinq yus et c'était une raison parfaite pour faire payer le prix fort au moindre imbécile qui venait pour une bête hypoglycémie.
Ah, et il faudrait quelques aliments contre le scorbut. Il se rappela avec nostalgie de l'enseignement d'Alkrim lui disant avec humour qu'il y avait trois sortes de marins par rapport au scorbut ; les inexpérimentés, les inconscients et les imbéciles qui partent sans la moindre précaution et qui viendront ensuite pleurer pour des soins, prêts à entièrement vider leurs bourses ; ceux qui ont gagnés en expériences mais sont restés des idiots en se ruinant pour des citrons qu'ils laissent s'écraser dans des tonneaux, pourriront en moins de deux et se retrouveront tout de même en train de gémir et les derniers, qui savent qu'avec quelques épices à deux sous qui n'encombrent en rien et ne périment pas, ils pourraient voguer tranquillement autant de temps qu'ils le veulent sans qu'un cas se déclenche. Et ceux-ci, ce sont les anciens guérisseurs. Il pouffa en se remémorant ses mots, fouillant dans sa tête les noms de ces fameuses épices... Du persil, de l'oseille, du fenouil, de l'estragon et même quelques orties écrasés étaient de très bons remèdes !
Sortant de ses pensées, il partit errer dans la ville, à la recherche de ce qui lui faisait défaut.
Un Ours
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Playlist de Mercurio
A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !
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Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi