(Concernant la situation antérieure, je n'ai pas grand chose à ajouter. Plutôt que de questionner le rapport à la mort des gens suivant la proximité des victimes, je me questionne plus sur la construction d'une situation par les médias (choix des personnes, choix des interviews à diffuser, choix des experts à convoquer, choix des questions posées aux gens - "comment vous sentez-vous suite à ça" peut appeler une réponse axée sur le sentiment - et plus généralement la construction d'une situation que les interviewés perçoivent et dans laquelle ils vont chercher à jouer le rôle que l'on attend d'eux. A cela j'ajouterais une réflexion sur le normal/pathologique : un attentat à Beyrouth, c'est normal, un attentat à Paris c'est pathologique ; en 1915, qu'un soldat meure, c'est normal, en 2015, qu'un soldat meure, c'est pathologique : ça relève du même phénomène, mais cette fois ça reste proche. Et puis oui, il y a aussi le fait que les gens à l'étranger peuvent bien crever, tant qu'on en a pas vent et que nous ne sommes pas concernés, tout baigne. Si des occidentaux ne souffraient pas du SIDA, aucune super-star ne participerait à des concerts pour lutter contre ; on se souciera dans les mêmes proportions du paludisme, qui tue pas mal aussi, quand on recommencera à en avoir chez nous.)
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ; par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables. Proverbes, 24, 3-4
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