Ramos a écrit:
Ezak suit mon mouvement et va, lui aussi, porter un coup à Mongoor. Nous pouvons être sûrs qu'il va être mis à mal. Hélas, au moment où nous touchons, notre adversaire s'évapore en un nuage de fumée mauve. Je me redresse.
"Une illusion..."
Pourtant, sa voix semble bien réelle, et bien consciente de ce qui vient de se produire. Vlash nous mets en garde et nous promet une mort certaine. Moi, je m'en fiche, je vaincrais la mort pour mettre la main sur le fameux trésor que renferme ce temple.
Avec fracas, la porte commence à s'ouvrir, mais alors que nous allions pouvoir admirer ce qui se trouve derrière, une fumée épaisse et mauve s'échappe de l'interstice et emplit la salle, nous encerclant. Des formes humanoïdes apparaissent ensuite.
(Des morts-vivants... Ils puent la mort mais se meuvent comme des vivants... Ça me rappelle les goules d'Imiftil, il ne faut pas prendre ce genre de créatures à la légère.)
Tathar commence à hurler des ordres et nos deux femmes entament une boucherie. Le druide voudrait que nous restions groupés, mais je déteste le combat collectif, c'est le meilleur moyen de se faire piéger comme un con. Je commence donc à courir vers un petit groupe de monstres, un peu à l'écart, ils sont quatre... Ah ? Non ! Ils ne sont plus que trois finalement, l'un d'entre eux venant de se faire arracher la moitié de la tête par une flèche argentée. Sa cervelle en bouillie est étalée, tout en longueur sur deux-trois mètres.
Un zombie, différent de mes cibles, qui m'a vu courir commence à venir en travers de ma route, mais un éclair gris et bondissant me dégage la voie -sans réellement le vouloir- en découpant littéralement la bestiole à coup de dagues.
(Cette Raesha est vraiment terrifiante !)
J'arrive à hauteur du premier monstre, il tient un fléau à la boule rouillée. Il n'a qu'un oeil et sa mâchoire ne tient pas bien en place. Cependant, le reste de son corps à l'air de tenir en un seul bloc, si ce n'est les morceaux de chair manquant ça et là et qui laissent entrevoir ses muscles et ses os jaunis.
Avec un grognement et un filet de bave impressionnant -sans doute est-ce du à cette langue gigantesque qu'il affiche-, il m'attaque, d'un coup vertical, assez brutal, voire bestial, de haut en bas. Dans mon élan, je n'ai aucun mal à l'éviter, il me suffits de me dévier de ma trajectoire. Je profite de sa position délicate pour attraper l'arrière de sa tête avec ma main disponible, le faire pencher en avant et utiliser le reste de son corps comme un escabeau. Je me retrouve pendant un instant en équilibre sur son dos voûté, je prends une impulsion et saute vers un de ses amis zombi.
Alors que je suis dans les airs, j'ai le temps d'admirer ma victime. Il est torse nu, il porte un masque et n'a pas d'avant bras gauche, à la place, il arbore une espèce de trident qui aurait souffert des ravages du temps. Je n'ai pas vraiment l'occasion d'en voir plus car je suis bientôt sur lui. Je sécurise ma réception en plaquant une main sur son visage et mon genou droit contre sa poitrine. Dans sa chute, j'enfonce violemment mon katar à la base de sa gorge -un petit peu sur la gauche- pour sectionné un des conduit sanguin essentiel. Quand son corps touche le sol, je sens ses côtes se briser son mon poids et sa tête s'écraser sur le sol. Le mort-vivant n'a même pas le temps pour un dernier râle avant de devenir un mort-mort.
Lorsque je me redresse, je me rends comptes, que mon genou n'a pas fait casser les côtes de cette immondice, mais il a carrément traversé sa cage thoracique et mon pantalon est désormais recouvert d'une bouillie infâme d'os, de chair et de sang, le tout à un stade avancé de putréfaction.
"Beurk... C'est vraiment dégueu !"
Alors que je m'attriste sur le sort de mon pantalon, je ne fais pas attention au cadavre au fléau et je sens, les pointes abîmées de l'armes pénétrer mon flanc. Je perds l'équilibre, victime de la force du choc et de la douleur soudaine, et je trébuche jusqu'au pied d'un autre mort-vivant, assez différent du reste des troupes. Il est plus grand et il a moins l'air d'une loque. Il ne lui manque aucun membre, si ce n'est au niveau du visage -le pauvre n'a plus qu'un oeil, le reste étant recouvert de cicatrices-. En fait, on dirait que son corps a plusieurs origines car il y a une grosse suture à chaque articulation.
Il me saisit par la jambe de sa main gauche -il tient une longue épée dans la droite- et en me soulevant légèrement, il m'envoie rouler un ou deux mètres plus loin. Je me remets debout, souffrant de ma blessure de côté et constate avec horreur que je me situe juste entre mes deux assaillants.
(J'aurais peut-être mieux fait de rester avec les autres en fin de compte...)
Si mon audition ne me fait pas défaut, je crois bien que mes deux gaillards sont en train de ricaner et, autant le dire, ça fait peur. Mais je ne dois pas perdre la face, je dois garder mon sang froid. Alors je les regarde tour à tour avec mépris.
"Voyez dans quel état vous êtes avant de me prendre de haut. Vous êtes laids, horriblement laids ! Il est hors de question que je vous laisse me tuer si c'est pour finir avec vos gueules de déterrés (((quel jeu de mot à deux balles )))"
Ils se mettent à rire de plus bel et ça a le don de me paniquer pour de bon.
Comme d'un accord, il me charge ensemble, le grand prépare un coup circulaire et le gros fait tourner son fléau, apparemment pour un coup en diagonale. Le cyclope est le plus rapide à attaquer et je me jette de côté pour éviter son attaque, que je n'attendais pas aussi précise. Ni aussi puissante, car le gros se mange l'attaque de plein fouet séparant sa tronche en trois. Sa mâchoire inférieure tombe à ses pieds, la partie supérieur va s'écraser sur un mur et le reste reste fidèlement accrocher à la colonne vertébrale avant de s'écrouler avec le reste du corps... On peut dire que j'ai faillit y rester.
Je crois émettre un petit gémissement en voyant l'étendue des capacités de mon ennemi. D'autant plus qu'il revient à la charge et que j'ai juste le temps de prendre ma targe pour dévier un coup venant de haut. Le choc entre son épée et mon bouclier produit une gigantesque gerbe d'étincelles bleutées et me malmène.
(Il faut que j'arrive à m'en débarrasser en lui laissant le moins d'occasions possibles de me toucher.)
Je ne dois donc pas chercher à le tuer pour l'instant, mais simplement à le neutraliser. La solution m'apparaît comme une évidence, il n'a qu'un oeil, il suffirait donc que je le lui en débarrasse. Je profite donc d'une nouvelle attaque de sa part, pour esquiver et effectuer une fente de jambes pour me rapprocher de lui. J'envoie mon katar vers son oeil et je touche, lui défonçant l’œil.
Alors que je pensais avoir pris un sérieux avantage, j'entends le mort-vivant ricaner. Ne pouvant pas m'infliger un coup d'épée du fait de sa position, il me refile un violent coup de tête qui me repousse de quelques pas. Avec ses doigts sale, il retire les résidus d’œil de son orbite et me les jette dessus.
(Quoi qu'il en soit, sans cet oeil, il ne peut pas me viser correctement.)
Et pourtant, en un rien de temps, il est sur moi et il lance son épée dans ma direction. Je m'éloigne au maximum, mais c'est insuffisant et je sens le bout de sa lame déchirer le haut de ma poitrine et s'enfoncer dans mon épaule. Je m'effondre avec une grimace de douleur. Lui est tordu de rire. Il essaye de m'embrocher. En roulant, j'évite ses assauts et je prends de l'élan pour me redresser. Une fois debout, je reste sur la défensive, mes blessures me lancent et mon bras droit est engourdi.
(Comment fait-il pour se battre comme ça ? Il n'a plus ses yeux ! Il est bien trop fort... je ne peux pas le battre... Il faudrait un miracle.)
A cet instant, quelque chose tombe de ma poche. Je me baisse pour voir ce que c'est et je vois le paquet de carte offert par Shalim. Dans sa chute il s'est entrouvert et le joker apparaît. Le mage nous a dis que les objets que nous avions récupérés sont dotés de pouvoirs. Mon miracle est peut-être là, sous mes yeux.
Je rengaine mes armes pour prendre les cartes dans ma main droite, les barbouillant malencontreusement de sang. Mon adversaire me charge en grognant et une fois qu'il est assez proche je lui balance les cartes à la figure.
"Tiens !"
Là, je n'ai pas trop compris ce qu'il vient de se passer... je crois bien que mes 54 cartes se sont multipliées et formé une espèce de tourbillon entre moi et le zombi avant de retomber sur le sol, autour d'une sorte de bouffon. Surpris, mon adversaire s'est arrêté. Je le comprends, d'autant que le nouvel arrivant a vraiment un physique étrange : il est habillé de noir et de rouge et il porte un drôle de bonnet à quatre cornes. Il est plutôt petit et assez ventripotent. Je n'ai aucun doute sur sa nature, c'est un joker.
Il se retourne vers moi, un sourire mauvais déformant son visage hideux.
(Allons-y... maître.)
Sa voix est désagréable, grinçante et nasillarde mais il se dévoue, alors je dois profiter de notre supériorité numérique.
"Joker, tuons-le !"
(Hinhinhin... Avec joie !)
Le joker croise les bras devant lui en serrant les poings. Lorsqu'il les réouvre, il tient deux gros éventail de cartes et il les envoie, comme des couteaux sur le mort-vivant. Je suis d'abord impressionné, pensant que le joker possède une puissance hors du commun, mais je me trompe amèrement, car cette attaque n'a strictement rien fait au zombi, si ce n'est coincé quelques cartes au niveau de ses sutures. Notre ennemi commence à être animé par de nombreux soubresauts...
(Il continu à se marrer celui-là...)
Il se jette alors sur le joker et comme pour s'amuser, il lui met un grand coup de pommeau dans la tronche. L'invocation explose en un nuage de cartes et se reforme à mes côtés avec une grimace.
(Il est fort, je ne vais pas pouvoir en encaisser beaucoup des comme ça...)
Je ne lui réponds pas tout de suite, continuant à regarder l'ennemi qui s'approche doucement. Il est impressionnant, pourtant, avec des cartes plantées un peu partout comme ça, n'importe qui serait plutôt ridicule. D'ailleurs, c'est amusant de voir ce qu'a fait le hasard : les deux as rouges sont tous les deux dans la suture au niveau de l'épaule droite, et les as noirs sont figés dans la ligature du cou. Je sors mon katar et mon poignard et les donne au joker.
"J'ai une idée !"
J'expose alors rapidement mon plan au joker qui acquiesce. D'abord je lui demande d'aller planter le katar dans le cou de l'ennemi et le poignard sous son aisselle droite. Il se transforme de nouveau en tas de cartes et fuse sous cette forme vers l'adversaire, je le suis de près en courant. Le joker reprend sa forme alors qu'il est quasiment en contact avec le mort-vivant, il arrive à enfoncer mes deux armes aux endroits que je lui avais indiqués. Ce n'a pas vraiment d'impact sur la santé du monstre, mais ce n'est pas vraiment important. Le mort-vivant, surpris, ne rigole plus vraiment... Au contraire, il a l'air plutôt en colère et il recule d'un pas pour embrocher le joker.
(Arg ! Je vais bientôt y passer maître... Fais vite.)
Le visage du joker est assez haineux à mon égard et son corps commence à se décomposer en d'innombrables cartes. Mais je vois qu'il résiste pour me servir au mieux. En fait, j'avais espéré une telle réaction de la part du zombi, en embrochant le joker, il vient de neutralisé son épée pour quelques secondes et je ne laisserais pas passer ce délai.
En effet, avec ma main gauche, je remonte le poignard, pour sectionner en partie le fil qui relie son bras armé à son épaule. Avec ma main droite, j'enfonce un peu plus mon katar dans son cou. Pour finir, j'attrape son bras droit au niveau du coude avec mes deux avant-bras pour me suspendre. Je lève ensuite mes jambes jusqu'au pommeau de mon katar. La tête en bas, je pousse mon katar vers le haut avec mes pieds et je tire son bras droit vers le bas avec mes bras. Il hurle de douleur.
Le katar fait levier, les sutures ne tiennent pas et j'entends sa peau se déchirer et ses os craquer. Dans un même mouvement, je viens de lui arracher le bras et la moitié de la tête. Cette fois, c'est définitivement un cadavre.
"Ça t'apprendra à rire trop vite."
Le joker est redevenu un petit tas de cartes que je range dans sa boite.
(Merci Joker.)
Je ramasse mes armes et retourne vers les autres qui achèvent les derniers mort-vivants. Je pose ma main sur mon épaule droite et j'ai du mal à respirer, je crois que j'ai une côte un peu fêlée...