Tchac, bing, fouac et autres fwoosh ! C’est à croiser avec ardeur le fer contre mon gatch bratty que je suis occupé, activité dans laquelle nous mettons toute l’ardeur qu’un vaillant sekteg et un brave garzok sont capables de déchaîner, nous démenant comme des beaux diables pour parvenir à atteindre l’autre de notre arme sans nous-même nous faire toucher. Bien entendu, le combat est amical, et nous avons promis de nous arrêter au premier sang car tout le monde sera d’accord qu’il n’y aurait rien de plus déprimant que de voir la vie d’un frère d’arme s’éteindre au bout du fil de sa propre épée ! D’ailleurs, c’est plutôt une bonne chose que de telles limites aient été établies, car étant donné l’ardeur avec laquelle le grand gaillard frappe de sa cognée à coups redoublés avec une vitesse étourdissante pour un combattant brouillon comme moi, je sens bien que je ne vais pas tenir à un rythme aussi effréné très longtemps ; et de fait, après quelques insignifiantes minutes de passes d’arme durant lesquelles j’ai dû trop rapidement me réduire à combattre sur la défensive pour ne pas me faire estoquer, j’écope d’une estafilade sur le torse qui m’oblige à m’avouer vaincu et à baisser les bras pour grommeler d’une voix piteuse :
« Hé ben, t’y es pas allé de main… »
Taleskwi ! En un réflexe issu de mon instinct de survie heureusement assez vivace pour m’épargner la décapitation pure et simple, je me baisse précipitamment, évitant de peu la hache effilée qui passe à quelques centimètres de ma tête en fendant par chance l’air plutôt que mon crâne : manifestement, Krochar ne veut pas se décider à en avoir fini, et c’est en levant mes yeux dans lesquels se mêlent désarroi et colère que je peux m’apercevoir, catastrophé, que les siens ont viré au noir le plus profond tandis que sa bouche s’est déformée en un rictus de rage foudroyante et que la bave lui coule des lèvres à l’instar d’un animal enragé dont la furie de connaît plus de limite et n’épargne personne. C’est à cela que s’apparente mon pauvre ami pris de folie meurtrière qui semble avoir perdu tout sens commun et ne plus avoir comme idée fixe que de m’envoyer illico-presto dans les bras glacés de Thimoros, m’obligeant à tourner les talons pour déguerpir en vitesse de manière à ne pas me voir mis dans un état digne d’un article de triperie bon marché. En une scène que je pourrais trouver grotesquement comique si elle n’avait pas ma vie comme enjeu, je détale tel un lapin avec pour seul impératif de mettre le plus de distance entre moi et le foudre de guerre trop pris au jeu pour ma bonne santé, m’écorchant la peau sur divers obstacles en mettant à profit ma petite taille en espérant que ceux-ci se révèleront plus handicapants pour le géant à mes trousses que pour un loustic comme moi. Coup de pot, ma stratégie précipitée a l’air de porter ses fruits, car en jetant un coup d’œil derrière moi, je peux voir que le garzok perd du terrain, le terrain accidenté jouant en ma faveur pour le retarder dans sa course. Coup de malchance, à peine deux dizaines de mètres plus loin, le parcours que je suis s’achève par une falaise au bord de laquelle se tient… Rosie ? Ouf, quelqu’un qui va pouvoir m’aider, et à nous deux, on va peut-être réussir à remettre du plomb dans la cervelle de mon frère de peau qui ne se sent vraiment plus pour vouloir me faire manger les pissenlits par la racine aussi cavalièrement :
« Rosie ! Krochar en a après moi ! Aide moi ! » M’époumoné-je entre deux halètements pénibles en arrivant aux côtés de la demi-elfe drapée de rouge.
Celle-ci, aussi impassible qu’une figure d’immortelle sagesse indifférente au tumulte des créatures terrestres, se tourne vers moi sans aucune hâte ni surprise, et sans dire un mot, me désigne d’un geste ample et gracieux le précipice à mes pieds, m’invitant apparemment à y sauter pour fausser compagnie à mon traqueur. D’un coup d’œil qui me donne un vertige fou, je peux m’apercevoir qu’en contrebas coule un torrent, ce qui pourrait effectivement constituer une échappatoire valable… si celui-ci ne se trouvait pas au bas mot à quinze mètres en contrebas !
« Je vais me tuer ! » Glapis-je en la fixant de mes yeux exorbités par la peur et l’incrédulité.
Pourtant, comme des tambours de guerre impitoyables, les pas du hacheur qui ébranlent la terre ne font que se rapprocher, et je me vois donc pris entre deux feux, à devoir choisir entre la mort par lacération ou la quasi-certitude de mort par fracture et/ou par noyade. L’adolescente aux iris d’émeraude, elle, ne paraît pas du tout prise des affres d’une telle indécision et, fronçant ses sourcils fins comme si elle avait affaire à un récalcitrant capricieux, fait preuve de beaucoup moins de cérémonies, se saisissant de mon bras avec une poigne d’acier pour m’intimer d’un ton dur :
« Ne fais pas l’enfant. »
Et patatras ! Sans autre forme de procès, me voilà précipité avant que j’aie pu avoir la moindre chance de réagir, ma chute semblant se dérouler de manière irréelle, comme si elle s’étirait dans le temps de manière impossible pour finir brusquement par une bruyante éclaboussure lorsque je tombe aussi gracieusement qu’un sac de pommes de terre dans le sein des flots glacés dont la température abominablement froide me tétanise autant que le choc durant quelques secondes tandis que mon corps se voit ballotté par le courant impitoyable avant que je ne refasse surface, soufflant et crachant pour reprendre ma respiration. M’agitant désespérément pour ne pas me retrouver immergé et mourir stupidement d’asphyxie, je maudis intérieurement tout ce que je peux trouver à maudire alors que je ne trouve hélas rien auquel je pourrais me raccrocher pour gagner un tant soit peu en stabilité, ayant de plus en plus la certitude que ma dernière heure est en train d’approcher avec fracas, quand la voix de Rosie résonne à mes côtés :
« Plus aucun de mes proches ne mourra, aucun ! »
Son ton est toujours aussi ferme et dépourvu d’hésitation, mais cette fois-ci, il se retrouve teinté de quelque chose de paniqué et d’attentionné à mon égard et, tournant la tête entre deux caricatures de mouvements de brasse, je m’aperçois, médusé, que la demoiselle me suit en flottant à la lisière de l’eau comme un poisson volant. Alors qu’elle prononce ces paroles, ses traits semblent changer, perdant de leur caractère elfique pour gagner en âge, sa chevelure de jais devenant d’une rousseur aux reflets flamboyants, ses yeux irradiant d’une lumière à la brillance presque intolérable qui se communique très rapidement à tout son corps, ayant vite fait de baigner l’ensemble du paysage d’une magnifique lueur dorée. Tout autour de moi, le torrent n’a pas perdu sa force, mais je ne tarde pas à m’apercevoir sans plus même chercher à comprendre ce qui m’arrive qu’au lieu de m’entraîner et de me bringuebaler, il me transporte, paraissant se gonfler pour former comme un trône qui m’élève vers les cieux céruléens, pile en direction du soleil dont les rayons m’apparaissent m’appeler, vouloir m’amener à une autre destination. Pour ma part, une telle proximité avec un astre aussi radieux m’est rapidement insupportable, et je suis forcé d’opposer mes paupières à son violent éclat, virevoltant toujours au sommet de la crête lumineuse, me retrouvant à la fois impuissant et victorieux d’être juché sur cette espèce de char de triomphe hors du commun qui va toujours plus vite, me coupant le souffle sous la pression exercée par le vent. Mes sensations deviennent de plus en plus en plus confuses : je ne peux même plus respirer avec autant de remue-ménage ; mes oreilles sont dépassées par le vrombissement de l’eau et le grondement de l’air ; je suis complètement aveuglé sous la lumière et même ma peau perd toute sensibilité sous la chaleur tout simplement brûlante. Réunissant mes forces, j’essaie tout de même d’ouvrir la bouche, ne serait-ce que pour crier un coup afin de m’assurer que je suis toujours vivant et…
…je me redresse avec une inspiration soudaine, remplissant mes poumons d’un air qui me transperce les poumons de manière à la fois douloureuse et salvatrice, ouvrant grand les mirettes au monde qui m’entoure pour découvrir avec un ravissement qui passe au-delà de tous les autres sentiments conflictuels que j’éprouve que trois visages agréablement familiers sont penchés sur moi (il y en a bien un quatrième, mais il n’est pas agréable celui-là… je ne vise personne, suivez mon regard). Je ne comprends pas vraiment ce qui m’arrive, mais ce que je sais, c’est que je suis comme neuf, tenant une forme incroyablement éblouissante alors que je suis sûr et certain que j’étais à deux doigts du grand saut quelques minutes auparavant.
(Dis merci à Glaya et aux merveilles des fluides de lumière !)
Ekynol, Minil’emnil ! Par Yumni, c’est tout simplement merveilleux : on dirait bien que la cavalerie qu’ont formé les deux jeunes personnes est arrivée à temps pour redresser la situation si l’on en juge pour l’air désormais beaucoup moins agressif de mon cher Gatch Bratty, et tel le phénix (ne me demandez pas ce que c’est, c’est une idée de ma faera), je me redresse d’un seul tenant, à nouveau prêt à conquérir le monde. Beaucoup de paroles me brûlent les lèvres qui ne sont désormais plus du tout tuméfiées, preuve s’il en était besoin de l’efficacité de la magie de la rouquine, mais avant que je n’aie pu piper mot, voilà qu’autre chose me tombe dessus, en l’occurrence le corps de l’humaine qui bascule soudainement vers l’avant, et que je rattrape par réflexe, plaquant mes mains contre ses hanches et mon visage contre son buste pour éviter à ce joli minois de piquer du nez dans les ordures, ployant à moitié sous un fardeau aussi démesuré pour mon petit corps : non pas que j’insinue par là que notre belle dame ait des poignées d’amour, mais pour un sekteg qui vient juste de sortir de l’inconscience, réceptionner quelques bonnes dizaines de kilos n’est pas une tâche facile ! J’aimerais bien pouvoir avoir le loisir de sauter au cou de Krochar (je ne sais pas encore si ça va être pour le serrer dans mes bras ou l’étrangler), de remercier Kerkan et Glaya et d’ignorer Lindeniel, mais on dirait que les explications, les retrouvailles et les réjouissances vont devoir attendre le temps que j’aie un petit moment pour me remettre les idées en place, et surtout qu’on ait pu nous mettre moi et Glaya dans une situation moins inconfortable !
« Queeeelqu’un pourrait m’aideeeer ?! » Geins-je péniblement, à moitié étouffé sous le poids de celle qui a manifestement donné ses forces pour reconstituer les miennes, me voyant obligé de céder peu à peu du terrain malgré le fait que je pousse comme un âne pour qu’elle ne s’effondre pas sur moi.
_________________ J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé! _____________________________________________ Jakadi, voleur gobelin niveau 4 so unique en son genre vous salue bien. Bilan de la quête 18 : Buffet maritime gratuit , une tenue très tendance (merci beaucoup GM17 ), 1er contact avec les indigènes, découverte des spécialités culinaires locales , rééquilibrage de la balance des possessions Shaakts/Sektegs, tatanage de torkin (c'est une CC messieurs-dames!), un ventousage d'urgence , une obtention de balalaïka , une razzia sur des restes de bataille, du matraquage d'araignées géantes , la perte d'une bonne partie du groupe , un affrontement avec un esprit des ténèbres , un fort agaçant diseur d'énigmes , un combat contre une troupe entière de garzoks, de l'apprentissage de CCs par zigouillage d'araignée .
|