Tum tudum tum tum… qu’est-ce que je suis mort dis donc ! Ohlala ça oui, je suis sacrément mort ; mort de chez mort : j’ai été occis, ratatiné, écrasé, zigouillé, trucidé, éliminé, effacé de la surface du monde ; j’ai passé l’arme à gauche, je suis à six pieds sous terre, j’ai mangé les pissenlits par la racine, je suis passé dans l’Autre monde, j’ai senti l’étreinte de Thimoros, j’ai fait le grand saut ! Bref j’ai clamsé quoi, réduit à l’état de cadavre, ou tout du moins, c’est la conviction que j’essaie d’ancrer le plus solidement possible dans ma tête en me martelant ces différentes expressions dans mon crâne tout endolori de manière à ce que je puisse me préoccuper uniquement d’avoir l’air d’un corps inerte le plus efficacement possible, et au cas où vous ne le sauriez pas déjà, je m’en vais vous apprendre que c’est sacrément difficile ! Evidemment, rester les yeux fermés sans bouger, ça, n’importe qui peut le faire à moins d’être vraiment pas doué dans son genre, mais le plus dur, c’est de ne pas respirer trop fort pour montrer qu’en bon futur squelette, on sait dédaigner superbement les goulées d’air tentatrices qui nous sont offertes et qui risquent à tout moment de faire sauter le masque mortuaire dont on veut se recouvrir si l’on a le malheur de les inspirer trop goulûment, ce qui produirait inévitablement ce soulèvement thoracique qui classifie tout un chacun dans le cercle privilégié des vivants, un privilège que je me dois de faire semblant de m’être vu retirer pour éviter que l’autre cinglé en rajoute une couche qui me serait cette fois définitivement fatale.
A mesure que le colosse approche, je respire de plus en plus rapidement de manière à ne le faire qu’imperceptiblement pour ce bourreau des ombres qui devrait tomber dans le panneau à moins qu’il ne soit doué d’une espèce de vision télescopique, auquel cas ce serait vraiment pas du jeu ! Cela dit, avec ma gorge embarrassée, il m’est impossible d’avaler de l’air sans provoquer une espèce de râle sifflant à chaque fois, ce qui, en plus de me donner envie de m’étrangler moi-même, me complique d’autant plus la tâche ; si ce n’est pas inhumain de la part de Zewen de tourmenter ainsi un pauvre petit sekteg qui ne demande en cet instant présent qu’à survivre ! Mais allez, un dernier coup pour la route, et maintenant on fait la statue, car à en juger par le martèlement de ses gros pieds bottés sur le sol, mon spectateur exclusif est tout près, et c’est donc le moment de donner le meilleur de moi-même, d’être aussi impassible que si j’étais plongé dans un sommeil profond… très profond. Au premier abord, le zigue ne semble pas convaincu par ce stratagème, et prend même la peine dont je me serais bien passée de pencher son corps massif dans ma direction, de si près que je croirais en sentir son souffle tiède à l’haleine d’asticot venir m’agacer les grandes narines que j’ai l’honneur de posséder. Etant donné le temps pendant lequel il semble conserver cette posture d’après les bruits de respiration que j’entends –bah oui, lui il a pas à faire l’andouille et à se gêner-, j’imagine de là sa trombine dubitative, son faciès métamorphosé par la sombre influence déformé d’une moue de perplexité alors qu’il inspecte attentivement ce petit bout de chair verdâtre à ses pieds. C’est bien joli tout ça, mais s’il pouvait abréger, je lui en serais bien reconnaissant, car si ça continue je ne serai plus verdâtre mais bleuâtre à force de devoir me priver de cette nécessité basique qu’est l’apport d’air dans la bidoche, petit détail certes comique mais qui me grillerait à coup sûr.
Le temps passe, le temps passe… et au moment où j’ai l’impression que je vais exploser en un brusque souffle qui scellera mon destin, ma délivrance se signale enfin –merci Yumni !- par le mouvement en face de moi, accompagné des grommellements de ce gros balourd de larbin d’Oaxaca. Me retenant quelques secondes précieusement nécessaires d’exulter, je garde la pose autant que je le peux avant d’expirer en un chuintement le plus discret possible qui me permet d’ensuite restaurer mes réserves intérieures, votre serviteur se régalant à nouveau de la moindre parcelle de vent qu’il peut gober tout en ouvrant les yeux devant lesquels dansent de petites étoiles pour assister visuellement à la suite des évènements… hé attends voir ! Le corps de mon Gatch Bratty, « merdique » ?! Espèce d’imbécile de triple idiot ingrat confit à la graisse d’andouille, je t’en donnerai du merdique moi, et tu vas entendre ce que j’en pense de ton opinion quant à ce physique qui est très bien !
« Heuuuurk… »
Kswi ! Encore une fois un début qui, à peine mis en branle, est aussitôt enrayé par l’éternellement vigilante faera qui a réitéré sa manœuvre de pression trachéale, m’empêchant pour la seconde fois de prendre des risques inutiles. Eternelle mauvaise tête que je suis, je mûris bien vite quelque protestation mentale à lui décocher à la figure, mais lorsque la tête de l’être féerique à corps de rongeur émerge dans mon champ de vision, sourcils aussi sévèrement froncés que ceux d’une mère qui réprimande son petit trop indiscipliné, je n’en mène aussitôt pas bien large, et mes effets s’en retrouvent coupés, le résultat consistant en une mine déconfite et une reconnaissance que j’ai tout de même la bienséance de ne pas dissimuler. Je peux toujours sentir l’inquiétude qui émane de Minil’ comme une odeur légèrement acide, mais au-delà de ça, il y a un indéniable soulagement à la saveur bien plus douce qui s’avère bienveillamment communicatif, transmettant un relatif apaisement à mes sens et me permettant d’envisager la situation plus efficacement. Et la situation est qu’on en est revenu au point de départ… sauf que j’ai gagné encore un peu de temps, attention ! Je dois avouer que sur ce coup je suis fidèle à la réputation qui colle à la peau des sektegs qui veut que quand ils ont quelque chose en tête, ils peuvent très facilement s’avérer de véritables tiques qui ne lâchent pas prise tant qu’ils ne sont pas satisfaits ; et en l’occurrence, ce que je veux, c’est voir Krochar réintégrer pour de bon la place qui lui revient de droit. C’est dans ce but que j’ai accumulé plaies et bosses, et je suis toujours aussi résolu qu’au début à lutter becs et ongles dans ce sens !
(Dis donc, pour un maigrichon entre la vie et la mort, tu as l’air de lui en avoir mis une belle !)
Pizewka, ça fait plaisir tiens de se faire appeler comme ça par sa plus proche compagne, mais il faut avouer que la bougresse attire mon attention sur un point qui ne manque pas de me remplir de fierté à voir que l’incision que je lui ai pratiquée au mollet n’était pas qu’une simple égratignure et l’handicape réellement. Je sais, ça veut aussi dire que quand le propriétaire légitime de cette enveloppe charnelle sera de retour, il trouvera son logis quelque peu mal en point, mais zut hein, on ne peut pas gagner sur tous les points à la fin ! Quoi qu’il en soit, ne nous dispersons pas, et concentrons nous sur la tâche présente : puisque le réceptionneur de mon lancer a eu la bonté de me retransmettre mon outil de travail par voie express, il serait dommage de ne pas se donner l’occasion de réitérer la manœuvre. Gigotant le plus discrètement possible pour attraper ce couteau de mon bras valide et ensuite secouer comme un beau diable (bon sang, c’est pas des bras qu’il a, c’est des catapultes pour l’avoir balancé avec une telle énergie !) pour l’arracher, je le reprends en main le plus fermement possible et ramène mon poing serré contre mon torse le temps de voir si les efforts d’envol du corniaud seront couronnés de succès ou non, et ainsi de savoir s’il me sera nécessaire d’envoyer le jus ou pas. Honnêtement, j’espère que non, car même avec toute la vaillance du monde, on finit par atteindre ses limites, et dans mon cas, avec les effets cumulés du terme des effets de la boisson torkine qui se rapproche très sensiblement et de la montée d’adrénaline qui retombe, j’ai du mal à rester conscient et m’accroche presque désespérément aux dernières parcelles de vitalité qui me restent avant de considérer pouvoir me laisser aller aux ténèbres de l’évanouissement.
Faites vite, Krochar, Kerkan et Glaya !
_________________ J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé! _____________________________________________ Jakadi, voleur gobelin niveau 4 so unique en son genre vous salue bien. Bilan de la quête 18 : Buffet maritime gratuit , une tenue très tendance (merci beaucoup GM17 ), 1er contact avec les indigènes, découverte des spécialités culinaires locales , rééquilibrage de la balance des possessions Shaakts/Sektegs, tatanage de torkin (c'est une CC messieurs-dames!), un ventousage d'urgence , une obtention de balalaïka , une razzia sur des restes de bataille, du matraquage d'araignées géantes , la perte d'une bonne partie du groupe , un affrontement avec un esprit des ténèbres , un fort agaçant diseur d'énigmes , un combat contre une troupe entière de garzoks, de l'apprentissage de CCs par zigouillage d'araignée .
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