Une fois n'est pas coutume, Vlashu pris le temps de s'observer dans la glace.
Dans le miroir il discerna un homme, de taille et corpulence moyenne, qui le dévisageait avec un regard déterminé. Ses yeux étaient profonds et mystérieux, aussi noir qu'un puits sans fond et aussi brillants que les étoiles. Il avait les pommettes saillantes et le long nez aquilin de ses ancêtres. Sa peau, tannée par le chaud soleil de printemps, avait l'apparence de l'ivoire patiné et son épaisse masse de cheveux châtains, brillants, longs et épais flottait librement dans le vent.
Bien dissimulées sous ses vêtements de profondes cicatrices couraient sur sa peau, témoin des trop nombreuses années d'une vie d'esclave passé dans la cité ténébreuse de Konfas.
Malgré les préceptes appris de son maître une haine profonde l'envahissait lorsque les souvenirs de cette autre vie ressurgissaient, lui rongeant le cœur. Il haïssait profondément les Shaakiens et leur déesse araignée, représentation du dieu Thimoros dans leur putride culture. De cette autre vie il était attaché à très peu de choses. Son ami Liam, ancien esclaves lui aussi, et les préceptes inculpés par son maître en font partis. Des préceptes qui enseignent principalement de toujours polir son âme comme l'on polirait son épée.
Il se disait que les gens qu'il rencontrait parle de lui comme de quelqu'un de sévère, sérieux et capable de se concentrer sur les objectifs qu'il se fixe avec une détermination et une précision surprenante. Intimement il savait que sa destinée serait de soigner avec ses talents de guérisseur et par son âme d'acier de faire du mal. Une grande volonté de vivre l'habite et il est en quête perpétuelle pour acquérir plus de force pour ne jamais se retrouver en situation d'impuissance.

Valashu vécu les premières années de sa vie dans la grande demeure familiale des Halahad. Cette famille marchande du Comté de Wielh (composée de son grand père, sa mère, son père et son oncle) a fait fortune dans le commerce de plantes médicinales et autre produit liés.Son enfance fut heureuse et étant dans une famille riche il eut la chance d’apprendre à lire, à écrire et à compter.

Lors de ses 13 ans ses parents décidèrent de l'emmener dans le village natal de sa mère dans un petit village forestier au royaume d'Enjod où ils finirent par s'installer un temps. Son père y ouvrit sa propre boutique et poursuivit l'éducation de Valashu dans les connaissances des remèdes car il avait bon espoir que son fils puisse devenir un jour un grand guérisseur.

A ses 16 printemps le village fut attaqué par des esclavagistes provenant de Konfas. Ses deux parents se sacrifièrent en tentant de le protéger mais cela ne fut pas suffisant. En passant par-dessus les corps sans vie de ses parents des shaakiens le capturèrent et l'emmena au marché des esclaves de Konfas. Il y fut vendu pour une somme de misère à une riche propriétaire qui possédait la majorité des cultures des alentours de la cité. Valashu rejoignit très vite les nombreux esclaves qui travaillaient dans les champs. Pour survivre dans ce nouveau monde il dut commettre des actes qu'il n'aurait jamais exécutés en temps normale. Son âme d’enfant disparut progressivement remplacée par quelque chose de plus dure. Les années passées dans la douleur et le désespoir filèrent et un jour, par d'obscure manœuvre diplomatique, lui et un groupe d'esclave furent offerts à la Reine. D'esclaves des champs il fut promu chair à canon dans l'armée de Konfas. C'est parmi les esclaves transférés avec lui qu'il rencontra le vieil homme. Un vieux moine Yuiméniste qui se prit d'affection pour lui à l’occasion d’une bataille dans laquelle le jeune Valashu faillit y perdre la vie sans son intervention.
Il le prit sous son aile et lui enseigna comment survivre grâce aux préceptes de son ancien monastère maintenant disparu. Il découvrit qu'il était non seulement une personne de grande sagesse avec de large connaissance mais qu'il était aussi un maitre dans les arts martiaux. Pendant de nombreuses années il lui transmit ses connaissances et s'appliqua à aiguiser et polir son âme comme un maitre nain l'aurait fait avec un diamant pour qu'un jour cette âme resplendisse de mille feux. Ce fut grâce à ce protecteur et mentor exceptionnel qu'il put survivre aussi longtemps dans une compagnie où la durée de vie dépassait rarement les deux années.

C’est alors qu’elle éclata. Valashu ne sut jamais comment mais comme un feu de forêt une révolte se rependit parmi les esclaves des champs de son ancienne maitresse. La compagnie d'esclave de Valashu se trouvant par chance à proximité, ils décidèrent de retourner leurs armes contre leurs chefs et profitant de la confusion tentèrent de s'enfuir. Malheureusement se fut loin d'être aussi facile car la révolte fut très rapidement écourtée dans le sang des révoltés. Sous équipé et en infériorité beaucoup périrent durant leur fuite. Se sacrifiant pour lui faire gagner du temps, même le vieux moine qui avait survécu à tant de bataille avais fini par périr. Valashu et l'un de ses amis, Liam, fut de ceux qui eurent la chance de passer la frontière entre le royaume de Konfas et d'Enjod. A moitié mort et le cœur alourdit par la tristesse ils furent accueillis dans le temple de Yuimen dans lequel son ami et lui se remirent lentement de leurs blessures.

Après plusieurs moi de convalescence, Valashu et Liam commencèrent à devenir nerveux, les préparatifs de leur départ étant presque terminés. Ils allaient bientôt quitter la quiétude du temple de Yuimen pour parcourir de nouveau le monde en tant qu’hommes libres. C’est à ce moment qu’une aubaine s’offrit à eux. Un seigneur marchand de la ville de Tulorim s’arrêta au temple escorté d’un petit groupe de mercenaire.