Kafziel a écrit:
« Mais les temps ont changé. Mes parents sont morts, et je ne suis plus la petite fille que j'étais. Je sais qu'un jour, l'origine réapparaîtra, je sais qu'un jour, la magie vivra en moi ! »
A ces mots je ne réponds rien, mais je ressent véritablement une force d'âme qu'elle même ne soupçonne pas posséder; Elle en prendrais conscience elle même au fil du temps, selon moi, au fil des années s'il le fallait, mais ça viendrais sûrement, aussi vrai que le plus grand des chênes fut simple gland.
Elle nous mène ensuite à une agréable promenade dans les rues, vite transformée en course, une course magique durant laquelle les tracas de la vie semblent s'envoler, c'est agréable. Ne penser à rien d'autre que la prochaine foulée, même si courir debout est moins pratique, je passe réellement un bon moment.
Puis elle me demande de lui montrer ma magie.
Je ralentis un instant, et réfléchis à comment j'allais procéder. Toujours en gardant un silence d'or. Je veux la surprendre ou la faire rire, pour couronner et seller ce bon moment que nous venons de passer.
Je cherche des yeux une proie idéale, pendant de longues minutes, avant de remarquer un gris à la démarche rigide quelques mètres devant nous.
Il porte un chapeau, c'est sans doutes un voyageur, de plus, un couteau est accroché dans son dos par une sangle en cuir. Mais plus que ces détails, c'est bien sa bourse qui attire mon attention, elle émet un bruit cliquetant à chaque pas qu'il fait.
Je le suis de près, ressentant ce frisson propre à chaque vol intéressant. Puis, par petites touches, je desserre les liens qui retiennent sa bourse, en faisant bien attention à ce que personne ne nous remarque.
(Elle est serrée)
Selena m'observe à quelques pas, je peux sentir son regard sur mon dos.
Les liens lâchent, et ma main retient la bourse. Elle se retrouve bien vite dans ma veste, le gris ne semble pas avoir remarqué quoi que ce soit.
L'ennui, c'est que cette rue est longue et rectiligne, s'enfuir serait difficile si le gris se rendait compte de l'absence de son bien, je suis quand même un des seuls étrangers ici, et partir en courant éveillerait les soupçons.
Une idée me traverse alors l'esprit, il y a du vent dans cette rue, suffisamment pour faire voler un chapeau;
Je prends une grande inspiration, puis attends une rafale.
Dès qu'elle arrive je tire le chapeau de l'homme vers l'arrière et dans le même mouvement, je l'accroche à la poignée de son épée dans son dos.
Il porte aussitôt ses deux mains à sa tête, et pendant ce court laps de temps, je me retourne et regarde en l'air, vers les toits.
Il se retourne très vite également, son premier réflexe est de regarder mes mains.Puis me voyant chercher en l'air, il cherche également, avant de faire demi-tour pour voir si son chapeau n'est pas tombé un peu plus loin.
Ainsi occupé à chercher un chapeau qu'il n'a jamais perdu, il oublierait sa bourse le temps que je m'éloigne.
Aussi me dépêchais-je de rattraper Selena, un grand sourire aux lèvres, et de nous éloigner de cette rue...