A son arrivée, Monta'kh se leva de sa chaise et posa sa tasse, concerné par l'annonce des deux aventuriers. En quelques pas, le Gardien arriva près de la porte, la mine satisfaite. A la réponse de l'élémentaire, Kalas se demanda si l'Esprit s'attendait à un refus de leur part.

(Ça aurait été très déplacé, surtout que cette rencontre est nécessaire pour remplir la suite de notre mission.)

Birhû s'éclipsa un court instant, à peine perceptible, avant de se représenter devant le Shaman les bras chargés d'un genre de robe couleur sable. D'après les dires de l'ambassadeur, il s'agissait d'une bure semblable à celle que portait Monta'kh, excepté la couleur, mais semblable de part la petite corde qui permettait de l'ajuster. Sensiblement de la même taille que lui, Kalas saisit le vêtement des mains faites de bois noueux de Birhû, en prenant soin de le remercier. La soulevant devant lui part les épaulettes, il l'essaya mentalement, lui qui n'avait encore jamais porter de robe.

(J'ai entendu dire que les mages, dans un soucis d'esthétique et pour se reconnaître entres eux, portaient presque tous des robes ou quelque chose de semblable. C'est marrant, je n'aurais pas pensé en mettre une un jour...)

Alors qu'il avait les yeux fixés sur sa nouvelle acquisition, la voix de Monta'kh résonna dans la pièce, demandant à la lutine sur l'épaule du jeune homme de venir le rejoindre sur la sienne. Connaissant d'avance la réponse de celle-ci, Kalas se rapprocha de l'immense Gardien de pierre et déploya son bras jusqu'à lui en guise de pont, lui offrant ainsi un accès rapide à sa destination.

Au même moment, le Golem regardait les deux aventuriers la mine interrogatrice, leur demandant ensuite s'ils désiraient faire la rencontre de l'Esprit ensemble, malgré le caractère personnel de cet entretien. Le Shaman marqua sa réponse d'un sourire flatteur à l'encontre de sa nouvelle et récente amie.

"Je ne me permettrais pas de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Aussi, si cette rencontre est si personnelle qu'on le dit, je pense que cette somptueuse créature aux cheveux de feu désirera passer ce moment dans l'intimité la plus totale."

Birhû, se manifestant à son tour, se proposa à Kalas pour répondre à ses questions et, si l'envie lui prend, de prendre le temps de visiter la cité. Laissant la lutine terminer son ascension jusqu'à l'épaule de Monta'kh, le jeune mage serra ensuite sa nouvelle frusque, indiquant la nécessité de se changer.

"Merci, Birhû, je vais me changer de ce pas. Je vais rester avec vous quelques temps, j'ai beaucoup à apprendre de votre peuple avec qui je me sens très à l'aise ! Laissez-moi juste le temps de m'habiller et je reviens à vous directement !"

D'un signe de main, il salua le Gardien et Guasina en souhaitant à cette dernière un bon moment en compagnie de l'Esprit, avant de partir en direction de la pièce mentionnée par le Golem.

"Amuse-toi bien, ma lutine !"

Là, il prit le temps de se dévêtir correctement en prenant soin de ne pas malmener davantage ses frusques abîmées. Même si elles n'allaient plus lui servir de par leur état lamentable, il s'agissait, en partie, de la tenue qui l'avait accompagnée depuis son départ de la maison de son père, au début de son aventure. La tunique était un cadeau de Cornélius, le Sinari que Kalas portait tant dans son estime. Il refusa de se séparer du grand manteau en peau de bête qu'il avait récupéré dans la grotte de la Meute, d'une valeur trop sentimentale à ses yeux. Et aujourd'hui, il porterait les couleurs du peuple qui l'avait accueilli dans sa cité.

En enfilant sa nouvelle robe, le Shaman ne su pas exactement comment définir ce qu'il ressentait. Il était clair qu'il ne s'agissait pas d'un vêtement ordinaire, de part ses origines et son lieu de confection.

"Étrange... Je me sens très à l'aise là-dedans. Et on dirait que ça ne me va pas si mal..."

En effet, la couleur pâle de l'habit se mariait merveilleusement bien avec les cheveux bruns et les yeux légèrement orangés du jeune homme, qui plia ses anciens vêtements avant de redescendre avec ceux-ci à la rencontre de Birhû.

"J'aime beaucoup votre petit cadeau, Birhû ! J'avais tant besoin de vêtements propres après ce long voyage..."

Trop pressé de passer son temps à parcourir la ville et en apprendre sur les Golems, Kalas, semblable à un enfant, invita l'élémentaire à lui faire découvrir la cité.

"Votre proposition de visiter Barkhane tient-elle toujours ? Je suis impatient de me mettre en route en votre compagnie !"

Barkhane – La Grand’place

Pour Kalas

Birhû hocha la tête, les yeux pétillants, lorsque Kalas le remercia pour le vêtement.

- Oui, ma proposition pour visiter Barkhane tient toujours, venez, suivez-moi.

Il lui fit signe de le suivre et commença à marcher dans les ruelles. Les maisons étaient toutes d’architecture sobre, de pierres beiges, mais celles qui semblaient habitées étaient savamment décorées de petits fleurs et plantes diverses et variées. Les maisons vides, elles, avaient tendance à être mangées par le lierre.

Birhûvaya mena l’humain jusqu’à ce qui semblait être une Grand’place, sur laquelle se trouvaient de nombreux Golems. Ces derniers étaient assis par terre et semblaient… regarder des plantes pousser, chacun devant l’une d’elles.

Il y avait là une sorte d’amas de mousses et d’algues, de lichens hirsutes mais néanmoins pourvu de grands bras, trop grands pour son corps et de petits pieds semblables à des pattes de canard. Sur ce qui semblait être son visage se trouvaient deux orbites rouges et des oreilles étranges. Il avait l’air passablement dépité, en regardant la tige devant lui.

Un autre était le premier Golem aux formes féminines qu’il était donné à Kalas de voir. Plutôt gironde et fort peu vêtue, elle semblait être un amas de feuilles et de racines étranges, mais néanmoins agréables à l’œil, et, quant à elle, assise en lotus, elle semblait passablement énervée devant la brindille.

Le troisième était rien moins qu’un colosse, mettant facilement un mètre cinquante dans la vue de Monta’kh qui était bien ce que l’on peu appeler une bonne branche. Entièrement fait de pierre, avec quelques tapis mousseux de ci, de là, il possédait une tête proche de celle d’une tortue et des dents de pierre peu attrayantes. Néanmoins, il était assis à même le sol, ce qui semblait déplacé pour une montagne telle que lui (car oui, le terme de montagne avait rarement aussi bien défini un être), et semblait passablement perdu en louchant sur le bout de boit qui dépassait du sol devant lui.

- Non mais non ! Et encore non ! résonna de l’autre côté de la place. Ce n’est pas comme ça qu’il faut vous y prendre. Concentrez-vous, par la brindille rachitique de mon arrière-grand père, concentrez-vous, non d’un chêne !

Un petit arbre de la taille de Birhû s’avança, passant devant les trois golems en leur donnant de petites taloches sur le coin de la tête au passage. Il portait une coiffe de petites feuilles, les mêmes qui ornaient ses bras comme des bracelet. Son corps était lui aussi formé d’un tronc, orné d'un petit bijou de pierre et il semblait passablement désespéré.

- Mais concentrez-vous, c’est pas comme ça que vous allez la faire grandir, je vous dis de le vouloir !

[Kenra – xp : 1 (post)]


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Barkhane – L’Antre de l’Esprit

Pour Guasina

Monta’kh esquissa ce qui pouvait ressembler à un sourire pour la colossale montagne qu’il était et il se détourna, se dirigeant à travers la ville.

Les bâtisses, certaines plus grandes, d’autres plus petites, construites de pierres aux couleurs des sables du désert s’alternèrent. Le Gardien se dirigeait, avec la petite lutine, vers le cœur de Barkhane et la gigantesque barkhane qui abritait la cité des Golems. Il s’en approcha à tel point qu’ils foulèrent rapidement son contrefort, et, là, Guasina pu voir une porte se dresser, une gigantesque porte de pierre qui semblait mener à l’intérieur même de la dune.

- C’est ici que mes pas s’arrête et que les vôtres commence, Dame Guasina. La suite est de votre ressort.

A ses mots, il s’avança pour pousser la vaste porte qui s’ouvrit dans un crissement de sable, laissant quelques grains chuter.

A l’intérieur se trouvait un couloir, sombre, qui semblait être fait de ses mêmes pierres sableuses qui construisaient toute la ville. Au bout de celui-ci brillait une lumière dorée, qui permettait à la lutine de voir dans ce tunnel au demeurant fort sombre.

Le sombre couloir débouchait sur une étrange forêt intérieure qui semblait briller d’une lumière propre. De grands arbres s’élevaient, ainsi qu’un couvert végétal formé de quelques feuilles mortes, brunes, rouges, dorées. Il était impossible de voir au-delà de la cime des arbres, par trop dense, mais la lumière qui parvenait à pénétrer par le feuillage semblait être celle du soleil lui-même, alors que la lutine avait pénétré à l’intérieur de la barkhane.

Marchant dans ce décor féerique, ses petits pas étaient ponctués par les piaillements d’oiseaux invisibles et d’une légère brise faisant bruisser les feuilles des arbres, comme un accueil chaleureux.

Elle parvint finalement à une clairière sur laquelle se dressait une pierre entourée des racines d’un arbre au tronc blanc et lisse.

A ses pieds se trouvait un être étrange, paisiblement allongé, la tête reposant sur ses pattes. Il s’agissait d’un être à la forme générale d’un loup, mais seule sa tête pouvait réellement être de l’animal, car sa fourrure était semblable à un épais feuillage. L’animal releva la tête à l’approche de Guasina et posa ses yeux sur elle.

Ni une ni deux, le petit arbre et l'homme-loup s'accordèrent à débuter leur promenade dans la belle cité qu'est Barkhane. Le soleil tapait toujours aussi fort, mais d'une façon très agréable, sans la moindre sensation de chaleur et d'assèchement pour le Shaman. Sa nouvelle robe était d'ailleurs bien plus aérée que ses anciens vêtements, qu'il s'était empressé de déposer à l'entrée de la maison de Birhû, ne sachant pas où les jeter. Il rattrapa l'élémentaire en quelques foulées et se fit très attentif à la moindre indication touristique de sa part.

Comme il avait pu le constater, l'architecture des Golems ne brillait pas par la finition des détails ou le mélange de couleur, mais par une harmonie qui semblait faire fondre la cité dans le milieu où elle réside. Et cet environnement, Kalas le trouvait merveilleux.

Au fond, il était un homme qui aimait les choses simples. Bien sûr, comme à n'importe qui doté d'un minimum de goût, Ilmatar était un pur chef-d'oeuvre d'architecture et de travail, mais le calme et la sérénité qui régnait à Barkhane rappelait au loup l'atmosphère paisible de sa forêt proche de Dehant. Quoi qu'il en soit, il était heureux de retrouver ce genre de sentiment sur un autre monde.

"Birhû, c'est magnifique ! Barkhane est comme une ville qui a émergé du sable tant chaque élément qui la compose paraît si naturel !"

Après plusieurs minutes de marche, ils arrivèrent à ce qui semblait être une place publique, étonnamment peuplée. Sur Yuimen, un lourd brouhaha en émanerait, mais pas dans cette cité. Ici, on pouvait y trouver plusieurs Golems, assis à même le sol à regarder de petites pousses s'échapper de la terre pour respirer l'air libre de la surface. Tous ces élémentaires à l'âge indéfinissable, étaient par contre tous différents par les éléments végétaux et minéraux qui les composaient.

Le premier, aussi touffu qu'un tronc trop couvert de mousse, semblait difforme de par ses bras à la longueur trop exagérée. La seule chose discernable au milieu de son visage était deux petites lueurs rouges, traduisant une déception que Kalas connaissait pour avoir subi des difficultés lors de l'apprentissage d'un sort de protection terrestre.

Le second, ou plutôt la seconde, fit légèrement pétiller les yeux du jeune homme pendant qu'il l'observait. D'autres Golems de sexe féminin avaient certainement dû passer sous son regard, mais celle-ci était la plus à même de s'en vanter. Un homme comme Kalas, capable de s'émerveiller de chaque chose qui sort de l'ordinaire, fut suffisamment subjugué par la femme-végétale pour ne pas noter la pointe de colère qui déformait légèrement son visage.

Le troisième Golem était d'abord invisible au yeux du Shaman, croyant d'abord regarder un amas de roche posé au milieu de la place. Ce fut après un mouvement de la main de ce dernier que Kalas comprit qu'il avait en face de lui une véritable force de la nature. Davantage montagne que Golem, cet être uniquement fait de pierres tachetées de mousse à certains endroits semblait dans le même état que ses collègues, toujours assis devant la petite pousse en face de lui.

Au même moment, un dernier petit être hurla sur le groupe de Golems à quelque mètres de là d'une voix colérique. Seulement vêtu d'un petit médaillon à l'aspect très primitif, il fila devant les trois élémentaires apparamment plus jeune que lui et administra à chacun d'entres eux une légère claque, comme pour les punir. D'après ses dires, il s'agissait d'une leçon et les trois élèves ne parvenaient pas à l'apprendre correctement.

La situation paru originale pour le jeune homme, qui n'attendit pas plus longtemps pour demander des éclaircissements à Birhû.

"Dites-moi, Birhû... Que cherchent-ils à faire ?"

Rencontre avec l’esprit (1)

Les deux golems si différents qu’ils puissent l’être nous accueillirent dans la demeure de Birhû avec le même sourire et la même amabilité. Leur tasse vide sur la table indiquait qu’ils avaient bu un breuvage en attendant patiemment notre arrivée.
Birhû nous quitta quelques instants pour revenir les bras chargés d’une tunique propre de couleur sable pour Kalas, tout en s’excusant de n’avoir rien à m’offrir vu ma petite taille. Je le rassurai aussitôt.

« Ne vous en faites pas, j’avais une tunique de rechange dans mon sac, je l’ai donc enfilée ! »


Monta’kh se tourna vers moi puis me tendit sa grosse main calleuse de pierre tout en me proposant de monter sur son épaule. Puis, comme j’allais acquiescer, hésitant, il nous proposa de passer l’épreuve ensemble puisque nous nous semblions nous connaître moi et Kalas.

Je ne répondis pas immédiatement, laissant volontairement Kalas prendre les devants. Ce dernier déclina galamment l’offre du golem de pierre prétendant vouloir me laisser mon intimité. A ces mots, je me retournai vers le jeune homme pour lui faire un large sourire.

« Effectivement, je vous apprécie beaucoup Kalas, mais nous nous connaissons depuis peu, je pense, tout comme vous, que si cette rencontre est personnelle, je dois aussi respecter votre intimité. »

Cela dit, je me levai et j'effectuai un petit saut dans la main de Monta’kh et tout en m’asseyant sur sa robuste épaule de pierre, je rajoutai à son intention

« Je vous remercie tout de même Monta’kh d’avoir pensé à nous offrir cette opportunité ! »

Kalas me souhaita bien du plaisir en compagnie de l’esprit avant de partir mettre ses nouveaux habits. Pour ma part, je me contentai de le saluer de la main.
Cette aimable montagne de roche ambulante nommée Monta’kh se mit en marche dans la direction de la ville. Fébrile de rencontrer enfin cet esprit, je demeurai silencieuse observant chaque habitation que nous approchions, me demandant s’il s’agissait de notre destination. Mais à chaque fois, le golem passait son chemin. L’être de pierre avançait d’un pas régulier plus loin dans la cité, vers le centre de cette gigantesque dune de la forme d'un croissant allongé dans le sens du vent. Alors que nous approchâmes la haute paroi de sable, j’y discernai une immense porte de pierre. Mon guide s’arrêta là avant de m’annoncer que je devais faire cavalière seule à partir de là. Il me laissa glisser le long de son bras pour atterrir dans sa paume, puis délicatement, il approcha sa robuste main près du sol. Lorsque je fus sur la terre ferme, il poussa lui-même la grosse porte. Avant de la franchir je me retournai vers lui :

« Merci de m’avoir guidée jusqu’ici ! »

Cela dit, je franchis l’encadrement de la porte pour pénétrer dans le long corridor sombre. Mon acuité visuelle s’était améliorée depuis mon arrivée sur Elysian, mais ne m’était pas bien utile puisque la lumière tout au bout du tunnel s’avérait trop faible. Je décidai donc de me tenir tout près du mur de pierre, le tâtant de ma main gauche afin de me diriger lentement, mais sûrement en ligne droite ne quittant la douce lumière dorée des yeux.
Je marchai d’un bon rythme, sans crainte, faisant confiance à Monta’kh et à l’esprit que je m’apprêtais à rencontrer. Après quelques minutes de marche, j’arrivai à l’autre extrémité. Je m’arrêtai, sans bouger, ébahi par l’étrange, mais magnifique forêt qui prenait place devant moi.

(Une forêt sous les dunes de sable ? )

Je n’en croyais pas mes yeux affûtés, mais je ne pouvais le nier. Sous une épaisseur considérable de sable, et de roc poussaient de magnifiques arbres d’un âge vénérable. La végétation abondante semblait suivre le rythme des saisons puisque le sol était tapissé des feuilles dans les teints d’orangés, de rouge, et même des dorées.

(Et cette lumière, d’où provient-elle ? )

Je tentai de percer le couvert des arbres afin de voir ne serait-ce que le ciel ou le plafond rocheux afin de discerner un puits de lumière ou une quelconque autre lumière magique. Mais en vain, même sur le bout de mes pieds, même si mes yeux de choucas étaient perçants, il m’était impossible de voir au-delà de la cime des arbres. Et pourtant, la lumière parvenait dans ce lieu souterrain et permettait aux végétaux de croître de façon mémorable.

Je me décidai enfin d’avancer dans ce lieu inhabituel et enchanteur. Il m’était agréable de marcher dans ces feuilles mortes qui m’arrivaient bien au-delà des chevilles, et d’écouter les oiseaux chanter sans pour autant pouvoir les observer, tout en laissant une légère brise caresser mon visage pour se faufiler ensuite entre les feuilles des arbres. J’arrivai ainsi à une espèce de clairière. En son centre se dressait une imposante et haute pierre noire, encerclée à sa base par les racines d’un arbre blanc donc le tronc lisse gravissait le roc en l’entourant comme une douce étreinte. Roche et végétal étaient intimement liés.

(L’esprit de la terre, la symbiose entre le roc et végétal)

C’est en m’approchant donc de cet imposant monument hybride que j’aperçus un animal étrange à ses pieds. Du loup il avait la tête blanche et la stature. Mise à part sa tête, aucune fourrure ne recouvrait son corps. Ce dernier semblait complètement végétal, arborant un feuillage vert éclatant et bien fourni. Ne sachant quel comportement adopté, je cessai d’avancer sans le quitter des yeux. Peu de temps après, l’animal releva la tête et plongea son regard dans le mien.

Il était grand et impressionnant, mais étrangement, je ne ressentais aucune peur. C’est comme si je savais que je n’avais rien à craindre.

Je l’examinai un court moment avant de me décider à parler.

« Je suis Guasina Roquin. Je suis originaire de Yuimen et je suis venue sur Elysian pour vous apporter mon aide. J’ai pénétré dans votre sanctuaire sous l’autorisation de Monta’kh votre gardien. A mon arrivée, ici mon corps s’est retrouvé modifié par le muutos. On m’a assuré que vous pourriez m’aider à maîtriser ces fluides sauvages. »

Je parlais ainsi sans trop savoir si je m’adressais au loup, au monument de pierre, à l’arbre blanc, ou à ce soleil qui existait vraisemblablement, mais dont je ne voyais que la lumière qu’il produisait.

(((1048 mots)))

Barkhane – La Grand’Place

Pour Kalas

- Mais si seulement tu te taisais, peut-être qu’on arriverait à se concentrer ! répondit la golem féminine au petit arbre d’un ton légèrement hautin.

Ce qui sembla mettre ce dernier encore plus en colère et il commença à l’invectiver, tandis que Birhûvaya se mettait à rire face à la scène.

- Mon confrère cherche à leur apprendre à faire pousser rapidement un arbre à partir d’une branche et non d’une graine, répondit-il à Kalas dans un murmure amusé.

C’est à ce moment que le petit arbre aperçut le duo. Il s’arrêta brusquement dans une diatribe, les bras en l’air, regardant un instant Kalas, puis Birhûvaya d’un air légèrement hébété avant de reprendre de plus belle.

- BIRHÛVAYA ! Où étais-tu passé ?! Laisser cette bande d’incapables entre mes pauvres mains, mais tu veux ma mort, c’est ça ?! Ma mort par crise d’apoplexie ?! Et puis, c’est qui, lui, d’abord ?!

Il s’était rapproché de duo et les trois autres Golems, intrigués, s’étaient relevés et s’approchaient à leur tour des deux compagnons.

- Le Gardien m’a demandé de me rendre à Ilmatar afin d’amener ici les aventuriers venu de l’autre monde, ceux qui doivent nous aider et qui sont touchés par le Muutos de Terre, répondit-il au petit arbre qui faisait sa taille d’un air clairement amusé, ce qui eût pour effet de le calmer instantanément.

Si Birhûvaya avait d’ordinaire l’air constamment apeuré et stressé, il semblait pourtant dans son élément parmi ces quatre Golems si différents les uns des autres. Il tourna la tête vers Kalas pour lui en donner l’explication.

- Ce sont mes compagnons de toujours, nous avons l’habitude de prendre quelques heures pour nous apprendre les uns les autres différents tours, mais d’ordinaire c’est moi qui m’occupe de tout ce qui est végétal. Mais laisse-moi te présenter le laconique Nuraye, l’imposant Kaeleasas, l’admirable Varnamayâ et mon cher confrère Mapepala.

Nuraye, le golem moussu, s’approcha de Kalas sans quitter son expression un peu perdue et leva vers lui l’index de l’une de ses grandes mains comme pour le toucher à l’épaule, comme le ferait un enfant découvrant un objet nouveau. Varnamayâ hocha la tête à son égard en haussant un sourcil intrigué tandis que Kaeleasas, lui, disait d’une voix d’outre-tombe, gorgée de toute la puissance du roc :

- Guerrier d’outre-monde, je te salue.

Mapepala, le petit arbre, dit quant à lui du bas de sa dizaine de centimètres :

- Bon. Bon, bon, bon. Je suppose que ceci explique cela, hein, avant d’ajouter sur le regard expectatif de Birhû, comme s'il avait oublié : Ah, oui, bienvenue à Barkhane !


[Kenra – xp : 1 (post)]


Franchir cette ligne tes yeux ne doivent pas, Ô Homme-Loup

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Barkhane – L’Antre de l’Esprit

Pour Guasina

L’animal végétal se redressa pour savoir et inclina la tête sur le côté, comme pour mieux examiner Guasina alors que cette dernière présentait les raisons de sa venue.

« J’attendais ta venue, Guasina Roquin de Yuimen, née sous le regard du Chêne et habitée par le Choucas », l’entendit-elle dire sans qu’il ne parla réellement, bien qu’elle fut certaine que ces mots étaient prononcés par l’étrange loup. « Il est en effet en mon pouvoir de t’aider à cette maîtrise ».

Il se releva et s’approcha un peu d’elle, sans paraître aucunement agressif envers la petite lutine malgré sa grande taille et s’assit de nouveau, très droit, mais le museau penché vers Guasina pour mieux la voir. Il inclina une nouvelle fois la tête sur le côté.

« Tu n’es déjà plus celle que tu étais lorsque tu as posé tes premiers pas sur Elysian et sur toi repose le regard d’un être ancien, très ancien, aussi ancien que ton monde. Il a modifié les âges par le biais d’êtres comme toi qui se partagèrent les âges et j’en ressens parfois les échos lointains. »

Il avait ajouté ses dernières paroles en levant des yeux pensifs vers la cime des arbres, comme s’il pouvait percevoir ce qui se trouvait au-delà avant que son regard ne redescende de nouveau sur Guasina.

« Laisse-moi te montrer quelles furent ces vies dont tu es à présent dépositaire ».

Si la réponse de la lutine était positive, des images se mettraient à se succéder dans sa tête.

[Guasina – xp : 1,5 (post)]

Au vu de la réaction de la femme-racine, les remarques de ce qui semblait être leur aîné commençait à lui échauffer l'esprit. Celle-ci déchargea sa colère sur lui en restant aussi impassible que possible, ce qui eut pour effet de faire éclater Birhûvaya de rire.

Après quelques éclats de rire, ce dernier, toujours aussi amusé, expliqua la scène à l'homme-loup qui lui en avait fait la demande. D'après ses dires, les élèves ici-présent tentaient d'accélérer le processus d'évolution d'une branche à un arbre, et non à partir d'une graine.

"A partir d'une branche ? L'exercice ne serait-il pas plus simple à partir d'une graine ou d'une racine ?"

En effet, même si l'expérience semblait impossible à réaliser pour un mage de bas rang comme lui, le taux de réussite semblait plus élevé en partant de ce principe là. Mais le temps ne fut pas aux questions car le petit arbre qui faisait office de maître attira l'attention de Birhû en se dirigeant vers lui, alors que les trois élèves stoppèrent leurs efforts. Avec plusieurs cris et levées de bras, il n'arrêta de se plaindre qu'en arrivant près de lui, terminant par une délicate interrogation au sujet de Kalas.

De tous les Golems qu'il avait pu rencontrer, il s'agissait du premier aussi bruyant. Le Shaman avait noté la nature douce et lente de ce peuple, à l'image des montagnes et des arbres qu'ils représentaient. Aussi, Kalas ne pu s'empêcher de comparer ce petit être excité à ces vieux paysans de Dehant qui grognent sur la jeunesse toute la journée, l'image lui extirpant un sourire au passage.

Birhû expliqua les raisons de sa présence à Barkhane la mine ravie. Cependant, la mention de Monta'kh retint l'attention du Shaman.

(Je vois, c'est donc Monta'kh qui l'a envoyé à Ilmatar. Je ne pensais pas que le Gardien disposait d'un poste aussi important, même s'il ne doit pas y avoir réellement de hiérarchie au sein des Golems.)

L'assurance de Birhûvaya étonna quelques peu Kalas, qui n'avait pas l'habitude de le voir aussi confiant. Fier de lui, il déclara son importance aux enseignements, soulignant sa maîtrise dans le domaine végétal. Ce dernier présenta ensuite habilement chacun des élémentaires ici-présent, ce qui eu pour effet de les faire réagir en entendant leurs noms.

Nuraye, le plus moussu des quatres, tenta un contact du bout du doigt, comme inquiet. Ne sachant comment réagir, Kalas se contenta de sourire et de passer la main sur sa nuque, gêné et mal à l'aise face à de telles méthodes de présentation. Le Shaman glissa son regard sur l’élémentaire féminin qui lui rendit un hochement de tête intrigué pour finalement entendre la lourde voix de la montagne vivante, Kaeleasas, semblable à de l'écho.

Quand le tour du petit arbre excité arriva, il marmonna quelques paroles que Kalas eu du mal à comprendre, mais qu'il traduisit comme un salut de sa part. Répondant à son tour de manière plus générale, le jeune homme s'inclina légèrement, comme par réflexe, avant de s'intéresser davantage à l'exercice qu'il venait d'interrompre et de pointer du doigt une des pousses qui dépassait du sol.

"Enchanté, je m'appelle Kalas, ravi de vous rencontrer. Dites-moi, vous pensez que je pourrais essayer, si ça ne vous dérange pas ?"

Le soleil ne se montra point. Ni l’arbre ou la pierre ne réagit, seul l’hybride à la tête de loup se redressa et inclina la tête pour mieux m’examiner. Instinctivement, je fis de même, mais ma tête pencha de l’autre côté. À mon tour, je l’examinais et l’admirais à la fois, curieuse d’en savoir plus sur lui, espérant qu’il me conduirait à l’esprit.
Puis une voix, grave, masculine et agréable me répondit. Aucune lèvre n’avait remué et cela n’était pas nécessaire puisque c’était par la pensée qu’il s’adressait à moi. Sans plus aucun doute, je savais à présent que cet être à la fois magnifique et étrange était l’esprit que je devais rencontrer. Il s’était adressé à moi, me nommant tout en précisant que j’étais née sous le regard du chêne, alors que je ne lui avais pas dévoilé. Il confirma ensuite qu’il m’aiderait à contrôler ces fluides sauvages qui avaient colonisé mon corps à mon insu.

Il se leva, s’approcha de moi, et se rassit. Le corps bien droit, la tête penchée en avant pour mieux me voir, il inclina de nouveau la tête. Ce petit geste anodin qui faisait aussi partie de mes habitudes, me fit sourire. Je me sentais bien en la présence de cet esprit qui transpirait le calme et la sérénité. Cet esprit semblait pouvoir percer les mystères de mon âme et sans aucune inquiétude, je ne lui fis pas barrage. Je ne ressentais aucune peur en sa présence et je faisais confiance en cette sensation.

Il prit une fois de plus la parole pour m’expliquer que je n’étais plus la même depuis mon arrivée sur Elysian. Et il ne parlait pas du muutos, mais d’autre chose qui avait grandi en moi. Sans pouvoir me l’expliquer, je savais qu’il avait raison. J’avais senti une transformation au plus profond de mon âme, sans pourtant en connaître l’origine ou les fondements. Il me parla ensuite d’un être ancien, très ancien qui avait modifié les âges via des êtres comme moi.

(Comme moi ? Oh Yuimen, éclaire-moi ! )

Puis, bien qu’il puisse le faire sans mon autorisation, il me demanda de lui laisser me montrer les vies de gens particuliers.

Sereine, je le regardai dans les yeux et lui fit un solennel signe de la tête. J’acceptai son offre. Je n’avais aucune idée de ce qu’il voulait me montrer, mais je me doutais que cela allait changer ma vie.

(((410 mots)))
((( A suivre)))

Délicatement, afin de ne pas me brusquer, l’être hybride inséra des images dans mon esprit. Tout d’abord floues, petites, timides, elles prirent peu à peu de l’expansion pour envahir allégrement mon cerveau et mon imagination. Tel un rêve, elles occupèrent toute la place, m’y insérant dedans. Les images prirent enfin forme, les détails se précisant.
Je me retrouvai au cœur d’une forêt de conifères parsemés de quelques feuillus arborant leurs magnifiques feuilles aux tons orangés. Le soleil était déjà couché et l’automne avait élu domicile depuis quelques semaines déjà, mais la lumière et la chaleur étaient bien présentes. En fait, une petite chaumière de bois prenait feu, et les flammes qui la dévoraient produisaient lumière et chaleur. Alors que cette dernière aurait dû s’avérer réconfortante en cette saison, elle n’apportait que tristesse et désolation.

Un peu en avant, me tournant le dos, agenouillée sur un sol de mousse, une jeune femme recouverte d’une cape rouge pleurait. Je ne pouvais discerner son visage, puisqu’elle faisait face au feu, mais le haussement répétitif de ses épaules était révélateur. À ses côtés, un gros ours brun se tenait immobile. Non pas dans l’attitude d’un prédateur envers sa proie, mais plutôt celle d’un compagnon fidèle de longue date.

Puis, l’ambiance pesante de tristesse s’allégea quelque peu, une présence nouvelle et puissante venant tout juste de se faire sentir. Point besoin de présentation, je connaissais l’identité de cet être, puisque je ne cessais de le prier : Yuimen. Pouvant apparaître sous multiples aspects, le dieu de la terre, de la nature et de la vie avait pris pour l’occasion la forme d’un humain dans la force de l’âge. Bien que j’étais témoin d’une scène du passé, par instinct et respect, je m’agenouillai et lui fit une révérence. Tout près de la jeune demoiselle, le dieu à la peau sombre et aux yeux d’or, tout doucement, déposa sa grande main sur la frêle épaule. Elle frémit sans se retourner. Aussitôt un fin halo de lumière encercla la jeune femme, ses épaules affaissées se redressèrent. L’espoir perdu était revenu, je pouvais le sentir. La femme ne pouvait voir le dieu qui la touchait, mais elle en ressentait la présence. Voir était inutile, puis qu’elle savait, elle avait la foi !

L’élue descendit sa capuche découvrant une chevelure brune, abondante et frisottée, et des oreilles légèrement pointue, typique d’une demi-elfe. Elle se leva soudainement, courant vers la cabane en feu et y pénétra. Elle en sortit quelques minutes plus tard, un vieillard encore plus frêle qu’elle dans ses bras. Elle le déposa tendrement sur le dos de l’ours qui docilement la laissa faire. Le trio insolite partit laissant derrière eux les vestiges d’une chaumière et un dieu reconnaissant. Cette frêle femme fut la toute première protectrice d’âme.

(((466 mots)))

La vision du trio s’estompa pour faire apparaitre l’intérieur d’un logis, modeste, mais bien entretenu. Dans une chambre, se tenait debout un humain à forte carrure portant une peau d'ours sur le dos. Il était au chevet d’une femme, d’une très vieille femme. Malgré ses nombreuses rides, et ses longs cheveux gris, je la reconnue. Il s’agissait de la première protectrice d’âme qui rendait la sienne après une vie bien remplie. Yuimen lui rendait hommage, l’accompagnant dans ses dernières secondes de vie.

Puis d’autres images défilèrent, je vis Yuimen sous d’autres formes selon l’apparence que les divers peuples lui attribuaient, accompagnant les protectrices d’âmes qui se succédaient. Il y eut une elfe bleue, puis une naine, suivie d’une phalange de Fenris, une elfe blanche, et même une hobbit. La vie de ces femmes défila devant mes yeux et je pus me nourrir de leur aventure, de leur courage et de leur détermination.

Puis Yuimen apparut, sous l’aspect de Ter Zignok, un orque vêtu de peau de bête, portant dans ses gros bras de guerrier, un délicat paquet recouvert de langes. Il confia le poupon orque à une famille humaine digne de confiance et plein d’amour. Il avait choisi cette protectrice d’âme dès le berceau. Je la vis aussi grandir, évoluer, découvrir sa vocation et accomplir ses missions de protectrices d’âme. Cette septième disciple de Yuimen usée à la corde mourut sur le champ de bataille protégeant des habitants de leurs assaillants.


(((246 mots)))

Un silence. Plusieurs regards surpris. De la gêne. A priori, Kalas ne s'attendait pas à de telles réactions de la part des Golems. Leurs yeux semblables à des graines dorées se connectèrent les uns aux autres comme pour s'échanger télépathiquement l'incompréhension créée par le jeune homme aux yeux de loup. En guise de réponse, le Shaman frotta la paume de sa main de pierre sur ses lèvres et dispersa son regard sur chacun d'entres eux, espérant une réponse positive à sa demande. Finalement, c'est Birhû qui prit la parole, connaissant Kalas depuis plus longtemps que ses confrères de pierre et de bois.

Le petit arbre avait le corps d'une jeune pousse, mais pensait comme un chêne millénaire. Il mentionna le manque de temps flagrant qui l'empêcherait d'apprendre correctement à utiliser la même magie que son peuple. Jillian semblait également lui avoir fait part de la limite humaine en terme de maîtrise magique. Rien de positif en soi.

La déception fut le premier ressenti du jeune homme, lui qui souhaitait tout savoir de ces êtres aussi captivants qu'incroyables. Voilant son sourire, Kalas baissa ses yeux à la lueur orangée et serra sa main de pierre dans un grincement de frustration.

"Ho... Je comprends..." (Merde, je voulais tant apprendre d'eux...)

Plusieurs secondes de silence se déroulèrent pendant lesquelles le jeune mage ne sentit pas le regard intrigué de Birhû sur ses bras transformés par le Muutos, trop occupé à ruminer dans ses pensées, pour finalement s'en faire extirper par une suggestion du Golem à leur sujet, suscitant rapidement l'intérêt du Shaman. Son visage se redressa un très court instant pour ensuite se baisser à nouveau vers le point d'attention de l'élémentaire jusqu'à comprendre ses paroles. Il releva la tête une nouvelle fois, mais un immense sourire illumina son visage encore sombre il y a peu.

"C'est vrai ?!"

Les Golems brisèrent leur immobilité et s'organisèrent en cercle, avant de s'asseoir à même le sol en invitant Kalas à les rejoindre d'un regard amusé. Ce dernier se dépêcha et prit rapidement place entre l'énorme masse de rocs et l'arbre aux allures féminines, laissant Birhûvaya s'installer juste en face de lui. Là, il fit part des connaissances en métamorphose du jeune homme et lui expliqua que l'exercice en serait facilité, la sensation ne lui étant pas inconnue, puis laissa la parole à Varnamayâ, la plus douée dans ce domaine.

Comme une apprentie semblable à lui-même et non comme une professeur, elle commença à lui indiquer l'exercice à accomplir tout en lui prodiguant des conseils à voix haute. Elle peaufina la marche à suivre d'une démonstration en levant son bras face à elle et prit quelques secondes de concentration pour parvenir à un résultat saisissant. En effet, tout son membre se solidifia progressivement, quittant sa couleur verdâtre pour une transparence brunâtre, comme pour garder une appartenance à la Magie terrestre des Golems. Varnamayâ se tenait là, à ses côtés, son bras gauche désormais transformé en pure pierre précieuse. Elle démontra en plusieurs gestes qu'elle avait gardée la flexibilité de ses articulations et que la nouvelle texture de sa peau ne la gênait en aucun cas dans ses mouvements.

Le jeune mage avait gardé les yeux écarquillés durant tout le spectacle, subjugué par une telle maîtrise magique. Par la seule force de sa volonté, Varnamayâ était parvenue à un rare résultat de métamorphose et Kalas en était le premier conscient. En effet, d'après la maîtrise naturelle des Golems à un exercice de cette tournure, lui plus que les autres personnes présentes ici connaissait déjà la difficulté à changer de forme.

"Incroyable... C'est autre chose que de se changer en animal !"

L'enjeu de l'exercice commençait à l'exciter et Kalas rentrait à nouveau dans une de ces phases qui lui vont si bien. Apprendre. Connaître. Réussir. L'apprenti-mage reprit le contrôle de l'esprit du Shaman, assoiffé de savoir et de Magie.

"Très bien. Essayons !"

D'un clappement de main, le jeune homme se leva avec hâte et se positionna au centre du groupe pour accaparer l'attention de tous. Non pas dans un but purement narcissique, mais de cette façon, les Golems seraient capables de repérer la moindre erreur de manipulation et ce sous tous les angles. Kalas releva ses manches, enleva ses gants et se prépara mentalement, vidant sa tête de toute pensée néfaste au bon déroulement de l'exercice. Une fois convenablement mis en condition, il laissa son imagination et ses intuitions de mage le guider jusqu'à la réussite.

(Bon, d'après Birhû, les sensations de transformation sont les mêmes que lorsque je me change en loup. Là-dessus, ça devrait aller. Ce qui complique la chose, c'est de focaliser cette sensation sur un membre précis. Limiter le flux à mon bras, laisser circuler l'énergie du bout de mes doigts, puis remonter le plus haut possible. La main, ce serait déjà pas mal, pour commencer...)

Il fixa sa main nue, comme pour distinguer quelque chose d'ordinaire impossible à voir. Le roc recouvrait sa peau comme une couche de boue dans laquelle il aurait plongé ses bras. Là aussi, Kalas était capable de mouvoir ses articulations sans se sentir gêné, de la même façon que Varnamayâ il y a quelques instants.

(Passer du roc à quelque chose d'encore plus solide... Concrètement, pour un homme fait de chair et de sang, c'est comme transformer un caillou en diamant, c'est impossible. Les Golems sont habitués à sentir... de la sève ou je ne sais quoi couler dans leurs veines, c'est surement pour ça qu'ils y arrivent aussi facilement. Mais il y a plusieurs mois, en sortant de la maison de mon père, aurais-je pensé être capable un jour de soulever la terre pour frapper avec ? Lever la pierre pour me protéger ? Ou même de pouvoir me transformer en animal ? Je pense qu'à cet instant, je devais très certainement trouver tout cela bien plus inconcevable qu'à l'heure actuelle...)

D'un bref coup d'oeil, le Mage s'intéressa au bras de Varnamayâ. Il n'était même pas sûr de reconnaître le minerai qui avait remplacé sa peau, jaugeant pour de l'onyx ou de l'obsidienne. Néanmoins, il n'en avait pas suffisamment touché et tenu au cours de sa vie pour reproduire pareille similitude. Pour faciliter l'exercice au maximum, il allait falloir choisir quelque chose de plus commun et Kalas le savait.

(Je ne pourrais jamais reproduire un truc pareil, c'est trop compliqué. Plus simple, allez, allez... De l'or ? Du diamant ? Non, c'est pire... Pfff... J'y connais pas grand chose en minerai, moi... Quelque chose de classique, alors. Du fer. C'est bien, le fer. Comme les outils de cuisine, chez Papa. On va partir sur ça.)

La technique était trouvée et l'image bien claire, le Mage était maintenant prêt à tenter l'expérience. De la même manière que Varnamayâ, le bras tendu et la paume de la main face à lui, il visualisa le résultat, se limitant d'abord à réussir l'exercice sur celle-ci, avant de commencer.

Tout d'abord, Kalas rassembla ses fluides au centre de sa poitrine. Jugeant son coeur comme le point central de son corps, il était naturel pour lui que tout parte d'ici. Une sensation chaude et agréable s'installa derrière ses pectoraux, le réchauffant comme un linge mouillé avec de l'eau bien chaude. Loup-Blanc lui avait enseigné suffisamment de fois que son organisme n'était qu'un chemin, une route sur laquelle ses fluides circulaient. Une fois qu'on leur avait montrés le sens dans lequel aller, n'importe quelle pratique magique était plus facilement réalisable.

Il fallait ensuite ouvrir une sortie à ce flux, tournoyant lentement autour de son coeur. Habilement, Kalas ouvra le loquet mental qu'il avait aposé dans son épaule droite et laissa le fluide couler dans son membre, le remplissant peu à peu de fluides. Quand le nouveau courant circula de façon parfaitement homogène entre sa poitrine et son bras, le Mage laissa libre court à son imagination et à sa force mentale pour utiliser ce pouvoir qui nageait en lui. Concentrant l'énergie sur son poing, il espérait pouvoir la modeler à sa façon.

(Très bien. Je m'en sors plutôt bien, pour l'instant. Maintenant, je vais faire en sorte d'étendre cette énergie pour recouvrir ma main de la même façon qu'un gant. Ca devrait pas être si compliqué... enfin j'espère...)

A force d''entraînement, Kalas savait déjà manipuler la terre et la pierre en la soulevant à l'aide de ses fluides. Il s'en servait comme une corde qui attache ce qu'il désirait et devenait capable de la manier à sa guise. Dans cet exercice, il s'agissait de son propre corps à modifier, hissant la difficulté un cran au-dessus. Le jeune Mage se mit donc en tête de faire grandir son énergie magique jusqu'à la faire ressortir de l'intérieur de son corps et de recouvrir le membre désiré. Une fois fait, il savait que la solidification de cette même énergie était quelque chose de bien plus simple.

Mettant en pratique sa théorie, Kalas injecta davantage de fluides dans son bras, accélérant le courant qui coulait déjà en lui. Une sensation de picotements surgit sur sa peau, à mesure qu'il accentuait la vitesse du flux, jusqu'à le sentir se dégager peu à peu de sa chair. L'énergie jaillit, recouvrant lentement la pierre qui recouvrait ses doigts et le plat de sa main. Poussant mentalement l'énergie pour l'encourager à sortir, le dégagement de fluide était plus éprouvant qu'il en avait l'air. S'il s'agissait de la première fois qu'il pratiquait ce genre d'exercice, Kalas était heureux d'avoir eu un rapide enseignement sur la modification corporelle de la part de son Maître, sans lequel il n'aurait même pas été apte à réaliser pareil exploit.

Bientôt, la main du jeune Mage fut recouverte par un voile brunâtre que personne n'était capable de voir. Même les yeux de loup du Shaman ne purent que distinguer une très fine vapeur se dégager de son corps, sous l'effet de la manipulation magique. Seul lui-même ressentait parfaitement la sensation d'être enveloppé de Magie.

(C'est comme si j'avais trempé ma main dans un tas de feuilles humides. C'est peut-être dû à mon affinité ou au fluide que j'utilise. Si je manipule le feu, quelle serait la sensation ? Des brûlures ? De la fumée ?)

Il fallait maintenant transformer le fluide qui lui couvrait la main. Le faire passer d'un état à un autre. Kalas savait comment s'y prendre, mais n'avait encore jamais essayé. Décidé, il laissa son esprit visualiser un gant de fer, semblable à ceux que l'on peut trouver dans une armurerie. Il n'avait encore jamais posé le pied dans ce genre d'endroit, mais plusieurs de ses connaissances disposaient de ce genre d'équipement.

(Quelque chose de lisse et de solide. Une peau de fer, qui résiste aux chocs et aux épées. Quelque chose de plus résistant encore que mes bras de pierre.)

En quelques instants, sa main devint floue sous l'effet de la transformation. C'est au bout des doigts que commença le phénomène, laissant la pierre jaunie par le soleil devenir un métal brillant et impeccable, reflétant la lumière comme aucun autre objet. La peau de ses doigts se changea à son tour, puis le phénomène recouvrit sa main entière, se stoppant d'elle-même au niveau du poignet. Le sourire jusqu'aux oreilles, Kalas ne couvrit pas sa joie aux Golems autour de lui.

"J'ai réussi ! OUAIS ! J'AI REUSSI !"

L'air ravi, Birhû regardait son éphémère apprenti se réjouir de sa réussite, tandis que les autres Golems se contentaient d'un sourire amusé. Mais seul l'un d'entre eux ne prit pas part aux réjouissances. Kaeleasas, la montagne vivante, était resté silencieux depuis sa rencontre avec Kalas et ne prit la décision de parler à nouveau qu'à cet instant précis, ce qui a certainement dû sauver la vie du jeune Mage. Sa voix caverneuse résonna, obligeant tout le monde à l'écouter alors qu'il se contentait lui-même de murmurer.

"Le sort. Il se relâche."

Toute l'assemblée suivit le doigt pointé de l'immense Golem, en direction du bras de Kalas. Ils purent constater ensemble la progression de métal qui s'accumulait le long de son membre, ne tardant bientôt plus à atteindre le coude du jeune Mage. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, il commença à paniquer.

"Qu'est-ce que... ?! Qu'est-ce qui se passe ?! Birhû !"

Le sort prenait davantage d'ampleur avec le temps et recouvrait maintenant le biceps, mordillant rapidement le début de l'épaule. Bientôt, il prendrait possession du reste de son corps, se dispersant sur ses autres membres, puis sur son visage, jusqu'à l'empêcher de respirer. Comprenant les conséquences, la panique du Shaman doubla de volume.

"Qu'est-ce que je dois faire ??!! AIDEZ-MOI !!!"

Toujours concentré sur son bras, Kalas ne put distinguer la petite silhouette végétale sauter de l'épaule de Varnamayâ et frapper d'un coup sec sur son crâne, le troublant dans ses pensées. L'impact le fit vaciller un instant et bientôt, il ne fut plus en état de laisser les fluides nager dans son corps. Le jeune homme s'échoua sur l'arrière-train, clignant plusieurs fois des paupières pour reprendre ses esprits. Une fois fait, il regarda son bras et y constata la disparition totale de fer, revenu à la pierre d'origine. Mapepala, du haut de sa dizaine de centimètres, se tenait devant lui, le même regard adressé auparavant à ses autres élèves qui venaient de rater l'exercice de croissance magique. Laissant le jeune homme s'imprégner de la sensation de gêne, il reprit sa place dans la ronde et balada son regard sur ses collègues.

"Désolé..."

(Quel con... L'une des règles les plus essentielles de la Magie indique de ne jamais relâcher son attention d'un sort en cours. J'ai pourtant lu suffisamment de livres comme ça pour ne plus reproduire ce genre de conneries...)

Admettant son erreur, Kalas accepta l'outre d'eau qui lui tendait Nuraye, toujours aussi gêné d'adresser le moindre mot. Une fois calmé et rassasié, il remercie le Golem moussu et lui rendit sa gourde, désireux de retenter l'expérience plus sérieusement.

Une fois de plus, le jeune Mage reprit sa place au centre de l'assemblée, sujet de tous les regards. Il réitéra l'exercice, cette fois-ci avec davantage de conviction et avec la connaissance des erreurs à ne pas commettre. Il repassa par toutes les étapes avec beaucoup de soin, s'attardant correctement sur la régulation de son flux magique. Une fois les flux correctement dispersés dans son bras, il entama le long processus qui consistait à recouvrir sa main de fluides, mais plus rapidement qu'à l'origine. La sensation lui était plus familière qu'à l'accoutumée et il pouvait maintenant se permettre de connaître exactement la quantité d'énergie à fournir, limitant les pertes inutiles. C'est au moment de la transformation, censée être l'étape la plus simple, qu'il ajusta de nombreuses fois la vitesse de production de métal sur son bras. Ainsi, il fut capable de l'amener jusqu'au coude, soulevant l'inquiétude de ses collègues qui se demandaient s'il fallait intervenir ou non. Mais l'assurance et le sérieux dont faisait preuve Kalas les rassura et ils reprirent leurs places de spectateurs.

Plusieurs essais furent nécessaires pour une longévité correcte du sort après relâchement, obligeant le jeune homme a dépenser plus d'énergie que nécessaire. Il voyait maintenant la technique d'un oeil très simple. En effet, il se contentait d'imaginer son bras comme un verre et les fluides comme de l'eau. Ainsi, l'image devenait bien plus facile à assimiler qu'une théorie trop compliquée de flux et de modelage.

(C'est beaucoup plus simple d'imaginer quelque chose qu'on vit tous les jours. La Magie, c'est un peu comme une devinette. J'aurais appris bien plus en comprenant ça depuis le début...)

Enfin, et non sans mal, le jeune mage parvint à terminer l'exercice de la même manière que Varnamayâ, se contentant d'un sourire pour indiquer qu'il avait terminé.

(2 606 mots)

Et puis je vis Yuimen se diriger vers un village tout près de Kendra Kâr. Un petit village construit à même un grand chêne, un village de lutin, mon village ! Il m’a vue et est reparti. Je le vis ensuite à mes côtés sur l’île flottante au moment du grand combat final où je priais pour me donner le courage. Et je le vis de nouveau dans le bagne maudit, au moment précis où je pris la décision de ne pas rejoindre les armées d’Oaxaca. Je compris que toutes ces fois où découragée, j’avais fait appel à lui, il avait été là, me soufflant le courage dont j’avais besoin en ces moments de détresse. Il m’avait choisi moi, une petite lutine de moins de quarante ans d’à peine vingt centimètres. J’étais à la fois fière et émue.

Les images s’estompèrent et je pris à nouveau conscience de ma présence dans cette forêt mystérieuse.

Je baissai la tête vers le sol recouvert de verdure, et les yeux fermés je murmurai à l’intention de Yuimen:

« Merci Yuimen de m’avoir accompagnée toutes ces années. Merci d’avoir répondu à mes demandes. Merci de me faire confiance en faisant de moi une protectrice d’âmes. Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de vos attentes. »

Cela dit, du revers de la main, j’essuyais les larmes qui menaçaient de s’écouler sur mes joues rousselées et je regardai le loup végétal :

« Je vous remercie de m’avoir donné accès à ces images du passé. Je vous en suis reconnaissante. Je tâcherai d’être à la hauteur du nouveau rôle qui m’a été attribué. »

Puis je me tus et attendis patiemment qu’il m’apprenne à contrôler le muutos.

(((290 mots )))

Barkhane – Grand’place

Les golems si différents les uns des autres regardèrent Kalas agir avec un grand intérêt, observant chacun de ses mouvements et chacune de ses actions afin de le guider dans cette expérience nouvelle.

- Je suppose que la maîtrise sera plus aisée une fois que le muutos sera maîtrisé auprès de l’Esprit, décalara Varnamayâ, manifestement ravie de l’apprentissage si rapide de son apprenti, bien qu’elle n’en dit rien.

Mapepala, qui lui arrivait à peine à l’épaule lorsqu’il était ainsi assit sur le sol, lui donna une accolade bourrue dans le dos en le félicitant, tandis que Birhûvaya le regardait avec un grand sourire. Kaeleasas se contentait de l’observer avec le stoïcisme de la pierre, mais ne semblait pas mécontent. Nuraye, pour sa part, n’avait pas vraiment changé d’expression, comme si c’était impossible dans ses traits moussus, cependant, il leva la main, le poignet refermé avec seulement le doigt en l’air et l’approcha de Kalas comme pour le toucher, ainsi qu’il l’avait déjà fait pour le saluer.

- Mais dis-nous, Homme qui est un Loup, comment est-ce pour les tiens, est-ce courant d’avoir ce don de pouvoir ainsi changer de forme ? demanda la jeune femme.

Il était étrange de voir de quelle façon les Golems parvenaient à percer ainsi, aussi aisément, son secret.

Sort appris par Kalas :
Muutos Minéral : le muutos de Terre du lanceur se solidifie sur ses bras à tel point qu’il prend la consistance d’un minéral, lui permettant cependant de garder toute sa liberté de mouvements. Il gagne ainsi la possibilité de faire des attaques simples pour une durée de lvl/2 tours. Dégâts et maîtrise magiques, mais seule l’esquive SA de l’adversaire est prises en compte. La transformation est considérée comme une action simple.

[Kenra – xp : 4 (post), 0,5 (qualité de l’apprentissage), 0,5 (apprentissage) ;
Guasina – xp : 2 (post)]


Après cette ligne tes yeux ne doivent pas de poser, Homme-Loup.

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Barkhane – L’Antre de l’Esprit

Durant toute l’expérience de Guasina, l’Esprit l’observa sans mot dire, ni même bouger. Seul le feuillage qui constituait son corps oscillait au gré d’une légère brise.

« J’ai accédé à la demande de ton Dieu, Guasina » expliqua l’Esprit. « Il était crucial que tu vives cette expérience, de ce que tu as découvert ici, sous la Barkhane, dépendra beaucoup de choses, et ton futur n’est pas des moindres. »

Il se leva et s’approcha d’elle de quelques pas légers. L’herbe sous ses pattes semblait briller à chacun de ses pas. Il approcha doucement son museau du front de la lutine avant de reculer et s’asseoir de nouveau, l’observant en penchant la tête.

« Ma marque, la marque du fluide de Terre est sur ton corps apposée, Protectrice d’Âme. Lèves-toi comme héraut de Yuimen, ambassadrice de terres lointaines en ces terres nouvelles. Lèves-toi, et embrasse ce monde d’un regard bon. »

Il fit une pause durant laquelle sa tête retrouva sa position normale avant de se pencher de nouveau.

« Ma tâche est accomplie, la tienne commence. »

La lumière du soleil bordait ses rayons sur son bras de métal et Kalas put admirer le fruit de son dur labeur. L'épaisse couche de fer s'étendait jusqu'au coude, semblable à une armure de plaque polie maintes fois. Désormais détenteur du savoir des Golems, le jeune homme acquiesça quand Varnamayâ fit mention de l'Esprit.

"C'est vrai, j'ai beaucoup de questions à lui poser. Au fait, je me demande comment Guasina s'en sort avec lui. J'espère que tout va bien."

En secouant son bras, Kalas relâcha l'énergie magique dans son bras, laissant les fluides s'échapper de sa peau pour se diffuser invisiblement dans l'air. La couche de métal disparut à certains endroits, avant de rapidement s'effacer pour retrouver la pierre brunâtre d'origine, absorbant son enthousiasme par la même occasion. En effet, l'exercice était ardu et avait requis plus d'énergie que prévu, laissant le Shaman dans un état de fatigue plus ou moins contenu. Il s'asseya, laissant son corps se reposer, puis utilisa la question de Varnamayâ comme prétexte pour reprendre des forces tout en attendant que Nuraye ne finisse son rituel du bout du doigt.

D'abord surpris par sa perspicacité, Kalas prit quelques instants avant de répondre à la Golem.

"Non, loin de là. Ce n'est pas une capacité que l'on obtient aussi facilement qu'un claquement de doigt. Cela requiert un entraînement rigoureux, autant corporel que mental. J'ai, pour ma part, vécu dans un groupe de Shamans du Loup. Ils m'ont enseigné de nombreuses choses, aussi utiles pour un animal que pour un homme. J'aurais du devenir officiellement l'un d'entres eux après quelques années, mais les événements ont pris une tournure... différente. Je ne pense pas être un réel Shaman ou quoi que ce soit de similaire. C'est un pouvoir que je désirais, mais pas comme ça. Le prix de la vie n'est pas une monnaie d'échange et je suis désormais le seul de la Meute à m'en être sorti."

Laissant son esprit s'apaiser un instant, le jeune homme interrogea Varnamayâ sur ses dons de clairvoyance;

"Mais dites-moi, comment faites-vous pour sentir ce genre de choses ? Birhû aussi s'en est rendu compte après quelques heures passés ensemble, sans même m'avoir vu une seule fois sous ma seconde forme."

Durant toute mon expérience visuelle, l’esprit m’avait observé sans bouger un muscle, sans prononcer un mot, seul le vent s’amusait à produire un léger bruissement dans son pelage feuillu. Lorsque les images s’évanouirent, il prit la parole, m’expliquant qu’il avait accédé à la demande de mon dieu. Ainsi si j’avais pris connaissance des protectrices d’âmes, c’était parce que Yuimen désirait m’instruire sur le sujet.

Puis, sans faire le moindre bruit, l’esprit mi-loup, se leva pour s’approcher de moi. Ses pas laissant sur l’herbe une douce brillance. Il était grand, muni d’une puissante gueule, de grosses pattes, mais je ne craignais rien : Il était l’esprit ! Et puis, je savais à présent que Yuimen m’accompagnait. Je me sentais grandi. De son long museau blanc, il m’effleura le front laissant une douce chaleur sur celui-ci, puis recula. Assis à quelques pas de moi, la tête penchée comme à son habitude, il m’expliqua son mystérieux geste. Il venait d’apposer sa marque, la marque du fluide de terre. Alors que je m’attendais à de longues explications, il n’en fit rien. Il avait apposé sa marque et grâce à elle, je pourrais contrôler le muutos. Il me donna congé en disant que sa tâche était accomplie et que la mienne commençait.

Dans un état de calme, de sérénité, je le saluai une dernière fois avant de rebrousser chemin. Je rejoignis le long corridor, le traversai en sens inverse puis je franchis la grande porte pour me retrouver de nouveau sous la dune, tout contre la paroi.
Je regardai de tout côté à la recherche du gardien.

« Monta’Kh ? »

(((266 mots)))