Alors qu'il tire, Lindeniel peut remarquer que l'aura du démon faiblissait un peu.

Attaque : réussite
Discrétion VS perception : Lindeniel gagne

L'autre trait touche le garzok hanté dans le dos, le blessant lourdement. Krochar ressent une vive douleur et crache un peu de sang. Il n'a pas réussi à voir le tireur embusqué, même si il peut déduire de la trajectoire une direction approximative. Maintenant que le contrôle sur le démon est repris, Krochar capte progressivement des éléments de ce qu'il s'est passé depuis qu'il s'est endormi et ce que le démon a fait pendant ce temps.




Kerkan : Glaya, par ton réveil, semble un peu rassurée. Elle se calme et te lâche.

"Je... vais bien, je crois. Où auraient-ils pu passer ? Oh un instant."

Un peu remuée par tout ce qu'elle avait vécu, Glaya n'avait pas pensé à l'éclairage. Après un court instant, une boule de lumière apparait au bout de son doigt, diffusant une lueur blanche et diffuse dans les lieux vides. Elle se lève ensuite, près à partir à la recherche des autres dehors.

Je sentis la main de Glaya s'évanouir de mon corps, me laissant seul dans l'obscurité en compagnie de mes démons. Sa présence était si rassurante, j'aurais pu mourir de peur si j'avais dû me réveiller dans les ténèbres sans aucun corps à côté de moi. Je reprenais tout doucement conscience de la réalité, de ce rêve catastrophique qui s'était enfin terminé et des forces sinistres qui nous pourchassaient. En effet, Glaya était la preuve vivante que ces personnes avaient une dent contre nous, mais pour quelle raison, ça je ne pouvais y répondre... Une crevasse s'ouvrit en moi lorsque je compris que nous allions devoir nous battre contre ces monstres... Nous n'étions pas prêts à affronter ces puissances, le cryomancien possédait des dons que jamais je ne maitriserais...

(Moura sert moi de guide, j'ai besoin de tes conseils !)

La rouquine se calmait, elle devait être aussi heureuse que moi d'être en compagnie d'un autre aventurier... Toutefois, si la situation n'avait pas été aussi critique, l'ambiance tamisée aurait pu être propice aux belles déclarations. Malheureusement, nous avions tous les deux d'autres chats à fouetter pour l'instant et partir à la recherche de nos compagnons s'annonçait comme inévitable. Glaya savait pertinemment qu'il nous fallait sortir d'ici pour aller les chercher, mais comme elle le disait si bien, où étaient-ils passés ?
«Je n'en ai pas la moindre idée... Pensez-vous qu'ils ont été attaqués ? Je sens que nous n'en avons pas fini avec toutes ces énigmes.» soufflai-je désespérément.

Une drôle de moue apparut sur le visage de Glaya, elle semblait réfléchir comme si elle avait oublié quelque chose... Cette fille était décidément renversante ! Pourquoi ne l'avais-je pas rencontrée plus tôt, nous aurions pu apprendre à nous connaître et faire un petit bout de chemin ensemble. Mais, non ! Il en avait été autrement et c'était dans cette terrible mission que nos deux âmes s'étaient rencontrées... Pauvre de moi ! La chance n'était pas mon fort, rien ne se passait comme je l'aurais voulu... Puis, soudain, une sphère lumineuse se matérialisa au bout du doigt de la jeune fille, éclairant les environs d'une douce lumière réconfortante. Nous étions faits pour nous entendre, elle maîtrisait les forces lumineuses comme une véritable Déesse et puis, cette nonchalance dans les combats qui lui faisait si souvent rater ses cibles la rendait encore plus attirante !
«Oh Glaya ! Vous êtes si charmante quand vous utilisez vos pouvoirs... Quel est ce sortilège, il semble tellement merveilleux !»

Je voulus me donner une gifle ! Quel idiot ! Comment avais-je pu dire une chose pareille ? Jamais je n'aurais dû me permettre un tel dérapage, qu'allait-elle penser de moi ? Je me retrouvais si stupide, la seule chose que j'aurais apprécié en ce moment même c'était de me cacher au fond d'un trou de souris... Pourquoi ? Pourquoi ?! POURQUOI !!! Ces paroles résonnaient dans mon esprit comme si un forgeron était en train de frapper sur une enclume. Je dus rougir comme une tomate, comment une si jolie demoiselle pouvait être intéressée par un adolescent qui savait à peine se servir de quelques sortilèges bénins...
«Heu... Je suis confus... Allons-y !»

La Rouquine s'était levée, désirant inexorablement se rapprocher des derniers membres du groupe. Elle avait raison, la mission était plus importante que tout et il était préférable que nous nous en allions avant que je ne disse d'autres bêtises qui aurait pu me tourner une nouvelle fois en ridicule. Nous approchâmes de la porte lentement et silencieusement, pour tenter de discerner ce qu'il se passait à l'extérieur.

(…Inspire……Expire…….Inspire..)

Faire le calme me permis, en même temps de ralentir mon flux sanguin et mon cœur qui battait à cent à l'heure, de récupérer des brides de mémoire de ce qu'avait fait l'Esprit de la Dague avec mon corps. Je n'expliquais pas vraiment pourquoi je m'en souvenais vu que je dormais à ce moment-là mais peut-être que mes yeux s'étaient ouverts, eux. Donc progressivement je vis le parcours du démon et de mon corps, repoussant Jakadi qui ne faiblissait pas pour m'empêcher de passer, puis le chasser à travers la ville sans manquer de détruire quelques bâtiments sur le passage. Je vis mon corps tuer Jakadi, sont corps inerte allongé par terre et mon hôte décidant de s'en aller, puis enfin le trait qui vint se ficher dans mon épaule.

(Jakadi à dû trouver une arbalète j'imagine, cette ville doit être bourré de trésor si ça ce trouve. Peut-être même que…)

Je fus interrompu aussi soudainement que douloureusement : une flèche venait de se planter dans mon dos, à quelques centimètres de la branche sud-ouest de ma grande cicatrice. La douleur était suffisamment intense pour me faire bouger sur le coté et je tombais par terre en poussant un rugissement.

(Frakuk ! Bien sûr ! Jakadi ne sait pas que j'ais repris le contrôle alors il profite de mon moment d'inattention. Je dois le prévenir que je suis revenu.)

Péniblement je me suis relevé malgré cette horrible douleur dans le dos, sentant le trait bouger légèrement durant le mouvement. Me tournant vers la direction d'où je pensais que le trait avait été tiré, j'ouvris grand mes bras comme quand on retrouve un ami de longue date pour l'enlacer, ainsi je montrais que je n'avais pas d'arme. Puis je criais pour qu'il m'entende au cas où il se serait enfui lorsque je me suis relevé.

"Chatchy bratty ! Torca ! Tar mi-cyoctachill ! Tar krat bar dimounn !"
(((Traduction : Petit frère ! Attend ! Je suis revenu ! J'ai écrasé le démon !)))

(Pourvu qu'il me comprenne sinon c'est la fin des haricot.)

"Je ne te veux pas de mal Jakadi !"

(D'autant plus que j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider avec les traits d'arbalètes, sinon je vais saigner ma vie par terre.)

Je restais dans cette position en attendant que le Sekteg fasse son apparition ou me réponde, j'espérais sincèrement qu'il ne prendrait pas trop de temps à réfléchir.

Ah ce calme… après le presque-silence angoissant du village fantôme torkin alors que je devais me cacher pour ne pas me retrouver transformé en compote de sekteg, puis le fracas assourdissant qui a suivi la venue de mon pauvre gatch bratty possédé, c’est un vrai régal que de pouvoir enfin se baigner, se vautrer même dans une absence totale de bruit bien saine pour permettre à mes muscles jusqu’ici trop sollicités de pouvoir s’accorder une détente bien méritée après leurs bons et loyaux services.

« Jakadi… »

Mais d’ailleurs comment ça se fait que j’aie l’impression de flotter dans une sorte de vide complet alors qu’il y a quelques secondes à peine j’étais en train de gésir sur la pile de détritus dans laquelle je m’étais moi-même entériné les jambes ? Oh et puis zut, ça ne fait rien, je me sens trop flagada pour pouvoir dûment réfléchir à quoi que ce soit, aussi je crois que plutôt que de me tarauder le ciboulot avec des questions auxquelles je ne pourrais vraisemblablement pas apporter de réponse, je vais me pelotonner bien tranquillement sur moi-même et fermer mes yeux pour me laisser aller…

« Jakadi ! »

Quoi quoi quoi ?! Pas moyen d’être tranquille cinq minutes décidément, car à peine ai-je commencé à amorcer une tentative d’essai de somnolence que je ressens un choc administré sur l’arrière du crâne en une tape sèche qui me fait me retourner sur le champ avec un « Ah ! » d’effroi, de surprise et d’agacement mêlés : si c’est encore un de ces satanés cauchemars qui vient m’empêcher de dormir du sommeil du juste, il va voir de quel bois je me chauffe ; je vais lui rentrer dans les plumes si fort qu’il ne va pas savoir ce qui lui arrive, et ce même si c’est une meute d’araignées géantes ou une armée de démons, c’est moi qui vous le dis !
Cependant, à peine retourné, je reste aussi interdit que si j’avais vu Yumni en personne, car devant moi se tient quelqu’un dont l’apparence est tout sauf cauchemardesque, et qui me laisse sans autre réaction qu’un hoquet béat. Il faut dire qu’il y a de quoi avoir les yeux qui tombent de leurs orbites si l’on dresse le portrait de l’apparition qui se tient devant moi ! Jugez plutôt : une donzelle d’à peu près ma taille –rien que ça est assez exceptionnel- au teint d’un rose au velouté si délicat qu’on dirait qu’elle a toujours été maintenue dans un écrin protecteur afin de ne pas abîmer sa peau, aux jambes si bien proportionnées qu’elles feraient sans peine office de modèle d’élégance féminine, et sur lesquelles elle se tient si droit, le port raide et les épaules fièrement rejetées en arrière, les bras croisés de façon altière que je m’en sens tout petit avec mon physique dégingandé. Je sais qu’une forte poitrine est habituellement considérée comme un atout pour la gent féminine, mais dans le cas de cette ravissante apparition, point n’est besoin d’attributs aussi bassement aguicheurs pour la faire apparaître des plus charmante ; son seul visage suffit. D’ailleurs, il est bien connu qu’il faut toujours finit par le meilleur, et si dans ce cas cela pourrait paraître être les splendides ailes de papillons iridescentes qui s’agitent lentement dans son dos, une telle caractéristique, aussi extraordinaire soit-elle, est vite éclipsée par la beauté du minois de la demoiselle : une bouche mince mais bien dessinée en ce moment déformée en un pli boudeur qui ne fait rien pour aller à l’encontre de sa joliesse, un nez d’une finesse que peuvent envier toutes les princesses, des oreilles partant en pointes d’une façon au moins aussi harmonieusement que celles d’un elfe, de longs cheveux d’un roux chaleureux tirant sur le rouge rabattus superbement sur le côté droit, et surtout –surtout-, des yeux d’un vert si pénétrant qu’ils semblent luire d’une brillance qui me traverse l’âme, bordés d’un fin liseré de cils noirs. Bien entendu, la dame ne va pas sans vêtements, même si son équipage est d’une merveilleuse simplicité, consistant en un bustier d’un blanc fabuleusement immaculé qui la recouvre de la poitrine jusqu’au haut des cuisses, se terminant vers le bas par des dentelures qui font que cet habit l’apparente d’autant plus à une fée de contes. Ajoutez simplement à cela qu’une partie de sa chevelure est retenue en un petit chignon sur le côté gauche par une broche dont la forme évoque une luciole, et la description s’achève sur cette touche.

Mais pour en revenir à ces yeux, ils me semblent étrangement familiers, avec cet éclat d’une intelligence si incroyablement expérimentée par rapport à son apparente juvénilité… où est-ce que j’ai bien pu déjà voir un regard d’une telle intensité ? Vraiment, je pourrais jurer que je l’ai contemplé il y a quelques minutes, voire quelques secondes à peine, mais chez qui ? Rhalala, c’est pas facile, on dirait que j’ai les idées embrouillées mais au fur et à mesure que je m’efforce de les rendre plus claires, la solution me semble toujours plus proche et… oh, non d’un japok joufflu !

« Minil’emnil ! Caqueté-je confusément avec une stupéfaction teintée d’une pointe de ravissement.
- Oui, Minil’emnil ! » Réplique-t-elle avec une certaine mauvaise humeur en singeant étonnamment bien mon timbre aigu lorsqu’elle répète son nom.

Éberlué, je ne peux empêcher un sourire béat de se coller sur mon visage alors que je contemple ma compagne de voyage incarnée sous une forme à peu près humaine de haut en bas et de bas en haut avec un air si admiratif qu’on pourrait réellement me croire faisant face à une divinité dont l’expression agacée ne fait que s’accentuer alors qu’un rougissement qui va croissant s’empare de ses joues pour qu’elle finisse par s’exclamer d’une voix plaintive :

« Arrête de me dévisager comme ça ! »

Et ce disant, elle enfonce sa tête mignonne dans ses bras croisés, n’en pouvant manifestement plus d’être le centre de tant d’attention, même si le spectateur n’a pas vraiment de quoi intimider tant il peut être dit insignifiant : de toute évidence, ma chère faera a conservé sa touchante timidité même en tant qu’humanoïde, et je ne résiste pas à vouloir la rassurer après quelques longues secondes d’un silence gêné, avançant une main compatissante pour lui prendre le bras :

« Je suis désolé, je pensais pas que… »

Ma phrase s’interrompt quand, au moment même où mes doigts effilés entrent en contact avec l’épiderme soyeux de la belle créature, je ressens comme une décharge à l’intensité semblable à celle donnée par la clé de keraunos mais d’une intensité beaucoup plus bienfaisante, dont l’effet se propage en ligne droite le long de mon bras jusque dans ma tête tandis qu’une légère aura incolore éclaire un instant l’endroit où j’ai touché ma partenaire. C’est alors qu’une compréhension soudaine s’empare de moi avec une intelligibilité délirante et que la sensation d’extrême timidité me devient familière : cette impression d’être dénudée, disséquée, décortiquée par un regard, je n’aurais pas cru que ça pouvait être à ce point désagréable !

« Et voilà ! Éclate à ce moment Minil’emnil avant de reprendre un peu son calme et de poursuivre d’une voix plus posée mais non moins déconcertée : Je ne sais pas comment tu fais ça, mais ça marche à tous les coups. »

Mais de quoi parle-t-elle ? La réponse me vient par ce qui semble être les derniers fragments de la communion avec ma faera issue de notre contact qui pour momentané qu’il fut, ne m’en laisse pas moins des traces nettes de ce qu’elle ressent ; de l’incrédulité : normalement, aucun être vivant ne devrait être capable d’avoir un contact aussi étroit avec une de ces entités dont elle fait partie, car elles sont composées de fluide, et devraient donc normalement toujours rester à l’écart de la matérialité d’êtres comme moi ! Des fluides, des fluides… la magie… est-ce que ça veut dire que je peux utiliser les mêmes sorts que Kerkan ?
Timidement, en tremblant légèrement même, Minil’emnil approche sa main de mon front, et le frôle du bout des doigts, ce qui est suffisant pour me faire comprendre que non : la magie nécessite de manipuler les fluides pour en former l’énergie à son gré, et je n’ai aucune prédisposition à une pareille maîtrise, étant « juste » capable de m’en rapprocher de façon anormalement prononcée sans pour autant être capable d’entrer suffisamment en harmonie avec de tels éléments pour les moduler en manifestations magiques. Oui, tout cela est la nature des fluides, que je peux percevoir comme à travers une fenêtre, étant même capable d’en cerner les origines à condition de me pencher suffisamment…

« Jakadi ! »

Hein ?! Ce n’est qu’à ce moment là que je remarque qu’elle m’a prudemment empoigné par deux pans de mes habits et me secoue aussi vivement qu’elle le peut pour me faire reprendre mes esprits : sans m’en rendre compte, je me suis plongé si profondément dans mes pensées (ou plutôt ses pensées) que je suis resté stupidement à bailler aux corneilles, un filet de bave ayant même commencé à se former à la commissure de mes lèvres que j’essuie hâtivement alors que ma faera et moi nous dégageons prudemment l’un de l’autre : tous les deux avons compris que nos échanges sont peut-être un peu trop riches pour considérer les poursuivre sans risques, car c’est que Minil’ est un véritable puits de savoir insondable dans lequel un sekteg inculte comme moi risquerait bien de se noyer s’il s’amuse à y barboter impudemment trop longtemps !
Toutefois, même si nous avons pris soin de nous séparer, nos pensées restent étroitement connectées, et je peux ainsi comprendre plus clairement ce dans quoi je me suis retrouvé : on dirait que grâce à mon « don », un lien a pu se tisser entre nous deux, et qu’ainsi j’ai pu maintenir le contact avec elle au lieu de sombrer purement et simplement dans l’inconscience comme n’importe qui d’autre l’aurait fait. Désormais un peu plus à l’aise, nous échangeons un sourire, mais nous nous interrompons en nous mettant sur nos gardes lorsqu’une voix que je connais bien résonne dans l’immensité insondable dans laquelle nous évoluons :

« Chatchy bratty ! Torca ! Tar mi-cyoctachill ! Tar krat bar dimounn ! »

Avec ma maîtrise plus qu’approximative du garzok, il me serait normalement impossible de comprendre un pareil galimatias, mais avec l’aide de l’incollable faera, il n’est pas un problème de saisir le sens des paroles de celui qui ne peut être personne d’autre que Krochar, même si celles-ci me laissent perplexe : s’il a « écrasé le démon », alors pourquoi dois-je attendre ? Et d’abord, comment ça se fait que j’entends sa voix ?

« Tu perçois à travers mes oreilles. » Explique Minil’ d’une voix douce avec concision ce qui, pour être plutôt difficilement concevable, n’en reste pas moins clair.

Mais, à peine le temps d’encaisser que déjà mon gatch bratty se remet à parler avec dans la voix des accents de panique et même de souffrance perceptibles, m’immergeant cette fois-ci dans les abîmes de l’incompréhension, état d’esprit que ma compagne partage si j’en juge par son air aussi interrogatif que le mien. Se pourrait-il que ce soit moi qui me sois retrouvé possédé ? Percevant cette hypothèse, elle hoche négativement la tête, et de fait, nous sommes en une telle proximité mentale qu’elle l’aurait perçu si quelqu’un s’était mis à vouloir me parasiter. Mais alors que se passe-t-il ? En vérité, il n’y a pas trente-six façons de le savoir : ce n’est pas en restant dans cette bulle que nous saurons de quoi il en retourne, et même si cela me peine de devoir délaisser mon amie alors que nous étions dans une telle communion spirituelle, il ne faut pas négliger son devoir ! De toute manière, ce n’est pas comme si, une fois revenus dans le royaume des vivants, nous allions nous retrouver séparés… et puis même si je ne reprends pas conscience dans l'immédiat, ce qui est malheureusement fort probable étant donné l’état de mon corps, m’évanouir pour de bon sera plus reposant que de solliciter encore mon esprit comme je le fais en ce moment.

« A tout de suite ! M’annonce sans autre préambule la magnifique humanoïde alors qu’elle commence à agiter ses ailes comme pour s’envoler, laissant au passage tomber comme une fine poussière diamantée qui scintille si diaphanement que l’on dirait une multitude d’étoiles.
- A tout de suite ! Tu es vraiment superbe ! » Répliqué-je de grand cœur avec un engouement digne d’un gamin.

Sans répondre par autre chose qu’un rougissement qui ne fait que rehausser son immortelle beauté, Minil’ exécute une gracieuse pirouette qui projette de nouvelles étincelles lumineuses, et je ne peux m’empêcher de me mettre à réciter comme une oraison à cette vision tout en agitant avec entrain les bras :

La lune apparut dans sa force
avec ses volants de nard.
L’enfant la regarde, regarde.
L’enfant va la regardant.
Dans les cieux troublés
la lune agite ses bras.

Et en effet, à voir l’être féerique qui gagne très rapidement en altitude pour ne plus être qu’un point lumineux qui s’estompe bien vite, on croirait voir l’ascension de cet astre céleste. Alors qu’elle disparaît, je sens mes idées devenir de moins en moins claires et mon corps de plus en plus lourd, et lorsqu’elle n’est plus du tout visible, l’enfant a les yeux fermés.

Lindeniel le Pur avait visé juste. Le trait tiré frappa violemment le démon-orque en plein dans le dos, arrachant à la bête à abattre un rugissement de douleur qui la fit vaciller sur le sol. Un sourire sadique naquit sur les lèvres de l’elfe qui observait la scène. Il avait vu, en tirant, que l’aura noire cernant le garzok avait décru d’intensité, mais il n’avait pas compris ça comme une reprise de contrôle du peau-verte sur le démon. Il avait identifié ça comme une perte d’énergie, un affaiblissement du démon qui avait réduit Krochar à une boite vide et solide sans âme ni pensée. Là où le piètre gobelin avait lamentablement échoué, par une tentative suicidaire et futile, Lindeniel avait vaincu, grâce à son intelligence, sa précision et sa ruse. La détermination put se lire dans le regard de l’Hinion. Il allait vaincre la bête, et prouver une fois de plus sa suprématie.

Contrairement à ce qu’il avait cru, le garzok maudit se releva. Il n’était pas si faible que ça, et les volutes noirâtres tourbillonnaient toujours autours de lui. Les sourcils blancs se froncèrent au dessus des yeux noirs, et de sa nouvelle cachette, il abaissa une nouvelle fois son arme en direction du guerrier du Chaos, attendant le moment opportun pour tirer à nouveau.

C’est alors que l’être ignoble parla dans une langue qui résonna aux oreilles elfiques comme une insulte à sa personne. Une langue rocailleuse, aux traits gutturaux, à l’essence maléfique. La langue d’Omyre, la langue des Orques, des démons, d’Oaxaca la Noire. Lui, Lindeniel le Blanc, essence divine avérée et confirmée par la puissance de Zewen, il allait vaincre cette atrocité. L’œuvre de la Démone en chef servait bien ses idéaux de purification des peuples, puisqu’elle décimait les peuples libres tout en faisant massacrer ses hordes belliqueuses. Mais quand il s’agissait de détruire une de ces créatures puantes de mauvaises intentions, Lindeniel se faisait l’envoyer divin, l’Ange assassin qui devait mettre à bas cette ignominie.

Comme pour se rattraper de cette parole en langue Omyrienne, l’orque parla en commun, à cet être ridicule qu’était Jakadi. Il ne lui voulait pas de mal… Foutaises ! Qui croirait un tel démon, dans une ruse aussi maladroitement orchestrée. Il voulait juste voir où était celui qui lui avait planté deux traits dans le dos pour le ratatiner de ses poings épais. L’ordure, en plus il croyait que c’était ce Segtek éclaté sur le sol qui avait été apte à le toucher ainsi. Le semi-vert se serait fait voir dès son premier tir… Il n’aurait d’ailleurs même pas pensé à tirer, se jetant éperdument et imbécilement sur le monstre sans montrer un brin de réflexion. Un tel déchet méritait de mourir, et Lindeniel prit comme une insulte le fait que son acte de bravoure soit donné à un autre, inutile.

Il releva son arbalète et grimpa sur les vestiges de la maison derrière laquelle il se cachait. Il escalada celle-ci pour être en hauteur, bien visible, et inaccessible du bas, mis à part par la voie qu’il avait escaladée.

De son promontoire, il toisa le Garzok de toute sa hauteur et s’adressa à lui d’une voix glaciale, assez clair et haut pour qu’il l’entende…

« Démon, tu viens de blesser gravement celui dont tu dis que tu ne veux pas de mal. Il est étendu et baigne dans son sang alors que tu tentes de l’amadouer. Mais détrompe-toi, c’est moi qui t’ai blessé. Et c’est moi qui te tuerai si tu fais un seul pas dans ma direction. Le temps que tu tentes de m’atteindre, j’aurai déjà tiré plusieurs traits, et l’ombre qui te constitue s’étendra sur le sol comme le sang du segtek que tu as massacré. Pourquoi devrais-je te croire quand tu dis que tu ne veux pas de mal, alors que tu es cerné de noir ? Ne bouge pas et réponds, qui es-tu et qui sers-tu ? »

L’elfe abaissa alors son arme vers l’orque, le visant, doigt sur la gâchette, prêt à tirer un trait au moindre mouvement de l’être chaotique…

Kerkan >
Ta question sur son simple sortilège de lumière semble amuser Glaya. Un sourire se dessine brièvement sur son visage, une petite victoire à ne pas négliger vu l'ambiance générale. En tout cas, elle est un peu plus calme qu'auparavant, même si l'inquiètude hante encore son regard.

"Je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé, je viens de me réveiller. Est-ce que... Dans mes rêves, tu étais là avec le garzok. Ca s'est vraiment passé ?"

Elle parait troublée, mais elle continue d'avancer pour trouver les autres. Dans la rue, son sort de torche projette une lumière diffuse sur les ruines. Très vite, vous entendez des bruits quelques rues plus loin. Des gens crient. Si vous vous dépêchez de rejoindre les lieux, tu tombes sur la scène où se trouvent les autres.



Les autres > Vu la situation, j'ai pas vraiment besoin d'intervenir. Je vous laisse réagir entrevous pour l'instant et j'interviendrais pour Glaya quand elle sera là ou pour résoudre une action particulière.

Au moins, je n'avais pas eu une remarque désobligeante de Glaya me remettant à ma place. Seul un sourire apparut sur ses lèvres comme si cela l'avait flattée, mais, que pensait son esprit dérangé où les fantômes du passé semblaient vivre comme le feraient des humains en manque d'amour ? J'aurais tant aimé pouvoir lire en elle et découvrir ce qui la motivait, ce qu'elle ressentait et quelle image elle se faisait de ma personne. Peut-être n'étais-je qu'un simple novice qui apprenait à se servir de ses dons, ou bien elle s'était faite une idée bien plus intéressante de moi... Enfin ! Pour le moment je devais laisser mes réflexions de côté, d'autres problèmes nous attendaient à quelques pas de là et je n'étais vraiment pas d'humeur à être pris par surprise par une bande de molosses ! Puis, la Rouquine commença à me poser des questions sur notre aventure dans le monde des rêves... Comment pouvait-elle croire que rien de tout ce qu'elle avait vécu n'était réel ? Après tout ce que nous avions vécu avec Krochar pour la récupérer des griffes de ce vilain sorcier ! Il me semblait qu'elle ne croyait pas tout ce qui lui était arrivé :
«Oui, Krochar et moi étions dans le monde des Songes avec vous... en tout cas nos esprits y étaient... Nous avons rencontré la Dame aux yeux verts qui nous a expliqué que l'on essayait de vous piéger, alors nous sommes venus vous aider. Par contre, nos ennemis étaient bien en chair et en os... Tout ceci me donne un peu mal à la tête à vrai dire... Je ne comprends pas comment nos corps peuvent être réellement dans le ce monde parallèle...»

Par respect pour elle, je me refusais de parler de ce Shallir et de tout ce qui s'en était suivi... Peut-être qu'elle m'en parlerait elle-même ? Il était vrai que cela aurait pu éclaircir quelques zones d'ombre sur ce personnage meurtri... Et puis, j'espérais de tout mon cœur qu'elle ne se souvînt pas de la grosse gifle que Krochar avait dû lui mettre pour qu'elle pût rejoindre son corps ! Nom de Moura ! Elle aurait pu m'en faire baver, Glaya disposait de moyens très convaincants pour prendre sa revanche sur moi... et sur le Garzok ! Peut-être devrais-je lui présenter ma joue afin qu'elle me fît regretter ce geste peu galant de ma part...

(Ce n'est pas grave, elle rêvait...)

Nous continuâmes donc notre route dans les rues désertes du village en ruine. La lumière magique de Glaya éclairait les environs, se réfléchissant sur les pierres polies qui nous entouraient. Des ombres mouvantes vacillaient à nos côtés, produisant des créatures ténébreuses qui n'étaient que le fruit de notre imagination... Mais, au bout d'une certain temps, quelques cris retentirent à une centaine de mètres. Nous devions nous rapprocher de nos deux compères qui se racontaient certainement les dernières nouvelles ! Toutefois, les voix ne semblaient pas s'exprimer de manière courtoise et apparaissaient comme des aiguilles chauffaient à blanc ! Mais que se passait-il ?
«J'ai l'impression que nous devrions rester prudents, nos deux amis doivent avoir quelques problèmes !»

Avançant à travers les rues sinueuses, nous finîmes par débarquer sur une petite placette où Krochar se tenait au milieu, une flèche plantée dans le dos et des ecchymoses rougissant sa peau verte ! Mais que s'était-il passé ? Il venait à peine de revenir et son corps était aussi mutilé que s'il avait participé à une des plus grandes guerres de la création ! Je restais coi ! Pourtant je ne pouvais pas rester planté comme une saucisse au beau milieu de la rue sans rien faire pour venir en aide à mon compagnon de route :
«Oh ! Krochar ! Nous sommes là, mettez-vous à l'abri ! Glaya et moi on s'occupe de tout !»

En attendant que le Sekteg se manifeste, je pouvais sentir que mes blessures saignaient suffisamment pour m'affaiblir dangereusement, de plus je venais de sortir du monde des rêves et je me sentais légèrement fatigué.

(Je ne suis pas au meilleur de ma forme physique et mentale, j'espère que les guerriers Garzoks ne peuvent pas venir ici.)

J'étais resté quelques secondes en position avant qu'un être apparemment Humain ne grimpe sur une des maisons, il venait d'une ruelle qui était devant moi et il tenait une arbalète à la main. Sa façon de se tenir me rappelais vaguement quelque chose.

(Miparda ! Il y avait des ennemis en fait ! Ce n'est pas Jakadi qui m'a tiré dessus, c'est cet Humain !)

Découvrant l'horrible supercherie je baissais automatiquement les bras et me préparais à courir pour attraper le tireur et l'empêcher de nuire à qui que ce soit d'autre, mais je fut retenu par une légère impression de déjà-vu dans le regard que cet Humain portait sur moi.

(D'ailleurs, ce n'est pas un Humain, il a des oreilles d'elfe…. et la peau d'un elfe blanc même. On dirait même qu'il ressemble à…)

"Lindeniel !"

« Démon, tu viens de blesser gravement celui dont tu dis que tu ne veux pas de mal. Il est étendu et baigne dans son sang alors que tu tentes de l’amadouer. Mais détrompe-toi, c’est moi qui t’ai blessé. Et c’est moi qui te tuerai si tu fais un seul pas dans ma direction. Le temps que tu tentes de m’atteindre, j’aurai déjà tiré plusieurs traits, et l’ombre qui te constitue s’étendra sur le sol comme le sang du segtek que tu as massacré. Pourquoi devrais-je te croire quand tu dis que tu ne veux pas de mal, alors que tu es cerné de noir ? Ne bouge pas et réponds, qui es-tu et qui sers-tu ? »

J'avais parlé en même temps que lui et moins fort ce qui expliquait qu'il ne s'était pas interrompus lorsque j'avais dit son nom. J'étais surpris de voir que cette espèce de prince mal éduqué avait survécu à l'éboulement dans la grotte des ohitos, mais j'étais tiraillé entre la joie de voir qu'il ne s'agissait pas d'un ennemi et la crainte de devoir reprendre mon service de garde du corps sous ses ordres.

(Pour le moment je dois le convaincre que je suis redevenu moi-même, si j'ais massacré Jakadi comme il le suggère, il faut qu'on l'emmène vite voir les magiciens, ils pourront peut-être le guérir efficacement.)

Je ne voyais qu'une solution pour prouvé que l'Esprit de la Dague était battu. Je criais donc en retour ma réponse à l'Hinion

"Je ne sers que mes ancêtres et moi-même, Lindeniel. Je suis bel et bien redevenu moi-même en me réveillant et je peux te le prouver. Je sais que nous nous sommes rencontré sur un bateau-oiseau qui faisait route vers le pays des Torkins, notre première rencontre c'est soldé par un coup de poignard que tu m'avais planté dans le ventre. J'ais ensuite accepté de devenir ton garde du corps et nous avons rencontré Kerkan en combattant une énorme wiverne. Nous avons voyagé avec diverses races et nous avons combattu des ohi… euh, des araignées dans une grotte qui s'est effondrée. Je ne pensais pas que tu avais survécu et encore moi que nous te retrouverions dans ces ruines mais je suis content de voir que tu tiens toujours autant à la vie."

(Mentir un peu ne lui fera pas de mal.)

"Si tu ne me crois toujours pas demande à Jakadi, à Kerkan et à Glaya, ils savent tous que je peut reprendre le contrôle de mon corps quand je suis réveillé et Kerkan en particulier pourra confirmer que je le suis. Je resterais ici en attendant mais fait vite car mon état et celui de Jakadi pourrait s'aggraver."

L'ironie du moment ne me vint à l'esprit que longtemps après : j'étais en train de demander à un elfe imbu de soi-même qui venait de me tirer dessus et de me menacer de penser aux autres et de me croire, moi, un Garzok entouré d'une aura maléfique.
Sur le moment je n'y avais pas pensé, l'idée de devoir abattre Lindeniel s'il devenait trop dangereux occupant mon esprit.

(Personnellement je suis pour.)
(La ferme !)

Mais avant d'obtenir une réponse de l'intéressé mon attention se tourna vers la gauche où venait de débouler Kerkan et Glaya.

«Oh ! Krochar ! Nous sommes là, mettez-vous à l'abri ! Glaya et moi on s'occupe de tout !»

(On s'occupe de tout ? Il ne doivent pas savoir qui m'a blessé.)

"Non ! Kerkan, Glaya, attendez ! C'est Lindeniel, il est vivant, vous devez lui expliqué que je ne suis pas dangereux."

(Avec un peu de chance tout va s'arranger.)

Glaya reste silencieuse après les explications de Kerkan, comme si elle préférait oublier cette malheureuse aventure. Par contre, lorsque les voix éclatent au loin, elle sort de sa torpeur et regarde partout autour. Ses yeux exorbités et cernés de noir illustrent alors très clairement la fatigue et la folie qui en découle.

"Prudents, oui, mais il faut se presser !"

Elle accélère le pas, marchant en avant et à découvert, contre justement toute précaution malgré ses dires.

Quand elle découvre la scène, elle se précipite vers Krochar pour examiner ses blessures. Elle retire sèchement la flèche de son dos et essaye de fermer la plaie en compressant avec sa main.

"T'es dans un sacré état ! Et où est Jakadi ?!"

A la vue des blessures et du sang de Krochar, elle s'est complétement affolée et sa voix devient haut-perchée.

Les yeux noirs remplis de mépris étaient posés scrupuleusement sur le Garzok maudit. Il était sans doute le seul ennemi des environs, dans ce village détruit par une bataille du passé… Et comme ennemi, il n’était pas des moindre : un serviteur de la Sorcière Noire, démon possesseur d’un corps inanimé et sans volonté. Mais Lindeniel ne ploierait pas devant les ruses banales de ce félon chaotique…

Le peau-verte se mit alors à déblatérer un discours qui se voulait rassurant, perfide, mielleux, pour endormir la méfiance ardente de l’elfe blanc. Il ne faisait maintenant plus aucun doute que la chose noire s’était non seulement emparée du corps de Krochar, mais aussi de son esprit, et par là, de ses souvenirs. La précision des détails narrés étaient tout de même assez flagrante, et aussi démoniaque était-il, il se souvenait du serment d’allégeance qu’ils avaient passé ensemble, l’un prêtant sa force brute, l’autre son intelligence parfaite pour faire un tout commun… Habile marché pour s’être payé gratuitement les services d’un garde du corps musclé… Il termina son discours par une parole qui surprit Lindeniel. Comment se pouvait-l que des individus aussi vils aient pu croire que l’Elfe Parfait soit aussi facilement perdu ? La mort de Lindeniel ne pourrait survenir des cause d’un banal accident, ni d’une erreur d’attention. Il avait prévu que la mort rôderait dans cette grotte souterraine, et s’était éclipsé à temps pour ne pas en subir les frais. Ce pourquoi lui croyait que tous avaient été écrabouillés sous cette tonne de rochers. Oui, il tenait à la vie, à sa vie, tant et si bien qu’il ne se laissa pas charmer par le tentateur doué qu’était subitement devenu cet être sans pensée. La ferveur diplomate des démons supérieurs coulait en lui, mais Lindeniel était bien plus haut que toute cette vermine, il détectait les mensonges, les essais vains de séduction envers son être idéal… Et il était également trop méfiant pour se laisser berner aussi facilement…

Comme si ça allait être une chose logique, le Démon demanda à l’Hinion de demander à Kerkan, Jakadi et Glaya. Logique on ne peut plus conventionnelle : comment aurait-il pu demander quoi que ce soit à qui que ce soit, puisque le Segtek était en train d’agoniser dans son sang, et que les deux autres brillaient par leur absence.

Lindeniel ne réagit donc pas tout de suite, pointant toujours son trait vers le Garzok, visant la tête pour ne lui laisser aucune chance… Et c’est alors qu’un imprévu arriva. Kerkan et la Rousse arrivèrent en trombe pour secourir l’orque, ne percevant même pas la présence semi-divine de Lindeniel, que l’orque ne tarda pas à préciser à ses alliés nouvellement arrivés. Se pouvait-il qu’il ait dit vrai ? L’elfe fronça davantage les sourcils, et parla à nouveau d’une voix claire et sèche :

« Comment puis-je être assuré, Démon, qu’il ne s’agit pas là d’un sortilège utilisé pour me tromper ? Kerkan, Glaya, cet être a massacré Jakadi sans peine et sans détour. Me direz-vous après cela qu’il est sans danger et qu’il peut à tout moment reprendre le contrôle de lui-même ? »

L’arbalète était toujours pointée sur le Garzok, mais le doute s’immisçait en Lindeniel : La rousse envoyée de Zewen était là, elle avait survécu à tout, les araignées, l’éboulement et le Démon Orque… Cela était-il un signe de son Dieu Frère ?

Le prénom de l'Elfe Blanc traversa la nuit pour me frapper de plain fouet, mutilant mon corps de maintes blessures ! Il était encore en vie ! Il n'y avait plus de doute, Gaïa protégeait bien notre chemin, éclairant notre voie pour ne pas que l'on succombât aux forces maléfiques qui s'acharnaient à tenter de nous occire depuis le début de notre épopée. Cela était fantastique ! Je n'en revenais toujours pas, peut-être que d'autres personnes réapparaîtraient prochainement ? Cela serait si merveilleux ! Toutefois, il était inutile de crier victoire pour l'instant, la seule chose que nous devions faire était attendre encore et encore pour savoir si de nouvelles âmes aux cœur sacrés reviendraient à nos cotés pour en terminer avec cette épidémie de cauchemars !
«Lindeniel ! Vous avez survécu à l'éboulement ! C'est merveilleux !»

(Mais, pourquoi attaque-t-il Krochar ?)

Je ne saisissais pas la réelle portée des dires de Krochar qui nous demandait d'expliquer à Lindeniel qu'il n'était pas dangereux... Nom de Moura ! Il avait certainement dû se passer quelque chose pendant que nous étions dans le monde des songes... Comment expliquer ça de manière claire, précise et réaliste ? En effet, je me souvins aisément que l'Elfe Blanc n'était pas du genre à accepter tout ce qu'on lui disait... Enfin ! Je ne pouvais tout de même pas rester droit comme un piquet et attendre que de nouvelles flèches fusassent dans les airs. Quant à Glaya, elle s'était précipitée sur le Garzok pour voir l'ampleur des dégâts... Pauvres de nous ! Une malédiction semblait peser sur notre expédition, comment résoudre nos problèmes rapidement et sans fracas ? Bien, il me fallait tenter de raisonner Lindeniel et de lui faire comprendre que personne n'était maléfique...
«Heu... Glaya et moi ne savons pas réellement ce qui s'est passé dans ce monde car nos esprits se trouvaient dans le monde des rêves... D'ailleurs, celui de Krochar était avec nous. Son enveloppe charnelle devait être plongée dans un profond sommeil, comme le mien ou celui de Glaya... Il est donc impossible que l'esprit de Krochar ait voulu vous attaquer... Mais, pourrions-nous avoir quelques précisions sur le carnage qui a eu ici ?»

Mais, où était Jakadi ? S'il se trouvait dans une si mauvaise posture, son petit corps devait se être dans les parages... Lindeniel le protégeait-il ? Intéressant... Peut-être que l'Elfe avait enfin trouvé le moyen d'ouvrir son cœur à d'autres personnes ? En tout cas, nous n'avions d'autres choix que de résoudre ce problème prestement, le monde des songes était en danger et nous ne pouvions nous attarder alors que nous étions si près du but ! Non ! Je ne pouvais pas les laisser tout gâcher à cause de leurs griefs ! Il était complètement ridicule de croire que Krochar avait essayé d'anéantir Jakadi, il était toujours collé à lui et tous deux parlaient de la pluie, du beau temps et même de leurs petits secrets. Pendant, ce temps, Glaya compressait la plaie de Krochar qui devait perdre énormément de sang :
«Dites-le lui Glaya ! Krochar n'y est pour rien ! Laissez-nous voir Jakadi, je possède un sort qui pourrait peut-être aider le Gobelin à se remettre de ses blessures...»

Glaya semble complétement perdue et se détourne de la blessure sanguinolante de Krochar que quand Kerkan lui parle de sort de soin. Elle reste quelques secondes béantes, puis se frappe le front.

"Un sort ! Pourquoi je n'y ai pas pensé ? Je ... ça va plus..."

Elle se concentre un instant et une aura blanche l'entoure autant que l'aura démoniaque se dessine autour du garzok. Ses plaies se ferment alors, ne laissant plus que des traces sur les vêtements. L'aura blanche disparait et Glaya fait alors face aux deux autres. Elle semble plus sereine qu'avant, passant de la folie à un calme olympien.

"Mon sort précédent bloquait le démon faute de le détruire. L'esprit de Krochar avait le contrôle. Je n'aurais pas pu le soigner si un serviteur de Thimoros le contrôler, il en aurait souffert. Donc..."

Alors qu'elle expliquait sa théorie, un râle d'agonie retentit et son écho amplifié se réverbérait sur les murs. C'est sans nul doute la voix d'un gobelin, provenant d'un tas de décombres une demi-douzaine de mètres derrière Krochar et Glaya. Celle-ci, surprise, se tait et se met à respirer rapidement.

(((Krochar, pendant le soin magique, qui te guérit totalement, tu sens le démon souffrir. La lumière lui est insupportable, même si elle ne peut le vaincre.)))

Contre toute attente Glaya couru vers moi pour m'examiner, je ne m'attendais pas à ce que cette femelle timide et un peu folle puisse avoir de la compassion à mon égard et encore moins à ce qu'elle brave l'arbalète de Lindeniel qui était pointé maintenant sur nous deux. Je fus encore plus surpris lorsqu'elle arracha sans plus attendre le carreau qui était planté dans mon épaule. La douleur me fis échapper un grognement et je m'efforçais de ne pas crier.

(Je vais éviter les mouvements brusque tant que l'Hiniön m'aura en ligne de mire.)

Pendant ce temps Kerk expliquait à ce dernier que je n'étais plus dangereux quand je reprenais le contrôle de mes sens et de mon corps. Lindeniel restait dans le doute et continuait de me pointé de son arme alors que Glaya se rappela tout d'un coup qu'elle pouvait lancer des sorts de soin. Elle ne se fit pas prier et en lança un directement sur moi, la magie guérissait ma chaire dans ses moindres recoins et mon esprit n'était pas en reste, je me sentais bien entouré de se halo de lumière dorée. Par contre l'Esprit de la Dague, lui, souffrait le martyr sous cette influence bénéfique.

(Dis-lui d'arrêter !)
(Et puis quoi encore ? Tire-toi si ça ne t'amuse pas de rester ici.)
(Si elle continue à me torturer comme ça, elle sera ma première cible !)
(Raison de plus pour te faire dégager.)

Profitant de la faiblesse momentanée du démon j'entrepris de l'écraser encore une fois avec la force de mes pensées. Comme auparavant mon esprit était comparable à un poing fermé qui allait s'abattre sur mon ennemi éthéré, mais cette fois-ci son apparence à lui était différente : Le petit diablotin que j'avais facilement écrasé avait concentré toute sa malveillance pour devenir une sorte de gros minotaure pourpre avec des ailes. L'image m'apparaissait clairement, comme si l'Esprit lui-même voulait que je sache qu'il était devenu plus fort.

(C'est normal d'un coté, avant son énergie parcourait mon corps, maintenant tout est condensé dans un seul point. Mais une telle occasion de m'en débarrassé ne viendra pas deux fois.)

Malheureusement sa puissance était trop grande, j'avais beau "frapper" encore et encore il résistait toujours. Puis Glaya avait fini de lancer son sortilège et, sa force retrouvée, l'Esprit disparu et je ne pouvais plus le retrouver.

(Et chiotte !)

"Merci Glaya."

Puis elle expliqua à Lindeniel que ma guérison était une preuve de ma bonne fois :

"Mon sort précédent bloquait le démon faute de le détruire. L'esprit de Krochar avait le contrôle. Je n'aurais pas pu le soigner si un serviteur de Thimoros le contrôler, il en aurait souffert. Donc..."

Elle fut interrompue par un cri venant de la ruelle située à coté de la maison où se tenait perché l'Hiniön. La voix était facilement reconnaissable.

(Jakadi !)

Sans prévenir aucun de mes compagnons je fis un bond dans la direction du pauvre Sekteg agonisant. Le pouvoir du démon aidant, j'arrivais prêt de son corps en quelques pas. J'évitais de le toucher, des fois que mon aura ne fasse qu'empirer ses blessures. Je levais ma tête vers mes compagnons pour les héler :

"Glaya, viens lancer ton sort sur lui il est mal en point, Kerkan aussi si t'a un sort de guérison parce que vaut mieux tout lui donner !"

Puis je chuchotais à mon attention plus qu'à celle de Jakadi :

"Meurt pas Jakadi. Meurt pas."

Lindeniel commençait à douter…Non pas qu’il fut indécis, puisqu’il était parfait, mais son intelligence supérieure commençait à subodorer l’innocence victimisante du Garzok. Après tout, un orque, même habité d’un démon, ne serait pas parvenu à créer un plan si machiavélique et intelligent, il n’était le fait qu’à l’imagination fertile de l’elfe méfiant et méprisant. Kerkan, le mage bleu aux cheveux bleus, à la robe bleue, aux yeux bleus… résumons : à l’apparence aquatiquement écœurante, semblait se réjouir de la survie de Lindeniel. Sans doute cet être était-il doué de plus de raison que les deux peaux-vertes du groupes, méprisables créatures sans plus d’intellect qu’une sangsue agonisante.

Bref, cet enchanteur enchanté sembla chanter l’innocence de Krochar à coups d’arguments irréalistes qu’il ne valait mieux pas contredire sous peine de passer pour un ignorant, ce que Lindeniel n’était d’office pas, même s’il ne savait pas du tout de quoi cet humain fantasque parlait. Lindeniel saisit tout de même le message principal. Avec cette magie démoniaque qui les entourait, son ancienne équipée débile et rescapée s’était vue habiter par des rêves plus poussés, desquels ils semblaient avoir été prisonniers ! Lindeniel n’avait sans doute pu échapper à cette torture que par ses capacités mentales exceptionnelles, le doute n’était pas permis… L’humain s’enquit alors stupidement de la santé inutile du sekteg agonisant, prétextant vouloir le soigner par sa magie curative. Ridicule initiative : à quoi pourrait-donc servir un soin à un être aussi inutile et grossier que cette demi-portion moisie…

Ce fut au tour de Glaya d’intervenir, et l’envoyée ‘contestée’ de Zewen ne porta pas attention à Lindeniel, qui s’en sentit injurié. Quelle idiote de prêter plus attention à un gobelin crevé qu’à un elfe magnifique ! Mais qu’à cela ne tienne, l’Hinion se sentait l’âme charitable, et voulut bien témoigner de pitié envers ce groupe décérébré qui manquait de jugeote et qui trouverait celle-ci dans l’esprit développé de l’elfe blanc immaculé. Et puis… Il pourrait toujours avoir besoin de cette bande de résistants bras-cassés.

Le temps que la rousse lança son soin, et que l’orque se précipita sur son collègue geignard qu’il venait d’étendre là, Lindeniel descendit de son piédestal et rejoint l’équipée près du gobelin crevé. Il jeta un œil plein de dégout à la carcasse sans vie, avant d’affirmer d’une voix hautaine :

« Voilà l’œuvre d’un orque, Krochar. Je crains que vos capacités physiques ne se soient trop longtemps éloignées de ma finesse intellectuelle, et il vaudrait mieux pour tous ici que notre accord reprenne vigueur dès à présent ! N’oubliez pas avoir juré sur votre famille et vos ancêtres la fidélité à ce pacte ! »

Il se tourna alors vers Kerkan, à qui il s’adressa non sans perdre de son attitude de suprématie.

« Damoiseau Kerkan, cette dépouille hachée mérite-t-elle vraiment que vous lui prodiguiez les soins dont vous parliez ? Si c’est le cas, faites-donc… Sinon, hâtons-nous de poursuivre notre route vers cette Porte des Songes avant que vous ne sombriez à nouveau dans une dimension parallèle… Je ne vous ai pas rejoint pour que vous fassiez perdre du temps à notre entreprise commune ! »

Glaya se dirigea rapidement vers Krochar, apparemment dans le feu de l'action elle avait oublié l'amplitude de ses dons... Heureusement que j'étais là pour lui rappeler qu'elle nous était d'une grande utilité et qu'elle était peut-être le seul moyen de nous sortir de cette situation. Je la vis se concentrer, appelant sans doute ses fluides de lumière pour projeter sa magie sur les blessures du Garzok mal en point... Une aura d'énergie l'entoura, elle semblait irradier comme si elle était pénétrée par la puissance de Gaïa. La magie était un art magnifique et la Rouquine l'utilisait d'une manière plutôt élégante, sans aucun doute elle avait été touchée par la grâce divine dans sa jeunesse ! Par contre, l'ombre qui entourait Krochar était toujours bien présente et refusait la magie bénéfique qui tentait de refermer les plaies béantes. Peut-être que Glaya était en train d'anéantir cette chose qui avait emprisonné l'âme de Krochar dans ses griffes acérées...

(Il faudra que Glaya et moi on s'occupe de cette aura maléfique une bonne fois pour toute ! Elle risque de nous poser des problèmes dans le futur !)

Les blessures terrifiantes se refermèrent sous mes yeux ébahis, Glaya était une bien meilleure guérisseuse que moi, jamais mes sortilèges n'auraient eu cet effet ! Époustouflant ! Cependant, la Rousse qui était d'un naturel très nerveux, se calma soudain pour nous expliquer que son sort bloquait l'entité maléfique dans le corps de Krochar... Je n'avais pas tout saisi, mais, un cri sorti tout droit des tréfonds de la douleur retentit dans ce village abandonné. Nous ne pouvions disserter longuement sur cette ombre puissante qui chaperonner l'esprit du Garzok ! Non ! Jakadi était dans un piètre état, Glaya et moi devions lui venir en aide rapidement, avant qu'il ne fût trop tard ! Krochar se précipita vers lui, apparemment, il craignait de voir dans quel état se trouvait la petite créature... Néanmoins, sa culpabilité se révéla impressionnante car il nous implora, moi et Glaya, de le guérir des multiples blessures qui apparaissaient su son corps maigrelet...

(Pauvre petit !)

Je m'approchai du corps tuméfié avec les autres, bientôt ce fut toute notre petite équipée qui entourèrent Jakadi. Il n'avait plus rien de réel, les impressionnantes plaies parcourraient ses membres, le rendant encore plus pathétique que tous les autres membres de son espèce... Nom de Moura ! Nous ne pouvions le laisser dans cet état, il était sur le point d'expirer son dernier souffle... Non ! Glaya et moi devions intervenir afin de le remettre sur pieds rapidement ! Toutefois, les paroles poignantes de Lindeniel me crispèrent au plus haut point ! J'avais complètement oublié ses manières peu aimables qui réapparaissaient au moment où je m'y attendais le moins... Pensait-il vraiment que nous laisserions Jakadi pourrir ici ? Mais il était fou ! Nous venions de perdre une grande partie de notre équipe et il était hors de question de réduire une nouvelle fois nos effectifs !
«Oui, il mérite qu'on lui vienne en aide ! Il est aussi courageux que chacun de nous ! Et si cela doit nous retarder et bien alors nous tâcherons de rattraper le temps perdu, mais il est clair que jamais nous ne le laisserons moisir ici !»

Puis, je me tournai vers Glaya, oubliant ses paroles totalement irritante et sans aucun intérêt ! Non ! Il nous fallait aider le petit Jakadi au plus vite :
«Glaya, vous sentez-vous prête à lancer un nouveau sort ? Si ce n'est pas le cas, je m'en chargerai seul bien que mes connaissances en la matière ne soient pas très développées...»

Je me dirigeai vers le mince corps de Jakadi, examinant furtivement ses blessures pour chercher celles qui me semblaient les plus graves... Mais, l'ampleur des dégâts était telle que je ne réussissais pas à me décider...