< Les rues"
Valyus te protège fils ! Tes parents seraient fiers de toi ! "
Somorthor but trois grosses gorgées du godet posé devant lui. Onor venait de finir le récit de ses récentes aventures, de la perte de ses parents à la découverte du vol en passant par la mission de milice. C’était essentiellement sur ce dernier point que l’oncle Som faisait des louages.
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Des saloperies de traqueurs, ça put la magie maudite. "
Onor hocha la tête. Il parcourut une nouvelle fois des yeux l’établissement dans lequel ils se trouvaient, lui, Dwiff et Somorthor. La brasserie du Malt d’Or offrait tout de même des services d’un cran supérieur à la moyenne merteranne. Dwif avait ses entrées ici, ce qui avait permis au petit groupe de se trouver une table dans cet établissement de luxe. Haut de plafond d’où glissant des parois de pierre travaillée par les meilleurs sculpteurs, la brasserie est vêtue d’un plancher de bois de luxe et n’offre que quelques rares tables de dégustation. Ici point de beuverie ou de banquet, point de concours de soûlerie. Ici on parle de zythologie, et le serveur n’est pas serveur mais zythologue. Outre le délice de savourer les meilleures (et les plus chères) des bières thorkins, la brasserie offre également des breuvages spéciaux qui auraient des vertus fortifiantes pour le corps…un peu moins pour l’esprit. D’ailleurs, une potion particulière intéressait le guérisseur.
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Et toi oncle Som, quelles nouvelles de tes voyages ? "
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Ah, toujours la même chose fils. L’ombre d’Oaxaca est dans tous les esprits et presque dans tous les lieux. Le Nord est quasiment inaccessible et les raids d’orcs et de sektegs impactent négativement sur le commerce. Je suis pas fâché de faire un tour ici bas, Mertar est comme un havre protecteur comparé à la surface. "
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Jusqu’à maintenant… " fit Onor d’un ton lugubre, se remémorant les horreurs dans l’ancienne ville.
Une belle serveuse bien dodue attira un moment l’œil du guérisseur. Il lui fit un signe de la main.
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Oh coquette, peux-tu nous remettre ça pour nos gosiers tout sec ? "
Plus bas, il ajouta, parlant de l’hydromel qui faisait la réputation du lieu :
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Et aussi une de ces potions dont vous avez le secret…ce sera sur ma note. "
Un petit clin d’œil acheva la demande et Onor retourna à la conversation de table. Dwif et Somorthor débattait du bien fondé d’ouvrir les portes de Mertar aux non-thorkins. Comme toujours, les deux nains n’étaient pas d’accord. Dwif soutenait la position d’un cloisonnement absolu tandis que l’oncle d’Onor défendait une ouverture bienveillante, à l’exception des races nocives. Pour couronner le tout, Onor n’approuvait ni l’un ni l’autre de manière à ce que le débat tourna vite au dialogue de sourds. Fatigué de tergiverser et guettant du coin de l’œil le retour de la serveuse, Onor fouilla ses poches pour y sortir quelques yus dont il aurait besoin sous peu. A sa grande surprise, ses doigts se refermèrent sur les objets qu’ils avaient découverts dans le coffret de son père quelques jours plus tôt. Sans réfléchir (l’alcool ne facilite pas vraiment ce processus), il dévoila à Somorthor ses trouvailles espérant trouver les réponses sur leur nature. Observant un à un les trois objets, l’oncle Som déclara :
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Fils je pense que ton père voulait que cela te revienne à sa mort. La pierre ici, tu es d’ailleurs censé le savoir, est une pierre d’endurance qui te servira le jour où tu trouveras à la fois une armure qui te sied mais aussi un enchanteur compétent. Le deuxième objet, je n’en suis pas sur, me semble être un glyphe ou une rune. Pour le savoir c’est facile, il te suffit d’aller au magasin de magie de Mertar, tu sais, celui que tout le monde évite sauf les étrangers. Là, on te dira ce que c’est. "
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Je vois, j’y suis déjà allé par le passé. Et le parchemin, qu’est ce qu’il y a d’écrit dessus ? Ce n’est pas du commun c’est sur sinon j’aurais pu le lire. "
Somorthor fronça les sourcils, se racla la gorge, but un peu de bière, se racla une nouvelle fois la gorge, et but tout le reste de sa chope avant d’avouer.
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Je ne sais pas… ça pourrait être un genre d’elfique ou de dialecte humain. Ce qui est sûr c’est que cela n’a pas été écrit par un thorkin et que ça ne vient pas de chez nous. "
Un peu déçu pour la réponse de son oncle, Onor réfléchissait à ce qu’il devait faire désormais. Nul doute pour lui que le cambriolage visait ces objets puisqu’ils semblaient tous trois de grande valeur. Mais qui était à l’origine de ce coup, et surtout comment les cambrioleurs savaient pour le coffret, restaient des questions sans réponse. La situation lui échappait et un jeu semblait se nouer autour de lui sans qu’il ne puisse y interférer. Perdu dans ses pensées, Onor en fut tiré par la belle se dirigeant visiblement vers eux, avec de quoi les requinquer.